ISTANBUL – Lors de leur 1033e veillée sur la place Galatasaray, les Mères du samedi ont demandé que les auteurs du massacre de 11 civils kurdes massacrés à Güçlükonak (Bâsa), dans la province de Şırnak, il y a 29 ans.
Le 15 janvier 1996, 11 villageois kurdes ont été abattus et brûlés par des paramilitaires turcs (JITEM) dans un minibus dans le district de Güçlükonak à Şırnak. L’état-major turc avait annoncé que le massacre avait été perpétré par le PKK, mais des responsables d’ONG, intellectuels et artistes ont déclaré que le massacre avait été commis par les forces de l’État à la suite de leurs enquêtes dans la région. Cependant, la justice turque a refusé de poursuivre les auteurs du massacre de Güçlükonak. 13 ans après le massacre de Güçlükonak, le ministre d’État de l’époque, Adnan Ekmen, a déclaré que les auteurs du massacre étaient des paramilitaires turcs du JITEM et non le PKK.
Emine Kaya, fille d’Ahmet Kaya, tué lors du massacre de Güçlükonak* : « Nous réitérons notre exigence de paix. Nous voulons la justice »
Les mères du samedi ont déposé leurs œillets sur la place Galatasaray, fermée par des barricades, pour les 11 personnes qui ont perdu la vie lors du massacre de Güçlükonak et dont les corps sont toujours portés disparus.
Depuis plus de 29 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.
*Massacre de Güçlükonak
Le 15 janvier 1996, 11 villageois kurdes ont été abattus et brûlés dans un minibus dans le district de Güçlükonak à Şırnak. L’état-major turc avait annoncé que le massacre avait été perpétré par le PKK, mais des responsables d’ONG, intellectuels et artistes ont déclaré que le massacre avait été commis par les forces de l’État à la suite de leurs enquêtes dans la région. Cependant, la justice turque a refusé de poursuivre les auteurs du massacre de Güçlükonak . 13 ans après le massacre de Güçlükonak, le ministre d’État de l’époque, Adnan Ekmen, a déclaré que les auteurs du massacre étaient des paramilitaires turcs du JITEM et non le PKK.
Deux organisations syriaques demandent aux États-Unis et à l’UE d’assurer la protection des minorités ethniques et religieuses (Kurdes/Yézidis, Syriaques, chrétiens, Druzes…) pendant la transition politique syrienne.
L’Union syriaque européenne (ESU) et l’Union syriaque américaine (ASU) ont adressé conjointement une lettre aux ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et des États-Unis, exprimant leur gratitude pour leur soutien aux chrétiens du Moyen-Orient. La lettre met en avant neuf points clés pour assurer l’avenir des chrétiens syriaques (araméens-assyriens-chaldéens) et d’autres minorités en Syrie alors que la nation subit une transformation politique.
L’ESU, l’ASU et le Parti de l’Union syriaque (SUP) ont reconnu l’attention internationale continue portée aux défis auxquels sont confrontés les chrétiens du Moyen-Orient, en particulier en Syrie. « Nous gardons espoir que la communauté internationale continuera de défendre les droits et la protection des chrétiens pendant cette phase critique en Syrie », indique la lettre.
La lettre conjointe fait référence à une récente réunion à Rome axée sur la crise syrienne, soulignant l’importance du dialogue pour assurer l’avenir des chrétiens et des autres groupes ethniques de la région.
Les organisations ont souligné l’héritage culturel durable des chrétiens syriaques (araméens, assyriens et chaldéens) de Beth Nahrin (Mésopotamie), l’une des premières communautés à avoir adopté le christianisme. Malgré des siècles de persécution, de déplacement et de bouleversements démographiques au Liban, en Irak, en Turquie, en Iran et en Syrie, les chrétiens syriaques (araméens, assyriens et chaldéens) sont restés déterminés à préserver leur identité et leur héritage.
Alors que la Syrie entame un nouveau chapitre, les syndicats expriment leur optimisme quant à un avenir marqué par la justice, la stabilité et la protection des droits de leur peuple.
Neuf points clés pour l’avenir de la Syrie
La lettre présentait les revendications suivantes :
Reconnaissance des droits constitutionnels : Reconnaissance de l’existence constitutionnelle du peuple syriaque (araméen-assyrien-chaldéen) et de ses droits nationaux, politiques et culturels au sein d’une Syrie unifiée.
Reconnaissance de la langue : Désignation de la langue syriaque comme langue nationale et officielle dans les régions comptant d’importantes populations syriaques (araméennes-assyriennes-chaldéennes), compte tenu de son rôle historique en tant que langue ancienne de la Syrie.
Représentation politique : inclusion des forces politiques syriaques (araméennes-assyriennes-chaldéennes) dans le processus de transition et les institutions de gouvernance de la Syrie.
Réformes juridiques : abrogation des lois discriminatoires visant des groupes spécifiques, notamment les Syriaques (Araméens-Assyriens-Chaldéens), et restitution des terres et des propriétés saisies lors des conflits passés avec une compensation équitable pour les personnes concernées.
Préservation des villages : protection des villages syriaques (araméens-assyriens-chaldéens), prévention des changements démographiques, notamment dans la région de Khabur, et facilitation du retour en toute sécurité des résidents déplacés dans leurs foyers.
Unité nationale : renforcement de l’unité et de la souveraineté de la Syrie, récupération des territoires occupés par des moyens pacifiques et promotion d’une citoyenneté égale fondée sur l’État de droit.
Gouvernance décentralisée : Adoption d’une gouvernance décentralisée pour renforcer l’inclusion, protéger la diversité culturelle et assurer une répartition équitable des ressources et du développement dans toutes les régions.
Valeurs démocratiques : Établissement d’une république démocratique fondée sur la séparation de la religion et de l’État, garantissant la liberté de croyance et la reconnaissance de toutes les religions, y copris le yézidisme.
Reconnaissance d’un État multiethnique : Reconnaissance constitutionnelle de la Syrie comme un État multiethnique, multiculturel et multireligieux, avec une représentation équitable des Arabes, des Kurdes, des Syriaques (Araméens-Assyriens-Chaldéens), des Turkmènes et d’autres.
Les organisations ont également souligné l’importance des droits de l’homme et de la justice transitionnelle pour promouvoir la réconciliation nationale et la responsabilisation. Elles ont plaidé pour une représentation significative des femmes et des jeunes dans les institutions de l’État et les processus décisionnels, afin de garantir leur participation active à la construction de l’avenir de la Syrie.
L’ESU et l’ASU ont conclu en réaffirmant leur engagement à travailler avec la communauté internationale pour garantir un avenir pacifique, inclusif et démocratique à tous les Syriens, tout en préservant l’identité culturelle et historique des chrétiens syriaques (araméens-assyriens-chaldéens) et d’autres minorités.
SYRIE / ROJAVA – Un drone truc a frappé ce soir un véhicule civil près de la localité kurde de Derik. Il y a des victimes.
Les médias locaux ont rapporté qu’un drone appartenant à l’occupation turque a ciblé un véhicule il y a peu de temps dans le village de Khana Serri, dans la campagne de la ville. On signale que l’attaque a fait des blessés.
PARIS – L’Union syndicale Solidaires exhorte l’État français à faire la lumière sur les deux attentats ayant ciblé les militants kurdes sur le sol français en 2013 et en 2022 à l’occasion du 12e anniversaire du premier massacre commis le 9 janvier 2013.
Voici le communiqué de l’Union syndicale Solidaires :
Vérité et Justice pour Fidan, Sakine, Leyla, Emine, Mir et Abdurrahman
Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, trois militantes kurdes étaient assassinées en plein cœur de Paris au 147 de la rue Lafayette.
Depuis plus de 10 ans, sous la devise « Vérité et Justice », au côté de nos camarades kurdes nous menons le combat pour que soit levé le « secret-défense » sur les documents qui permettraient à la justice de faire toute la lumière sur ces crimes et de juger les véritables commanditaires.
Fidan Dogan, Sakine Cansız et Leyla Shaylemez étaient trois militantes kurdes qui travaillaient au sein du Centre d’information sur le Kurdistan, à Paris. Leur assassinat ne doit en effet rien au hasard : elles étaient des cadres du mouvements, chacune représentant une génération. En les assassinant, il s’agissait de porter un coup à l’élargissement de la lutte kurde en France et en Europe, lutte pour l’autodétermination d’un peuple et qui met en application concrète des principes démocratiques, féministes ou d’auto-gestion.
Neuf ans plus tard, le 23 décembre 2022, un nouvel attentat a frappé la communauté kurde à Paris, endeuillant une fois de plus cette diaspora militante. Un homme d’extrême droite a ouvert le feu sur le centre culturel kurde de Paris ainsi que sur un restaurant et un coiffeur, assassinant plusieurs camarades kurdes et en blessant grièvement plusieurs autres. 3 personnes sont décédées ce jour-là : Emine Kara, Mir Perwer (Sirin Aydin), Abdurrahman Kızıl. Le tueur n’est pas sorti de nulle part : il avait déjà tenté par le passé, et à plusieurs reprises, d’assassiner des personnes migrantes. Cette fois, il s’était procuré une arme à feu et avait planifié cette nouvelle attaque raciste. Celle-ci s’inscrit dans la continuité d’une série d’actions de plus en plus violentes de l’extrême-droite. Cette stratégie porte un nom : le terrorisme.
L’Union syndicale Solidaires exige que :
Les assassinats du 23 décembre 2022 soient qualifiés d’attentat terroriste et que le parquet national spécialisé en matière de terrorisme soit saisi ;
Que le secret-défense opposé à la justice par les services secrets français soit levé afin de connaître tous les commanditaires des assassinats de 2013 ;
Que lesdits commanditaires soient identifiés et jugés, sur le sol français, quel que soit leur niveau de responsabilité ;
Que le statut de réfugié politique soit accordé sans difficultés aux Kurdes contraints à l’exil ;
Que les lieux de rencontres de la communauté kurde ne soient pas surveillés mais protégés ;
Que les mouvements prônant la haine, le racisme et la violence en ou hors de France soient dissous et leurs responsables jugés dans le cas où ils se seraient rendus coupables d’appel à la haine ou de troubles à l’ordre public.
PARIS – Dans une tribune co-signée, Raphaëlle Primet, co-présidente du groupe communiste et citoyen de Paris, Geneviève Garrigos, conseillère Paris en Commun, socialistes, écologistes et républicains de Paris et élue du 20ème arrondissement et Aminata Niakaté, conseillère de Paris et porte-parole des Ecologistes-EELV, exhortent l’État français à faire la lumière sur les deux attentats ayant ciblé les militants kurdes sur le sol français en 2013 et en 2022.
Voici leur tribune:
Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, étaient brutalement assassinées au cœur de Paris. Plus récemment, le 23 décembre 2022, Evin Goyi, Mir Perwer et Abdurrahman Kizil étaient assassiné.es dans des conditions similaires.
Six vies fauchées en plein cœur de notre capitale, des actes terroristes impunis qui interpellent notre conscience collective.
Six meurtres pour lesquels nous exigeons justice alors que dans ceux de Sakine, Fidan et Leyla le « secret défense », qui bloque l’instruction, n’a toujours pas été levé et que pour ceux de Evin, Mir et Abdurrahman le caractère terroriste a été rejeté quand bien même les cibles étaient clairement identifiées visant des membres éminent.es du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F).
La France a le devoir de protéger les Kurdes, le devoir de faire éclater la vérité et de leur rendre justice pour mettre fin à l’impunité de ces crimes politiques.
Non seulement elle reste passive mais le harcèlement administratif, la répression contre les Kurdes en France a atteint de nouveaux sommets avec l’expulsion récente de trois militants kurdes vers la Turquie.
En contradiction avec de nos principes républicains, en violation de la Déclaration des droits de l’homme des Nations unies, de la Convention des Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union Européenne et des nombreuses conventions qui en découlent, des militant.es kurdes sont aujourd’hui expulsé.es vers la Turquie, livré.es à un régime autoritaire où ils et elles sont détenu.es arbitrairement, victimes de torture et de mauvais traitements, condamné.es à de lourdes peines de prison au cours de procès inéquitables.
Nous condamnons également les attaques répétées par les Loups Gris, ces groupes soutenus par l’État turc, contre des militant.es kurdes pacifiques en Europe. Ces agressions, comme celles perpétrées à Strasbourg contre la veille permanente pour la libération d’Abdullah Öcalan, visent à intimider et criminaliser les manifestant.es. Avec le CDKF nous demandons au gouvernement français de renforcer la protection des locaux associatifs kurdes et de ne pas céder aux pressions de l’État turc.
En Syrie, alors que la chute de Bachar al Assad, le boucher de Damas, dont nous nous réjouissons, ferme la porte de cinquante ans de dictature cruelle et sanguinaire, Erdogan bombarde nuit et jour la région autonome du Nord et le Nord- est pour en expulser les Kurdes et détruire leur modèle démocratique et paritaire.
Dans quelques jours, nous allons célébrer les dix ans de la libération de Kobane par les unités kurdes YPG sur lesquelles se sont appuyés les Occidentaux pour vaincre le groupe Etat islamique, que les Kurdes combattent ce qu’il en reste et gèrent les centres de détention où s’entassent des milliers de djihadistes, la France ne doit pas les abandonner. Elle doit intervenir pour que leur droit à la souveraineté démocratique et à vivre en paix soient enfin respectés.
Nous demandons à la France d’agir à la hauteur de ses responsabilités. De mettre fin à son double langage afin que toute la vérité soit faite sur les meurtres de Sakine Cansiz, Fidan Dogan, Leyla Saylemez, Evin Goyi, Mir Perwer et Abdurrahman Kizil, que les auteurs et les commanditaires soient jugés afin de mettre fin à l’impunité et garantir la sécurité en France.
Notre lutte ne s’arrête pas là. Elle englobe la libération des prisonnier.es politiques kurdes et turcs injustement détenu.es dans les geôles d’Erdogan. Nous exigeons la fin de l’isolement carcéral et la libération d’Abdullah Öcalan, ainsi que le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes.
Le combat pour la justice, la paix et la dignité du peuple kurde est le nôtre. Ensemble, portons haut et fort cette exigence, pour eux, avec eux et tous ceux et toutes celles qui luttent pour leurs droits et leur liberté.
SYRIE / ROJAVA – Alors que la Turquie a intensifié les attaques ciblant les Kurdes de Syrie, Ilham Ahmad, coprésidente du Département des relations étrangères de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), a déclaré mercredi que les États-Unis et la France pourraient sécuriser toute la zone frontalière dans le nord de la Syrie.
Les troupes américaines et françaises invitées à sécuriser la frontière nord de la Syrie
« Nous demandons aux Français d’envoyer des troupes à cette frontière pour sécuriser la zone démilitarisée, pour nous aider à protéger la région et à établir de bonnes relations avec la Turquie », a déclaré Ahmad dans une interview à TV5 Monde.
La semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a souligné, lors de sa visite à Damas, que les Kurdes devraient jouer un rôle important dans la définition de l’avenir de la Syrie.
De même, le président français Emmanuel Macron a récemment réaffirmé l’engagement de la France envers les Forces démocratiques syriennes (FDS), déclarant que la France ne les abandonnerait pas.
Ahmad a expliqué que le rôle de la France pour persuader la Turquie d’accepter sa présence à la frontière serait une étape clé dans le lancement du processus de paix.
« Dès que la France aura convaincu la Turquie d’accepter sa présence à la frontière, alors nous pourrons entamer le processus de paix », a déclaré Mme Ahmed. « Nous espérons que tout sera réglé dans les prochaines semaines », a-t-elle ajouté.
Selon Reuters, une source proche des discussions a confirmé que les pourparlers étaient déjà en cours. La source a toutefois refusé de divulguer des détails sur l’avancement des négociations ou leur faisabilité. (North Press)
MOYEN-ORIENT – Alors qu’avec la prise du pouvoir syrien par le groupe islamiste HTC, les femmes et les minorités ethniques et religieuses de Syrie font face à des menaces sérieuses, l’activiste kurde Bahar Ewrîn souligne que « Le Moyen-Orient a besoin d’une révolution de la conscience et de la pensée, ancrée dans une culture de l’égalité, en particulier pour les femmes. Des exemples historiques, comme la révolution iranienne de 1979, montrent que l’avènement de la dictature entraîne souvent l’assujettissement des femmes. L’émergence de partis d’extrême droite et d’extrême droite constitue une menace importante pour les droits et les luttes des femmes ».
Voici l’intégralité de l’article de Bahar Ewrîn:
Phase historique de la lutte des femmes
La Syrie et le Moyen-Orient sont entrés dans une nouvelle phase [après la chute du dictateur Bachar al-Assad et la prise du pouvoir en Syrie] par Hayat Tahrir al-Sham (HTC ou HTS), anciennement connu sous le nom de Jabhat al-Nusra, créé en 2012 comme filiale d’Al-Qaïda en Syrie. La montée en puissance de HTS suscite des inquiétudes quant à l’avenir du peuple syrien, en particulier des femmes, compte tenu de la diversité des nationalités, des religions et des sectes du pays. La situation fait écho à la situation critique de l’Afghanistan sous le régime des talibans, où les femmes sont confrontées à des conditions de vie de plus en plus difficiles et à de nouvelles lois restreignant leurs droits.
Le traitement réservé aux femmes après le changement de régime est un indicateur clé de l’engagement d’un pays en faveur de l’égalité et de la liberté. Actuellement, les droits des femmes syriennes sont menacés, ce qui reflète les implications plus larges pour divers groupes ethniques et religieux. Sans reconnaissance des droits des femmes et des droits de toutes les communautés dans la construction de l’avenir de la Syrie, tout nouveau gouvernement risque de perdre sa légitimité, ce qui pourrait conduire à une guerre civile. Le soutien international, en particulier aux femmes syriennes, est donc crucial.
Cependant, tous les changements ne sont pas démocratiques ou constructifs. Le Moyen-Orient a besoin d’une révolution de la conscience et de la pensée, ancrée dans une culture de l’égalité, en particulier pour les femmes. Des exemples historiques, comme la révolution iranienne de 1979, montrent que l’avènement de la dictature entraîne souvent l’assujettissement des femmes. L’émergence de partis d’extrême droite et d’extrême droite constitue une menace importante pour les droits et les luttes des femmes.
A la lumière des conflits mondiaux en cours, une stratégie collective pour faire face aux difficultés rencontrées par les femmes et les peuples opprimés est essentielle. Les idées récentes d’Abdullah Öcalan sur la démocratie et l’égalité offrent une voie de sortie du chaos actuel, soulignant la nécessité de prendre des mesures positives pour éviter les scénarios sombres de l’avenir. Sa vision d’une résolution démocratique de la question kurde pourrait remodeler la région, tandis que la poursuite de la violence ne ferait que perpétuer les cycles d’effusion de sang.
Les 13 dernières années d’administration autonome ont considérablement fait progresser les droits des femmes et favorisé une nouvelle conscience dans la région.
La lutte kurde, illustrée par la résilience des femmes, est une source d’inspiration pour les femmes arabes et afghanes et pour toutes les nations opprimées. En tant que femmes révolutionnaires, deux voies s’offrent à elles : résister et mettre fin à l’obscurité par une lutte continue, ou faire face à une résurgence sinistre de l’oppression. L’engagement envers cette responsabilité historique est vital pour un avenir libre.
IRAN / ROJHILAT – La Cour suprême de la République islamique d’Iran a récemment confirmé la condamnation à mort de la prisonnière politique kurde Pakhshan Azizi. Ses avocats avaient déjà exprimé leurs inquiétudes quant à une possible ingérence des agences de sécurité, mettant en doute la probabilité de son acquittement après son appel.
Des militants vivant au Rojhilat Kurdistan ont publié une déclaration concernant la confirmation de la peine de mort prononcée contre la prisonnière politique kurde Pakshan Azizi et ont lancé une pétition exigeant son annulation.
En plus de cette déclaration, les militants ont également lancé une pétition dans laquelle ils indiquaient : « Nous signons cette pétition et exigeons que la condamnation à mort arbitraire prononcée contre Pakshan Azizi soit annulée. Nous appelons tout le monde à se prononcer en faveur de la libération de Pakshan Azizi. »
Amir Reisiyan, l’avocat de Pakshan Azizi, a déclaré plus tôt cette semaine que la Cour suprême iranienne avait confirmé la condamnation à mort prononcée contre sa cliente.
Dans une déclaration sur son compte de médias sociaux, l’avocat a déclaré que les documents soumis au tribunal pour la défense de Pakshan Azizi ont également été rejetés.
Née à Mahabad et actuellement détenue à la prison d’Evin à Téhéran, Pakshan Azizi est une défenseuse des droits des femmes, journaliste et militante de la société civile.
TURQUIE – Ce matin, suite à l’arrestation des co-maires kurdes de la municipalité d’Akdeniz à Mersin, Hoşyar Sarıyıldız et Nuriye Arslan, les habitants de la ville sont descendus dans la rue pour dénoncer le déni de démocratie ciblant la volonté du peuple.
Les co-maires du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM Parti) de la municipalité de Mersin Akdeniz, Hoşyar Sarıyıldız et Nuriye Arslan, ont été arrêtés lors de perquisitions menées tôt ce matin, en même temps que les membres du conseil municipal Özgür Çağlar, Neslihan Oruç, Yakup Danış et Hikmet Bakırhan.
Les comaires de la municipalité d’Akdeniz à Mersin, Nuriye Arslan et Hoşyar Sarıyıldız
Les coprésidents de la municipalité du district d’Akdeniz de la province de Mersin, Hoşyar Sarıyıldız et Nuriye Arslan, et les membres de l’assemblée municipale Özgür Çağlar, Hikmet Bakırhan et Neslihan Oruç du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM) ont été arrêtés lors de descentes de police menées à leur domicile.
Le parquet général de Mersin a lancé une enquête pour « propagande d’une organisation terroriste », « appartenance à une organisation terroriste armée », « violation de la loi sur la prévention du financement du terrorisme » et « opposition à la loi n° 2911 sur les réunions et manifestations ».
Cinq personnes, dont les présidents, ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête, tandis que la police a procédé à une perquisition dans la municipalité d’Akdeniz. L’accès au bâtiment municipal a été bloqué par des barrières policières.
La police a bloqué le bâtiment de la municipalité, affirmant qu’un administrateur (kayyum) avait été nommé à la place des maires démocratiquement élus. Une ordonnance de confidentialité a été imposée sur le dossier tandis que les deux maires sont privés d’accès à un avocat pendant 24 heures.
Des protestations ont lieu dans différents quartiers d’Akdeniz contre l’arrestation de leur maires et la nomination de kayyum à leur municipalité.
Les habitants ont également commencé à se rassembler devant la municipalité. La responsable du parti DEM pour la province de Mersin, Bedriye Kuş, a déclaré qu’ils n’autoriseraient pas la nomination d’un administrateur, appelant « les habitants de Mersin à protéger leur volonté ».
PARIS – Hier après-midi, une marche blanche a été organisée par le Mouvement des femmes kurdes en Europe à l’occasion du 12e anniversaire du meurtre de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, assassinées par un agent turc à Paris. (La marche blanche est partie du centre culturel kurde Ahmet Kaya où le 2e attentat a eu lieu le 23 décembre 2022 jusqu’au 147 rue Lafayette qui abritait le Centre d’information du Kurdistan et où Sakine, Fidan et Leyla furent abattues le 9 janvier 2013.
Lors des prises de parole, les intervenant.e.s ont dénoncé l’impunité de ces féminicides politiques qui a conduit à un deuxième attentat contre les Kurdes le 23 décembre 2022 et qui a fait trois autres victimes, dont Evin Goyî.
12 années de quête de justice du peuple kurde
Hier après-midi, une marche blanche a eu lieu à Paris pour les militantes kurdes Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, assassinées par un espion turc le 9 janvier 2013, ainsi que pour Evîn Goyî, pour l’artiste kurde Mir Perwer et Abdurrahman Kızıl, assassinés le 23 décembre 2022. L’événement de commémoration, qui a débuté devant l’Association culturelle kurde Ahmet Kaya dans le 10e arrondissement de Paris, a réuni notamment la maire de Paris 10e Alexandre Cordebard et les conseillères municipales de Paris Hélène Bidard qui représentait la maire de Paris Anne Hidalgo et Geneviève Garrigos, deux avocates membres de l’association de juristes kurdes basée en Allemagne MAF-DAD, deux avocates venues d’Italie et de Galice, des responsables du Conseil Démocratique Kurdes en France (CDK-F) et une foule de femmes ont participé à la marche.
« Les commanditaires, on les connait, mais la France se tait »
La foule rassemblée devant le centre kurde a scandé des slogans tels que « Sehid namirin (les martyrs sont immortels) » et « Jin, jiyan, azadi (femme, vie, liberté) ». Des photos de ceux qui ont perdu la vie dans le massacre ont été portées à l’avant du cortège formé ici. Pendant la marche, les femmes portaient une banderole sur laquelle on pouvait lire « Les commanditaires, on les connait, mais la France se tait » et les photos des martyrs kurdes de Paris. La marche s’est poursuivie depuis le Centre culturel kurde Ahmet Kaya jusqu’au Centre d’information du Kurdistan de Paris, où a eu lieu le premier massacre de Paris le 9 janvier 2013. Pendant la marche, des tracts informant les Parisiens du massacre ont été distribués.
« Nous connaissons les assassins »
Après la marche, des œillets ont été déposés et des bougies allumées devant le Centre d’information kurde de Paris. Après la minute de silence tenue ici, la vie de lutte des martyrs a été présentée. L’ancienne députée du HDP, Ayşe Acar Başaran a déclaré qu’ils savaient qui étaient les meurtriers et que le deuxième massacre avait eu lieu parce que le premier massacre n’avait pas été révélé. Soulignant que le tireur Ömer Güney n’a pas commis seul ce massacre, Ayşe Acar Başaran a déclaré que les véritables meurtriers n’ont pas été révélés et a critiqué l’attitude de la France consistant à cacher les meurtriers. Ayşe Acar Başaran a souligné que la lutte des femmes était également visée par ce massacre.
« Les attaques contre les Kurdes se poursuivent »
S’exprimant plus tard, le 10ème Maire de Paris, Alexandre Cordebard, a transmis ses condoléances et ses messages de solidarité. Soulignant que les gauchistes, les communistes et tous les peuples vivent en paix dans la 10e Commune de Paris, Alexandre Cordebard a estimé que les assassins devaient être révélés. Soulignant que les attaques contre les Kurdes se poursuivent en Syrie, Alexandre Cordebard a critiqué la politique syrienne de la France. Alexandre Cordebard a déclaré : « Nous ne soutenons pas les Kurdes, nous luttons avec les Kurdes » et a appelé à intensifier la lutte.
Alexandra Cordebard
« Les femmes kurdes mènent une grande lutte »
S’exprimant au nom de la municipalité de Paris, Hélène Bidard, conseillère municipale du Parti communiste français, a déclaré qu’elle avait participé à la commémoration en tant que municipalité de Paris et a déclaré qu’elle ne laisserait pas les Kurdes tranquilles. Soulignant qu’elles lutteront pour établir la justice, Hélène Bidard a déclaré : « Je voudrais transmettre un message spécial à la lutte des femmes kurdes. J’ai connu Rojbin personnellement et elle était une combattante de la liberté. Les femmes kurdes sont très importantes et elles combattent un grand En tant que femmes, nous devons soutenir cette lutte ». Hélène Bidard a annoncé que la Mairie de Paris avait fait poser une plaque devant le bâtiment où a eu lieu le massacre, en hommage aux personnes qui ont perdu la vie dans ce massacre.
Hélène Bidard
La conseillère municipale de Paris, Geneviève Garrigos a qualifié le 9 janvier de « jour sombre » et exhorté que les commanditaires de ces assassinats politiques soient poursuivis devant la justice. Prenant la parole plus tard, les avocates membres du MAF-DAD, Besra Güler et Filiz Kalaycı, ont expliqué la lutte juridique pour retrouver les commendataires de ces deux attentats terroristes ayant ciblé les Kurdes à Paris.
Geneviève Garrigos
Enfin, les avocates Paula Martin Ponz et Nadine Garcia, d’Italie et de Galice, ont transmis leurs messages de solidarité et annoncé leur soutien à la lutte juridique menée au niveau international.
La commémoration s’es poursuivie le soir par une table-ronde organisée à la Mairie du Xe à laquelle ont participé les avocats des familles des victimes et Zilan Diyar, représentante du Mouvement des femmes kurdes en Europe.
Zilan Diyar, représentante du Mouvement des femmes kurdes en Europe
Demain, samedi 11 janvier, des milliers de Kurdes venu.e.s de toute l’Europe participeront à la Grande Marche demandant Vérité et de Justice pour Sakine Cnsiz, Fidan Dogan, Leyla Saylemez, Evîn Goyi, Mîr Perwer et Abdurrahman Kizil.
Contexte du massacre de 9 janvier 2013
Sakine Cansiz avait obtenu l’asile politique en France à la suite de sa persécution par l’État turc. Elle méritait un refuge et la sécurité de ses opposants politiques en Turquie, mais sa vie et celle de ses collègues ont été tuées dans un crime brutal qui n’a toujours pas été résolu.
Les trois femmes ont été ciblées et assassinées pour leurs activités politiques au nom du peuple kurde. Sakine était une militante de longue date et membre fondatrice du PKK. Elle a passé de nombreuses années en prison dans des conditions terribles et a été torturée à la prison de Diyarbakir dans les années 1980 après le coup d’État militaire. Elle a dirigé le mouvement de protestation à l’intérieur de la prison et, après sa libération, s’est jointe à la lutte armée pour la libération du Kurdistan. Elle a été une puissante force d’inspiration pour le mouvement des femmes kurdes, qui demeure à ce jour un symbole d’espoir pour les femmes du Moyen-Orient. Fidan et Leyla étaient également des activistes dévouées à la cause kurde.
Les meurtres ont eu lieu au moment quand le dirigeant kurde Abdullah Ocalan, en captivité en Turquie, a appelé à ce que les armes se tuent et à ce que les pourparlers de paix soient engagés entre l’État turc et le PKK. Il y avait beaucoup d’espoir à ce que le nouveau processus de paix porte ses fruits. Mais le dirigeant turc Erdogan y a mis fin subitement quand son parti a perdu la majorité aux élections parlementaires de 2015.
Deuxième massacre des Kurdes à Paris
Le 23 décembre 2022, un attentat terroriste ciblant le centre kurde de la rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de Paris, coûtait la vie à Emine Kara (Evîn Goyî), une responsable du Mouvement des femmes kurdes, au chanteur Mehmet Şirin Aydın (Mîr Perwer) et le retraité Abdurrahman Kizil. Pour la communauté kurde, il ne faisait aucun doute sur le fait que l’assassin William Malet avait délibérément pris pour cible le centre culturel kurde environs 10 ans après le triple meurtre des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez par un agent turc près de la Gare du Nord, toujours dans le Xe arrondissement de Paris.
Evîn Goyî (Emine Kara) est née dans le village de Hilal dans le district de Qileban de la région Botan du Kurdistan de Bakur. Elle a rejoint les rangs du PKK en 1988 et lutté contre le groupe terroriste misogyne DAECH. Elle a vaincu l’État islamique à la tête de la révolution du Rojava et a été blessée dans cette guerre.
L’artiste Mir Perwer, tout juste réfugié en France, et le retraité Abdurrahman Kızıl ont été tués avec Evîn Goyi.
SYRIE / ROJAVA – La Turquie commet un autre crime de guerre actuellement en bombardant les silos de blé de Sirrine, dans le canton kurde de Kobanê, dans le Nord de la Syrie.
Actuellement, des avions militaires turcs bombardent les silos de blés et les environs de la ville de Sirrin, située au sud de Kobanê. Des millions de personnes sont menacées par la famine à cause de la destruction de leurs stocks de blé. Que fait la communauté internationale?
SYRIE / ROJAVA – Des boucliers humains venus hier protéger le barrage de Tichrine contre les bombardements turcs entament leur deuxième nuit de veillée. Ce soir, la foule danse et scande des slogans louant la résistance des forces arabo-kurdes.
La Turquie a attaqué le convoi de civils près de Tishrin
Hier après-midi, un avion de guerre turc a ciblé un convoi de civils qui se dirigeait vers le barrage de Tichrine, tuant cinq civils et blessant 15 autres, dont certains sont dans un état critique. Ce n’est pas la première fois que la Turquie commet des crimes de guerre au Rojava en ciblant délibérément les civils.
Les corps des victimes et les blessés ont été transportés vers les hôpitaux voisins. Malgré ce massacre, les civils ont atteint le barrage de Tishrine et ils ont lancé leur veillée au son des chants louant la résistance des forces arabo-kurdes.