Accueil Blog Page 306

IRAN. Le procès de Warisha Moradi reporté

0
IRAN – Le procès de Warisha Moradi a été reporté. La militante de l’association kurde des femmes KJAR est accusée d’avoir participé à un soulèvement armé.
 
Le procès de la militante kurde Warisha Moradi, qui devait s’ouvrir le 9 avril devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran, a été reporté en raison de l’absence d’un juge. Comme l’a déclaré mercredi le Réseau kurde des droits humains (KHRN), Moradi avait déjà été amenée au tribunal depuis le quartier des femmes de la prison d’Evin pour le procès, et son avocat était également présent. Le juge président Abolghassem Salawati a annulé l’audience, invoquant l’absence du deuxième juge, Amouzad. Selon les informations actuelles du KHRN, le parquet accuse Moradi de participation à un soulèvement armé.
 
Moradi a été arrêtée par le ministère du Renseignement le 1er août 2023 à l’entrée de Sanandaj à son retour de Kermanshah, province de Kermanshah, où elle avait été impliquée dans des activités politiques et organisationnelles.
 
Elle a passé les 13 premiers jours de sa détention au centre de détention de cet établissement de sécurité à Sanandaj, puis a été transférée dans la salle 209 de la prison d’Evin à Téhéran.
 
Pendant cette période, elle a été soumise à des pressions et à des menaces pour obtenir des aveux forcés et, le 26 décembre 2023, après avoir passé cinq mois en isolement cellulaire, elle a été transférée dans le quartier des femmes de la prison d’Evin.
 
Avant son implication dans le KJAR, Moradi avait été active au Rojava (Kurdistan syrien) dans la lutte contre l’État islamique (EI) et avait été blessée lors de l’une des attaques de l’EI contre Kobani.
 
Le 8 novembre 2023, le site Bitawan, affilié au ministère du Renseignement, a rapporté que Moradi et deux autres personnes avaient été arrêtées par ses forces.
 
Bien que le site Internet n’ait pas précisé la date de leur arrestation, il les a décrites comme des membres du Parti pour une vie libre du Kurdistan (PJAK).
 
Le 26 septembre 2023, KJAR a publié une déclaration affirmant que Moradi était dans la région pour « mener des activités politiques et organiser les femmes » au Kurdistan.
 

TURQUIE. Profanation de la tombe d’un avocat kurde tué par le JITEM

0

TURQUIE – La tombe de Medet Serhat, avocat kurde assassiné en 1994 par les paramilitaires du JITEM, vient d’être profanée.

Medet Serhat est un des premiers membres de la Fondation du peuple kurde et de la liberté et l’un de ceux qui ont défendu les personnalités politiques kurdes dans l’affaire du parti DEP. 40 ans après son assassinat par les paramilitaires turcs, sa tombe qui se trouve à Istanbul a été détruit par des fascistes turcs.

L’association des Juristes pour la liberté (Özgürlük için Hukukçular Derneği – OHD) a condamné l’attaque dans sa publication sur X (ancien Twitter) et a appelé à la poursuite des responsables de l’attaque raciste.

 

 

Qui est Medet Serhat?

 

Medet Serhat est né à Iğdır. Il est diplômé de la Faculté de droit de l’Université d’Istanbul. Il publie le magazine Değer en 1963. En 1965, il est condamné à 1 an et 4 mois de prison pour « création d’une organisation kurde ».

Il est devenu candidat parlementaire de Kars du Parti populaire républicain aux élections tenues en 1979. En 1980, il a rejoint le Parti communiste de Turquie en tant que membre temporaire.

Ses clients figuraient parmi les accusés dans l’affaire « Association du Comité pour la Paix » en 1991. Il faisait partie des signataires de la déclaration « Appel au Congrès pour la démocratie » rédigée lors de l’Assemblée générale du Parti de la démocratie (DEP) tenue à Ankara les 18 et 19 décembre 1993. Il faisait partie des avocats qui ont assuré la défense des hommes politiques du DEP dans le procès déposé devant la Cour de sûreté de l’État d’Ankara en octobre 1994.

Medet Serhat a été assassiné lors d’une attaque armée devant sa maison à Erenköy, Istanbul, le 12 novembre 1994.

« Les gouvernements turcs cherchant à anéantir les Kurdes ont toujours perdu »

0
TURQUIE – Le journaliste Ertuğrul Mavioğlu critique l’approche du gouvernement turc à l’égard de la population kurde, liant le conflit de longue date et les politiques de répression au ralentissement économique de la Turquie et aux récents résultats électoraux. Mavioğlu souligne les ramifications économiques des dépenses de guerre et de l’augmentation de la dette publique, affirmant que ces facteurs ont contribué à l’incapacité du gouvernement à améliorer les conditions de vie, influençant ainsi l’opinion publique lors des élections.

Voici l’article de Mavioğlu :
 
La défaite significative du gouvernement fasciste AKP-MHP aux élections du 31 mars doit avant tout être attribuée à sa politique persistante de destruction et de génocide contre les Kurdes.
 
Le bilan économique d’un conflit de longue date
 
Depuis plus de 40 ans, la guerre en cours a entraîné l’effusion de sang de milliers de jeunes, la démolition de villes, la fragmentation des familles, les prisons surpeuplées, l’exil et des tortures sans fin, transformant la vie en enfer dans le nord du Kurdistan. Cependant, la réalité de la guerre ne se limite pas à la brutalité de l’État contre les Kurdes. Cela a également conduit à des conditions de faim et de pauvreté qui ont profondément touché tous les habitants de Turquie et qui ont augmenté de jour en jour. À tel point qu’il a condamné plus de 90 % de la population turque à la pauvreté et 60 % à vivre sous le seuil de la faim.
 
Le conflit continu qui dure depuis 40 ans a non seulement entraîné la perte de milliers de personnes, mais a également plongé plus de 90 % de la population turque dans la pauvreté, avec un pourcentage frappant de 60 % vivant sous le seuil de la faim.
 
Les revendications du peuple face à la pauvreté
 
Les gens étaient incapables de subvenir à leurs besoins fondamentaux, de se nourrir ou de payer leur loyer et leurs factures avec les revenus qu’ils gagnaient grâce à un travail acharné. Pour survivre, ils ont été contraints de contracter des emprunts auprès des banques ou d’accumuler des dettes sur des cartes de crédit, hypothéquant ainsi leur avenir. Cette situation est devenue très évidente avant les élections. Les travailleurs et les retraités de différentes villes de Turquie ont manifesté pour tenter de faire entendre leur voix, tandis que les cris de « nous avons faim » montaient de partout. Aucun gouvernement ne pourrait ignorer ces demandes avant les élections. Cependant, le gouvernement n’a pris aucune mesure pour améliorer la situation, et c’est précisément là que réside le problème.
 
Les dépenses excessives consacrées à la politique de guerre, les fonds transférés aux entrepreneurs, le fardeau des paiements d’intérêts consommant jusqu’à 20 % du budget et la pression des institutions financières internationales pour « payer vos dettes » assiégeaient déjà le gouvernement.
 
La quête d’un prêt international se heurte à un mur
 
Les efforts visant à stabiliser l’économie au moyen de prêts internationaux ont été rejetés, reflétant un manque de confiance important dans les politiques économiques de la Turquie à l’échelle mondiale.
 
Pour atténuer quelque peu la situation, une délégation dirigée par le ministre du Trésor et des Finances Mehmet Şimşek a beaucoup voyagé à la recherche de nouveaux prêts. Ils ont frappé aux portes du Royaume-Uni, du Qatar, des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et de bien d’autres pays. Cependant, ils sont revenus à chaque fois les mains vides, car ils n’avaient plus confiance dans les politiques incohérentes suivies par ce gouvernement sur les marchés internationaux.
 
La spirale financière descendante
 
Conséquence directe des politiques de guerre et de pillage du gouvernement, les dettes à court terme ont grimpé à 175 milliards de dollars, tandis que les réserves de la Banque centrale ont chuté à moins 65 milliards de dollars, hors swaps, et que le déficit budgétaire a déjà dépassé 1,5 billion de lires. dans les trois premiers mois de l’année seulement, ne laissant aucune ressource à distribuer aux retraités et aux travailleurs. Essayer de résoudre le besoin de ressources en imprimant de la monnaie à la Banque centrale n’était pas non plus une solution rationnelle, car cela transformerait la livre turque en un morceau de papier encore plus sans valeur.
 
Avec des dettes à court terme atteignant 175 milliards de dollars, des réserves de la Banque centrale tombant à 65 milliards de dollars et un déficit budgétaire dépassant 1,5 billion de lires en seulement un trimestre, la stabilité économique de la Turquie ne tient qu’à un fil.
 
Bref, l’économie turque était devenue une épave, et toutes les données indiquaient qu’il était impossible qu’elle s’améliore d’un jour à l’autre. Le gouvernement s’est donc présenté aux élections du 31 mars comme une équipe déjà vaincue. Ni les électeurs mandataires ni les scrutins truqués ne pourraient changer cette situation. Et le verdict était clair le 31 mars. Dans des conditions où une moyenne de 25 milliards de dollars par an, et un total de 1 000 milliards de dollars au cours des 40 dernières années, ont été dépensés non pas pour nourrir les affamés ou rendre les retraités heureux, mais pour tenter d’anéantir les Kurdes, cela n’aurait pas pu être possible. sinon.
 
Les 1 000 milliards de dollars collectés auprès de la population pendant 40 ans ont été dépensés pour bombarder des montagnes et des collines, démolir des villes et tuer non seulement des humains, mais aussi des fleurs, des insectes, des loups, des oiseaux, en d’autres termes : massacrer la nature.
 
Quatre décennies de conflit avec de profondes cicatrices économiques
 
Les dépenses engagées par la Turquie pour sa politique de guerre au cours des 40 dernières années, ainsi que les intérêts payés pour cette raison, dépassent désormais cinq fois les recettes budgétaires totales de 2024. Sachant ce seul fait, on peut se demander pourquoi des millions de ménages sont dans une pauvreté profonde, cela n’a aucun sens. En effet, le Bureau des syndicats et Türk-İş ont calculé séparément les seuils de pauvreté et de faim pour une famille de quatre personnes en mars 2024.
 
Un pays aux prises avec la pauvreté
 
Lorsque l’on prend en compte la moyenne des données publiées par les deux syndicats, on constate que le seuil de faim est d’environ 20 000 lires et le seuil de pauvreté est de 60 000 lires. Cela signifie qu’un retraité gagnant 10 000 lires n’atteint que la moitié du seuil de la faim, et qu’un salarié au salaire minimum gagnant 17 002 lires vit en dessous du seuil de la faim.
 
Les conditions économiques actuelles révèlent que le revenu d’un retraité représente à peine la moitié de ce qui est nécessaire pour franchir le seuil de la faim, tandis que les salariés au salaire minimum ne parviennent pas à garantir les nécessités de base, illustrant de fortes disparités économiques.
 
Une famille de retraités a besoin des salaires cumulés de 6 retraités pour atteindre le seuil de pauvreté. Cependant, les peuples vivant en Turquie ont toujours fait preuve d’une grande sagesse en prouvant qu’ils ne sont pas impuissants. De nombreux gouvernements qui ont mis en œuvre des politiques de génocide contre les Kurdes avant l’arrivée et le départ du gouvernement fasciste de l’AKP-MHP ont finalement été effacés de la scène politique. Parce que ceux qui font la guerre aux peuples finissent toujours par perdre. L’histoire, bien que tardivement, rend son verdict et attribue une place appropriée dans le tas d’ordures politiques à tous les tyrans et dictateurs sanguinaires, tout comme elle le fait en Turquie.
Article original publié par Medya News

AID AL-FITR. Le Rojava rend hommage aux martyrs de la révolution (Photos)

0

SYRIE / ROJAVA – Au Kurdistan, lors des fêtes religieuses de l’Aïd al-Fitr ou de la fête du sacrifice, les Kurdes se rendent masse dans les cimetières commémorer leurs morts. Au Rojava où près de 15 000 hommes et femmes sont tombés dans la lutte contre DAECH / ISIS, il y a des cimetières des martyrs dans chaque ville. La veille ou le jour de chaque fête religieuse, les familles s’y rendent pour pleurer et honorer la mémoire de leurs enfants qui se sont sacrifiés pour une vie libre.

Aujourd’hui marque la fin du mois de jeûne musulman du Ramadan avec l’Aïd el-Fitr. Dans la région autonome du nord et de l’est de la Syrie, les gens visitent traditionnellement les tombes de leurs proches dans les cimetières des martyrs tôt le matin après les prières de fête. Des fleurs sont déposées sur les tombes et des torches et des bougies sont allumées. Des friandises sont distribuées et les gens se souhaitent des vacances paisibles.

Visiter les cimetières et les tombes des morts les jours fériés est une tradition dans tout le Kurdistan. Dans le nord-est de la Syrie, plus de 12 000 personnes ont perdu la vie dans la lutte contre des groupes islamistes tels que l’Etat islamique et al-Nosra et contre l’occupation turque. Il n’y a pratiquement aucune famille qui n’ait pas un proche mort.

Les gens se sont rassemblés dans les cimetières des martyrs du nord et de l’est de la Syrie à l’occasion de l’Aïd al-Fitr. Des milliers de personnes ont commémoré les martyrs sur leurs tombes à Dêrik, Til Koçer, Til Hemîs, Til Berak, Tirbespiyê, Qamişlo, Amûdê, Dirbêsiyê, Til Temir, Hesekê, Shaddadi, Hol, Deir ez-Zor, Raqqa, Tabqa, Manbic, Kobanê, Afrin-Shehba et Alep.

Des familles des martyrs, des vétérans de la révolution, des représentants de partis politiques, d’institutions et d’organisations ont également visité les tombes des martyrs. Des prières ont été dites lors des visites.

Hier soir, ils ont allumé des bougies sur les tombes des martyrs en signe d’accomplissement de leurs sacrifices.

Photos via l’agence Hawar (ANHA)

La France a livré un autre militant kurde à la Turquie

0

PARIS – Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) annonce que Mehmet Kopal, militant kurde sous obligation de quitter le territoire Français (OQTF), a été livré hier à la Turquie où il a été emprisonné immédiatement avec l’accusation d’être membre de « PKK/KCK ».

Dans le communiqué suivant, le CDK-F dénonce l’expulsion des militants kurdes vers la Turquie où ils risquent la prison et/ou la torture pour terrorisme:

Un autre militant kurde livré au régime turc : un déshonneur pour les valeurs de la France

Le Conseil Démocratique Kurde en France exprime sa profonde consternation et condamne fermement l’expulsion le 9 avril 2024 de Mehmet Kopal, militant kurde sous obligation de quitter le territoire Français (OQTF). Cette expulsion, qui survient moins de deux semaines après l’expulsion d’un autre militant kurde, Firaz Korkmaz, résulte d’une collaboration entre les autorités françaises et turques, un comportement inacceptable et contraire aux valeurs humaines fondamentales.

La France, un pays connu pour sa défense des droits de l’homme, a sciemment organisé cette expulsion, pleinement consciente des conséquences inhumaines et des longues années d’emprisonnement qui attendent Mehmet Kopal en Turquie. Les médias turcs, se félicitant de cette expulsion, révèlent une coopération étroite et préparée de longue date entre la France et la Turquie, ce qui soulève de grandes inquiétudes.

Nous dénonçons les efforts des milieux anti-kurdes au sein de l’appareil étatique français, qui exploitent la nouvelle loi sur l’immigration pour servir leurs intérêts obscurs avec la Turquie, au détriment des Kurdes. Ces pratiques, incluant le retrait de statuts, le gel des avoirs, et les nombreuses expulsions, constituent un acharnement déplorable et laissent une tache indélébile dans l’histoire de la France. Cette politique anti-kurde menace de détériorer gravement les relations franco-kurdes et d’impacter négativement nos intérêts communs.

Nous sommes particulièrement alarmés par les informations concernant une possible expulsion imminente de Serhat Gultekin, un autre militant kurde sous OQTF, qui risque également un traitement inhumain et une lourde peine de prison en Turquie.

Face à ces injustices, nous ne pouvons demeurer silencieux. Nous exigeons des autorités françaises qu’elles mettent immédiatement fin à ces pratiques contraires aux droits humains et aux principes de la République. Nous appelons à la solidarité internationale et à l’action urgente pour protéger les droits et la sécurité des militants kurdes en France. Le Conseil Démocratique Kurde en France reste engagé dans la lutte pour la justice et les droits humains, et ne tolérera aucune autre expulsion de militants Kurdes vers la Turquie. »

Le Festival des Films Kurdes de Paris rend hommage à Yilmaz Guney

0
PARIS – La troisième édition du Festival des Films Kurdes de Paris qui a débuté hier rendra hommage à la légende du cinéma kurde Yilmaz Guney ce mercredi à 17 heures, en projetant son film le Mur (Duvar), suivi d’un débat.
 
Yilmaz Guney, qui nous a quitté il y a 40 ans, a réalisé le Mur en France (où il avait trouvé refuge) un an après avoir reçu la Palme d’Or pour son film « Yol, la Permission » alors qu’il se trouvait en prison en Turquie. Yol est sorti en 1982 et a remporté la Palme d’or à l’unanimité, ex æquo avec Missing de Costa-Gavras. C’est pourquoi, lors du débat qui suivra la projection du film Duvar, les spectateurs verront sur la scène le cinéaste Costa-Gavra aux côtés de l’acteur Ahmet Zirek qui a joué dans le film Le Mur ainsi que le président de l’Institut kurde de Paris, Kendal Nezan pour parler de la légende Yilmaz Guney.
 
Synopsis:
 
Le dortoir 4 d’un centre de détention à Ankara, l’endroit dont on ne ressort pas entier. Le physique ressort toujours indemne mais pas l’esprit. Ici, les enfants sont en général sans famille, mais ça fait toujours mieux de dire qu’on a des parents. Ici, chacun vole quelque chose à autrui. On ne vole pas que les affaires mais aussi les rêves et les espoirs…
 
 
PRIX
5 euros la place, ou un pass de 15 euros pour voir tous les films du festival 
 
Adresse du Festival
Centre Wallonie-Bruxelles à Paris
46, rue Quincampoix
75004 PARIS

TURQUIE. Commémorations du journaliste kurde Metin Goktepe

0
TURQUIE – Il y a 28 ans, le journaliste kurde, Metin Göktepe a été tué sous la torture par des policiers turcs à Istanbul.
 
28 ans se sont écoulés depuis le meurtre du journaliste Metin Göktepe qui a été tué sous la torture après avoir été détenu alors qu’il couvrait l’enterrement de deux prisonniers tués lors d’une émeute dans la prison d’Ümraniye, à Istanbul, le 8 janvier 1996. Le meurtre de Göktepe a eu de grandes répercussions en Turquie à l’époque.
 
Metin Göktepe, né en 1968 à Sivas/Gürün (une région kurde à l’est du pays), travaillait pour le journal Evrensel. Il s’était rendu au cimetière d’Alibeyköy, à Istanbul, le 8 janvier afin de couvrir les funérailles de deux détenus de gauche, Rıza Boybaş et Orhan Özen, qui ont été battus à mort pendant les émeutes de la prison d’Ümraniye, à Istanbul.
 
Le 4 janvier, Metin Goktepe a été arrêté par la police qui a bloqué la zone. Il a été battu et emmené à la salle de sport du quartier d’Eyüp. Au cours des contacts entre les avocats d’Evrensel, les autorités de police et le procureur d’Eyüp, il a été déclaré que Göktepe était en détention et qu’il serait libéré dans la soirée à moins que des poursuites judiciaires ne soient engagées. Un inconnu, qui a été arrêté puis relâché, a appelé le journal Evrensel vers 20 heures et a rapporté que Göktepe avait été battu à mort.
 
Faisant une déclaration sur l’incident, le procureur d’Eyüp, Erol Can Özkan, a déclaré que Göktepe, après avoir été libéré le 8 janvier au soir, avait été retrouvé mort dans un parc à 100 mètres de la salle de sport d’Eyüp vers 20 heures. Il a été établi plus tard que le corps de Göktepe avait été retrouvé non pas dans le parc mais devant un buffet près de la salle de sport. Les résultats de l’autopsie ont montré qu’une hémorragie interne du cerveau et des tissus de Göktepe, survenus à la suite de coups à la tête et au corps, étaient la cause du décès.
 
« Procès »
 
Dix policiers ont été jugés pour la mort de Göktepe. Cinq ont été acquittés et cinq condamnés à 18 ans de prison, commués en 7 ans en raison de leurs « bonnes manières au tribunal » et qu’il était « impossible de déterminer le véritable agresseur ». Après avoir passé 1 an et 8 mois en prison, les cinq policiers ont été libérés dans le cadre d’une amnistie.

La France et les agents turcs chargés de liquider les militant.e.s kurdes en Europe

0
PARIS – Zekeriya Çelikbilek, un des agents turcs condamnés récemment en Belgique pour des projets d’assassinats de deux militants kurdes, mais aussi soupçonné d’avoir participé à l’assassinat de 3 femmes kurdes à Paris en janvier 2013, vit librement en France. Les journalistes Guillaume Perrier et Laure Marchand ont trouvé sa trace à Reims, en Champagne-Ardenne. Le titre « La France couvre-t-elle les crimes des services turcs ?«  de leur article publié sur le site Le Point est en réalité une confirmation: Sans la complicité de l’État français avec les agents turcs impliqués dans des projets d’assassinats ou soupçonnés d’assassinat de militants kurdes en Europe, ne peuvent vivre librement en France.
 
Avant même qu’on retrouve les traces de cet homme à Reims, les militants kurdes dénonçaient la raison d’État bloquant l’avancement de l’affaire du meurtre de trois femmes kurdes par un espion turc le 9 janvier 2013 à Paris. Cet énième rebondissement ne fait que confirmer leurs dires selon lesquels, dès le début de l’assassinat de Paris, la France s’est rangée du côté de l’État turc (en échange de quoi on ne sait pas) contre les militants du mouvement de libération kurde installés en Europe et qui se retrouvent sur la liste des personnes à abattre dressée par les services secrets turcs (MIT).
 
Affaire de condamnation des agents turcs en Belgique
 
Récemment, la cour d’appel de Bruxelles a condamné par contumace deux membres d’un commando turc chargé d’assassiner des hommes politiques kurdes à Bruxelles. La tentative d’assassinat qui remonte à 2017 visait deux représentants du Congrès national du Kurdistan (KNK), Remzi Kartal et Zubeyir Aydar résidant en Belgique.
 
En 2017, une opération de la police belge a révélé un complot d’assassinat contre des militants kurdes dirigé par une équipe comprenant Zekeriya Çelikbilek, un ancien officier militaire turc et citoyen français ; Yakup Koç, qui a été retrouvé avec une carte d’identité de la police turque ; et Hacı Akkulak, un Kurde vivant en Belgique.
 
Remi Kartal et Zubeyir Aydar sont des militants actifs du KNK (Conseil National du Kurdistan) qui vivent en Belgique depuis plusieurs décennies. Ils figurent sur la liste rouge du régime turc. En 2017, la Turquie envoie Zekeriya C et Yakup K (un agent des services secrets turcs – MIT, ancien policier du service politique de la police d’Istanbul et ancien responsable de la sécurité de l’ambassade turque à Paris) préparer leur assassinat. Yakup K et Zekeriya C prennent contact avec un ouvrier kurde par l’intermédiaire de son employeur turc. Estimant que l’ouvrier kurde aura plus facilement accès aux cibles, ils espèrent le recruter comme exécutant contre une récompense mais Haci A décide d’informer les futures victimes. Celles-ci préviennent la police belge qui suit à la trace les préparatifs de l’attentat. En juin 2017, les deux agents et Haci A effectuent une reconnaissance devant les bureaux du KNK à Saint-Gilles (Bruxelles). Par ailleurs, il est établi que la plan prévoyait notamment l’utilisation d’une moto pour les meurtres qui serait ensuite cachée dans une camionnette.
Arrêtés avant d’avoir pu concrétiser leur action, Zekeriya C et Yakup K sont acquittés en première instance. Ils peuvent ainsi quitter le territoire belge avant d’être condamnés par contumace le mois dernier à 5 ans de prison en appel. Zekeriya C et Yakup K faisait partie d’un groupe d’environ 5 personnes en France qui recueillent des renseignements sur les personnalités kurdes. Ce groupe est probablement liée à l’assassinat en 2013 à Paris de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Soylemez, 3 militantes kurdes.
 
Zekeriya Çelik avec l’ambassadeur turc Ismail Hakki Musa et dans l’enceinte du palais présidentiel ultra-protégé, situé à Ankara
Bien que Çelikbilek et Koç aient déjà quitté la Belgique au moment d’une opération policière ultérieure, leurs liens avec des responsables de l’État turc ont été suggérés par des photographies, notamment celles de Çelikbilek avec Ismail Hakki Musa, (l’ancien) ambassadeur de Turquie en France et au palais présidentiel turc.
 
Les révélations faites en Belgique pourraient ainsi relancer l’instruction dans l’affaire de l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris en 2013, malgré la mort du principal suspect dans cette affaire, un homme du nom d’Ömer Güney qui se revendiquait également des Loups gris. Depuis plus de 11 ans, les représentants de la communauté kurde de France exigent des autorités françaises la levée du secret-défense afin que toute la lumière soit faite sur le triple assassinat. En décembre 2022, quelques semaines avant le dixième anniversaire des assassinats de 2013, trois autres militants kurdes ont été tués dans une attaque contre le siège du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) à Paris.
 
Les assassinats politiques de 9 janvier 2013 à Paris
 
Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, ont été froidement assassinées, en plein jour, au coeur de Paris, par un agent du service de renseignement turc (MIT).
Paris, une manifestation demandant justice pour Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez

Plus d’onze ans après ce triple assassinat politique commis sur le sol français, les Kurdes de France vivent avec le sentiment d’impunité qui règne, le sentiment que la France cherche à jeter aux oubliettes ce crime politique, comme tant d’autres qui jalonnent son histoire contemporaine. Le lendemain du massacre, le ministre de l’intérieur de l’époque a paradé sur les lieux du crime et signifié aux médias l’engagement de la France à faire toute la lumière sur cette affaire. Pourtant, malgré toutes les preuves récoltées au fils des années qui ont suivi cet assassinat impliquant les services secrets turcs, la France a tout fait pour empêcher que la justice soit rendue aux Kurdes.
 
Les militants kurdes soulignent qu’au delà d’une simple affaire judiciaire, il s’agit là d’un crime terroriste dans lequel sont impliqués les services d’un État étranger (turc), comme le confirme le réquisitoire du Procureur de la République : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »
 
Après les récentes attaques des Loups Gris ciblant la communauté kurde de Belgique à l’occasion du Newroz (nouvel-an kurde célébré le 21 mars) et les rebondissements liés aux condamnations pour projets de meurtres de militants kurdes montés par des agents turcs en Belgique, les Kurdes de l’Europe se sentent sacrifiés par les États où ils ont trouvé refuge au profit du régime turc qui commet des crimes de guerre dans plusieurs parties du Kurdistan (Rojava, Bashur, Shengal…).
 

Coup d’envoi du Festival des Films Kurdes de Paris

0

PARIS – Ce soir, un public venu en nombre a assisté à la soirée inaugurale du 3e Festival des Films Kurdes de Paris (FFKP), au Centre Wallonie-Bruxelles, à Paris qui se poursuit jusqu’au samedi 13 avril avec des dizaines de films en tout genre (fictions, documentaires, courts et longs métrages…) en présence de plusieurs réalisatrices et réalisateurs invité.e.s.

Lors de la soirée inaugurale du festival des films kurdes, parmi les spectateurs, il y avait de nombreux artistes kurdes exilés, des personnalités politiques et diplomatiques françaises, dont le sénateur Rémi Féraud et Frédéric Tissot qui fut le premier consul de France à Erbil, Ariel Weil, Maire de Paris Centre, le président de l’Institut Kurde de Paris, Kendal Nezan, le producteur Mehmet Aktas, le sponsor officiel du festival, Faysal Taskiran qui est également le commerçant du vin « Kurdistan » qu’on a dégusté lors du cocktail d’ouverture du festival.
 
Après la présentation du festival, en film d’ouverture, nous avons pu admirer le documentaire « Hawar, Nos Enfants Bannis », à la fois touchant et poignant, suit le périple dangereux d’une jeune Yézidie sauvée de DAECH qui tente de récupérer sa fille née d’un père jihadiste qui l’avait prise comme esclave.
 
Le documentaire « Hawar, Nos Enfants Bannis » jette une lumière crue sur souffrance des femmes yézidies, enlevées et violées par des jihadistes de Daech lors de l’invasion de Shengal en 2014. Il nous met face au dilemme des femmes yézidies devenues mères et qui veulent ou doivent abandonner les enfants nés de viols entre les mains de jihadistes de DAECH alors qu’elles retrouvent leur « liberté ».
 
(Film à revoir le samedi 13 avril à 14h)
 
Synopsis :
 
Ana traverse le Kurdistan clandestinement pour revoir sa fille Marya, qu’elle n’a plus vue depuis quatre ans. Comme des milliers de femmes Yazidies -une minorité religieuse kurde-, Ana a été enlevée par Daech en 2014. Elle a survécu et est revenue dans sa communauté, mais pour l’accepter, les siens l’ont forcée à abandonner son enfant né des viols par les djihadistes.
 
Pascale Bourgaux et Mohammad Shaikhow
Auteurs : Pascale Bourgaux et Mohammad Shaikhow
Pays : Belgique, Suisse, France
Année : 2023
Durée : 1h14
Langue : Kurde, Anglais
Sous-titres : Français

IRAN. Libération des écologistes Sepideh Kashani et de Niloufar Bayani

0

Téhéran – Depuis hier, 4 écologistes emprisonnés pour espionnage sortent de la prison. Suite aux protestations anti-régime déclenchées par le meurtre de Jina Mahsa Amini* en septembre 2022, des milliers de civils, ont été emprisonnés par le régime qui les a accusés d’« espionnage », « Guerre contre le Dieu » ou d’autres accusations farfelues.

Quatre écologistes condamnés pour espionnage pour le compte de gouvernements étrangers sont libérés après avoir été graciés par le guide suprême de l’Iran à l’occasion de la fête Aïd el-Fitr.

Les écologistes en cours de libération sont: Sepideh Kashani, Niloufar Bayani, Houman Jowkar et Taher Ghadirain.

Les autorités iraniennes ont libéré lundi la militante écologiste Niloufar Bayani de la prison d’Evin.

Aujourd’hui, c’était le tour de Sepideh Kashani de quitter la prison d’Evin.

Photo: Sepideh Kashani et Niloufar Bayani

*Jina Amini, une jeune femme kurde de 22 ans, a été assassinée par la police des mœurs à Téhéran le 16 mars 2022 au motif d’avoir porté un voile « non conforme » selon la charia islamique en vigueur en Iran.

Pourquoi certains Kurdes se rangent du côté de la Turquie et de l’Iran?

0
Les politiques des États turcs et iraniens dans les régions kurdes créent une instabilité, des inégalités économiques et une assimilation qui poussent de nombreux Kurdes à travailler avec ces mêmes États contre les intérêts collectifs kurdes, écrit Gordyaen Benyamin Jermayi pour le site Kurdish Peace Institute.
 
Voici l’article de Jermayi:

Les politiques des États turcs et iraniens dans les régions kurdes créent une instabilité, des inégalités économiques et une assimilation qui poussent de nombreux Kurdes à travailler avec ces mêmes États contre les intérêts collectifs kurdes.

 

Dans la lutte du peuple kurde pour l’autodétermination et l’indépendance des États-nations de Turquie, d’Iran, d’Irak et de Syrie, ou dans sa résistance contre les envahisseurs et les oppresseurs, de nombreux individus kurdes ont coopéré avec ces États ou d’autres oppresseurs contre le intérêts collectifs du peuple kurde. Dans la culture kurde, ils sont généralement appelés « caş » (jash), qui se traduit littéralement par « ânon » et est une métaphore de « traître ». Ce terme ne fait pas seulement référence à la coopération militaire et politique de certains Kurdes avec les oppresseurs ; elle s’étend également à la coopération artistique, culturelle, sociale et intellectuelle.

Les relations des partis politiques et des dirigeants kurdes avec les quatre États oppresseurs s’expliquent et se justifient principalement par des gains et des accords politiques et financiers, connus de la société kurde. Cette analyse examinera cependant les raisons pour lesquelles les citoyens kurdes ordinaires – sans statut politique ou social particulier – rejoignent les forces armées, les partis politiques et les organisations des États susmentionnés.

La division du Kurdistan

À la suite des traités Sykes-Picot, Sèvres et Lausanne signés entre la France, la Grande-Bretagne, la Russie et d’autres superpuissances au début des années 1900, le Kurdistan est devenu un lieu de conflit entre ces quatre États et le peuple kurde. Cela est dû en partie à la position stratégique du Kurdistan, qui relie terrestrement le golfe Arabique (Persique) à la mer Méditerranée, et aussi au fait que, en tant que « ceinture verte » du Moyen-Orient, il est riche en ressources naturelles, notamment en métaux, en eau, huile et autres matériaux essentiels. Avec son sol très fertile et son climat vivable, c’est également la source des fleuves les plus importants, comme le Tigre, l’Euphurate, l’Araz, l’Elwen, etc., qui coulent à travers le Moyen-Orient.

Cette position stratégique du Kurdistan a été l’une des nombreuses raisons du conflit entre les Kurdes et les États qui occupent le Kurdistan. En conséquence, le peuple kurde a enduré l’oppression, les génocides, les déplacements, la destruction, les changements démographiques, la discrimination et le racisme au cours des 100 à 150 dernières années.

De nombreux Kurdes ont résisté à cette oppression systématique. Cependant, d’autres ont servi les mêmes États-nations perses, turcs et arabes qui répriment leur peuple.

Par exemple, dans l’histoire kurde moderne, au Kurdistan du Nord, des intellectuels tels que Ziya Gokalp ont joué un rôle important dans la formation du nationalisme turc moderne et dans le développement du kémalisme, ce qui a entraîné des souffrances pour les Kurdes et d’autres peuples non turcs dans la période moderne. jour Turquie. Au Kurdistan oriental, un groupe de chefs de tribus kurdes ont cessé de soutenir la République du Kurdistan de 1946 et ont forcé les membres de leur tribu à se ranger du côté de l’armée iranienne. Suite à cela, dans l’Iran de l’après-révolution islamique, certains Kurdes, officiellement appelés Peshmargas musulmans kurdes, ont été contraints de rejoindre le Corps des Gardiens de la révolution islamique iranienne (CGRI) et les forces du Basij, qui ont également participé à la persécution des Kurdes depuis. les années 1980. Au même moment, un groupe de Kurdes participait à la guerre menée par l’armée irakienne contre leur propre peuple sous Saddam Hussein lors de la campagne Anfal dans les années 1980.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles ce comportement est observé chez les Kurdes. Cette analyse discutera d’exemples spécifiques dans différents contextes politiques et géographiques.

Iran et Kurdistan oriental

Le Kurdistan oriental est depuis longtemps appauvri en raison de la marginalisation des Kurdes par l’État iranien dans divers contextes, notamment en matière d’éducation et d’économie. La plupart des gens sont privés d’accès à l’éducation gratuite, aux soins de santé, à des opportunités d’emploi équitables et à d’autres nécessités de base. En échange de suivre leurs instructions et de les aider à faire avancer leurs objectifs à l’intérieur du Kurdistan, l’État iranien fournit ces services fondamentaux aux personnes issues des classes socio-économiques inférieures, en particulier dans les villages et les petites villes où le gouvernement interdit systématiquement toute forme de développement économique ou d’investissement pour créer plus d’opportunités pour les locaux.

Les forces de sécurité iraniennes sont responsables de graves violations des droits de l’homme et du droit international au Kurdistan. Dans le même temps, l’appartenance aux forces de sécurité offre des avantages particulièrement notables aux citoyens défavorisés. Par exemple, le gouvernement iranien offre des salaires mensuels, des salaires de retraite élevés, des soins de santé gratuits, une éducation gratuite, une assurance, un logement gratuit ou à prix réduit, des emplois permanents dans des organisations gouvernementales, des réductions sur l’achat de véhicules et d’appareils électroménagers, des exemptions permanentes ou des réductions pour le service militaire obligatoire, et une prime de 25 % pour les examens nationaux d’entrée à l’université appelés « konkoor » réservés aux membres du CGRI et de ses organisations affiliées, telles que les organisations « Basij ».

La Fondation pour les Martyrs et les Anciens Combattants apporte un soutien direct aux membres des familles des membres du CGRI tués ou blessés lors de campagnes militaires et de conflits, en plus de fournir des services de meilleure qualité que les autres institutions. Dans le cadre des initiatives nationales de recrutement pour des postes dans les organisations gouvernementales, le gouvernement iranien accorde à ces personnes de meilleures chances et de meilleurs scores. L’éducation et l’expérience sont rarement importantes ; ce qui compte plutôt, c’est que les employés soient des membres du Basij et du CGRI, des membres de familles d’anciens combattants, ou associés d’une autre manière à d’autres institutions militaires et de sécurité iraniennes.

Turquie et Kurdistan du Nord

Au Nord-Kurdistan (sud-est de la Turquie), l’État turc utilise presque exactement les mêmes politiques et stratégies pour attirer ou forcer les citoyens kurdes à rejoindre leurs organisations. Le gouvernement turc a également appauvri les Kurdes et empêché les villes et villages kurdes de se développer ; la situation est très similaire à celle du Kurdistan oriental. Les chercheurs décrivent les politiques économiques turques et iraniennes dans les régions kurdes non seulement comme un sous-développement, mais comme une stratégie de « dé-développement » active destinée à empêcher les Kurdes d’acquérir une base économique pour leur autodétermination.

À l’instar du gouvernement iranien, le gouvernement turc propose plusieurs services publics auxquels seuls les citoyens affiliés aux partis au pouvoir, au Parti de la justice et du développement (AKP) et au Parti d’action nationaliste (MHP), ou à d’autres organisations et institutions de l’État turc, sont autorisés à accéder. apprécier. Les citoyens kurdes qui soutiennent le Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM) (anciennement connu sous le nom de HDP ou Parti démocratique du peuple), le principal parti pro-kurde de Turquie, se voient souvent refuser l’accès aux emplois et aux services publics.

Par exemple, la Commission juridique du Parti démocratique populaire (HDP) a compilé des données montrant que 22 321 membres du HDP ont été arrêtés ou se sont vu retirer leurs fonctions entre le 24 juin 2015 et le 25 septembre 2020. De plus, 54 maires kurdes démocratiquement élus ont été élus. ont été évincés de leurs fonctions par le gouvernement turc depuis 2016 et ont été remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement. Alors que les maires HDP sont persécutés, ces administrateurs bénéficient d’un accès préférentiel aux ressources, ce qui rend moins dangereux et politiquement et matériellement bénéfique pour les Kurdes de soutenir ceux-là mêmes qui leur refusent une représentation démocratique .

Les « korucu », ou gardes de village (semblables aux forces du Basij en Iran), qui comptent plus de 60 000 personnes , font également partie du système d’oppression du gouvernement turc contre le peuple kurde. Certains citoyens kurdes sont contraints de rejoindre les gardes de village par les chefs tribaux, qui sont également souvent sous la pression et le contrôle de l’État turc. Semblable aux situations mentionnées au Kurdistan oriental, cela est dû en grande partie aux difficultés économiques imposées par l’État et à la manipulation par l’État des structures sociales tribales (discutées ci-dessous). Dans certains cas, cela est dû aux peines d’emprisonnement et de déplacement que l’État pourrait imposer aux citoyens kurdes s’ils refusent de se joindre au mouvement.

Le Kurdistan du Sud et de l’Ouest après l’autonomie

Le même problème existe au Bachur (Kurdistan du Sud ; désormais officiellement reconnu comme la région du Kurdistan d’Irak) et au Rojava (Kurdistan de l’Ouest ; aujourd’hui administration autonome de facto du nord et de l’est de la Syrie) depuis plus d’un siècle. D’innombrables Kurdes ont été contraints de servir les États irakien et syrien dans les mêmes circonstances. Cependant, ces deux régions du Kurdistan ont acquis une certaine autonomie. En conséquence, les conditions économiques, politiques et sociales se sont développées. Les États irakien et syrien n’ont plus de contrôle effectif sur la société kurde. Ce problème semble être moins répandu dans ces régions en raison de ces changements.

Conflits et compétitions intertribales

La société kurde, comme d’autres sociétés du Moyen-Orient, est dans une certaine mesure une société tribale. Les chefs tribaux, les relations et les rencontres jouent un rôle important dans le développement social.

Historiquement, la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie ont profité de ces structures sociales pour manipuler et gouverner les Kurdes. Ils accordent généralement aux tribus et aux chefs tribaux des avantages et des postes précieux en échange de leur coopération avec l’État. À titre d’exemple, les États promettent de grosses sommes d’argent, d’armes, de terres et de propriétés aux chefs de tribus et provoquent une forme de compétition entre tribus, qui les amène à se battre pour l’autorité locale et le contrôle des terres.

Dans le même temps, en promouvant la suprématie tribale au sein du peuple, les États dressent les communautés kurdes les unes contre les autres afin d’affaiblir tout sentiment d’identité nationale kurde distincte. Par conséquent, certains Kurdes préfèrent rejoindre les institutions militaires des États et accéder à plus de pouvoir et d’autorité pour affaiblir les tribus et les clans opposés plutôt que de renforcer les relations et de maintenir la paix entre les tribus pour promouvoir les intérêts nationaux collectifs des Kurdes.

Assimilation culturelle et psychologique

Un autre point qui mérite d’être mentionné est que les quatre États qui occupent le Kurdistan ont mené de vastes programmes d’assimilation au cours du siècle dernier dans le but de débarrasser les Kurdes de leur identité, de leur langue, de leur histoire, de leur culture et de tout ce qui pourrait les inciter à revendiquer leurs droits. Afin de s’intégrer dans la société que représentent les États et de retrouver une partie de la confiance qui leur a été retirée par les États et les programmes d’assimilation, certains Kurdes assimilés se sont rangés du côté des États et de leurs organisations. « L’oppression intériorisée » ou « l’identification à l’agresseur » est le terme généralement utilisé pour décrire ce problème. Cela se produit lorsque certaines personnes commencent à intérioriser des préjugés et des préjugés néfastes à l’encontre du groupe ou de l’ethnicité auquel elles appartiennent. Cela se produit également lorsqu’un groupe dominant instaure l’oppression sociale – comme l’hétérosexisme, le capacitisme, le sexisme, le racisme, l’oppression de genre, etc. – et l’utilise pour faire avancer son propre programme. L’oppression intériorisée repose sur la restriction, l’obstruction et la sape systémique des réalisations, de l’ingéniosité et de l’influence des personnes ou des groupes opprimés. Sans tenir compte des distorsions résultant d’une mauvaise étiquetage de ces différences et de leurs effets sur les attentes et les comportements humains, certains de ces individus imiteront (et s’assimileront) le rejet institutionnalisé de la différence.

De nombreux jeunes Kurdes, par exemple, ne voient aucune valeur ni aucun avantage à apprendre leur langue maternelle en raison de la disparition de cette langue au Kurdistan du Nord. Ils estiment que c’est « insuffisant » pour les affaires, l’éducation, la communication, et même « pas moderne », en particulier dans les industries de la musique et de l’art. Le même problème se pose au Kurdistan oriental, où les jeunes, les intellectuels, les écrivains et les artistes préfèrent présenter leurs œuvres en persan plutôt qu’en kurde parce qu’ils pensent qu’il n’y a pas de marché pour eux en kurde. Afin de réussir davantage dans la société souhaitée, ce groupe de personnes préfère donc servir la culture des oppresseurs plutôt que la leur.

Le concept de « syndrome de Stockholm », qui touche des individus opprimés pouvant être considérés comme des captifs, peut également expliquer ce phénomène. Il décrit la réaction psychologique par laquelle ces individus commencent à s’identifier fortement à leurs oppresseurs ou ravisseurs, ainsi qu’à leurs objectifs et leurs revendications.

Le « syndrome de Stockholm » est principalement provoqué par l’instinct de survie. Les victimes sont confrontées à une dépendance forcée et considèrent les actes de générosité peu fréquents ou insignifiants pendant une crise comme des soins appropriés. Établissant des liens psychologiques entre le bonheur de leurs ravisseurs et le leur, ils développent fréquemment une hypervigilance à l’égard des besoins et des demandes de leurs oppresseurs ou ravisseurs. Cela se caractérise non seulement par un lien fort entre le captif et son ravisseur, mais aussi par la désapprobation du captif à l’égard des autorités qui constituent une menace pour leur relation. Lorsque l’otage ne sert que de levier contre un tiers et n’est d’aucune utilité pour les ravisseurs, l’attitude négative devient encore plus puissante. Des comportements qui ressemblent à ceux d’un otage retenu captif dans de telles circonstances peuvent être observés dans la société kurde, résultat de l’oppression, de l’occupation, du colonialisme et de l’assimilation systématiques.

Conclusion

Les facteurs évoqués ci-dessus ne sont que quelques-unes des nombreuses raisons pour lesquelles de nombreux citoyens kurdes confrontés à des difficultés dues aux politiques des États turcs et iraniens rejoignent les organisations étatiques turques et iraniennes et s’identifient à la culture turque et persane afin de survivre, de gagner leur vie ou acquérir et conserver un statut financier, politique et social.

Ces citoyens kurdes du Kurdistan sont généralement critiqués par l’opinion publique kurde de la diaspora, qui comprend ceux qui ont la chance de bénéficier d’un niveau de vie plus élevé en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Cette critique est raisonnable dans une certaine mesure et le sujet est discutable. Mais il est également important de considérer et de comprendre les conditions qui créent ce comportement afin d’y remédier. En raison de la dynamique historique, politique, sociale et culturelle complexe du Kurdistan et du Moyen-Orient dans son ensemble, la question de certains Kurdes travaillant avec les oppresseurs continue d’être l’un des principaux obstacles dans la lutte du peuple kurde pour obtenir ses droits humains fondamentaux.

Article original à lire ici: Why Some Kurds Side With Turkey and Iran

 

Gordyaen Benyamin Jermayi est un défenseur kurde des droits humains né à Urmia, Rojhelat (Kurdistan oriental). Il est membre d’une organisation de défense des droits humains qui documente les violations des droits humains au Kurdistan oriental. Depuis 2020, il a présenté et soumis des documents à des instances internationales, notamment au CDHNU et aux Forums des minorités Moyen-Orient-Afrique des Nations Unies. Il est également le fondateur de la plateforme Kurdistani People sur Instagram, qui œuvre pour sensibiliser aux questions kurdes. Il a utilisé cette plateforme pour connecter les Kurdes de différentes régions du Kurdistan et de la diaspora entre eux et collecter des fonds pour les personnes dans le besoin.

Fin de la lune de miel entre Erdogan et Netanyahu ?

0
Les bonnes relations économiques turco-israéliennes faisaient pâlir de jalousie de nombreux pays du Moyen-Orient. La défaite subie par Erdogan lors des élections municipales du 31 mars dernier a sonné la fin de ce business « amoral » dénoncé par les islamistes turcs qui se sont détournés d’Erdogan au profit d’autres islamistes antisionistes*.
 
Il aura fallu des mois de manifestations propalestiniens et une élection nationale défavorable au Président Erdogan pour que le gouvernement turc prenne au sérieux la situation et décide de diminuer ses échanges économiques avec l’Israël.
 
La Turquie vient de restreindre les exportations vers Israël de nombreuses marchandises, dont de l’acier, fer et aluminium, en réponse à la guerre à Gaza, a annoncé le ministère turc du Commerce.
 
Le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan avait déclaré le 8 avril que la Turquie avait décidé de prendre « une série de nouvelles mesures contre Israël » après que ce dernier ait bloqué une tentative turque de parachuter de l’aide sur Gaza.
 
La riposte israélienne n’a pas tardé: Tel-Aviv demande aux Etats-Unis d’interdire les importations turques, l’arrêt des investissements (…) en réponse aux sanctions turques contre Israël.
 
Comme le rappelle si bien la journaliste Ariane Bonzon: « Le parti islamiste de la Nouvelle Prospérité (Yeniden Refah Partisi – YRP) dirigé par le fils d’Erbakan, le mentor d’Erdogan écarté par ce dernier aux début des années 2000, a fait de la situation à Gaza le coeur de sa campagne électorale. Cela lui a rapporté deux mairies tenues par l’AKP ».