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Sakine, Fidan, Leyla: victimes d’un triple féminicide commis par l’État Turc sur le sol français

PARIS – Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Söylemez, 3 militantes kurdes ont été tuées à Paris le 9 janvier 2013. Près de 8 ans après ce crime politique impliquant les services secrets turcs (MIT), la France n’a toujours pas fait la lumière sur cette affaire, privilégiant ses intérêts étatiques d’avec le régime turc…
 
Retour sur un assassinat politique visant des militantes kurdes en Europe
 
Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez ont été abattues de plusieurs balles dans la tête dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, à Paris.
 
Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison le 17 décembre, un mois avant le début du procès. (Une nouvelle enquête a été ouverte à la demande des familles des trois victimes.)

Les trois femmes ont été ciblées et assassinées pour leurs activités politiques au nom du peuple kurde. Sakine était une militante de longue date et membre fondatrice du PKK. Elle a passé de nombreuses années en prison dans des conditions terribles et a été torturée à la prison de Diyarbakir dans les années 1980 après le coup d’État militaire. Elle a dirigé le mouvement de protestation à l’intérieur de la prison et, après sa libération, s’est jointe à la lutte armée pour la libération du Kurdistan. Elle a été une puissante force d’inspiration pour le mouvement des femmes kurdes, qui demeure à ce jour un symbole d’espoir pour les femmes du Moyen-Orient. Fidan et Leyla étaient également des activistes dévouées à la cause kurde.
 
Une nouvelle enquête relancée autour du rôle des services secrets turcs

Un juge antiterroriste a été chargé en mai 2019 pour reprendre l’enquête sur l’assassinat en 2013 à Paris de trois militantes kurdes, à la demande des familles qui réclament d’approfondir la thèse de l’implication des services secrets turcs (MIT).

Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison le 17 décembre, un mois avant le début du procès.

En mars 2018, les familles des trois femmes assassinées ont déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la reprise des investigations sur le rôle des services secrets trucs dans ce triple meurtre.

Les familles des 3 révolutionnaires assassinés avaient fait appel en mars 2018 pour que l’enquête inclue les commanditaires qui avaient ordonné le massacre et leurs collaborateurs.

L’avocat des familles des militantes kurdes exécutées, Jean-Louis Malterre avait confirmé qu’une nouvelle enquête avait été ouverte, fondée notamment sur des révélations d’agents du MIT, et que le rôle des services de renseignements turcs aller être examiné.

Qui sont Sakine, Fidan et Leyla ?

Cofondatrice du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), Sakine Cansız est née dans la province de Dersim en 1957. Après plusieurs années d’activité dans le mouvement de la jeunesse étudiante à Elazıg, elle rejoint en 1976 le mouvement révolutionnaire kurde.

Suite à sa participation au congrès du PKK, le 27 novembre 1978, la jeune femme est arrêtée à Elazıg et envoyée en prison avec un groupe d’amis. Soumise à de lourdes tortures dans la période ayant suivi le coup d’État militaire du 12 septembre 1980, elle n’est libérée qu’en 1991.

Après sa libération, elle poursuit ses activités militantes dans l’ouest et le sud du Kurdistan.

Après de longues années de lutte dans les montagnes du Kurdistan, Sakine Cansız va en Europe où elle prend la direction du mouvement des femmes kurdes. Figure pionnière du mouvement de libération kurde, elle a grandement contribué au renforcement des organisations kurdes au sein de la diaspora.

Fidan Doğan est née en 1982, à Elbistan, dans la province de Maraş. Fille d’une famille d’immigrés, elle grandit en France.

Dès son enfance, elle se met en quête de son identité kurde. À partir de 1999, elle s’engage dans les organisations kurdes en Europe. À partir de 2002, elle travaille activement dans le domaine de la diplomatie. Elle devient représentante à Paris du Congrès national du Kurdistan (KNK).

Fille d’une famille originaire de Lice, dans la province de Diyarbakir, Leyla Saylemez est née dans la ville turque de Mersin où elle passe son enfance jusqu’à ce que sa famille déménage en Allemagne, dans les années 90. Après un an d’études en architecture, elle rejoint la lutte pour la liberté au Kurdistan et s’engage particulièrement dans les activités de la jeunesse kurde.

 
En attendant que la France veuille enfin faire la vérité sur ce triple meurtre politique, les Kurdes manifesteront de nouveau le 9 janvier 2021, à l’occasion du huitième anniversaire de ce crime abject pour honorer la mémoire des trois femmes et pour demander à la France de juger les responsables ayant ordonné le meurtre des militantes kurdes.
RDV à 14h, devant la Gare du Nord de Paris.