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Aimer la vie à en mourir : Une grève de la faim menée par des centaines de Kurdes mérite attention

Quand vous regardez Imam Sis, vous ne réalisez peut-être pas qu’il meurt lentement de faim. Cependant, ce Kurde de 32 ans n’a plus rien mangé depuis 79 jours maintenant. Son physique auparavant musclé est mangé de l’intérieur et ses reins commencent à mourir. Il reste fort d’esprit mais s’épuise après quelques minutes de conversation.
 
Depuis le 16 décembre, il est en grève de la faim, vit de vitamines B1 et B12 en comprimés, d’une limonade fraîche par jour, de tisanes et d’eau salée.
 
Il est arrivé au Royaume-Uni en provenance du Kurdistan de Turquie il y a 14 ans en tant que réfugié politique et vit au Pays de Galles depuis cinq ans.
 
Il a déclaré : « Ces deux derniers jours, je n’ai pratiquement pas bu de liquide, cela vous tue et vous avez des maux de tête violents. Je me sens très fatigué même quand je parle. »
 
La grève de la faim de l’imam fait partie d’un mouvement mondial qui est suivi par plus de 300 Kurdes dont des prisonniers politiques en Turquie.
 
Les grévistes demandent au Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) – un organe chargé d’enquêter sur la torture et les violations des droits de l’Homme dans les prisons – et à la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) d’enquêter sur les allégations de violations des droits du dirigeant kurde Abdullah Ocalan dans une prison en Turquie.
 
Öcalan est en isolement carcéral depuis 1999 et il n’a pas été autorisé à à rencontrer ses avocats depuis 2011 et à recevoir des visiteurs ou sa famille depuis septembre 2016.
 
Leyla Güven, députée kurde au Parlement turc, est en grève de la faim depuis plus de 118 jours et est sur le point de mourir.
 
« Tu me demandes ce que je ressens ? » dit l’Imam. « Je me sens fort.
 
J’ai beaucoup de problèmes de santé. Au moment même où nous parlons, j’ai mal à l’estomac.
 
Nous pourrions mourir. Nous ne faisons pas cette grève de la faim pour mourir. Nous aimons la vie, nous aimons une vie libre, mais les Kurdes n’ont pas de vie libre dans le monde. Les 40 millions de Kurdes n’ont aucune liberté dans le système. Nous essayons de changer cela.
 
Je ne veux pas faire cette grève de la faim.
 
« Tous les grévistes de la faim prennent des vitamines du complexe B. Ce n’est pas un jeûne pour mourir. Nous ne voulons pas mourir. J’ai déjà perdu plus de 16 kilos. (…) Ton rythme cardiaque devient bizarre.
 
Nous ne prenons ni protéines ni glucides. Si nos demandes ne sont pas satisfaites, nous irons jusqu’au bout. Cela apportera la honte à toute l’humanité. J’ai de la force en moi et je tire ma force de tout le soutien que je reçois. »
Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par l’OTAN, le Royaume-Uni et l’UE. Cependant, Imam déclare que le monde a une dette envers le peuple kurde pour le travail qu’il a accompli dans la lutte contre l’Etat islamique.
 
« Nous essayons de retrouver notre dignité, a-t-il déclaré. « Nous avons nos droits en tant qu’être humain et en tant que nation.
 
Ce sont les Kurdes qui ont vaincu DAECH. Ils ont sauvé le monde de DAESH et le monde entier a une dette envers le peuple kurde. »
 
La grève d’Imam a fait l’objet d’un débat au parlement britannique, plusieurs députés ayant déposé une motion.
 
Une partie de la motion déclare : « Que cette Assemblée est préoccupée par le fait que la grève de la faim en Turquie de Leyla Güven, députée du Parti démocratique des peuples (HDP), a atteint son troisième mois et qu’elle est dans un état critique ; note que sa protestation a incité d’autres à faire la grève de la faim, notamment Ilhan Sis à Newport, dans le sud du Pays de Galles, au Royaume-Uni qui est maintenant en grève de la faim illimitée, et que 156 autres Kurdes emprisonnés en Turquie sont maintenant également en grève de la faim illimitée ».