AccueilDroits de l'HommeRacisme anti-kurde. Un Kurde frappé dans le sous-gouvernorat d'Istanbul/Şişli

Racisme anti-kurde. Un Kurde frappé dans le sous-gouvernorat d’Istanbul/Şişli

TURQUIE – ISTANBUL – Mehmet Nuri Deniz a été insulté et tabassé dans le bureau du sous-gouverneur de Şişli à İstanbul à cause de son identité kurde. Deniz a porté plainte contre ses agresseurs.
 
Mehmet Nuri Deniz déclare avoir été battu par 3 employés du bureau du sous-gouverneur de Şişli, où il s’est rendu pour demander une aide sociale. Il a également déclaré qu’il a été victime de racisme et de discrimination à cause de son origine kurde.
 
Vivant à Feriköy dans le district de Şişli avec son épouse, Deniz, 34 ans, souligne qu’il va se battre jusqu’à ce que ceux qui l’ont battu et insulté à cause des son identité kurde soient jugés.

« Retourne dans ton village »

Deniz a raconté l’incident dans les termes suivants : « Lorsque notre village a été incendié dans les années 1990, nous avons quitté [la province orientale de] Bitlis pour İstanbul. Depuis, j’ai occupé différents emplois. Nous vivons actuellement à Şişli Feriköy. Je travaillais dans une usine textile mais ils ont licencié plusieurs travailleurs, dont moi, en raison de l’épidémie. Je n’ai pas pu payer mon loyer entre-temps.

La semaine dernière, le propriétaire est venu nous voir et nous a dit que « nous allions soit payer le loyer, soit quitter la maison ». Je suis d’abord allé au bureau du chef de quartier. Ils m’ont dit que je pouvais obtenir une aide sociale auprès du bureau du sous-gouverneur de Şişli. Je suis allé au bureau du sous-gouverneur. J’ai raconté ma situation à une personne nommée Mehmet me disant qu’il était le consultant du sous-gouverneur.
 
« Mon loyer mensuel est de 1 200 lires [environ 175 dollars américains]. Je n’ai pas pu payer mon loyer pendant quatre mois. Pouvez-vous le payer ? », leur ai-je demandé. On m’a répondu qu’ils ne pouvaient pas payer les quatre mois, mais seulement deux mois, soit 2 400 lires. Ils ont obtenu mon numéro de compte bancaire. Le vendredi, j’ai reçu un message disant : « Votre argent a été déposé ». Je suis allé à la banque pour retirer l’argent. Mais, j’ai vu qu’ils n’avaient déposé que 400 lires, comme s’ils se moquaient de moi.
 
Ils m’ont forcé à entrer dans l’ascenseur et m’ont battu.
 
« Je suis allé au bureau du sous-gouverneur pour demander de quoi il s’agissait. J’ai rencontré à nouveau ce consultant nommé Mehmet. Il m’a dit : « Est-ce qu’on doit te donner de l’argent ? Retourne d’où tu viens , retourne là-bas. Il est venu de Bitlis en tant que Kurde et veut vivre à Nişantaşı ! Retourne dans ton village, qui es-tu pour vivre à Nişantaşı* ? Pourquoi devons-nous te donner de l’argent ? Quand j’ai répondu, il y a eu une dispute verbale. Il m’a poussé et a essayé de me frapper.
 
« Puis il a appelé deux gardes de sécurité. Ils m’ont battu jusqu’à ce que nous allions vers l’ascenseur. Puis, un autre est arrivé et à trois ils m’ont battu.
 
« Ensuite, ils m’ont jeté dehors. Je suis allé au poste de police de Fulya immédiatement. Mais la police ne s’en est pas vraiment occupée. Je ne me souviens pas de son nom, mais ils m’ont emmené à l’hôpital pour mes blessures. Nous avons reçu un rapport faisant état de coups et blessures, mais j’étais dans un tel état que je n’ai pas vu le rapport. Je ne l’ai pas. J’ai fait une déposition à la police et je suis rentré chez moi. Quand je me suis senti mieux, je suis allé voir un avocat ».
 
« J’ai demandé de l’aide, j’ai été battu »
 
Deniz conclut ses remarques comme suit : « Ils m’ont insulté et battu alors qu’ils portaient l’uniforme de l’État. Je ne peux pas accepter cela. Alors que l’État est censé me soutenir, j’ai été battu. Je ne sais pas quoi faire. Je suis déchiré, tant moralement que matériellement. L’État est censé aider ses citoyens durant l’épidémie… J’ai été battu parce que j’ai demandé de l’aide ».
 
Deniz et son avocate Eren Keskin se sont rendus au tribunal d’İstanbul pour déposer une plainte pénale contre le bureau du sous-gouverneur de Şişli.
 
Bureau du Sous-Gouverneur : « Nous n’avons pas été informés »
 
Lorsque nous avons appelé le département juridique du bureau du gouverneur de Şişli, un fonctionnaire nous a dit : « La question ne nous a pas été notifiée. Il ne serait pas juste de faire une déclaration pour cette raison ». D’autres départements que le département juridique n’ont pas répondu à nos appels ».
 
* Nişantaşı est une ville surtout connue pour ses boutiques, cafés et restaurants luxueux.