La triste vérité est que des centaines d’enfants yézidis resteront portés disparus à jamais. La plupart des enfants kidnappés de Shengal ont été transférés dans des familles de l’Etat islamique (qui a commis un génocide) et ont oublié leur propre identité.
Le fait que jusqu’à présent seuls quelques Yézidis aient été libérés lors de l’offensive précédente à Baghouz, en Syrie, est lié au fait que de nombreux enfants continuent à vivre avec des familles de DAESH et ne se souviennent pas de leurs origines (sans que ce soit de leur faute).
Leur identification ne serait possible qu’à l’aide d’un test ADN, car les familles, si elles ont survécu, peuvent difficilement identifier leurs proches, car de nombreux enfants étaient très jeunes au moment de leur enlèvement. Une mission apparemment impossible.
Toutefois, une enquête ADN aussi vaste n’aura pas lieu. La communauté mondiale ne s’intéresse pas assez à la communauté yézidis, et les Yézidis eux-mêmes n’ont aucune ressource pour encourager un tel effort de la part de la coalition internationale.
La vérité est que la communauté mondiale, malgré toutes les protestations pour prévenir ou combattre le génocide, laisse à ce stade des centaines d’enfants yézidis seuls face à leur propre destin brutal. Ce n’est pas une expérience nouvelle pour les Yézidis.
Au cours des siècles passés, cette stratégie d’anéantissement des Yézidis a été répétée à maintes reprises. Le fait que des milliers d’enfants soient enlevés de leurs villages au XXIe siècle sous les yeux du monde entier était inimaginable pour beaucoup. Mais cela est arrivé.
Pour les Yézidis, cela signifie que ce génocide ne finira jamais. Les traumatismes subis seront préservés et continueront à façonner les générations suivantes, comme dans les siècles précédents.
Des centaines de mères et de pères, s’ils survivent, attendront en vain leurs proches alors qu’ils persévéreront dans leurs tentes de réfugiés pendant des années maintenant. C’est un fait, aussi brutal soit-il, que les Yézidis doivent accepter.
La communauté yézidie ne se remettra probablement jamais de ce génocide, même si elle s’est courageusement défendue au cours des siècles passés. La nécessité d’un tribunal spécial de l’ONU pour punir les membres de DAECH est plus pressante que jamais.
Jusqu’à présent, cependant, il semble que rien ne va se passer.