PARIS. Projection du film « Le petit Kurdistan »
SYRIE. Deux mois sous le joug du HTS : les femmes dans le viseur
SYRIE / ROJAVA – La Syrie, où un régime islamiste misogyne a pris le pouvoir avec le soutien du Qatar et de la Turquie, semble être condamnée au cycle de dictature suivi de régime islamiste et vice versa qu’ont connu de nombreux pays du Moyen-Orient (Iran, Égypte, Tunisie…) ces derniers décennies. A moins que les habitants de ce pays abritant de nombreuses minorités ethniques et religieuses (kurdes, druzes, alaouites, chrétiens…) et qui connaissent déjà un modèle féministe et pluraliste mis en place par les Kurdes et leurs alliés dans le Nord du pays (Rojava) disent non à une telle fatalité et disent stop aux dictateurs, qu’ils portent la barbe ou le képi.
« Le sort de la Syrie dépend de son peuple »
SYRIE / ROJAVA – La femme politique kurde de Syrie, Ilham Ahmed a déclaré que l’assouplissement des sanctions américaines contre la Syrie contribue à soutenir le peuple. Elle a également appelé à l’occupation turque de la Syrie et au retour sécurisé des réfugiés dans leurs foyers sous supervision internationale. Elle a souligné qu’une solution ne peut être trouvée sans un véritable soutien arabe et que le sort de la Syrie est entre les mains du peuple, l’unité nationale étant la seule voie pour mettre fin à l’occupation et à la tyrannie.
Dans le contexte des changements rapides en Syrie suite à la chute du régime précédent, des questions fondamentales se posent sur l’avenir du pays, le cours de la transition politique et l’influence des puissances régionales et internationales dans son façonnement.
Dans ce contexte, l’agence ANHA a interviewé Ilham Ahmed, coprésidente du département des relations extérieures de l’administration autonome de la Syrie du Nord et d’Est (AANES). La discussion a porté sur des questions clés, notamment les développements à Damas, l’assouplissement des sanctions, la position des puissances internationales sur les droits des Kurdes, les crimes de guerre commis par l’État occupant turc dans le nord et l’est de la Syrie et le rôle des femmes syriennes dans la prochaine phase, entre autres sujets.
L’interview :
Comment voyez-vous les changements qui se produisent à Damas ? L’assouplissement des sanctions contribuera-t-il au processus de transition politique ?
Les Syriens, en particulier, attendent et espèrent voir de nouvelles conditions en Syrie, entièrement différentes de la situation précédente. Les questions de libertés, de droits, de gouvernance participative et de préservation de la dignité humaine au sein d’une administration inclusive qui représente véritablement la structure de la société syrienne sont de la plus haute importance.
La communauté internationale et les amis de la Syrie ont imposé des sanctions au régime précédent pour aider le peuple syrien à obtenir ses droits légitimes. Sous l’administration actuelle, les sanctions restent en vigueur, même si certaines ont été levées ou assouplies. Nous considérons cela comme une étape positive pour aider le peuple syrien à se remettre des ravages de la guerre et à s’orienter vers un processus de reconstruction stable. En principe, nous ne soutenons pas les sanctions économiques qui punissent les citoyens, même si leur objectif est de freiner les excès des autorités. Dans de nombreux cas, les sanctions renforcent l’extrémisme, en particulier l’extrémisme idéologique. La priorité doit toujours être de soutenir une transition politique en douceur et de mettre en place des mécanismes efficaces pour cela.
Les efforts de facilitation internationale doivent s’accompagner de mesures sérieuses visant à améliorer les conditions de vie, à réglementer la vie quotidienne et à mettre fin aux actes de représailles individuelles qui se produisent dans des zones spécifiques du pays.
L’assouplissement des sanctions doit rester lié à un suivi continu du processus de transition, ainsi qu’à un soutien à la reconstruction et à la facilitation du dialogue national entre les différentes parties.
Vous avez récemment fait une déclaration concernant le rôle d’Israël dans le processus de paix au Moyen-Orient. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Le Moyen-Orient est actuellement le théâtre de guerres féroces entre États et entités, dont la plupart résultent des politiques de régimes traditionnels qui ont étouffé les sociétés et restreint leurs libertés pour protéger les intérêts des dirigeants plutôt que ceux des individus et des communautés. Il existe une lutte d’influence visant à façonner un nouveau Moyen-Orient, les sociétés payant le prix de leur manque de conscience politique et de leur implication dans des conflits orchestrés par des régimes pour leur propre bénéfice. Défendre les droits en niant l’existence des autres est vain. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’un large dialogue et de l’inclusion de toutes les parties dans les négociations de paix. Sans cette inclusion et avec la poursuite des politiques d’exclusion, les guerres persisteront. Pour mettre fin aux conflits et aux hostilités, il faut amener toutes les parties à la table des négociations. Le dialogue entre les peuples de la région et la conclusion d’ententes stratégiques pour parvenir à la paix et garantir les droits de tous sont d’une importance capitale.
De nombreux pays occidentaux, notamment l’Allemagne et la France, ont fait des déclarations sur la nécessité de protéger les Kurdes. Comment évaluez-vous ces déclarations ? Par ailleurs, pourquoi ces pays restent-ils silencieux sur les crimes de guerre commis par la Turquie contre les civils ?
Nous saluons toute position internationale qui soutient les droits des communautés du nord et de l’est de la Syrie. Cependant, il existe un écart important entre les déclarations et les actions réelles sur le terrain. La Turquie commet de graves violations contre les civils, notamment des bombardements, des assassinats, des changements démographiques et des attaques contre les infrastructures et les moyens de subsistance. Malgré cela, nous n’avons pas vu de mesures claires ou décisives de la part des pays occidentaux. Ce double standard porte atteinte à la crédibilité de la communauté internationale et encourage la Turquie à poursuivre ses politiques agressives sans rendre de comptes. Nous pensons que toutes les communautés syriennes ont un droit égal à leur patrie en tant que citoyens et contributeurs à l’élaboration de son avenir politique, et non en tant que minorités ayant besoin de protection.
Avez-vous évoqué la présence de forces étrangères en Syrie, notamment l’occupation turque du territoire syrien et la nécessité de renvoyer les personnes déplacées dans leurs foyers ?
Oui, cette question est toujours à l’ordre du jour de nos discussions avec les puissances internationales, en particulier les Nations Unies, les États-Unis et les pays européens. Nous soulignons que l’occupation turque de zones telles qu’Afrin, Serê Kaniyê (Ras al-Ain) et Tal Abyad viole le droit international et doit cesser. Les personnes déplacées doivent pouvoir rentrer chez elles en toute sécurité, à l’abri des changements démographiques que la Turquie met en œuvre en installant des groupes loyalistes à la place des résidents d’origine. Alors qu’un nombre important de Syriens déplacés sont rentrés chez eux dans diverses régions, les zones sous contrôle des groupes soutenus par la Turquie restent dépeuplées et les conditions de vie sont désastreuses. Par conséquent, nous appelons les Nations Unies, les forces de la coalition et la nouvelle administration à se porter garantes du retour de ces personnes déplacées.
Avez-vous présenté aux organismes internationaux des preuves des crimes de guerre commis par la Turquie contre les civils dans le nord et l’est de la Syrie ? Par ailleurs, comment voyez-vous l’effondrement potentiel du barrage de Tishreen?
Oui, nous avons des preuves documentées des crimes commis par la Turquie et nous les avons transmis aux Nations Unies, aux organisations de défense des droits de l’homme et aux États influents. La Turquie cible les civils, détruit les infrastructures et militarise l’eau en coupant l’approvisionnement de nos régions. En ce qui concerne le barrage de Tishrin, nous avons mis en garde à plusieurs reprises contre les dangers posés par les politiques turques, qui réduisent le débit de l’Euphrate, ainsi que les bombardements continus qui pourraient déclencher une catastrophe environnementale et humanitaire menaçant des millions de personnes. La Turquie doit jouer un rôle dans l’instauration de la paix en Syrie en cessant de soutenir les factions mercenaires, qui sont devenues un fardeau non seulement pour le peuple syrien mais aussi pour la Turquie elle-même. Les attaques contre les infrastructures, qu’il s’agisse des ressources énergétiques ou hydriques, nuisent à tous les Syriens, pas seulement à l’administration autonome. De plus, permettre à des criminels de guerre d’apparaître sur les plateformes de Damas envoie un message négatif sur l’administration actuelle. Certaines personnes figurant sur les listes de sanctions internationales ont du sang sur les mains, notamment celles responsables de l’assassinat de femmes politiques comme Hevrin Khalaf. Récompenser ces criminels signifie une approbation tacite de leurs actions. Nous espérons que la Turquie mettra fin à ses campagnes militaires contre la région afin que des discussions sérieuses puissent commencer sur la construction d’une nouvelle Syrie.
Concernant la politique américaine, prévoyez-vous des changements dans sa position à l’égard de la Syrie, du Nord et de l’Est du pays ?
Les États-Unis ont pris des engagements envers le nord et l’est de la Syrie, que ce soit dans la lutte contre l’EI ou pour soutenir la stabilité. Nous comprenons cependant que la politique américaine peut changer en fonction des intérêts géopolitiques. Jusqu’à présent, il n’y a pas de signes clairs de changements majeurs, mais nous continuons à travailler avec nos partenaires internationaux pour assurer un soutien continu à notre juste cause.
Avez-vous discuté avec l’administration américaine de la question de la gestion des prisons de l’EI, d’autant plus que Hayat Tahrir al-Cham (Hay’at Tahrir al-Sham – HTS) a exprimé son intérêt à en prendre le contrôle ?
Nous avons des discussions en cours avec l’administration actuelle sur de nombreux sujets, notamment la gestion des prisons. Jusqu’à présent, nous avons géré cette question en coopération avec les forces de la coalition et avons démontré notre détermination à empêcher l’EI de se regrouper. Tout changement dans l’administration pénitentiaire, en particulier pour les détenus de l’EI, nécessitera du temps, des discussions et l’approbation des États concernés.
Prévoyez-vous de visiter les pays arabes ? Si oui, quand ?
Nous sommes en contact permanent avec de nombreux pays arabes et pensons qu’une solution en Syrie ne peut être trouvée sans l’implication du monde arabe. Les visites dans ces pays figurent toujours en tête de notre agenda. Le soutien arabe à la paix et à la transition politique en Syrie est crucial et nous saluons ce renouvellement d’engagement avec la Syrie et son peuple.
Comment réagissez-vous aux appels nombreux et répétés en provenance de la côte syrienne et d’As-Suwayda ? Comment pouvez-vous les aider ? Quelles sont vos options ?
Nous prenons leurs appels très au sérieux et les considérons comme légitimes. Nous approchons d’une nouvelle phase de changement en Syrie et, par conséquent, il est crucial d’inclure ces communautés dans le processus politique. Il est de la plus haute importance de mettre fin aux violations auxquelles elles sont confrontées et d’empêcher l’émergence d’un nouveau chaos sous prétexte de transgressions individuelles. Nous affirmons que nous serons aux côtés de tous ceux qui sont opprimés et que nous coopérerons avec l’administration actuelle pour réaliser ces principes.
Dans quelle mesure les initiatives rapides lancées par les femmes du Nord et de l’Est de la Syrie contribueront – elles à résoudre la crise syrienne ?
Au cours des dernières années, en raison des guerres et conflits sanglants qui ont eu lieu en Syrie, de nouvelles influences culturelles étrangères ont pénétré la société syrienne en raison de la domination des groupes religieux extrémistes. Une grande partie de la société syrienne est certes musulmane, mais elle n’est pas extrémiste. Cependant, ces groupes ont imposé une culture qui a d’abord marginalisé les femmes, les confinant aux marges de la société. Inversement, ces circonstances ont créé de nouvelles opportunités pour de nombreuses femmes syriennes de s’organiser, de sensibiliser et de revendiquer leurs droits dans la constitution.
Les femmes du nord et de l’est de la Syrie se sont révélées être une force fondamentale de changement, que ce soit en politique, pour défendre le territoire ou pour construire un modèle administratif démocratique. Notre expérience au sein de l’administration autonome démontre que l’autonomisation des femmes est essentielle pour résoudre la crise syrienne, car elle favorise la stabilité, la justice et une véritable participation à la prise de décision.
Avez-vous un message pour le peuple syrien et les femmes syriennes ?
Au peuple syrien : le sort de la Syrie est entre les mains de son peuple, et notre unité est la seule voie vers la libération de l’occupation, de la tyrannie et du terrorisme. Quelles que soient leurs origines, nous exhortons tous les Syriens à s’engager dans le dialogue et à œuvrer ensemble pour construire une Syrie démocratique et inclusive.
Aux femmes syriennes : vous êtes les actrices du changement. Ne permettez à personne de vous réduire au silence ou de vous marginaliser. Les femmes du nord et de l’est de la Syrie ont prouvé leur capacité de leadership et vous aussi pouvez être à l’avant-garde de la construction d’une Syrie libre. (ANHA)
TURQUIE. La Cour de cassation annule la perpétuité prononcée dans une affaire de féminicide sordide
TURQUIE – La Cour de cassation (Yargitay) a annulé la peine de prison à vie aggravée infligée à Cemal Metin Avcı, l’homme reconnu coupable du meurtre barbare de l’étudiante kurde Pınar Gültekin en 2020. Alors qu’il l’avait brûlée vive et la coulé dans du béton, la Cour de cassation a jugé qu’Avcı n’avait pas agi avec des « sentiments monstrueux », un facteur qui avait conduit à une peine plus sévère dans le jugement du tribunal de première instance.
La 1ère Chambre pénale de la Cour de cassation a décidé qu’Avcı ne devait pas être condamné pour « meurtre avec préméditation » ou « meurtre avec sentiments monstrueux », mais plutôt pour « meurtre simple intentionnel » ou « meurtre avec torture ». De plus, une réduction de peine pour « provocation injuste » devait être appliquée.
Deux juges du panel de cinq membres ont exprimé leur désaccord avec l’opinion majoritaire.
La décision a suscité des réactions de la part de la famille de Gültekin, de ses représentants légaux et des associations de défense des droits des femmes. L’avocat de la famille, Rezan Epözdemir, a critiqué la décision, la qualifiant de honte juridique. « Si brûler quelqu’un vif ne constitue pas un ‘sentiment monstrueux’, alors qu’est-ce qui peut être qualifié de tel ? C’est incompréhensible », a-t-il déclaré.
Epözdemir a souligné que cette décision pourrait réduire considérablement la peine de prison d’Avcı. « Si cette décision est maintenue, Avcı pourrait être libéré dans sept ans. Nous poursuivrons notre combat juridique pour qu’il reçoive une peine juste », a-t-il ajouté.
Le père de Gültekin, Sıddık Gültekin, a également critiqué le jugement, affirmant que la justice n’avait pas été rendue. « Nous ne reconnaissons pas cette décision », a-t-il déclaré au journal BirGün. « Le rapport médico-légal indique clairement qu’elle a été brûlée vive, mais ils affirment que ce n’est pas ‘monstrueux’. Nous sommes indignés. »
« Je me bats depuis des années et maintenant ils rouvrent mes blessures. J’appelle la population à l’aide. Nous avons subi des injustices, mais je n’abandonnerai jamais ce combat », a-t-il ajouté.
Contexte de l’affaire
Pınar Gültekin, qui étudiait l’économie à l’université Sıtkı Koçman de Muğla, dans le sud-ouest de la Turquie, a été portée disparue le 16 juillet 2020, après avoir parlé pour la dernière fois avec sa sœur. Son corps a été découvert cinq jours plus tard dans une zone forestière, où elle avait été brûlée et placée dans un tonneau.
Avcı, l’ancien petit ami de Gültekin, a d’abord nié toute implication, mais a ensuite avoué après que des preuves ont fait surface. Il a admis l’avoir tuée dans sa maison de vigne et avoir tenté de se débarrasser de son corps en le brûlant. Son frère, Mertcan Avcı, a également été arrêté, mais a ensuite été libéré pour être jugé sans détention, accusé de falsification de preuves.
En 2022, la 3e Cour pénale de Muğla a condamné Avcı à 23 ans de prison, après avoir appliqué une réduction de peine en raison d’une « provocation injuste », malgré la demande des procureurs d’une peine de prison à vie aggravée.
Cependant, après appel, le tribunal régional d’Izmir a prononcé une peine de prison à vie aggravée. Cette décision a été annulée par la Cour de cassation.
Réactions des groupes de défense des droits des femmes
La décision de la Cour de cassation a suscité des critiques de la part des organisations de défense des droits des femmes, qui estiment qu’elle crée un précédent dangereux dans un pays aux prises avec des taux élevés de féminicides.
La plateforme Nous stopperons les Féminicides a déclaré : « Selon le tribunal, brûler vive une femme n’est pas monstrueux. Quel genre de provocation justifie un tel meurtre ? » L’organisation s’est engagée à poursuivre son combat contre les « décisions judiciaires misogynes ».
De même, le Conseil des femmes du Parti pour l’égalité des peuples et de a démocratie (DEM) a condamné la décision, la qualifiant de tentative de « légitimer le féminicide et d’exonérer les assassins ».
Selon le rapport 2024 de Bianet sur les violences sexistes, au moins 378 féminicides ont eu lieu en Turquie l’année dernière, en plus de 315 meurtres dont on n’a pas pu déterminer s’ils étaient ou non des féminicides. Les défenseurs des droits des femmes affirment que bon nombre de ces décès étaient également des féminicides, même si les enquêtes omettent souvent de le reconnaître. (Bianet)
TURQUIE. Une comédienne poursuivie pour avoir incarné une combattante kurde
ROJAVA. Un drone turc tue deux responsables politiques kurdes
SYRIE / ROJAVA – Deux responsables politiques kurdes ont perdu la vie lors d’une frappe aérienne menée par la Turquie le 27 janvier 2025.
Le Comité des familles des martyrs du nord et de l’est de la Syrie a annoncé l’assassinat de Delawar Al-Arabo, membre du Parti de l’Union démocratique (PYD), et de Heva Al-Arabo, coordinatrice du Mouvement des femmes, Kongra Star, lors d’une frappe de drone turc.
Delawar Abdulqader Al-Arabo (nom de guerre : Hawkar Darbasiyah), originaire de Darbasiyah (Dirbêsiyê), est né en 1990, tandis que Heva Abdulilah Al-Arabo (nom de guerre : Saliha Viyan) est née en 1981 dans le village de Delik, également à Darbasiyah.
Selon un bilan publié le 31 janvier par le Conseil de santé de l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie, l’État turc et l’Armée nationale syrienne (ANS) ont tué 41 civils et en ont blessé 245 autres lors de la dernière vague d’attaques contre la région au cours des trois dernières semaines. Parmi les blessés figurent 7 journalistes et 6 professionnels de la santé.
Selon le rapport, 24 civils ont été tués et 221 blessés dans la région du barrage de Tishrin et sur le barrage depuis le 8 janvier.
Lors des attaques contre le canton de l’Euphrate, et notamment lors de l’attaque contre le marché public de la ville de Sirin, le 25 janvier, 12 personnes, dont des enfants, ont été tuées et 13 personnes ont été blessées.
Par ailleurs, le 29 janvier, deux personnes ont été tuées et une femme a été blessée lorsqu’un drone armé appartenant à l’État turc a bombardé une maison à Kobanê. Dans le canton de Cizre, et à Zirgan et sa campagne en particulier, trois personnes, dont un enfant, ont été tuées à la suite d’une attaque le 25 janvier, et dix personnes, dont quatre enfants et trois femmes, ont été blessées.
ROJAVA. La Turquie prive d’eau les habitants de Kobanê
SYRIE / ROJAVA – SYRIE / ROJAVA – Hier soir, une station approvisionnant en eau 200 000 habitants du canton kurde de Kobanê a été détruite par une frappe aérienne de la Turquie. Il s’agit d’un énième crime de guerre commis par la Turquie, avec la complicité de la communauté internationale qi ferme les yeux.
La nuit dernière, des avions de guerre turcs ont bombardé la station d’eau centrale du village de Shiukh Fawqani, qui alimente en eau potable la ville de Kobané et les villages environnants. La station est devenue totalement inopérante, privant d’eau 200 000 civils.
La direction des eaux du canton de l’Euphrate a condamné le bombardement de la station d’eau dans un communiqué lu par la coprésidente Zozan Mahmoud Khalil devant leur bureau. Zozan Mahmoud Khalil a souligné la guerre systématique menée par la Turquie contre la population et les infrastructures de la région :
« L’État turc a intensifié ses attaques contre notre région, commettant des massacres contre notre population et ciblant systématiquement nos infrastructures. Ces actes délibérés visent à aggraver la crise humanitaire et à forcer la population locale à se soumettre.
Le 2 février, des avions de guerre turcs ont délibérément bombardé la station centrale d’eau potable qui approvisionne Kobané et ses villages environnants, coupant l’accès à l’eau potable à 200 000 de nos concitoyens. Il ne s’agit pas seulement d’un acte d’agression, c’est un crime de guerre. »
La coprésidente a appelé les institutions internationales à prendre des mesures urgentes :
« Nous exhortons les organisations de défense des droits de l’homme, les Nations Unies et la coalition internationale à assumer leurs responsabilités morales et humanitaires. L’État d’occupation turc doit être tenu responsable des crimes de guerre qu’il continue de commettre contre notre peuple. » (ANHA)
Cologne accueille « Les derniers mots de ma mère », exposition d’un artiste kurde
ALLEMAGNE – L’artiste kurde, Hogir Ar présentera son exposition intitulée « Les derniers mots de ma mère » (Gotina Dawîn Ya Dayika Min) à Cologne en mars 2025.
L’exposition « Les derniers mots de ma mère » ( Gotina Dawîn Ya Dayîka Min ) de l’artiste Hogir Ar sera inaugurée au centre culturel Mouches Volantes de Cologne. (Expo à voir du 22 mars au 26 avril)
Gotina Dawîn Ya Dayîka Min est une exposition inspirée par les expériences personnelles de l’artiste Hogir Ar et par les profondeurs de la mémoire collective. L’exposition aborde les traumatismes individuels et sociétaux, l’oppression et la résistance. L’artiste raconte une histoire ancrée dans les expériences difficiles de son enfance. Au cœur de ce récit se trouvent les mots de sa mère, qui constituent le thème central de l’exposition : « Ton chemin mène soit à la tombe, soit à la prison. »
Ces mots reflètent les cycles récurrents de la vie de l’artiste et les sombres réalités de cette époque. Dans la région du Kurdistan du Nord où l’artiste a grandi, le peuple kurde a été confronté à une oppression culturelle, sociale et politique pendant de nombreuses années. Au cours des années 1980 et 1990, les conflits, les migrations forcées, les meurtres non résolus et le contrôle militaire intense ont entraîné des traumatismes individuels et sociétaux. Dans ce contexte, les œuvres de Hogir Ar critiquent les structures étatiques, les normes sociétales et les systèmes patriarcaux tout en soulignant simultanément des moments de résistance et de solidarité.
Les œuvres de l’exposition s’inspirent des traumatismes et des événements qui ont façonné la vie de l’artiste : la lutte pacifique des Mères du samedi (Dayîkên Şemîyê) dans leur recherche de leurs proches disparus de force en détention, l’exil forcé, la vie de réfugié et les inégalités sociales. Ces thèmes constituent le fondement de la pratique de l’artiste.
L’exposition ne se contente pas de présenter un récit personnel, elle offre également un espace de réflexion sur les processus de résistance, de questionnement et de guérison. Les rôles et les récits s’entremêlent : est-ce l’artiste lui-même, sa mère, les Mères du samedi, ou toutes ensemble ? Ou cette histoire appartient-elle à une mémoire collective anonyme ? L’artiste crée un nouveau récit aux intersections de la mémoire personnelle et de la mémoire collective, invitant le public à un voyage à la fois stimulant et stimulant.
Hogir Ar
Hogir Ar est un artiste multidisciplinaire basé à Heidelberg, qui travaille à la fois sur l’art conceptuel, l’installation, la performance et la sculpture. Son parcours artistique a commencé dans la ville de Batman, au nord du Kurdistan. À l’âge de 14 ans, il a publié un recueil de poésie intitulé Mavi Sürgün (« L’exil bleu »), qui explore les thèmes de l’exil, du désir et de la recherche d’identité.
Sa formation au Centre de recherche et de développement de la langue kurde de Batman lui a permis de s’intéresser en profondeur à la tradition du Dengbêj (conte musical). Ce processus l’a amené à réfléchir sur l’histoire orale et la transmission d’une langue opprimée.
L’art de Hogir Ar se concentre sur la continuité du colonialisme, la mémoire collective et les processus de guérison. Ses œuvres conceptuelles combinent l’esthétique classique avec des interprétations contemporaines, présentant des paysages géographiques et psychologiques à travers une narration visuelle. (ANF)
ROJAVA. La Turquie bombarde une station d’eau à Kobanê
SYRIE / ROJAVA – Hier soir, une station approvisionnant en eau le canton kurde de Kobanê a été détruite par une frappe aérienne de la Turquie. Il s’agit d’un crime de guerre ignorée par la communauté internationale.
La station d’eau du village de Şiyûxa Jorîn à Kobanê a été détruite lors d’une frappe aérienne de l’aviation turque.
La station d’eau ciblée dimanche 2 février alimentait en eau la ville de Kobanê et ses villages.
ROJAVA. Les forces arabo-kurdes condamnent l’attentat terroriste de Manbij
SYRIE / ROJAVA – Ce matin, un attentat à la voiture piégée a ensanglanté la ville de Manbij occupée par les gangs turco-jihadistes. Les forces arabo-kurdes ont condamné l’attentat terroriste qui a fait 18 victimes, dont 17 femmes travailleuses agricoles.
Le commandant général des FDS, Mazloum Abdi a publié un message condamnant l’attentat de Manbij. Il a déclaré: « Nous condamnons fermement les [attentats] qui ont ciblé la ville de Manbij et exprimons notre solidarité avec sa population. Ces actes criminels menacent l’unité du tissu national et leurs auteurs doivent être tenus responsables. Nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés ».
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont également condamné l’explosion survenue dans la ville de Manbij. « L’idéologie des voitures piégées, des conflits internes, du terrorisme, du chaos et des conflits fait partie intégrante des actions des factions mercenaires affiliées à la Turquie », ont déclaré les FDS exigeant qu’il y ait une enquête pour identifier ceux qui sont derrières ses attaques terroristes.
Voici le communiqué des FDS condamnant l’attentat terroriste de Manbij:
« Les Forces démocratiques syriennes (FDS) condamnent l’attentat terroriste survenu ce matin à Manbij. Nous réaffirmons que l’utilisation d’engins explosifs, les conflits internes, le terrorisme, le chaos et l’incitation à la sédition sont des tactiques fondamentales employées par les factions mercenaires affiliées à la Turquie. Ces factions ont systématiquement recours à de telles méthodes pour instiller la peur parmi la population et réprimer toute protestation contre la détérioration des conditions de vie à Manbij, y compris les vols, les pillages et les violences sexuelles commises par leurs membres. Nos forces, dotées d’une vaste expertise dans la détection des criminels, sont prêtes à partager nos expériences en matière d’enquête avec l’administration de Damas pour identifier les véritables auteurs de ces attentats et les parties qui tentent de dissimuler leurs actions par des accusations sans fondement dirigées à la hâte contre nos forces sans enquête ni preuve, dans le but de détourner l’attention des véritables auteurs responsables de ces crimes. »
Centre des médias des FDS, 3 février 2025
Vienne accueille la « plateforme de peuples »
Oona Elvers, porte-parole du Réseau Les Femmes tissent l’avenir, qui a participé aux travaux préparatoires de la plateforme, a déclaré : « L’éventail des participants sera très diversifié. Des représentants de mouvements de gauche, socialistes, de femmes, d’organisations féministes, ainsi que de groupes et réseaux écologiques et culturels seront présents. Il y aura également des militants et des représentants de divers syndicats, de collectifs universitaires de gauche, d’organisations étudiantes, de médias démocratiques et d’organisations de la diaspora de différents peuples ».
Les organisations participantes sont:
- Initiative des locataires (République tchèque)
- Jineoloji (Kurdistan)
- Confédération générale du travail (Espagne)
- Union des Chypriotes (Chypre)
- Gemeinsam Kämpfen (Allemagne)
- Partito della Rifondazione Comunista (Italie)
- Communauté de Prosfygika squattée (Grèce)
- Espace social libre Scoleio (Grèce)
- Club slovenskih študentk*študentov na Dunaju (Autriche)
- Parti Suisse du Travail (PST) (Suisse)
- Ya Basta Netz – Netzwerk für Solidarität und Rebellion (Allemagne)
- SOS Balkanroute (Autriche)
- Solidarité avec les migrants (Grèce)
- Connessioni Precarie (Italie)
- Initiative Demokratischer Konföderalismus (Allemagne)
- Radio Onda d’Urto (Italie)
- Slí Eile – Action pour une planète au-delà du capitalisme (Irlande)
- Colectivo Maloka (Pays Catalans)
- Alfa Kappa (Grèce)
- Plateforme de l’Union Confédéraliste (Grèce)
- Non Una Di Meno – Turin (Italie)
- Stäng ner Elbit (Arrêter Elbit) (Suède)
- Changement de système, pas de changement climatique (Autriche)
- Centre Europe – Tiers Monde (CETIM) (France)
- Disrupt Now (Allemagne)
- Sveriges Arbetares Centralorganisation (SAC) (Suède)
- Arrêter la déportation Vienne (Autriche)
- WIR* contre les droits (Autriche)
- AURORA Colectivo de jóvenes revolucionarios (Catalogne)
- Jeunes Luttes (international)
- Femmes pour l’amitié (Autriche)
- Plan C (Royaume-Uni)
- Spazio Antagonista Newroz – Pise – (Italie)
- Collectif Ararat Berlin (Allemagne)
- Bibliothèque féministe de Romnja (Roumanie)
- Rouvikonas (Grèce)
- Soins collectifs Berlin (Allemagne)
- Rede de Apoio Mútuo (Portugal)
- Projet NYM (international)
- Collectif Sans Frontières (Grèce – Allemagne)
- Réclamez l’espace (Autriche)
- Friedens ATTAC (Autriche)
- Centre social de Dunja (Macédoine du Nord)
- Linksjugend [‘solide] (Allemagne)
- Fantasma – Revolutionäre Linke Kassel (Allemagne)
- petites singularités (Belgique)
- Junge Arbeitsgemeinschaft Bäuerl. Landwirtschaft (junge AbL) (Allemagne)
- La Màquia – Azadî Jin (Catalogne)
- Coscienza Verde (Italie)
- Cuisine solidaire de Vienne (Autriche)
- Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (Autriche)
- Non Una Di Meno Roma (Italie)
- Legêrîn Azadî (Catalogne)
- Réseau de la diaspora afghane (Autriche)
- Magazine de la classe inférieure (Allemagne)
- Les migrants grévistes de Berlin (Allemagne)
- Nodo Solidale (Italie)
- Las Kellys (Catalogne)
- hackea.org (Espagne)
- Sudd Cobas (Italie)
- Askapena (Pays Basque)
- Initciativa anarkiste (Albanie)
- Projet mondial du magazine Turning Point (Italie)
- Autistes (Italie)
- Jugend gegen Rechtsruck (Allemagne)
- Contre-attaque (France)
- Initiative féministe d’Athènes (Grèce)
- RiseUp Vienne (Autriche)
- Soirée pirate (Suisse – France)
- Les gens et l’eau (Slovaquie)
- Réseau de solidarité du Kurdistan – Helsinki (Finlande)
- De Vonk (Pays-Bas)
- ZAUM (Italie)
- Netzwerk gegen Feminizide Göttingen (Allemagne)
- Ultima Generazione (Italie)
- En Commun – Zwangsräumungen verhindern Wien (Autriche)
- Socialistično študentsko društvo Iskra (Slovénie)
- Partija Radikalne Levice – PRL (Serbie)
- attac Autriche (Autriche)
- Revolutionäre Jugend Wien (Autriche)
- ROOD, socialiste jongeren (Pays-Bas)
- MNL (France)
- Stadtteilgewerkschaft Lichtenrade Solidarisch (Allemagne)
- Framåt kamrater (Suède)
- Alliance internationale des femmes (AIW)
- Agape Centro Ecumenico (Italie)
- Sommet des peuples (Autriche)
- Block Gas Alliance (Autriche)
- IAC (Catalogne)
- Ítaca (Catalogne)
- Collectif BTP Autonome (France)
- Infolibre (Grèce)
- Revolutionärer Aufbau Schweiz (Suisse)
- Hor 29 novembre (Autriche)
- Ware Tegenmacht (Pays-Bas)
- Fridays for Future
La terreur du colonisateur couplé au mépris
Un Kurde du Rojhilat (Kurdistan colonisé par l’Iran) réfugié en Suisse raconte des souvenirs d’adolescence où il voyait des civils kurdes, y compris des enfants, des vieillards et des femmes, humiliés par des soldats iraniens lors de voyages en car. Une situation toujours en vigueur dans toutes les parties du Kurdistan (en Turquie, en Syrie, en Irak…)
Nous partageons avec vous son texte:
J’avais 12 ou 13 ans lorsque, à chaque voyage en bus d’une ville à une autre, nous étions systématiquement arrêtés aux barrages routiers. Des soldats montaient à bord sous n’importe quel prétexte, observant les passagers avec un regard méprisant, cherchant le moindre signe d’insoumission. Ils se moquaient des voyageurs, les humiliaient ouvertement, usant de leur pouvoir pour écraser, rabaisser, dominer.
Mais ce qui me marquait le plus, ce n’était pas seulement leur arrogance, c’était le silence pesant des passagers. Un silence résigné, presque programmé, comme si l’humiliation répétée avait fini par s’ancrer en eux. Ils avaient appris, à force d’oppression, à ne pas réagir, à courber l’échine. Et nous, sans même en être pleinement conscients, étions colonisés. Non pas par une force étrangère que l’histoire aurait reconnue comme telle, mais par un système qui nous refusait le droit d’exister librement, qui nous dépossédait de notre langue, de notre dignité, de notre révolte. Une colonisation sans nom, sans reconnaissance, mais qui s’insinuait dans chaque regard, chaque geste, chaque peur gravée en nous…