Un jeune civil qui a réussi à fuir Afrin occupée a raconté les atrocités qu’il a subies et dont il a été témoin dans la ville. Il a dit que même des enfants de 12 ans sont torturés par les forces turques d’occupation.
Depuis le 20 janvier, date à laquelle la Turquie a lancé une opération d’invasion contre Afrin, les civils, les infrastructures civiles et les biens civils sont systématiquement pris pour cible dans le cadre des crimes de guerre sauvages perpétrés par les envahisseurs. D’autres cas d’enlèvement, de pillage, de viol, de torture, de harcèlement et d’exécution sont signalés quotidiennement par la ville.
« Mon cousin est toujours porté disparu »
M.Q. a déclaré qu’ils se trouvaient dans le village de Keferşînê lorsque les gangs y sont entrés : « Nous ne pouvions pas sortir. Puis je suis venu à Afrin et j’y suis resté 40 jours mais je n’ai pas pu revenir parce que j’ai entendu dire que les gangs me cherchaient. D’après ce que j’ai entendu, ils ont fait circuler mes photos sur Facebook. Ils ont torturé un de mes proches, le forçant à dire où j’étais. Quand il a refusé de parler de moi, ils l’ont emmené. Nous ne savons pas où il est en ce moment.
A Afrin , ils torturent constamment les gens. Ils s’introduisent par effraction dans les maisons et les battent, les accusent d’organiser d’autres personnes contre eux, puis les enlèvent, qu’ils aient ou non des relations avec les forces kurdes.
Ils torturent même des enfants de 12 ans, commettant des atrocités contre les civils sans faire la distinction entre les enfants et les personnes âgées. Dans notre quartier, ils ont arrêté plus de 20 de mes amis. Ils ont emmené un ami. Sa femme était une enseignante, qui a réussi à s’échapper, mais mon ami est resté entre leurs mains. Notre village était plein de gangs et je ne pouvais plus vivre. Je cherchais toujours un moyen de m’échapper, même si cela devait me couter la vie. »
Cartes d’identité pour les élections turques
M.Q. a également déclaré que les forces turques et les gangs saisissent les champs de la population locale et les louent à leurs propriétaires en échange d’argent.
« L’État turc a délivré des cartes d’identité pour le peuple afin de « faciliter la vie de ceux qui resteraient à Afrin ou voudraient aller dans d’autres pays ». Lorsque des élections ont eu lieu en Turquie, toutes les personnes qui ont reçu une carte d’identité se sont vu accorder le droit de voter. Il est apparu plus tard que ces cartes d’identité avaient en fait été délivrées pour qu’ils puissent voter aux élections en Turquie. Certaines familles à Afrin sont maintenant sans foyer. Les propriétaires de champs sont obligés de travailler dans leurs propres propriétés comme des serviteurs en échange d’une petite somme d’argent« .
« FSA et ENKS agissent ensemble »
M.Q. a déclaré que les gangs de la FSA (Armée syrienne libre) et l’ENKS (Conseil national kurde syrien) étaient complices des crimes commis à Afrin.
« Dans certains villages, ils font travailler les gens pour eux. Si certains refusent de le faire, ils sont torturés. Les soldats de l’armée turque agissent de concert avec la FSA et l’ENKS. Ils font le tour des villages et arrêtent presque tout le monde au motif qu’ils sont membres de l’organisation kurde ».