AccueilDroits de l'Homme"En criminalisant les Kurdes, la France piétine ses propres valeurs"

« En criminalisant les Kurdes, la France piétine ses propres valeurs »

 
PARIS – Ce matin, la police française a procédé à l’arrestation de 9 militants kurdes, dont 6 membres du centre culturel kurde de Drancy, en région parisienne, et 3 autres dans les Bouches-du-Rhône. Tous sont accusés d’avoir récolté de l’argent pour le financement d’une organisation terroriste (PKK). En parallèle à ces arrestations sur le sol français, à la demande de la France, la police belge a perquisitionné les locaux de deux chaînes de télévision kurdes (StêrkTV et Medya Haber) à Denderleeuw, près de Bruxelles, en lien avec le même dossier.
 
Les associations, les militants et les journalistes kurdes ont condamné unanimement l’attaque de la presse kurde par la Belgique et la criminalisation des Kurdes en Europe à la demande de l’État turc. Une activiste kurde a accusé la France de piétiner ses propres valeurs en criminalisant les Kurdes, tandis que le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) appelle la France « à mettre fin immédiatement à cette politique cynique qui nuit gravement à sa stature internationale et à ses principes fondateurs ».
 
 
Voici le communiqué du CDK-F, qui appelle à manifester ce soir à 18h, sur la place de la République, a publié après l’arrestation des militants kurdes en France:
 
« Le Conseil Démocratique Kurde en France condamne avec la plus grande fermeté les perquisitions réalisées ce matin en France et en Belgique, visant indistinctement entrepreneurs, militants et citoyens franco-kurdes, ainsi que les médias kurdes. Ce matin, neuf personnes ont été injustement placées en garde à vue en Île-de-France et dans les Bouches-du-Rhône.
 
Parallèlement, à Denderleeuw, en Belgique, une opération orchestrée à la demande du Parquet antiterroriste français a mené à la saisie et à la destruction de matériel essentiel, interrompant brutalement la transmission en direct de trois chaînes de télévision kurdes.
 
Ces actions ne sont que le prolongement de l’offensive génocidaire menée par la Turquie contre les populations kurdes, offensive tolérée et même facilitée par des politiques étrangères, dont celle de la France, qui préfère sacrifier les droits humains, la liberté et la démocratie pour des intérêts à court terme.
 
En se pliant aux exigences d’un partenaire historiquement infructueux et agressif, la France persiste dans une stratégie étrangère dévastatrice, négligeant ainsi ses propres intérêts géopolitiques, sécuritaires et politiques.
 
La diplomatie française, en traitant depuis des décennies les Kurdes non pas comme des partenaires mais comme des monnaies d’échange pour apaiser la Turquie, a montré son incapacité à défendre les valeurs qu’elle prétend incarner.
 
Loin de combattre le terrorisme, ces récentes perquisitions, ainsi que l’ensemble des mesures administratives visant les militants kurdes servent un agenda politique sombre, piloté par des intérêts commerciaux et diplomatiques douteux, et manifestent un déni flagrant de justice.
 
Nous appelons la France à mettre fin immédiatement à cette politique cynique qui nuit gravement à sa stature internationale et à ses principes fondateurs.
 
Nous demandons également la solidarité des organisations politiques, associatives et syndicales pour soutenir la communauté kurde en ces moments de répression injustifiée et pour œuvrer ensemble à la restauration de la justice et du respect des droits humains.
 
Nous restons résolus à défendre la dignité et les droits de notre communauté contre ces agissements injustes et nous engageons à lutter pour la vérité et la justice. »