TURQUIE / KURDISTAN – Le 3e Festival international du film d’Amed (en kurde: Mîhrîcana Fîlman a Navnetewî ya Amedê) consacré au processus de paix s’est achevé hier soir par une cérémonie de remise des prix cinématographiques.
Du 7 au 14 décembre, le festival, placé sous le thème « Le monde vit d’histoires », a présenté plus de 80 films et documentaires, ainsi que des tables rondes.
Le festival était organisé par la municipalité d’Amed (Diyarbakır), en collaboration avec l’Académie du film mésopotamien et la plateforme Sînebîr. Malgré des difficultés logistiques, l’intérêt était vif : de nombreuses séances affichaient complet et la salle était comble pour la cérémonie de clôture.
Se souvenir, raconter, résister
Avant même la remise des prix, une vidéo récapitulative a passé en revue les huit jours du festival. Lisa Çalan, s’exprimant au nom du comité du festival, a souligné, dans son discours d’ouverture, le pouvoir fédérateur du cinéma et du récit. « Dans chaque histoire, nous nous sommes reconnus », a-t-elle déclaré. Les histoires, les langues et les formes d’expression peuvent différer, « mais notre souffrance est la même ».
Çalan a souligné les conditions de production difficiles dans la région : de nombreux films sont censurés, voire tout simplement interdits de diffusion. C’est précisément pourquoi les festivals indépendants comme celui d’Amed sont essentiels pour la visibilité et la mémoire de ces œuvres. Elle a dédié l’événement au processus de paix actuel et à ses « architectes », sans toutefois mentionner Abdullah Öcalan nommément. « Ces histoires s’épanouiront dans la paix », a-t-elle déclaré sous les applaudissements.
Signal politique de l’administration municipale
La co-maire d’Amed, Serra Bucak (DEM), a décrit le festival comme un « acte de reconstruction » après huit années d’interruption dues à la répression d’État, rappelant que la ville avait perdu de nombreux espaces culturels sous l’administration étatique. Elle a annoncé son intention d’étendre le festival à plusieurs lieux l’année prochaine. « Je vous le promets : l’année prochaine, le cinéma sera partout dans la ville », a-t-elle déclaré.
En souvenir du regretté cinéaste et homme politique Sırrı Süreyya Önder, Bucak a rendu hommage à sa voix humoristique, critique et profonde : « Son esprit était avec nous pendant huit jours – dans chaque film, dans chaque discussion. »
Prix récompensant les récits courageux et les images marquantes
Trois jeunes cinéastes ont reçu des prix dans le cadre du fonds du projet Sinebîr :
▪ Court métrage : Tarî û Ronahî de Raber Îbrahîm
▪ Documentaire : Hucre, takekes-laş, civat de Zelal Sadak
▪ Long métrage : Dîroka Wenda de Ali Kemal Çınar
Aperçu des autres récompenses
Des prix ont été décernés dans des catégories thématiques et selon les décisions du jury à :
▪ Mention honorable : Sêgoşe de Jino Hadî Hesen
▪ Prix Spécial du Jury : Garan de Mahsum Taşkın
▪ Prix commémoratif Mansour Karimian : Kawyar von Salem Salavat
▪ Prix spécial du jury (film documentaire) : All the Mountains Give d’Arash Raksha
▪ Prix Taha Karimi : Xalko de Sami Mermer & Hind Benchekroun
Six prix ont été décernés dans la catégorie long métrage :
▪ Cadre photo esthétique : Beriya Şevê par Ali Kemal Çınar
▪ Perspectives rebelles : La Vierge à l’Enfant de Binevşa Bêrîvan
▪ Prix spécial du jury : Zalava d’Arsalan Amiri
▪ Prix Yılmaz Güney pour la Résistance : Soleil de Kurdwîn Eyûb
La cérémonie de remise des prix s’est conclue par de longues minutes d’applaudissements pour l’équipe du festival. La photo de groupe finale a attiré une foule immense, témoignant du vif succès rencontré dans la région. (ANF)
PARIS – Le 13 décembre dernier, des personnalités politiques kurdes, françaises, ainsi que l’ancien ambassadeur américain et expert constitutionnel Peter Galbraith ont participé à un colloque sur l’avenir du Rojava dans le nouveau contexte syrien organisé au Senat français par l’Institut kurde de Paris. Les intervenants ont souligné l’importance d’un régime fédéral pour éviter à la Syrie de sombrer dans le chaos, nous rapporte le journaliste Chris Den Hond dans l’article suivant publié par The Amargi.
Photo via Rémi Féraud
S’exprimant devant le Sénat français le 13 décembre 2025, l’ancien ambassadeur américain et expert constitutionnel Peter Galbraith a averti que la seule défense viable de la Syrie contre une nouvelle ère de pouvoir centralisé et autoritaire résidait dans une constitution fédérale rédigée par une assemblée constituante élue, arguant que sans un tel processus, les divisions de facto du pays se durciraient et que ses minorités et sa majorité laïque seraient laissées sans protection.
Ancien ambassadeur américain Peter Galbraith
Dans une salle voûtée du Sénat français, le 13 décembre, une rare réunion de diplomates occidentaux, de parlementaires français et de responsables kurdes a délivré un message sans détour sur l’avenir de la Syrie : sans fédéralisme, le pays risque de retomber dans l’autoritarisme, quelles que soient les apparences de modération du discours de ses nouveaux dirigeants à l’étranger.
Photo via E. Kaya
Le colloque, consacré à l’avenir du nord-est de la Syrie (Rojava) et de la Syrie d’après-guerre, a réuni des personnalités ayant marqué les débats constitutionnels de l’Irak à Washington, ainsi que celles qui cherchent aujourd’hui à influencer le prochain chapitre politique de l’histoire syrienne. À maintes reprises, les intervenants ont insisté sur un point essentiel : la diversité de la Syrie ne peut être gouvernée par la centralisation, et seul un processus constitutionnel véritablement élu peut prévenir une nouvelle vague de conflit.
Peter Galbraith, ancien ambassadeur des États-Unis en Croatie et l’un des architectes du cadre constitutionnel irakien post-2003, a exposé les faits en termes clairs, presque mathématiques.
« Nous avons beaucoup discuté du contenu de la future Constitution syrienne et de l’aspiration au fédéralisme », a déclaré M. Galbraith. « À mon sens, il n’existe qu’un seul moyen pour les minorités syriennes, la partie laïque de la population, d’obtenir gain de cause : par le biais d’une Assemblée constituante élue. Comme ce fut le cas en Irak. C’est d’ailleurs la procédure habituelle pour l’élaboration des constitutions. »
Il a rejeté tout modèle selon lequel l’avenir de la Syrie serait façonné par décret ou par des négociations entre élites.
« Elles ne sont pas imposées par un dictateur, elles ne sont pas négociées entre un dictateur et certains membres d’un parlement qu’il nomme lui-même », a-t-il déclaré. « Il s’agit d’une Assemblée constituante élue. »
La mosaïque syrienne, photo via Rémi Féraud
M. Galbraith a soutenu que le fédéralisme n’est pas une revendication marginale mais une fatalité démographique si les Syriens sont autorisés à voter librement.
« Que se passera-t-il si l’on instaure une Assemblée constituante élue en Syrie ? C’est une simple question de mathématiques », a-t-il déclaré. « Trente-cinq à quarante pour cent de la population syrienne est issue des minorités : Kurdes, Alaouites, Druzes et chrétiens. Si l’on met en place une assemblée élue, un groupe important d’électeurs souhaitera un système fédéral. Je sais que l’on parle de décentralisation, mais le terme exact est fédéral. »
Il s’est ensuite tourné vers la majorité sunnite de Syrie, remettant en question l’hypothèse largement répandue selon laquelle elle favoriserait naturellement un régime islamiste.
« Deuxièmement, parmi les 50 à 60 % de sunnites, un grand nombre de Syriens sunnites sont laïcs. Ils ne souhaitent pas d’État islamique », a-t-il déclaré. « Par conséquent, si l’Occident a intérêt à ce qu’un État islamiste ne se forme pas en Syrie, la meilleure garantie est que l’avenir du pays soit décidé par une Assemblée constituante élue. »
Tant qu’un tel processus n’existera pas, a averti M. Galbraith, la réalité fragmentée de la Syrie persistera — par défaut.
« Que se passe-t-il en l’absence d’accord ? C’est très simple », a-t-il déclaré. « La situation actuelle perdure jusqu’à l’adoption d’une nouvelle constitution par le peuple syrien, ce qui signifie que le Rojava continue d’être gouverné par les FDS. Il en va de même pour Soueïda. »
Il a reconnu que cette situation transitoire exigerait des solutions pragmatiques.
« Il faudra peut-être négocier certains points pratiques, comme la reconnaissance des diplômes délivrés par les universités du Rojava, les questions de propriété, de mariage, etc. », a-t-il déclaré. « Mais la situation actuelle reste inchangée jusqu’à la conclusion d’un nouvel accord. »
S’appuyant sur son expérience en Irak, M. Galbraith a offert une leçon de prudence – et une stratégie.
« La clé du succès des Kurdes irakiens lors des négociations constitutionnelles de 2005 réside dans leur excellente préparation », a-t-il déclaré. « En effet, ils avaient présenté dès 2004 un programme qui limitait les pouvoirs du gouvernement fédéral central. »
Il a décrit des dispositions qui ont fondamentalement remodelé le fédéralisme irakien.
« Une disposition stipulait que, sauf si elle porte sur l’un de ces pouvoirs très limités, le droit kurde prime sur le droit irakien. Elle incluait le droit du Parlement kurde de modifier et d’abroger toute loi irakienne en vigueur dans la région du Kurdistan. Et bien sûr, le droit de conserver leurs propres institutions – la présidence, le parlement – mais aussi celui de disposer de leurs propres gardes régionaux, c’est-à-dire de leur propre force militaire. »
Le résultat, a-t-il ajouté, a été autant façonné par la préparation des Kurdes que par l’absence des autres.
« Ils ont réussi grâce à une excellente préparation, contrairement à la majorité chiite, qui, à vrai dire, ne l’était pas », a-t-il déclaré, reprenant les propos de Falah Mustafa Bakir, haut responsable du gouvernement régional du Kurdistan. « Comme l’a dit Kak Falah Mustafa : “Les sunnites étaient absents.” »
Les conseils de M. Galbraith aux Kurdes syriens et à leurs alliés étaient explicites.
« Alors préparez-vous », a-t-il dit. « Élaborez des propositions détaillées sur vos souhaits en matière de décentralisation ou de fédéralisme. Que souhaitez-vous précisément concernant la police ? Qui la contrôle ? Comment les gouverneurs sont-ils choisis ? Que sont les parlements ou conseils locaux ? Qui contrôle le système éducatif ? »
Il s’attarda sur un sujet souvent négligé.
« Très peu de gens se soucient de savoir qui nomme les juges », a-t-il déclaré. « Quelle loi s’applique ? »
La diversité juridique, a-t-il souligné, ne constitue pas une menace pour l’unité.
« Les lois peuvent varier d’une région à l’autre du pays », a-t-il déclaré. « C’est le cas en Irak. Le Kurdistan applique des lois différentes de celles en vigueur dans les régions arabes du pays. C’est également le cas aux États-Unis. Le droit pénal de mon État, le Vermont, est différent de celui du Texas. Nous n’exécutons personne. »
La pression politique exercée sur les acteurs extérieurs à la Syrie était également un thème récurrent. Thomas Porte, député français de La France insoumise et président du groupe d’étude parlementaire kurde, a appelé à la fin des occupations militaires étrangères.
« Aujourd’hui, notre objectif est de construire une nouvelle Syrie, mais je suis attaché au respect de l’intégrité territoriale de la Syrie. Une partie de la Syrie est occupée par la Turquie et une autre partie, le plateau du Golan, est occupée par l’État israélien. »
M. Porte, qui s’est rendu au Rojava en janvier 2025 pour commémorer le dixième anniversaire de la libération de Kobanê de l’emprise de l’État islamique, a mis en avant les efforts législatifs déployés à Paris.
« Nous avons proposé deux résolutions au Parlement français », a-t-il déclaré. « L’une visant à lever le secret défense sur l’assassinat des camarades kurdes à Paris en 2013. »
La seconde résolution, a-t-il déclaré, visait directement Ankara.
« Nous avons proposé une autre résolution demandant à la France d’accroître significativement la pression sur la Turquie afin qu’elle soutienne le processus de paix lancé par Abdullah Öcalan pour le dépôt des armes et la dissolution du PKK », a-t-il déclaré. « Cela exige une contrepartie de la part de la Turquie, mais jusqu’à présent, le gouvernement turc n’est pas à la hauteur de la situation. »
D’autres intervenants ont lancé des avertissements depuis l’intérieur de la Syrie. Perwin Yousef, coprésidente du Parti de l’union démocratique (PYD), a déclaré que la rhétorique conciliante du régime syrien n’était en grande partie que de la poudre aux yeux.
Elle a fait valoir que si Damas affiche une attitude modérée envers ses interlocuteurs étrangers, son message à l’intérieur du pays reste inchangé : les Forces démocratiques syriennes doivent désarmer.
Falah Mustafa Bakir, conseiller du président de la région du Kurdistan, Nechirvan Barzani, a exhorté les forces politiques kurdes à parler d’une seule voix lors des négociations avec Damas, avertissant que la fragmentation affaiblirait leur influence constitutionnelle.
Et Meral Danış Beştaş, députée du DEM Parti (de Turquie) pro-kurde, a mis au défi les gouvernements occidentaux de repenser leur vision des Kurdes de Syrie.
Elle a fait valoir qu’ils devaient être considérés non seulement comme la force terrestre la plus efficace de l’Occident contre l’État islamique, mais aussi comme les défenseurs d’un projet politique démocratique, pluraliste et féministe plus large, susceptible de servir l’ensemble de la Syrie.
À la fin de la journée, la conclusion du colloque du Sénat était sans équivoque : l’alternative à une Syrie fédérale et décentralisée n’est pas la stabilité, mais la continuation d’un régime autoritaire sous une nouvelle appellation – et le lent délitement des fragiles acquis obtenus depuis la guerre.
TURQUIE / KURDISTAN – Deux prisonniers détenus à la prison de haute sécurité de Çorlu ont entamé une grève de la faim illimitée pour exiger la fermeture des prison de type « puits ». (Des milliers d’otage kurdes croupissent dans ces prisons.)
Les prisons de haute sécurité dites « de type puits », créées après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 et initialement présentées par le gouvernement comme des établissements exclusivement destinés aux personnes inculpées en lien avec cette tentative de coup d’État, sont devenues au fil du temps des lieux où sont punis notamment les prisonniers politiques.
On rapporte que deux autres prisonniers politiques incarcérés dans ces prisons « puits », où des conditions d’isolement sévères sont imposées, ont entamé une grève de la faim. Fergil Fırat et Celal Punar, détenus à la prison de haute sécurité de Çorlu, ont annoncé avoir commencé une grève de la faim illimitée pour exiger leur transfert dans un autre établissement pénitentiaire et la fermeture de ces prisons.
Leur avocat, Umut Vedat Açar, a appelé à la sensibilisation du public et a insisté pour que la voix des prisonniers soit entendue.
Isolation renforcée
Interrogée par l’ANF à ce sujet, Meliha Yüksel, membre du Comité central du Parti révolutionnaire, a déclaré que les deux prisonniers n’étaient pas seulement détenus dans la section « type », mais qu’ils avaient également été placés dans des zones encore plus petites et soumis à des peines d’isolement cellulaire, appelant à la sensibilité du public.
Meliha Yüksel a déclaré : « Les prisons à fosse sont des lieux où l’isolement est pratiqué de manière intensive. Dès leur création, nous l’avions dénoncé, tout comme l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD). Nous avions affirmé que ces prisons étaient destinées aux gauchistes, aux socialistes et aux révolutionnaires. À l’époque, nos avertissements n’ont guère été entendus ; mais nous étions certains d’une chose : on nous enfermerait, nous les révolutionnaires, dans ces prisons. Aujourd’hui, des membres de partis bourgeois y sont également détenus. L’isolement y est extrêmement sévère. Il est interdit aux prisonniers de se promener ensemble dans la cour, de se rencontrer ou d’échanger des livres. L’accès aux espaces communs leur est interdit. »
Depuis le transfert de nos camarades en grève de la faim illimitée dans le quartier des fosses, ni leurs visiteurs ni leurs tuteurs n’ont été autorisés à les recevoir. Certaines de leurs lettres ne sont pas distribuées. Ils vivent dans un espace de huit mètres carrés et sont maintenus à l’isolement strict. Bien que leur lieu de détention soit déjà une cellule, ils subissent en plus des sanctions d’isolement cellulaire.
Ces prisons ont été conçues pour briser la volonté des révolutionnaires et des socialistes. Deux de nos amis ont entamé une grève de la faim illimitée ; ils demandent leur transfert dans d’autres prisons.
Nous appelons l’ensemble du public et les organisations de la société civile à se faire la voix des prisonniers qui ont entamé cette grève de la faim. (ANF)
TURQUIE / KURDISTAN – Rukiye Fidan, une prisonnière politique kurde qui a perdu sa mère, deux frères et sœurs et son oncle dans un accident* à Mardin, a été emmenée menottée de la prison d’Istanbul/Bakirkoy dans la province de Mardin pour assister aux visites de condoléances sous un blocus militaire.
Rukiye Fidan, conduite au cimetière en voiture militaire, était menottée à une gendarme. L’émotion était palpable parmi la foule présente dans le cimetière alors qu’elle se recueillait sur les tombes avec une main menottée à une gendarme au milieu de militaires lourdement armés. Après le recueillement, Rukiye Fidan, accompagnée de sa famille et des gendarmes, s’est rendue à la maison des condoléances. Là, ses menottes lui ont été retirées. Elle a alors été encerclée par des gendarmes et contrainte de recevoir les condoléances sous leur surveillance.
La foule venue présenter ses condoléances a dû passer par un cordon militaire qui ont encerclé la maison de deuil. Rukiye Fidan a été autorisée à recevoir les condoléances pendant trois heures. Ensuite, elle serait ramené à la prison de type E de Mardin pour la nuit avant son retour à la prison de Bakirkoy.
*Dans un carambolage survenu le 11 décembre dernier à Kafsenor, district de Mehsert (Ömerli), à Mardin, quatre membres de la famille Fidan, venus d’Istanbul rendre visite à des proches, ont perdu la vie et plusieurs autres ont été blessés. Il s’agit de la mère de Rukiye Fidan (otage kurde détenue à la prison pour femmes d’Istanbul/Bakırköy), Suna (42 ans), de ses frères et sœurs Gülbahar (18 ans) et Ramazan (17 ans), et de son oncle Mehmet Nur Fidan (51 ans).
TURQUIE / KURDISTAN – Le 14 décembre 2015, les forces armées turques assiégeaient la localité kurde de Cizre où l’État turc a décrété un couvre-feu qui a duré 79 jours. 79 jours qui ont suffi à l’armée turque de raser presque entièrement la ville, massacrer près de 300 civils et chasser de leurs foyers ses habitants… Aujourd’hui, les rescapés de Cizre se sont rendus sur les tombes de leurs proches massacrés impunément par l’armée turque pendant l’hiver 2015/2016.
Retour sur le massacre de Cizre
Le 14 décembre 2015, l’État turc a imposé un couvre-feu total à Cizîr (en turc : Cizre), chef-lieu du district de la province de Şırnak (en kurde : Şirnex). Dix ans plus tard, les crimes commis durant ces 79 jours restent impunis. Pour les familles des victimes, l’attente de justice se poursuit ; nombre d’entre elles ont porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Avec l’instauration du couvre-feu – le second siège de la ville – Cizre fut totalement bouclée. L’eau, l’électricité et les communications furent coupées, et les secouristes furent empêchés d’entrer dans la ville. Durant les mois que dura le siège militaire, la ville fut bombardée à l’arme lourde depuis les airs et le sol. L’armée turque menait une guerre contre la population kurde.
Au moins 288 personnes ont été tuées.
D’après des informations confirmées, au moins 288 personnes ont été tuées pendant le couvre-feu, dont 177 qui s’étaient réfugiées dans des sous-sols. Parmi les victimes figuraient un nourrisson, 41 enfants et 22 femmes. Les massacres perpétrés dans les « sous-sols de la mort » de Cizre, en particulier, restent gravés dans la mémoire collective de la société kurde. Dans de nombreux cas, les corps n’ont pas pu être identifiés ; certains n’ont été rendus à leurs familles que des années plus tard.
Ambulance bloquée, aide refusée
Des rapports d’organisations de défense des droits humains et d’associations professionnelles attestent que de nombreuses personnes sont mortes d’hémorragie, les ambulances n’ayant pas été autorisées à accéder aux blessés. Leurs appels à l’aide sont restés sans réponse. Aujourd’hui encore, plus d’une douzaine de personnes sont officiellement portées disparues. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés. Plus de cent mille habitants ont été déplacés de Cizre.
Déni de justice pour les victimes
Les suites judiciaires de ces événements n’ont guère été suivies d’effet. Les poursuites pénales engagées contre les responsables sont restées largement lettre morte. Si des mandats de perquisition permanents ont été délivrés dans cinq affaires, le parquet a classé sans suite au moins 70 dossiers. Les recours des familles ont été rejetés par les tribunaux. Les proches ont alors saisi la Cour constitutionnelle turque. Celle-ci a rejeté 54 recours et 16 affaires sont toujours en attente de décision. Dans 25 autres cas, les enquêtes se poursuivent depuis une dizaine d’années, sans inculpation ni conséquence.
52 affaires portées devant la Cour de justice de l’Union européenne
Faute de recours internes efficaces, les familles se sont finalement tournées vers la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg. Au total, 52 affaires ont été portées devant elle. Deux autres n’ont pu être introduites, les requérants étant décédés depuis. Les griefs portent notamment sur des violations du droit à la vie et sur le dysfonctionnement systématique du système judiciaire dans l’enquête sur ces meurtres. On ignore quand la CEDH rendra son arrêt.
Quatorze personnes sont toujours portées disparues.
Selon l’organisation de la société civile MEBYA-DER, le sort de 14 personnes reste à ce jour inconnu. Il s’agit de Feride Yıldız, Mardin Çelebi, Hacer Arslan, Osman Gökhan, Hüseyin Derviş, Servet Aslan, Idris Susin, Ali Aslan, Cemal Pürlek, Emrah Aşkan, Sercan Uğan, Mustafa Keçanlu, Emrah Aşkın et Sakine Durmiş. Pour leurs familles, cela signifie dix ans de vie entre espoir et incertitude – et une lutte continue pour la vérité et la justice. (ANF)
SYRIE / ROJAVA – Des mercenaires de la Turquie ont kidnappé un jeune Kurde Afrin un jour après qu’il ait vendu son son terrain pour 10 000 dollars, faisant craindre que les gangs veulent extorquer son argent.
Des mercenaires soutenus par la Turquie ont enlevé le citoyen Hussein Ahmed Abdullah, âgé de 38 ans, du village de Meskeh Tahtani dans la ville de Janders, dans la campagne occupée d’Afrin, un jour seulement après qu’il ait vendu son terrain pour 10 000 dollars, selon l’Organisation des droits de l’homme d’Afrin-Syrie.
L’organisation a déclaré qu’Abdullah avait été enlevé à son domicile dans le but de le faire chanter financièrement, conformément à une politique d’enlèvements fréquents et d’exigences de rançons. De plus, il avait déjà été enlevé à plusieurs reprises, avait passé des années dans les prisons des mercenaires et avait été libéré après le versement d’une rançon.
Ainsi, les enlèvements de civils à Afrin occupée se poursuivent, avec ou sans inculpation, dans le but d’extorquer de l’argent à leurs familles. (ANHA)
IRAN / ROJHILAT – Le régime iranien a raflé au moins 40 personnes suite à une cérémonie commémorative en l’honneur de Khosrow Alikurdi, un avocat kurde décédé en prison de manière suspecte.
Au moins 40 civils et militants des droits civiques, politiques et des droits humains ont été arrêtés lors d’une cérémonie commémorative en l’honneur de Khosrow Alikurdi (ou Khosro Alikordi), un avocat kurde – emprisonné et qui était harcelé par le régime iranien – décédé dans des circonstances suspectes. Hengaw a jusqu’à présent vérifié l’identité de 31 personnes détenues.
Selon les informations reçues par l’organisation Hengaw pour les droits humains, les forces gouvernementales ont fait irruption lors de la cérémonie commémorative organisée à Mashhad en l’honneur d’Alikurdi, avocat originaire de Sabzevar, le vendredi 12 décembre 2025. Au cours de cette opération, les forces de sécurité ont arrêté au moins 40 personnes, dont Narges Mohammadi, ancienne prisonnière politique et lauréate du prix Nobel de la paix, six membres de la famille Alikurdi, d’anciens prisonniers politiques, des militants des droits civiques et des membres de familles réclamant justice.
La liste vérifiée des personnes détenues comprend : Narges Mohammadi ; Pouran Nazémi ; Alieh Motalebzadeh ; Sepideh Gholian ; Hasti Amiri ; Abolfazl Abri; Ali Adinehzadeh ; Javad Alikurdi ; Davoud Alikurdi; Ahmad Alikurdi ; Behrouz Alikurdi; Iraj Alikurdi ; et Mojtaba Alikurdi, civils kurdes et membres de la famille de Khosrow Alikurdi ; Noura Haghi; Hassan Bagheri-Nia ; Kamal Jafar-Yazdi ; Mohammad-Hossein Hosseini, footballeur et l’un des anciens détenus du mouvement Femme, Vie, Liberté (Jin, Jiyan, Azadi) ; Javad Jalali ; Mahmoud Khanali; Amir Khavari ; Hamed Hosseini ; et Heidar Chah-Chamandi, deux militants sociaux ; Taybeh Nazari, la mère de Maryam Arvin, tuée lors du mouvement Femme, Vie, Liberté ; ainsi que Milad Fattah ; Yasser Dehestan ; Pouria Najjarzadeh ; Hamed Rasoulkhani ; Mehdi Rasoulkhani ; Hossein Mohabbi ; Mohammadreza Babaei ; et Hamed Zarei.
Vendredi soir, peu après la cérémonie et l’arrestation de plusieurs participants, Javad Alikurdi, frère de Khosrow Alikurdi, a été arrêté sur son lieu de travail à Mashhad, ainsi que trois autres membres de sa famille : Iraj, Behrouz et Mojtaba Alikurdi. Quelques heures auparavant, il avait publié une vidéo sommant les institutions gouvernementales de libérer les militants et personnalités publiques détenus lors de l’hommage rendu à son frère, sous peine de publier un document qu’il qualifiait de « confidentiel ».
Selon certaines informations, certains détenus ont été transférés à la prison de Vakilabad à Mashhad après avoir été libérés sous caution, tandis que d’autres y ont été envoyés en vertu d’ordonnances de détention provisoire.
Marzieh Adinehzadeh, la fille d’Ali Adinehzadeh, a déclaré sur les réseaux sociaux que son père avait brièvement contacté sa famille et identifié le commandement des forces de l’ordre comme l’autorité responsable de l’arrestation. Elle a ajouté que les personnes détenues avaient subi de graves violences physiques lors de leur arrestation.
Par ailleurs, plusieurs familles de détenus, dont le frère de Sepideh Gholian, ont indiqué n’avoir reçu aucune information sur le lieu où se trouvaient leurs proches et que les détenus se sont vu refuser tout contact avec leurs familles.
Le procureur général et révolutionnaire de Mashhad a annoncé par la suite l’arrestation de 39 personnes en lien avec la cérémonie commémorative. Hassan Hemmati-Far a déclaré aux médias d’État que ces arrestations étaient motivées par ce qu’il a qualifié de « comportement non conforme aux normes » et a affirmé que deux agents des forces de l’ordre avaient été blessés lors de l’événement.
Hengaw précise que des informations antérieures mentionnaient par erreur Asadollah Fakhimi, Akbar Amini et Reza Adinehzadeh comme personnes détenues, faute d’informations confirmées après le raid. Tous trois sont rentrés chez eux le soir même. Hengaw a corrigé l’information et présente ses excuses pour cette erreur.
Khosrow Alikurdi subissait depuis des années des pressions sécuritaires et du harcèlement judiciaire. Il est décédé dans des circonstances suspectes à l’intérieur de son cabinet d’avocats le vendredi 5 décembre 2025. Si les autorités ont affirmé qu’il avait succombé à une crise cardiaque, les témoignages de proches et de confrères avocats, faisant état de saignements inhabituels et de possibles blessures, ont semé le doute quant à la version officielle.
Alikurdi a été enterré dans sa ville natale d’Abdolabad, à Sabzevar, le dimanche 7 décembre 2025. Lors de la cérémonie funéraire, son frère Javad Alikurdi a souligné son engagement éthique et humanitaire, notant qu’il avait passé des années à défendre des personnes marginalisées, à s’attaquer à des cas complexes et à endurer une pression sécuritaire constante. (Hengaw)
SYRIE – Une attaque sanglante a ciblé une délégation des forces de la Coalition internationale près de la ville de Palmyre. Le commandant en chef des forces arabo-kurdes a appelé à une intensification des efforts conjoints au niveau national pour combattre le « terrorisme » et ses cellules, suite à une attaque contre une délégation de la Coalition internationale près de la ville de Palmyre, dans le désert syrien.
Mazloum Abdi appelle à un renforcement des mesures antiterroristes
Aujourd’hui, une délégation des forces de la Coalition internationale a été attaquée près de la ville de Palmyre, à l’est de Homs. L’attaque qui a fait des victimes parmi des militaires et civils américains est attribuée à DAECH / ISIS.
Le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, a exprimé ses profonds regrets, dans un message publié sur la plateforme X, suite aux blessures infligées à plusieurs membres de la Sécurité générale et à des soldats américains après qu’ils ont essuyé des tirs dans le désert syrien alors qu’ils étaient en service.
Abdi a souligné que la recrudescence de ces attaques exige une détermination plus forte et des efforts nationaux conjoints accrus dans les opérations de lutte contre le « terrorisme » et ses cellules dormantes.
IRAN / ROJHILAT – Un tribunal iranien a condamné à mort le prisonnier politique kurde Ramin Zileh, originaire de Naqadeh, après plus de 500 jours de détention.
Condamné à mort pour « baghi (rébellion armée) »
Selon les informations reçues par l’organisation Hengaw pour les droits de l’homme, Zileh a été condamné à mort par la première chambre du tribunal révolutionnaire de Mahabad, présidée par le juge Siyami, pour « baghi (rébellion armée) en raison de son appartenance au Parti démocratique du Kurdistan iranien ».
Des sources ont indiqué à Hengaw que la peine de mort a été officiellement prononcée contre Zileh à l’intérieur de la prison centrale de Naqadeh le 5 décembre 2025.
Le procès de Zileh s’est tenu après un an, quatre mois et 19 jours de détention. L’audience n’a duré que quelques minutes et s’est déroulée sans transparence ni possibilité pour lui d’être assisté d’un avocat de son choix — des conditions qui constituent une violation des normes internationales relatives au droit à un procès équitable.
Zileh a été arrêté le lundi 22 juillet 2024 par des agents du ministère du Renseignement à Naqadeh et transféré plus tard à la prison centrale de Naqadeh, où il est resté pendant les 507 derniers jours. (Hengaw)
SYRIE / ROJAVA – Les mercenaires de la Turquie ont abattu une forêt de cèdres dans la région kurde d’Afrin. Il s’agit de la poursuite de crimes écologiques commis dans la région depuis l’invasion turque de mars 2018.
Plus de 45 cèdres forestiers rares ont été abattus vendredi dans la région kurde d’Afrin, ont déclaré vendredi des riverains.
L’exploitation forestière a eu lieu près du village yézidi de Baflun, dans le sous-district de Sharran, au nord-est de la ville d’Afrin, où se trouve le seul bosquet de cèdres connu à Afrin.
Selon des sources locales, le bosquet était composé d’environ 150 cèdres plantés il y a près de 60 ans par des habitants de la région.
Des villageois ont déclaré à North Press qu’au cours des derniers jours, des groupes d’individus avaient été vus en train d’abattre les arbres, de les débiter en petits morceaux et de transporter le bois à moto.
Le bois aurait été transporté vers des camps de personnes déplacées situés à proximité, qui restent nombreux dans la région, ainsi que vers la ville d’Azaz.
Les habitants ont déclaré avoir tenté d’arrêter l’exploitation forestière, mais n’ont pas pu empêcher l’opération, qui s’est déroulée ouvertement et sans intervention.
Les militants écologistes ont averti que la disparition des cèdres représente un dommage irréversible, compte tenu de la rareté de l’espèce et des décennies nécessaires à sa croissance.
« Cet endroit était le dernier bastion des cèdres à Afrin », a déclaré un militant écologiste local à North Press. « Il ne s’agit pas simplement de vol de bois, mais de la destruction d’un patrimoine naturel transmis de génération en génération. »
Cet incident a ravivé les inquiétudes concernant la déforestation généralisée à Afrin, où l’exploitation forestière s’est accélérée ces dernières années en raison d’un contrôle insuffisant, de difficultés économiques et de la présence continue de groupes armés liés à l’Armée nationale syrienne (ANS).
Malgré les appels répétés des organisations locales et internationales à protéger les forêts et à prévenir l’exploitation forestière illégale, les habitants affirment que l’absence de responsabilité permet aux infractions de se poursuivre en toute impunité.
Depuis le lancement par la Turquie de l’opération Rameau d’olivier début 2018, qui a placé la région sous le contrôle de factions soutenues par la Turquie, Afrin a subi une déforestation massive. North Press et d’autres médias ont documenté de nombreux cas d’exploitation forestière illégale, visant notamment les oliveraies et les collines boisées.
Les agences des Nations Unies et les ONG internationales ont exprimé leur vive inquiétude face à la dégradation de l’environnement à Afrin, établissant un lien entre la déforestation, les déplacements de population, le manque de gouvernance et l’exploitation des ressources naturelles. Des rapports ont alerté sur le fait que l’abattage massif d’arbres a nui aux moyens de subsistance locaux, accentué l’érosion des sols et aggravé la vulnérabilité climatique dans la région.
Les organisations environnementales affirment que les pressions économiques, la demande de bois de chauffage et l’absence de mécanismes efficaces de protection de l’environnement ont contribué à la destruction continue des forêts, malgré des interdictions locales sporadiques rarement appliquées. (North Press)
IRAN / ROJHILAT – Le poète et écrivain kurde Omar Mohammadi condamné à la prison ferme a été transféré à la d’Oshnavieh malgré de graves problèmes de santé, signale l’ONG Hengaw.
Le poète et écrivain kurde Omar Mohammadi, originaire d’Oshnavieh (Shno), a été condamné à cinq ans et six mois de prison, dont quatre ans avec sursis. Il a été transféré à la prison d’Oshnavieh il y a deux mois pour y purger sa peine, malgré de multiples problèmes de santé et le manque de soins médicaux adéquats.
D’après les informations recueillies par l’ONG Hengaw pour les droits humains, Mohammadi, âgé de 54 ans, a été condamné par le tribunal révolutionnaire d’Oshnavieh à cinq ans et six mois de prison ferme, assortis de quatre ans de sursis. Il est incarcéré à la prison centrale d’Oshnavieh depuis deux mois pour y purger sa peine.
L’accusation portée contre cet auteur serait liée à son travail d’enseignement et d’organisation de cours de langue kurde.
Selon une source proche du dossier, Mohammadi purge sa peine sans accès aux médicaments essentiels, malgré une hernie discale, du diabète, de l’hypertension et des problèmes rénaux. La source a ajouté qu’il a besoin de quatre injections d’insuline par jour en raison de son diabète.
Mohammadi avait déjà été arrêté par les forces du ministère du Renseignement à son domicile d’Oshnavieh le jeudi 19 juin 2025. (Hengaw)
SYRIE / ROJAVA – Le coprésident des quartiers kurdes d’Alep (Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh), Nuri Sheikho, a expliqué que tandis que l’Administration autonome incarne le sentiment national et les valeurs d’unité et d’humanité, le gouvernement de transition en Syrie continue d’imposer son siège aux quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh.
Cheikho a déclaré que l’effondrement du système du parti Baas avait permis aux Syriens de pousser un soupir de soulagement et avait créé l’espoir d’un avenir meilleur pour les communautés qui coexistent en Syrie.
Il a exprimé des réserves quant aux politiques menées par le gouvernement de transition, qui n’a pas réussi à assurer une représentation équitable de toutes les composantes syriennes, un an après la chute du régime baasiste.
Cela soulève de profondes inquiétudes quant à l’avenir, a-t-il déclaré, car le gouvernement de transition n’a pas rempli ses responsabilités nationales conformément au principe de représentation de tous, se limitant plutôt à la représentation d’un seul camp et d’une seule mentalité.
Positions nationales divergentes
Cheikho a critiqué les politiques du gouvernement de transition qui favorisent la propagation de discours haineux et toxiques, qualifiant chaque critique du gouvernement d’« ennemi » et creusant le fossé qui empêche l’unité de la société.
Il a ajouté : « Il existe une divergence manifeste entre les positions de l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie et celles du gouvernement de transition en ce qui concerne la responsabilité de l’unité du pays et des valeurs nationales. »
Cheikho a salué l’esprit national dont ont fait preuve l’Administration autonome et les Forces démocratiques syriennes (FDS), soulignant notamment leur attitude positive face aux demandes des habitants de Deir ez-Zor de déblayer les vestiges de la guerre et les destructions de leur ville. Il a déclaré : « Alors que cet esprit national incarne l’unité et l’humanité, le gouvernement de transition poursuit le siège des quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh à Alep, une approche qui contrevient à l’unité nationale et aux principes humanitaires. »
La semaine dernière, l’Administration autonome et les FDS ont dépêché une équipe de services techniques au centre de Deir ez-Zor en réponse aux demandes locales, dans le but de déblayer les vestiges de la guerre et de rouvrir les routes aux habitants.
Siège et accord du 1er avril
Cheikho a souligné que le siège imposé aux deux quartiers a eu des conséquences considérables, engendrant de graves problèmes économiques, industriels, sociaux, sanitaires et liés aux moyens de subsistance. Récemment, le bâtiment de la poste d’Achrafieh, qui fournit l’accès à Internet à plusieurs quartiers, a dû cesser ses activités faute de carburant pour faire fonctionner ses générateurs électriques.
Il a ajouté que lors des récentes discussions menées dans le cadre de l’Accord du 1er avril, les représentants du gouvernement de transition se sont engagés à rouvrir la route de Deir Hafer et que les deux parties ont convenu de tenir des pourparlers au sein de comités mixtes afin de traiter les questions en suspens. Dans ce contexte, il a déclaré :
« Ouvrir la route de Deir Hafer aux médias et à l’opinion publique ne suffit pas. À quoi bon l’ouvrir si l’acheminement de carburant est bloqué ? Et que signifie l’ouvrir si les voyageurs sont contraints de payer des extorsions, des pots-de-vin et des droits de douane ? Comment peut-on parler de liberté de circulation avec des pratiques qui contredisent les accords conclus ? »
Cheikho a confirmé que le gouvernement de transition en Syrie n’a toujours pas respecté les engagements qu’il a pris lors du dernier cycle de discussions, le 21 octobre, dans le cadre de l’accord du 1er avril. (ANHA)