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ROJAVA. Manifestation monstre en soutien aux FDS

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SYRIE / ROJAVA – Des milliers d’habitants du canton de l’Euphrate ont manifesté dans la ville kurde de Kobanê pour exprimer leur soutien continu et indéfectible aux Forces démocratiques syriennes (FDS) et leur engagement envers l’administration autonome du Rojava / Syrie du Nord et d’Est.

Une foule composée de toutes les composantes du canton de l’Euphrate ont manifesté à Kobanê en réaffirmant le soutien continu des habitants de la région aux FDS et l’adhésion au projet de l’administration autonome comme solution fondamentale à la crise syrienne.

La marche a débuté sur la place de la Femme libre dans la ville de Kobani, où les participants portaient des photos du leader Abdullah Öcalan à côté des drapeaux des FDS, tout en scandant des slogans tels que « La résistance, c’est la vie », « Vive la résistance des Forces démocratiques syriennes » et « Pas de vie sans le Leader [Ocalan] ».

La marche s’est terminée Place de la Paix, où elle s’est transformée en un rassemblement de masse. L’événement a débuté par une minute de silence, suivie d’un discours de Farhan Haj Issa, coprésident de l’Administration autonome démocratique du canton de l’Euphrate. Il a déclaré : « Nous soutenons les FDS, car elles nous représentent et représentent notre identité », soulignant que les FDS incarnent l’essence des valeurs humaines et incluent toutes les composantes syriennes.

Farhan a ajouté que les FDS sont composées de Kurdes, d’Arabes, de Syriaques et d’autres composantes de la société syrienne. « Les Forces démocratiques syriennes livrent bataille pour protéger la Syrie de ses ennemis. Soucieuses de protéger chaque individu et de préserver l’identité humaine, il est de notre devoir de les soutenir de toutes nos forces et de rester à leurs côtés comme des alliés. »

Le rassemblement de masse s’est terminé par des slogans « La résistance, c’est la vie » et « Vive la résistance des FDS ». (ANHA)

Al-Sharaa représente-t-il le peuple syrien ?

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SYRIE / ROJAVA – Aldar Khalil du parti kurde PYD a répondu à l’affirmation d’Al – Sharaa (Jolani) qui affirmait que les Forces Démocratique Syriens (FDS) ne représentent pas les Kurdes : « Ni le Rojava, ni les régions côtières, ni Soueïda ne vous acceptent, pas plus que les sunnites, les alaouites, les yézidis, les chrétiens, les druzes, les assyriens ou les syriaques. Qui est réellement à vos côtés ? »

Alors, si les peuples de Syrie ne soutiennent pas cet islamiste autoproclamé président syrien, qui le soutient? Voici quelques éléments de réponse rapportés par le journaliste Zeki Bedran :

« Al-Sharaa représente-t-il vraiment l’ensemble du peuple syrien ? Si des élections libres avaient lieu aujourd’hui, quel pourcentage des voix obtiendrait-il ? », s’interroge Zeki Bedran dans cette nouvelle analyse.

Après la fin du régime baasiste en Syrie, la situation de la population n’a guère changé. Le HTC, qui a remplacé le parti baasiste, s’est attaché à construire un système encore plus rétrograde que le système baasiste à parti unique. Il a prétendu reconstruire l’État, mais chaque mesure prise était unilatérale. Il a exclu du processus tous les partis, acteurs politiques et groupes sociaux, à l’exception d’eux-mêmes. Le gouvernement actuel a été entièrement nommé par HTC. Des mois se sont écoulés depuis le changement de pouvoir, et ce sont les massacres commis par HTC qui ont marqué ce processus. Au lieu de s’arrêter et de prendre des mesures après le massacre des Alaouites, il a appliqué des politiques similaires contre les Druzes.

Les puissances occidentales ont reconnu Ahmed al-Sharaa comme président de la Syrie et ont accepté l’administration qu’il avait mise en place. Malgré leurs inquiétudes et leurs réserves, elles ont déclaré qu’elles maintiendraient le HTS, prétextant l’absence d’alternative. Cependant, au lieu de se préoccuper de la situation de la population, elles ont privilégié leurs propres intérêts et se sont attachées à établir des équilibres politiques.

HTC prétend protéger l’unité de la Syrie. Or, les unités les plus solides reposent sur le volontariat et le consentement du peuple. HTC, quant à lui, poursuit cet objectif par la coercition, contraignant chacun à la soumission et établissant sa domination. Ainsi, au lieu de créer l’unité, il exacerbe l’anxiété, la peur et la méfiance.

Les Druzes sont désormais beaucoup plus éloignés de Damas qu’auparavant. Les Alaouites vivent dans un climat de profonde insécurité et de peur. Les régions autonomes étaient prêtes à participer à la construction d’une Syrie démocratique et à partager leurs expériences démocratiques, mais elles aussi ont été exclues. Damas, faisant écho à la rhétorique turque, a continué de qualifier et de cibler les populations de ces régions de « séparatistes ». Des pays comme les États-Unis et la France sont intervenus comme médiateurs pour réconcilier les parties, mais ces initiatives ont été bloquées par la Turquie. Au lieu d’unifier le peuple syrien et de rechercher un compromis avec les différentes forces, HTC a persisté à s’imposer et à suivre sa propre voie.

Il a été annoncé qu’Ahmed al-Sharaa participerait à l’Assemblée générale des Nations Unies. Il y parlerait au nom de l’État syrien. Pourtant, peu d’attention est accordée à la nature de la Syrie qui le soutient. Pour présenter son administration comme légitime, il évoquera les élections et tentera de se vendre en déclarant : « Nous avons organisé des élections, notre situation est normale, comme celle des autres États. » Or, en réalité, de telles élections n’existent pas.

Nulle part au monde des élections ne se déroulent de cette manière ; de telles pratiques existaient peut-être au début du siècle dernier, mais plus aujourd’hui. Qualifier des personnes de « députés » tout en désignant directement un tiers d’entre eux ne signifie pas qu’ils représentent le peuple, mais qu’ils sont des responsables d’al-Sharaa. Les autres ne sont pas non plus élus par le peuple ; ils sont choisis par des commissions nommées par HTS. (Et il n’est même pas certain qu’une élection aussi douteuse ait lieu.) Les partis politiques et les différentes organisations en Syrie ne peuvent participer aux élections. Il n’existe ni loi électorale ni scrutin. Qualifier cela d’« élection » est impossible. Pourtant, l’ONU, par sa résolution 2254, avait déjà appelé à des élections et à une solution politique en Syrie avec la participation de toutes les parties. Aujourd’hui, cette résolution est ignorée.

Comme on peut le constater, la Syrie ne s’est ni redressée ni réunifiée. HTC n’a ni la mentalité ni la pratique nécessaires. Il ne s’est pas opposé ni n’a agi contre la présence militaire turque en Syrie ni contre son intervention libre dans les affaires intérieures syriennes. En réprimant les Druzes, il les a contraints à fuir en Israël. Il tente également de soumettre la région autonome, qui constitue une partie importante du territoire syrien, par la pression et, en cas d’échec, prépare une attaque. Sur ce point, il agit en parfaite harmonie avec la Turquie.

L’Administration autonome a ouvert sa porte à toutes les négociations et à tous les efforts en faveur de l’unité et d’une solution pour la Syrie. Elle n’a rejeté aucune proposition et s’est toujours montrée prête à prendre des mesures concrètes. Pourtant, le gouvernement intérimaire de Damas n’a pris aucune mesure concrète à ce jour. Il a plutôt accusé l’Administration autonome de ne pas avoir respecté l’accord du 10 mars.

Pourtant, l’accord prévoit la création d’un comité de négociation et la recherche d’un consensus entre les parties sur l’unification. Si la Région autonome doit simplement céder ses structures militaires, administratives et politiques à HTS, quel est l’intérêt d’un accord ou de comités de négociation ? De plus, l’accord inclut des clauses garantissant les droits des Kurdes dans la constitution. Ahmed al-Sharaa en personne l’a signée. Or, la constitution intérimaire annoncée ultérieurement ne comportait aucun article ni aucune garantie de ce type.

Ils diffusent désormais leur propagande dans le monde entier, affirmant que « les FDS et l’Administration autonome ne respectent pas l’accord »Il est donc clair que leur signature n’était qu’un stratagème pour gagner du temps et tromper.

Al-Sharaa déclare : « Les FDS ne représentent pas tous les Kurdes. » Il faut alors se demander : al-Sharaa représente-t-il l’ensemble du peuple syrien ? Si des élections libres avaient lieu aujourd’hui, quel pourcentage des voix obtiendrait-il ? Il est certain que les FDS représentent le peuple bien davantage qu’al-Sharaa.

Ce n’est pas le langage de la solution ou de la réconciliation. L’exclusion et la marginalisation ne servent à rien. Les Syriens aspirent à vivre ensemble dans un environnement pacifique et démocratique. La solution ne réside pas dans la guerre et l’exclusion, mais dans l’unité. (ANF) 

Des diplomates américains démis de leurs fonctions en lien avec le Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Tom Barrack, l’envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, aurait limogé plusieurs diplomates américains les plus haut placés en charge de la Syrie en lien avec l’avenir des Kurdes syriens. Barrack défend la soumission des Kurdes du Rojava à al-Sharaa tandis que les diplomates renvoyés auraient défendu l’autonomie des Kurdes.

Reuters a rapporté jeudi que « certains des diplomates américains les plus haut placés en charge de la Syrie » ont été démis de leurs fonctions à la fin de la semaine dernière, citant cinq sources proches du dossier.

Les diplomates travaillaient à la Plateforme régionale syrienne (SRP), selon le média, et tous rendaient compte à Tom Barrack, l’envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie.

 

Une source diplomatique américaine a expliqué que la décision de licencier certains employés s’inscrivait dans le cadre d’une réorganisation de l’équipe, soulignant que la politique américaine en Syrie « ne serait pas affectée » par cette décision. Cependant, des diplomates occidentaux et des sources basées aux États-Unis ont qualifié ces mesures d’« involontaires et soudaines », les liant aux divergences de vues au sein de l’équipe concernant l’avenir des Forces démocratiques syriennes et leurs relations avec le gouvernement de transition syrien.

Depuis la fermeture de l’ambassade américaine à Damas en 2012, la Plateforme régionale syrienne d’Istanbul est devenue de facto la mission américaine en Syrie, avec des bureaux dispersés dans la région. Tout changement au sein de son personnel témoigne de l’évolution des priorités de Washington dans le dossier syrien.

ROJAVA. Manifestations monstres pour une Syrie décentralisée

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SYRIE / ROJAVA – Aujourd’hui, les trois grandes villes du canton de Jazera sous contrôle de l’administration arabo-kurde ont été le théâtre de manifestations de masse exigeant la construction d’une Syrie décentralisée.

Des rassemblements massifs ont eu lieu dans trois grandes villes du canton de Jazira, réunissant des milliers de personnes venues de tout le canton, dont des partis politiques, des tribus arabes et kurdes, ainsi que des organisations politiques et sociales. Ils réclamaient la libération physique du leader Abdullah Öcalan, le droit à l’espoir et la construction d’une Syrie démocratique.

Dans la ville de Qamishli, des milliers d’habitants des villes de Qamishli, Amuda, Tal Hamis et Tirbespiyê se sont rassemblés devant le stade des Martyrs du 12 mars pour participer au rassemblement de masse exigeant une Syrie démocratique et pluraliste.

Un rassemblement similaire a eu lieu dans la ville de Derik, dans le parc Dijla, avec la participation des habitants des villes de Derik, Girkê Legê, Çil Agha et Tal Kocher, pour affirmer le droit à l’espoir et à la construction de la démocratie.

Dans la ville de Hasaka, un rassemblement de masse a eu lieu dans le centre-ville avec la participation des habitants des villes de Hasaka, Tal Tamr, Darbasiyah, Shaddadi, Tal Brak et al-Hol, pour exiger le droit à l’espoir et la liberté physique du leader Abdullah Ocalan. (ANHA)

TURQUIE. La justice turque censure les publications concernant la mort de Rojin K. sur les réseaux sociaux

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TURQUIE / KURDISTAN – Un tribunal de Van a ordonné l’interdiction d’accès aux publications sur les réseaux sociaux liées à la mort suspecte de l’étudiante kurde Rojin Kabaiş. Les députés du DEM Parti ont demandé une enquête parlementaire sur cette affaire, soulignant des questions restées sans réponse.

Un tribunal a ordonné l’interdiction d’accès aux publications sur les réseaux sociaux liées à la mort suspecte de Rojin Kabaiş, une étudiante kurde de 21 ans, dont le corps a été retrouvé en octobre de l’année dernière dans la province orientale de Van, plus de deux semaines après sa disparition.

Un tribunal de Van a publié une ordonnance ciblant plus de 200 publications et plusieurs comptes sur X. La décision a été prise suite à une demande de l’université Van Yüzüncü Yıl, où Kabaiş était inscrite.

Kabaiş a disparu le 27 septembre 2024 après avoir quitté sa résidence universitaire. Son corps a été retrouvé 18 jours plus tard au bord du lac de Van. Les rapports d’autopsie ont indiqué que la cause du décès était une noyade, mais les incertitudes persistent.

Invoquant l’échec des enquêtes à aboutir à des conclusions définitives, les députés du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM Parti) ont présenté le 15 septembre une motion demandant une enquête parlementaire sur cette affaire.

Dans la motion, les députés DEM Parti Sinan Çiftyürek, Gülderen Varlı, Gülcan Kaçmaz Sayyiğit, Mahmut Dindar et Zülküf Uçar ont souligné plusieurs problèmes non résolus :

  • L’omission de divulguer des preuves ADN au public
  • La distance entre le lieu où Kabaiş a été vue pour la dernière fois et celui où son corps a été retrouvé
  • L’absence d’images de vidéosurveillance rendues publiques
  • L’ordonnance de confidentialité placée sur le dossier

Les députés ont fait valoir que ces irrégularités soulèvent des préoccupations plus larges dans un contexte d’augmentation des cas de décès suspects et de violences contre les femmes.

« Les incertitudes entourant l’affaire Rojin Kabaiş ont profondément blessé la conscience publique », indique la motion. « L’ordonnance de confidentialité doit être levée et toute négligence ou ingérence potentielle doit être révélée. »

Ils ont exhorté le Parlement à prendre des mesures pour clarifier la mort de Kabaiş et pour empêcher que des incidents similaires ne se reproduisent. (Bianet)

IRAN. Les mollahs menacent la mère d’un manifestant tué en 2022

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IRAN / ROJHILAT – A l’occasion du 3e anniversaire de la mort de Jina Mahsa Amini, le ministère du Renseignement de la ville kurde de Sanandaj (Sînê) a convoqué Nahiyeh Rahimi, 71 ans, mère du manifestant assassiné Ramin Fatehi, la menaçant au sujet des visites au cimetière et des activités de ses proches à l’étranger.

Le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (Kurdistan Human Rights Network – KHRN) a appris que le bureau du ministère du Renseignement à Sanandaj, dans la province du Kurdistan, a convoqué et interrogé la mère du manifestant assassiné Ramin Fatehi à l’occasion du troisième anniversaire de la mort de Jina Amini en détention.

Le 16 septembre, à l’occasion de cet anniversaire, Nahiyeh Rahimi, 71 ans, a été interrogée pendant plusieurs heures après avoir répondu à une convocation téléphonique la veille.

Des sources de KHRN ont déclaré que Rahimi, qui souffre d’une maladie cardiaque, a subi des pressions et des menaces à cause de ses visites sur les tombes de son fils et d’autres manifestants du soulèvement « Jin, Jiyan, Azadi » (Femmes, Vie, Liberté), ainsi que des activités des membres de sa famille à l’étranger.

Cette évolution fait suite à la récente convocation, à l’interrogatoire et aux menaces proférées contre le frère de Ramin, Wrya Fatehi, par le même bureau de sécurité.

Ramin, Wrya et leur sœur Rada ont été arrêtées à Sanandaj les 13 et 14 octobre 2022 lors du soulèvement antigouvernemental Femmes, Vie, Liberté.

Le 21 octobre, une semaine plus tard, les services de renseignements ont informé la famille Fatehi que Ramin s’était « suicidé » en détention. La famille rejette cette affirmation, affirmant qu’il est mort des suites de tortures.

Les forces de sécurité ont enterré son corps la nuit dans le cimetière de Behesht-e Mohammadi sans la présence de la famille.

Rada et Wrya ont ensuite été libérés le 3 novembre 2022 après 21 jours de détention, contre une caution de 20 milliards de rials (près de 20 000 dollars américains).

SYRIE. Trois jeunes Kurdes, dont une citoyenne allemande, enlevées dans une zone tenue par Damas

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SYRIE / ROJAVA – Le week-end dernier, trois jeunes kurdes ont été kidnappées dans une zone contrôlée par le régime islamiste de Damas. Deux des jeunes filles enlevées sont la ressortissante allemande Norman Jalal et son amie Fatima Salih, toutes deux originaires de Kobanê. Fatima serait morte sous la torture tandis que les ravisseurs auraient demandé une rançon de 150 000 euros pour la libération de Norman.

Trois jeunes filles kurdes, dont une citoyenne allemande, ont été enlevées ce week-end dans une zone contrôlée par Damas, à l’est de la province d’Alep, dans le nord de la Syrie, ont confirmé mardi à Rudaw un membre de leur famille et un militant. Ils ont ajouté que les ravisseurs n’avaient pas encore formulé de demandes, tandis que le sort et le lieu où se trouvent les jeunes femmes restent inconnus.

Deux des jeunes filles enlevées sont identifiées comme étant la ressortissante allemande Norman Jalal et son amie Fatima Salih, toutes deux originaires de Kobanê, une ville à majorité kurde du nord de la Syrie.

Mustafa Adil, un proche de Norman, a déclaré lundi à Rudaw qu’elle devait retourner à Hanovre, en Allemagne, où elle et sa famille résident, dans les dix jours, après une visite à Kobané.

Norman, qui travaille comme esthéticienne, « s’était rendue de Kobanê à Alep samedi à 18 heures [heure locale] pour acheter des fournitures pour son travail », a déclaré Adil. Elle conduisait un véhicule noir immatriculé à Kobané, a-t-il précisé, précisant qu’elle et son amie avaient traversé le district de Tabqa, situé à l’ouest du nord-est de la Syrie (Rojava), pour se rendre à Deir Hafer, à l’est d’Alep.

Deir Hafer est une zone stratégique qui a récemment été le théâtre d’affrontements intermittents entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes et des factions armées alignées sur le gouvernement de Damas. Elle est en grande partie sous la tutelle des FDS. Tabqa est également gouvernée par l’Administration démocratique autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), dirigée par les Kurdes, au Rojava, et bénéficie d’une forte présence des FDS. Les forces kurdes, soutenues par les États-Unis, constituent de facto la force militaire du Rojava.

Les factions affiliées à Damas font pression pour s’emparer de Deir Hafer, car cela leur permettrait d’ouvrir un corridor logistique vers la province de Raqqa, dans le centre-nord de la Syrie, et d’exercer une pression militaire sur les FDS à Tabqa et dans d’autres régions cruciales pour les opérations des forces kurdes. Ces régions comprennent le barrage de Tishreen et Qere Qozaq, à l’ouest du Rojava, que les milices soutenues par Ankara n’ont pas réussi à reprendre à la fin de l’année dernière malgré des mois de combats intenses.

Après que Norman et son amie « ont quitté les zones contrôlées par les camarades [des FDS] pour se rendre à Alep, nous avons perdu contact avec eux après leur entrée dans les [zones contrôlées par Damas] », a déclaré Adil. Il a précisé que les deux jeunes filles kurdes avaient été capturées à un poste de contrôle tenu par une milice armée « avant d’entrer à Alep ».

Dimanche soir, les ravisseurs ont contacté la famille de Norman pour confirmer qu’elle avait été enlevée contre rançon en échange de sa libération, sans préciser le montant exact.

Lors de l’appel, les ravisseurs ont autorisé son père à la contacter au téléphone. « Sa voix au téléphone n’était pas claire », a déclaré Adil, ajoutant que le père de Norman « a demandé combien d’argent ils voulaient. Ils ont dit qu’ils nous informeraient plus tard », a-t-il ajouté, précisant : « Nous n’avons plus eu de nouvelles d’eux [les ravisseurs] depuis. »

Bien que l’on ignore encore si l’enlèvement était prémédité, Adil a souligné que les plaques d’immatriculation de Kobané du véhicule auraient pu permettre au groupe armé d’identifier facilement les deux jeunes femmes comme des Kurdes du Rojava.

La famille de Norman a contacté la mission diplomatique allemande à Damas et les FDS dirigées par les Kurdes, a indiqué Adil, mais s’est abstenue de contacter les autorités syriennes, craignant une éventuelle arrestation.

De son côté, Rudaw a informé le ministère syrien de l’Intérieur, qui a déclaré qu’il « enquêterait sur l’affaire ».

Les efforts déployés par Rudaw pour joindre la famille de Fatima, l’amie de Norman, sont restés vains jusqu’à la rédaction de ce rapport.

Une autre jeune Kurde de Kobané, Haifa Adil Taher, a également été enlevée le même jour que Norman et Fatima et dans la même région.

Ibrahim Shekho, éminent militant kurde des droits humains au Rojava, a déclaré à Rudaw English que la jeune femme de 25 ans était originaire du village de Khirabe Ato, à Kobanê.

Samedi, vers 9h-10h ([heure local), Haifa se rendait de Kobanê à Alep pour rendre visite à sa famille dans le quartier [à majorité kurde] de Sheikh Maqsood, au [nord] d’Alep.

Cependant, « elle a été enlevée à un poste de contrôle situé entre [la ville] d’Alep et Deir Hafir », a déclaré Shekho, ajoutant que « sa famille a contacté les FDS pour obtenir sa libération, mais son sort reste inconnu ».

Le fait que les trois jeunes filles aient été enlevées à quelques heures d’intervalle dans la même région soulève de sérieuses inquiétudes quant à un lien entre ces affaires et l’implication possible de la même milice armée.

Français L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, a signalé que quelque 1 647 personnes ont été enlevées ou ont disparu depuis le début de l’année 2025.

Rami Abdulrahman, directeur de l’OSDH, a déclaré mardi à Rudaw que « 292 enlèvements ont été enregistrés dans des zones contrôlées par le gouvernement de Damas, tandis que 63 ont eu lieu dans des territoires tenus par l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenue par la Turquie ».

L’OSDH avait précédemment attribué ces violations à divers motifs, notamment « la répression politique et sécuritaire ».

L’observateur de guerre a déclaré qu’en plus de cibler des individus soupçonnés de liens avec le régime de l’ancien dictateur syrien Bachar al-Assad, « les enlèvements sont de plus en plus utilisés comme un outil pour terroriser les civils, affirmer le contrôle de territoires et faire chanter les familles pour de l’argent ou des informations ».

L’observateur de guerre basé au Royaume-Uni, qui s’appuie sur un réseau de sources locales en Syrie, a averti que le « manque persistant de surveillance, de responsabilité et de transparence concernant le sort des détenus et des personnes enlevées » ne fait qu’encourager les auteurs à poursuivre ces pratiques.

L’OSDH a appelé à « la divulgation immédiate » du sort de toutes les personnes disparues et a exhorté à la formation d’une commission d’enquête internationale indépendante pour examiner les violations généralisées des droits humains.

Le soulèvement « Femme, vie, liberté » a englobé toute la société

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IRAN / KURDISTAN – La journaliste kurde, Rojbin Deniz a souligné que le soulèvement « Femme, Vie, Liberté » (Jin, jiyan, azadî) incarne la position populaire fondamentale contre le régime iranien, notant que les femmes et les communautés en quête de liberté et du modèle approprié pour celle-ci l’ont trouvé dans cette philosophie.

Dans une interview accordée à l’agence ANHA à l’occasion du troisième anniversaire du meurtre de la jeune Kurde Jina Amini par la « Police des mœurs » iranienne et du lancement du soulèvement « Femme, vie, liberté » au Kurdistan oriental (Rojhilat) et en Iran, la journaliste Rojbin Deniz a évoqué l’importance de l’événement.

D’emblée, Deniz a souligné les pressions et la répression exercées par le régime iranien sur la société, en particulier contre les femmes, déclarant :
« Après 1979 et la Révolution islamique, le régime des mollahs s’est instauré en Iran. Initialement, le régime bénéficiait d’une certaine acceptation populaire, principalement parce que le régime autocratique précédent, celui des Pahlavi, avait lourdement opprimé les femmes, les jeunes et l’ensemble de la société. La population aspirait à un système démocratique. Cependant, une fois les mollahs au pouvoir, ils ont intensifié la répression, notamment contre les femmes. Pourtant, la société iranienne a une longue histoire de résistance. Ces dernières années, chaque fois que le régime a été confronté à des crises, son oppression de la société, en particulier des femmes, s’est accrue. En 2017, il a promulgué une loi sur le hijab obligatoire, exerçant un contrôle non seulement sur le corps des femmes, mais aussi sur leurs esprits, leurs pensées et leurs mouvements, et donc sur la société dans son ensemble. »

Deniz a noté que les femmes se sont rebellées contre cette répression en portant des vêtements blancs lors de ce qui est devenu connu sous le nom de « mercredis blancs », bien que ces actes n’aient pas été organisés au départ.

« Le soulèvement « Femme, Vie, Liberté » a touché toute la société »

Faisant référence au soulèvement déclenché par l’assassinat de Jina Amini le 16 septembre 2022, sous le slogan « Femme, Vie, Liberté », Deniz a déclaré :
« L’indignation du public face aux pratiques du régime a explosé. Après la mort d’Amini, le soulèvement des femmes a commencé sous la bannière de « Femme, Vie, Liberté ». Ce soulèvement était différent des précédents, il s’est propagé à toute la société et a inclus toutes les couches sociales. Il ne se limitait plus à un slogan ou à trois mots, mais a touché l’Iran, la région et le monde. Fondamentalement, le soulèvement ne visait pas seulement la « Police des mœurs » ou une quelconque institution gouvernementale, ni une simple question de droit. La société et les femmes ont déclaré par leurs protestations : « Nous ne supporterons plus ce régime. » Beaucoup s’attendaient à ce que ce soulèvement, comme d’autres, prenne fin rapidement, mais il dure depuis près de deux ans. La position de la société était claire dans tous les segments, femmes comme hommes. Fondamentalement, ce soulèvement représente la position du peuple contre le régime iranien. »

« Femme, vie, liberté » n’est plus un simple slogan, mais est devenu un système et un modèle.

Concernant l’origine du slogan « Femme, Vie, Liberté », Deniz explique :
« Dans les années 1980 et 1990, lorsque la lutte du peuple kurde pour la liberté a débuté, elle était ancrée dans une idéologie qui intégrait les femmes à ce combat. Sur la question des femmes, le leader Abdullah Öcalan partage des exemples de ses combats personnels depuis son enfance. La lutte des femmes pour la liberté repose sur ce fondement, progressivement menée par les femmes elles-mêmes. Öcalan déclare : « Les mots femme et vie partagent la même racine et sont indissociables. Ce que nous comprenons ici, c’est que la femme est indissociable de la vie. » Cependant, lorsque nous observons la société d’aujourd’hui, nous constatons exactement le contraire : les femmes sont associées uniquement à la mort, que ce soit par le meurtre, l’agression, la négligence ou la répression sous couvert d’« honneur, de lois et de politiques ». Öcalan a mis l’accent sur ce conflit et a bâti sa cause sur lui. Ce n’était plus une simple rhétorique ou un concept théorique : depuis les années 1990, les femmes se sont organisées, ont créé leur propre armée et ont pris leur place en politique et en économie. La femme et la vie doivent fusionner ; lorsqu’elles le feront, la société sera libérée. Le slogan « Femme, Vie, Liberté », qui a pris de l’ampleur en Iran et au Kurdistan oriental (Rojhilat), s’appuie sur ce principe. Les femmes de la région et du monde entier l’ont adopté. Toutes les femmes aspiraient à la liberté, mais sa nature et ses moyens restaient flous jusqu’à ce qu’elles trouvent un modèle concret dans la philosophie « Femme, Vie, Liberté », devenue un modèle pratique grâce à l’Administration démocratique autonome du nord et de l’est de la Syrie. À mesure que ce modèle (démocratique, écologique et garantissant la liberté des femmes) a évolué, il a dépassé le simple slogan pour devenir un système doté d’une structure et d’une forme claires. »

La répression des manifestants

Deniz a souligné l’escalade de la violence et de la répression du régime iranien pendant le soulèvement :

« Le régime iranien craignait la révolution « Femme, Vie, Liberté » et a intensifié ses attaques, qui sont devenues plus violentes, notamment au Baloutchistan, lors du « Vendredi noir ». Auparavant, un officier de l’armée iranienne avait agressé une adolescente de 15 ans, à peu près au moment du début du soulèvement, ce qui avait déclenché une colère généralisée au Baloutchistan. La réaction a été vigoureuse, mais les attaques policières du régime ont entraîné la mort de 130 personnes et l’arrestation de centaines d’autres. Il est à noter que lorsque le régime s’en prend à la société civile, il vise ses yeux, en particulier ceux des femmes, comme pour dire : « Si tu veux vivre, vis aveugle. » Depuis lors, le régime a tué environ 550 personnes, dont 49 femmes et 38 enfants, selon les chiffres officiels, bien que des sources locales suggèrent que les chiffres soient plus élevés. Plus de 19 000 personnes ont été arrêtées, dont beaucoup sont toujours emprisonnées, dont une proportion importante de femmes. Onze personnes, dont des hommes politiques et des artistes, ont été exécutées. Des étudiants à la tête du soulèvement ont également été pris pour cible, et ces chiffres continuent d’augmenter. »

Deniz a attiré l’attention sur le fait que les femmes se coupaient les cheveux pendant le soulèvement, ce qui constituait une forme puissante de protestation :

Les cheveux ne font pas seulement partie du corps féminin, ils sont porteurs de profondes significations philosophiques, sociales et psychologiques. Les femmes se sont coupé les cheveux pendant le soulèvement, et cet acte s’est répandu dans le monde entier. Que font les femmes lorsqu’elles sont extrêmement en colère ou en proie à une profonde douleur, cherchant à changer le statu quo du fond du cœur ? Elles se coupent les cheveux. C’était une réponse forte au régime iranien.

« Les médias ont soutenu le soulèvement et dénoncé le régime iranien »

Deniz a souligné le rôle crucial des médias dans la couverture du soulèvement en Iran et au Kurdistan oriental et dans la dénonciation du régime :

Les médias sont un outil essentiel dans les méthodes de lutte. Ceux qui luttent et proposent des solutions sont les médias. Ils ont joué un rôle essentiel pendant la révolution « Femme, Vie, Liberté » : ils ont été un élément essentiel de la lutte.

« La liberté de la presse est inexistante en Iran, et de fortes pressions sont exercées. Les médias iraniens eux-mêmes n’acceptent pas ce régime, comme dans le cas de Jina Amini. Tout comme chaque groupe social a joué un rôle sur le terrain lors des soulèvements, les médias ont également joué un rôle. Sans eux, nous n’aurions pas pu parler de cette résistance, ni entendre parler de Jina Amini ni ressentir de l’empathie pour elle. Les journalistes qui ont couvert ces événements ont ensuite été arrêtés et soumis à de fortes pressions. Les médias en Iran et dans le monde entier ont agi en révolutionnaires défendant la société. Ils ont payé un lourd tribut et ont joué un rôle décisif. »

« La peine de mort peut être abolie grâce à une lutte unifiée et globale »

Deniz a également parlé de la résistance des militants emprisonnés par le régime iranien et des condamnations à mort de trois militantes, Pakshan Azizi, Warisha Muradi et Sharifa Mohammadi :

« Un slogan marquant a émergé lors des soulèvements « Femme, Vie, Liberté » : « La prison d’Evin est devenue un centre de pensée et de philosophie, tandis que l’université de Téhéran est devenue une prison. » Ce slogan est celui qui exprime le mieux la réalité actuelle. Les prisons iraniennes ressemblent aujourd’hui à celles du Kurdistan du Nord (Bakur) et de Turquie. La résistance dans les prisons s’est intensifiée depuis les années 1980, créant des changements au Moyen-Orient et ouvrant la voie à des solutions. Le même phénomène se produit en Iran, sous l’impulsion de ces trois militantes. Grâce à elles, des milliers de femmes incarcérées résistent et provoquent un changement social. Leurs messages sont empreints d’un esprit de résistance. Tous les segments de la société, et en particulier les femmes, doivent empêcher les exécutions, dans l’esprit du soulèvement « Femme, Vie, Liberté » et par une lutte sans merci. »

Deniz a conclu en soulignant la nature continue de la révolution des femmes et a appelé les femmes à renforcer leur lutte :
« Nous devons la développer à travers une Confédération des femmes. C’est ce dont nous avons besoin en tant que femmes. Les femmes sont plus proches que jamais de la liberté, c’est un fait. » (ANHA)

ONU FEMMES : Le monde recule en matière d’égalité des sexes

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MONDE – ONU Femmes, qui a publié le Rapport sur l’égalité des sexes 2025, tire la sonnette d’alarme face à la régression de l’égalité des sexes, dont « le coût se mesure en vies, en droits et en opportunités ». Un constat choquant mais qui nous étonne guère alors que nous commémorons le 3e anniversaire du meurtre barbare de Jina Mahsa Amini, une jeune Kurde de 22 ans tuée par la police des mœurs iranienne à cause d’une mèche de cheveux qui dépassait de son voile.

Le Rapport d’étape 2025 sur l’égalité des sexes a été publié par ONU Femmes et le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES). Ce rapport souligne que le monde recule en matière d’égalité des sexes et affirme que les femmes qui n’ont pas accès aux droits et aux opportunités en paient le prix.

RESULTATS 

Si la tendance actuelle se poursuit, 351 millions de femmes et de filles vivront dans l’extrême pauvreté d’ici 2030, et l’Objectif d’égalité des sexes (ODD 5) ne sera pas atteint. Le rapport fait également les constatations suivantes :

* Les conflits sont de plus en plus meurtriers pour les femmes et les filles. Aujourd’hui, 676 millions de femmes et de filles vivent à proximité d’un conflit meurtrier, soit le chiffre le plus élevé enregistré depuis les années 1990.  
* En 2024, davantage de femmes que d’hommes ont connu une insécurité alimentaire modérée ou sévère.  
* Les nouvelles technologies et les crises mondiales aggravent les inégalités existantes : le changement climatique pourrait plonger 158 millions de femmes supplémentaires dans la pauvreté d’ici 2050. Près de la moitié de ces femmes vivent en Afrique subsaharienne. L’IA pourrait priver 28 % des femmes de leur emploi, contre 21 % des hommes, et les femmes jeunes et instruites pourraient être les plus durement touchées.  
* Le monde dépense 2,7 billions de dollars par an en armement. Pourtant, l’écart en matière d’égalité des sexes s’élève encore à 420 milliards de dollars.  
* Combler la fracture numérique entre les sexes pourrait permettre de sortir 30 millions de femmes et de filles de l’extrême pauvreté d’ici 2050, d’assurer la sécurité alimentaire de 42 millions de personnes supplémentaires et de générer une croissance du PIB de 1 500 milliards de dollars d’ici 2030 et de plus de 100 000 milliards de dollars d’ici 2050.  
* Si nous accélérons une série d’interventions axées sur les soins, l’éducation, l’économie verte, les marchés du travail et la protection sociale, 110 millions de femmes et de filles pourraient sortir de l’extrême pauvreté d’ici 2050, générant ainsi 342 000 milliards de dollars de retombées économiques.  
* Grâce à ces investissements, les filles ont plus de chances que jamais de terminer leurs études. 
* La mortalité maternelle a diminué de près de 40 % entre 2000 et 2023.  
* Au cours des cinq dernières années, 99 lois nouvelles ou améliorées dans le monde ont éliminé la discrimination, renforcé les droits des femmes et fait de l’égalité des sexes une réalité.  
* Dans les pays dotés de mesures globales telles que des lois, des politiques, des mécanismes institutionnels, des recherches et des données, des mesures de prévention, des services et des budgets, les taux de violence entre partenaires intimes sont 2,5 fois inférieurs à ceux des autres pays.  
* Au cours de la dernière décennie, le leadership des femmes dans les négociations climatiques a plus que doublé. Leur représentation est passée de moins d’une sur dix en 2015 à près d’une sur quatre en 2024. On est encore loin de la parité. 

 

APPEL AUX DIRIGEANTS 

La directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous, a déclaré que l’égalité des sexes fait progresser les sociétés et les économies dans les pays où elle est prioritaire. Elle a déclaré : « Les investissements dans l’égalité des sexes ont le pouvoir de transformer les sociétés et les économies. La révolution numérique, le travail de soins et l’économie, la fin de la violence, la justice climatique, la participation pleine et égale à la prise de décision, les crises humanitaires, la sécurité et la consolidation de la paix : ces six domaines s’accompagnent de l’objectif de faire entendre la voix des jeunes femmes et des filles. J’appelle tous les dirigeants à s’engager en ce sens, à investir et à choisir un monde où les droits des femmes sont réalisés de manière inclusive et où leurs acquis sont partagés par tous. » Li Junhua, sous-secrétaire générale au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, a déclaré : « Le rapport de situation 2025 sur l’égalité des sexes montre que les gains liés à l’égalité des sexes sont importants, mais que les coûts liés à la non-réalisation de ces objectifs sont bien plus élevés. » 

« Le mouvement Jin, Jiyan, Azadi vise à reconquérir le corps, l’esprit et la volonté des femmes » 

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IRAN / ROJHILAT – À l’occasion du troisième anniversaire du mouvement « Jin, Jiyan, Azadî » déclenché par le meurtre barbare de Jina Mahsa Amini, Warisha Moradi, activiste kurde condamnée à mort par les mollahs, a publié un manifeste appelant à la refondation de la société, de la démocratie et de la collectivité sous un leadership féminin.

À l’occasion du troisième anniversaire du mouvement « Jin, Jiyan, Azadî », la militante kurde Varisheh Moradi, condamnée à mort en Iran, a écrit une lettre détaillée qui va bien au-delà d’un simple message commémoratif. Dans sa lettre, publiée par la campagne « Libérez Varisheh », la femme kurde emprisonnée à la prison de Qarchak décrit le 16 septembre non seulement comme l’anniversaire d’un soulèvement, mais aussi comme le point de départ d’un nouveau paradigme social – porté par les femmes, porté par la résistance contre la violence patriarcale, la répression d’État et l’effacement culturel. Elle décrit cette journée non seulement comme une commémoration, mais aussi comme une occasion d’exposer sa vision d’une vie en liberté.

Warisha Moradi

Voici la lettre de Varisheh Moradi :

« À tous ceux dont le cœur bat aux mots « Jin, Jiyan, Azadi »

Ce troisième anniversaire marque l’éclat suscité dans les cœurs par le mouvement « Jin, Jiyan, Azadi ». Ce mouvement n’est ni une simple explosion de colère ni la revendication partielle d’un groupe ; il est complexe et multidimensionnel. Le spectre de ses revendications s’étend des libertés individuelles et collectives au droit à l’autodétermination collective ; des droits économiques fondamentaux à la justice culturelle et linguistique ; et de la résistance à l’oppression de genre à l’exigence d’une société véritablement démocratique. Chacune de ces revendications est un maillon d’une chaîne visant à recréer des structures et des rapports de pouvoir – des rapports actuellement fondés sur la domination, la violence et la reproduction des inégalités.

« Jin, Jiyan, Azadi » est une lutte pour des modes de pensée et de vie différents. Ce mouvement vise à reconquérir le corps, l’esprit et la volonté des femmes asservies et dont les libertés ont été spoliées par l’État iranien au fil des années de lois et de restrictions. L’État a bâti son pouvoir sur l’asservissement, l’humiliation et l’effacement des femmes. « Jin, Jiyan, Azadi » place les femmes au cœur de la révolution, révélant que sans leur participation, aucune révolution ne peut apporter un changement démocratique à la société. Aucune exécution, répression ou autre mesure ne peut faire obstacle à cette vérité.

L’idée sur laquelle nous nous appuyons est celle d’une société démocratique, écologique et éprise de liberté – une société qui ne soit ni simpliste ni purement émotionnelle. Les transformations engendrées par ce mouvement sont profondes et fondamentales, et non superficielles ou accidentelles. Nous n’assistons pas seulement à une évolution des espaces publics ou des slogans, mais à une transformation fondamentale de notre conception de l’ordre social : qui a le droit de décider et comment nous interprétons la « vie démocratique collective ». Dans ce contexte, le concept de « vivre librement ensemble » redéfinit les relations humaines et sociales, des structures familiales à la sphère publique. Ce mouvement a démontré qu’aucune réforme ne sera durable sans une reconstruction des structures. Notre lutte vise donc à reconstruire les institutions, les cultures et les mentalités, et non pas simplement à occuper la scène politique.

Chaque slogan possède un esprit, une époque et un lieu, et se nourrit d’une idéologie sur laquelle repose un paradigme. Chacun possède un contexte historique et social. Exprimer la mémoire collective, traduire la pensée en mots et s’approprier ces mots exige un effort et une lutte considérables. Les slogans qui expriment les réalités et les expériences de groupes sociaux, tels que les classes sociales, les races, les femmes, les peuples et les cultures opprimées, sont des symboles de résistance, d’espoir et de quête de liberté. Ces slogans sont des produits de l’histoire, où les mots trouvent leur sens et s’entremêlent à la vie. Par le son et la parole, ils transmettent la force vitale de ceux dont les voix sont réduites au silence ou ignorées. Ce faisant, ils créent un espace convaincant et transformateur de résistance et de libre création.

Au cœur de ce renouveau se trouve le rôle pionnier des femmes. Il est important de comprendre qu’être femme n’est pas seulement un fait biologique, mais que le « féminin » est un état d’esprit, une domination éthique et politique, et une avant-garde idéologique qui guide la société vers la libération, la solidarité et la démocratie. Par « avant-garde féminine », j’entends une femme qui remet en question les rôles imposés et propose une mentalité qui rejette la domination. Cette mentalité envisage la redistribution du pouvoir, la démocratisation des relations et l’acceptation des différences. En ce sens, la liberté des femmes a toujours été synonyme de liberté sociétale.

Je sais qu’ils veulent présenter ce soulèvement comme une émeute passagère et lui prescrire des solutions sécuritaires et pénales. Cependant, l’enjeu dépasse largement le simple contrôle de l’espace ; nous sommes confrontés à une profonde remise en question. C’est pourquoi ils ont recours à des outils allant au-delà de la simple coercition. Les ordres d’exécution et la répression des voix dissidentes doivent être appréhendés plus précisément ; ils visent non seulement les individus, mais aussi l’état d’esprit représenté par ces symboles. Ces ordres constituent une forme de vengeance systématique contre un mouvement qui appelle à une refonte fondamentale du pouvoir.

Cette forme de vengeance est une tentative de faire taire le message en séparant la voix du corps. Cependant, on oublie qu’une mentalité libératrice ne peut être détruite par la corde, la prison ou les décrets. De tels ordres ne sont pas des signes de force, mais plutôt l’aveu d’une légitimité affaiblie et d’une peur de la propagation des idées. Lorsque l’attention se déplace de la politique vers la suppression des symboles, cela indique que le dialogue et le changement sont perçus comme de sérieuses menaces. Le traitement des femmes emprisonnées s’inscrit dans ce projet de vengeance – vengeance contre « Jin, Jiyan, Azadi » – et témoigne de l’impact profond du mouvement.

Ils peuvent chercher à freiner le mouvement social par des décisions judiciaires, mais ils ne pourront jamais effacer la mentalité d’avant-garde qui l’inspire. Tant que les gens resteront fidèles à leurs pensées et à leurs actions, et tant qu’ils continueront à rechercher de nouvelles définitions de la liberté et de la démocratie, chaque condamnation ne fera que renforcer leur détermination.

La poursuite des idéaux « Jin, Jiyan, Azadi » est une nécessité historique. Cet idéal comble le fossé entre la théorie et la pratique quotidienne. C’est un moyen d’organiser, d’éduquer politiquement, de construire des institutions démocratiques parallèles, d’intégrer le rôle des femmes dans le leadership collectif et de reconstruire l’économie, la culture et les systèmes judiciaires sur la base de la dignité humaine.

Plutôt que de faire de cet anniversaire un simple moment de deuil, transformons-le en un manifeste pour une vie libre. Lettres, notes, petits et grands rassemblements, travaux théoriques et éducation des nouvelles générations sont autant d’outils qui doivent être utilisés conjointement. Nous devons démontrer que le rôle d’avant-garde des femmes n’est pas seulement un plaidoyer, mais un plan d’action qui transforme la sphère publique et permet une vie plus égalitaire. » (ANF)

SYRIE. Des massacres de factions aux massacres d’État

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SYRIE / ROJAVA – Les mercenaires d’al Sharaa (Jolani) autoproclamé président de la Syrie ensanglantent le pays de l’Ouest à l’Est en massacrant les minorités ethniques et religieuses alaouites et druzes tandis qu’ils envoient des messages menaçants aux Kurdes du Rojava plus au Nord afin qu’ils remettent leurs armes à Damas en guise de soumission… A tel point que de nombreux Syriens déclarent que le régime d’al-Sharaa est pire que celui de Bashar al-Assad, ancien dictateur syrien actuellement réfugié en Russie… C’est dans ce contexte que le politologue Tariq Hemo énumère les massacres commis par le nouveau régime syrien qui veut assoir son pouvoir illégitime par une politique de terreur implacable…

Voici l’article de Tariq Hemo :

En examinant le bilan des actions du régime « Hay’at Tahrir al-Sham » en Syrie au cours des neuf derniers mois, on découvre – que l’on soit un observateur étranger ou un citoyen syrien ordinaire – un vaste « portefeuille » de massacres et de meurtres de masse fondés sur l’identité sectaire, des raids d’enlèvement et d’esclavage, des épisodes frénétiques de pillage et d’incendie, et des agressions contre des symboles sacrés des communautés syriennes (comme le rasage des moustaches et des barbes des anciens, la profanation de sanctuaires et de mausolées, etc.).

Ce bilan n’est pas le fruit de vagues de vengeance arbitraires et débridées, ni d’incidents isolés de « rupture sécuritaire » sporadiques. Il s’agit plutôt d’une campagne planifiée collectivement, après des mois d’accumulation massive de discours d’incitation, d’agitation et de mobilisation, adoptés par le discours officiel de l’autorité de « Hay’at Tahrir al-Sham », avec le soutien et la promotion sans faille des médias arabes proches de l’« État-faction », le présentant comme la « nouvelle Syrie » tant attendue.

Dès les premiers instants des affrontements côtiers, qui ont ensuite dégénéré – par les appels à la « mobilisation générale » lancés par le groupe armé au pouvoir – en massacres et en assassinats identitaires sectaires, la forme et la méthode de la réponse des autorités à tout mouvement armé, soulèvement ou mécontentement local sont devenues claires.

Cette méthode reposait sur l’extension et la généralisation des sanctions, de manière à ce qu’elles s’étendent à tous, après avoir produit le plus haut degré possible de division sectaire localisée. La vengeance devint ainsi une forme de « discipline collective » d’une communauté syrienne, pour laquelle les autorités ne tardèrent pas à inventer un chef d’accusation. La punition était collective : le droit à la vie était retiré à des civils qui n’avaient commis aucun crime, si ce n’est leur appartenance à la secte à discipliner et leur présence dans une zone géographique où se déroulaient des combats entre deux camps belligérants : l’un qui avait perdu le pouvoir et cherchait à le reconquérir en utilisant les civils comme boucliers, et l’autre qui voulait s’y accrocher, même au prix d’exterminations et de mers de sang.

Le choix des autorités lors des événements côtiers était clair : une violence excessive de leur part, doublée d’une incitation sectaire et régionale à ses plus hauts niveaux, qui, par la « mobilisation générale », s’est transformée en exécutions, pillages, vols, viols et asservissement, dont de nombreux aspects ont été documentés.

La campagne de « discipline de la côte » et de « représailles contre les Alaouites » n’était pas encore terminée que les autorités ont lancé une attaque contre Soueïda, sur deux fronts : l’un dirigé directement par elles-mêmes en tant que faction djihadiste aguerrie aux guerres de milices et de géographies, et un autre nouvellement créé par leur esprit militaire et utilisé – le front « tribal ».

Le monde a été témoin de la guerre menée par la faction se faisant appeler État contre une partie du peuple syrien, et de l’ampleur de la « brutalité managériale » à laquelle elle a recouru, massacrant des civils druzes syriens et incendiant village après village. Étrangère à la Syrie, cette faction ne respectait ni les tabous ni les sensibilités nationales, ne se souvenait pas de l’histoire et n’en comprenait pas le sens : meurtres, profanations et incendies de symboles syriens, comme la statue du sultan Pacha al-Atrash, sous le regard moqueur et amusé de ses agissements. Elle pratiquait ce qu’elle maîtrisait et comprenait : tuer, incendier, piller, simplement pour le plaisir (comme la scène où ses criminels tuaient le citoyen syrien Monir al-Rajmeh, qui criait : « Je suis syrien, mon frère ! »).

Une scission majeure s’est produite et l’unité nationale syrienne a été déchirée par cette faction étrangère nommée. Aujourd’hui, cette faction tente de dissimuler ce massacre en se cachant derrière des stratégies et des ruses telles que l’« identité visuelle », les célébrations et le « Festival international de Damas », la « Conférence des influenceurs » et d’autres formes de distorsion symbolique, de falsification et de déformation de la vérité – des tactiques qu’elle maîtrise (avec l’aide et le soutien des médias arabes) depuis son coup d’État visant à ravir le « trône de Shami » à Bachar al-Assad et à son entourage.

Actuellement, cette faction s’emploie à normaliser la situation et à calmer les massacres comme si de rien n’était. Elle tente d’effacer les traces du carnage, de quitter les lieux et d’échapper à toute responsabilité en accusant les éléments de la « mobilisation » et du « soulèvement populaire », prenant même ses distances avec elle et ses factions, en désignant ici et là des boucs émissaires et en parlant d’« éléments non supervisés » au sein de la faction – ceux qui n’ont pas obéi aux ordres supérieurs, poussés par leur soif de sang et leur mépris aveugle pour les vies humaines, filmant leurs crimes avec leurs téléphones personnels, ou ceux filmés dans des maisons d’hôtes et des magasins en train de commettre des meurtres, des pillages et des incendies. De plus, les institutions de la faction ont également muté le commandant de terrain supervisant l’attaque contre Soueïda, Ahmed Dallati, à un autre poste. On parle également d’intentions de « sacrifier certains chefs tribaux » si la situation s’aggrave encore, notamment avec les réactions internationales, les sanctions et les appels à rendre des comptes à ceux qui ont donné l’ordre de tuer, de piller et de détruire.

Mais ce qui est certain après les événements sur la côte, à Soueïda, et les violations continues, notamment les enlèvements, les démolitions et le nettoyage ethnique visant à déplacer les populations, c’est que ce qui s’est passé ne reflète pas simplement la mentalité de la faction, dont ses dirigeants ou ses responsables politiques tentent de se débarrasser, ni de purifier les cellules djihadistes qui cherchent à établir un émirat purement islamique. Il s’agit plutôt d’une approche systémique et figée, masquée par des lois et décrets institutionnels émis et adoptés par la faction au nom de l’État. Des efforts sont déployés pour renforcer l’idée que la faction est l’État et que le président par intérim est le président permanent et éternel. Sa nomination de nombreux membres de l’« Assemblée du peuple », sa présidence du Conseil judiciaire suprême, ainsi que sa supervision de toutes les institutions et branches de l’État, sont présentées comme des mesures de routine nécessaires « dans les circonstances exceptionnelles et délicates que traverse le pays » et « pour préserver l’unité du pays dans cette phase critique ». Pour ancrer ce récit et réussir à transformer la faction en un État, un appareil médiatique – à la fois local et arabe – a été chargé de diffuser ces faux récits, de manipuler les esprits et de jouer sur les sensibilités sectaires et nationales, à l’instar de ce que les partis « Baas » en Syrie et en Irak ont ​​fait, mais avec une dose encore plus grande d’accusations et de falsifications, au mépris des sensibilités sociales et des nécessités de la paix sociale.

Les efforts actuels visent à se débarrasser de l’héritage de sang, à surmonter la catastrophe nationale et à sauter par-dessus les fissures qui en résultent, et à activer davantage de rituels, de décrets et de cérémonies « d’État » — accueillir une délégation, conclure un accord ici, émettre un décret présidentiel et organiser une élection là-bas — tandis que le processus d’implantation de la faction au sein du corps de l’État se déroule pacifiquement, même si cet État devient dans la pratique une structure vide, déformée, sans sentiment national, sans loyauté, sans partis, sans démocratie, sans parler des parties de son territoire occupées et de sa souveraineté violée, et des composantes de sa population menacées dans leur vie, leur honneur et leurs biens.

Par Tariq Hemo, politologue, spécialiste de l’islam politique et chercheur associé à Kurdish Center for Studies (Centre d’études kurdes). Hemo est maître de conférences au département de sciences politiques de l’Académie arabe du Danemark.

Article original à lire sur le site de Kurdish Center for Studies : From Faction’s Massacres to State’s MassacresK

KURDISTAN. Troisième condamnation inique d’un journaliste détenu depuis 2020

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IRAK / KURDISTAN – A la veille de sa libération, le journaliste kurde emprisonné depuis 2020, Sherwan Sherwani a été condamné à quatre ans supplémentaires pour des accusations fallacieuses. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des condamnations et une détention iniques du journaliste et demande sa libération immédiate

« RSF dénonçait déjà la peine de Sherwan Sherwani comme étant injuste, cruelle et vindicative. Sa troisième condamnation consécutive confirme un acharnement judiciaire contre le journaliste. Maintenir Sherwan Sherwani derrière les barreaux pendant quatre années supplémentaires, alors qu’il n’aurait jamais dû passer un seul jour en prison, est une mesure répressive digne des États les plus autoritaires. Le public et les journalistes du Kurdistan irakien méritent mieux. Nous appelons les autorités kurdes, qui affirment depuis longtemps leur attachement aux principes démocratiques, à libérer immédiatement le journaliste. Son maintien en détention constitue une menace pour tous les autres journalistes de la région autonome », a déclaré Jonathan Dagher, Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF

Journaliste d’investigation et reporter kurde renommé, Sherwan Sherwani avait déjà été soumis à des pressions en lien avec ses enquêtes sur des affaires de corruption et sur les cas de journalistes et écrivains kurdes assassinés au Kurdistan depuis 1991. Il a été arrêté une première fois en 2012 et détenu pendant six jours à la suite de la publication en 2011 d’un article dans le mensuel Bashur Magazine révélant une affaire de corruption impliquant un officiel de la municipalité de Duhok, dans l’extrémité nord de la région. Quelques mois plus tard, il était poursuivi pour diffamation par un proche du clan Barzani, une puissante famille qui domine la région autonome. (RSF)