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Le politicien kurde, Muhsin Melik commémoré lors du 26ème anniversaire de son assassinat

TURQUIE / BAKUR – URFA – 26 ans après le meurtre du politicien kurde Muhsin Melik et son ami Mehmet Ayyıldız, leurs meurtriers n’ont toujours pas été retrouvés. Le frère de Melik a déclaré que son frère n’avait pas peur, il n’avait pas abandonné la lutte et c’est pourquoi il a été assassiné.

26 ans se sont écoulés depuis la mort du politicien kurde Muhsin Melik et de son ami et chauffeur Mehmet Ayyıldız, par des « inconnus » à Urfa le 2 juin 1994. Cependant, malgré tout ce temps, les assassins de Melik et Ayyıldız n’ont pas été identifiés, ni jugés. La « justice » turque a abandonné l’affaire prétextant le délai d’expiration pour un crime qu’elle qualifie étant l’oeuvre d’ « auteurs inconnus » alors même que dans les années 1990 des centaines de politiciens et d’hommes d’affaires kurdes étaient enlevés et assassinés par les paramilitaires turcs.
 
Qui était Muhsin Melik
 
Melik, né en 1951 dans le village central d’Urapoku (Açmalı) d’Urfa, installé à Diyarbakır dès 1968, a été emprisonné deux fois et libéré après 2 mois de détention à la prison de Diyarbakır pour avoir participé aux funérailles de Vedat Aydın, un politicien kurde assassiné à Diyarbakır. Ce temps carcéral constitue un tournant dans la vie de Melik et devient le point de départ de la lutte qui couvrira toute sa vie.
 
Une vie dédiée à la lutte politique

Lorsque les calendriers montrent les années 90, le problème kurde devient un sujet brûlant en Turquie. Lorsque le Parti social-démocrate populaire (Sosyal demokrat Halk Partisi – SHP) expulse 7 députés kurdes, Melik  élu SHP dans la ville d’Urfa, quitte le parti et co-fonde le Parti du travail du peuple (Halkın Emek Partisi, HEP). Puis au sein du Parti de la démocratie (Demokrasi Partisi – DEP) et du Parti de la démocratie du peuple (Halkın Demokrasi Partisi -HADEP), fermés à plusieurs reprises en raison de leurs activités politiques. (Tous ces partis dits « kurdes » ont été fermés les uns après les autres par l’Etat turc qui a toujours refusé aux Kurdes le droit à faire de la politique. En raison de ses activités politiques et de ses discours, de nombreux procès ont intentés contre Melik.

Muhsin Melik recevait des menaces de morts
Notant que son frère avait un esprit combatif, son frère Faruk Melik a déclaré que qu’il avait été arrêté à ce moment-là et soumis à de nombreuses pressions. Melik a déclaré que son frère avait participé aux funérailles de Vedat Aydın :  « Ils les ont arrêtés et emprisonnés à Diyarbakır (Amed). Après son emprisonnement, il est d’abord devenu député d’Urfa de l’alliance du Parti social-démocrate populaire (Sosyal demokrat Halk Partisi – SHP). (…) On a essayé de le kidnapper plusieurs fois, sans succès. Il a alors été menacé. Il a signalé aux autorités turques de la région qu’il était poursuivi et menacé. Il a demandé un permis d’armes à feu parce qu’il était menacé. Cependant, aucune licence d’armes à feu ne lui a été accordée. »
 
Il a vu ses assassins 
 
Alors que Melik quittait son domicile le matin du 2 juin 1994, la veille de l’enlèvement de Buldan, on a ouvert le feu contre son véhicule. Alors que son chauffeur, Mehmet Ayyıldız, est décédé sur les lieux, Melik, gravement blessé, est décédé à l’hôpital où il a été transféré. Melik raconte à ses amis qu’ils connait les auteurs de l’attaque juste avant de mourir : «Je connais personnellement les assaillants. Parce qu’ils me surveillaient depuis longtemps. Ce sont des gens que j’ai rencontrés plusieurs fois. Ceux qui nous ont abattus sont des membres en civil de l’équipe de police qui m’a surveillé auparavant.»
 
* Qu’est-ce que JİTEM ?
 
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcées et meurtres – commis par les escadrons de la mort de JITEM – ont été signalés dans les régions kurdes de la Turquie.
JİTEM est le nom du service de renseignements de la gendarmerie turque. JİTEM est l’abréviation de Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele (service de renseignements et anti terrorisme de la gendarmerie).

Le JİTEM a été actif dans le conflit kurde en Turquie. Après le scandale de Susurluk, les anciens premiers ministres Bülent Ecevit et Mesut Yılmaz ont confirmé l’existence de JİTEM.

Selon Murat Belge de l’Université Bilgi d’Istanbul, qui a rapporté avoir été torturé en 1971 par son fondateur, Veli Küçük, JİTEM est une incarnation de l’Etat profond. En d’autres termes, il est utilisé par «l’Establishment» pour faire respecter des intérêts nationaux présumés, ainsi que par l’aile militaire de l’Ergenekon, une organisation nationaliste turque clandestine. En 2008, les dénégations officielles de l’existence de JİTEM ont commencé à s’effondrer devant les tribunaux, comme en témoignent les anciens membres de l’appareil de sécurité «d’État profond» turc qui ont participé à des activités secrètes et illégales au cours des dernières décennies dans le cadre de l’enquête Ergenekon. (Wikipedia)