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ALLEMAGNE. Bavière veut expulser une famille yézidie

ALLEMAGNE – L’État de Bavière veut expulser une famille yézidie (en kurde Êzdî) réfugiée en Allemagne en 2014 suite au génocide des Yézidis perpétré par DAECH, alors même que la Rhénanie-du-Nord-Westphalie se dit prête à les accueillir.

Les autorités bavaroises menacent une nouvelle fois de séparer une famille yézidie. Cette famille a survécu au génocide perpétré par le groupe autoproclamé État islamique (EI) en 2014 et s’est réfugiée en Allemagne. Leur fils de 17 ans n’est pas autorisé à poursuivre sa scolarité à moins que ses parents ne quittent le pays « volontairement », selon les autorités.

« Si vous voulez comprendre ce que signifie la volonté de la Bavière d’expulser des personnes par tous les moyens, ce cas en est un bon exemple », a déclaré Stephan Dünnwald, porte-parole du Conseil bavarois pour les réfugiés. « Le ministre de l’Intérieur et ses services d’immigration démontrent ici qu’en matière de réfugiés, ils ne font preuve d’aucune pitié, d’aucune raison, d’aucune humanité et d’aucun respect pour la famille. La famille ne compte pour rien ; seuls ceux qui travaillent ont une chance. C’est une honte morale. »

Menace d’expulsion inattendue

La famille yézidie Psso vit en Bavière depuis qu’elle a fui son pays d’origine il y a des années. Leur fils de 17 ans, Matin, vient de se voir retirer son permis de travail, en plein apprentissage de mécanicien moto. Pour qu’il puisse terminer sa formation en Allemagne, les autorités exigent que ses parents retournent « volontairement » en Irak.

Matin Psso est actuellement en deuxième année d’apprentissage à l’atelier de réparation de vélos « Chain and Crank » à Augsbourg. À l’âge de six ans, son pays natal, l’Irak, a été envahi par Daech, qui a perpétré un génocide contre la communauté religieuse yézidie à laquelle appartient sa famille. La famille, composée de neuf personnes, a trouvé refuge en Allemagne où, après avoir terminé sa scolarité en 2024, Matin a intégré un programme d’apprentissage financé par l’Agence fédérale pour l’emploi.

Après le rejet de leur demande d’asile en 2022, les parents et Matin ont vécu en Allemagne avec un titre de séjour temporaire. En janvier 2023, le Bundestag allemand a reconnu à l’unanimité les atrocités commises par Daech contre les Yézidis comme un génocide. Néanmoins, le titre de séjour temporaire de Matin et de ses parents a expiré en septembre dernier et n’a pas été renouvelé. Le permis de travail du jeune homme de 17 ans a été révoqué et tous trois doivent être renvoyés en Irak.

Le soutien éducatif devient un échec

Comme le confirment également les Nations Unies, les Yézidis en Irak continuent de subir discrimination et exclusion. La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la Basse-Saxe, Brême et la Thuringe ont donc parfois hésité à expulser des Yézidis vers le pays où le génocide a eu lieu. La Bavière, en revanche, a adopté une position différente : un porte-parole de l’office de l’immigration a déclaré par écrit que l’État libre ne voyait aucune raison de prolonger les permis de séjour temporaires.

Mais pourquoi les frères et sœurs de Matin, eux aussi en formation, seraient-ils autorisés à rester alors que lui, non ? C’est là que réside le problème du jeune Yézidi : il a commencé sa formation par une « année de qualification professionnelle » (AQP) d’une durée de 12 mois. Or, les formations professionnelles qualifiantes ne sont reconnues comme telles qu’après deux ans.

La famille se sent victime de chantage.

Kette und Kurbel souhaite maintenir l’emploi de Matin avec un contrat d’apprentissage classique incluant l’année de qualification d’entrée (AQE). Or, Matin ne peut signer ce contrat car, entre-temps, son permis de travail et son titre de séjour temporaire ont été révoqués. Les services d’immigration considèrent comme une concession le fait que Matin soit autorisé à poursuivre son apprentissage une fois ses parents rentrés en Irak. La famille Psso, quant à elle, se sent victime de chantage.

L’entourage de la famille, notamment les enseignants, les collègues et les entraîneurs des enfants, ainsi que des ONG comme les conseils de Munich et de Bavière pour les réfugiés, sont choqués et consternés par les décisions des autorités bavaroises de l’immigration. Afin d’empêcher l’expulsion de leur fils mineur, les parents de Matin ont même confié sa garde à son entraîneur, car il ne pourrait autrement pas rester en Allemagne sans eux. Les enfants, quant à eux, sont inflexibles : ils ne veulent ni ne peuvent abandonner leurs parents âgés, qui leur ont consacré leur vie, et les envoyer seuls en Irak.

« Quelle est cette politique, cette conception de la famille, qui aboutit à une proposition aussi exorbitante ? Pourquoi forcer les parents de six enfants, qui réussissent à s’intégrer en Allemagne, à partir pour un pays où ils ont échappé de justesse au génocide ? » s’interroge Astrid Schreiber, employée du Conseil de Munich pour les réfugiés.

Le frère aîné a déjà été expulsé.

La famille Psso est considérée comme respectable et bien intégrée. Tous les neuf membres sont des survivants du génocide de 2014, mais seuls huit d’entre eux vivent encore en Allemagne. Le frère aîné de Matin, Fath, était déjà majeur lorsqu’ils ont fui. Bien qu’il ait un emploi stable, il a été expulsé vers l’Irak en 2023, malgré les protestations de son employeur, et ainsi séparé de sa famille.

Les trois frères et sœurs de Matin qui résident encore en Bavière suivent actuellement avec succès une formation professionnelle (assistant dentaire, aide-soignant, vendeur). Ses deux aînés, qui vivent toujours en Allemagne, sont citoyens naturalisés de Rhénanie-du-Nord-Westphalie depuis plusieurs années.

L’admission en Rhénanie-du-Nord-Westphalie est-elle possible ?

Les deux enfants, naturalisés de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ont déposé des demandes auprès du ministère bavarois de l’Intérieur et du ministère des Réfugiés et de l’Intégration de Rhénanie-du-Nord-Westphalie afin d’obtenir l’autorisation de faire venir leurs parents dans leur Land d’origine. Ils ont joint à leur dossier des contrats de travail prêts à être signés par les deux parents et ont demandé la délivrance de permis de travail ainsi que l’autorisation de s’installer dans l’autre Land. Si nécessaire, les six enfants sont prêts à s’engager à subvenir aux besoins financiers de leurs parents à vie.

Apparemment, la reconnaissance d’un génocide n’implique pas une obligation de protection.

Comme l’explique Christiane Maurer, représentante de la famille Psso, dans un communiqué de presse, la résilience psychologique de toute la famille a été mise à rude épreuve. Elle détaille également l’ampleur des actions des autorités envers les survivants du génocide yézidi, actions qui, selon elle, traumatisent à nouveau la famille.

Bien que le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie ait apparemment manifesté sa volonté d’accueillir les parents, les responsables politiques et administratifs de Bavière multiplient sans cesse les obstacles bureaucratiques comme alternative à l’expulsion.

Les proches et la famille ont finalement contacté directement le ministre de l’Intérieur, Joachim Herrmann. Bien que sa réponse se fasse toujours attendre, l’Autorité centrale d’accueil de Souabe a annoncé le 24 novembre que les parents ne se verraient pas accorder de permis de travail pour la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et que leur fils Matin ne serait pas autorisé à poursuivre sa scolarité. Depuis lors, les parents et leur plus jeune frère vivent sous la menace quotidienne d’une arrestation et d’une expulsion, ce qui signifie que la destruction de cette famille vulnérable et méritante est imminente.

Situation politique en Allemagne

Début 2023, le Bundestag allemand a reconnu le sort tragique des Yézidis comme un génocide et s’est engagé à assumer sa responsabilité particulière et à protéger les victimes. Quelques mois plus tard, le gouvernement fédéral de l’époque concluait un accord migratoire avec l’Irak, qui a depuis permis des expulsions massives.

Il semble que l’on ait omis de préciser que cette mesure s’applique à tous les ressortissants irakiens, y compris les survivants yézidis du génocide. En effet, l’identité yézidie et le statut de survivant du génocide ne sont pas officiellement reconnus et ne constituent pas une exception. Depuis, les signalements d’expulsions se multiplient.

Néanmoins, la quasi-totalité des Länder allemands s’efforcent de corriger cette erreur et de tenir leur promesse de protection des communautés religieuses. En attendant l’adoption d’une réglementation uniforme, des mesures sont prises par le biais de règlements internes, de commissions d’examen des situations difficiles ou de moratoires officiels sur les expulsions.

La raison en est manifestement un manque de volonté politique.

Lors de la Conférence des ministres de l’Intérieur, la Bavière s’oppose fermement à la mise en place d’un mécanisme de protection uniforme à l’échelle nationale. Le ministère fédéral de l’Intérieur a exigé que les expulsions de Yézidis fassent l’objet d’un examen particulièrement rigoureux au préalable. Toutefois, le sort des survivants innocents du génocide, qu’ils soient expulsés ou protégés, reste tributaire de leur lieu de résidence, de la volonté politique locale et des décisions arbitraires des autorités régionales chargées de l’immigration.

Le gouvernement fédéral se décharge de ses responsabilités sur les États, et les États se déchargent de leurs responsabilités sur le gouvernement fédéral. Il convient de souligner que toutes les parties concernées sont parfaitement conscientes de l’absence de solutions de retour sûres et de la situation précaire des Yézidis en Irak, et toutes s’engagent publiquement à les protéger. Dans ce contexte, comment expliquer des histoires comme celle de la famille Psso ? (ANF)

ROJAVA. Les chrétiens de Jazira célèbrent Noel en priant pour la paix

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SYRIE / ROJAVA – Les chrétiens du canton de Jazira sous contrôle des forces arabo-kurdes ont célébré ce matin la naissance de Jésus-Christ par une messe empreinte de spiritualité, ponctuée de prières et de chants de Noël, d’appels à la paix et à la stabilité en Syrie, et réaffirmant les valeurs d’amour et de coexistence entre toutes les composantes de la société.

Aujourd’hui, 25 décembre, les chrétiens célèbrent Noël à travers le monde. 

La cathédrale Saint-Mar-Georges, située au centre de la ville d’Hassaké, a connu une forte affluence ce matin, les fidèles étant arrivés dès les premières heures pour accomplir les prières et les rituels religieux propres à l’occasion, au son des cloches de l’église.

La messe, empreinte de recueillement et de ferveur, comprenait des lectures de l’Évangile et des chants de Noël. L’église était ornée de décorations de Noël et d’un sapin illuminé, tandis que des bougies, symboles de lumière et d’espoir, étaient allumées.

Les participants ont prié pour la paix et la sécurité en Syrie, soulignant leur attachement aux valeurs de coexistence et d’amour entre les différentes communautés religieuses et ethniques, ainsi que l’importance de promouvoir une culture de tolérance et de vie partagée.

La célébration s’est conclue dans une atmosphère de joie et de réconfort, les participants échangeant des vœux et soulignant que les valeurs de Noël resteront un pont d’amour entre les peuples d’une même patrie.

Les forces de sécurité intérieure ont pris des mesures de sécurité pour sécuriser les églises et leurs alentours, assurant ainsi la sécurité des fidèles et le bon déroulement des rituels religieux dans un environnement sûr et stable.

Parmi les Églises qui célèbrent Noël le 25 décembre figurent l’Église catholique et la plupart des Églises protestantes, ainsi que certaines Églises orthodoxes qui suivent le calendrier grégorien. Les Églises orthodoxes qui suivent le calendrier julien le célèbrent le 7 janvier, tandis que l’Église arménienne le célèbre le 6 janvier.

 

Qamishlo

Dans la ville de Qamishlo, les chrétiens ont célébré la fête à l’église Mar Yaqoub des Chaldéens et à l’église Notre-Dame Marie des syriaques orthodoxes. (ANHA) 

 

 

ROJAVA. Mesures de sécurité renforcées à l’occasion des célébrations des fêtes de fin d’année

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SYRIE / ROJAVA – L’administration arabo-kurde du Nord – Est de la Syrie a présenté ses vœux aux populations de la région à l’occasion des célébrations de Noël et du Nouvel An et renforcé les mesures de sécurités face aux éventuelles attaques terroristes.

L’Autorité de l’Intérieur et les Forces de Sécurité Intérieure de la région du Nord et de l’Est de la Syrie ont, par le biais d’une circulaire officielle, présenté leurs vœux à tous les citoyens à l’occasion de Noël et du Nouvel An, et ont annoncé une série de mesures de sécurité qui seront mises en œuvre pour assurer la sécurité publique et maintenir la stabilité sécuritaire.

Aujourd’hui, l’Autorité de l’intérieur de la région du Nord et de l’Est de la Syrie et le Commandement général des Forces de sécurité intérieure ont publié la circulaire n° 8, qui présente un certain nombre de mesures de sécurité à mettre en œuvre afin d’assurer la sécurité des citoyens et la stabilité de la situation sécuritaire pendant la période de Noël et du Nouvel An. La circulaire stipule :

« Nous adressons nos plus chaleureuses félicitations à tous les citoyens de notre peuple à l’occasion de Noël et du Nouvel An, et nous souhaitons que ces fêtes se déroulent dans le calme et la sécurité. En conséquence, et dans l’intérêt de la protection des citoyens et de la stabilité de la situation sécuritaire durant cette période, nous demandons à tous de respecter les mesures de sécurité suivantes, adoptées pour garantir la sécurité publique : »

1. L’entrée des camions et des véhicules-citernes (moyens et grands) dans les villes et les villages est interdite du mardi 30/12/2025 à 18h00 jusqu’au vendredi 2/1/2026 à 6h00.

2. La circulation de motocycles de tous types, y compris militaires, est interdite du mercredi 24/12/2025 à 18h00 au vendredi 2/1/2026 à 6h00.

3. En ce qui concerne les passages frontaliers, la circulation civile restera inchangée ; cependant, la circulation de tous les véhicules commerciaux et engins lourds sera suspendue du mardi 30 décembre 2025 à 18h00 au vendredi 2 janvier 2026 à 6h00. Les cas humanitaires sont exemptés de cette mesure.

4. Le transport de fournitures médicales et de secours autorisé par les autorités compétentes est permis.

5. Conformément aux lois et règlements en vigueur, le tir de munitions réelles par des civils ou des forces militaires et de sécurité est strictement interdit, sous peine de poursuites judiciaires.

6. En dehors des dispositions mentionnées ci-dessus, les administrations municipales sont chargées de se coordonner avec la Direction des carburants et la Direction des boulangeries et des moulins pour permettre la livraison de carburant et de farine aux boulangeries et aux stations-service. » (ANHA) 

TURQUIE. Rafle kurde à Sirnak

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TURQUIE / KURDISTAN – Plusieurs jeunes Kurdes ont été arrêtés dans la province de Sirnak lors de raids policiers matinaux. Ils sont accusés de « diffusion de propagande terroriste ».

Tôt ce matin, des perquisitions ont été menées dans le centre de Şirnex. Au cours de ces perquisitions, effectuées sous prétexte de « diffusion de propagande terroriste », trois jeunes hommes, İ.K., AT et ST, ont été battus et placés en garde à vue. Lors de la perquisition du domicile d’İ.K., un vêtement traditionnel kurde, le shalû shapik, couramment porté à Şirnex, a été confisqué. Un drapeau du Kurdistan du Sud a également été saisi dans cette même maison, considéré comme une preuve à charge. Les jeunes hommes interpellés ont été conduits au commissariat de police provincial de Şırnak. 
Alors que le nombre d’arrestations dans la ville devrait augmenter, on a également appris qu’une ordonnance de restriction de 24 heures a été émise dans cette affaire. 

KURDISTAN. Deux organisations kurdes adressent leurs voeux de Noel au monde chrétien

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KURDISTAN – À l’occasion des fêtes de Noël, le Congrès national du Kurdistan (KNK) et la Communauté des sociétés du Kurdistan (KCK) adressent leurs vœux de Noel au monde chrétien.

Le Congrès national du Kurdistan (KNK) et l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) félicitent le christianisme à l’occasion de sa fête la plus importante et lui adressent leurs meilleurs vœux pour l’année à venir. La paix et la quête de la démocratie sont considérées comme sacrées dans de nombreuses religions. En ce sens, la fraternité entre les peuples représente une véritable perspective pour la résolution des problèmes de l’humanité.

KCK : « Joyeux Noël au monde chrétien »

Le Comité du KCK pour les peuples et les communautés religieuses a déclaré dans son message de félicitations que le renforcement des efforts de toutes les confessions en faveur d’une nation démocratique constitue la réponse la plus appropriée à la situation actuelle. Fidèle au principe de coexistence égale des peuples et des confessions, défendu par le mouvement de libération kurde, le KCK a présenté ses vœux de Noël : « Nous souhaitons que ce Noël apporte paix, fraternité, sérénité et santé aux peuples du Moyen-Orient et à toute l’humanité. »

Elle mentionne en particulier les nombreuses minorités chrétiennes du Kurdistan : les peuples kurdo-arménien, assyrien, syrien et chaldéen, et exprime le souhait que « 2026 soit une année d’amour, de respect, de paix et de tranquillité pour toute l’humanité ».

La valeur de la partie et de la paix

À l’approche du Nouvel An, le comité souligne dans sa déclaration que le Moyen-Orient aborde l’année 2026 « avec d’importants problèmes sociaux non résolus ». La guerre et ses conséquences rappellent brutalement « la valeur du partage et de la paix ». Dans ce contexte, la paix mondiale et les structures démocratiques sont une « nécessité fondamentale ». La perspective de « paix et de construction d’une société démocratique » proposée par Abdullah Öcalan représente « une voie d’avenir pour les sociétés du Moyen-Orient et pour l’humanité tout entière ».

Dans ce contexte, le KCK souligne que le désir de paix et la lutte démocratique sont considérés comme sacrés par les croyants et rappelle que « la recherche de la paix est un acte de dévotion commun à toutes les confessions ». Il convient de promouvoir cette recherche en « renforçant le sentiment d’unité et de fraternité entre les peuples ». Par conséquent, le comité appelle à s’engager en faveur de la mise en œuvre de l’« Appel à la paix et à une société démocratique » d’Öcalan.

Paix entre les nations

La déclaration du KCK se termine par des mots d’espoir : « Nous croyons que 2026 sera une année où la paix sera instaurée entre les peuples, où une société démocratique sera construite, où la lutte pour la libération des femmes grandira et s’étendra, et où les valeurs d’une société démocratique se développeront et se répandront davantage, de pair avec la résistance des peuples soucieux de l’environnement. »

KNK souhaite « paix, tranquillité et prospérité ».

Dans son message de félicitations, le KNK (Comité national du Kurdistan) reconnaît Noël comme une fête sainte et importante dans le monde chrétien. « Les fêtes religieuses sont précieuses et reconnues dans toutes les religions. Chaque religion célèbre ces jours importants avec beaucoup d’enthousiasme et de joie, par des cérémonies entre ses fidèles et dans ses lieux de culte », indique la lettre. Cette fête est également célébrée au Kurdistan depuis environ 2 000 ans et fait partie intégrante de ses diverses traditions sociales.

Le KNK adresse ses vœux les plus chaleureux à ses membres chrétiens et à tous les chrétiens : « En ce jour béni, nous célébrons Noël avec un profond respect et un grand amour, en particulier pour les chrétiens du Kurdistan et pour tous les chrétiens du monde. Nous espérons que ce jour béni apportera paix, sérénité et prospérité à l’humanité entière. » (ANF)

SYRIE. Damas détruit les tombes des combattants kurdes à Alep

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SYRIE / ROJAVA – Le régime syrien a lancé des roquettes contre les cimetières des martyrs kurdes, situé dans les quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh, causant des  dégâts importants.

Des factions affiliées au gouvernement de transition en Syrie ont ciblé le sanctuaire des martyrs dans les quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh à Alep tard lundi soir, à l’aide de lance-roquettes.

Les bombardements ont causé d’importants dégâts au sanctuaire.

Lundi, des factions affiliées au gouvernement de transition ont lancé des attaques contre les quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh à l’aide de chars, de lance-roquettes et d’artillerie, entraînant la mort d’une femme et blessant 19 civils. (ANHA)

SYRIE. Les Kurde d’Alep exigent des comptes après les attaques meurtrières

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SYRIE / ROJAVA – Les habitants des quartiers kurdes d’Alep exigent des comptes après les attaques meurtrières commis par des gangs affiliés à Damas tandis que leurs quartiers restent encore sous le blocus militaire.

Le conseil municipal des quartiers à majorité kurde de Şêxmeqsûd (Cheikh Maqsud) et d’Eşrefiyê (Achrafia) à Alep a qualifié l’attaque perpétrée contre ces deux quartiers de « coordonnée et délibérément planifiée ». Lors d’une conférence de presse publique, le conseil a appelé le gouvernement intérimaire syrien à Damas à traduire en justice les unités impliquées.

La déclaration a été lue mardi sur la place des Martyrs à Sheikh Maqsud, en présence de résidents et de représentants d’organisations de la société civile. Le porte-parole, Mustafa Mihemed, a accusé les milices islamistes gouvernementales d’avoir « systématiquement ciblé les civils ».

Le conseil a qualifié l’incident d’« attaque mise en scène », précédée de préparatifs délibérés, notamment des coupures d’électricité et d’internet, des fermetures de routes et le retrait des forces de sécurité de l’État des points de contrôle gérés conjointement avec l’autorité de sécurité autonome Asayish. Ces attaques ont coïncidé avec la visite d’une délégation turque à Damas. « Tout cela laisse présager une escalade planifiée », a déclaré Mihemed.

Victimes civiles suite à des bombardements intensifs

D’après les autorités locales, l’attaque a utilisé des armes lourdes et moyennes, notamment des chars et des lance-roquettes. Une femme a été tuée et au moins 25 personnes ont été blessées, dont six membres de la communauté d’Asayish. Les bombardements ont ciblé des zones résidentielles densément peuplées, rendant de nombreux bâtiments inhabitables.

« Ces attaques constituent une violation flagrante du droit international humanitaire, notamment de l’interdiction des violences ciblées contre la population civile », poursuit le communiqué. « Nous ne considérons pas cet incident comme un cas isolé, mais plutôt comme la poursuite du siège de nos quartiers par les forces du gouvernement de transition, qui dure depuis des mois », a déclaré Mihemed.

Appel à la communauté internationale

La déclaration du conseil municipal s’adressait également aux organisations internationales et aux groupes de défense des droits humains. Plus de 55 000 familles sont touchées par le siège en cours à Şêxmeqsûd et Eşrefiyê. L’administration municipale a exigé la fin immédiate des opérations militaires, la protection de la population civile et la poursuite pénale des milices impliquées.

Dans le même temps, le conseil municipal a réaffirmé sa volonté de dialoguer dans le cadre des accords précédents conclus avec le gouvernement de transition, notamment l’accord du 10 mars. « Ils souhaitent rester partie intégrante d’une Syrie unie et décentralisée et œuvrer de concert avec d’autres segments de la population contre les forces de division », a déclaré Mihemed. (ANF)

A quand la justice pour les Kurdes assassiné·es à Paris ?

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PARIS – A l’occasion de l’anniversaire du 2e massacre ciblant la diaspora kurde à Paris, la femme politique franco-kurde, Alice Elvan Çelik revient sur l’impunité dont jouissent les commanditaires de ces assassinats politiques commis sur le sol français.

On partage avec vous l’article d’Alice Elvan Çelik :

Kurdes assassinés à Paris : plus de 13 années d’impunité et un silence politique persistant

Kurdes. Le 23 décembre 2022, un triple assassinat frappait la communauté kurde à Paris, dix ans après un premier triple assassinat, du 9 janvier 2013. Depuis, la communauté kurde attend justice et vérité. Très tôt, l’enquête judiciaire évoque une possible implication des services de renseignement turcs, le MIT. Pourtant, au fil des années, l’affaire s’enlise.

Le 23 décembre 2022, un triple assassinat frappait la communauté kurde à Paris, dix ans après un premier triple assassinat, du 9 janvier 2013. Depuis, la communauté kurde attend justice et vérité. Très tôt, l’enquête judiciaire évoque une possible implication des services de renseignement turcs, le MIT. Pourtant, au fil des années, l’affaire s’enlise. Des éléments essentiels sont classés secret-défense, notamment sous le gouvernement de Manuel Valls.

Chaque année, la communauté kurde se rassemble à Paris pour réclamer justice. Des bus arrivent de toute la France et d’Europe. Ce sont des familles, des militant·es, des artistes, des jeunes et des ancien·nes. Ce rassemblement n’est pas un rituel figé : c’est une mobilisation politique constante.

Le 10 janvier 2026, une nouvelle marche pour la justice partira de la gare du Nord, à Paris. Elle rappellera que, plus de treize ans après le premier triple assassinat, la vérité reste entravée. Notre article.

Un second triple assassinat, dix ans après le premier, qui ravive les mêmes interrogations

Depuis plus de treize ans, la communauté kurde attend justice en France. Non pas une justice symbolique ou commémorative, mais une justice réelle, fondée sur la vérité, la transparence et la responsabilité politique.

Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes sont assassinées dans les locaux du Centre d’information du Kurdistan, en plein cœur de Paris : Sakine Cansız (« Sara »), cofondatrice du PKK et figure historique de la lutte des femmes kurdes ; Fidan Doğan (« Rojbîn »), représentante diplomatique du Congrès national du Kurdistan en France ; Leyla Şaylemez (« Ronahi »), militante de la jeunesse kurde.

Très tôt, l’enquête judiciaire évoque une possible implication des services de renseignement turcs, le MIT. Pourtant, au fil des années, l’affaire s’enlise. Des éléments essentiels sont classés secret-défense, notamment sous le gouvernement de Manuel Valls, empêchant toute clarification complète des responsabilités. Treize ans plus tard, cette décision continue de produire ses effets : l’absence de vérité. Notre article.

Le 23 décembre 2022, un nouveau triple assassinat frappe la communauté kurde à Paris, dix ans après le premier.

Les victimes sont Emine Kara (« Evîn Goyî »), cadre du Mouvement des femmes kurdes en Europe, Mîr Perwer, artiste et musicien engagé, contraint à l’exil pour ses prises de position, et Abdurrahman Kızıl, militant associatif.

Les autorités françaises retiennent la thèse d’un acte raciste isolé, attribué à William M., décrit comme souffrant de troubles psychiatriques. Cette lecture, largement relayée, laisse pourtant de nombreuses zones d’ombre. Pourquoi un individu jugé dangereux avait-il été libéré peu de temps auparavant, comment a-t-il pu se procurer une arme, pourquoi son parcours, dans un quartier traversé par une population diverse et issue de l’immigration, n’a-t-il conduit qu’à des victimes kurdes, pourquoi la voiture l’ayant déposé sur place n’a-t-elle pas fait l’objet d’une communication judiciaire transparente ?

Enfin, comment ne pas interroger le ciblage d’Emine Kara, militante connue, organisée, engagée dans une structuration politique du mouvement des femmes kurdes en Europe ? Et comment ignorer que Mîr Perwer devait se produire en concert à Toulouse le lendemain, symbole d’une voix kurde réduite au silence ?

 

La question kurde : une clé du chaos au Proche-Orient

Ces assassinats ne sont pas des faits isolés. Ils s’inscrivent dans une histoire plus large : celle du peuple kurde, près de quarante millions de personnes, réparties entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran, sans État, sans reconnaissance pleine et durable.

Depuis plus d’un siècle, le Proche-Orient est marqué par les héritages du découpage colonial, la négation des droits politiques et culturels des Kurdes, et des enjeux économiques majeurs comme le pétrole, le gaz, l’eau et les axes géostratégiques. Les territoires kurdes se situent au cœur de zones riches en ressources, ce qui a constamment relégué les droits humains au second plan, au profit de la stabilité apparente et des intérêts économiques.

Turquie, Europe : responsabilités et silences

Malgré les accusations répétées visant le MIT dans des opérations contre des militant·es kurdes, y compris hors de Turquie, Ankara maintient un silence total. Aucune reconnaissance, aucune coopération judiciaire claire, aucune initiative politique sérieuse.

Ce silence s’inscrit dans un contexte de relations diplomatiques, sécuritaires et économiques étroites entre la Turquie et plusieurs États européens. La France ne fait pas exception. Dès lors, une question s’impose : jusqu’où les alliances stratégiques justifient-elles l’inaction face à des crimes politiques présumés commis sur le sol européen ?

Des luttes qui se rejoignent

La lutte du peuple kurde ne peut être dissociée de celles d’autres peuples du Proche-Orient. Le génocide vécu par le peuple palestinien rappelle, lui aussi, ce que produisent l’occupation, la dépossession et l’indifférence internationale. Il n’y aura pas de paix durable tant que certains peuples continueront d’être sacrifiés au nom de la realpolitik.

Mémoire vivante et mobilisation politique

Chaque année, la communauté kurde se rassemble à Paris pour réclamer justice. Des bus arrivent de toute la France et d’Europe. Ce sont des familles, des militant·es, des artistes, des jeunes et des ancien·nes. Ce rassemblement n’est pas un rituel figé : c’est une mobilisation politique constante.

Le 10 janvier 2026, une nouvelle marche pour la justice partira de la gare du Nord, à Paris. Elle rappellera que, plus de treize ans après le premier triple assassinat, la vérité reste entravée.

Un appel clair

La communauté internationale ne peut plus se contenter de discours. La lutte contre le racisme, la défense des droits humains et la paix au Proche-Orient exigent la levée du secret-défense, une justice indépendante et complète, et une solidarité réelle avec le peuple kurde.

Malgré les silences et les impunités, l’espoir demeure : l’espoir d’une paix juste en Turquie, d’une reconnaissance des droits kurdes, d’une solidarité avec la Palestine, et d’un monde où la justice ne dépend plus des intérêts géopolitiques.

Article initialement publié sur le site L’Insoumission

SYRIE. Les quartiers kurdes d’Alep endommagés par les attaques de Damas

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SYRIE / ROJAVA – En plus des victimes civiles, les attaques des mercenaires de Damas ont causé d’importants dégâts aux habitations et aux commerces des quartiers kurdes d’Alep (Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh).

Les quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh, dans la ville d’Alep, ont été attaqués lundi lorsque des factions affiliées au gouvernement de transition syrien ont lancé un assaut à l’aide de chars, de lance-roquettes et d’artillerie.

 

L’attaque a coûté la vie à une femme et a fait 19 blessés parmi les civils, ainsi que six blessés parmi les forces de sécurité intérieure. Des chars et de l’artillerie lourde ont été aperçus en train de cibler des zones résidentielles densément peuplées.

L’agence ANHA a documenté l’ampleur des destructions infligées aux habitations et aux biens des civils après une longue nuit de bombardements. Des fragments d’obus ayant pénétré maisons et commerces étaient visibles, ainsi que des dégâts matériels importants et des traces de sang dans la zone touchée.

La partie orientale du quartier de Sheikh Maqsoud a été la plus durement touchée par les bombardements, les propriétés civiles y ayant subi les dégâts les plus importants. (ANHA) 

PARIS. Commémorations des martyrs kurdes de Paris

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PARIS – La communauté kurde commémore aujourd’hui le troisième anniversaire du massacre de Paris commis le 23 décembre 2022. De nombreuses personnalités politiques françaises étaient aux côté des Kurdes lors des commémorations qui ont lieu au centre culturel  kurde Ahmet Kaya.
 

La commémoration d’Evîn Goyî, membre du conseil exécutif du KCK, de l’activiste Abdurrahman Kızıl et de l’artiste Mîr Perwer, tués à Paris en 2022, a commencé au Centre culturel kurde Ahmet Kaya et se poursuit tout au long de la journée au siège du CDK-F. Sakine Cansız (Sara), Fidan Doğan (Rojbin), et Leyla Şaylemez (Ronahî), militantes kurdes assassinées à Paris le 9 janvier 2013, ont également été commémorées aux côtés de Evin, Mir et Abdurrahman. 

Frère de Sakine Cansiz, Metin Cansiz porte la photo de sa soeur et Cahide Goyî porte celle de Fidan Dogan
Aujourd’hui, la manifestation a repris devant le Centre culturel kurde Ahmet Kaya, avec la participation d’activistes kurdes et des personnalités politiques françaises, dont la Maire du 10e arrondissement, Alexandra Cordebard. Malgré le froid, une foule nombreuse s’est réunie devant le bâtiment de l’association, protestant contre le massacre perpétré par l’État turc et le silence de la France.

La foule a scandé des slogans tels que « Şehid Namirin » (« Les martyrs sont immortels ») et « Jin Jîyan Azadî » (« femme, vie, liberté »). La manifestation a débuté par une minute de silence, suivie d’un discours des coprésidents du CDK-F.

 

Alors que la France est invitée à lever le secret d’État pour faire avancer le dossier d’instruction et à traduire en justice les véritables auteurs du massacre de 2013 et de faire progresser l’enquête, les intervenant.es ont exigé que le parquet antiterroriste soit saisi dans l’affaire du massacre de 2022. La justice française enquête actuellement sur le massacre de 2022 en partant du principe qu’il était motivé par le racisme, malgré la colère de la communauté kurde qui affirme le contraire.

 
On ne pleure pas, on exige des comptes
 

Lors de la commémoration devant le Centre du Kurdistan démocratique, des photos des victimes des deux massacres ont été portées. La cérémonie, qui a débuté par une minute de silence, a été marquée par les discours des coprésidents du Conseil démocratique kurde de France (CDK-F), Fevziye Erdemirci et d’Azad Doğan. 

 

Fevziye Erdemirci a déclaré : « Cette journée sombre reste une grande source de douleur pour nous. Nous ne partirons pas d’ici tant que ces massacres n’auront pas été élucidés et que les dossiers secrets n’auront pas été ouverts ; nous poursuivrons nos efforts. Nous ne pleurerons pas, nous exigerons des comptes. »

S’exprimant au nom du Mouvement des femmes kurdes européennes (TJK-), Cahide Goyî a rendu hommage aux martyrs kurdes, déclarant que : « Les assassins sont connus. L’État français tente de nous faire oublier par son silence. Mais nous n’oublierons pas, et nous ne les laisserons pas oublier. »
 
 
Maire du 10 arrondissement de Paris, Alexandra Cordebard
 

La Maire du 10e arrondissement de Paris, Alexandra Cordebard, a déclaré : « Nous n’aurions pu être nulle part ailleurs en ce jour de commémoration. Nous nous souvenons de cette journée avec tristesse et colère.

Nous avons perdu trois personnes des nôtres. Je dis bien « des nôtres » car chaque fois qu’une femme ou un homme kurde est attaqué sur le sol parisien, ce sont tous les Parisiens et Parisiennes qui sont attaqués. C’est une attaque contre tout ce qui nous unit. »

Cordebard a rappelé que malgré les treize années écoulées depuis le premier massacre, justice n’a toujours pas été rendue, ajoutant : « Même après l’attentat de 2022, le parquet antiterroriste n’a pas repris l’affaire. S’il s’était agi d’un autre incident, ce parquet serait intervenu. » Cordebard, qui continue d’exprimer sa solidarité avec les Kurdes, a souligné l’importance de la coexistence.

Féminicides politique

Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris et membre du Parti communiste français (PCF), a salué le mouvement des femmes kurdes, qualifiant le massacre de 2013 de « féminicide politique ». Soulignant leur engagement politique, Mme Bidard a déclaré : « Elles étaient porteuses de paix. Les femmes kurdes du monde entier incarnent la paix et la justice. C’est pourquoi elles ont été prises pour cibles. »

 

Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris

 

Le moment de justice viendra 

Emmanuel Grégoire, candidat de la gauche à la mairie de Paris en 2026, a rendu hommage aux victimes des deux massacres, insistant sur la suspicion de « terrorisme d’État » dans les deux affaires. Soulignant que l’enquête sur le massacre de 2013 n’est pas encore terminée, M. Grégoire a déclaré : « Paris est et restera un territoire de protection. D’abord un territoire de liberté absolue d’expression démocratique des droits des Kurdes dans le monde et des droits des Kurdes au Kurdistan. Aucune menace, qu’elle émane des groupuscules ou d’États étrangers, ne serait être tolérée, ne serait être pardonnée ne serait être oubliée face à l’histoire et aux liens indéfectibles qui unissent notre ville Paris et les Kurdes du monde entier. »

 

 

Emmanuel Grégoire, candidat de la gauche à la mairie de Paris en 2026

 

L’importance de poursuivre sans relâche le long combat pour la justice

Le candidat de gauche a souligné que les Kurdes ayant participé à la lutte contre Daech font partie intégrante de la mémoire de Paris et qu’ils resteront à jamais dans les mémoires, insistant : « Avant tout, nous voulons que la vérité éclate, que l’État assume ses responsabilités et que justice soit faite. Le temps de la justice pour les martyrs de 2022 et 2013 viendra. »

Dominique Sopo, président de l’association antiraciste SOS Racisme, a critiqué le manque de sécurité dont sont victimes les personnes venues chercher protection, soulignant l’importance de « poursuivre sans relâche ce long combat pour la justice ». Il a également réagi au maintien du secret d’État, réaffirmant le soutien de son association aux Kurdes et à la vérité.

La commémoration s’est déroulée en présence du sénateur de gauche Ian Brossat, de Raphaëlle Primet, coprésidente du groupe communiste au conseil municipal de Paris, de Dylan Boutiflat, cadre du Parti socialiste, de Pascal Torre, coprésident de l’Association France-Kurdistan, et d’une responsable du mouvement antiraciste MRAP.

« Son nom était amour ». À la mémoire d’Evîn Goyî

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KURDISTAN – Le 23 décembre 2022, Evîn Goyî, militante féministe kurde, a été tuée par balle lors d’un attentat terroriste à Paris, aux côtés du musicien Mîr Perwer et du militant Abdurrahman Kızıl. Trois ans plus tard, sa camarade Anja Flach lui rend hommage.

Evîn Goyî était originaire de Şêxan (en turc : Hilal), un village isolé du mont Kelê Mamê, au nord du Kurdistan. C’est là, en haute altitude, que vivait sa tribu, les Goyî. Autrefois, des chrétiens, principalement chaldéens, y vivaient, avant que les massacres perpétrés par l’État turc ne laissent leur empreinte. C’est peut-être cette diversité culturelle, peut-être la proximité avec la nature sauvage, qui a façonné l’image de la femme chez les Goyî et qui, plus tard, a permis l’émergence de nombreuses femmes commandantes. Hommes et femmes chassaient, cueillaient des herbes et s’occupaient des animaux ensemble. La communauté villageoise était isolée, l’État lointain. Ce monde a marqué Evîn. Elle évoquait souvent, les yeux brillants, son enfance, les femmes fortes et cette société proche de la nature où l’on partageait le pain avec les guérilleros arrivés à Botan au milieu des années 1980. Au fil des années, sa famille a perdu soixante membres dans les combats.

Evîn a rejoint la guérilla à 14 ans. Non pas pour échapper à une vie étriquée et traditionnelle, comme c’était le cas pour beaucoup de jeunes femmes, mais par une décision consciente et déterminée. Les femmes étaient rares dans les montagnes à cette époque. Sur les vieilles photos, elle ressemble à une enfant coiffée d’un foulard. Une enfant armée.

 

Quand je l’ai rencontrée en 1996, elle vivait déjà dans les montagnes depuis huit ans, avait combattu pendant la guerre du Sud, était commandante et possédait une grande expérience. Evîn était charmante. Elle m’a accueillie – moi, une Européenne maladroite parlant un kurde hésitant – avec patience, chaleur et un sourire malicieux. Elle m’a expliqué la vie dans la guérilla et m’a aidée autant qu’elle le pouvait. Bien qu’elle n’ait jamais quitté Botan et Behdînan, elle – contrairement à la plupart des gens – pouvait me comprendre. Je lui faisais une confiance absolue.

La vie politique, au sens d’une formation classique, lui était difficilement accessible, car elle était pratiquement toujours engagée dans la guerre. Ses réactions face aux problèmes étaient souvent émotionnelles et directes. En 1997, elle devait se rendre dans la région de Zap pour participer à la formation de la nouvelle armée féminine. Mais les choses prirent une autre tournure : une vaste opération militaire éclata en octobre, et Evîn en prit immédiatement les rênes. Sur le mont Kurê Jahro, elle coordonna stratégiquement la résistance, tint la zone et, avec les unités de guérilla sous son commandement, empêcha l’ennemi d’infiltrer les lignes ennemies jusqu’au repli des blessés et des nouvelles recrues.

Plus tard, elle fut nommée à l’Académie du Parti près de Damas, un rêve qu’elle caressait depuis longtemps. Elle y rencontra Abdullah Öcalan. Libérée des conceptions traditionnelles de la féminité, elle commença à repenser sa personne et ses objectifs. Par son dévouement et son engagement, elle devint une figure de proue de l’idéologie de libération des femmes et du YAJK (Yekitiya Azadiya Jinên Kurdistan, l’Union des femmes libres du Kurdistan). Elle porta ces convictions dans toutes les régions où elle travailla. Ce faisant, elle s’opposa sans compromis aux structures dominées par les hommes qui cherchaient à opprimer les femmes, à les affaiblir, à ignorer leur volonté et à empêcher le développement d’une organisation féminine indépendante. Les camarades de l’époque durent faire face à d’énormes difficultés ; Heval Evîn était l’une d’entre elles. Mais sa vision était claire : des femmes libres au sein de structures organisationnelles autonomes et autodéterminées. Aucun chemin pour y parvenir n’était insurmontable pour elle.

 

Nous nous sommes retrouvées dans les montagnes en 2011. Plus de vingt ans de guérilla n’avaient en rien altéré son esprit combatif. En 2012, elle est partie au Rojava pour contribuer à l’édification du mouvement féministe. Infatigable, elle a sillonné les routes, des maisons aux villages, des quartiers aux cantons. Elle a organisé, formé et écouté. Convaincue que seules des femmes organisées pouvaient libérer la société, elle a puisé dans cette idée la plus profonde de ses convictions. Elle s’est investie sans relâche pour renforcer et développer les institutions, les académies et les organisations féminines. Elle a sensibilisé la population à l’autodéfense, à l’idéologie de Daech et aux violences patriarcales. C’est grâce à son engagement indéfectible – et à celui d’innombrables camarades qui ont donné leur vie – que l’instauration de l’autonomie démocratique au Rojava a été possible.

Après des années passées au Rojava, Evîn est venue en Europe, non sans mal, pour se faire soigner. Ensuite, elle a souhaité rentrer chez elle. La vie dans les métropoles était difficile pour elle, elle qui n’avait jamais été confrontée à la crasse de la modernité capitaliste, enfant de la société naturelle. Je lui ai rendu visite deux fois à Paris. J’ai senti s’éteindre peu à peu la joie de vivre et l’énergie qu’elle dégageait autrefois. Sa douleur, brièvement apaisée après son opération du dos, est revenue. C’était comme si elle n’avait plus rien à offrir à cette ville, qui avait elle aussi englouti Hevala Sara. Elle était au mauvais endroit, au mauvais moment.

Quand j’ai appris l’assassinat de trois camarades à Paris, j’ai tout de suite su qu’Evîn était parmi elles. Figure emblématique du mouvement féministe en Europe, elle avait organisé les commémorations de Sara, Rojbîn et Ronahî, trois révolutionnaires elles aussi assassinées à Paris près de dix ans auparavant. Ces deux massacres n’étaient pas des accidents. Ils s’inscrivaient dans une stratégie délibérée. À ce jour, l’affaire de l’attentat du 23 décembre 2022 n’a toujours pas progressé sur le plan judiciaire. On ignore toujours qui sont les véritables auteurs, le déroulement de la procédure et les conséquences – un schéma déjà perceptible lors du premier attentat.

Il est presque insupportable qu’Evîn – qui a combattu avec un amour si pur pour le peuple, le mouvement, les femmes et la liberté – ait été tuée au cœur de l’Europe. Son nom signifiait amour. Et l’amour était ce qui la définissait. Elle a apporté joie et combativité à d’innombrables cœurs, dont le mien. J’ai toujours rêvé qu’un jour nous retournions ensemble dans les montagnes. En liberté. Que la famille d’Evîn puisse revenir de Mexmûr à Hilal, au pied du Kelê Mamê. Et que nous soyons là lorsque le village renaîtra. (ANF)

SYRIE. Les attaques des gangs de Damas font des victimes à Alep

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SYRIE / ROJAVA – On signale au moins un mort et plusieurs blessés dans le quartier kurde de Sheikh Maqsoud, à Alep. Ces attaques interviennent après la visite d’aujourd’hui de hauts responsables turcs* à Damas.

On rapporte que Fadwa Muhammad al-Kurdi, une femme arabe de 57 ans, a été tuée et qu’au moins 8 autres civils ont été blessés lors des attaques en cours menées par les combattants sous commandement de Damas dans les quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh.

 

Deuxième attaque en une seule journée

Plus tôt dans la journée, une attaque avait eu lieu à Eşrefiyê contre un point de contrôle tenu conjointement par l’Asayish – l’autorité de sécurité de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie – et les troupes du Gouvernement fédéral de transition. Deux membres des forces de sécurité de l’Administration autonome ont été blessés lors de cette attaque. L’Asayish a déclaré avoir riposté « dans le cadre de son droit légitime à la légitime défense ». Elle a affirmé avoir agi « de manière contrôlée » afin d’éviter une escalade de la violence et de ne pas mettre en danger la population civile.

Des groupes proches du ministère syrien de la Défense ont également été accusés d’être à l’origine de cette attaque. L’agence de presse officielle syrienne SANA a cependant rapporté que les FDS en étaient responsables, ce que l’alliance a catégoriquement démenti. Les FDS ont souligné qu’elles n’étaient pas présentes à Alep et ont imputé l’escalade du conflit à des « factions dissidentes » proches du gouvernement de Damas. En réalité, les FDS avaient déjà cédé leurs positions à Alep aux forces assaïchites en avril, conformément à un accord entre l’Administration autonome et Damas.

Provocation délibérée malgré un accord

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) accusent les groupes impliqués dans les attaques d’attiser délibérément les tensions depuis des mois, notamment par le siège continu des quartiers de Şêxmeqsûd et d’Eşrefiyê. Les attaques actuelles constituent une violation flagrante de l’accord du 1er avril, qui visait initialement une désescalade. « Ces factions attaquent délibérément des zones résidentielles avec des roquettes, des chars et de l’artillerie afin de créer de l’instabilité », a déclaré le centre de presse des FDS dans un communiqué. La population civile est la cible de ces attaques.

L’attaque coïncide avec la visite turque à Damas.

L’escalade de la violence à Alep coïncide avec la visite du ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan , à Damas. Sur place, M. Fidan, accompagné du ministre de la Défense, Yaşar Güler, et du chef des renseignements, Ibrahim Kalın, s’est entretenu avec le gouvernement intérimaire syrien. Les discussions ont porté sur l’avenir des structures autonomes du nord et de l’est de la Syrie et sur l’éventuelle intégration des Forces démocratiques syriennes (FDS) à l’État syrien. M. Fidan a accusé les FDS de refuser l’intégration et d’entretenir des contacts avec Israël – une accusation fermement rejetée par l’administration intérimaire.