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TURQUIE. Un autre maire kurde détenu et démis de ses fonctions

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TURQUIE / KURDISTAN – Hier soir, le maire de la ville kurde d’Hakkari (Colemêrg) Mehmet Sıddık Nakit a été détenu par la police turque. En parallèle à son arrestation, la municipalité de Colemêrg a été mise sous tutelle et assiégée par la police qui empêche les responsables municipaux à accéder à la mairie. Il s’agit de la deuxième arrestation de maire kurde après deux mois d’élections locales qui ont chassé les administrateurs de l’AKP des municipalités kurdes.
 
La police qui a bloqué la municipalité de Colemêrg face aux protestations du DEM Parti
Hier soir, le co-maire de Colemêrg, Mehmet Sıddık Nakit, a été arrêté à Wan. Simultanément, le bâtiment de la municipalité a été perquisitionné par la police dans la matinée. En réaction à la descente de police, les membres du parti DEM se sont rassemblés devant la mairie. Les membres du parti DEM ont réagi au blocus de la municipalité par la police.
L’un des policiers a déclaré que le co-maire Nakit avait été démis de ses fonctions avec la signature du ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya. Quand l’adjoint au maire, Şaban Alkan a demandé à la police de leur montrer la décision en question, il a essuyé un refus des policiers turcs.
Alkan a déclaré : « Les élus et le personnel ne sont pas autorisés à entrer dans le bâtiment. Ils nous ont dit que notre co-maire avait été démis de ses fonctions. Il y a du pillage ici. Nous ne reconnaissons pas et rejetons cette décision. »
La police a bloqué toutes les routes menant à la municipalité tandis que le sous-gouverneur Tayyar Emre Mahmutoğlu, qui était auparavant assistant de l’administrateur de la municipalité de Colemêrg, serait venu dans la municipalité.
La population se rassemble devant le bureau du parti DEM en protestation aux perquisitions et aux détentions.

TURQUIE. Appels à fermer les prisons « puits »

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TURQUIE – Les principales organisations de défense des droits humains en Turquie appellent à la fermeture des prisons « de type puits » réservés aux prisonniers politiques (notamment des Kurdes), célèbres pour les conditions carcérales difficiles et les violations des droits des prisonniers.

 

Les principales organisations turques de défense des droits humains ont lancé une demande collective pour la fermeture de certains types de prisons, appelées prisons « de type puits », réputées pour leurs actes de torture, leurs mauvais traitements et leurs violations des droits humains. Ces appels ont été lancés lors d’un communiqué de presse samedi au siège de l’Association des Droits de l’Homme (İHD), soulignant le besoin urgent d’une réforme pénitentiaire.

Le communiqué souligne que ces établissements, notamment les prisons de type S, de type Y et de haute sécurité, sont conçus pour promouvoir l’isolement social et la déshumanisation, ce qui a de graves conséquences sur la santé mentale et physique des détenus. L’IHD, la Fondation turque des droits de l’homme (THIV) et la branche des droits de l’homme de l’Association médicale turque (TTB) ont souligné de nombreux rapports et lettres de prisonniers détaillant les conditions difficiles, telles que le manque de soleil, une ventilation inadéquate et un isolement extrême, qui entraîner des problèmes de santé psychologique et physique.

La doctoresse Şebnem Korur Fincancı du TTB a souligné que les conditions de ces prisons sont propices au développement de troubles psychiatriques et d’autres problèmes de santé. Les prisonniers passent jusqu’à 22,5 heures par jour en isolement cellulaire, ce qui s’apparente à une privation sensorielle, entraînant une grave détérioration de leur santé mentale. Elle a également souligné que les détenus sont souvent victimes de mauvais traitements, notamment en se voyant refuser l’accès aux livres ou aux activités de plein air, ce qui exacerbe leur isolement et leur stress.

La doctoresse Sebnem Korur Fincanci, au centre

La surpopulation des prisons turques, avec plus de 329 000 détenus hébergés dans des établissements conçus pour 295 000 personnes, aggrave encore la situation. Malgré les changements législatifs visant à réduire la population carcérale, le nombre de détenus a rapidement augmenté, reflétant les problèmes systémiques persistants au sein du système pénal turc.

Les organisations ont exigé que les nouvelles constructions de prisons cessent, que les prisonniers gravement malades soient libérés immédiatement et que l’architecture des prisons existantes soit réformée pour préserver la dignité humaine. Ils ont souligné que l’emprisonnement ne devrait pas être utilisé comme un outil de punition mais plutôt comme un dernier recours, appelant à une refonte du système judiciaire pour l’aligner sur les normes des droits humains.

De nombreux cas de mauvais traitements ont été signalés ces derniers temps dans les prisons turques. Un prisonnier kurde du nom d’Ercan Çakar est décédé dans des circonstances suspectes au milieu d’allégations de torture et de mauvaise conduite en mai, dans la prison de type S d’Iğdır en Turquie, suscitant des appels à une enquête approfondie.

Une semaine auparavant, Senem Eriş, membre du parti pro-kurde pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM), avait été soumise à des fouilles à nu répétées et traînée de force vers un quartier judiciaire après son arrestation à Istanbul, en Turquie, ont rapporté ses avocats.

En mai également, le prisonnier politique kurde Reber Soydan, détenu à l’isolement, est décédé dans des circonstances suspectes dans une prison turque de haute sécurité de type F à Van (Wan). Les autorités affirment qu’il s’est suicidé.

Et plus particulièrement, d’innombrables appels ont été lancés pour obtenir davantage d’informations sur la prison de l’île d’Imralı, où sont emprisonnés le leader kurde Abdullah Öcalan et trois autres personnes. Le député du parti pro-kurde pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM Parti) d’Istanbul, Cengiz Çiçek, a demandé une enquête parlementaire sur les allégations d’isolement absolu dans la prison turque d’Imralı, contestant les affirmations du ministère de la Justice selon lesquelles une telle pratique n’existe pas. Öcalan est en isolement absolu depuis 38 mois, incapable de rencontrer sa famille ou ses avocats.

La torture est une politique d’État en Turquie, systématiquement appliquée et profondément ancrée dans les pratiques de détention et d’interrogatoire, en particulier contre les prisonniers politiques et les groupes minoritaires, selon l’avocate kurde des droits humains, Eren Keskin.

S’exprimant lors d’une conférence de presse en avril au cours de laquelle le rapport sur les violations des droits dans les prisons 2022-2023 a été publié, Keskin, coprésident de l’IHD, a souligné la nature systémique de ces violations des droits humains, affirmant que le recours massif à la torture, y compris la violence sexuelle, sert non seulement de méthode de répression mais aussi d’outil pour maintenir le contrôle et étouffer la dissidence au sein de l’appareil d’État. (Medya News)

Montpellier. Formation d’un groupe de solidarité avec le peuple kurde

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Une quarantaine de personnes se sont retrouvées le 31 mai au Centre Démocratique Kurde de Montpellier. Un collectif de soutien au peuple kurde devrait émerger de cette rencontre.
 
Le 31 mai au soir, une quarantaine de personnes, dont une trentaine de militant.es de la gauche française, ont répondu à l’appel lancé par le Centre Démocratique Kurde de Montpellier (CDKM), accompagné de militant.es internationalistes.
 
(…)
 
Autour de la table, en plus des militant.es kurdes du CDKM, des membres du Parti Communiste Français, de l’Union Communiste Libertaire, de la Coopérative Intégrale du Bassin de Thau, de l’organisation antifasciste La Jeune Garde, mais aussi des curieux.ses et militant.es sans affiliations particulières.
 
Il aura donc été décidé d’un travail commun pour la constitution d’un réseau de local de soutien au peuple kurde plus étoffé, avec comme première étape une discussion avec les anciens membres du Collectif de Soutien au Peuple Kurde de Montpellier, aujourd’hui en sommeil. (Le Poing)

Sultan Ulutas Alopé à la rencontre de la langue interdite du père

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PARIS – Invitée par l’Institut kurde de Paris pour un débat-rencontre autour de son livre « La Langue de Mon Père », la comédienne Sultan Ulutas Alopé nous apprend qu’elle s’était rendue aux locaux de ce même Institut en 2019 pour apprendre le kurde. Elle disait également son état émotionnel de l’époque, rien qu’en voyant la plaque de l’Institut kurde de Paris posée sur le bâtiment au 106, rue La Fayette, dans le Xe arrondissement de Paris, avec ce mot tabou « kurde » qu’on affichait sans peur.
 
A l’Institut, elle entreprendrait l’apprentissage de la langue de son père, interdite en Turquie et sources d’inquiétudes, comme son origine kurde qu’elle devait cacher à tout le monde, surtout à l’école où elle assistait en silence aux passages à tabac d’un autre enfant kurde qui n’avait pas la chance de pouvoir cacher sa kurdicité (extraits de son livre lus ici)…
 
Grâce à l’écriture de son livre, Sultan apprendra un peu plus sur la vie de son père qui fugue à l’âge de 13 ans et se retrouve à Istanbul, cirer des chaussures pour survivre. Une vie difficile, non exempte de violences qu’il a faites vivre par la suite à sa propre famille.

 

A travers « La Langue de Mon Père », Sultan Ulutas Alopé dresse un tableau à double facette. D’un côté, nous avons devant les yeux la vie intime de la famille Ulutas mais aussi celle de la société turque fascisant biberonnée par la haine des Kurdes dès le berceau. Le Kurde n’a d’autre choix que d’accepter d’être le bouc-émissaire idéal sur lequel tous les coups tombent depuis si longtemps… S’en résulte une vie de traumas-tabous qu’on doit taire, comme son identité de Kurde colonisé.e.

Koma Amed remonte sur scène après 27 ans de silence

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PARIS – Lors du concert final du Festival culturel kurde de Paris au Cirque d’Hiver, le groupe légendaire « Koma Amed » s’est réuni pour la première fois, 27 ans après la dissolution du groupe.

Le 3e Festival culturel kurde de Paris (Festivala çanda Kurd a Parîsê) s’est achevé samedi par un concert de Deza Amed, Chopy et le groupe Koma Amed au Cirque d’Hiver. L concert final des festivités d’une semaine de festival a suscité un grand intérêt et a enchanté le public. Le festival était organisé par le Conseil Démocratique Kurde de France (CDK-F) en collaboration avec l’Institut de Réflexion et d’Études sur le Kurdistan (IREK), l’association Arts et Culture du Kurdistan (ACK), l’association France-Kurdistan et la Fondation Danielle Mitterrand.

Le concert a débuté par une minute de silence en l’honneur des martyrs de la révolution du Kurdistan, en particulier Evdilmelik Şêxbekir (surnommé Melek), l’un des fondateurs de Koma Amed originaire du Rojava, tombé martyr cinq mois après avoir rejoint les rangs du PKK en septembre 1991.

La dernière soirée du festival a été marquée par des moments forts de la musique kurde qui ont offert au public un moment unique.

 

Koma Amed

 Fondé à Ankara en 1988 par un groupe d’étudiants majoritairement issus de la faculté de médecine, Koma Amed émerge durant une période vibrante mais tumultueuse pour le peuple kurde. Dans un contexte où la culture kurde et sa langue étaient sévèrement réprimées, le groupe ne pouvait exprimer sa musique qu’à travers de rares rassemblements. Malgré ces défis, Koma Amed a enregistré son premier album, Kulîlka Azadî, en 1990. Cet album, gravé en une seule journée sous des conditions extrêmes, comprend notamment une version kurde de l’hymne international « Bella Ciao » (Çaw Bella). À travers des copies clandestines, l’album a atteint un large public, marquant plusieurs premières pour la communauté kurde.

En 1993, le groupe déménage à Istanbul et se joint au Centre culturel de Mésopotamie (MKM), le premier centre culturel et artistique kurde de la ville. Koma Amed continue de se faire un nom en tant que pionnier de la musique de groupe kurde, et sort son deuxième album, Agir û Mirov, en 1995. Les membres du groupe, incapables de se produire au Kurdistan, ont toutefois tourné à travers la Turquie et l’Europe.

Leur tournée de 1996, sponsorisée par le Parti communiste italien, a marqué une autre première historique, exposant la musique kurde à travers de nombreuses villes italiennes. L’esprit politique d’émancipation et de résistance infuse leurs compositions, qui puisent aussi dans la musique traditionnelle kurde et la littérature orale.

Leur troisième album, Dergûş (1997), a été un tournant majeur. L’album a transcendé les frontières locales pour toucher une audience mondiale, grâce à une approche novatrice de la musique folklorique traditionnelle kurde. L’impact de Dergûş fut tel que le ministre des affaires étrangères de l’époque a utilisé l’album pour souligner la présence kurde en Turquie auprès des ministres de l’Union européenne.

Cependant, la pression politique a contraint de nombreux membres à demander l’asile, dispersant le groupe dans divers pays. Un facteur qui, combiné avec leur installation à Paris, a mené à une désintégration temporaire. En 2015, exactement 27 ans après leur formation, Koma Amed s’est retrouvé à Paris pour interpréter de nouveau leurs chansons emblématiques, confirmant leur héritage durable dans la musique kurde.

 

ROJAVA. Remise des diplômes à l’Université de Kobanê

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SYRIE / ROJAVA – Les premiers étudiants de l’Université Kobanê (Zanîngeha Kobaniyê) ont reçu leurs diplômes lors d’une cérémonie officielle. Malheureusement, malgré un enseignement de qualité, les diplômes des Universités de la région autonome kurde ne sont reconnus ni en Syrie, ni au niveau international.

250 étudiants diplômés

250 étudiants sont diplômés de tous les départements de l’Université de Kobanê. Avec la participation de milliers de personnes, une cérémonie de remise des diplômes a eu lieu samedi au Stade de Kobanê. La célébration a commencé par la lecture de l’hymne kurde « Ey Reqib ». Les étudiants ont également visité le cimetière des martyrs de Dicle et ont dédié leurs diplômes aux martyrs.

S’exprimant lors de la cérémonie, le coprésident de l’Université de Kobanê, Şervan Muslim, a déclaré : « L’obtention du diplôme de 250 étudiants est très importante et est le produit de la révolution. Les années de lutte et de résistance, l’héritage de milliers de martyrs et le fait que des milliers de personnes se soient rassemblées aujourd’hui pour assister à la cérémonie de remise des diplômes de 250 étudiants nous en disent long. »

 

Evîn Siwêd, coprésidente du Conseil exécutif de l’Administration autonome démocratique du nord et de l’est de la Syrie, a déclaré : « Nous célébrons cette journée pour tout notre peuple. Les habitants de Kobanê sont connus pour leur résistance. Le nom de cette ville a trouvé un écho dans le monde entier. Nous commémorons tous les martyrs et déclarons que nous suivrons leur lutte. »

Après les discours, les étudiants ont reçu leurs diplômes.

TURQUIE. Les gardes villageois abattent les forêts du Kurdistan

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TURQUIE / KURDISTAN – Les gardes villageois de l’Etat turc abattent la forêt d’Herekol, dans la province kurde de Şirnak / Dihê où on assiste à un écocide systématique depuis des décennies.

Après les régions de Besta, Cudî et Gabar de Şirnex, des zones forestières ont commencé à être détruites dans le district de Dihê (Eruh) de Siirt (Sêrt). Les gardes forestiers ont commencé à couper des arbres au pied des montagnes Herekol. Les arbres coupés sont transportés vers différents points par camions.

IRAN. Un kolbar kurde tué et son corps jeté à l’eau par les gardes iraniens

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IRAN / ROJHILAT – Les forces du régime iranien ont assassiné un kolbar kurde près de Sardasht et jeté son corps à l’eau. Le corps de Rahim İbrahim, père de trois enfants et inscrit au village Wilîû de la ville de Sardasht, a été repêché par les riverains 24 heures plus tard.
 
Les forces du régime iranien ont tué un kolbar dans la région de Sardasht et ont jeté son corps à l’eau. Selon les informations fournies par le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan, un groupe de kolbars a été attaqué par les gardes iraniens près de la frontière du Kurdistan du Sud le 31 mai. À la suite de l’attaque, un kolbar nommé Rahim İbrahim a perdu la vie. Le corps d’Abraham a ensuite été jeté à l’eau.
Le corps de Rahim, père de trois enfants et inscrit au village Wilîû de la ville de Sardasht, a été repêché par les riverains 24 heures plus tard.

IRAN. Exécution d’au moins 67 prisonniers, dont 25 Kurdes, en mai 2024

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IRAN. En mai 2024, la République islamique d’Iran a exécuté au moins 67 prisonniers, soit une baisse de 13 % par rapport aux 77 exécutions d’avril.
 
L’ONG Hengaw a confirmé l’identité de 66 de ces prisonniers. Parmi les personnes exécutées figuraient 25 (37%) prisonniers kurdes, 15 prisonniers turcs, 5 prisonniers baloutches et 3 ressortissants afghans.
 
Parmi les exécutions notables figuraient deux prisonniers religieux kurdes, Khesraw Besharat et Anwar Khezri, et un jeune délinquant kurde, Ramin Saadat (condamné pour un délit commis à l’âge de 17 ans).
 
Quatre femmes ont également été exécutées : Fariba Mohammadzahi à la prison de Kerman, Razieh à la prison de Vakil Abad (Mashhad), Parveen Mousavi à la prison d’Urmia et Fateme Abdullahpour à la prison centrale de Neishabur.
 
La majorité des exécutions ont eu lieu dans la province de l’Azerbaïdjan occidental (Urmie) avec 13 cas, suivie de la province d’Alborz avec 10 cas, d’Ispahan avec 7 cas et de diverses autres provinces signalant moins de cas Seulement 3 des 67 exécutions, soit 4,5 %, ont été annoncées publiquement par des sources officielles iraniennes.

La Turquie est une menace pour la stabilité du Rojava

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A la veille des élections locales prévues au Rojava par l’administration arabo-kurde, la Turquie a intensifié les attaques sanglantes ciblant la région, tout en criant sur tout les toits que le Rojava est une menace pour la Turquie… (En effet, quoi de plus inquiétant que de voir les peuples s’autogouverner, sans être à la merci des dictateurs qui ne manquent pas dans le Moyen-Orient !) Dans l’article suivant, la journaliste Fréderike Geerdink dévoile les manigances turques pour empêcher la tenue d’élections au Rojava.

La menace des élections dans le nord et l’est de la Syrie

Une dynamique intéressante se déroule autour des élections prévues dans les régions autonomes du nord et de l’est de la Syrie plus tard ce mois-ci : la Turquie les considère comme une menace pour sa sécurité et fait monter la pression pour les faire dérailler. Violence, mensonges, pots-de-vin, diplomatie, Erdoğan utilise tout ce qui est à sa disposition pour délégitimer le vote. Parce que les Kurdes et leur expression démocratique, la Turquie ne parvient tout simplement pas à trouver le moyen d’y faire face.

Les élections à l’AANES, comme sont officiellement appelées les régions autonomes, auront lieu le 11 juin. Ce beau site Web explique bien comment tout cela fonctionne : il existe deux alliances majeures (une comprenant 22 partis, une de six partis) et trois partis participant indépendamment. Il y a des candidats pour des postes dans sept cantons et près de 200 communes. Dans plusieurs zones, le vote ne peut avoir lieu car la Turquie les occupe, notamment à Tell Abyad (Girê Spî), Ras al-Ayn (Serê Kaniyê) et Afrin (Efrîn).

Structures démocratiques

L’article lié ci-dessus explique les différents objectifs des élections. L’un des objectifs est de consolider la légitimité des structures démocratiques décentralisées et de présenter à nouveau le système comme une solution à la guerre et à la dictature d’Assad en Syrie.

Dans un sens, cela constitue une menace pour la Turquie. Mais pas de la manière dont la Turquie le perçoit. La Turquie – pas seulement Erdoğan mais les partis de tout le spectre politique, à l’exception bien sûr du parti DEM – aime le décrire comme un « séparatisme ». Cela suggère à tort que les régions autonomes veulent faire sécession de la Syrie, ce qui ébranlerait également les fondements de l’unité de la Turquie, ce qui équivaut au terrorisme dans leur idéologie ultranationaliste. Le récit du terrorisme justifie alors à leurs yeux le recours à la violence contre l’AANES.

La véritable menace est que la démocratie ascendante que l’AANES a bâtie depuis 2012 sans vouloir briser la Syrie, c’est qu’une véritable démocratie susciterait les aspirations des Kurdes et d’autres groupes en Turquie à avoir réellement leur mot à dire dans leurs affaires quotidiennes et à la décentralisation de La structure gouvernementale fortement centralisée de la Turquie. Et oui, cela ébranle les fondations sur lesquelles la Turquie est bâtie. Pas de manière violente, comme la Turquie le décrit à tort, mais de manière démocratique.

Soutenu et financé

La Turquie menace d’envahir à nouveau l’AANES, mais elle tente également de faire passer l’histoire selon laquelle les élections ne sont pas démocratiques. Exemple à portée de main : cet article de Rudaw, la chaîne médiatique de la région du Kurdistan en Irak qui est dirigée par (une faction au sein) du PDK. Le PDK est le parti qui coopère avec la Turquie dans la guerre contre le PKK, mais c’est aussi le parti qui est lié au Conseil national kurde (KNC) en Syrie, soutenu et financé par la Turquie (ce qui n’est pas mentionné dans l’article du Rudaw). Les accusations sont portées sans aucune preuve, notamment que les membres des forces de sécurité seront obligés de voter pour le PYD (le plus grand parti de l’AANES, qui fait partie de l’une des alliances), et que les citoyens sont également « menacés ».

L’atout de l’article est un porte-parole américain qui affirme que l’AANES « n’a pas les conditions nécessaires pour des élections libres et équitables », comme le décrit la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. J’ai consulté cette résolution pour vous et l’homme a raison : cette résolution concerne des élections dans toute la Syrie après qu’Assad et l’opposition se soient mis d’accord sur une nouvelle constitution – ce que l’article ne mentionne pas et qui relève donc de la mauvaise foi du journalisme. La résolution 2254 remonte à 2015 et il n’y a aucun progrès dans sa mise en œuvre. Il est alors tout à fait absurde d’accuser le seul acteur qui investit réellement dans l’avenir de la Syrie de saper la démocratie.

Payer les gens

Que fait la Turquie, à part menacer de violence, diffuser une fausse propagande et utiliser à mauvais escient les porte-parole américains à cette fin ? Il paie les habitants des régions d’Afrin, Serê Kaniyê et Girê Spî, autrefois gouvernées de manière autonome, ainsi que d’autres territoires occupés par la Turquie, pour qu’ils manifestent contre les élections (avec des preuves !).

C’est tout à fait dans l’esprit du gouvernement d’Erdoğan. Durant l’ère AKP, surtout après les deux premières années prometteuses, les fonctionnaires (administrateurs locaux, enseignants, policiers, etc.) étaient transportés en bus vers les rassemblements de l’AKP, notamment dans les régions kurdes. Quiconque ne montait pas dans le bus risquait de perdre son emploi. Erdoğan sait exactement de quoi il peut accuser les autres parce qu’il peut le tirer de son propre livre de jeu.

Contrat social

Ne me comprenez pas mal : je ne pense pas que les régions gouvernées de manière autonome du nord et de l’est de la Syrie soient une sorte de paradis révolutionnaire qui fonctionne parfaitement. Bien entendu, ce n’est pas le cas. Et personne sensé ne dirait que c’est le cas. Et l’AANES le reconnaît, et avec les élections, elle essaie en fait de faire progresser sa légitimité démocratique, tout comme elle l’a fait récemment avec son nouveau Contrat Social. Je pense que cela devrait être applaudi et soutenu.

Que le peuple syrien gagne !

(article publié en anglais par Medya News)

Fréderike Geerdink est journaliste indépendante. A suivre son compte Twitter et sa newsletter hebdomadaire Expert Kurdistan

IRAN. Arrestation d’une militante kurde à Bukan

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IRAN / ROJHILAT – Les forces de sécurité de la République islamique d’Iran ont arrêté violement Hataw Akrami à Bukan. Il s’agit de la cousine de Mehran Akrami, un jeune Kurde tué sous la torture par des agents des services secrets lors des protestations «Jin, Jiyan, Azadî (Femme, Vie, Liberté) » déclenchée par le meurtre de Jina Mahsa Amini.
 
Selon un rapport reçu par l’ONG Hengaw, dans la soirée du jeudi 30 mai 2024, Hataw Akrami, un Kurde de 42 ans originaire de Takab, a été arrêté dans le village de Ingijeh à Bukan lors d’une raid des forces de renseignement du CGRI au domicile de ses parents. Elle est également responsable d’un atelier de couture dans la ville de Bukan.
 
Une source bien informée proche de la famille d’Akrami déclare que près de 20 membres des services de renseignement du CGRI ont pris d’assaut la maison de ses parents à Bukan et l’ont violemment arrêtée.
 
De plus, après son arrestation, les forces du CGRI ont fouillé et inspecté la maison de ses parents.
 
Hataw Akrami est la cousine de Mehran Akrami, décédé sous la torture. Mehran a été arrêtée à Saqqez lors des manifestations populaires en novembre 2022, et est décédée le mardi 13 mars 2023 sous la torture à Saqqez. Il était un athlète de taekwondo et avait reçu plusieurs médailles.
 
Jusqu’à présent, aucune information n’est disponible sur le lieu et les conditions de détention de Hataw Akrami, ni sur les charges retenues contre elle. 

La Turquie veut saboter les élections du Rojava

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SYRIE / ROJAVA – L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) organise des élections locales le 11 juin prochain. Mais la Turquie attaque l’AANES dirigée par une alliance arabo-kurde, dans le but de saboter les élections et créer le chaos afin de mettre fin au modèle démocratique du Rojava devenu une lueur d’espoir pour tout le Moyen-Orient qui est saigné à blanc par des dicteurs en tout genre.
 
Le coprésident du Parti de l’Union démocratique (PYD), Salih Muslim a déclaré que la Turquie tentait de saboter les élections avec ses attaques contre le nord et l’est de la Syrie ces derniers jours et ajouté que les habitants de la région se rendront aux urnes sans reculer.
Salih Muslim

Après l’annonce de la tenue d’élections locales le 11 juin dans la région autonome démocratique du nord et de l’est de la Syrie, les attaques de la Turquie contre la région se sont intensifiées. 4 membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont perdu la vie dans les attaques menées hier. 11 civils, dont des femmes et des enfants, ont été blessés.

Le coprésident du Parti de l’Union démocratique (PYD), Salih Müslim, a évalué les attaques de la Turquie contre l’agence de presse Firat News.

Les élections auront lieu en totale transparence

Déclarant que les élections dans le nord et l’est de la Syrie se dérouleront dans un environnement transparent, Müslim a déclaré : « Les élections auront lieu afin de renforcer davantage les activités du service public. Il y a eu quelques problèmes jusqu’à présent. Ce sera une élection démocratique à laquelle participeront les habitants de la région. Il n’y aura pas de nomination, ce sera une élection locale basée sur les principes de la démocratie. Les choix à faire n’appartiennent à personne et il n’est pas juste de se retirer ailleurs. Les puissances qui n’adhèrent pas à la démocratie, en particulier la Turquie et le régime syrien, ne veulent pas que le peuple choisisse sa propre volonté, se gouverne lui-même et renforce ses activités de service. Ce sera la première fois qu’une telle élection aura lieu dans le nord et l’est de la Syrie. Pour cette raison, certains inconvénients surviennent. De plus, les exigences du Contrat Social sont mises en œuvre. Pour cette raison, aucun groupe n’a le droit de dire quoi que ce soit sur les élections à venir. Notre peuple se rendra aux urnes avec plaisir. »

Les élections auront lieu comme prévu

Attirant l’attention sur les déclarations du porte-parole adjoint du ministère américain des Affaires étrangères, Muslim a déclaré : « Dans la déclaration, il est indiqué que selon la résolution n° 2254 de l’ONU, de telles opportunités n’existent pas dans le nord et l’est de la Syrie. Pourquoi ont-ils fait une telle déclaration ? Une telle déclaration a été faite parce qu’elle figurait à l’ordre du jour de la Turquie et qu’ils ont porté l’incident à différents endroits. Il règne une atmosphère tendue dans tous les pays du Moyen-Orient. On ne sait pas exactement ce que fera la Turquie. Depuis des jours, la Turquie tente de faire croire à tout le monde que « les États-Unis sont derrière les élections ». Ils ont peut-être fait une telle déclaration après les réactions de la Turquie. Il s’agit d’une déclaration diplomatique qui n’a pas pour but de provoquer la Turquie. Le nord et l’est de la Syrie organisent des élections selon leurs propres conditions. De telles élections se déroulent sans le soutien ni la consultation de quiconque. » 

Intolérance au contrat social

Soulignant les attaques qui se sont développées après la déclaration américaine, Muslim a déclaré : « La Turquie est opposée à ces élections depuis le début. C’est contre la volonté du peuple et de la démocratie. Il fait de son mieux pour empêcher l’instauration de la volonté, de la démocratie, de la justice, de l’égalité et de la fraternité des peuples dans le nord et l’est de la Syrie. Chaque fois qu’un pas vers la démocratie est fait dans la région, ils s’y opposent certainement. Je pense que ces attaques n’ont rien à voir avec la déclaration américaine. Il y a une attaque qui dure depuis des années. En particulier avec la réalisation du [nouveau] Contrat Social, les niveaux d’intolérance ont augmenté. »

Le peuple élira ses représentants

Muslim a poursuivi ses propos ainsi : « La Turquie mène ses attaques dans le but de saboter les élections et d’empêcher les gens de se rendre aux urnes en les intimidant. La Turquie fera de son mieux pour empêcher la tenue des élections. Il existe une énorme intolérance à l’égard des élections. Mais [l’AANES] organisera certainement ces élections. Notre peuple ira aux urnes sans reculer et élira ses représentants selon sa volonté. »