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Que sait Emmanuel Macron au sujet d’Ataturk?

PARIS – Assurément, cette semaine, le Président français, Emmanuel Macron a fait grincer les dents chez les Kurdes et parmi la diaspora arménienne en saluant, entre-autre,  l’héritage du « héros » Atatürk, notamment en matière de la soi disant laïcité turque qui fût en réalité une guerre d’extermination des croyances non islamo-sunnites.

Lors de son passage dans l’émission « Erdogan, le Sultan qui défie l’Europe », Emmanuel Macron accusait son homologue turc (Erdogan) de s’en prendre à l’ « héritage laïc » hérité d’Ataturk, tout en évitant de parler des guerres expansionnistes menées par la Turquie sur plusieurs fronts, à commencer par la Syrie, l’Irak et le Haut- Karabagh. En parallèle, sa police arrêtait une dizaine de Kurdes accusés de « terrorisme’ à Marseille et en région parisienne.

Pierre Tevanian revient sur le discours de Macron avec un article intitulé « Atatürk, ce héros ?: Quand Emmanuel Macron piétine (une fois de plus) l’histoire des Arménien·ne·s ». (A lire sur le site les mots sont importants)

extrait :

« Parmi les autres énormités proférées au cours de cette soirée, il en est une, gravissime, qui implique le président Macron. Interviewé de longues minutes, il a soigneusement mis en scène sa volonté de dialogue, ferme et sans concession, avec son homologue, en réalisant cet exploit de ne jamais mentionner, ne fût-ce que d’un seul mot, les Arménien·ne·s et leurs multiples sujets d’inquiétude – qu’il s’agisse des Arménien·ne·s de Turquie (persécutés), du Haut Karabagh (massacrés), d’Arménie (menacés explicitement de nouvelles guerres) ou de France (pris à partie depuis des mois par des « descentes » des « Loups gris », notamment à Lyon et ses environs, aux cris de « Mort aux Arméniens »). Et pas davantage les Kurdes et des Alévis, eux aussi persécutés là-bas, harcelés et assassinés ici.

Le plus violent, peut-être, est ce moment où le président français invoque « l’histoire », en reprochant à Erdogan une attitude de « défi par rapport à l’histoire », car on se dit alors qu’enfin il va être question de 1915, du négationnisme acharné d’Erdogan, de ses menaces contre « les restes de l’épée » (sic), de ses récents appels, aux côtés du président Azerbaïdjanais, à finir le boulot bientôt, mais en vain : le président français prononce le mot « histoire » pour dire que « la grande nation qui a porté l’idéal de laïcité dans la région » est la Turquie – et l’intervieweuse d’opiner, avec solennité : « oui, la Turquie ».

Le président Macron ne prononce le mot « histoire » que pour encenser le « héros » Atatürk (sic), et « le message de paix et de tolérance que la Turquie a su porter » (re-sic)… Rappelons tout de même que ledit Atatürk, autocrate admirateur de Staline et Mussolini, considéré comme un modèle par Hitler (qui le qualifia d’ « étoile scintillante »), a organisé la négation étatique du génocide de 1915, l’écriture d’un récit national éliminant les Arméniens, l’amnistie et le recyclage politique des cadres du génocide, sans oublier les brimades, les violences et les lois d’exception anti-arméniennes, véritable continuation du génocide, qui ont jalonné son règne puis celui de ses héritiers « kémalistes ». Et sans oublier, non plus, l’oppression de toutes les autres minorités, à commencer par les Kurdes. »