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L’attaque nationaliste turque contre le HDP pro-kurde n’est qu’un début

Pour chaque jour où la question kurde de la Turquie n’est pas résolue, la Turquie restera un pays de meurtres non résolus, d’opposition écrasée et d’abus de pouvoir autoritaire. Il y aura toujours une justification toute faite pour la prochaine mort, la prochaine dérive autocratique et la prochaine guerre – une réalité qui menace à la fois les peuples de la région et les intérêts internationaux.
 
Les récentes allégations du chef de la mafia en exil, Sedat Peker, ont remis à l’ordre du jour le rôle du gouvernement turc dans des meurtres non résolus plus anciens. Dans tous ces cas, aucune enquête indépendante pour confirmer ou nier une collusion active de l’État n’a jamais été autorisée.
 
Il n’y a également aucun moyen de savoir combien d’autres attaques suivront. Les attentats de l’Etat islamique qui ont frappé le HDP et ses alliés il y a six ans se sont produits à moins de douze mois d’intervalle. Onur Gencer est loin d’être le seul citoyen turc aux préjugés ultra-nationalistes à avoir séjourné dans les zones de conflit en Syrie. Alors que les sondages d’Erdogan continuent de baisser et que les sentiments anti-kurdes et anti-HDP restent au cœur de la politique turque, il y a, sans aucun doute, d’autres désireux et capables de faire ce qu’il a fait ou pire – un sérieux défi pour la démocratie et la stabilité dans le pays.
 
Implications internationales
 
Pour chaque jour où la question kurde de la Turquie n’est pas résolue, la Turquie restera un pays de meurtres non résolus, d’opposition écrasée et d’abus de pouvoir autoritaire. Il y aura toujours une justification toute faite pour la prochaine mort, la prochaine dérive autocratique et la prochaine guerre – une réalité qui menace à la fois les peuples de la région et les intérêts internationaux.
 
Ce n’est pas un problème que la communauté internationale peut ignorer. Pendant des décennies, les États-Unis et leurs alliés européens ont soutenu les efforts de la Turquie pour rechercher une solution militaire à son problème politique le plus fondamental. Pourtant, ce faisant, ils ont créé un conflit internationalisé et un gouvernement qui menace désormais leurs propres intérêts. Le régime d’Erdogan se fait des alliés autoritaires , protège les djihadistes et occupe le territoire de pays étrangers. Sur le plan intérieur, l’instabilité ne fait que croître.
 
Fermer violemment le dernier espace politique civil dans lequel les Kurdes peuvent opérer et laisser libre cours aux extrémistes pro-gouvernementaux ne fera qu’accélérer cette tendance. Le soutien international à un règlement politique garantissant au peuple kurde ses droits et libertés fondamentaux pourrait libérer la Turquie de cette voie dangereuse et lui permettre de devenir une véritable démocratie et un acteur constructif dans la région. Il n’est pas nécessaire d’attendre une autre crise pour se rendre compte que la trajectoire actuelle du pays est insoutenable pour la région et le monde.
 
Meghan Bodette, chercheuse indépendante dont les travaux ont couvert le nord et l’est de la Syrie, la Turquie et les affaires kurdes. Elle est titulaire d’un diplôme en politique internationale de la School of Foreign Service de l’Université de Georgetown.
 
La version anglaise de l’article de Bodette peut être lue ici