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IRAN. Plus de 66 personnes exécutées en avril en Iran

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L’Iran a connu un nouveau record d’exécutions politiques ces derniers mois : en avril, au moins 66 prisonniers, dont trois femmes, un enfant de 14 ans et des dizaines de Kurdes et de Baloutches, ont été exécutés tandis que 16 personnes ont été condamnées à mort pendant la même période. Parallèlement, Reporters sans frontières classe l’Iran comme l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes.
 
La situation des droits humains en Iran se détériore rapidement, avec une augmentation des exécutions politiques de prisonniers ces derniers mois. Selon l’agence de presse iranienne des militants des droits de l’homme (HRANA), il y a eu un total de 66 exécutions au cours du mois d’avril, dont trois prisonnières et 56 hommes parmi les victimes.
 
L’identité de Soraya Mohammadi, l’une des prisonnières exécutées en avril 2024, a été révélée. Mohammadi a été exécuté le 24 avril dans la prison de Ghezel Hesar, à Karaj.
 
Au cours des trois premiers jours du mois de mai, au moins six autres prisonniers ont été exécutés. Le 1er mai, cinq détenus ont été exécutés dans la prison de Ghezel Hesar, parmi lesquels un prisonnier kurde de 14 ans, Anvar Khezri. Le 3 mai, un autre détenu a été tué dans la prison de Dizelabad, à Kermanshah.
 
En outre, 16 condamnations à mort ont été prononcées en avril, le cas le plus connu étant celui du rappeur kurde de Lorestan, Toomaj Salehi, condamné à mort pour « propagation de la corruption sur terre ». Cette décision a suscité l’indignation tant en Iran qu’à l’échelle internationale, beaucoup condamnant cette sanction et plaidant pour la libération de Salehi.
 
À l’heure actuelle, les prisonniers Khosrow Besharat et Reza Rasai ont été transférés à l’isolement, ce qui suscite des inquiétudes quant à leur exécution imminente.
 
La répression de la liberté d’expression s’aggrave également, comme en témoigne l’emprisonnement du défenseur des droits humains Hasti Amiri et Zia Nabavi pour leur militantisme. Leurs arrestations étaient le résultat de leur soutien aux droits des étudiants.
 
Par ailleurs, Reporters sans frontières a publié son rapport annuel sur la liberté de la presse dans le monde. Selon ce rapport, l’Iran se classe au 176ème rang sur 180 pays en termes de liberté de la presse et de sécurité des journalistes. (Medya News)

TURQUIE. Les mères du Samedi exigent la vérité dans l’affaire de disparition d’Hüsamettin Yaman

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TURQUIE – ISTANBUL – Aujourd’hui, les mères du Samedi qui se rassemblent chaque semaine sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour s’enquérir du sort de leurs proches disparus et assassinés en détention et pour exiger que les auteurs soient poursuivis, ont demandé ce qui est arrivé à Hüsamettin Yaman, un jeune étudiant porté disparu à Istanbul après avoir été arrêté par des policiers le 4 mai 1992.
 
Des mères/personnes de Samedi se sont rassemblées cette semaine sur la place Galatasaray pour s’enquérir du sort de leurs proches disparus et assassinés en détention et pour exiger que les auteurs de ces actes soient jugés. Les mères du samedi ont transporté des œillets et des photographies de leurs proches disparus au cours de leur 997e semaine d’action. Eren Keskin, avocate kurde et coprésidente de l’Association des droits de l’homme (IHD), Musa Piroğlu, membre du Premier ministre du Parti démocratique des peuples (HDP), et l’artiste Kerem Fırtına étaient aux côtés des mères du Samedi pendant leur 997e rassemblement.

Depuis 29 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque

Mères du Samedi est un groupe de militants qui cherchent à connaître le sort de leurs proches disparus en garde à vue dans les années 1980 et 1990 et exigent des comptes pour ces disparitions.

En mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.

Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.

Les Kurdes commémorent les victimes du génocide de Dersim

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TURQUIE / BAKUR – Entre 1937 et 1938, l’État turc a massacré près de 70 000 Kurdes alévis dans la région de Dersim et chassé des milliers d’autres tandis qu’il rebaptisait Dersim en « Tunceli » (Main de bronze) du nom de l’opération militaire de cette époque. Ce 4 mai, date du début du génocide de Dersim, de nombreuses commémorations ont lieu à Dersim mais aussi en Europe où il y a une importante diaspora kurde.

Le génocide de Dersim

Dersim était connue pour son esprit indépendant et sa résistance à l’autorité centrale des différents empires et états qui ont essayé de contrôler la région au fil des siècles. La république de Turquie nouvellement formée percevait la diversité ethnique et religieuse de Dersim comme un défi à son intégrité.

En 1936, le gouvernement turc a promulgué la Loi de réorganisation (Tunceli Kanunu), destinée à assimiler la région de Dersim. Cette loi était une réponse directe à la résistance croissante des tribus locales. Elle comprenait des mesures telles que la réinstallation forcée et la suppression des structures sociales et politiques traditionnelles.

L’année suivante, le 4 mai 1937, le Conseil des ministres, sous la présidence d’Atatürk, adopta des mesures plus drastiques qui ont mené à une intervention militaire massive. La campagne a été caractérisée par des bombardements aériens, des brûlages de villages et des exécutions sommaires. Les rapports officiels estimaient le nombre de morts à 13 000, tandis que des sources locales élevaient ce chiffre à plus de 40 000.

Le massacre a eu des répercussions profondes sur la communauté kurde de Dersim, avec des milliers de survivants déplacés ou contraints à l’exil. La politique de répression a également contribué à une méfiance durable entre les communautés kurdes et le gouvernement central.

Longtemps tabou en Turquie, le sujet du Massacre de Dersim a commencé à être discuté ouvertement à la fin des années 2000.

Cependant, la question de la reconnaissance complète et de la réparation reste sensible et divise toujours l’opinion publique turque. Les Kurdes continuent de réclamer une enquête approfondie et la restitution aux victimes et à leurs descendants.

Le Massacre de Dersim est un rappel douloureux des dangers de politiques étatiques autoritaires et assimilationnistes de l’État turc. Alors que la Turquie continue de lutter avec les diverses identités ethniques et religieuses, la mémoire de Dersim reste un symbole puissant de la résistance contre l’oppression et de la quête de reconnaissance et de justice.

 

Une politique turque hostile à Dersim héritée de l’empire ottoman

En mai 2020, l’historien et chercheur kurde, Sedat Ulugana expliquait le contexte dans lequel le génocide de Dersim a eu lieu, en mettant en évidence la continuité d’une politique anti-Dersim de l’État turc héritée de l’empire ottoman. Un long reportage qui fut réalisé par Barış Balseçer et publié sur le site Yeni Ozgür Politika le 13 mai 2022 : 
 
83 ans se sont écoulés depuis le génocide de Dersim. Selon les chiffres officiels, entre 1937 et 1938, 14 245 [Kurdes alévis] ont été tués lors du massacre, du nom du décret « Opération Tunceli Tenkil », publié avec la décision du Conseil des ministres du 4 mai 1937. Cependant, selon des chercheurs historiques et de nombreuses sources, environ 70 000 personnes ont été tuées lors du génocide, parmi lesquelles des enfants, des personnes âgées et des femmes. Nous avons parlé avec le chercheur-écrivain Sedat Ulugana du génocide de Dersim.
 
Quel genre de transformation politique les Ottomans ont-ils connu avant le génocide de Dersim? Quand on regarde ce massacre commis par les Kémalistes, est-il possible de dire qu’une inimitié historique a été perpétuée ?
 
Contrairement à d’autres endroits du Kurdistan, Dersim est une zone que les Ottomans ne pouvaient pas contrôler complètement jusqu’aux Tanzimat (« réorganisation » en turc ottoman – ère de réformes qui ont eu lieu entre 1839 et 1876). Dersim a un statut relativement indépendant par rapport aux autres émirats kurdes. Bien qu’il semble parfois être lié à l’émirat de Çemişgezek, Dersim était une région tribale et les Ottomans ne purent y entrer vraiment qu’au milieu des années 1800. Le processus des Tanzimat que l’histoire officielle turque nous offre comme «occidentalisation et modernisation» est en fait l’imposition d’une autorité centrale au Kurdistan. Avec ce processus, le transfert à Istanbul du capital accumulé chez les Mîrs (émirs) kurdes a été planifié et mis en pratique.
 
Dans le processus des Tanzimat, les Ottomans tentent d’établir une autorité à Dersim, mais quand on regarde le Kurdistan, c’est le seul endroit où les Ottomans ont échoué. De l’ère Abdülhamit aux Tanzimat, les tribus sont sévèrement punies. Immédiatement après ce processus, le projet des régiments «Hamidiye» a été lancé en 1892. En fait, de nombreuses tribus alévies kurdes de Dersim souhaitent également participer à ce projet. Parce qu’ils voient ce projet comme un «statut» et une «capitulation» pour eux-mêmes. Un autre nom de ce processus est «la paix de l’État et des tribus». Le processus des régiments Hamidiye est la paix de l’État avec les tribus. Donc les Tanzimat sont aussi un projet pour les Kurdes. Cependant, malgré toutes les demandes, aucune tribu kurde-kizilbash de Dersim n’a été inclue aux régiments Hamidiye [Les Hamidiés étaient des régiments de cavalerie légère de l’armée ottomane créé en 1891 et recrutés principalement parmi les tribus kurdes. Leur nom « Hamidiye » vient de celui du sultan Abdülhamid II]. On inclus dans le projet des régiments Hamidiye uniquement des tribus kurdes sunnites.
 
Les relations entre les tribus Cibran et Xormeks, limitées à Dersim, jouent un rôle très important pour Dersim. Dersim devint alors le refuge des tribus Kizilbash. En plein pillages des régiments Hamidiye, les tribus des Xormek et des Lolan de Varto pouvaient riposter contre les pillages effectués par la tribu Cibran.
 
Pendant l’İttihat Terakki (Comité Union et Progrès – CUP, en turc İttihat ve Terakki Cemiyeti) il y eu une certaine calme à Dersim. Surtout avec la dissolution des régiments d’Hamidiye et la sécularisation de la politique d’islamisation Abdulhamid accès sur le sunnisme, Dersim peut enfin respirer. Mais la période de détente a lieu pendant les premières années de l’İttihat Terakki. Par la suite, l’İttihat Terakki met en place la politique de « turquification ». A partir de 1913, l’Etat renoue avec les méthodes de l’époque d’Abdulhamid pasha. Avec la mise en oeuvre des politiques de turquification, l’Etat mettra sur sa liste Dersim qui faisait partie de quelques régions jamais soumises. C’est à dire que l’Etat a décidé qu’a Dersim, la pensée étatique devait prévaloir. Cette liste a été léguée aux Kémalistes après l’İttihat Terakki.
 
Dersim est l’un des endroits que le kémaliste Abdülhalik Renda, l’un des noms importants de l’époque, député de Çankırı, a cités dans ses rapports en 1926, « Il y a trois lieux de problèmes au Kurdistan ». Dersim fait partie de ces lieux cités par Renda. L’hostilité anti-Dersim du pouvoir ottoman citée dans ces rapports, se lège au régime des Tanzimat; Du régime Tanzimat à l’Ittihat Terakki; Il est passé du Comité d’union et de progrès et enfin aux Kémalistes. En 1937, les Kémalistes ont réalisé le rêve que les Ottomans et les Unionistes n’avaient pas pu réalisé jusqu’alors.
 
Dersim est situé au centre du Kurdistan, c’est le cœur du Kurdistan. C’est une région très difficile [du fait sa position géographiques montagneuse difficile d’accès] . En raison de l’incapacité de l’État d’y régner, Dersim devient un port où toutes les tribus des environs peuvent se réfugier, une base pour les Kurdes. Tout comme le Rojava est une base à la fin des années 1920, Dersim est un port interne pour les mouvements kurdes. L’État sait que les codes kurdes de Kizilbash étaient très forts à cette époque. Déjà, en regardant les lettres de Seyid Rıza, la forte revendication kurde est perceptible. Dans de nombreux rapports préparés au cours de cette période, Dersim a été déclaré comme le «centre du kurdisme ». Conformément à ces informations, le régime kémaliste a décidé de disposer de cette base et a mis en œuvre le projet d’anéantissement complet des Kurdes.
 

Alors, peut-on dire que les tribus ont pris part à la résistance contre le massacre?

Certaines tribus ne participent pas à la résistance. Mais ce n’est pas seulement un cas spécifique à Dersim. Dans toutes les sociétés où le féodalisme est fort, il est extrêmement facile de profiter des conflits internes et d’activer la dynamique interne de ces sociétés. En fait, en s’en prenant à Dersim, on cible Seyid Rıza. Parce qu’il y a la lettre qu’il a envoyée à Sèvre en 1920. La raison pour laquelle Dersim est une cible est l’insistance de Dersim en kurdicité.

 
Quand nous regardons l’histoire officielle de l’État turc, on s’aperçoit qu’ils donne comme prétexte la rebelion comme étant la cause profonde des massacres qu’ils ont commis et en même temps, dans leurs discours, ils qualifiaient de « réactionnaires-féodaux », etc. afin de donner une justification légale au massacre. en ajoutant des discours. Pourquoi est-ce ainsi ?
 
Depuis la rebelion de Bitlis en 1914, jusqu’en 1938, l’État s’efforce de dépouiller toutes les révoltes et résistances kurdes d’une personnalité politique pour le revêtir d’un « déguisement judiciaire ». Telle est la politique de l’État et cette politique a commencé avec le processus de rébellion de Bitlis en 1914. Ils ont codé le processus Bitlis comme « un soulèvement réactionnaire contre le régime constitutionnel ». Ils ont également fait témoigner les leaders des tribus et les notables arméniens dans ce sens. Le consul russe de Bitlis de l’époque le reconnaît. Lors de la rébellion de Şêx Said en 1925, une opération a été menée auprès de la presse, et en particulier, on a fait pression sur la presse pour qu’elle présente la rébellion comme étant « réactionnaire, une révolte pour la charia ».
 
Pour la rébellion d’Ağrı, qui est intervenue entre ces deux rebellions, on ne peut trouver un tel alibi. Alors, on la qualifie d’ « agissement de gang » et d’« incitation des États étrangers », et on accuse l’Iran et les Britanniques. Le terme de « pouvoirs extérieurs » d’aujourd’hui remonte en fait à cette époque. Pour Dersim, on a utilisé la qualification de « liquidation du féodalisme ». Quand nous regardons le codage de toutes ces révoltes par le régime républicain, ils ont trouvé un alibi pour chaque rébellion afin de les vider de la kurdicité.
 
Les révoltes kurdes sont-elles connectées les unes aux autres?
 
Toutes ces révoltes et résistances kurdes entre 1914-1938 sont interconnectées. Il s’agit en fait d’un mouvement monolithique. Mais ce sont des projets que l’État a brisés; les empêchant de fusionner entre-eux. Lors de la Rébellion de Bitlis en 1914, si les instructions de Bedirxan avaient étaient attendues, c’est-à-dire si la rébellion avait éclate pendant la guerre, la Première Guerre mondiale aurait pu changer le sort de la rébellion. Cela aurait pu entraîner un résultat positif pour les Kurdes. Mais à cette époque, l’État a pris toutes les précautions pour qu’elle reste locale. L’État a arrêté les membres du clan Bedirxan, en a exécuté quelques-uns, en a exilé plusieurs et en a acheté certains.
 
On voit les mêmes motivations dans la rébellion de Şêx Said en 1925. C’est un calcul remarqué plus tard. Pour le pouvoir ottoman, c’est la revanche sur la rebelion de Bitlis. Cette année-là, Cibranlı Halit Bey avertit de ne pas tenter de soulèvement. Nous n’avons pas de documents, mais je pense que Cibranlı Halit Bey et Alişer se connaissaient, notamment sur la ligne Erzurum. Halit Bey est la seule personne de la tribu Cibran que les tribus Xormek et Lolan respectent . Si la rébellion de 1925 avait été dirigée par Cibranlı Halit Bey, il aurait pu réaliser les unités tribales kurdes et alévies, en particulier au sein du Dersim. Il existe également une telle possibilité.
 
Quel le degré de véracité quand on décrit le massacre de Dersim comme un massacre d’Alévis ?
 
Quand on regarde Tokat, Kastamonu, Bandırma, en dehors de la géographie du Kurdistan, par exemple, les codes alévis des Turcs sont plus radicaux que les codes alévis kurdes. En d’autres termes, le régime kémaliste n’a pas de problème avec l’alévisme tel quel. Par conséquent, il ne suffit pas de qualifier le massacre de Dersim de «massacre d’Alevis» seulement. La raison prédominante orientant l’État contre Dersim est qu’il est kurde. Et c’est le pouvoir que les Kızılbaş (Qizilbash, l’ordre soufi chiite des Safavides auquel certains des Kurdes alévies ont adhéré) ont ajouté à la kurdicité.
 
Quel est le nombre de personnes massacrées et déplacées à Dersim?
 
Étant donné qu’une ou deux personnes de presque toutes les familles ont été anéanties à Dersim, il s’avère qu’entre 70 et 80 000 habitants de Dersim ont été massacrés. Beaucoup de gens ont été tués par le typhus et le choléra dans les prisons où 50 personnes ont été enfermées dans des cellules pour 10 personnes. Il y a beaucoup de gens qui sont morts sur les routes de l’exil. Il y a ceux morts de faim. Cela signifie qu’au moins la moitié de la population de Dersim a été assassinée.
 
Mais les dirigeants kurdes ne pouvaient-ils pas voir un tel massacre ou l’attention de l’État?
 
C’était absolument prévu. Surtout chez les Kurdes après le génocide arménien de 1915, Il y a la suspicion de « Ce qui a été fait aux Arméniens pourrait-il nous arriver? » Quelques années plus tard, le massacre de Koçgiri arrive comme une réponse à cette suspicion. On se disait : « L’État fera des massacres, mais chez les Kurdes alévis ». Cette fois-ci, on s’est dit : « Le feront-ils aux Kurdes sunnites? ». 4-5 ans plus tard, dans le triangle Palu-Genç et Lice, lorsque les villages kurdes ont été incendiés, avec enfants, vieillards, femmes, il était devenu certain qu’on allait massacrer tous les Kurdes.
 
Après le massacre de Zilan en 1930, la géographie du Kurdistan a été sérieusement réduit en silence. Dersim connaissait très bien le massacre de Zilan en 1930. De toute évidence, ils en avaient peur. Mais les habitants de Dersim n’avait pas d’autre choix. Donc, quoi qu’ils fassent, l’État allait commettre ce massacre. On a réfléchi à la manière de prévenir le massacre et des mesures ont été prises pour l’empêcher. La phrase de Seyid Rıza qui aurait dit , «je viendrai me rendre, pourvu que vous n’attaquiez pas Dersim », et le fait que le massacre ait tout de même eu lieu est une indication que l’État ne voulait en aucun cas faire de compromis. A Dersim, le gouvernement veut liquider complètement celui qu’il considère comme un « bandit », « nuisible à la turquicité », et il le fait.
 
Quelle est l’attitude des autres États face à cela ?
 
Aucun Etat ne réagit. Des avions britanniques ont même été utilisés à Zilan. Certains documents ont été rendus publics. «Nos avions ont été utilisés lors de la rébellion d’Ağrı. Nous nous demandons les forces de manœuvre. Mais les Kurdes en ont abattus quelques-uns ». Les Britanniques ont donné des armes à l’État turc à cette époque et ont transformé le Kurdistan en laboratoire. Des documents indiquant que les gaz toxiques utilisés à Dersim appartiennent à l’Allemagne sont également apparus récemment. En dehors de cela, il y a des lettres envoyées par Seyid Rıza à l’Angleterre et à la France, mais ces pays n’entendent pas le cri de Dersim, ils bouchent leurs oreilles.
 
Je suis tombé sur la correspondance interne de la France à cette époque. « Dans ce processus, l’État kémaliste a tué tant de Kurdes à Dersim. Nous entendons cela ». Mais il n’y a aucun commentaire sur les documents. Ils prennent juste l’information, c’est tout. Je n’ai pas trouvé de déclaration condamnant les massacres. Mais surtout avant le massacre de Dersim, les Français ont empêché les Xoybunistes de venir depuis la frontière syrienne. En bloquant les frontières, ils ont apporté un soutien implicite à l’État turc.
 
Quelle est la raison principale du soutien international au Kémalisme?
 
En réalité, les kémalistes se sont en fait battus contre les Grecs, les Arméniens et les Kurdes. Il n’y a pas de combat avec des puissances européennes telles que les Français, les Britanniques, etc., comme le décrit l’histoire officielle. Le régime kémaliste a dominé l’Anatolie à cette époque, en échange de la cession de la province de Mossoul aux Britanniques et de la province d’Alep aux Français et de renoncer à d’autres terres au Moyen-Orient. Il a amélioré ses relations avec les bolcheviques. Les Russes ont abandonné le Kurdistan aux Kémalistes. En fait, il n’y a pas de victoire comme le prétend l’histoire officielle turque. Le sultan Vahdettin allant en Angleterre, le régime ottoman est devenu le régime kémaliste. Les limites sont les mêmes. Le seul changement aux frontières est l’inclusion d’Hatay en 1937 et l’annexion de Chypre en 1974.
 
Quand nous regardons le présent, nous voyons que la politique néo-ottomane est toujours menée par Erdogan et le bloc au pouvoir. Comment les Kurdes peuvent empêcher cette tentative d’occupation?
 
Surtout en 1920, il y a une conspiration internationale contre les Kurdes dans le cadre du traité de Sèvres. Les Kurdes doivent tenir compte du fait que cette conspiration sera répétée. La seule chose qui déjouera cette conspiration est « l’unité nationale ».
 
Le rapport de Mustafa Abdülhalik Renda
 
Mustafa Abdülhalik Renda est l’une des rares personnes à connaître l’esprit de la rébellion kurde et à avoir étudié les révoltes kurdes. Ce sont des gens de Roumélie (la partie de la péninsule balkanique sous domination ottomane), du Comité de l’Union. Pendant leur séjour à Roumélie et dans les Balkans, ce sont les unionistes qui ont connu la guerre avec les insurgés des Balkans et ont lu le concept de rébellion de la littérature française sur le plan politique. Renda a été trouvée dans différentes parties du Kurdistan de 1913 jusqu’au milieu des années 1920. C’est une personne qui dit ne pas avoir digéré le « kurdisme » de son propre aveux, en parlant de la période allant de la rébellion de Bitlis qui a eu lieu en 1914 à la rébellion de Şêx Said en 1925. Le rapport qu’il a préparé en 1926 est important. Dans le rapport, « Il y a trois districts au Kurdistan. La première de ces régions est le mont Ararat et le ruisseau de Zilan; le deuxième est Sason et le troisième est Dersim ». Ils ont perpétré le massacre de Zilan en 1930. Ils ont perpétré un massacre à Sason en 1935. Ils ont perpétré le massacre de Dersim entre 1937 et 1938.
 
L’origine du Comité de l’Union
 
Quand on regarde toutes les révoltes kurdes, on voit que presque tous les commandants turcs qui ont organisé des massacres ou préparé des rapports étaient d’origine thracienne ou balkanique. Comment dois-je lire ceci?
 
Le lieu où le Comité d’union et de progrès a été créé n’est pas le territoire anatolien, c’est Roumélie. Ces personnes sont principalement des immigrants Roumélie. L’Armée du Mouvement, dont l’Union et les progressistes ont pris le commandement, est arrivée à Istanbul de Thessalonique. Cette équipe s’assure que tous les officiers des quartiers de Thessalonique et Roumélie arrivent à des postes clefs. En fait, ce sont ces cadres qui ont fondé la république kémaliste. En d’autres termes, tout en faisant la promotion du turc anatolien ou d’un officier d’origine kurde, arabe et albanaise promu capitaine; Le régime kémaliste – également lié au fait qu’Ataturk soit originaire de Thessalonique – garantit que les immigrants de Roumélie de l’armée montent jusqu’au grade de général. Ce fut le cas jusqu’aux dernières années.
 
Première; ce sont des Serbes, Bulgares, etc. islamisés. Ce sont des peuples des Balkans. En d’autres termes, ce sont des personnes issues de familles islamisées il y a plus de 100-200 ans. Il n’y a aucun autre endroit où ces gens peuvent aller. Ils voient l’Anatolie comme une patrie.
 
De Cevdet Sunay à Fevzi Çakmak, Salih Omurtak, Alpdoğan… Ces personnes sont des officiers de réserve diplômés en tant qu’étudiants militaires, bien avant le génocide de Dersim. Ce sont la génération prometteuse de l’Ittihat Terakki. Ces personnes avaient déjà appris comment le génocide pouvait se faire systématiquement. Cette génération a réalisé le génocide à Zilan en 1930, ils ont théorisé complètement le génocide. Par la suite, ils ont publié des livres éducatifs appelés «guides de recherche de passeurs et de bandits» dans les écoles de gendarmerie. Le but principal de ces livres est de savoir comment tuer des Kurdes et comment faire des massacres. Les directives ont été publiées entre 1930 et 1933. Ils ont été formés au massacre et au génocide dans les écoles de gendarmerie et d’officiers.
 
L’importance de Nuri Dersimi et d’Alişer
 
Quelle est l’importance de Nuri Dersimi et Alişer en termes d’histoire kurde?
 
Contrairement aux intellectuels kurdes, Nouri Dersimi est également un militant. L’anxiété intellectuelle est plus dominante quand on regarde Celadet Ali Bedirhan ou Memduh Selim. Nuri Dersimi est un homme de lutte, d’action. Plus que Seyid Rıza, je pense que Nuri Dersimi n’a pas agit indépendamment d’Alişer. Nuri Dersimi avait un lien politique important avec le Mouvement Xoybun qui était en Syrie. De même, dans son livre, il essaie d’exprimer qu’il a des réseaux de renseignement. À cette époque, nous voyons que le Xoybun existait sous forme d’organisation clandestine presque partout au Kurdistan. En ce sens, je pense que Nuri Dersimi est en fait l’un des rares cadres politiques de la Résistance de Dersim.
 
Un autre de ces cadres politiques est bien sûr Alişer. Alişer a une ambition. Dans sa lettre de 1920, il apparaît comme un acteur kurde ayant l’intention de porter le fardeau de tout le Kurdistan (avec les sunnites, les alévis et les Êzîdîs) et d’être leur dirigeant. Dans sa lettre, il dit: « J’ai parlé aux Russes au nom de 8 millions de Kurdes ». Quand on regarde la lettre qu’Alişer a écrite en 1920, on voit aussi qu’il a suivi attentivement les travaux de la kurdologie de l’époque.

 

*Des documents fuités en mai 2019 révélaient que le fondateur de la Turquie, Ataturk avait acheté des armes chimiques à l’Allemagne nazie (1937) pour les utiliser lors du massacre des Kurdes à Dersim. 

TURQUIE. L’État fait enlever les photos du massacre de Dersim

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TURQUIE / KURDISTAN – Entre 1937 et 1938, l’État turc a massacré près de 70 000 Kurdes alévis dans la région de Dersim et chassé des milliers d’autres tandis qu’il rebaptisait Dersim en « Tunceli » (Main de bronze) du nom de l’opération militaire de cette époque.

Plus de 80 ans après le massacre de Dersim, l’État turc tente toujours de cacher ses nombreux massacres et génocides qu’il a commis envers les peuples millénaires de l’Anataloie qui sont les Kurdes, Arméniens, Grecs… depuis plus d’un siècle. Hier, le sous-gouverneur de Hozat (Kaymakam) a fait retirer les photos du massacre du Dersim exposées sur le Mur 38 de Hozat, un district de Dersim.

 

Le mur Dêrsim 38, construit par le maire de Hozat Cevdet Konak en 2012, comprenait des photographies prises lors du massacre de Dersim* en 1937-1938 et des images contenant les écrits de divers écrivains.

 

Les photographies exposées devant le mur de 60 mètres de long de la rue Cumhuriyet ont été retirées hier par la police, sur décision du gouverneur du district.

 

*Le génocide de Dersim

 

Les politiques hostiles de l’État turc visant la province kurde de Dersim, depuis l’époque ottomane, ont atteint leur apogée en 1937 quand les Kémalistes ont massacré plus de 70 000 Kurdes alévis et en ont chassé 100 000 autres, réalisant le rêve que les Ottomans et les Unionistes n’avaient pas pu réalisé jusqu’alors.
 
En mai 2020, l’historien et chercheur kurde, Sedat Ulugana expliquait le contexte dans lequel le génocide de Dersim a eu lieu, en mettant en évidence la continuité d’une politique anti-Dersim de l’État turc héritée de l’empire ottoman. Un long reportage qui fut réalisé par Barış Balseçer et publié sur le site Yeni Ozgür Politika le 13 mai 2022 : 
 
83 ans se sont écoulés depuis le génocide de Dersim. Selon les chiffres officiels, entre 1937 et 1938, 14 245 [Kurdes alévis] ont été tués lors du massacre, du nom du décret « Opération Tunceli Tenkil », publié avec la décision du Conseil des ministres du 4 mai 1937. Cependant, selon des chercheurs historiques et de nombreuses sources, environ 70 000 personnes ont été tuées lors du génocide, parmi lesquelles des enfants, des personnes âgées et des femmes.

 

IRAN. Risques d’exécution imminente d’un prisonnier politique kurde

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IRAN – Khosrow Besharat, un prisonnier politique kurde emprisonné depuis 14 ans a été mis en isolement dans la prison de Ghezel Hesar à Karaj, dans la province d’Alborz, en vue d’une exécution imminente, quelques heures seulement après l’exécution de son co-accusé, Anvar Khezri, le 1er mai.
 
Besharat fait partie de sept prisonniers d’opinion kurdes condamnés à mort dans une affaire commune pour « propagation de la corruption sur terre » (efsad-e fel arz).
 
Cinq de ses coaccusés, Qasem Abasteh, Ayoub Karimi, Davoud Abdollahi, Farhad Salimi et Anvar Khezri, ont déjà été exécutés ces derniers mois.
 
Plus récemment, les responsables de la prison ont transféré Khezri à l’isolement le 30 avril et l’ont exécuté le lendemain matin sans en informer sa famille ni leur permettre une dernière réunion.
 
Le Réseau des droits humains du Kurdistan (KHRN) a appris que Besharat court également un risque imminent d’exécution suite à son transfert à l’isolement.
 
Besharat a été arrêté en février 2010 par les forces de sécurité à Mahabad, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, et emmené au centre de détention du ministère du Renseignement à Orumiyeh, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental.
 
Dans une lettre qu’il a écrite en 2021, il a raconté sa détention d’un mois et ses tortures au centre de détention du ministère : « C’était en janvier 2010 lorsque j’ai été arrêté par les forces de renseignement à Mahabad et immédiatement transféré au ministère du Renseignement à Orumiyeh. Ils m’ont soumis à diverses formes de torture pendant un mois complet en isolement cellulaire. Souvent, de minuit au matin, des bruits terrifiants, des cris et des hurlements de quelqu’un en train d’être torturé remplissaient l’air, instillant la peur et le tremblement dans tout mon corps. Je n’ai pas pu dormir jusqu’au matin à cause de la peur, et cela m’a beaucoup affligé et torturé mentalement. Ils m’attaquaient souvent les mains par derrière, me faisant gémir de douleur. Plusieurs fois, ils m’ont suspendu au plafond pendant des heures avec des menottes, et à d’autres moments, ils m’ont retenu sur un lit, frappant violemment la plante de mes pieds avec des câbles électriques, faisant presque sortir mon cerveau de ma bouche, et mon mes yeux se détachaient de leurs orbites, tandis que mon cœur avait l’impression qu’il était sur le point d’éclater ».
 
Dans une partie ultérieure de la lettre, il poursuit : « Ces tortures ont continué pendant trois semaines, après quoi ils ont menacé d’arrêter les membres de ma famille. Durant ces tortures et menaces, l’interrogateur a noté les charges retenues contre moi et, dans cet état, j’ai été obligé de signer et de laisser mes empreintes digitales sur le même papier. À ce moment-là, j’avais l’impression de ne pas exister dans ce monde et je ne savais pas que je signais ».
 
Après la fin de sa période d’interrogatoire, le Besharat a passé quelque temps à Mahabad, Orumiyeh et dans le quartier 350 de la prison d’Evin avant d’être transféré à la prison Rajai Shahr à Karaj.
 
En mars 2016, Besharat et ses six coaccusés ont été jugés par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran, présidée par le juge Moghiseh, pour des accusations telles d’« action contre la sécurité nationale », « propagande contre le régime », « appartenance à des groupes salafistes » et « corruption sur terre »
 
Le 25 mai 2016, ils ont été officiellement informés de leur condamnation à mort. Après que l’avocat s’est opposé au verdict rendu, l’affaire a été renvoyée devant la branche 41 de la Cour suprême, présidée par le juge Razini, qui a annulé le verdict début 2017 et a renvoyé l’affaire devant la branche 15 du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran.
 
Après le renvoi de l’affaire devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran, présidée par le juge Salavati, en juin 2018, les sept prisonniers ont de nouveau été condamnés à mort pour « propagation de la corruption sur terre ».
 
Suite à l’objection de l’avocat au verdict rendu, l’affaire a été renvoyée devant la 41e chambre de la Cour suprême et, en février 2020, le verdict a été confirmé sous la pression du ministère du Renseignement.
 
Le 3 février 2020, l’avocat des prisonniers, Mahmoud Alizadeh Tabatabaei, a été officiellement informé du verdict final.
 
En outre, le 30 juin 2018, Besharat a également été condamné à 10 ans de prison dans une affaire distincte devant la 12e chambre de la cour d’appel d’Orumiyeh pour « implication dans un meurtre ».
 
En août 2023, les sept prisonniers ont été transférés à la prison de Ghezel Hesar après la fermeture et l’évacuation de la prison de Rajai Shahr à Karaj.

ALLEMAGNE. Les Kurdes perdent un ami de longue date avec le décès de Celal Başlangıç

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ALLEMAGNE – Les Kurdes ont perdu un ami de longue date en la personne du journaliste et auteur turc Celal Başlangıç, décédé à l’âge de 68 ans des suites d’un cancer en Allemagne où il s’était réfugié pour échapper aux persécutions dans son pays.
 

Le journaliste et auteur turc Celal Başlangıç ​​est décédé vendredi soir à l’âge de 68 ans des suites d’un cancer à l’hôpital universitaire de Cologne, ont confirmé ses proches.

Celal Başlangıç ​ayant débuté sa carrière en 1975 au journal Ege Ekspres, a rejoint le quotidien Cumhuriyet et il est devenu le responsable du bureau d’Adana et de la section politique intérieure dans les années qui suivent le coup d’État militaire du 12 septembre 1980.

En 1989, Başlangıç ​​a fait sensation en révélant que plusieurs villageois kurdes à Cizre  /Şırnak avaient été forcés par des soldats turcs de manger leurs excréments. Lorsque Cumhuriyet a refusé de publier l’article par crainte d’une vengeance de l’État, Başlangıç ​​a menacé de démissionner. Le journal a ensuite publié en première page le cas de torture de Cizre. Son insistance pour que le public soit informé de la réalité de la guerre au Kurdistan a ouvert la voie à la punition des responsables. Des années plus tard, il écrivait ce qui suit dans un texte publié par Bianet : « Ce n’était certainement pas le premier incident au cours duquel des villageois kurdes étaient forcés par les forces de sécurité à manger des excréments. Mais c’était la première fois que les responsables étaient punis pour leurs actes – même si cela s’est produit au terme d’un long processus. Même si les tribunaux nationaux et internationaux n’avaient aucun doute sur l’exactitude de nos reportages, il ne pouvait jamais être ignoré dans les couloirs de l’état-major que j’étais considéré comme un ‘traître’ ».

En 1995, Celal Başlangıç ​​était l’un des cofondateurs du journal Evrensel et un an plus tard, il cofondait le journal Radikal. Il a écrit des chroniques pour T24, Gazete Duvar, Bianet et Haberdar et est l’auteur de plusieurs livres, dont « Kanlı Bilmece » (Énigme sanglante) sur la guerre au Kurdistan. Au milieu des années 2010, il se rend régulièrement dans les provinces kurdes. « Il s’agit de solidarité avec le peuple », a-t-il déclaré. C’était l’époque des couvre-feux et du siège militaire qui ont suivi la proclamation de l’autonomie gouvernementale, qui était une alternative démocratique au « système présidentiel » totalitaire proposé par l’AKP.

En 2019, Başlangıç ​​a été condamné à quinze mois de prison pour « propagande terroriste » pour avoir manifesté sa solidarité avec le quotidien pro-kurde Özgür Gündem, interdit par décret d’urgence en octobre 2016, en devenant symboliquement le « rédacteur en chef » d’Ozgur Gundem. Le journaliste vivait alors à Cologne. Depuis 2017, il avait créé la chaîne de télévision en exil Artı TV et le journal en ligne Artı Gerçek, pour lesquels il avait déjà travaillé en Turquie. En 2021, il avait appris de la police allemande que son nom ​​figurait sur une « liste d’exécution » de plus de cinquante opposants à Erdoğan.

 

L’Union syndicale Solidaire condamne la répression du mouvement kurde en Europe

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PARIS – L’Union syndicale solidaire condamne la répression du mouvement kurde en Europe suite aux récentes arrestations de militants kurdes en France et l’attaques des chaînes de télévision kurdes en Belgique.
 
Voici le communiqué de l’Union syndicale solidaire:
 

La répression du mouvement kurde continue en Europe

 
Belgique
 
Dans la nuit du 23 au 24 avril 2024, 200 policiers belges ont perquisitionné les locaux des chaînes de télévision kurdes Medya-Haber et Sterk TV, basées en Belgique. Du matériel a été saisi et parfois détruit, dans une volonté apparente d’empêcher ces deux chaînes de pouvoir émettre. Des violences policières ont été commises sur les personnes présentes.
 
France
 
Le 24 au matin, la police française a arrêté 9 Kurdes, en Île de France et dans les Bouches-du-Rhône. Quelques semaines plus tôt, la France avait également expulsé trois jeunes militants kurdes, aussitôt arrêtés à leur arrivée en Turquie.
 
En Turquie, une opération a également eu lieu contre la presse indépendante kurde, menant à l’arrestation de 8 journalistes ou travailleurs/euses de la presse.
 
Irak
 
Ces opérations interviennent quelques jours après le lancement d’une nouvelle opération militaire de la Turquie contre le PKK au nord de l’Irak et alors que l’état turc a multiplié les visites à l’étranger. Erdogan, affaibli lors des dernières élections municipales, s’est rendu ces derniers jours en visite officielle en Irak et dans la région kurde où il a rencontré les Barzani, qui l’assistent dans son offensive militaire contre le PKK.
 
Ces développements sont inquiétants et montrent un regain de la collaboration des pays européens et notamment de la France avec le régime turc dans la traque des opposant·es kurdes.
 
L’Union syndicale solidaire condamne avec force cette collaboration indigne et rappelle son soutien au mouvement d’autodétermination du peuple kurde. Le régime macroniste au pouvoir doit cesser sa collaboration avec le régime autoritaire turc et sa politique de répression des militant·es kurdes sur son sol.
 

Festival culturel kurde de Paris. Chopy, Koma Amed et Deza Amed chantent au Cirque d’Hiver

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PARIS – Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) organise du 25 mai au 1er juin 2024 la troisième édition du Festival culturel kurde de Paris, en partenariat avec la Fondation Danielle Mitterrand, la Mairie de Paris et la Mairie de Montreuil. À travers cet événement, unique en France, vous découvrirez la culture kurde et son riche patrimoine.

Grand concert avec Chopy, Koma Amed et Deza Amed

 

Le dernier jour du festival, le 1er juin, sera couronné par un grand concert avec la participation d’artistes kurdes de grande renommée : Chopy, Koma Amed, Deza Amed… (Billets à acheter ici)

 

Invitant à la découverte d’un des plus anciens peuples de Mésopotamie, ce festival représente un rendez-vous authentique et un appel à la curiosité. Il rappelle la diversité culturelle dans le monde qui est le nôtre et l’importance d’en préserver toutes les richesses.

Venez nombreux découvrir l’une des plus anciennes cultures de la Mésopotamie lors de cette troisième édition du Festival culturel kurde de Paris !

Chopy

Née en 1983 à Kirkuk, au cœur du Kurdistan irakien, Chopy Fatah, souvent stylisée sous l’orthographe kurde Çopî, est une chanteuse kurde contemporaine réputée. En 1988, elle migre avec sa famille aux Pays-Bas, où elle développe très jeune une passion pour la musique et le chant. Son talent précoce lui permet de se distinguer dès l’école, où elle remporte le premier prix d’un concours de chant.

Chopy a commencé à forger son art musical dans une chorale à Heiloo, aux Pays-Bas, recevant souvent l’opportunité de se produire en solo. À seulement 13 ans, elle entame des cours de chant et apprend le clavier, ce qui l’amène à s’inscrire à l’Académie de Cologne en Allemagne à 16 ans. Là, elle étudie sous la houlette du professeur de musique kurde, M. Wirya Ahmad, et fait ses premiers pas sur scène à La Haye en 2000.

Chopy fait ses débuts au Kurdistan lors d’un festival majeur, se produisant devant environ 100 000 personnes dans un stade de football. Cette expérience devient un tournant dans sa carrière. En 2003, elle lance son premier album, « Çît Naw Binêm », sous la supervision de M. Burhan Mofti. Ce succès est suivi par deux autres albums : « Nawit Denem Zino » en 2007 et « Crystal » en 2010.

Sa présence à la télévision débute à 16 ans avec l’émission « Shanasin » sur MedyaTV, et elle continue d’apparaître régulièrement sur les principales chaînes kurdes telles que KTV et Kurdsat. Connue pour sa capacité à toucher les cœurs à travers le Kurdistan, elle donne des concerts dans les régions kurdes de Turquie, d’Iran, d’Irak, de Syrie et même d’Arménie.

Chopy est particulièrement vénérée pour ses performances courageuses à Kirkuk, sa ville natale, malgré les défis sécuritaires persistants. Sa dévotion à sa communauté et son héritage kurde font d’elle une figure emblématique de la musique kurde, dont la voix continue de résonner bien au-delà des frontières de sa terre natale.

Koma Amed

 Fondé à Ankara en 1988 par un groupe d’étudiants majoritairement issus de la faculté de médecine, Koma Amed émerge durant une période vibrante mais tumultueuse pour le peuple kurde. Dans un contexte où la culture kurde et sa langue étaient sévèrement réprimées, le groupe ne pouvait exprimer sa musique qu’à travers de rares rassemblements. Malgré ces défis, Koma Amed a enregistré son premier album, Kulîlka Azadî, en 1990. Cet album, gravé en une seule journée sous des conditions extrêmes, comprend notamment une version kurde de l’hymne international « Bella Ciao » (Çaw Bella). À travers des copies clandestines, l’album a atteint un large public, marquant plusieurs premières pour la communauté kurde.

En 1993, le groupe déménage à Istanbul et se joint au Centre culturel de Mezopotamie, le premier centre culturel et artistique kurde de la ville. Koma Amed continue de se faire un nom en tant que pionnier de la musique de groupe kurde, et sort son deuxième album, Agir û Mirov, en 1995. Les membres du groupe, incapables de se produire au Kurdistan, ont toutefois tourné à travers la Turquie et l’Europe.

Leur tournée de 1996, sponsorisée par le Parti communiste italien, a marqué une autre première historique, exposant la musique kurde à travers de nombreuses villes italiennes. L’esprit politique d’émancipation et de résistance infuse leurs compositions, qui puisent aussi dans la musique traditionnelle kurde et la littérature orale.

Leur troisième album, Dergûş (1997), a été un tournant majeur. L’album a transcendé les frontières locales pour toucher une audience mondiale, grâce à une approche novatrice de la musique folklorique traditionnelle kurde. L’impact de Dergûş fut tel que le ministre des affaires étrangères de l’époque a utilisé l’album pour souligner la présence kurde en Turquie auprès des ministres de l’Union européenne.

Cependant, la pression politique a contraint de nombreux membres à demander l’asile, dispersant le groupe dans divers pays. Un facteur qui, combiné avec leur installation à Paris, a mené à une désintégration temporaire. En 2015, exactement 27 ans après leur formation, Koma Amed s’est retrouvé à Paris pour interpréter de nouveau leurs chansons emblématiques, confirmant leur héritage durable dans la musique kurde.

Deza Amed

Né dans la région kurde de Karakoçan en 1982, Deza Amed a émigré à Paris en 1996, où il réside depuis, représentant fièrement la diaspora kurde. Malgré l’exil, il demeure profondément attaché à ses racines kurdes tout en embrassant avec respect et affection la culture française. Artiste kurde engagé, il s’exprime à travers ses œuvres en zazaki, un dialecte kurde, pour illustrer et défendre les valeurs de son peuple.

Exclu de son Kurdistan natal en raison de son militantisme pour les droits de son peuple, Deza Amed a donné des concerts à travers l’Europe. En 2016, il a sorti un album de 10 chansons intitulé « Welatê Ma » entièrement dédié à la nostalgie de son pays.

En 2022, il continue d’enrichir son répertoire avec « Ma Ferqli » , un album composé de 12 œuvres authentiques. Défenseur passionné du zazaki, sa langue maternelle menacée de disparition, il a choisi de chanter exclusivement dans cette langue qu’il aspire à faire revivre.

Deza Amed est plus qu’un artiste; il est un gardien de la culture et un pont entre son héritage kurde et le monde.

IRAN. Les gardes-frontaliers tuent deux kolbars kurdes

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IRAN / KURDISTAN – Jalal Sohrabi et Hemin Ahmadi, deux kolbars kurdes ont été tués par des tirs directs des forces armées iraniennes entre le 1er et 2 mai. En avril 2024, au moins 4 Kolbars ont perdu la vie et 33 ont été blessés aux frontières du Kurdistan iranien. Les gardes-frontaliers étaient impliquées dans 92 % des cas.
 
Le kolbar Jalal Sohrabi, un Kolbar marié et père de deux filles, a été mortellement abattu par les forces du régiment frontalier iranien alors qu’il transportait des marchandises à la frontière de Baneh, dans la province du Kurdistan (Sanandaj). Suhrabî avait déjà été blessé par les forces iraniennes il y a 9 mois.
 
Le 1er mai, Hemin Ahmadi, un Kolbar de Saqqez, père d’une fillette de 8 ans, a également été tué par le tir direct des forces du régiment frontalier aux frontières de cette ville.
 
Selon les statistiques compilées par l’ONG Hengaw, en avril 2024, au moins 4 Kolbars ont perdu la vie et 33 ont été blessés aux frontières du Kurdistan iranien. Dans 92 % de ces cas, des Kolbars ont été tués ou blessés par des tirs directs des gardes-frontaliers.

TURQUIE. Appel à transformer le 3 mai en une « Journée de solidarité avec les journalistes kurdes »

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TURQUIE – Le codirecteur de l’Association des études sur les médias et le droit (MLSA), Veysel Ok, a attiré l’attention sur les pressions auxquelles sont soumis les journalistes kurdes et a suggéré que le 3 mai soit célébré comme « Journée de solidarité avec les journalistes kurdes ». Ok a également déploré l’absence d’intérêt des médias occidentaux devant la persécution des journalistes kurdes en Turquie.
 
Le 1993, l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) a proclamé le 3 mai Journée mondiale de liberté de la presse pour sensibiliser à l’importance de la liberté de la presse. Depuis, le 3 mai est célébré partout dans le monde comme la « Journée mondiale de la liberté de la presse ». En Turquie, qui occupe le 165e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse, les journalistes et les médias sont confrontés à des arrestations, des détentions, des censures et des fermetures.
 
Selon les données de l’Association des journalistes Dicle Fırat (Dicle Fırat Gazeteciler Derneği-DFG), au moins 894 journalistes ont été arrêtés depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002. Le codirecteur de l’Association des études sur les médias et le droit (en turc: Medya ve Hukuk Çalışmalar Derneği, en anglais: Media and Law Studies Association), Veysel Ok, qui suit les cas des journalistes et les procédures judiciaires, a fait des évaluations à l’occasion du 3 mai.
Veysel OK
 

« La liberté d’expression est menacée »

 
Signalant que la liberté de la presse et d’expression est menacée en Turquie, qui se classe derrière dans le classement international de la liberté de la presse, Ok a déclaré que le gouvernement harcèle les journalistes qui ne sont pas d’accord avec ses opinions par le biais du système judiciaire. Soulignant que cette attitude affecte négativement la structure démocratique et les relations internationales de la Turquie, Ok a poursuivi :
 
« Les lois sur la désinformation adoptées ces dernières années augmentent la pression sur les journalistes. Ces lois visent à contrôler le flux d’informations du gouvernement et à réprimer les voix critiques. Sur la scène internationale, la situation de la Turquie en matière de liberté de la presse est suivie de près. Cependant, il n’y a pas encore eu de sanctions (…). En conséquence, les inquiétudes concernant la liberté de la presse augmentent en Turquie. »
 

Arrestation de journalistes kurdes

 
Rappelant que l’impasse dans la question kurde se reflète dans les institutions kurdes, Ok a souligné que l’un des domaines où la pression est la plus intense est celui des médias kurdes. Soulignant que des opérations sont menées régulièrement chaque mois contre les journalistes kurdes, OK a déclaré :
 
« L’année dernière, lors de la Journée de la liberté de la presse, les journalistes Dicle Müftüoğlu et Sedat Yılmaz ont été arrêtés. Cette année, Erdoğan Alayumat, Esra Solin Dal et Mehmet Aslan ont été arrêtés. Ce processus est devenu systématique avec les pressions exercées sur les journalistes. La première des principales raisons de ces pressions pourrait être d’envoyer un message à tous les journalistes à travers la censure et la pression sur les journalistes kurdes. Deuxièmement, la nature non résolue de la question kurde et le manque de dialogue font craindre que les pressions ne s’accentuent davantage. »
 

Appel à la solidarité

 
Critiquant l’insuffisance de la solidarité au niveau international envers les médias kurdes, Ok a déclaré :
 
« Il n’y a pas assez de solidarité en Occident. Cela ne révèle pas un combat fort pour la liberté de la presse. L’arrestation d’un journaliste est l’arrestation d’un peuple. Parce que ce journaliste révèle un événement qui s’est produit à Şırnak ou à Hakkari. En d’autres termes, le droit du public à l’information est supprimé. C’est pourquoi il est nécessaire de faire du 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, une Journée de solidarité avec les journalistes kurdes. »

LIBAN. Le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » scandé lors de la manifestation du 1er mai

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LIBAN – Les membres de l’Association socioculturelle Newroz et de l’Association des femmes kurdes, Jîn, ont participé à la manifestation du 1er mai dans la capitale libanaise, Beyrouth. Les manifestant.e.s kurdes ont scandé le célèbre slogan « Jin, Jiyan, Azadi » (« Femme, Vie, Liberté »).
 
A l’occasion de la Journée internationale des travailleur.e.s, une manifestation massive a eu lieu à Beyrouth, au Liban. Les association kurdes Newroz, Jîn Women Association et de nombreux partis, associations, société civile organisations et associations de femmes y ont participé à la manifestations organisées par la Fédération du travail et des syndicats du Liban.
 
La marche est partie de la place Barbir à Beyrouth, la capitale libanaise, et s’est dirigée vers la place Riad Solh, avec des participants hommes et femmes affirmant leur lien étroit avec le leader kurde Abdullah Öcalan et scandant les slogans « Be Serok, jîyan nabe (Il n’y a pas de vie sans le leader) » et « Jin, Jiyan, Azadî (Femme, Vie, Liberté) ».

TURQUIE. Un cinéaste parmi des dizaines de Kurdes arrêtées lors de rafles politiques

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TURQUIE / KURDISTAN – Des dizaines de personnes ont été arrêtés dans les provinces de Bursa, Izmir et Mardin dans le cadre de rafles politiques ciblant les milieux kurdes. Le réalisateur kurde, Koray Kesik fait partie des personnes arrêtées pour « faire de la propagande pour une organisation terroriste ».
 

BURSA

 
Dans le cadre d’une enquête menée par le parquet général de Bursa, des descentes de police simultanées ont été effectuées dans la matinée à de nombreuses adresses différentes. Plus de 20 personnes ont été arrêtées lors des perquisitions, dont Sabiha Toktaş, Saliha Toktaş, Nesiba Akan, Yusuf Yağız, Mahmut Yıldırım, Sadiye Çelik, Nurcan Apakan, Elif Karatekin, Mazlum Aymaz, Emine Borne, Yusuf Vural.
 
On a appris que les personnes arrêtées ont été emmenées au département de la police provinciale de Bursa, accusées de « faire de la propagande pour une organisation terroriste ».
 

MARDIN

 
Une personne a été arrêtée lors des perquisitions à Amrdin/Nisêbîn. A Izmir, Koray Kesik, le directeur artistique du documentaire Bakur, a été arrêté.
Trois maisons ont été perquisitionnées dans la matinée dans le village de Marîn du district de Nisêbîn (Nusaybin) à Mêrdîn. Abdurrahim Dayan a été arrêté lors des perquisitions.
D’autre part, les étudiants Özgür Zirek et Nurullah Durmaz, qui ont été arrêtés hier lors des perquisitions à Mardin/Artuklu, ont été déférés au palais de justice après les procédures de sécurité.

IZMIR

Le réalisateur kurde, Koray Kesik a été arrêté lors d’une perquisition menée contre son domicile à Izmir. Kesik a été directeur de la photographie et directeur artistique de nombreux films, dont le documentaire Bakûr qualifié par le régime turc de « faire de la propagande pour une organisation terroriste [PKK] ».