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Le Parlement européen demande à la Turquie de se retirer du nord de la Syrie

SYRIE / ROJAVA – Dans une résolution marquant le dixième anniversaire de la guerre en Syrie, le Parlement européen a appelé la Turquie à retirer ses troupes du nord de la Syrie et a exprimé ses craintes que ses actions puissent constituer des opérations de nettoyage ethniques contre les Kurdes syriens.
 

La résolution déclare que, depuis 2016, ces opérations ont été menées « en vue d’occuper les parties nord du pays, constituées principalement d’enclaves kurdes syriennes, en violation du droit international, notamment en envahissant en octobre 2019 les territoires contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS). »

En réponse, certains pays de l’UE ont suspendu les ventes d’armes à la Turquie.

Ankara a précédemment affirmé que ses trois opérations militaires transfrontalières en Syrie – Bouclier de l’Euphrate (août 2016 – mars 2017), l’opération Rameau d’olivier (janvier 2018 – mars 2018) et l’opération Printemps de la paix (octobre 2019) – étaient conformes au droit de légitime défense, tel que décrit dans l’article 51 de la Charte des Nations unies, « pour combattre le terrorisme international. »

Le Parlement européen a toutefois appelé la Turquie à « retirer ses troupes du nord de la Syrie qu’elle occupe illégalement en dehors de tout mandat de l’ONU. »

Il a également condamné « les transferts illégaux par la Turquie de Kurdes syriens de la Syrie du Nord occupée vers la Turquie pour y être détenus et poursuivis, en violation des obligations internationales de la Turquie au titre des conventions de Genève. »

Un rapport publié l’année dernière par deux organisations syriennes de défense des droits de l’homme a documenté la manière dont Ankara continue de transférer illégalement des dizaines de Syriens arrêtés dans les zones occupées lors de son opération dite du Printemps de la paix en octobre 2019 vers la Turquie.

La résolution demandait instamment que tous les « détenus syriens qui ont été transférés en Turquie soient immédiatement rapatriés dans les territoires occupés en Syrie. »

Elle exprimait également des inquiétudes « sur le fait que les déplacements en cours de la Turquie pourraient s’apparenter à un nettoyage ethnique contre la population kurde syrienne » et soulignait, « que l’invasion et l’occupation illégales de la Turquie ont mis en péril la paix en Syrie, au Moyen-Orient et en Méditerranée orientale. »

En 2018, un rapport de l’ONU s’est également inquiété du fait que l’installation d’Arabes de souche dans des maisons appartenant à des Kurdes à Afrin pourrait « être une tentative de modifier définitivement la composition ethnique de la zone. »

Néanmoins, l’UE a également salué le rôle joué par les États voisins, dont la Turquie, pour offrir solidarité et assistance à un grand nombre de réfugiés syriens en Turquie et a exhorté les États membres de l’UE à « continuer à financer des programmes d’aide humanitaire dans les pays d’accueil des réfugiés et également pour les Syriens déplacés en Syrie. »

 
Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré vendredi dans un communiqué qu’il rejetait catégoriquement les accusations du Parlement européen, affirmant que la Turquie accueillait des millions de Syriens sur son sol.