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TURQUIE. Inquiétudes pour les enfants « enlevés » dans les zones touchées par le séisme

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TURQUIE / KURDISTAN – Suite au séisme du 6 février qui a frappé la Syrie et la Turquie (zones à majorité kurde), les autorités turques ont enlevé de nombreux nourrissons et enfants dans les zones sinistrées, sans le consentement des familles. L’inquiétude est grande chez les proches des enfants « disparus » entre les mains des autorités turques au milieux des affirmations faisant état d’un trafic d’enfants remis aux sectes islamistes.

Le 10 février, selon les données de l’équipe de coordination civile des enfants en cas de catastrophe, on déclarait qu’au moins 168 enfants étaient recherchés par leurs familles et qu’il y avait un nombre important d’enfants non identifiés dans les hôpitaux. Les familles recherchent leurs enfants en allant d’hôpital en hôpital. Depuis, au moins 30 des 168 enfants ont été retrouvés par leurs familles et leurs proches.

Suite aux « voles » d’enfants des zones sinistrées, notamment dans les régions kurdes, les activistes kurdes ont lancé la campagne d’hashtag #KürtÇocuklarıSahipsizDeğil (les enfants kurdes ne sont pas sans personne) et condamné la tradition d’enlèvements et assimilation forcée des enfants kurdes depuis le génocide de Dersim 1937 durant lequel d’innombrables enfants et fillettes kurdes de Dersim ont été donnés à des familles d’officiers turcs et turcisés par la suite.

Les enfants sinistrés du séisme sont-ils livrés aux sectes?

Le 14 février, l’Association des avocats progressistes (Çağdaş Hukukçular Derneği – ÇHD) a annoncé, qu’après avoir reçu les déclaration d’un témoin qui a vu des enfants rescapés du séisme à Istanbul/Beykoz, qu’elle a déposé une plainte pénale pour ces enfants pris par les autorités turques. Le ÇHD a déclaré sur Twitter que « Nous avons déposé (…) une plainte pénale pour éclaircir le doute sur le sort des mineurs non accompagnés. Les négociations avec le ministère [de la famille et des affaires sociales] se poursuivent » et demande « les enfants sinistrés du séisme sont-ils livrés aux sectes? »

Voici le communiqué de la ÇHD concernant les enfants disparus:

« Suite à une demande adressée à notre association, nous avons été informés d’un signalement contenant de sérieux soupçons selon lesquels des enfants victimes du séisme, que l’on pense orphelins, ont été remis à une association pouvant être liée à des sectes. Les détails du processus sont donnés ci-dessous, et nous invitons le ministère de la Famille et des affaires familiales à faire immédiatement une déclaration et à prendre les mesures nécessaires pour la clarification de la situation, la protection et la surveillance des enfants concernés.

Le témoin oculaire que nous avons interrogé (…) a déclaré qu’il résidait à Beykoz, Istanbul, qu’il avait quitté son domicile pour aller travailler vers 07h00 le 10 février 2023, qu’il avait vu un groupe inhabituel d’enfants âgés de 0 à 4 ans, près de l’arrêt du bus dans le quartier Yavuz Selim. Il a vu qu’il y avait plus de 20 enfants et près de 10 adultes, il a parlé à l’un des adultes et que cette personne lui a dit que [les enfants] étaient des sinistrés du séisme, que les enfants étaient orphelins, qu’ils avaient été amenés ici par une association et qu’ils seraient pris en charge par un bus, et qu’après un court laps de temps, les enfants avaient été montés à bord des véhicules de luxe BMW. Entre-temps, il est monté dans le bus mais a appelé la police des mineurs et le chef du quartier à cause de ses doutes. Le chef [de quartier] a déclaré que plus de 30 enfants avaient été amenés à la cité de Beykoz plus tard dans la journée. Un autre autre employé de la cité a déclaré que l’association susmentionnée possédait deux maisons dans la cité et que les enfants y étaient installés et que d’autres enfants [sinistrés] allaient être envoyés à Tuzla [un autre district d’Istanbul]. Cependant, [le témoin] a déclaré qu’il pensait que les enfants qu’il avait vus était différents des enfants amenés dans la cité en raison de la courte distance entre l’arrêt de bus et la cité et que les enfants avaient été emmenés en sens inverse par des véhicules.

Le témoin oculaire et son ami se sont rendus au bureau du procureur le même jour et ont fait un rapport détaillé. Par la suite, le témoin qui a été dirigé vers le pôle jeunesse pour la déposition n’a pas été reçu, sa déposition n’a pas été prise au pôle, la police a d’abord affirmé que les enfants étaient avec leurs mères. Lorsque le témoin et son ami ont déclaré qu’il y avait peu d’adultes avec les enfants et qu’ils pensaient qu’ils n’étaient pas leurs parents, et que seuls des enfants étaient mis dans les véhicules, (…) on leur a répondu que « quelques-uns n’ont pas de mère, nous enquêtons ».

Il a rapporté que lorsqu’ils se sont présentés au bureau du procureur du palais de justice d’Anatolie d’Istanbul, une personne qui se trouvait au palais de justice, avec le procureur, les a appelés plus tard et leur a dit : « Ne vous inquiétez pas, ces enfants ont été confiés à des sectes religieuses. Même si les services sociaux prennent les enfants, ils les reprendront, ils sont très forts. »

La réalité concrète concernant ce rapport, qui a été signalé au bureau du procureur général du palais de justice d’Anatolie d’Istanbul d’une manière qui montre clairement la suspicion de crime (…), devrait être immédiatement divulguée au public. Le ministère de la Famille et des Services sociaux devrait enquêter sur le sort de tous les enfants disparus dans la zone du séisme et s’assurer que les orphelins dont les familles n’ont pas encore été identifiées reçoivent le soutien nécessaire. Il est inacceptable que des enfants qui devraient être sous la surveillance et la protection du public soient remis à une quelconque secte/association/fondation. Ce soupçon doit être clarifié immédiatement et des mesures concernant la protection des enfants doivent être prises immédiatement par le parquet compétent et autorisé pendant que l’enquête se poursuit.

En tant qu’Association des avocats progressistes, nous tenons à informer l’opinion publique que nous suivons cette affaire, qui a de sérieux soupçons que les enfants victimes du séisme et présumés orphelins ont été remis à une association qui pourrait être liées à des sectes, et que nous effectuerons toutes sortes de processus juridiques basés sur l’application. A l’ensemble de l’opinion publique; Nous vous invitons à suivre l’affaire, à mobiliser le gouvernement et les institutions connexes, notamment le ministère de la Famille et des affaires familiales, et à lutter ensemble pour qu’ils mènent le processus en toute transparence ! »

Association des avocats progressistes

ITALIE. Concert-lecture « Donna chiama libertà » (femmes appelant à la liberté)

SICILE – La chanteuse kurde Nudem Durak, la journaliste iranienne Sepideh Gholian, la journaliste afghane Parwana Amir et 5 autres militantes persécutées par les régimes dictatoriaux du Moyen-Orient sont saluées par un trio de musicien.e.s de Sicile qui organisent des concert-lectures en solidarité avec ces 8 femmes persécutées à cause de leurs luttes pour les droits des femmes ou des peuples opprimés. Le spectacle est soutenu par l’Amnesty Italie.

Le trio musical présente ainsi son projet et appelle à des partenariats à travers le monde pour faire voyager cette solidarité au-delà de l’Italie:

« La musique est le son du courage et de la liberté. Elle n’a ni religion ni ethnie. C’est pourquoi elle surmonte toutes les limites et interdictions et atteint sa destination. La musique est les mille couleurs de la nature et est libre comme la nature est libre. » ( phrase écrite par la chanteuse kurde Nûdem Durak, emprisonnée à Bayburt, en Turquie, en réponse à une lettre que le trio musical lui avait envoyée en prison).

Donna chiama liberta (femmes appelant à la liberté)

« Donna chiama libertà » est un concert-performance en trio avec des sons et des mélodies du Moyen-Orient. Inspirés par les paroles et l’exemple de certaines femmes invisibles mais révolutionnaires, qui se rebellent courageusement contre une mentalité pénalisante et hostile, nous tentons de leur rendre la voix qui leur a été volée. Ce sont des femmes qui ont presque toutes été injustement emprisonnées.

Les chansons proposées, un entrelacement de chansons traditionnelles, de chansons d’auteur et de chansons autographes, alternent avec la présentation d’images d’eux et la lecture de citations et de biographies.

Parmi ces femmes, nous avons accordé une attention particulière à la Kurde Nûdem Durak et à l’Iranienne Sepideh Gholian.

Nûdem Durak est une jeune musicienne, accusée de terrorisme et condamné à 19 ans de prison pour avoir diffusé des chansons traditionnelles kurdes.
Sepideh Gholian est une jeune journaliste, accusée d’avoir documenté une grève. Elle purge une peine de cinq ans de prison. Ses journaux de prison offrent des images puissantes, touchantes et riches d’humanité. Récemment, Sepideh et ses codétenues ont participé au soulèvement de la prison d’Evin à Téhéran, où sont détenus de nombreux prisonniers politiques.

Les 8 femmes sélectionnées par le trio musical de Sicile:

1 Nazik al-Mala’ika. Irak. Poétesse. 1922/2007.
2 Loujain al-Hathloul. Arabie Saoudite. Militane pour la paix. 33 ans.
3 Parwana Amir. Afghanistan. Journaliste afghane, 18 ans.
4 Nûdem Durak. La Turquie. Chanteuse kurde, 35 ans.
5 Sanaa Seif. Égypte. Activiste, 29 ans.
6 Hallel Rabin. Israël. Objectrice de conscience, pacifiste, 20 ans.
7 Bushra Al-Taweel. Palestine. Journaliste photographe, 29 ans.
8 Sepideh Gholian. Iran. Journaliste et activiste, 24 ans.

Le trio est composé de:
Bruna Perraro : voix et flûte traversière
Giana Guaiana : voix, guitare et percussion
Antonio Tralongo : alto, violon et chœur (et luth)

Le spectacle de trio musical dédié à 8 femmes du Moyen-Orient qui sont en prison pour délits d’opinion a déjà été présenté au festival Vicino/Lontano d’Udine et dans d’autres événements en Italie, dans le Frioul-Vénétie Julienne, le Latium et la Sicile.

Lien Youtube du spectacle : Donna Chiama Libertà Live Trio Perraro Guaiana Tralongo Teatro Fontarò Palermo

Contact: <donnachiamaliberta@gmail.com>

Séisme en Turquie: Drame humanitaire et crimes de masse

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L’ONG de juristes, Mesopotamia Observatory of Justice met en garde contre les violations des droits et la recrudescence de lynchages/meurtres de civils accusés à tort d’être des pilleurs dans les zones sinistrées par le séisme du 6 février qui a frappé la Turquie et la Syrie. Elle dénonce la discrimination étatique ciblant les Kurdes et les Alévis des zones sinistrées dans la distribution d’aide ou de secours par les autorités turqes.

Voici le rapport de l’Observatoire international de justice Mésopotamie (Mesopotamia Observatory of Justice – MOJUST) daté d’aujourd’hui:

Tremblement de terre en Turquie et en Syrie: Drame humanitaire et crimes de masse

Le 6 février 2023, deux tremblements de terre ont frappé la Turquie et la Syrie et ont fait des dizaines de milliers de morts et de blessés. Des villages et des villes sont entièrement détruits et des centaines de milliers de personnes sont devenues sans abri dans des conditions hivernales difficiles. Nous sommes témoins de l’un des tremblements de terre le plus meurtrier et destructeur du dernier quart de siècle. Au moment de la rédaction de ce communiqué, des sources officielles déclaraient le nombre de décès à plus de 30’000. Or ce chiffre devrait hélas encore augmenter selon les estimations des Nations Unies[1]. Des milliers de personnes sont toujours sous les décombres et attendent d’être secourues dans un contexte de mauvaise coordination, de manque d’équipements, de ressources, d’eau potable et de chauffage dans les régions touchées.

Mesopotamia Observatory of Justice (Mojust) exprime ses plus sincères condoléances aux familles, sa sympathie et sa solidarité à toutes les personnes touchées et reste en contact avec des organisations et des institutions civiles de la région pour identifier les besoins et mobiliser son soutien.

Quelques heures après la catastrophe, le monde entier s’est mobilisé pour venir à l’aide de la population touchée. Cependant, la manque de coordination a empêché une mobilisation effective qui aurait pu permettre de sauver la vie de milliers de personnes.

Face aux critiques visant les institutions étatiques qui ne sont pas intervenues dans l’immédiat, le président turc Recep Tayip Erdoğan a menacé les familles, les organismes et les personnalités qui se sont rendues sur place et qui ont appelé à l’aide, de « traître » et « sans honneur »[2]. Ensuite, il a déclaré l’état d’urgence dans les villes touchées par le tremblement de terre jusqu’au 7 mai 2023. Cette décision est sévèrement critiquée par les organisations de défense des droits humains et toute l’opposition politique. En effet, l’exécutif dispose déjà des pouvoirs très larges conférés par différentes lois, y compris la loi n° 7269 sur les catastrophes affectant la vie publique et l’assistance à apporter dans les régions touchées et les précautions à y prendre. Dans ce cadre, l’état d’urgence décrété apparaît comme inutile et disproportionné au vu de sa durée, prolongeable, et les pouvoirs supplémentaires que le parti au pouvoir s’est arrogé. Fort de ces prérogatives juridiques qui ne sont soumis à aucun contrôle démocratique, les menaces directes contre les personnes engagées et contre les organismes de la société civile, qui mettent en cause la gouvernance de la crise, s’accentuent. Cette situation risque également de perturber tous les travaux humanitaires dans la région touchée.

L’état d’urgence accorde au gouvernement le pouvoir de limiter davantage la liberté de mouvement et les communications dans les villes touchées par le tremblement de terre. Selon les dispositions pénales de la loi n° 2935 de 1983 sur l’état d’urgence et la loi relative à « la lutte contre la désinformation », ceux et celles qui « diffusent des informations fausses, exagérées, propagent des rumeurs et des nouvelles avec une intention particulière de provoquer la panique et l’agitation du public » seront condamnées à des peines de prison. Des rapports faisant état de pratiques abusives restreignant la liberté d’expression et la liberté des médias dénoncent l’application abusive des lois pénales.

Twitter d’Ebubekir Şahin

Le jour du tremblement de terre, le président du Conseil suprême de la radio et de la télévision, Ebubekir Şahin, a tweeté ceci : « aucune institution médiatique n’a le droit de faire des émissions démoralisantes », « [le Conseil] ne peut pas ignorer les institutions qui diffusent des émissions manipulatrices de mauvaise foi ». Depuis la déclaration de Şahin et d’Erdogan la police turque a arrêté des dizaines de personnes pour leurs publications sur les réseaux sociaux. Au moins 15 journalistes ont fait l’objet d’obstructions, d’enquêtes et d’agressions physiques à la suite de reportages liés au tremblement de terre.[3] Le Twitter a été bloqué sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile turcs, empêchant de relayer certaines critiques, mais aussi les appels à l’aide des survivants : beaucoup de personnes sous les décombres ou des personnes au seuil des bâtiments en ruine et désespérées de ne pas voir les secours arriver, envoyaient leurs appels à l’aide sur Twitter[4].

Des rapports inquiétants proviennent également des prisons situées dans des zones touchées par le tremblement de terre. Tous les efforts des familles désirant obtenir des informations sur leurs proches sont sans résultat. De même, il n’y a pas eu de réponse jusqu’à présent aux appels des avocats et des ONG qui demandent au gouvernement l’autorisation pour les prisonniers d’appeler leurs familles qui se trouvent dans la zone touchée par le séisme. Alors que de nombreux détenus sont transférés dans différentes prisons du pays, aucune explication n’a encore été communiquée par le ministère compétent sur leur situation. Le média a également diffusé des informations selon lesquelles une émeute a eu lieu dans la prison de type L de Hatay et qu’elle a été violemment réprimée. Le ministère de la Justice a annoncé le décès de trois prisonniers au cours de l’intervention.[5]

Sous pression des critiques en masse, appuyées par les journalistes et les politiciens sur place, le régime a finalement déployé ses forces dans les zones touchées par les séismes. En lieu et place de coordonner des milliers de camions envoyés par la société civile dans les dix villes touchées, le pouvoir en place a confisqué une majeure partie des aides fournies pour les confier à un organisme, la Présidence de gouvernance de l’urgence et du désastre (AFAD), dont les dirigeants n’ont, selon les informations partagées par l’opposition, aucune formation en la matière. Face au drame humanitaire, les aides récoltées par la société civile ont été confisquées et confiées à des groupements religieux proches du régime. Il n’est pas certain que ces aides aient été distribuées[6].

Dans la distribution des aides, le régime a adopté des critères discriminatoires en ce sens que la priorité a été donnée aux régions ayant voté pour le parti au pouvoir. Ainsi, les villes ou les quartiers majoritairement kurdes ou de croyance alévite ont été négligés, voire ignorés[7]. Bien que les villes en ruine aient pu compter sur les aides fournies malgré les obstacles du régime, des milliers de villages attendent encore l’arrivée des secours. Dans les rues et dans les cours des hôpitaux les corps sans vie sont entassés. Ce jour, le gouvernement manipule le nombre des victimes pour en tirer des conclusions.

Selon les témoignages et les rapports qui viennent de la région, une politique de modification de la composition des villes sinistrées est déjà en place et le président turc Erdogan annonce la reconstruction des villes, laquelle sera très probablement, comme par le passé, confiée à quelques compagnies proches du gouvernement.

De plus, l’état d’urgence est annoncé jusqu’au 7 mai 2023, soit à une semaine avant la date officieuse déclarée par le gouvernement pour les prochaines élections législatives et présidentielles. Bien qu’il ne soit plus certain que les élections aient lieu à la date annoncée, les ONG des droits humains rappellent l’expérience des précédentes élections législatives et présidentielles en 2018, tenues sous l’état d’urgence décrété à l’échelle nationale, où les candidats de l’opposition et des médias indépendants avaient été réduits au silence, empêchant ainsi les électeurs et l’opposition d’exercer pleinement leurs droits politiques. La société civile en Turquie craint que le gouvernement essaie de nouveau de mettre en place un dispositif similaire empêchant la tenue des élections libres.

Un réfugié syrien qui a subi la violence des militaires parce qu’il cherchait de l’aide pour ses enfants sous les décombres à Hatay. (Source: Mezopotamya Ajansi – MA)

En outre, les forces de l’ordre ont débuté le lynchage des réfugiés, en particulier syriens. En effet, quelques cas qualifiés de vandalisme dans les ruines ont donné lieu à des dizaines de vidéos diffusés dans les réseaux sociaux où les policiers en uniforme torturent à mort des réfugiés accusés de vols. Il n’existe aucune information sur les faits reprochés, mais on voit des personnes mis à nus ou au sol par des policiers qui les tabassent à mort avec des matraques. Ces scènes de torture sont applaudies par les médias proches du régime qui encouragent ces crimes. Fort de ces encouragements, nous avons commencé à voir des vidéos similaires où des civils lynchent des immigrés. Des injures racistes sont le point commun des vidéos. Ces scènes sont une honte pour la dignité humaine et elles violent le droit à la vie et la prohibition de la torture et des mauvais traitements. Cela démontre aussi l’absence d’un État de droit en ce sens que les forces de l’ordre s’arrogent, grâce à l’impunité garantie par le pouvoir en place, le droit de condamner sur le champ des civils. Ceci n’est pas nouveau dans la mesure où durant les guerres de rue au Kurdistan de Turquie (Est et Sud-est de la Turquie) en 2015, des annonces faites aux forces de l’ordre se résumaient ainsi : « tout est permis dans le cadre de la répression, une impunité totale est garantie aux forces de l’ordre et aux paramilitaires déployés dans les villes ».

Ahmet Güreşçi qui a été placé en garde à vue le 7 février par les équipes de la gendarmerie d’Altınözü. Il a été accusé d’avoir commis un « vol ». Le 12 février, Güreşçi est décédé à l’hôpital où il a été emmené à la suite de graves tortures. (Source : ANF)

Nous avons appris que dans quelques villes il y a eu des heurts entre différents groupes. Cela incite les secours arrivés depuis l’étranger à quitter la Turquie où le régime vise à ne plus avoir le regard des secouristes venus du monde entier face à un scénario de désastre créé, dirigé et contrôlé par le gouvernement.

Il est plus que jamais important de suivre de près l’évolution de la situation en Turquie où la crise humanitaire s’approfondit face à un gouvernement qui l’instrumentalise à ses propres fins.

Nous invitons les gouvernements, les organisations humanitaires, les organisations non gouvernementales et toutes les bonnes volontés individuelles à fournir leurs aides par des canaux fiables en s’assurant que les aides parviendront aux victimes.

Nous invitons toutes les associations et organismes de défense des droits humains à se pencher sur les crimes commis depuis le début de la crise humanitaire, à commencer ceux commis par les forces de l’ordre, qui sont censés faire régner la suprématie de la loi et non l’inverse.

Le Comité international contre la torture doit dans ce cadre se pencher rapidement sur les violations commises et inviter la justice turque à poursuivre en justice les auteurs. Ce jour, nous avons appris le décès d’une des personnes torturées. Mojust pourra dans ce cadre fournir les vidéos qui nous sont parvenues.

Ensuite, il convient d’enquêter sur les discriminations dont sont victimes les survivants des tremblements de terre dans la distribution des aides.

La Fondation Mojust est dans ce cadre prête et disposée à servir de pont entre la société civile en Turquie, au Kurdistan et les organismes se trouvant en Suisse. Elle est également disposée à contribuer à toutes les initiatives qui peuvent se mettre en place en Europe et dans le monde.

Mojust demande instamment aux autorités turques d’abroger l’état d’urgence et de recourir uniquement aux pouvoirs conférés par la législation existante, conçue spécifiquement pour la réaction aux catastrophes et de veiller à ce que toute mesure prise dans ce contexte soit strictement nécessaire et proportionnée pour faire face à la crise actuelle. Une telle intervention est la seule conforme aux obligations internationales de la Turquie en matière de droits humains.

Mojust appelle en outre la communauté internationale à suivre de près les développements en Turquie et l’impact que ces mesures urgentes décrétées pourraient avoir sur les droits humains et les libertés fondamentales, en particulier dans le contexte des prochaines élections.

Nous profitons à cette occasion de remercier toutes les organisations et les particuliers pour leur sensibilité et leur solidarité de ces derniers jours.

Mesopotamia Observatory of Justice

[1] La communiquer de presse d’OMS : https://www.rts.ch/info/monde/13764110-les-recherches-se-poursuivent-pour-extraire-les-survivants-du-seisme-en-turquie-et-en-syrie.html (Consulté le 12 février 2023)

[2] http://mezopotamyaajansi35.com/tum-haberler/content/view/197305 (Consulté le 12 février 2023)

[3] Le rapport de MLS et l’article concerné https://www.mlsaturkey.com/en/update-11-02-journalists-covering-quake-aftermath-continue-to-face-obstacles/ (Consulté le 12 février 2023) et http://mezopotamyaajansi35.com/search/content/view/198010?page=1?page=1&key=de0d530287f008616778a5761a348725 (Consulté le 12 février 2023)

[4] Le communiqué de presse des Organisations de Droit de l’Homme et l’article de presse : https://www.lecho.be/economie-politique/international/general/reportage-en-turquie-nous-n-avons-pas-besoin-d-un-etat-d-urgence-nous-avons-besoin-de-l-etat/10446736.html et   https://www.omct.org/en/resources/statements/türkiye-uphold-human-rights-during-earthquake-response (Consulté le 12 février 2023)

[5] https://www.gazeteduvar.com.tr/hatay-cezaevinde-deprem-isyani-3-olu-haber-1602478 (Consulté le 12 février 2023).

[6] L’article paru dans le quotidien Cumhuriyet et sur le site internet Diken: https://www.cumhuriyet.com.tr/siyaset/hdpli-belediyenin-topladigi-deprem-yardimina-el-konuldu-2049373 et https://www.diken.com.tr/hatay-samandag-belediye-baskani-bize-gelen-yardimlara-el-kondu/ (Consulté le 12 février 2023)

[7] L’article de l’Agence de Presse Mésopotamie et du journal Özgür Politika: http://mezopotamyaajansi.com/search/content/view/197958?page=1&key=e889450c6c6501517d3353e64d29650c et https://www.ozgurpolitika.com/haberi-kurt-oldugumuz-icin-yardim-verilmiyor-173318(Consulté le 12 février 2023)

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TURQUIE. Que fait AFAD de l’aide envoyée aux sinistrés du séisme depuis l’étranger?

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TURQUIE / KURDISTAN – Selon le dernier bilan officiel, 35 000 personnes sont mortes suite au séisme du 6 février qui a frappé la Syrie et le sud-est de la Turquie (régions à majorité kurde) alors qu’on signale que le bilan final serait de 200 000 morts. En attendant, les sinistrés critiquent l’État pour la mauvaise gestion de la catastrophe. Certains déclarent même que l’État est absent dans les zones sinistrées où la mobilisation populaire s’organise et se renforce de jour en jour, même si elle se heurte au mécontentement des autorités turques qui leur mettent des bâtons dans les roues.

 

AFAD appose son logo sur les aides envoyée depuis l’étranger 

Après le séisme du 6 février d’une magnitude de 7,8 frappant la Syrie et le sud-est de la Turquie, de l’aide et des secours ont été dépêchés vers la Turquie depuis le monde entier tandis que le régime turc était critiqué par sa population pour la mauvaise gestion de la catastrophe, dont la confiscation par l’organisation de protection civile (AFAD) de l’aide collectée dans le pays ou envoyées depuis l’étranger.

Ces accusations sont relayées également par des médias étrangers, dont le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) qui rapporte qu’AFAD essaie de faire passer les livraisons d’aide d’autres organisations comme les siennes. Par exemple, l’aide arrivée à l’aéroport d’Adana, on appose des autocollants de l’AFAD sur l’aide arrivée depuis l’étranger.

ONG indépendantes versus AFAD

Par ailleurs, la campagne d’aide Ahbap lancée par le célèbre musicien, Haluk Levent et qui a reçu plus de dons qu’AFAD à travers le pays mais aussi à l’étranger est attaquées médias pro-gouvernementaux avertissant qu’il peut détourner les fonds. Cependant, les donateurs ont déclaré aux FAZ qu’ils faisaient plus confiance à Levent qu’aux organisations gouvernementales.

Les aides des municipalités d’opposition bloquées ou confisquées

Les municipalités CHP ont envoyé de nombreuses équipes dans la zone sinistrée pour fournir des services tels que la collecte des ordures afin de prévenir les épidémies. Ils ont également apporté des toilettes portables dans la région. Pourtant, de nombreuses vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant que les livraisons d’aides privées ou celles des petites villes gouvernées par les partis d’opposition [dont le HDP « pro-kurde »] sont recouvertes du logo du parti au pouvoir AKP ou leur acheminement bloqué. (FAZ)

 

Image via l’agence Mezopotamya

TURQUIE. Le système Erdogan ébranlé par le séisme

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TURQUIE – En vingt ans de règne, le dirigeant turc Erdogan a eu le temps de bâtir un pouvoir sans partage, tout en évinçant ses compagnons de route (dont son mentor Fethullah Gülen) à mesure qu’il s’entourait de nouveaux laqués plus serviles que les précédents. Tout en dirigeant le pays d’une main de fer et en étouffant les voix critiques à l’intérieur du pays, il a décidé de ressusciter le cadavre de l’empire ottoman et parti à la reconquête des colonies perdues en priorisant les dépenses militaires au détriment du bien-être de son peuple.

A partir des années 2010, il a envahi le nord-ouest de la Syrie en profitant de la guerre civile syrienne, installé des centaines de bases militaires au Kurdistan irakien, dévasté plusieurs villes kurdes de « Turquie » quand il a perdu la majorité absolue aux élections de juin 2015, formé une coalition avec l’extrême-droite turque MHP, jeté en prison des dizaines de milliers de membres et partisans du parti politique HDP, renforcé l’islam politique des Frères-Musulmans au détriment des droits des femmes, tenu un langage anti-occidental, utilisé les réfugiés syriens comme un moyen de chantage contre l’Europe, s’est allié au président russe Poutine au nez et à la barbe des Etats-Unis et de l’OTAN dont la Turquie est membre, envoyé des mercenaires islamistes en Lybie, proféré des menaces envers ses voisins grecs et arméniens…

Erdogan a eu les yeux plus gros que le ventre et son règne à commencé à vaciller avec la dégringolade de l’économie turque. La société turque qui ne disait pas grand-chose quand les guerres d’Erdogan faisaient des victimes chez les « peuples ennemis », est devenu enfin mécontente du sultan à mesure que la pauvreté et l’inflation l’étranglaient. Mais Erdogan était décidé à rester au pouvoir coûte que coûte et personne n’était capable de prédire l’issus des élections présidentielles et législatives prévues en mai 2023. Il a fallu un tremblement de terre sur une des failles sismiques les plus dangereuses du pays pour que vacille enfin le système Erdogan.

Le 6 février 2023, un séisme d’une magnitude de 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie. Des dizaines de villes ont été ensevelies sous les décombres des immeubles qui se sont écroulés comme des châteaux de carte, tuant des centaines de milliers personnes et laissant sans toit des millions d’autres des deux côtés des frontières turco-syriennes. L’État n’est pas intervenu rapidement pour secourir les sinistrés. La société civile s’est mobilisée en masse pour venir en aide aux rescapés tandis que les recherches des survivants sous les décombres ont été insuffisantes, à tel point qu’on dit que le gouvernement turc a délibérément laissé mourir les gens piégés dans leurs immeubles cercueils. Les survivants sont abandonnés dans le froid, même les tentes arrivent à compte goutte. Ce séisme et sa (non) gestion fut la dernière goûte qui a fait déborder le vase.

Aujourd’hui, les citoyens turcs tirent à boulets rouges sur Erdogan, notamment pour l’évaporation des milliards de dollars de taxe récoltées depuis plus de 20 ans en prévention et secours en cas de catastrophe, dont des séismes. « Ils graissent les mains de leurs copains avec des taxes sur les tremblements de terre. Où est cet argent? » a déclaré récemment le chef de l’opposition CHP, Kemal Kilicdaroglu, lors d’une récente visite dans les régions touchées par le séisme. Ils reprochent également à Erdogan d’avoir amnistié les constructions sans permis en 2018 (des amnisties qui avaient apporté des milliards de dollars au gouvernement turc) malgré les mises en garde des spécialistes sur les dangers sismiques que ces constructions faisaient peser sur leurs occupants et. Mais Erdogan en était fier et déclarait en 2019, lors d’un meeting à Kahramanmaraş, épicentre du séisme du 6 février 2023,: « Avec l’amnistie de la construction, nous avons résolu le problème de 144 556 citoyens à Kahramanmaraş » . Mais ces amnisties concernent également d’autres métropoles comme Istanbul, Adana, Antalya…

En parallèle à ces amnisties, de nombreux Turcs dénoncent la corruption au sein des sociétés de construction, les pots de vin, l’argent  fonds de prévention. Dans les provinces touchées par le séisme, malgré l’état d’urgence décrété, le chaos règne, les habitants n’osent plus entrer dans leurs maisons, et ce malgré la parole officielle des autorités turques qui les assurent sur la solidité de leurs habitants après un « contrôle » hâtif… Il semble que ce séisme mortel ait ébranlé durement le règne d’Erdogan et certains analystes prédisent que la crise turque ne commence que maintenant.

TURQUIE. Trois Syriens tués par des gendarmes turcs à la frontière

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TURQUIE / SYRIE – Trois jeunes Syriens voulant aller secourir des proches ensevelis sous des décombres du séisme en Turquie ont été frappés à mort par des gendarmes turcs à la frontière turco-syrienne alors qu’ils tentaient de pénétrer sur le territoire turc.

Les trois hommes ont été tabassés à mort près du village de Deir Sawan du district de Shara, dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie.

Les gendarmes turcs auraient filmé la scène du lynchage et diffusée sur les réseaux sociaux. Les victimes sont Ismail Hamdi Al-Abdullah Al-Ajili et Alaa Hussein Al-Omar, 20 ans, de la ville d’Azaz, et Muhammad Rami Rustom, 24 ans, de la ville de Darat Azza.

Selon les informations, le jeune Ismail a perdu la vie sur le coup, tandis que les deux autres ont été transportés dans un hôpital d’Afrin où ils sont décédés.

ANHA

TURQUIE. Trois hommes accusés d’être des pilleurs lynchés à mort à Hatay

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TURQUIE / KURDISTAN – Depuis le séisme du 6 février qui a frappé le nord de la Syrie et le sud-est de la Turquie (régions à majorité kurde), dans les zones sinistrées de nombreuses personnes accusées d’avoir piller des commerces ou des appartements abandonnés sont lynchées par des groupes haineux. Aujourd’hui, les images de 3 hommes torturés à mort ont été diffusées sur les réseaux sociaux. De nombreuses voix s’élèvent contre la culture de la torture, des exactions extrajudiciaires et les recherches de boucs émissaires (réfugiés syriens) à la situation chaotique du pays.

A Hatay, 3 hommes auraient été lynchés et assassinés au motif qu’ils volaient à bord d’une camionnette des biens pillés sur la zone sinistrée de Hatay. Dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux par des comptes de la police et des paramilitaires, on voit que 3 hommes morts gisant avec des corps ensanglantés soumis à la torture. On y voit également que la police n’intervient pas contre la foule qui a lynché les 3 hommes tués.

D’autre part, de nombreux cas de torture, dont certains impliquant la police turque, sont signalés dans plusieurs zones sinistrées.

 

Agence Mezopotamya

Les gens meurent sous les décombres du séisme, mais Erdogan attaque le Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Alors que le monde entier est mobilisé pour les sinistrés du séisme en Turquie, Erdogan continue à attaquer les Kurdes au Rojava et au Kurdistan irakien.

Cet après-midi, un drone tuc a ciblé un véhicule civil près du village de Menaz, à l’ouest de Kobanê. On n’a pas encore de détails de l’attaque. (ANHA)

SYRIE. Le régime syrien bloque un convoi d’aide destinée a Alep

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SYRIE – Le régime syrien bloque le convoi d’aide du Croissant-Rouge kurde destiné à Alep, durement touchée par le séisme du 6 février. Pars ailleurs, il a fait arrêté plusieurs membres de groupes pharmaceutiques qui apportaient des médicaments dans le canton de Shahba.

 

Le Heyva Sor a Kurde demande des « couloirs sûrs » pour l’acheminement de l’aide humanitaire

Après le tremblement de terre, la situation en Syrie est catastrophique. Tout manque : les services d’urgence, les médicaments, la nourriture. Malgré cela, le régime refuse l’aide d’urgence du Heyva Sor a Kurde. L’organisation demande à la communauté internationale de mettre en place de couloirs de sécurité pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le convoi d’aide du Croissant-Rouge kurde (Heyva Sor) n’a pas pu atteindre la province d’Alep, dans le nord de la Syrie. Le régime empêche le convoi de deux ambulances médicales et de plusieurs camions d’aide humanitaire de se rendre dans la région durement touchée par le tremblement de terre. Le régime exige qu’on lui remette la moitié de l’aide humanitaire pour laisser passer le convoi. « Assad utilise l’aide d’urgence comme un instrument politique », critique Fee Baumann, une membre du Heyva Sor.

Blocage des tentes, couvertures, médicaments, nourriture

Des volontaires du Croissant-Rouge kurde, du personnel médical et une équipe de secouristes attendent aux protes d’Alep depuis le début de cet après-midi pour apporter des tentes, couvertures, des médicaments, nourriture et eau dans la zone sinistrée. Les secours sont destinés aux victimes d’Alep qui ont besoin de fournitures médicales vitales, ainsi que du canton voisin de Shehba, où des milliers de familles des quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh, à Alep, attendent une aide urgente. (ANF)

Le régime arrête des membres de groupes pharmaceutiques qui apportaient des médicaments à Shahba

Une source spéciale a déclaré à l’agence ANHA que les forces gouvernementales de Damas ont arrêté un certain nombre de représentants de sociétés pharmaceutiques qui transportent des médicaments vers le district assiégé d’al-Shahba, en plus de fermer un certain nombre d’entrepôts de médicaments dans la ville d’Alep.

Le gouvernement de Damas impose un siège suffocant au canton d’al-Shahba et empêche complètement l’entrée de médicaments et de fournitures médicales, ainsi que de carburant et de denrées alimentaires, depuis août dernier.

L’Organe de santé des cantons d’Afrin et d’al-Shahba a mis en garde à plusieurs reprises contre une catastrophe humanitaire si le gouvernement de Damas continuait d’empêcher l’entrée de médicaments et d’aide dans le canton d’al-Shahba. (ANHA)

Séisme en Turquie. Le barrage de Kartalkaya risque de céder

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TURQUIE / KURDISTAN – Après le séisme, les habitants de la province de Kahramanmaras sont menacés par les eaux du barrage Kartalkaya endommagé lors du séisme du 6 février.

Les habitants de Pazarcik, épicentre du séisme du 6 février, déclarent que les autorités n’ont pas pris de mesures sérieuses alors que le structure du barrage est lézardé par d’importantes fissures et qu’il peut céder à tout moment, inondant des zones habitées environnantes et les isolant du reste du pays.

Des milliers de personnes menacées par le barrage

Les habitants de la région à majorité kurde exhortent l’État de réparer d’urgence le barrage pour éviter une deuxième catastrophe, d’autant plus que la route principale reliant Pazarcik aux grandes villes de Gaziantep (Dîlok) et Kahramanmaras (Gurgum) longe le barrage de Kartalkaya. En cas de rupture du barrage, la localité de Narli sera inondée et la région coupée du reste du pays.

Les habitants de la région déclarent que les autorités leur ont demandé de ne pas utiliser la route, sans apporter de solutions, ni pour l’acheminement de l’aide humanitaire, ni pour le déplacement des blessés et malades vers les hôpitaux des villes voisines.

 

Agence Mezopotamya

Séisme ou meurtre de masse ?

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« Personne ne doit qualifier ce que nous vivons de « séisme ». Il s’agit du plus grand ‘meurtre de masse’ de l’histoire récente » écrit Mustafa Mamay, journaliste kurde réfugié en Suisse, au sujet du tremblement de terre du 6 février qui a frappé le nord de la Syrie et le sud-est de la Turquie (région à majorité kurde), tuant plusieurs dizaines de milliers de personnes et détruisant des régions entières.

Depuis le premier jour du séisme, c’est le chaos qui règne dans les zones sinistrées de Turquie où les populations sont délaissées par l’État où chaque communauté (turque, kurde, arabe…) s’organise et tentent de panser ses plaies grâce à la mobilisation communautaire. Par exemple, les Kurdes/alévis discriminés depuis des siècles sont mobilisés dans tout le Kurdistan mais aussi en diaspora pour récolter des dons pour les rescapés et se sont rendus en masse auprès des rescapés pour les secourir, organiser l’aide, redistribuer les dons récoltés…

Dans la ville d’Hatay, ancienne province syrienne annexée à la Turquie au cours du XIXe siècle, détruite par le séisme, la population arabe-alévie quitte en masse la ville, déclarant que l’État n’a jamais été présent à leur chevet, ni hier, ni aujourd’hui. Le même sort guète également les régions kurdes, déjà saignées à blanc par des décennies de massacres et de déportations.

Des gens affamés qui se servent des commerces sont capturés, tabassés et filmés par des gangs ou des policiers turcs qui diffusent les images sur les réseaux sociaux où des nombreuses personnes écrivent des commentaires haineux, appelant parfois au meurtre des coupables souvent accusés d’être des réfugiés syriens très nombreux à Hatay et ses environs. En parallèle à ces lynchages de civils, des gangs armés attaquent et pillent les convois d’aide destinés au sinistrés alors qu’Erdogan a décrété l’état d’urgence dans la région. Tout cela ressemble à des prémisses d’une guerre civile que beaucoup craignent depuis des années en Turquie où Erdogan a formé des milices armées.

A Idlib et Afrin, dans le nord de la Syrie, la situation est encore plus dramatique car la région est sous l’occupation turco-jihadiste et coupée du monde. Les gangs islamistes pro-Turquie ne se préoccupent que des colons arabes, laissent mourir les rescapés kurdes d’Afrin, Jinderes et bloquent l’aide humanitaire envoyée par l’administration du Rojava et taxent l’aide envoyée par le Kurdistan irakien aux rescapés d’Afrin. Le régime syrien bloque également l’aide envoyé par le Rojava aux sinistrés de la région d’Alep.

Ni la Turquie, ni la Syrie ne pourront sortir indemnes de cette tragédie et ce sont les peuples innocents qui payeront le prix le plus élevé.

Séisme du 6 février: Pire qu’une guerre

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Le séisme du 6 février qui a frappé le nord de la Syrie et le sud-est de la Turquie (régions à majorité kurde) a détruit des zones entières, tué plusieurs dizaines de milliers de personnes (certaines sources avancent le chiffre de 200 000 morts) et causé des traumatismes chez des millions de survivants. Des pertes humaines, des dégâts matériels et des traumatismes causés habituellement par des guerres dévastatrices que connait la Syrie et le Kurdistan depuis 2011…

Cette catastrophe « naturelle » – pourtant annoncée de longue date et contre laquelle ni le régime turc, ni son voisine syrien n’ont pris aucune mesure – a englouti leurs citoyens piégés dans des immeubles-cercueils ne respectant pas les normes sismiques recommandées. Aujourd’hui, les millions de rescapés du séisme attendent qu’on panse leurs plaies alors que la priorité du président turc Erdogan est de gagner les prochaines élections prévues en mai 2023 et que son homologue syrien n’a pas accès au nord de la Syrie occupé par la Turquie et les gangs islamistes.

 

Alors que l’État turc a ordonné le déblayage des décombres du séisme qui renferment encore d’innombrables victimes et presse les rescapés traumatisés de retourner vivre dans les immeubles encore debout, les populations des zones sinistrées sont abandonnées à leur sort, pire, les Kurdes (et la minorité alévie de Hatay) sont discriminés ouvertement par le régime colonialiste turc qui tarde à les secourir, les prive d’une bonne partie de l’aide qui est envoyée par la communauté internationale ou celle collectée par les Kurdes et alévis conscients de cette discrimination ancestrale anti-kurde/alévie. En ce sens, le dessin de Charlie Hebdo posté le 6 février sur Twitter et qui montre des immeubles en ruine avec la légende « Même pas besoin d’envoyer de chars ! » faisant allusion aux chars (et avions de guerre) turcs ou syriens qui massacrent tantôt les Kurdes, tantôt les Syriens traduit parfaitement les sentiments de ces damnés de la terre pour qui le soleil tarde à se lever.

 

« Même pas besoin d’envoyer de chars » – Charlie Hebdo