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FRANCE. Des parlementaires apportent leur soutien aux Kurdes et au Rojava

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PARIS – Une vingtaine de parlementaires français·es ont signé la tribune suivante qui invite la France à rapatrier ses ressortissants détenus dans des camps du Rojava et à cesser d’accorder un « traitement de faveur réservé à Ahmed Al-Charaa, alors même qu’il s’attaque aux droits des femmes et ne garantit pas la sécurité des minorités ethniques et religieuses ».

Voici la Tribune des parlementaires :

Soutien au peuple kurde et au Rojava

Député·es de l’Assemblée nationale française, nous affirmons notre soutien plein et entier aux communautés installées au Nord et à l’Est de la Syrie, dans la zone du Rojava. De par son administration, dans laquelle les femmes ont un rôle central, selon les principes du confédéralisme démocratique, ce territoire permet que vivent ensemble et en harmonie diverses communautés ethniques, religieuses ou confessionnelles : Kurdes, Arabes, Syriaques, Yézidis, Chrétiens…

Or, depuis l’instauration de ce modèle communaliste en 2012, le Rojava subit en permanence de multiples attaques et menaces. D’une part, le nouveau régime syrien conduit par Ahmed Al-Charaa, qui a réussi à s’attirer les bonnes grâces des dirigeants dits « occidentaux » parce qu’il avait fait tomber le tyran sanguinaire Bachar El-Assad, couvre le massacre de minorités ethniques et religieuses – Alaouites, Druzes, Chrétiens… Comme bien souvent, les femmes sont les premières victimes de ce nouveau pouvoir despotique, persécutées, discriminées, séparées des hommes ou encore obligées de se vêtir selon des règles imposées.

D’autre part, jusqu’à très récemment, la Turquie bombardait encore la zone de l’Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie. Le processus de paix, dans le cadre duquel le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a accepté de déposer les armes, suivant ainsi une déclaration d’Abdullah Öcalan depuis la prison d’Imrali en Turquie, est jusqu’ici loin d’avoir permis d’avancer concrètement vers une solution démocratique et pacifique, ni de garantir la pérennité de l’expérience démocratique du Rojava.

Pour que ce processus de paix progresse réellement, la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan doit commencer par respecter le droit international et notamment le « droit à l’espoir » pour Abdullah Öcalan : toute personne condamnée à une peine d’enfermement à perpétuité doit pouvoir, constamment, garder en point de mire la possibilité d’être un jour remis en liberté. En effet, le 9 juillet 2013, la CEDH – sous l’autorité de laquelle est placée la Turquie – a jugé que l’absence de toute perspective de libération constitue une violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme. En conséquence, chaque détenu a le droit de connaître la date à laquelle sa situation sera réévaluée, un droit fondamental lié à la dignité humaine.

Les différentes communautés présentes au Rojava considèrent le modèle de confédéralisme démocratique – selon lequel leur territoire autonome au Nord et à l’Est de la Syrie est administré – comme la solution permettant de garantir leur intégrité. Pour que le processus de paix engagé entre le régime turc d’Erdogan et les Kurdes ait une chance d’aboutir, la libération d’Abdullah Öcalan, considéré comme leur leader, apparaît comme un pré-requis. Enfermé depuis 26 ans, Öcalan doit pouvoir être traité dans le respect des conventions internationales auxquelles la Turquie est partie, et cela concerne d’ailleurs l’ensemble des détenus politiques dans les prisons turques.

La France, l’Europe et le monde doivent une reconnaissance éternelle au peuple kurde, et particulièrement aux femmes kurdes, pour leur contribution déterminante à la chute de l’Etat islamique. Les forces kurdes, en particulier en Syrie avec les YPG/YPJ et les FDS, ont en effet joué un rôle crucial dans la défaite militaire de l’État islamique. Elles ont mené les combats les plus intenses sur le terrain, conquis les principaux bastions de Daech, sauvé des milliers de civils, et assumé la gestion de vastes territoires libérés, souvent au prix fort et sacrifiant des milliers de combattant·es. Aujourd’hui, il est de notre devoir moral d’œuvrer pour que les Kurdes et toutes les communautés parties prenantes de l’expérience démocratique du Rojava puissent y vivre en paix et en liberté.

Nous, membres des parlements français, demandons que la France prenne ses responsabilités quant à ses ressortissants membres ou collaborateurs de Daech toujours détenus dans des camps gérés par l’Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, en commençant par le rapatriement des femmes et des enfants en France. Nous refusons également que se poursuive le traitement de faveur réservé à Ahmed Al-Charaa, alors même qu’il s’attaque aux droits des femmes et ne garantit pas la sécurité des minorités ethniques et religieuses. Nous exigeons que la Turquie s’engage à un cessez-le-feu pérenne au Rojava et respecte ses engagements en termes de garantie des droits humains, comme signataire de la Convention européenne des droits de l’Homme.

La lutte du peuple kurde et des communautés persécutées en Syrie est la nôtre, nous y prenons et y prendrons notre part.

Signataires 

– Emmanuel FERNANDES (LFI)
– Mathilde PANOT, présidente du groupe LFI
– Nadège ABOMANGOLI, Vice-Présidente de l’Assemblée nationale
– Clémence GUETtÉ Vice-Présidente de l’Assemblée nationale
– Thomas PORTES, président du groupe d’étude sur les Kurdes
– Anaïs BELOUASSA-CHERIFI (LFI)
– Christophe BEX (LFI)
– Carlos Martens BILONGO (LFI)
– Pierre-Yves CADALENT (LFI)
– Gabrielle CATHALA (LFI)
– Hadrien CLOUET (LFI)
– Jean-François COULOMME (LFI)
– Sylvie FERRER (LFI)
– Arnaud LE GALL (LFI)
– Muriel LEPVRAUD (LFI)
– René PILATO (LFI)
– Aurélien TACHE (LFI)
– Paul Molac (LIOT)
– Danielle Simonnet (EcoS)
– Elsa Faucillon (GDR)

 

SYRIE. La Turquie veut déstabiliser le Rojava via l’« armée tribale »

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SYRIE / ROJAVA – Alors que les services secrets turcs (MIT) et le HTC utilisaient la soi-disant « armée tribale » pour inciter les gangs de l’EI à attaquer les forces arabo-kurdes à Deir ez-Zor, Raqqa et Tabqa, ils établissent maintenant des brigades officielles sous le nom d’armée tribale.

 

Le site Lekolin a récemment   signalé l’activité accrue de cellules dormantes opérant sous couvert de la soi-disant « Armée des Tribus » dans les régions de Deir ez-Zor, Raqqa et Tapka, dans le nord et l’est de la Syrie. De même, le site Lekolin avait révélé en détail dans son Dossier Spécial du 31 juillet le plan machiavélique élaboré par le MIT et HTS par l’intermédiaire des tribus lors de réunions entre un  représentant d’Ankara et un quartier général à Damas. Il s’avère que le MIT, agissant de concert avec les services de renseignement de HTS sur ce sujet, a officialisé les groupes dirigés par des membres de l’EI sous le nom de Brigade de Libération de Jazira.

 

L’EI EST UNE VIEILLE ARME DU MIT CACHÉE SOUS UN MASQUE TRIBAL

 

D’après les informations que nous avons reçues, le MIT vise à réorganiser les groupes de l’EI en Syrie sous le nom de tribus, notamment dans les régions de Deir ez-Zor, Raqqa et Tapka, et à les utiliser contre les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Il a été révélé que le MİT avait créé une formation nommée « Brigade de libération de Cizîrê » au nom de la tribu El Eşraf et que cette brigade comprenait des chefs de gangs de l’EI qui étaient auparavant affiliés au MİT.

 

L’objectif de cette brigade est de semer le chaos et l’instabilité dans le nord et l’est de la Syrie, d’instiller la terreur par des opérations de sabotage et de cibler les dirigeants et responsables de l’Administration autonome et des Forces démocratiques syriennes. Créée sous le nom d’Armée tribale, la brigade serait organisée en petites cellules et déployée dans différentes régions du nord et de l’est du pays pour y mener des attaques.

 

LES TRIBUS ARABES, LA NOUVELLE ARME DU MIT

 

L’État turc utilise depuis longtemps ses milices affiliées à l’Armée syrienne libre (ASL), déployées dans les zones rurales d’Alep et de Hesekê sous son contrôle, pour déstabiliser l’Administration autonome et inciter à des attaques contre les Forces démocratiques syriennes (FDS). Dans les régions de Deir ez-Zor, Raqqa et Tapka, il s’en sert également pour inciter les tribus arabes à se soulever contre l’Administration autonome, conformément à ses propres intérêts. La semaine dernière, le site lekolin.org a publié dans son analyse que l’État turc mène des actions de lobbying auprès des tribus arabes dans de nombreuses régions de Syrie, notamment à Deir ez-Zor, afin d’anéantir les acquis des Kurdes au Rojava.

 

En mars 2025, une réunion de l’État islamique s’est tenue dans les régions d’Heresta et d’Ein Tarma, dans la campagne de Damas, en présence de nombreux dirigeants de l’organisation. Lors de cette réunion, l’État islamique a décidé de lancer des attaques visant le nord et l’est de la Syrie.

D’après nos informations, les services de renseignement de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et l’Organisation nationale du renseignement (MIT) étaient pleinement informés de cette réunion et ont apporté leur soutien à la décision. Cependant, la Turquie a proposé qu’Ibrahim et Moussab al-Hefl mènent ces attaques par le biais de la soi-disant « Armée tribale », dans le but d’exploiter les liens tribaux pour semer la discorde entre les Arabes et les Forces démocratiques syriennes et l’Administration autonome.

 

Le MIT prévoit de mener ces attaques par le biais de brigades locales qu’il a créées sous le nom d’« Armée des Tribus », et non par l’intermédiaire de l’EI. Il vise ainsi à obtenir, grâce à ces brigades, ce qu’il n’a pas réussi à faire avec les groupes HTS et FSA. Il ambitionne également d’étendre son champ d’action en attisant les divisions sectaires entre les populations arabes et kurdes.

 

Le 10 octobre 2025, un groupe tribal se faisant appeler le Volcan de l’Euphrate, comprenant des membres de l’EI, a incendié le siège du groupe de femmes Zenobiya dans la ville d’Abu Hamam, à Deir ez-Zor. Il s’agissait de la première attaque perpétrée par des groupes tribaux organisés sous différentes appellations, et elle a été menée sous le commandement direct des services de renseignement du MIT et du HTS. (Lekolin) 

IRAN. Les prisonniers mobilisés contre les exécutions

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IRAN / ROJHILAT – Les prisonniers politiques d’Iran sont mobilisés depuis 93 semaines contre la vague d’exécutions, signale l’agence kurde ANF.

En Iran, les prisonniers politiques ont poursuivi leur protestation hebdomadaire contre les exécutions en cours dans le pays. Ce mardi, les détenus de 54 centres de détention ont de nouveau entamé une grève de la faim, marquant ainsi la 93e semaine de la campagne « Mardis contre les exécutions ».

Dans un communiqué, l’initiative a condamné les exécutions en cours, qui se sont encore intensifiées ces derniers jours. Selon les chiffres de la campagne, au moins 76 personnes ont été exécutées entre le 23 octobre et le 3 novembre seulement, dont un grand nombre dans des prisons situées hors de la région de la capitale.

Le mouvement appelle donc à une résistance accrue, notamment contre les « exécutions secrètes ». Il exige que le peuple iranien rende publics les noms des prisonniers condamnés à mort et s’oppose à la violence d’État.

Campagne de soutien des fonctionnaires retraités

La campagne « Tuesdays Against Executions » (« Non aux exécutions du mardi ») gagne de plus en plus de soutien en dehors des prisons : selon des prisonniers, des fonctionnaires retraités ont récemment rejoint les manifestations contre la peine de mort dans la ville kurde de Kirmaşan (Kermanshah).

La semaine dernière, des organisations internationales comme les Nations Unies ont de nouveau vivement critiqué le nombre élevé d’exécutions en Iran. Sara Hossain, présidente de la commission d’enquête internationale de l’ONU, a accusé le régime de Téhéran de violations massives du droit à la vie.

La résistance dans les prisons se poursuit

D’après les informations disponibles, plus de 1 200 personnes ont été exécutées en Iran entre janvier et octobre, un chiffre record depuis 2015. Cela représente en moyenne trois à quatre exécutions par jour. Parallèlement, les prisonniers iraniens ont annoncé la poursuite de leurs manifestations et grèves de la faim jusqu’à l’arrêt de cette vague d’exécutions.

ALLEMAGNE. Les Kurdes d’Europe vont défiler à Cologne

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ALLEMAGNE –  Le 8 novembre 2025, les Kurdes d’Europe vont défiler à Cologne, en Allemagne, pour la paix au Kurdistan.

Dans un communiqué publié sur son site, Vigil For Ocalan appelle les Kurdes et leurs soutiens à défiler à Cologne pour la « liberté pour Abdullah Öcalan, statut pour le Kurdistan (Kurdistan) ».

Voici le communiqué de Vigil For Ocalan :

« Depuis vingt-sept ans, le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan, est détenu dans des conditions d’isolement extrême à la prison de l’île d’İmralı. Depuis 1999, il est privé des droits les plus fondamentaux garantis par le droit international : le droit de contacter ses avocats, de recevoir des visites familiales et même celui de communiquer avec l’extérieur. Cet isolement prolongé et total ne se limite pas à l’emprisonnement d’une personne ; il s’agit d’un emprisonnement de la paix elle-même et d’une atteinte permanente au droit d’un peuple à la justice et à la liberté.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la peine de réclusion à perpétuité aggravée infligée à M. Öcalan viole le « droit à l’espoir », un droit fondamental qui interdit l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération. Le déni de ce droit constitue un déni du principe même de dignité humaine, à savoir que toute personne doit avoir la possibilité de se reconstruire, de dialoguer et de jouir de la liberté.

Et pourtant, du fond de son isolement, Abdullah Öcalan continue de mener une résistance morale et intellectuelle qui a inspiré des peuples et des mouvements à travers le monde. Il a consacré sa vie à mettre fin au génocide culturel perpétré contre le peuple kurde et à bâtir une société fondée sur la liberté, l’égalité et la coexistence. Son paradigme politique et philosophique – le confédéralisme démocratique – propose un système d’autonomie locale ancré dans l’émancipation des femmes, l’équilibre écologique et la démocratie participative. Ce modèle transcende les frontières et les divisions ethniques, offrant une voie vers la paix à tous les peuples du Moyen-Orient – ​​Kurdes, Turcs, Arabes, Arméniens, Persans, Assyriens et autres – qui souffrent depuis longtemps sous le joug de la guerre, du patriarcat et de l’oppression centralisée.

Le 27 février 2025, M. Öcalan a lancé un appel historique à la « Paix et à une société démocratique ». Il a invité tous les acteurs concernés – l’État turc, les représentants politiques kurdes, les peuples vivant à l’intérieur des frontières de la République turque et les acteurs internationaux – à renouer le dialogue et à ouvrir la voie à une résolution politique pacifique. Son appel était clair : le temps de la violence est révolu et une transformation démocratique fondée sur les principes de coexistence, d’égalité et de non-violence doit s’engager.

Cet appel a trouvé un écho profond en Turquie et au-delà. Il a inspiré un processus de réconciliation prudent mais porteur d’espoir, avec l’ouverture de nouvelles discussions entre les milieux démocratiques kurdes et turcs, les défenseurs des droits humains et les partis politiques. Cependant, ce processus ne peut aboutir tant que sa voix la plus essentielle reste réduite au silence.

Pour que la réconciliation ait un sens, la libération d’Abdullah Öcalan doit être reconnue comme une condition préalable à une paix durable. Seule sa participation permettra une véritable transition démocratique. Sa libération constituerait un premier pas concret vers la guérison d’un siècle de conflit et l’avènement d’une nouvelle ère de coexistence.

Depuis octobre 2023, la campagne internationale « Liberté pour Öcalan – Une solution politique à la question kurde » est passée d’une initiative coordonnée par d’éminents amis et organisations du peuple kurde à un mouvement mondial. Syndicats, organisations féministes et écologistes, réseaux pacifistes, intellectuels, artistes et parlementaires se sont unis sur tous les continents, réclamant d’une seule voix la libération d’Öcalan, figure majeure de la révolution et penseur de notre époque. 

De l’Amérique latine à l’Afrique, de l’Asie à l’Europe, ce mouvement s’est étendu à travers des marches, des veillées, des conférences, des concerts et des actes de résistance créative. Il se manifeste comme une solidarité mondiale, non seulement avec la lutte kurde, mais aussi entre tous les peuples confrontés à l’autoritarisme, au patriarcat et à la destruction de l’environnement. À une époque où la démocratie est mise à mal par un ordre mondial de plus en plus autoritaire, cette campagne est devenue l’expression vivante d’une vérité universelle : la liberté d’Abdullah Öcalan est la liberté de tous ceux qui croient en la paix, l’égalité et la dignité humaine.

Désormais, cette voix mondiale convergera en une seule et puissante expression d’unité :

8 novembre 2025 – Cologne, Allemagne.

Des centaines de milliers de personnes venues du Kurdistan, d’Europe et du monde entier envahiront les rues de Cologne pour exiger :

Liberté pour Abdullah Öcalan – Une solution politique à la question kurde.

La marche sera une journée de solidarité internationale, de célébration culturelle et de volonté politique.

Des personnalités politiques, des avocats, des amis internationaux et des universitaires de renom prendront la parole sur scène aux côtés d’artistes et de musiciens, dont les performances transformeront la ville en un appel vivant à la paix et à la liberté.

Ce rassemblement ne se contentera pas d’exiger la fin de l’isolement d’Abdullah Öcalan ; il incarnera l’esprit de son paradigme, une vision d’unité dans la diversité, de paix dans le courage, de démocratie dans la participation.

Nous marcherons pour la paix.

Nous marcherons pour la liberté des femmes.

Nous marcherons pour l’écologie et la démocratie.

Nous marcherons pour la justice — et pour l’espoir.

Rejoignez-nous à Cologne pour montrer que l’heure de la liberté a sonné.

Abdullah Öcalan doit être libre — car sa liberté est la clé de la paix. »

TURQUIE. Le DEM exige la fin de la confiscation des mairies kurdes

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TURQUIE / KURDISTAN – À l’occasion de l’anniversaire de l’emprisonnement des principaux dirigeants du HDP, le DEM Parti appelle à la fin des tutelles imposées par l’État dans les municipalités kurdes. La libération des prisonniers politiques est également essentielle au processus d’ouverture démocratique.

À l’occasion de l’anniversaire de la tentative de coup d’État contre le Parti démocratique des peuples (HDP) le 4 novembre 2016, son parti successeur, le DEM, a appelé le gouvernement turc à prendre des mesures concrètes en faveur de la réforme démocratique. Dans un communiqué, le parti a exigé, entre autres, la destitution des administrateurs nommés dans les villes kurdes et la libération de tous les responsables politiques du HDP et du DEM emprisonnés. « Pour que le processus de paix et d’instauration d’une société démocratique soit crédible, les structures antidémocratiques existantes doivent être éliminées », peut-on lire dans le communiqué. Ces revendications s’inscrivent dans le cadre du processus de dialogue initié par Abdullah Öcalan le 27 février, que le DEM considère comme une étape historique vers la démocratisation de la Turquie.

Date symbolique : 4 novembre

Le parti rappelle que le 4 novembre 2016, douze députés du HDP (alors en fonction), dont les coprésidents Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, ont été arrêtés. Le même jour, dans les villes de Mêrdîn (Mardin), Êlih (Batman) et Xelfetî (Halfeti), l’autonomie locale a été remplacée par des administrateurs nommés par l’État. « Le 4 novembre symbolise l’élimination systématique des représentants kurdes démocratiquement élus », a déclaré le parti. Cette pratique, qui consiste à remplacer les maires élus par des fonctionnaires nommés, constitue un mépris flagrant de la volonté des électeurs et un obstacle majeur au processus de démocratisation.

La confiance ne s’acquiert que par des étapes concrètes.

Le parti DEM perçoit la phase actuelle comme une opportunité de stabiliser le processus d’ouverture démocratique initié par les récentes initiatives du mouvement kurde. « L’initiative lancée par M. Öcalan a suscité l’espoir d’une Turquie nouvelle et égalitaire », a déclaré le parti. Cependant, cet espoir est fragilisé par l’approche hésitante du gouvernement. « Garantir la démocratie et la liberté n’est pas la seule responsabilité du mouvement kurde », a affirmé le parti. L’État doit également assumer ses responsabilités et prendre des mesures décisives pour soutenir ce processus. Le parti DEM cite les conditions suivantes comme étant essentielles à une ouverture crédible :

▪ Le retrait des administrateurs nommés par les tribunaux dans les municipalités à majorité kurde ;

▪ la réintégration des élus ;

▪ ainsi que la libération immédiate de tous les hommes politiques emprisonnés qui ont été condamnés ou inculpés en raison de leurs activités politiques.

Ces mesures sont non seulement une obligation légale, mais aussi un signe de respect politique envers la population kurde. Le maintien de mesures répressives telles que la mise sous tutelle sape la confiance dans l’État et entrave le développement démocratique.

Appel au gouvernement

La déclaration se conclut par un appel aux dirigeants politiques du pays : « Nous considérons le 4 novembre 2025 comme une occasion de consolider le processus de paix en cours par des mesures concrètes et crédibles », peut-on y lire. Le gouvernement est appelé à assumer sa part de responsabilité pour rétablir la confiance et créer les conditions d’une coexistence pacifique. Selon le parti DEM, le désengagement de l’État des collectivités locales et la libération des prisonniers politiques contribueraient non seulement à la démocratisation, mais ouvriraient également la voie à une paix sociale durable. « Il ne s’agit pas seulement d’une nécessité politique, mais d’une condition indispensable à la coexistence pacifique des peuples de Turquie. » (ANF)

IRAN. Deux chercheuses arrêtées à Téhéran

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IRAN – Les forces de sécurité iraniennes ont arrêtés deux chercheuses à Téhéran et emmenées vers un lieu tenu secret, signale l’ONG kurde Hengaw.

Deux intellectuelles basées à Téhéran, Shirin Karimi, écrivaine et traductrice, et Mahsa Asadollahnejad, sociologue et chercheuse, ont été arrêtées par les forces de sécurité de la République islamique d’Iran et emmenées dans un lieu tenu secret.

Selon les informations reçues par l’ONG de défense des droits humains Hengaw, vers 7h30 le lundi 3 novembre 2025, Shirin Karimi, 42 ans, écrivaine, traductrice et chercheuse titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université de Téhéran, a été arrêtée par des agents de sécurité à son domicile à Téhéran.

Le même jour, Mahsa Asadollahnejad, 35 ans, sociologue et chercheuse titulaire d’un doctorat en sociologie politique de l’université Tarbiat Modares, a été arrêtée par les forces de sécurité au domicile de ses parents à Téhéran.

Des sources ont indiqué à Hengaw que des agents de sécurité ont perquisitionné les domiciles des deux femmes lors des arrestations, saisissant leurs appareils électroniques et leurs livres.

Karimi, titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université de Téhéran, a publié de nombreux essais et traductions sur le site web Naqd-e Eqtesad-e Siyasi (Critique de l’économie politique). Parmi ses publications figurent Cinquante ans après Savushun, ainsi que des traductions d’écrits de Judith Butler et d’Afsaneh Najmabadi, et des contributions à la collection « Livres de philosophie pour adolescents ».

Asadollahnejad, qui a obtenu son doctorat en sociologie politique à l’université Tarbiat Modares, a axé ses recherches doctorales sur la formation de la République islamique d’Iran entre 1979 et 1989. Ces dernières années, elle a activement organisé des cercles d’étude et des séminaires universitaires dans des institutions telles que la Madreseh Bidar (« École de Bidar »).

Récemment, l’Iran a connu une vague croissante de répression visant les chercheurs et intellectuels critiques. Les forces de sécurité ont perquisitionné les domiciles de plusieurs universitaires, confisquant leurs effets personnels et arrêtant ou convoquant certains d’entre eux pour interrogatoire.

Aucune information n’a été divulguée concernant les raisons des arrestations, les accusations portées contre Karimi et Asadollahnejad, ni le lieu où elles sont tenues.

TURQUIE. Öcalan appelle à la mise en place d’un processus de transition afin de reconnaître la « réalité kurde »

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TURQUIE / KURDISTAN – Abdullah Öcalan, chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a appelé à la mise en place d’un processus de transition en Turquie afin de reconnaître la « réalité kurde » dans le pays « dans toutes ses dimensions ».

M. Öcalan a lancé cet appel lors d’une rencontre, lundi, avec les principaux médiateurs des pourparlers entre Ankara et le PKK, Pervin Buldan et Mithat Sancar. Ces médiateurs, également connus sous le nom de délégation Imrali, sont membres du Parti de l’égalité et de la démocratie (Parti DEM), pro-kurde. Son avocat, Faik Özgur Erol, était également présent.

« La réalité kurde doit être pleinement intégrée à la légalité de la République, et un processus de transition solide doit être instauré à cette fin. Cette transition vers la légalité, envisagée comme un phénomène global, renforcera les fondements juridiques de la République démocratique », a déclaré M. Öcalan, selon le DEM Parti, lors de ces discussions qui ont duré trois heures.

La délégation du parti DEM à Imrali a ajouté qu’Öcalan leur avait déclaré : « Nous devons agir non pas en traçant des lignes, mais en créant une vision qui englobe également nos problèmes actuels. »

« Pour faire progresser le processus en cours, il est nécessaire de prendre l’histoire et la sociologie plus au sérieux. Il est important de reconnaître que la relation turco-kurde a perduré pendant mille ans, reposant sur deux piliers fondamentaux. Renforcer l’unité exige que ces piliers soient vus, compris et restaurés », a déclaré Öcalan.

La visite de la délégation du parti DEM à Öcalan dans sa cellule de la prison de l’île d’Imrali est intervenue quatre jours seulement après leur troisième rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan pour discuter des « mesures nécessaires à prendre à partir de maintenant », a indiqué le parti.

En mai, le PKK a officiellement déclaré sa dissolution et la fin de sa campagne armée, suite à l’appel d’Öcalan à une solution politique à quatre décennies d’un conflit qui a coûté la vie à près de 40 000 personnes.

La semaine dernière, le PKK a annoncé avoir commencé à retirer tous ses combattants de Turquie. En annonçant son retrait, le PKK, sous le nom de « Mouvement de libération du Kurdistan », a déclaré attendre d’Ankara la mise en œuvre d’une « loi de transition spécifique au PKK » lui permettant de participer à la vie politique.

Une commission parlementaire turque travaille actuellement à l’élaboration du cadre juridique du processus de paix. (Rudaw) 

SYRIE. Pour le gouvernement le kurde est une langue « étrangère »

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SYRIE / ROJAVA – Le gouvernement de transition à Damas considère le kurde comme une langue étrangère, a déclaré un haut responsable syrien, malgré la présence d’une importante population kurde dans le pays.

Mohammed Sankari, chef du bureau du gouvernement pour les affaires politiques à Afrin, ville à majorité kurde, a indiqué que le ministère de l’Éducation avait révisé les programmes scolaires afin de classer toutes les langues, y compris le kurde, comme « étrangères », à l’exception de l’arabe.

« L’arabe est la langue principale et toutes les autres langues sont étrangères, qu’il s’agisse du kurde, du turc, du russe, du français ou de l’anglais », a-t-il affirmé. 

Le kurde était autrefois la langue d’enseignement officielle à Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie. Cependant, après la prise de contrôle de la ville par les forces soutenues par la Turquie en 2018, l’enseignement du kurde a été réduit à une seule heure par semaine. Le gouvernement intérimaire, arrivé au pouvoir en décembre après avoir renversé le régime de Bachar al-Assad, a désormais totalement supprimé le kurde des programmes scolaires à Afrin.

Farhan Haq, porte-parole adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré le 21 octobre être au courant des informations parues dans la presse concernant la suppression du kurde des programmes scolaires à Afrin, en Syrie. 

« Nous ne pouvons confirmer ces informations, bien que nous en ayons connaissance. Je peux toutefois vous dire que le Secrétaire général est fermement convaincu du droit de chaque personne, partout dans le monde, de parler la langue de son choix et d’apprendre toutes les langues de sa région. Nous veillons donc à ce que les droits linguistiques fondamentaux soient protégés », a déclaré M. Haq à Rudaw lors d’une conférence de presse. 

M. Sankari a indiqué que son organisation était en coordination avec les autorités éducatives d’Afrin afin de rétablir l’enseignement du kurde. 

Le cheikh Saïd Zade, un Kurde récemment élu député au parlement intérimaire syrien lors d’élections indirectes, a déclaré à Rudaw fin avril que l’intégration du kurde aux programmes scolaires prendrait du temps. 

En 2018, lorsqu’Afrin était contrôlée par des milices syriennes, des centaines de milliers de Kurdes ont fui la ville. Selon Sankari, 24 305 familles sont retournées à Afrin depuis la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre. (Rudaw)

PARIS. Le cimentier Lafarge jugé pour le « financement du terrorisme » en Syrie

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PARIS – Les procureurs soupçonnent le groupe Lafarge d’avoir versé au total environ cinq millions d’euros à des groupes terroristes, dont l’EI et Al-Qaîda, en 2013 et 2014 par l’intermédiaire de sa filiale syrienne, rapporte l’agence kurde ANF.

L’ONG yézidie Free Yezidi Foundation s’est constituée partie civile dans le procès pénal visant le cimentier Lafarge poursuivi en tant que « personne morale » pour « complicité de crimes contre l’humanité » qui incluent, mais sans s’y limiter, l’esclavage et le génocide – liés aux paiements versés au groupe État islamique (EI / DAECH / ISIS) en Syrie.

Le tribunal correctionnel de Paris juge à partir d’aujourd’hui le géant français des matériaux de construction Lafarge et ses principaux dirigeants.

Le procès de l’entreprise française Lafarge et de ses anciens dirigeants, accusés de « soutien financier à des organisations terroristes » en Syrie, s’ouvre à Paris. Les audiences de ce procès historique se poursuivront jusqu’au 16 décembre.

L’entreprise et ses dirigeants sont accusés d’avoir apporté un soutien financier à des groupes djihadistes, dont l’EI, afin de maintenir en activité son usine de ciment dans le nord de la Syrie.

Selon l’AFP, outre Lafarge, racheté par le groupe suisse Holcim en 2015, les personnes suivantes seront jugées dans cette affaire :

L’ancien PDG de Lafarge, Bruno Lafont, cinq anciens cadres impliqués dans la chaîne opérationnelle et de sécurité de l’entreprise, et deux intermédiaires syriens, dont l’un est recherché en vertu d’un mandat d’arrêt international.

 Les accusés sont poursuivis pour « soutien financier à une organisation terroriste » et « non-respect des sanctions financières internationales imposées à la Syrie à la suite de la révolution de 2011 ».

Dans l’acte d’accusation annoncé par les juges français en octobre 2024, la société et huit accusés ont été requis de comparaître pour des accusations de « financement d’organisations terroristes et de violation de sanctions financières ».

L’acte d’accusation stipulait que tous les accusés « ont organisé, approuvé, facilité ou mis en œuvre une politique consistant à fournir un soutien financier à des organisations terroristes opérant à proximité de la cimenterie de la région de Chalabiya en Syrie, dans le but de générer des profits pour l’entité économique qu’ils servaient ou, pour certains, d’obtenir directement un gain personnel. »

Les procureurs français soupçonnent le groupe Lafarge d’avoir versé au total environ cinq millions d’euros à des groupes qualifiés de « terroristes » en 2013 et 2014 par l’intermédiaire de sa filiale Lafarge Cement Syria, notamment l’État islamique et le Front al-Nosra, lié à Al-Qaïda.

En outre, il est allégué que des paiements ont été effectués à des intermédiaires pour protéger la cimenterie de Chalabiya, dans le nord de la Syrie, pendant les années de conflit qui ont débuté en 2011.

L’entreprise a investi 680 millions d’euros dans cette usine, construite en 2010. Alors que d’autres multinationales ont quitté la Syrie en 2012, Lafarge s’est contentée d’évacuer ses employés étrangers à cette époque et a continué d’employer du personnel syrien jusqu’en septembre 2014, date à laquelle l’État islamique s’est emparé de l’usine.

La procédure judiciaire à Paris a débuté en 2017 suite à des articles de presse et à deux plaintes distinctes. La première plainte a été déposée par les associations de la branche syrienne de l’entreprise et onze anciens employés pour « financement du terrorisme », tandis que la seconde a été déposée par le ministère de l’Économie pour « violation de l’embargo financier imposé à la Syrie ».

Cette affaire est perçue comme une occasion unique pour la justice française d’aborder la question de la responsabilité assumée par les entreprises multinationales opérant dans des zones de conflit. 

La CEDH exhorte la Turquie à libérer Demirtas

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La Cour européenne des droits de l’homme a rejeté le recours de la Turquie contre l’arrêt ordonnant la libération de l’homme politique kurde de Selahattin Demirtaş. La décision de juillet 2025 est donc définitive. Le DEM Parti a exigé la libération de tous les otages détenus dans le cadre du procès Kobanê.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rejeté le recours de la Turquie contre l’arrêt ordonnant la libération de Selahattin Demirtaş. La décision du 8 juillet est désormais exécutoire. La Cour de Strasbourg avait jugé que Demirtaş était emprisonné pour des raisons politiques et avait exigé sa libération. Le gouvernement turc avait demandé à la Grande Chambre de la CEDH de réexaminer l’arrêt. La Cour a rejeté cette demande.

Emprisonnement à motivation politique

Dans son arrêt de juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que le maintien en détention provisoire dans l’affaire dite de Kobanê était motivé par des raisons politiques et violait la Convention européenne des droits de l’homme. Selon cet arrêt, l’ancien coprésident du HDP doit être libéré immédiatement.

Demirtaş a été emprisonné en lien avec les manifestations de Kobanê d’octobre 2014. Des dizaines de personnes ont été tuées lors des troubles qui ont secoué le pays à cette époque, en réaction au soutien apporté par le gouvernement turc au groupe terroriste « État islamique » (EI). Lors d’un procès ultérieur, Demirtaş a été condamné à un total de 42 ans de prison. Il est détenu à la prison de haute sécurité d’Edirne depuis 2016.

Réprimandes répétées de la CEDH

Lors de précédentes procédures, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait déjà qualifié la détention de Demirtaş de violation des droits de l’homme – une première fois en novembre 2018 et une seconde fois en décembre 2020. Avec le rejet du pourvoi, l’arrêt le plus récent, datant de juillet 2025, est juridiquement contraignant et s’impose à la Turquie en vertu du droit international.

Réactions des politiciens et de Demirtaş lui-même

Le parti DEM, issu du HDP, a exigé la libération immédiate de Demirtaş et des autres membres du parti emprisonnés, dont Figen Yüksekdağ, après l’annonce de la décision. Un communiqué du comité exécutif du parti indique : « Au regard de tous les arrêts antérieurs de la CEDH et en particulier de cette décision finale, nos amis doivent être libérés sans plus tarder. »

Le député du DEM Parti, Ali Bozan, a déclaré : « Il est temps de se conformer aux exigences de cette décision. Tous les prisonniers dans cette affaire de complot, et en particulier nos anciens coprésidents Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, doivent être libérés immédiatement ! » 

Selahattin Demirtaş a lui-même réagi dans un message publié sur son compte de la plateforme X. Il a qualifié la décision d’« importante et juridiquement contraignante », mais a souligné que sa véritable portée allait plus loin : « L’essentiel réside dans notre conception commune de la fraternité – vivre ensemble dans l’égalité, la liberté, la justice et la paix. » Parallèlement, il a appelé à ce que les conflits politiques et sociaux soient résolus non par la vengeance ou la confrontation, mais par la raison et la construction d’un avenir partagé. (ANF) 

 

IRAN. Une enseignante condamnée à 15 ans de prison

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IRAN – Le régime iranien a condamné à 15 ans de prison une enseignante de la province du Khuzestan signale l’ONG kurde Hengaw.

Forough Khosravi, une institutrice de Behbahan, dans la province arabe du Khuzestan, a été condamnée à 15 ans de prison par le pouvoir judiciaire de la République islamique d’Iran.

D’après les informations recueillies par l’ONG Hengaw, le tribunal révolutionnaire de Behbahan, chambre 1, présidé par le juge Moradian, a rendu son jugement le dimanche 3 novembre 2025, à la suite d’une audience tenue la veille. Khosravi, institutrice, était accusée de plusieurs chefs d’inculpation.

Elle a été condamnée à un an de prison pour « propagande contre l’État », à deux ans pour « insulte à Khamenei » et à deux ans pour « insulte à Khomeini », à cinq ans pour « outrage aux lieux saints religieux » et à cinq ans pour « communication avec des médias affiliés à Israël, tels qu’Iran International ». La peine totale s’élève à 15 ans ; cependant, en vertu de la règle du cumul des peines, seule la peine la plus sévère de cinq ans sera applicable.

Les accusations seraient liées à des SMS privés qu’elle aurait échangés avec un membre de sa famille et à des stories Instagram relatives à des manifestations publiées il y a plusieurs années.

Khosravi a été arrêtée le mardi 29 juillet 2025, lors d’un raid mené par les forces de renseignement des Gardiens de la révolution à son domicile. Elle a été libérée de la prison de Sepidar à Ahvaz le 8 août après avoir obtenu une caution de deux milliards de tomans.

Lors de l’arrestation, les forces de sécurité ont également confisqué le téléphone portable de son mari. Quelques semaines auparavant, le 19 juin 2025, des agents du renseignement des Gardiens de la révolution iraniens avaient perquisitionné son domicile sans mandat, instaurant un climat d’intimidation et saisissant plusieurs effets personnels, dont son téléphone portable.

TURQUIE. La police attaque un rassemblement funéraire à Şirnak

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TURQUIE  / KURDISTAN – Dans la province de Şirnak, la police turque a attaqué une cérémonie organisée en hommage à une martyre kurde, malgré l’autorisation du ministère de l’Intérieur. Plusieurs personnes ont été arrêtées violemment.

Dans la province kurde de Şirnex (en turc : Şırnak), la police a dispersé lundi un rassemblement funèbre en hommage à Berivan Katar, combattante du groupe de guérilla féminin YJA Star (Unions des femmes libres). Les autorités ont bloqué l’accès au lieu de recueillement et ont confronté les personnes rassemblées. Des violences physiques ont eu lieu et au moins une personne a été arrêtée.

Berivan Katar, également connu sous son nom de guerre Rêvan Aslan, a été tué lors d’une attaque turque dans la région de Zap, au Kurdistan du Sud, le 20 mars 2025. Les Forces de défense du peuple (HPG) l’ont annoncé dimanche. Une maison de deuil a été ouverte dans sa ville natale de Şirnex. De nombreux proches, des représentants de partis politiques et d’organisations de la société civile, ainsi que des habitants, se sont réunis lundi midi pour présenter leurs condoléances.

Le deuil collectif est interdit

La police a bloqué l’accès au funérarium. Des agents ont érigé une barrière à quelques dizaines de mètres du bâtiment, sont arrivés en véhicules et ont annoncé qu’ils arrêteraient toute personne présente si le rassemblement ne se dispersait pas. Le commandant a interdit les visites de groupe, invoquant une prétendue interdiction des « rassemblements de deuil collectifs », et n’a autorisé l’entrée que par groupes de cinq – une condition qui a suscité une vive opposition. Les participants ont alors entamé un sit-in.

Une rencontre avec le gouverneur de la province, Birol Ekici, n’a abouti à aucune solution. Au contraire, ce dernier a menacé d’interdire l’ouverture de lieux de recueillement à l’avenir si de tels rassemblements venaient à se reproduire. Ironie du sort, selon la famille du combattant tombé au combat, la cérémonie commémorative avait été autorisée par le ministère de l’Intérieur. Pourtant, l’administration provinciale a agi unilatéralement et a empêché sa tenue. Dans une note adressée au ministère, le gouverneur aurait notamment qualifié le rassemblement de « foule incontrôlable ».

La situation reste tendue.

Lorsqu’un groupe a tenté de forcer le cordon de police en scandant « Şehîd namirin » (« Les martyrs sont immortels »), la police est intervenue. Plusieurs personnes, dont des femmes âgées, ont été agressées physiquement. Un participant, Sadık Külter, a été arrêté. Un petit groupe a néanmoins réussi à atteindre le funérarium. Par solidarité, certains endeuillés ont ensuite quitté le bâtiment pour rejoindre la manifestation qui se poursuivait devant le cordon de police. La situation sur place reste tendue et le secteur demeure bouclé.

MEBYA-DER : Violation des droits fondamentaux

Du point de vue des organisations kurdes, les actions des autorités turques s’inscrivent dans une série de mesures répressives contre la société civile kurde. Des observateurs sur place affirment que les hommages publics rendus aux combattants tombés au combat sont systématiquement empêchés. L’association MEBYA-DER, qui soutient les personnes ayant perdu des proches dans la lutte de libération kurde et qui a organisé l’événement, dénonce une violation délibérée des droits culturels et familiaux fondamentaux. (ANF)