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TURQUIE. Le chef du CHP attaqué à la sortie de la cérémonie funéraire d’Önder

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TURQUIE – ISTANBUL – Le président du CHP, Özgür Özel, a été attaqué par un criminel se disant « fils d’ottomans » alors qu’Ozel quittait les funérailles de Sırrı Süreyya Önder, député du DEM Parti pro-kurde décédé hier à Istanbul.

Le chef du Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Özel, a été agressé devant le Centre culturel Atatürk (AKM) à Istanbul, après avoir prononcé une déclaration lors des funérailles de Sırrı Süreyya Önder, membre de la délégation d’İmralı du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (Parti DEM). L’agresseur serait Selçuk Tengioğlu qui avait tué ses enfants Barış et Mutlu à İskenderun en 2004.

Le DEM Parti et de nombreuses personnalités politiques, dont le député CHP Sezgin Tanrıkulu ont condamné l’agression visant Ozgur Ozel.

TURQUIE. Le décès de Sirri Sureyya Onder éclipse les commémorations du génocide de Dersim

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TURQUIE / KURDISTAN. Les commémorations du massacre des Kurdes-alévis de Dersim (1937-38) ont été éclipsées par les funérailles de Sirri Sureyya Onder, député de DEM Parti décédé hier à Istanbul…
 
 
Par exemple, le DEM Parti « pro-kurde » n’a pas publié de communiqué sur le génocide de Dersim. On l’a vérifié en allant sur leur site internet et le compte officiel X (ancien Twitter). La seule chose qu’on y voit est un communiqué de 2 mai demandant la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le massacre de Dersim.
 
Les autres organisations ou médias kurdes ne font pas mieux, en priorisant les infos relatives au décès – certes malheureux – de Sirri Sureyya Onder, alors qu’ils n’ont pas ou peu parlé du massacre de Dersim jusqu’à présent. Pourtant, le massacre de Dersim (environs 70 000 morts et des milliers de déportés) a eu des conséquences graves pour les Kurdes qu’on ne peut aucunement comparable à la disparition de Sirri Sureyya Onder…
 

TURQUIE. Préparation de la Journée de la langue kurde

TURQUIE / KURDISTAN – Les organisations kurdes ont annoncé le programme d’actions et d’événements qui se tiendront à Amed entre le 4 mai et le 1er juin à l’occasion de la Journée de la langue kurde.

Les institutions de la langue kurde ont annoncé le programme des actions et événements organisés à l’occasion de la Journée de la langue kurde, le 15 mai, par un communiqué de presse au parc Koşuyolu, dans le quartier de Yenişehir à Amed. Sous le slogan « Statut pour la langue kurde, éducation en kurde », les actions et événements se dérouleront du 4 mai au 1er juin.

Le texte de presse a été lu en dialecte kirmanckî (zazakî ou Dimilî) par Şükran Yakut, coprésident de l’Association de recherche sur la langue et la culture de la Mésopotamie (MED-DER), et en dialecte kurmancî par Heval Dilbahar, co-porte-parole de la Commission de la langue, de la culture et des arts du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (Parti DEM).

La langue kurde continue d’être réprimée

La déclaration soulignait que la nation kurde est l’un des peuples les plus anciens de l’humanité et précisait : « La langue kurde est également l’une des valeurs les plus fondamentales et indispensables de la nation kurde et de l’humanité tout entière. Malheureusement, en raison du déni du peuple kurde depuis un siècle, la culture et la langue kurdes, comme beaucoup d’autres langues et cultures, ont été victimes de tentatives de destruction brutale. Cependant, ces efforts ont échoué en raison de la lutte nationale kurde. Pourtant, nous constatons des tentatives de relancer des pratiques visant à supprimer la langue kurde. Le kurde n’est toujours pas reconnu par la bureaucratie ; il continue d’être ignoré, interdit, encerclé et réprimé par diverses méthodes. L’objectif de rendre le turc dominant dans tout le Kurdistan et partout où vivent les Kurdes est d’assimiler les Kurdes et, à terme, d’effacer la langue kurde. C’est un crime contre l’humanité. »

Ceux qui ne peuvent pas défendre leur langue ne peuvent pas défendre l’humanité

La déclaration soulignait que la langue maternelle est l’existence, l’identité et l’âme d’un peuple : « Notre langue est la source et le fondement de notre unité nationale et la clé de notre libération à tous égards. Le kurde est notre ligne rouge. M. Abdullah Öcalan déclare notamment : « Protéger et développer sa langue et sa culture est une exigence de l’être humain. Ceux qui ne peuvent protéger leur langue ne peuvent rien protéger. Ceux qui ne peuvent protéger leur langue ne peuvent protéger l’humanité. Ceux qui ne connaissent pas ou ne développent pas leur langue maternelle restent des êtres humains incomplets. Si vous n’apprenez pas votre langue maternelle et ne recevez pas une éducation dans celle-ci, vous ne pouvez pas penser correctement ou magnifiquement, et vous ne pouvez rien produire ; vous avez l’impression que votre cerveau est mort. La langue maternelle est aussi importante que le pain et l’eau. Ces 50 dernières années, nous avons mené une lutte acharnée contre l’interdiction de notre langue et de notre culture. Protéger notre langue et notre culture est le devoir de chacun. »

Soutien à l’appel du 27 février

La déclaration continue : « L’ appel à la paix et à une société démocratique de M. Abdullah Öcalan a renforcé le débat sur la liberté de la langue kurde. Nous soutenons pleinement cet appel historique. Nous affirmons clairement que les droits linguistiques, culturels, politiques, juridiques et à l’autonomie de la nation kurde ne sont pas négociables et que tous les obstacles à l’exercice de ces droits doivent être supprimés. Pour construire une société libre, démocratique et pacifique, la langue kurde doit se voir accorder un statut officiel et devenir une langue d’enseignement. 

Bien entendu, pour que cela se produise, M. Abdullah Öcalan doit pouvoir agir librement et œuvrer à l’instauration de la paix et d’une société démocratique. Les conditions nécessaires doivent être créées ; l’identité, les valeurs et les droits de la nation kurde, en particulier la langue kurde et le droit à l’autonomie, doivent être reconnus politiquement et juridiquement, et garantis par la Constitution et les lois. »

Nous lançons une nouvelle phase dans la lutte pour la langue kurde

Le communiqué ajoute : « Nous savons pertinemment que l’isolement de M. Öcalan est directement lié à l’isolement de toutes les valeurs de la nation kurde, en particulier de la langue kurde. C’est pourquoi nous allons plus que jamais intensifier et élargir notre lutte pour protéger et développer la langue kurde. À cette fin, toutes les institutions, partis politiques, organisations, secteurs et divers milieux kurdes et démocratiques, y compris nous-mêmes, lancent une nouvelle phase de la lutte pour la langue kurde avec le slogan : Un statut pour le kurde, une éducation en kurde. »

 

 

 

Actions et événements prévus

Le communiqué souligne que « le 15 mai, Journée de la langue kurde, sera célébré dans toutes les régions du Kurdistan et de Turquie. Nous organiserons diverses luttes, actions, programmes et activités au sein de la société. Nos actions seront menées dans chaque district, village, quartier, rue, foyer, auprès des jeunes, des enfants, des universités, des commerçants et dans tous les autres domaines. »

Il s’agira notamment de marches, d’annonces de masse, de campagnes de tracts, de banderoles et de panneaux d’affichage en kurde, de réunions avec le public et les institutions, de forums, de plateformes publiques, de tentes, de pièces de théâtre, de foires du livre kurde, de panels, de colloques, d’ateliers, de conférences, de concerts et d’événements numériques.

Il y aura également des programmes de collaboration avec les gouvernements locaux/municipalités, des efforts parlementaires et diplomatiques, le tout couvert par un plan global et complet.

Nous intensifierons particulièrement la lutte pour obtenir la reconnaissance juridique et pratique du kurde, son statut de langue d’enseignement, la restauration de la toponymie kurde et l’inversion des termes turcisés. De plus, nous sensibiliserons à l’organisation et à l’enseignement de la langue kurde dans toutes les régions du Kurdistan et partout où vivent des Kurdes. (ANF) 

SYRIE. Pourquoi HTC s’en prend aux Druzes?

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SYRIE – Les attaques contre les Druzes visent à adresser de multiples messages à diverses parties. Elles sont susceptibles de s’étendre à une campagne plus vaste visant tous les peuples de la région. Mais pourquoi HTC s’en prend aux Druzes ? Réponses avec le journaliste kurde Firat Dicle.

Dans la soirée du 28 avril, des forces affiliées au HTS (Hayat Tahrir al-Sham, ou HTC) ont lancé une attaque à l’arme lourde contre la région de Jaramana, située au sud de Damas. Les attaques se sont rapidement propagées au-delà de Jaramana, vers Sahnaya, Achrafiya et Suwayda, causant la mort de dizaines de civils.

Comme l’a déjà rapporté le site Lekolin.org dans ses articles des 7 et 13 mars, l’Organisation nationale du renseignement turc (MIT), en coordination avec HTS, a élaboré des plans secrets pour la région. Lors d’une réunion à l’ambassade de Turquie en Syrie, des responsables du MIT auraient donné pour instruction aux commandants de HTS de prendre le contrôle de la région de Soueïda et de ses environs, d’empêcher l’expansion militaire des forces druzes et de semer le chaos en réponse aux frappes aériennes israéliennes ciblant les bases T-4 et Palmyre occupées par la Turquie. Dans le cadre de ce plan, le MIT et HTS auraient utilisé l’IA pour fabriquer une vidéo semblant montrer un dirigeant druze, Marwan Kiwan, insultant le prophète Mahomet. Immédiatement après, les attaques contre la population druze ont commencé. Des membres de l’EI et des djihadistes étrangers au sein de HTS ont ciblé des étudiants druzes à Homs et Damas avant de se tourner vers Jaramana, où des dizaines de civils ont été massacrés dans la nuit du 28 avril.

Malgré la condamnation par le chef religieux druze de l’extrait audio fabriqué et des attaques, des groupes turkmènes au sein de HTC, étroitement liés à l’État turc, ont intensifié leurs attaques à Jaramana, Sahnaya, Ashrafiya, Thala et Suwayda. Dans un premier temps, le gouvernement de Damas est resté silencieux. Un accord aurait ensuite été conclu entre les cheikhs druzes et le gouvernement, mais il n’a eu aucun impact réel sur le terrain. Les attaques se sont poursuivies sans relâche.

Israël est intervenu

Après les attaques du HTS, Israël a d’abord condamné verbalement, puis annoncé avoir frappé un convoi djihadiste en route pour attaquer les communautés druzes. Bien que les responsables militaires et politiques israéliens aient déclaré qu’ils ne toléreraient pas les attaques contre les Druzes, leur réponse n’a pas eu d’effet dissuasif. La situation demeure incertaine.

Risque de nouveaux massacres

La communauté druze est bien organisée, mais manque d’expérience militaire. La poursuite des attaques pourrait conduire à un massacre généralisé de la population druze. Les massacres qui visaient auparavant les Alaouites s’étendent désormais aux Druzes. Ces attaques ne sont que les premières manifestations d’une idéologie profondément ancrée, dans sa forme la plus faible. À mesure que HTC se renforcera, il est probable qu’il mènera davantage d’attaques meurtrières contre les populations de Syrie et de la région. Il ne s’agit là que d’une phase préparatoire. Par conséquent, les populations syriennes doivent de toute urgence mettre en place des structures d’autodéfense et des organisations locales.

Plusieurs messages derrière les attaques

Les attaques contre les Druzes visent à envoyer de multiples messages à différentes parties.

Le président turc Erdoğan a déclaré un jour : « Même si nous ne sommes pas les meneurs de jeu, nous sommes doués pour les perturber. » Conscient que la Turquie n’a aucune influence sur l’avenir de la Syrie, Erdoğan cherche à saboter toute équation future potentielle et à propager la guerre à une région plus vaste. L’État turc envoie un signal à tous les groupes ethniques et religieux de Syrie, à Israël, à la Coalition, au monde arabe, et en particulier aux Kurdes.

En ripostant aux frappes aériennes israéliennes sur les bases aériennes T-4 et Palmyre, la Turquie envoie également le message qu’Israël ne peut opérer librement dans l’espace aérien syrien. Alors qu’Israël considère les Druzes comme des alliés, la Turquie souhaite bloquer toute alliance de ce type et rappeler à Israël ses limites en Syrie.

L’État turc tente également de perturber les accords conclus par Israël avec les États arabes. En cas de succès, la Turquie se présenterait aux forces de la coalition comme un acteur perturbateur, mais indispensable, dans la région.

En menaçant les Kurdes, notamment ceux qui ont tenu une conférence à Qamichli le 26 avril, la Turquie vise à les contraindre à accepter les conditions de HTC. À tout le moins, la Turquie cherche à empêcher l’unité kurde par des actes de violence de masse, et prépare déjà le terrain dans les villes druzes. Des groupes turkmènes fidèles à la Turquie ont également menacé les Kurdes. De plus, la Turquie cherche à bloquer toute relation potentielle entre Kurdes et Israël en détournant l’attention d’Israël dans le sud de Damas tout en lançant une nouvelle offensive contre les Kurdes.

Les attaques contre les Druzes et les Alaouites s’inscrivent dans une stratégie plus vaste visant tous les peuples de la région. Il est donc essentiel de ne pas rester silencieux face à ces attaques. Des mesures préventives doivent être prises immédiatement, sinon il pourrait être trop tard. Seules des forces organisées peuvent mettre fin à ces massacres. Il n’y a pas de temps à perdre. (ANF)

SYRIE. Des Druzes exigent-ils que Mazloum Abdi soit à la tête du gouvernement syrien?

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SYRIE / ROJAVA – Le vétéran internationaliste des Unités de protection du peuple (YPG) ayant combattu le groupe État islamique, Karim Marcello Franceschi affirment que les Druzes syriens exigent que le commandant kurde, Mazloum Abdi prenne la tête du gouvernement de transition syrien.

Voici le poste de Karim Marcello Franceschi publié ce matin sur X (ancien Twitter):

Des voix druzes s’élèvent… réclamant que Mazloum Abdi prenne la tête du gouvernement de transition syrien, remplaçant Ahmed al-Sharaa. Leurs appels font écho aux cris désespérés des anciens alaouites lors des tempêtes génocidaires qui ont ravagé le littoral.
 
Je l’ai rencontré pour la première fois en 2015, lors de l’offensive de Sarrin. Membre de l’unité de tireurs d’élite de Kobané, j’assistais au briefing des commandants. Je n’étais pas l’internationaliste le plus haut gradé (Şervan, du légendaire 223e régiment de Tabur, avait cet honneur), mais je me souviens clairement d’Abdi. Il portait le même treillis qu’il porte encore aujourd’hui : non repassé, taché de poussière et effiloché par son but. Des chaussures de course usées. Pas de médailles, pas de faste. Il a grandi en buvant du thé, en mangeant du pain et en profitant des maigres ressources de la vie de guérilla dans les montagnes. Il ne s’est jamais marié. Il a choisi une vie de célibat et de dévouement. Et il n’a jamais dévié.
 
Il s’exprima clairement. « On n’est plus à Kobané », dit-il. « Daech est affaibli. Ses meilleurs éléments sont déjà tombés. Avancez vite, mais surtout, respectez la population. »
 
Ce moment reste gravé dans ma mémoire ; non seulement comme un briefing tactique, mais aussi comme une déclaration. Il a déclaré :
 
Nous ne gagnerons pas par la force. Ce n’est pas une guerre de pouvoir. La force ne fait pas le droit. Et il y a des plus forts. Nous gagnons parce que nous sommes justes. Parce que les peuples sont avec nous. Nous nous battons pour eux – Kurdes, Arabes, Yézidis, musulmans, chrétiens, juifs, Arméniens, Tchétchènes, Turkmènes… peu importe.
 
Dans ces mots, j’entendais plus qu’une simple logique militaire : j’entendais le rejet de la domination comme ontologie, le refus de la souveraineté comme théologie de la violence. Une politique ancrée non dans la transcendance, mais dans la terre, la sueur et la survie partagée.
 
Aujourd’hui, Heval Şahin [nom de guerre de Mazloum Abdi ou Mazlum Kobanî] porte un costume mal ajusté, probablement acheté dans la rue. Il lave probablement encore lui-même son linge. Et pourtant, les images de massacres, de nettoyages, de violations ne proviennent jamais de l’AANES. Pas même des prisons de l’EI, où les pires sont détenus avec plus de dignité que les mercenaires de Jolani n’en offrent aux civils.
 
Le monde regarde désormais vers le Rojava. Et tandis que le mirage de l’empire s’effondre, une lueur d’espoir subsiste. Une politique non pas de confiscation, mais de subsistance. Une révolution silencieuse, nourrie par la terre, par le peuple, par la certitude que la justice ne crie pas, mais s’enracine.
 
Un dernier espoir, peut-être, pour maintenir la Syrie entière.

La politique turque hostile à Dersim héritée de l’empire ottoman

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TURQUIE / KURDISTAN – Il y a 88 ans jour pour jour, le gouvernement turc lançait une campagne génocidaire ciblant les Kurdes-alevis de la province de Dersim qui refusaient la soumission à l’État turc-sunnite. Plus de 70 000 Kurdes alévis de Dersim furent massacrés et des milliers d’autres chassés de leurs terres, tandis que l’État turc rebaptisait Dersim en « Tunceli » (Main de bronze) du nom de l’opération militaire de l’époque. Retour sur le contexte dans lequel le génocide de Dersim a eu lieu. 

Une politique turque hostile à Dersim héritée de l’empire ottoman

En mai 2020, l’historien et chercheur kurde, Sedat Ulugana expliquait le contexte dans lequel le génocide de Dersim a eu lieu, en mettant en évidence la continuité d’une politique anti-Dersim de l’État turc héritée de l’empire ottoman. Un long reportage qui fut réalisé par Barış Balseçer et publié sur le site Yeni Ozgür Politika le 13 mai 2022 : 
 
83 ans se sont écoulés depuis le génocide de Dersim. Selon les chiffres officiels, entre 1937 et 1938, 14 245 [Kurdes alévis] ont été tués lors du massacre, du nom du décret « Opération Tunceli Tenkil », publié avec la décision du Conseil des ministres du 4 mai 1937. Cependant, selon des chercheurs historiques et de nombreuses sources, environ 70 000 personnes ont été tuées lors du génocide, parmi lesquelles des enfants, des personnes âgées et des femmes. Nous avons parlé avec le chercheur-écrivain Sedat Ulugana du génocide de Dersim.
 
Quel genre de transformation politique les Ottomans ont-ils connu avant le génocide de Dersim? Quand on regarde ce massacre commis par les Kémalistes, est-il possible de dire qu’une inimitié historique a été perpétuée ?
 
Contrairement à d’autres endroits du Kurdistan, Dersim est une zone que les Ottomans ne pouvaient pas contrôler complètement jusqu’aux Tanzimat (« réorganisation » en turc ottoman – ère de réformes qui ont eu lieu entre 1839 et 1876). Dersim a un statut relativement indépendant par rapport aux autres émirats kurdes. Bien qu’il semble parfois être lié à l’émirat de Çemişgezek, Dersim était une région tribale et les Ottomans ne purent y entrer vraiment qu’au milieu des années 1800. Le processus des Tanzimat que l’histoire officielle turque nous offre comme «occidentalisation et modernisation» est en fait l’imposition d’une autorité centrale au Kurdistan. Avec ce processus, le transfert à Istanbul du capital accumulé chez les Mîrs (émirs) kurdes a été planifié et mis en pratique.
 
Dans le processus des Tanzimat, les Ottomans tentent d’établir une autorité à Dersim, mais quand on regarde le Kurdistan, c’est le seul endroit où les Ottomans ont échoué. De l’ère Abdülhamit aux Tanzimat, les tribus sont sévèrement punies. Immédiatement après ce processus, le projet des régiments «Hamidiye» a été lancé en 1892. En fait, de nombreuses tribus alévies kurdes de Dersim souhaitent également participer à ce projet. Parce qu’ils voient ce projet comme un «statut» et une «capitulation» pour eux-mêmes. Un autre nom de ce processus est «la paix de l’État et des tribus». Le processus des régiments Hamidiye est la paix de l’État avec les tribus. Donc les Tanzimat sont aussi un projet pour les Kurdes. Cependant, malgré toutes les demandes, aucune tribu kurde-kizilbash de Dersim n’a été inclue aux régiments Hamidiye [Les Hamidiés étaient des régiments de cavalerie légère de l’armée ottomane créé en 1891 et recrutés principalement parmi les tribus kurdes. Leur nom « Hamidiye » vient de celui du sultan Abdülhamid II]. On inclus dans le projet des régiments Hamidiye uniquement des tribus kurdes sunnites.
 
Les relations entre les tribus Cibran et Xormeks, limitées à Dersim, jouent un rôle très important pour Dersim. Dersim devint alors le refuge des tribus Kizilbash. En plein pillages des régiments Hamidiye, les tribus des Xormek et des Lolan de Varto pouvaient riposter contre les pillages effectués par la tribu Cibran.
 
Pendant l’İttihat Terakki (Comité Union et Progrès – CUP, en turc İttihat ve Terakki Cemiyeti) il y eu une certaine calme à Dersim. Surtout avec la dissolution des régiments d’Hamidiye et la sécularisation de la politique d’islamisation Abdulhamid accès sur le sunnisme, Dersim peut enfin respirer. Mais la période de détente a lieu pendant les premières années de l’İttihat Terakki. Par la suite, l’İttihat Terakki met en place la politique de « turquification ». A partir de 1913, l’Etat renoue avec les méthodes de l’époque d’Abdulhamid pasha. Avec la mise en oeuvre des politiques de turquification, l’Etat mettra sur sa liste Dersim qui faisait partie de quelques régions jamais soumises. C’est à dire que l’Etat a décidé qu’a Dersim, la pensée étatique devait prévaloir. Cette liste a été léguée aux Kémalistes après l’İttihat Terakki.
 
Dersim est l’un des endroits que le kémaliste Abdülhalik Renda, l’un des noms importants de l’époque, député de Çankırı, a cités dans ses rapports en 1926, « Il y a trois lieux de problèmes au Kurdistan ». Dersim fait partie de ces lieux cités par Renda. L’hostilité anti-Dersim du pouvoir ottoman citée dans ces rapports, se lège au régime des Tanzimat; Du régime Tanzimat à l’Ittihat Terakki; Il est passé du Comité d’union et de progrès et enfin aux Kémalistes. En 1937, les Kémalistes ont réalisé le rêve que les Ottomans et les Unionistes n’avaient pas pu réalisé jusqu’alors.
 
Dersim est situé au centre du Kurdistan, c’est le cœur du Kurdistan. C’est une région très difficile [du fait sa position géographiques montagneuse difficile d’accès] . En raison de l’incapacité de l’État d’y régner, Dersim devient un port où toutes les tribus des environs peuvent se réfugier, une base pour les Kurdes. Tout comme le Rojava est une base à la fin des années 1920, Dersim est un port interne pour les mouvements kurdes. L’État sait que les codes kurdes de Kizilbash étaient très forts à cette époque. Déjà, en regardant les lettres de Seyid Rıza, la forte revendication kurde est perceptible. Dans de nombreux rapports préparés au cours de cette période, Dersim a été déclaré comme le «centre du kurdisme ». Conformément à ces informations, le régime kémaliste a décidé de disposer de cette base et a mis en œuvre le projet d’anéantissement complet des Kurdes.
 

Alors, peut-on dire que les tribus ont pris part à la résistance contre le massacre?

Certaines tribus ne participent pas à la résistance. Mais ce n’est pas seulement un cas spécifique à Dersim. Dans toutes les sociétés où le féodalisme est fort, il est extrêmement facile de profiter des conflits internes et d’activer la dynamique interne de ces sociétés. En fait, en s’en prenant à Dersim, on cible Seyid Rıza. Parce qu’il y a la lettre qu’il a envoyée à Sèvre en 1920. La raison pour laquelle Dersim est une cible est l’insistance de Dersim en kurdicité.

 
Quand nous regardons l’histoire officielle de l’État turc, on s’aperçoit qu’ils donne comme prétexte la rebelion comme étant la cause profonde des massacres qu’ils ont commis et en même temps, dans leurs discours, ils qualifiaient de « réactionnaires-féodaux », etc. afin de donner une justification légale au massacre. en ajoutant des discours. Pourquoi est-ce ainsi ?
 
Depuis la rebelion de Bitlis en 1914, jusqu’en 1938, l’État s’efforce de dépouiller toutes les révoltes et résistances kurdes d’une personnalité politique pour le revêtir d’un « déguisement judiciaire ». Telle est la politique de l’État et cette politique a commencé avec le processus de rébellion de Bitlis en 1914. Ils ont codé le processus Bitlis comme « un soulèvement réactionnaire contre le régime constitutionnel ». Ils ont également fait témoigner les leaders des tribus et les notables arméniens dans ce sens. Le consul russe de Bitlis de l’époque le reconnaît. Lors de la rébellion de Şêx Said en 1925, une opération a été menée auprès de la presse, et en particulier, on a fait pression sur la presse pour qu’elle présente la rébellion comme étant « réactionnaire, une révolte pour la charia ».
 
Pour la rébellion d’Ağrı, qui est intervenue entre ces deux rebellions, on ne peut trouver un tel alibi. Alors, on la qualifie d’ « agissement de gang » et d’« incitation des États étrangers », et on accuse l’Iran et les Britanniques. Le terme de « pouvoirs extérieurs » d’aujourd’hui remonte en fait à cette époque. Pour Dersim, on a utilisé la qualification de « liquidation du féodalisme ». Quand nous regardons le codage de toutes ces révoltes par le régime républicain, ils ont trouvé un alibi pour chaque rébellion afin de les vider de la kurdicité.
 
Les révoltes kurdes sont-elles connectées les unes aux autres?
 
Toutes ces révoltes et résistances kurdes entre 1914-1938 sont interconnectées. Il s’agit en fait d’un mouvement monolithique. Mais ce sont des projets que l’État a brisés; les empêchant de fusionner entre-eux. Lors de la Rébellion de Bitlis en 1914, si les instructions de Bedirxan avaient étaient attendues, c’est-à-dire si la rébellion avait éclate pendant la guerre, la Première Guerre mondiale aurait pu changer le sort de la rébellion. Cela aurait pu entraîner un résultat positif pour les Kurdes. Mais à cette époque, l’État a pris toutes les précautions pour qu’elle reste locale. L’État a arrêté les membres du clan Bedirxan, en a exécuté quelques-uns, en a exilé plusieurs et en a acheté certains.
 
On voit les mêmes motivations dans la rébellion de Şêx Said en 1925. C’est un calcul remarqué plus tard. Pour le pouvoir ottoman, c’est la revanche sur la rebelion de Bitlis. Cette année-là, Cibranlı Halit Bey avertit de ne pas tenter de soulèvement. Nous n’avons pas de documents, mais je pense que Cibranlı Halit Bey et Alişer se connaissaient, notamment sur la ligne Erzurum. Halit Bey est la seule personne de la tribu Cibran que les tribus Xormek et Lolan respectent . Si la rébellion de 1925 avait été dirigée par Cibranlı Halit Bey, il aurait pu réaliser les unités tribales kurdes et alévies, en particulier au sein du Dersim. Il existe également une telle possibilité.
 
Quel le degré de véracité quand on décrit le massacre de Dersim comme un massacre d’Alévis ?
 
Quand on regarde Tokat, Kastamonu, Bandırma, en dehors de la géographie du Kurdistan, par exemple, les codes alévis des Turcs sont plus radicaux que les codes alévis kurdes. En d’autres termes, le régime kémaliste n’a pas de problème avec l’alévisme tel quel. Par conséquent, il ne suffit pas de qualifier le massacre de Dersim de «massacre d’Alevis» seulement. La raison prédominante orientant l’État contre Dersim est qu’il est kurde. Et c’est le pouvoir que les Kızılbaş (Qizilbash, l’ordre soufi chiite des Safavides auquel certains des Kurdes alévies ont adhéré) ont ajouté à la kurdicité.
 
Quel est le nombre de personnes massacrées et déplacées à Dersim?
 
Étant donné qu’une ou deux personnes de presque toutes les familles ont été anéanties à Dersim, il s’avère qu’entre 70 et 80 000 habitants de Dersim ont été massacrés. Beaucoup de gens ont été tués par le typhus et le choléra dans les prisons où 50 personnes ont été enfermées dans des cellules pour 10 personnes. Il y a beaucoup de gens qui sont morts sur les routes de l’exil. Il y a ceux morts de faim. Cela signifie qu’au moins la moitié de la population de Dersim a été assassinée.
 
Mais les dirigeants kurdes ne pouvaient-ils pas voir un tel massacre ou l’attention de l’État?
 
C’était absolument prévu. Surtout chez les Kurdes après le génocide arménien de 1915, Il y a la suspicion de « Ce qui a été fait aux Arméniens pourrait-il nous arriver? » Quelques années plus tard, le massacre de Koçgiri arrive comme une réponse à cette suspicion. On se disait : « L’État fera des massacres, mais chez les Kurdes alévis ». Cette fois-ci, on s’est dit : « Le feront-ils aux Kurdes sunnites? ». 4-5 ans plus tard, dans le triangle Palu-Genç et Lice, lorsque les villages kurdes ont été incendiés, avec enfants, vieillards, femmes, il était devenu certain qu’on allait massacrer tous les Kurdes.
 
Après le massacre de Zilan en 1930, la géographie du Kurdistan a été sérieusement réduit en silence. Dersim connaissait très bien le massacre de Zilan en 1930. De toute évidence, ils en avaient peur. Mais les habitants de Dersim n’avait pas d’autre choix. Donc, quoi qu’ils fassent, l’État allait commettre ce massacre. On a réfléchi à la manière de prévenir le massacre et des mesures ont été prises pour l’empêcher. La phrase de Seyid Rıza qui aurait dit , «je viendrai me rendre, pourvu que vous n’attaquiez pas Dersim », et le fait que le massacre ait tout de même eu lieu est une indication que l’État ne voulait en aucun cas faire de compromis. A Dersim, le gouvernement veut liquider complètement celui qu’il considère comme un « bandit », « nuisible à la turquicité », et il le fait.
 
Quelle est l’attitude des autres États face à cela ?
 
Aucun Etat ne réagit. Des avions britanniques ont même été utilisés à Zilan. Certains documents ont été rendus publics. «Nos avions ont été utilisés lors de la rébellion d’Ağrı. Nous nous demandons les forces de manœuvre. Mais les Kurdes en ont abattus quelques-uns ». Les Britanniques ont donné des armes à l’État turc à cette époque et ont transformé le Kurdistan en laboratoire. Des documents indiquant que les gaz toxiques utilisés à Dersim appartiennent à l’Allemagne sont également apparus récemment. En dehors de cela, il y a des lettres envoyées par Seyid Rıza à l’Angleterre et à la France, mais ces pays n’entendent pas le cri de Dersim, ils bouchent leurs oreilles.
 
Je suis tombé sur la correspondance interne de la France à cette époque. « Dans ce processus, l’État kémaliste a tué tant de Kurdes à Dersim. Nous entendons cela ». Mais il n’y a aucun commentaire sur les documents. Ils prennent juste l’information, c’est tout. Je n’ai pas trouvé de déclaration condamnant les massacres. Mais surtout avant le massacre de Dersim, les Français ont empêché les Xoybunistes de venir depuis la frontière syrienne. En bloquant les frontières, ils ont apporté un soutien implicite à l’État turc.
 
Quelle est la raison principale du soutien international au Kémalisme?
 
En réalité, les kémalistes se sont en fait battus contre les Grecs, les Arméniens et les Kurdes. Il n’y a pas de combat avec des puissances européennes telles que les Français, les Britanniques, etc., comme le décrit l’histoire officielle. Le régime kémaliste a dominé l’Anatolie à cette époque, en échange de la cession de la province de Mossoul aux Britanniques et de la province d’Alep aux Français et de renoncer à d’autres terres au Moyen-Orient. Il a amélioré ses relations avec les bolcheviques. Les Russes ont abandonné le Kurdistan aux Kémalistes. En fait, il n’y a pas de victoire comme le prétend l’histoire officielle turque. Le sultan Vahdettin allant en Angleterre, le régime ottoman est devenu le régime kémaliste. Les limites sont les mêmes. Le seul changement aux frontières est l’inclusion d’Hatay en 1937 et l’annexion de Chypre en 1974.
 
Quand nous regardons le présent, nous voyons que la politique néo-ottomane est toujours menée par Erdogan et le bloc au pouvoir. Comment les Kurdes peuvent empêcher cette tentative d’occupation?
 
Surtout en 1920, il y a une conspiration internationale contre les Kurdes dans le cadre du traité de Sèvres. Les Kurdes doivent tenir compte du fait que cette conspiration sera répétée. La seule chose qui déjouera cette conspiration est « l’unité nationale ».
 
Le rapport de Mustafa Abdülhalik Renda
 
Mustafa Abdülhalik Renda est l’une des rares personnes à connaître l’esprit de la rébellion kurde et à avoir étudié les révoltes kurdes. Ce sont des gens de Roumélie (la partie de la péninsule balkanique sous domination ottomane), du Comité de l’Union. Pendant leur séjour à Roumélie et dans les Balkans, ce sont les unionistes qui ont connu la guerre avec les insurgés des Balkans et ont lu le concept de rébellion de la littérature française sur le plan politique. Renda a été trouvée dans différentes parties du Kurdistan de 1913 jusqu’au milieu des années 1920. C’est une personne qui dit ne pas avoir digéré le « kurdisme » de son propre aveux, en parlant de la période allant de la rébellion de Bitlis qui a eu lieu en 1914 à la rébellion de Şêx Said en 1925. Le rapport qu’il a préparé en 1926 est important. Dans le rapport, « Il y a trois districts au Kurdistan. La première de ces régions est le mont Ararat et le ruisseau de Zilan; le deuxième est Sason et le troisième est Dersim ». Ils ont perpétré le massacre de Zilan en 1930. Ils ont perpétré un massacre à Sason en 1935. Ils ont perpétré le massacre de Dersim entre 1937 et 1938.
 
L’origine du Comité de l’Union
 
Quand on regarde toutes les révoltes kurdes, on voit que presque tous les commandants turcs qui ont organisé des massacres ou préparé des rapports étaient d’origine thracienne ou balkanique. Comment dois-je lire ceci?
 
Le lieu où le Comité d’union et de progrès a été créé n’est pas le territoire anatolien, c’est Roumélie. Ces personnes sont principalement des immigrants Roumélie. L’Armée du Mouvement, dont l’Union et les progressistes ont pris le commandement, est arrivée à Istanbul de Thessalonique. Cette équipe s’assure que tous les officiers des quartiers de Thessalonique et Roumélie arrivent à des postes clefs. En fait, ce sont ces cadres qui ont fondé la république kémaliste. En d’autres termes, tout en faisant la promotion du turc anatolien ou d’un officier d’origine kurde, arabe et albanaise promu capitaine; Le régime kémaliste – également lié au fait qu’Ataturk soit originaire de Thessalonique – garantit que les immigrants de Roumélie de l’armée montent jusqu’au grade de général. Ce fut le cas jusqu’aux dernières années.
 
Première; ce sont des Serbes, Bulgares, etc. islamisés. Ce sont des peuples des Balkans. En d’autres termes, ce sont des personnes issues de familles islamisées il y a plus de 100-200 ans. Il n’y a aucun autre endroit où ces gens peuvent aller. Ils voient l’Anatolie comme une patrie.
 
De Cevdet Sunay à Fevzi Çakmak, Salih Omurtak, Alpdoğan… Ces personnes sont des officiers de réserve diplômés en tant qu’étudiants militaires, bien avant le génocide de Dersim. Ce sont la génération prometteuse de l’Ittihat Terakki. Ces personnes avaient déjà appris comment le génocide pouvait se faire systématiquement. Cette génération a réalisé le génocide à Zilan en 1930, ils ont théorisé complètement le génocide. Par la suite, ils ont publié des livres éducatifs appelés «guides de recherche de passeurs et de bandits» dans les écoles de gendarmerie. Le but principal de ces livres est de savoir comment tuer des Kurdes et comment faire des massacres. Les directives ont été publiées entre 1930 et 1933. Ils ont été formés au massacre et au génocide dans les écoles de gendarmerie et d’officiers.
 
L’importance de Nuri Dersimi et d’Alişer
 
Quelle est l’importance de Nuri Dersimi et Alişer en termes d’histoire kurde?
 
Contrairement aux intellectuels kurdes, Nouri Dersimi est également un militant. L’anxiété intellectuelle est plus dominante quand on regarde Celadet Ali Bedirhan ou Memduh Selim. Nuri Dersimi est un homme de lutte, d’action. Plus que Seyid Rıza, je pense que Nuri Dersimi n’a pas agit indépendamment d’Alişer. Nuri Dersimi avait un lien politique important avec le Mouvement Xoybun qui était en Syrie. De même, dans son livre, il essaie d’exprimer qu’il a des réseaux de renseignement. À cette époque, nous voyons que le Xoybun existait sous forme d’organisation clandestine presque partout au Kurdistan. En ce sens, je pense que Nuri Dersimi est en fait l’un des rares cadres politiques de la Résistance de Dersim.
 
Un autre de ces cadres politiques est bien sûr Alişer. Alişer a une ambition. Dans sa lettre de 1920, il apparaît comme un acteur kurde ayant l’intention de porter le fardeau de tout le Kurdistan (avec les sunnites, les alévis et les Êzîdîs) et d’être leur dirigeant. Dans sa lettre, il dit: « J’ai parlé aux Russes au nom de 8 millions de Kurdes ». Quand on regarde la lettre qu’Alişer a écrite en 1920, on voit aussi qu’il a suivi attentivement les travaux de la kurdologie de l’époque.

 

*Des documents fuités en mai 2019 révélaient que le fondateur de la Turquie, Ataturk avait acheté des armes chimiques à l’Allemagne nazie (1937) pour les utiliser lors du massacre des Kurdes à Dersim. 

Des condoléances affluent de tout le Kurdistan pour Sırrı Süreyya Önder

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TURQUIE / KURDISTAN – Des messages de condoléances affluent de tout le Kurdistan, allant du Rojava au Bashur, suite au décès du député du DEM Parti, Sırrı Süreyya Önder. Les responsables politiques kurdes saluent la mémoire d’Önder qui a participé activement aux récents pourparlers de paix engagés entre le gouvernement turc et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Alors que la veillée funèbre organisée par le DEM Parti pour Sirri Surreya Onder à Istanbul où une foule immense pleure le député ayant œuvré pour la paix entre les peuples kurde et turc, Abdullah Ocalan, des dirigeants du Kurdistan irakien et du Rojava ont fait des communiqués de condoléances. L’Union des communautés du Kurdistan (Koma Civakên Kurdistanê, KCK), organisation proche du PKK, a également publié un communiqué de condoléances pour Sırrı Süreyya Önder qui était « un pionnier de la lutte pour la paix et la démocratie ».

Voici le communiqué de la KCK:

 

« C’est avec une grande tristesse que nous avons appris que l’éminent Sırrı Süreyya Önder, qui avait été soigné en soins intensifs pendant 18 jours suite à une grave crise cardiaque, a perdu la vie. (…)

Un fils précieux de notre peuple (…) qui avait apporté une contribution significative à la lutte pour la liberté, la démocratie et la paix, nous a malheureusement quittés. Nous tenons à exprimer notre plus profonde tristesse pour la perte d’une personne aussi précieuse, qui s’est investie avec tant d’énergie dans ce combat. Nous présentons nos condoléances à sa famille et à ses proches, à tous ses proches, amis, collègues, au milieu du cinéma d’art et d’essai, au Parti démocrate-démocrate auquel il appartenait, et à nos peuples. Nous nous inclinons respectueusement devant sa précieuse mémoire.

Sırrı Süreyya Önder a été confronté à ce grave problème de santé alors qu’il accomplissait son travail très précieux pour la paix et la démocratie, et malheureusement, à cause de cela, il a donné sa vie. Il est un martyr de la lutte pour la paix et la démocratie. Sirri Sureyya Onder était un grand homme de lutte. C’était un socialiste, un révolutionnaire et un patriote. Sa vie a été consacrée à la lutte pour le socialisme, la démocratie et la liberté, et il en a payé le prix fort.

Il fut, d’une part, un important pionnier du mouvement socialiste et de la lutte pour le socialisme en Turquie, et d’autre part, toujours solidaire du peuple kurde, dont il fut un acteur majeur. Tout au long de sa vie, il réussit à unir la lutte de deux peuples, réalisant ainsi l’idéal le plus désiré et le plus ardent de la Turquie. Par sa personnalité artistique et son œuvre, il contribua grandement au développement social. À travers son art, il aborda la réalité sociale avec audace et esthétique, questionna l’existant et contribua à l’approfondissement de sa pensée.

Par sa vie, son art et sa lutte pour le socialisme et la démocratie, l’éminent Sırrı Süreyya Önder, dont les qualités positives peuvent difficilement être décrites par des mots, a représenté l’héritage de pionniers comme Mahir Cayan, Deniz Gesmish, Ibrahim Kaypakkaya et Yilmaz Guney et a joué un rôle crucial pour garantir que cet héritage se perpétue aujourd’hui. Nous le commémorons avec respect et nous inclinons une fois de plus devant sa précieuse mémoire. Il a donné sa vie au mois de mai, qui est le mois des martyrs. À cette occasion, nous commémorons également les martyrs de mai et tous les martyrs de la révolution et de la lutte pour la démocratie avec respect et gratitude. 

L’éminent Sırrı Süreyya Önder menait et menait l’important combat pour la paix. Compte tenu de l’ampleur et de l’immense travail qu’il avait accompli, avec ses collègues et amis, pour la paix jusqu’à présent, de grandes attentes pesaient toujours sur lui. Malgré la douleur immense de sa disparition, nous tenons à souligner que la meilleure façon de valoriser sa mémoire est de poursuivre et de mener à bien le combat pour la paix et la démocratie qu’il a mené. Par respect pour lui et par attachement à ses idéaux, nous déclarons que nous mettrons tout en œuvre pour y parvenir. Nous appelons ainsi chacun à redoubler d’efforts dans le combat pour la paix et la démocratie, et à manifester notre attachement à la précieuse mémoire de Sırrı Süreyya Önder pour le mener à bien et en faire un succès. » 

SYRIE. Meurtres dans les zones rurales de Hama et Homs

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SYRIE – Alors que le massacre des Alaouites et les Druzes se poursuivent, l’agence kurde ANHA signale que sept civils ont été tués lors de deux attaques distinctes survenues dans les zones rurales de Hama et de Homs.

 

ANHA site les sources locales qui ont rapporté le meurtre de sept personnes, dont deux femmes, dans les zones rurales de Hama et Homs.

Dans le village d’Ain Badriya, dans la zone rurale de Hama, trois agriculteurs – Amjad Zublou, Musab Zublou et Youssef Ali – ont été tués d’une balle dans la tête.

Dans le village de Kafarnan, dans la campagne de Homs, quatre autres agriculteurs, dont deux femmes, ont été tués alors qu’ils travaillaient aux champs. Il s’agit de Safaa Abbas (65 ans), son épouse Nashmiya Eid (60 ans), Nameer Al-Mustafa (45 ans) et Nazmiya Sweid (42). (ANHA) 

Le conseil étudiant des universités du Rojava tient son assemblée fondatrice

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SYRIE / ROJAVA – Le conseil étudiant des universités de la Syrie du Nord et de l’Est a tenu son assemblée fondatrice hier à Raqqa en présence des centaines de participant-e-s, dont des représentants de l’administration autonome arabo-kurde (AANES).

Les étudiants des universités de la Syrie du Nord et de l’Est ont affirmé leur engagement à contribuer à la construction d’une société démocratique fondée sur l’égalité et la justice.

Le Conseil des étudiants des universités du nord et de l’est de la Syrie a tenu hier sa première assemblée constitutive à l’université Al-Sharq, dans le canton de Raqqa. Étaient présents des représentants de l’administration autonome du Nord et d’Est de la Syrie (AANES), du Conseil des universités, de l’Autorité de l’éducation et de l’enseignement, ainsi que des étudiants des universités de Rojava, d’Al-Sharq et de Kobanê.

La séance a débuté par une minute de silence en hommage aux martyrs du Rojava. Samira Youssef, coprésidente de l’Autorité de l’éducation et de l’enseignement, a prononcé un discours soulignant le rôle fondamental de l’éducation dans le développement des individus et des sociétés, insistant sur son importance pour favoriser le progrès et la prospérité. Elle a affirmé que la création du Conseil des étudiants témoigne de la prise de conscience des étudiants quant à leur rôle et à leur responsabilité dans la construction de leur avenir scolaire.

Media Hamsho, coprésidente du Conseil des universités de la région du Nord et de l’Est de la Syrie, a souhaité la bienvenue aux participants et a souligné le rôle essentiel des étudiants dans la vie universitaire. Elle a insisté sur l’importance du dialogue et de l’ouverture pour créer un environnement éducatif propice à l’ambition et à l’innovation.

L’assemblée a examiné le règlement intérieur du Conseil des étudiants et a conclu par une déclaration finale dans laquelle les étudiants ont réaffirmé leur engagement à contribuer à la construction d’une société démocratique fondée sur les principes d’égalité et de justice, tout en rejetant toute forme de discrimination et de racisme.

La déclaration a également souligné l’importance de renforcer la représentation des étudiants dans les forums universitaires et internationaux et a souligné la nécessité d’une unité étudiante à travers la Syrie, appelant à la résistance à l’ingérence autoritaire qui entrave l’engagement démocratique au sein des universités.

La formation de ce conseil marque une étape importante vers l’organisation de l’activité étudiante et le renforcement du rôle des étudiants dans le façonnement du paysage académique et sociétal dans la région du nord et de l’est de la Syrie. (ANHA)

ROJAVA. Un émir de DAECH arrêté avec un arsenal militaire à Deir EzZor

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SYRIE / ROJAVA – Le 2 mai, les forces arabo-kurdes ont arrêté un émir du groupe terroriste État islamique (EI ou DAECH) avec un arsenal militaire dans la région de Deir EzZor.

Le Centre des médias des Forces démocratiques syriennes (FDS) a publié aujourd’hui un communiqué révélant que ses forces avaient capturé un chef de mercenaires de l’EI. Ce communiqué précise :

« Vendredi, nos équipes des opérations militaires [en kurde: Tîmên Operasyonên Leşkerî, TOL], avec le soutien de la Coalition internationale, ont mené une opération de sécurité précise et ciblée dans la campagne orientale de Deir Ezzor, ciblant un haut dirigeant de l’organisation terroriste de DAECH nommé Hamoud Abdullah al-Khatib, alias Abu Zakaria.

Le terroriste Abdullah était le soi-disant « émir » d’une cellule de l’EI opérant dans le secteur économique. Il extorquait de l’argent aux civils sous la menace d’une arme, sous prétexte de collecter la « zakat », et menaçait de mort ceux qui refusaient..

Sur la base de renseignements précis et d’une surveillance étroite, nos forces ont suivi les mouvements du terroriste, identifié son emplacement, l’ont encerclé et capturé avec succès, et ont mis la main sur une importante cache d’armes et de munitions, notamment:

-5 lanceurs RPG

-38 cartouches de RPG

-40 ogives RPG

-1 arme antichar LAW

-2 grenades à main

-13 boîtes de munitions AKC

-3 boîtes de munitions DShK

-1 boîte de munitions BKC

-17 boîtes de munitions pour pistolet 9 mm

-18 chargeurs de fusil AK-47

-9 chargeurs de fusil AKC

-26 boîtes de munitions AKC

-7 cartouches de pistolet de 8 mm

-2 450 cartouches de BKC

-260 cartouches AK-47

-1 lunette de visée

-3 mitrailleuses BKC

-1 fusil de sniper russe

-1 fusil AKC

-2 fusils AK-47

-2 pistolets de 8 mm

-4 chargeurs de pistolets de 8 mm

-2 pistolets de 9 mm

-5 chargeurs de pistolets 9 mm

Nos forces réaffirment leur engagement à démanteler les cellules de l’EI, à cibler ses infrastructures et ses réseaux de soutien, à couper ses ressources matérielles et idéologiques et à sauvegarder la sécurité et la stabilité de la région en toutes circonstances. » (ANHA)

KURDISTAN. Commémorations du génocide kurde-alévi de Dersim

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TURQUIE / KURDISTAN – Entre 1937 et 1938, l’État turc a massacré près de 70 000 Kurdes alévis dans la région de Dersim et chassé des milliers d’autres tandis qu’il rebaptisait Dersim en « Tunceli » (Main de bronze) du nom de l’opération militaire de l’époque. Ce 4 mai, date du début du génocide de Dersim, de nombreuses commémorations auront lieu à Dersim mais aussi en Europe où il y a une importante diaspora kurde.

Le génocide de Dersim

Dersim était connue pour son esprit indépendant et sa résistance à l’autorité centrale des différents empires et états qui ont essayé de contrôler la région au fil des siècles. La république de Turquie nouvellement formée percevait la diversité ethnique et religieuse de Dersim comme un défi à son intégrité.

En 1936, le gouvernement turc a promulgué la Loi de réorganisation (Tunceli Kanunu), destinée à assimiler la région de Dersim. Cette loi était une réponse directe à la résistance croissante des tribus locales. Elle comprenait des mesures telles que la réinstallation forcée et la suppression des structures sociales et politiques traditionnelles.

L’année suivante, le 4 mai 1937, le Conseil des ministres, sous la présidence d’Atatürk, adopta des mesures plus drastiques qui ont mené à une intervention militaire massive. La campagne a été caractérisée par des bombardements aériens, des brûlages de villages et des exécutions sommaires. Les rapports officiels estimaient le nombre de morts à 13 000, tandis que des sources locales élevaient ce chiffre à plus de 40 000.

Le massacre a eu des répercussions profondes sur la communauté kurde de Dersim, avec des milliers de survivants déplacés ou contraints à l’exil. La politique de répression a également contribué à une méfiance durable entre les communautés kurdes et le gouvernement central.

Longtemps tabou en Turquie, le sujet du Massacre de Dersim a commencé à être discuté ouvertement à la fin des années 2000.

Cependant, la question de la reconnaissance complète et de la réparation reste sensible et divise toujours l’opinion publique turque. Les Kurdes continuent de réclamer une enquête approfondie et la restitution aux victimes et à leurs descendants.

Le Massacre de Dersim est un rappel douloureux des dangers de politiques étatiques autoritaires et assimilationnistes de l’État turc. Alors que la Turquie continue de lutter avec les diverses identités ethniques et religieuses, la mémoire de Dersim reste un symbole puissant de la résistance contre l’oppression et de la quête de reconnaissance et de justice.

 

 Une politique turque hostile à Dersim héritée de l’empire ottoman

En mai 2020, l’historien et chercheur kurde, Sedat Ulugana expliquait le contexte dans lequel le génocide de Dersim a eu lieu, en mettant en évidence la continuité d’une politique anti-Dersim de l’État turc héritée de l’empire ottoman. Un long reportage qui fut réalisé par Barış Balseçer et publié sur le site Yeni Ozgür Politika le 13 mai 2022 : 
 
83 ans se sont écoulés depuis le génocide de Dersim. Selon les chiffres officiels, entre 1937 et 1938, 14 245 [Kurdes alévis] ont été tués lors du massacre, du nom du décret « Opération Tunceli Tenkil », publié avec la décision du Conseil des ministres du 4 mai 1937. Cependant, selon des chercheurs historiques et de nombreuses sources, environ 70 000 personnes ont été tuées lors du génocide, parmi lesquelles des enfants, des personnes âgées et des femmes. Nous avons parlé avec le chercheur-écrivain Sedat Ulugana du génocide de Dersim.
 
Quel genre de transformation politique les Ottomans ont-ils connu avant le génocide de Dersim? Quand on regarde ce massacre commis par les Kémalistes, est-il possible de dire qu’une inimitié historique a été perpétuée ?
 
Contrairement à d’autres endroits du Kurdistan, Dersim est une zone que les Ottomans ne pouvaient pas contrôler complètement jusqu’aux Tanzimat (« réorganisation » en turc ottoman – ère de réformes qui ont eu lieu entre 1839 et 1876). Dersim a un statut relativement indépendant par rapport aux autres émirats kurdes. Bien qu’il semble parfois être lié à l’émirat de Çemişgezek, Dersim était une région tribale et les Ottomans ne purent y entrer vraiment qu’au milieu des années 1800. Le processus des Tanzimat que l’histoire officielle turque nous offre comme «occidentalisation et modernisation» est en fait l’imposition d’une autorité centrale au Kurdistan. Avec ce processus, le transfert à Istanbul du capital accumulé chez les Mîrs (émirs) kurdes a été planifié et mis en pratique.
 
Dans le processus des Tanzimat, les Ottomans tentent d’établir une autorité à Dersim, mais quand on regarde le Kurdistan, c’est le seul endroit où les Ottomans ont échoué. De l’ère Abdülhamit aux Tanzimat, les tribus sont sévèrement punies. Immédiatement après ce processus, le projet des régiments «Hamidiye» a été lancé en 1892. En fait, de nombreuses tribus alévies kurdes de Dersim souhaitent également participer à ce projet. Parce qu’ils voient ce projet comme un «statut» et une «capitulation» pour eux-mêmes. Un autre nom de ce processus est «la paix de l’État et des tribus». Le processus des régiments Hamidiye est la paix de l’État avec les tribus. Donc les Tanzimat sont aussi un projet pour les Kurdes. Cependant, malgré toutes les demandes, aucune tribu kurde-kizilbash de Dersim n’a été inclue aux régiments Hamidiye [Les Hamidiés étaient des régiments de cavalerie légère de l’armée ottomane créé en 1891 et recrutés principalement parmi les tribus kurdes. Leur nom « Hamidiye » vient de celui du sultan Abdülhamid II]. On inclus dans le projet des régiments Hamidiye uniquement des tribus kurdes sunnites.
 
Les relations entre les tribus Cibran et Xormeks, limitées à Dersim, jouent un rôle très important pour Dersim. Dersim devint alors le refuge des tribus Kizilbash. En plein pillages des régiments Hamidiye, les tribus des Xormek et des Lolan de Varto pouvaient riposter contre les pillages effectués par la tribu Cibran.
 
Pendant l’İttihat Terakki (Comité Union et Progrès – CUP, en turc İttihat ve Terakki Cemiyeti) il y eu une certaine calme à Dersim. Surtout avec la dissolution des régiments d’Hamidiye et la sécularisation de la politique d’islamisation Abdulhamid accès sur le sunnisme, Dersim peut enfin respirer. Mais la période de détente a lieu pendant les premières années de l’İttihat Terakki. Par la suite, l’İttihat Terakki met en place la politique de « turquification ». A partir de 1913, l’Etat renoue avec les méthodes de l’époque d’Abdulhamid pasha. Avec la mise en oeuvre des politiques de turquification, l’Etat mettra sur sa liste Dersim qui faisait partie de quelques régions jamais soumises. C’est à dire que l’Etat a décidé qu’a Dersim, la pensée étatique devait prévaloir. Cette liste a été léguée aux Kémalistes après l’İttihat Terakki.
 
Dersim est l’un des endroits que le kémaliste Abdülhalik Renda, l’un des noms importants de l’époque, député de Çankırı, a cités dans ses rapports en 1926, « Il y a trois lieux de problèmes au Kurdistan ». Dersim fait partie de ces lieux cités par Renda. L’hostilité anti-Dersim du pouvoir ottoman citée dans ces rapports, se lège au régime des Tanzimat; Du régime Tanzimat à l’Ittihat Terakki; Il est passé du Comité d’union et de progrès et enfin aux Kémalistes. En 1937, les Kémalistes ont réalisé le rêve que les Ottomans et les Unionistes n’avaient pas pu réalisé jusqu’alors.
 
Dersim est situé au centre du Kurdistan, c’est le cœur du Kurdistan. C’est une région très difficile [du fait sa position géographiques montagneuse difficile d’accès] . En raison de l’incapacité de l’État d’y régner, Dersim devient un port où toutes les tribus des environs peuvent se réfugier, une base pour les Kurdes. Tout comme le Rojava est une base à la fin des années 1920, Dersim est un port interne pour les mouvements kurdes. L’État sait que les codes kurdes de Kizilbash étaient très forts à cette époque. Déjà, en regardant les lettres de Seyid Rıza, la forte revendication kurde est perceptible. Dans de nombreux rapports préparés au cours de cette période, Dersim a été déclaré comme le «centre du kurdisme ». Conformément à ces informations, le régime kémaliste a décidé de disposer de cette base et a mis en œuvre le projet d’anéantissement complet des Kurdes.
 

Alors, peut-on dire que les tribus ont pris part à la résistance contre le massacre?

Certaines tribus ne participent pas à la résistance. Mais ce n’est pas seulement un cas spécifique à Dersim. Dans toutes les sociétés où le féodalisme est fort, il est extrêmement facile de profiter des conflits internes et d’activer la dynamique interne de ces sociétés. En fait, en s’en prenant à Dersim, on cible Seyid Rıza. Parce qu’il y a la lettre qu’il a envoyée à Sèvre en 1920. La raison pour laquelle Dersim est une cible est l’insistance de Dersim en kurdicité.

 
Quand nous regardons l’histoire officielle de l’État turc, on s’aperçoit qu’ils donne comme prétexte la rebelion comme étant la cause profonde des massacres qu’ils ont commis et en même temps, dans leurs discours, ils qualifiaient de « réactionnaires-féodaux », etc. afin de donner une justification légale au massacre. en ajoutant des discours. Pourquoi est-ce ainsi ?
 
Depuis la rebelion de Bitlis en 1914, jusqu’en 1938, l’État s’efforce de dépouiller toutes les révoltes et résistances kurdes d’une personnalité politique pour le revêtir d’un « déguisement judiciaire ». Telle est la politique de l’État et cette politique a commencé avec le processus de rébellion de Bitlis en 1914. Ils ont codé le processus Bitlis comme « un soulèvement réactionnaire contre le régime constitutionnel ». Ils ont également fait témoigner les leaders des tribus et les notables arméniens dans ce sens. Le consul russe de Bitlis de l’époque le reconnaît. Lors de la rébellion de Şêx Said en 1925, une opération a été menée auprès de la presse, et en particulier, on a fait pression sur la presse pour qu’elle présente la rébellion comme étant « réactionnaire, une révolte pour la charia ».
 
Pour la rébellion d’Ağrı, qui est intervenue entre ces deux rebellions, on ne peut trouver un tel alibi. Alors, on la qualifie d’ « agissement de gang » et d’« incitation des États étrangers », et on accuse l’Iran et les Britanniques. Le terme de « pouvoirs extérieurs » d’aujourd’hui remonte en fait à cette époque. Pour Dersim, on a utilisé la qualification de « liquidation du féodalisme ». Quand nous regardons le codage de toutes ces révoltes par le régime républicain, ils ont trouvé un alibi pour chaque rébellion afin de les vider de la kurdicité.
 
Les révoltes kurdes sont-elles connectées les unes aux autres?
 
Toutes ces révoltes et résistances kurdes entre 1914-1938 sont interconnectées. Il s’agit en fait d’un mouvement monolithique. Mais ce sont des projets que l’État a brisés; les empêchant de fusionner entre-eux. Lors de la Rébellion de Bitlis en 1914, si les instructions de Bedirxan avaient étaient attendues, c’est-à-dire si la rébellion avait éclate pendant la guerre, la Première Guerre mondiale aurait pu changer le sort de la rébellion. Cela aurait pu entraîner un résultat positif pour les Kurdes. Mais à cette époque, l’État a pris toutes les précautions pour qu’elle reste locale. L’État a arrêté les membres du clan Bedirxan, en a exécuté quelques-uns, en a exilé plusieurs et en a acheté certains.
 
On voit les mêmes motivations dans la rébellion de Şêx Said en 1925. C’est un calcul remarqué plus tard. Pour le pouvoir ottoman, c’est la revanche sur la rebelion de Bitlis. Cette année-là, Cibranlı Halit Bey avertit de ne pas tenter de soulèvement. Nous n’avons pas de documents, mais je pense que Cibranlı Halit Bey et Alişer se connaissaient, notamment sur la ligne Erzurum. Halit Bey est la seule personne de la tribu Cibran que les tribus Xormek et Lolan respectent . Si la rébellion de 1925 avait été dirigée par Cibranlı Halit Bey, il aurait pu réaliser les unités tribales kurdes et alévies, en particulier au sein du Dersim. Il existe également une telle possibilité.
 
Quel le degré de véracité quand on décrit le massacre de Dersim comme un massacre d’Alévis ?
 
Quand on regarde Tokat, Kastamonu, Bandırma, en dehors de la géographie du Kurdistan, par exemple, les codes alévis des Turcs sont plus radicaux que les codes alévis kurdes. En d’autres termes, le régime kémaliste n’a pas de problème avec l’alévisme tel quel. Par conséquent, il ne suffit pas de qualifier le massacre de Dersim de «massacre d’Alevis» seulement. La raison prédominante orientant l’État contre Dersim est qu’il est kurde. Et c’est le pouvoir que les Kızılbaş (Qizilbash, l’ordre soufi chiite des Safavides auquel certains des Kurdes alévies ont adhéré) ont ajouté à la kurdicité.
 
Quel est le nombre de personnes massacrées et déplacées à Dersim?
 
Étant donné qu’une ou deux personnes de presque toutes les familles ont été anéanties à Dersim, il s’avère qu’entre 70 et 80 000 habitants de Dersim ont été massacrés. Beaucoup de gens ont été tués par le typhus et le choléra dans les prisons où 50 personnes ont été enfermées dans des cellules pour 10 personnes. Il y a beaucoup de gens qui sont morts sur les routes de l’exil. Il y a ceux morts de faim. Cela signifie qu’au moins la moitié de la population de Dersim a été assassinée.
 
Mais les dirigeants kurdes ne pouvaient-ils pas voir un tel massacre ou l’attention de l’État?
 
C’était absolument prévu. Surtout chez les Kurdes après le génocide arménien de 1915, Il y a la suspicion de « Ce qui a été fait aux Arméniens pourrait-il nous arriver? » Quelques années plus tard, le massacre de Koçgiri arrive comme une réponse à cette suspicion. On se disait : « L’État fera des massacres, mais chez les Kurdes alévis ». Cette fois-ci, on s’est dit : « Le feront-ils aux Kurdes sunnites? ». 4-5 ans plus tard, dans le triangle Palu-Genç et Lice, lorsque les villages kurdes ont été incendiés, avec enfants, vieillards, femmes, il était devenu certain qu’on allait massacrer tous les Kurdes.
 
Après le massacre de Zilan en 1930, la géographie du Kurdistan a été sérieusement réduit en silence. Dersim connaissait très bien le massacre de Zilan en 1930. De toute évidence, ils en avaient peur. Mais les habitants de Dersim n’avait pas d’autre choix. Donc, quoi qu’ils fassent, l’État allait commettre ce massacre. On a réfléchi à la manière de prévenir le massacre et des mesures ont été prises pour l’empêcher. La phrase de Seyid Rıza qui aurait dit , «je viendrai me rendre, pourvu que vous n’attaquiez pas Dersim », et le fait que le massacre ait tout de même eu lieu est une indication que l’État ne voulait en aucun cas faire de compromis. A Dersim, le gouvernement veut liquider complètement celui qu’il considère comme un « bandit », « nuisible à la turquicité », et il le fait.
 
Quelle est l’attitude des autres États face à cela ?
 
Aucun Etat ne réagit. Des avions britanniques ont même été utilisés à Zilan. Certains documents ont été rendus publics. «Nos avions ont été utilisés lors de la rébellion d’Ağrı. Nous nous demandons les forces de manœuvre. Mais les Kurdes en ont abattus quelques-uns ». Les Britanniques ont donné des armes à l’État turc à cette époque et ont transformé le Kurdistan en laboratoire. Des documents indiquant que les gaz toxiques utilisés à Dersim appartiennent à l’Allemagne sont également apparus récemment. En dehors de cela, il y a des lettres envoyées par Seyid Rıza à l’Angleterre et à la France, mais ces pays n’entendent pas le cri de Dersim, ils bouchent leurs oreilles.
 
Je suis tombé sur la correspondance interne de la France à cette époque. « Dans ce processus, l’État kémaliste a tué tant de Kurdes à Dersim. Nous entendons cela ». Mais il n’y a aucun commentaire sur les documents. Ils prennent juste l’information, c’est tout. Je n’ai pas trouvé de déclaration condamnant les massacres. Mais surtout avant le massacre de Dersim, les Français ont empêché les Xoybunistes de venir depuis la frontière syrienne. En bloquant les frontières, ils ont apporté un soutien implicite à l’État turc.
 
Quelle est la raison principale du soutien international au Kémalisme?
 
En réalité, les kémalistes se sont en fait battus contre les Grecs, les Arméniens et les Kurdes. Il n’y a pas de combat avec des puissances européennes telles que les Français, les Britanniques, etc., comme le décrit l’histoire officielle. Le régime kémaliste a dominé l’Anatolie à cette époque, en échange de la cession de la province de Mossoul aux Britanniques et de la province d’Alep aux Français et de renoncer à d’autres terres au Moyen-Orient. Il a amélioré ses relations avec les bolcheviques. Les Russes ont abandonné le Kurdistan aux Kémalistes. En fait, il n’y a pas de victoire comme le prétend l’histoire officielle turque. Le sultan Vahdettin allant en Angleterre, le régime ottoman est devenu le régime kémaliste. Les limites sont les mêmes. Le seul changement aux frontières est l’inclusion d’Hatay en 1937 et l’annexion de Chypre en 1974.
 
Quand nous regardons le présent, nous voyons que la politique néo-ottomane est toujours menée par Erdogan et le bloc au pouvoir. Comment les Kurdes peuvent empêcher cette tentative d’occupation?
 
Surtout en 1920, il y a une conspiration internationale contre les Kurdes dans le cadre du traité de Sèvres. Les Kurdes doivent tenir compte du fait que cette conspiration sera répétée. La seule chose qui déjouera cette conspiration est « l’unité nationale ».
 
Le rapport de Mustafa Abdülhalik Renda
 
Mustafa Abdülhalik Renda est l’une des rares personnes à connaître l’esprit de la rébellion kurde et à avoir étudié les révoltes kurdes. Ce sont des gens de Roumélie (la partie de la péninsule balkanique sous domination ottomane), du Comité de l’Union. Pendant leur séjour à Roumélie et dans les Balkans, ce sont les unionistes qui ont connu la guerre avec les insurgés des Balkans et ont lu le concept de rébellion de la littérature française sur le plan politique. Renda a été trouvée dans différentes parties du Kurdistan de 1913 jusqu’au milieu des années 1920. C’est une personne qui dit ne pas avoir digéré le « kurdisme » de son propre aveux, en parlant de la période allant de la rébellion de Bitlis qui a eu lieu en 1914 à la rébellion de Şêx Said en 1925. Le rapport qu’il a préparé en 1926 est important. Dans le rapport, « Il y a trois districts au Kurdistan. La première de ces régions est le mont Ararat et le ruisseau de Zilan; le deuxième est Sason et le troisième est Dersim ». Ils ont perpétré le massacre de Zilan en 1930. Ils ont perpétré un massacre à Sason en 1935. Ils ont perpétré le massacre de Dersim entre 1937 et 1938.
 
L’origine du Comité de l’Union
 
Quand on regarde toutes les révoltes kurdes, on voit que presque tous les commandants turcs qui ont organisé des massacres ou préparé des rapports étaient d’origine thracienne ou balkanique. Comment dois-je lire ceci?
 
Le lieu où le Comité d’union et de progrès a été créé n’est pas le territoire anatolien, c’est Roumélie. Ces personnes sont principalement des immigrants Roumélie. L’Armée du Mouvement, dont l’Union et les progressistes ont pris le commandement, est arrivée à Istanbul de Thessalonique. Cette équipe s’assure que tous les officiers des quartiers de Thessalonique et Roumélie arrivent à des postes clefs. En fait, ce sont ces cadres qui ont fondé la république kémaliste. En d’autres termes, tout en faisant la promotion du turc anatolien ou d’un officier d’origine kurde, arabe et albanaise promu capitaine; Le régime kémaliste – également lié au fait qu’Ataturk soit originaire de Thessalonique – garantit que les immigrants de Roumélie de l’armée montent jusqu’au grade de général. Ce fut le cas jusqu’aux dernières années.
 
Première; ce sont des Serbes, Bulgares, etc. islamisés. Ce sont des peuples des Balkans. En d’autres termes, ce sont des personnes issues de familles islamisées il y a plus de 100-200 ans. Il n’y a aucun autre endroit où ces gens peuvent aller. Ils voient l’Anatolie comme une patrie.
 
De Cevdet Sunay à Fevzi Çakmak, Salih Omurtak, Alpdoğan… Ces personnes sont des officiers de réserve diplômés en tant qu’étudiants militaires, bien avant le génocide de Dersim. Ce sont la génération prometteuse de l’Ittihat Terakki. Ces personnes avaient déjà appris comment le génocide pouvait se faire systématiquement. Cette génération a réalisé le génocide à Zilan en 1930, ils ont théorisé complètement le génocide. Par la suite, ils ont publié des livres éducatifs appelés «guides de recherche de passeurs et de bandits» dans les écoles de gendarmerie. Le but principal de ces livres est de savoir comment tuer des Kurdes et comment faire des massacres. Les directives ont été publiées entre 1930 et 1933. Ils ont été formés au massacre et au génocide dans les écoles de gendarmerie et d’officiers.
 
L’importance de Nuri Dersimi et d’Alişer
 
Quelle est l’importance de Nuri Dersimi et Alişer en termes d’histoire kurde?
 
Contrairement aux intellectuels kurdes, Nouri Dersimi est également un militant. L’anxiété intellectuelle est plus dominante quand on regarde Celadet Ali Bedirhan ou Memduh Selim. Nuri Dersimi est un homme de lutte, d’action. Plus que Seyid Rıza, je pense que Nuri Dersimi n’a pas agit indépendamment d’Alişer. Nuri Dersimi avait un lien politique important avec le Mouvement Xoybun qui était en Syrie. De même, dans son livre, il essaie d’exprimer qu’il a des réseaux de renseignement. À cette époque, nous voyons que le Xoybun existait sous forme d’organisation clandestine presque partout au Kurdistan. En ce sens, je pense que Nuri Dersimi est en fait l’un des rares cadres politiques de la Résistance de Dersim.
 
Un autre de ces cadres politiques est bien sûr Alişer. Alişer a une ambition. Dans sa lettre de 1920, il apparaît comme un acteur kurde ayant l’intention de porter le fardeau de tout le Kurdistan (avec les sunnites, les alévis et les Êzîdîs) et d’être leur dirigeant. Dans sa lettre, il dit: « J’ai parlé aux Russes au nom de 8 millions de Kurdes ». Quand on regarde la lettre qu’Alişer a écrite en 1920, on voit aussi qu’il a suivi attentivement les travaux de la kurdologie de l’époque.

 

*Des documents fuités en mai 2019 révélaient que le fondateur de la Turquie, Ataturk avait acheté des armes chimiques à l’Allemagne nazie (1937) pour les utiliser lors du massacre des Kurdes à Dersim. 

La tombe de Leïla Bedirkhan sauvée de la destruction

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PARIS – En 2023, après des recherches importantes, la tombe de la célèbre ballerine et princesse kurde Leïla Bedirkhan avait été retrouvée dans le cimetière de Saint-Cloud, en région parisienne. Mais la joie avait été de courte durée car la concession funéraire de la tombe était arrivée à échéance. Enfin, grâce à un groupe de bienfaiteurs, l’emplacement de la tombe de Leyla Bedirhan a été reloué pour une durée de 30 ans.

 

Leyla Bedirxan en tenue de ballet

Leyla Bedirkhan était une princesse kurde et ballerine de renommée internationale. Après la Seconde Guerre mondiale, elle a mis un terme à sa carrière de danseuse et ouvert une école de danse classique à Paris.

D’après la photo sur sa tombe, Leyla Bedirkhan (Leyla Bedirxan) est née à Istanbul en 1907 et est devenue la première fille du Kurdistan à émerger dans le domaine de la danse classique. Leyla Bedirkhan est la fille d’Abdulrezaq Bedirkhan et la petite-fille de Bedirkhan Pacha. En 1913, après l’ordre d’extermination de la famille Bedirkhan, Leyla et sa mère ont quitté l’Empire ottoman pour l’Égypte où elle a passé son enfance.

Après la Première Guerre mondiale, 1914-1918, Leyla Bedirkhan s’est rendue en Europe et étudié en Suisse. Elle fut diplômée de l’Institut de danse en Allemagne. Elle est décédée à Paris, en 1986.

Leyla BedirKhan, une icone kurde de la danse classique

La date de naissance de Leyla Bedir Khan est contestée, mais c’était probablement le 31 juillet 1903 à Constantinople. Leyla elle-même a déclaré qu’elle était née en 1908, mais que son père était en prison en Libye entre 1906 et 1910. Elle est née dans une famille noble d’Abdürrezzak Bedir Khan, un descendant de Bedir Khan Beg et d’Henriette Ornik, une dentiste autrichienne d’origine juive. Ses premières années, elle a passé dans l’Empire ottoman, mais sa famille s’est rapidement installée en Égypte, où elle a grandi dans le cercle de la société diplomatique du Caire et d’Alexandrie. Après la mort de son père, elle et sa mère sont allées vivre à Vienne, où Leyla a pris ses premiers cours de danse. Pour terminer ses études secondaires, elle a fréquenté une école à Montreux, en Suisse.

Elle a commencé une carrière de danseuse par la suite et en 1924, elle a joué au Concert Hall de Vienne. Leyla est partie en France pour poursuivre sa carrière. Pendant son séjour à Paris, elle étudie pendant un an les danses des cultures indienne et perse ainsi que les rites zoroastriennes. Elle s’est produite dans des opéras en Europe et aux États-Unis. Elle a été la première danseuse de ballet kurde à apparaître à l’opéra avec La Scala à Milan en 1932 et s’est produite à l’Exposition universelle de New York en 1939.

À propos de sa chorégraphie de ses danses orientales, il a été rapporté qu’elle a dit qu’elle n’avait pas vraiment appris les danses qu’elle exécutait, elle improvisait, tout en utilisant principalement ses bras et son corps et pas tellement ses jambes. Elle a pu inclure dans son répertoire des danses des différentes cultures qu’elle a traversées dans la vie, comme l’égyptienne et l’assyrienne. Au cours de sa carrière, elle a souvent été citée comme une princesse kurde ou une star kurde. Après la Seconde Guerre mondiale, elle décide de mettre fin à sa carrière de danseuse et ouvre une école de danse à Paris. Le peintre français Jean Target l’a représentée dans son tableau « une danse kurde » et la Compagnie de Danse de Mésopotamie a mis en scène la pièce Leyla en sa mémoire en 2015.

Leïla Bederkhan et Henri Touache se sont mariés en 1930.[10] Le couple est devenu parent d’une fille, nommée Nevin. Leyla est décédée à Paris en 1986. (Wikipedia)