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Il y a 3 ans, la Turquie envahissait le canton kurde d’Afrin devenu aujourd’hui un enfer sur terre

SYRIE / ROJAVA – Le 18 mars 2018, l’armée turque et ses gangs islamistes sont entrés dans la ville d’Afrin après 3 mois de bombardements intenses ciblant essentiellement les civils pour les faire fuir. Depuis, Afrin qui était un havre de paix dans le chaos syrien qui abritait des centaines de milliers de réfugiés syriens, en plus des habitants kurdes, alévis et yézidis de la région, est devenu un paradis pour les jihadistes pro-turc qui y ont instauré la charia.
 
Dès l’occupation d’Afrin, la Turquie a changé la démographie de la région en installant des Syriens islamistes venus d’autres régions syriennes dans les foyers des Kurdes, Yézidis et Alévis chassés de la région.
 
L’occupation turco-jihadiste a également turquifié la région d’Afrin en imposant la langue turque (à côté de la langue arabe) à toutes les institutions publiques et à l’école où le kurde a été interdit.
 
Des sites historiques millénaires et les lieux de cultes yézidis et alévis ont été pillés et détruits par l’occupation turque qui a commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité en plus des féminicides et le viol systémique des femmes et fillettes kurdes et yézidies capturées.
 
Plusieurs documents préparés par des organisations internationales, dont l’ONU et l’Amnesty International ont apporté les innombrables crimes et violations commis par la Turquie à Afrin depuis 2018. Pourtant, à part une déclaration récente du Parlement européen demandant à la Turquie de quitter le nord de la Syrie qu’elle occupe illégalement, aucune institution internationale n’a demandé à la Turquie de mettre fin à son occupation à Afrin et d’autres régions du Rojava et de la Syrie.
 
Récemment, un article de New York Times a même tenté de blanchir les crimes de guerre de la Turquie à Afrin par un article mensonger. En réponse, la journaliste Debbie Bookchin avait écrit qu’ « Avant l’invasion turque de janvier 2018, Afrin faisait partie de la zone plus large, dirigée par les Kurdes, connue sous le nom du Rojava ou, plus officiellement, de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), dont les combattants ont été nos meilleurs alliés dans la défaite de DAECH. L’AANES, une région d’environ 5 millions d’habitants, est une démocratie pluraliste qui consacre les droits de toutes les minorités ethniques et a été particulièrement efficace dans la promotion des droits des femmes. Des pratiques comme le mariage forcé, la polygamie, le mariage d’enfants et les crimes d’honneur sont interdites. Les lois prévoient des conseils autonomes de femmes et l’inclusion d’au moins 40 % de femmes dans chaque organe législatif, ainsi que des coprésidentes à tous les postes administratifs.
L’invasion d’Afrin par la Turquie en janvier 2018 a provoqué la fuite de quelque 180 000 personnes, principalement des Kurdes, dont la plupart vivent maintenant dans des camps de personnes déplacées dans d’autres régions de la Syrie. Aujourd’hui, comme l’a documenté Amnesty International sur ceux qui sont restés : « Les résidents d’Afrin subissent un large éventail de violations, principalement aux mains des groupes armés syriens qui ont été équipés et armés par la Turquie (y compris) des détentions arbitraires, des disparitions forcées, et des confiscations de biens et des pillages sur lesquels les forces armées turques ont fermé les yeux ». La destruction intentionnelle de sites religieux et architecturaux kurdes et yézidis, les changements démographiques forcés, y compris la réinstallation à Afrin de familles arabes d’autres régions de Syrie, et l’utilisation obligatoire de la langue turque, même dans les écoles, ont été largement documentés et signalent l’intention de la Turquie d’annexer la région de façon permanente.
Les violations les plus flagrantes commises par la Turquie ont été perpétrées à l’encontre des femmes. La Commission d’enquête des Nations Unies sur la Syrie décrit la guerre menée par la Turquie contre les femmes à Afrin comme créant « un climat de peur omniprésent qui les a en fait confinées dans leurs foyers ». Le rapport de 25 pages ajoute : « Les femmes et les jeunes filles ont également été détenues par des combattants de l’armée nationale syrienne [soutenue par la Turquie] et ont été victimes de viols et de violences sexuelles – causant de graves préjudices physiques et psychologiques. » Pour humilier et démoraliser la population, les milices soutenues par la Turquie se sont livrées à des pratiques telles que forcer les hommes détenus à assister au viol collectif d’une mineure, note le rapport, qui qualifie cette pratique de « torture ». Les chercheurs sur les droits des femmes ont documenté qu’en 2020 seulement, 88 femmes et filles dont l’identité est connue ont été kidnappées par des groupes armés soutenus par la Turquie, soit un incident tous les quatre jours environ. Parmi elles, six filles mineures dont cinq étaient toujours portées disparues au 1er janvier 2021. »

Image via Mohammed Hassan