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KURDISTAN. Deux jeunes femmes yézidies sauvées après 11 ans de captivité

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KURDISTAN – ERBIL – Deux jeunes femmes yézidies de Sinjar (Shengal), enlevées par le groupe terroriste État islamique (EI) en 2014, ont été libérées, a annoncé jeudi un responsable kurde.

« Nous sommes heureux d’annoncer aujourd’hui la libération de deux femmes yézidies âgées de 21 et 26 ans », a déclaré Hussein Qaidi, chef du Bureau de sauvetage des Yézidis enlevés. Enlevées lorsqu’elles étaient enfants, elles ont passé onze ans en captivité. 

Qaidi a précisé que les opérations de sauvetage ont débuté lorsqu’il a été établi que les deux femmes se trouvaient dans un pays voisin.

« Dès que nous avons reçu l’information, nos équipes ont été immédiatement mobilisées. Nous remercions l’équipe et tous ceux qui nous ont aidés à rendre le bonheur à leurs familles », a-t-il ajouté.

M. Qaidi n’a pas souhaité révéler le lieu de leur détention, invoquant des raisons de sécurité et la poursuite des opérations de sauvetage.

Lors de son offensive contre Sinjar en 2014, les militants de l’EI ont enlevé 6 417 femmes et enfants yézidis, dont beaucoup ont été réduits en esclavage sexuel et soumis au travail forcé. Selon Qaidi, 3 593 d’entre eux ont été secourus, et son bureau poursuivra ses efforts pour retrouver les personnes disparues.

De nombreuses femmes et enfants yézidis ont été secourus à al-Hol, le camp tristement célèbre du nord-est de la Syrie (Rojava) qui abrite des dizaines de milliers de familles et de sympathisants de l’EI. D’autres ont été retrouvés dans des zones de Syrie contrôlées par les rebelles ou des groupes armés soutenus par la Turquie, et certains se trouvent dans des pays tiers.

Bien que le groupe ait été vaincu territorialement en Irak en 2017 et en Syrie en 2019, il continue de représenter une menace pour la sécurité. (Rudaw) 

ROJAVA. Mazloum Abdi reçoit Osman Baydemir

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SYRIE / ROJAVA – Le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, a reçu Osman Baydemir, homme politique kurde de Turquie, qui s’est rendu dans le nord-est de la Syrie (Rojava) après une visite au Kurdistan d’Irak.

Abdi a publié une photo des deux hommes enlacés sur les réseaux sociaux et a qualifié leur rencontre de « positive ».

Il a indiqué qu’ils avaient « évalué la situation dans le nord et l’est de la Syrie ainsi que le processus de paix au Kurdistan du Nord et en Turquie » et discuté du « soutien aux efforts de paix et de stabilité, et des perspectives de résolution politique en Syrie et dans la région ».

Les FDS et l’administration kurde du Rojava sont en pourparlers avec le gouvernement intérimaire de Damas en vue de leur intégration aux structures fédérales. Ces négociations coïncident avec les pourparlers de paix en Turquie entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et Ankara.

Avant de se rendre au Rojava, Baydemir était dans la Région du Kurdistan où il a rencontré des responsables de premier plan, dont le chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, dont le bureau a confirmé qu’ils avaient discuté des pourparlers de paix entre le PKK et la Turquie.

Baydemir a également rencontré le Premier ministre de la région du Kurdistan, Masrour Barzani, et a été accueilli par le vice-Premier ministre Qubad Talabani.

« Nous avons discuté de la situation régionale et des récentes avancées du processus de paix en Turquie. Nous avons exprimé l’espoir que ce processus progressera avec succès et répondra aux aspirations des peuples kurde et turc », a déclaré Talabani sur X après leur rencontre.

Baydemir a été poursuivi en justice en Turquie et s’est finalement exilé au Royaume-Uni.

En 2017, lors d’une session parlementaire, alors député, Baydemir a utilisé le mot « Kurdistan ». Lorsque le président du Parlement lui a demandé où se situait le Kurdistan, Baydemir a posé la main sur son cœur et a répondu : « Ici, le Kurdistan est dans mon cœur. »

Il a ensuite été suspendu de ses fonctions parlementaires. (Rudaw) 

ROJAVA. Un autre civil kurde assassiné à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie, un autre civil a été tué par des hommes masqués. Mercredi, un autre civil kurde avait été tué dans la campagne d’Afrin.

L’organisation des droits de l’homme d’Afrin, en Syrie, a rapporté que des hommes armés masqués ont tué Mohamed Ahmad Darwish (55 ans), un habitant du village de Burj Abdalow, qui fait partie de la ville de Shirawa dans la campagne occupée d’Afrin, le jeudi 6 novembre 2025 au soir.

Selon l’organisation, le crime s’est produit alors que Mohamed dînait avec sa femme dans leur verger, sous leur tente, lorsque deux individus masqués ont fait irruption. L’un d’eux était armé d’un pistolet et a tiré directement sur Mohamed, le faisant tomber au sol avant que les assaillants ne prennent la fuite.

Il a été transporté à l’hôpital d’Alep, mais il est décédé plus tard des suites de ses blessures.

Les meurtres, les vols et les pillages se multiplient dans les zones occupées par l’occupation turque et ses mercenaires, dans un contexte d’impunité et de prolifération d’armes et de drogues, aggravant ainsi le chaos dans la région. (ANHA) 

FRANCE. Narges Mohammadi élue Citoyenne d’honneur d’Annecy

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FRANCE – La Ville d’Annecy a remis la distinction de « Citoyenne d’honneur » à Narges Mohammadi, défenseure iranienne des droits de l’homme et lauréate du prix Nobel de la paix emprisonnée en Iran dans le cadre de la répression généralisée ciblant la société depuis le soulèvement « Femme, vie, liberté » (en kurde : Jin, jiyan, azadî) provoqué par le meurtre de Jina Mahsa Amini à Téhéran à cause d’un « voile non conforme » à la charia islamique iranienne.

Dans le cadre de l’ouverture de ses événements annuels du « Mois de la Solidarité », la municipalité d’Annecy a accordé la  « Citoyenneté d’honneur » Narges Mohammadi afin d’attirer l’attention sur les violations des droits humains en Iran.

Lors de la cérémonie, le fils de Mohammadi, Ali Rahmani, et son époux, Taghi Rahmani, l’ont représentée, car elle demeure emprisonnée en Iran. La famille Rahmani a reçu le prix en son nom.

La Fondation Narges Mohammadi a décrit la reconnaissance d’Annecy comme « un geste significatif de solidarité internationale avec la lutte pour les droits de l’homme en Iran et avec les militants qui œuvrent dans ce domaine ».

La fondation a remercié la population et l’administration d’Annecy, soulignant que ce geste envoie « un message fort de soutien et de solidarité aux défenseurs des droits de l’homme en Iran ».

ETATS-UNIS. Une Américano-kurde élue au conseil municipal de Bellevue

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Naren Briar, une Américano-kurde dont la famille a fui le génocide d’Halabja (Kurdistan d’Irak), a été élue membre du conseil municipal de Bellevue à Washington, États-Unis, mercredi, selon les résultats préliminaires.

Briar est née et a grandi à Dallas, au Texas, et est diplômée du Boston College.

Elle a travaillé chez Meta sur des questions de confidentialité et de politique et a suivi le programme d’engagement civique Bellevue Essentials. Briar est également une bénévole active : elle accompagne des étudiants et organise des activités pour les personnes âgées.

« Mes parents ont fui le génocide kurde perpétré par Saddam Hussein. En arrivant à Bellevue, j’ai su que ce serait ma ville pour le restant de mes jours. Mes expériences passées tissent un lien fort avec cette ville qui m’a offert d’immenses opportunités et une grande source d’inspiration », avait-elle écrit sur Instagram le 19 janvier, dans le cadre de sa campagne.

Par ailleurs, elle a mené des actions humanitaires au Kurdistan occidental (nord de la Syrie) et en Irak afin de mettre en place des solutions pour garantir l’accès à l’électricité et à l’éducation dans les camps de réfugiés.

« Il y a 37 ans aujourd’hui, mon père et sa famille ont échappé de justesse aux attaques chimiques au gaz moutarde perpétrées par le régime de Saddam Hussein contre les civils kurdes à Halabja en 1988 », a-t-elle écrit sur sa page LinkedIn le 16 mars, date anniversaire du massacre d’Halabja qui a eu lieu le 16 mars 1988, lorsque des milliers de Kurdes ont été tués lors d’une attaque chimique de grande ampleur menée par le régime irakien.

« Après la dévastation de leur ville, mon père et ma mère ont courageusement fui aux États-Unis en tant que réfugiés, avec seulement quelques centimes en poche. Ils sont repartis de rien, m’inculquant les valeurs de justice, d’éducation et de travail acharné. »

« Ces expériences ont forgé mon profond engagement à bâtir des communautés fortes et accueillantes et à garantir une gouvernance locale efficace. C’est cet engagement qui m’a incité à me présenter aux élections à Bellevue, dans l’État de Washington. »

D’après les premiers résultats, Briar devançait son concurrent Conrad Lee.

KURDISTAN. Les Kurdes en route vers « des villes pour les femmes »

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TURQUIE / KURDISTAN – Sous la devise « En route vers des villes pour les femmes », la ville kurde de Diyarbakir (Amed), en collaboration avec la société civile, élabore un projet pilote global pour plus de sécurité, de participation et d’égalité dans les zones urbaines – également dans quatre autres villes.

La ville d’Amed (Diyarbakır) ambitionne de développer un modèle de « ville des femmes » en collaboration avec des organisations de la société civile et des initiatives féminines. L’objectif est de rendre les villes plus sûres, plus accessibles et plus inclusives, notamment pour les femmes, les enfants, les personnes âgées et les autres groupes défavorisés.

Sous le slogan « Vers des villes de femmes », la municipalité prévoit des rencontres préliminaires avec les acteurs locaux dans les prochaines semaines. Outre Amed, Nisêbîn (Nusaybin), Gever (Yüksekova), Cizîr (Cizre) et Ertemêtan (Edremit) seront également intégrées au projet. La première réunion officielle est prévue le 8 novembre.

Priorité à la sécurité, à la participation et à l’égalité

« Nous voulons créer des villes où les femmes puissent se déplacer en toute sécurité, participer activement à la vie publique et contribuer à façonner leur environnement », explique Özden Gürbüz, responsable du département des politiques relatives aux femmes de la ville d’Amed. L’objectif est de repenser les espaces urbains d’un point de vue féminin et de les transformer en profondeur.

Özden Gürbüz

« L’idée d’une ville des femmes n’est pas nouvelle », a poursuivi Gürbüz. Des initiatives similaires ont vu le jour dans plusieurs villes kurdes entre 2011 et 2014, mais elles ont souvent été interrompues par des interventions politiques, notamment la nomination d’administratrices par l’État. Désormais, l’objectif est de tirer parti de ces expériences et de développer un modèle plus durable.

Critique de l’urbanisme dominé par les hommes

Gürbüz critique le fait que les villes soient souvent planifiées et structurées selon une perspective masculine dominante, ce qui a des conséquences notables pour les femmes : « Ces dernières années, les espaces publics ont été de plus en plus restreints par les discours sécuritaires. Les femmes se sentent marginalisées et invisibles. » Elle ajoute que les crises économiques et les charges sociales affectent également les femmes de manière disproportionnée.

Une ville adaptée aux femmes doit lutter contre cela – grâce à de nouvelles infrastructures, des espaces sans obstacles, des concepts de transport sûrs, la participation socio-spatiale et la réduction des discriminations structurelles.

Participation de l’ensemble de la société de la ville

Gürbüz souligne que l’initiative ne se limite pas aux organisations féminines. C’est toute la société civile qui doit y participer : « Nous collaborons avec des associations, des organisations professionnelles, des partis politiques, des initiatives environnementales et culturelles. Il s’agit d’une vision globale de la ville, de la justice et de la participation. »

L’objectif est d’élaborer, en collaboration avec les populations locales, un concept durable, fondé sur les expériences passées mais adapté aux défis actuels. « Nous apprenons des femmes, nous les écoutons et nous évoluons avec elles », a déclaré Gürbüz.

Invitation aux femmes de la ville

Le projet s’articule autour de deux objectifs fondamentaux : la sécurité et l’accessibilité. « Une ville pour les femmes ne signifie pas seulement une ville réservée aux femmes », explique Gürbüz. « C’est aussi un lieu sûr pour les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées et toutes les personnes socialement défavorisées. »

La ville invite toutes les femmes d’Amed à participer à la réunion de lancement le 8 novembre. « Leurs voix, leurs idées et leurs expériences sont essentielles à la réussite du projet », a déclaré Gürbüz. Ce projet a vocation à se développer grâce à la participation, au soutien et à l’engagement des femmes de la région. (ANF)

SYRIE. Damas fuit ses responsabilités vis-à-vis des Kurdes

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SYRIE / ROJAVA – S’exprimant lors de la réunion annuelle du Conseil cantonal des familles de martyrs de Cizîr, Aldar Xelîl, membre du Conseil de coprésidence du PYD, a déclaré que le gouvernement de transition prolongeait le processus afin d’éviter la mise en œuvre de l’accord du 10 mars signé entre les Kurdes et Damas.

 

Le Conseil des familles des martyrs du canton de Cizîr a tenu sa réunion annuelle à la salle Zana de Qamishlo, dans le nord-est de la Syrie, sous le slogan : « Nous construirons une société démocratique, pacifique et communautaire dans l’esprit des martyrs et la philosophie du leader Öcalan. »

La réunion a rassemblé des membres du Conseil des familles des martyrs du Nord-Est de la Syrie, des représentants de l’Administration autonome, des Forces démocratiques syriennes (FDS), du Parti de l’union démocratique (PYD) et du Conseil des familles des martyrs, des anciens combattants et des prisonniers.

Après une minute de silence, Rîham Mele, membre du Conseil des familles des martyrs, a lu le point de vue du dirigeant kurde Abdullah Öcalan sur les martyrs.

S’exprimant par la suite, Aldar Xelîl, membre du Conseil de coprésidence du canton de Cizîr (PYD), a dressé un bilan de la situation politique, déclarant : « Nous prenons au sérieux le succès de l’Accord du 10 mars, mais le gouvernement de transition prolonge le processus et se dérobe à ses responsabilités. »

Concernant la « Déclaration constitutionnelle », Xelîl a déclaré : « La Constitution doit être amendée, les droits de toutes les composantes de la Syrie doivent être garantis et le principe de coexistence doit être mis en œuvre. De plus, la question kurde et les problèmes de toutes les composantes de la Syrie doivent être résolus, et ces dernières doivent jouer un rôle de premier plan dans la région. »

Xelîl a poursuivi : « En cette occasion, nous insistons sur la nécessité de renforcer les principes de la démocratie et l’unité de tous les peuples et de toutes les sociétés. C’est la seule voie vers la paix et la stabilité sociale en Syrie et dans la région. Le sang des martyrs a été versé pour instaurer un système libre et démocratique qui garantisse la justice et la liberté, assure la liberté des femmes et protège la dignité de toutes les sociétés sans discrimination. »

Xelîl a conclu : « Grâce à notre unité et à notre volonté commune, nous pouvons bâtir un avenir de fraternité et de vie partagée, libre de fragmentation et de domination. »

La séance s’est conclue par une déclaration finale. (ANF)

SYRIE. La situation humanitaire s’aggrave au Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Médecins Sans Frontières (MSF) signale que les défis humanitaires dans le nord-est de la Syrie s’aggravent. La région autonome arabo-kurde subit un embargo mondial qui n’inquiète aucunement la communauté internationale.  

Dans son évaluation réalisée en juin, MSF a indiqué que les habitants du nord-est de la Syrie rencontrent d’importantes difficultés d’accès aux soins de santé, à l’eau et à la nourriture en raison des coûts élevés, du manque de cliniques opérationnelles et de la mobilité limitée.

L’évaluation s’est concentrée sur le gouvernorat d’Hassaké, où les équipes de MSF ont interrogé plus de 150 familles, résidents et personnes déplacées confondus. Il en ressort que 90 % des participants avaient reporté ou renoncé à des soins de santé en raison du coût élevé des consultations et des médicaments, du manque d’infrastructures de proximité ou de structures fonctionnelles, et des difficultés de déplacement.

MSF a souligné que la pénurie d’eau touche les femmes de manière disproportionnée, les obligeant à faire face à l’épuisement, au harcèlement et à l’exploitation lorsqu’elles tentent d’aller chercher de l’eau.

L’organisation a également fait état d’une vulnérabilité économique généralisée, notant que le revenu moyen des ménages dans la région est de 150 dollars par mois, allant de 15 à 200 dollars. Les familles à faible revenu ont souvent du mal à se procurer suffisamment de nourriture ; 77 % des ménages interrogés ont signalé des pénuries alimentaires plusieurs fois par mois.

En réponse, MSF a appelé les donateurs, les agences humanitaires et les autorités locales à accroître leur financement et leur coordination afin de prévenir de nouvelles souffrances.

Barbara Hysel, directrice des programmes de MSF dans le nord-est de la Syrie, a déclaré : « La crise dans le nord-est de la Syrie ne se limite pas au conflit lui-même ; elle est liée à l’érosion quotidienne de la capacité des populations à survivre dans la dignité. Ces chiffres soulignent la détérioration de la situation humanitaire. » (North Press Agency) 

ROJAVA. Un civil kurde tué dans la campagne d’Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Un civil a été tué dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie, dans un contexte de chaos sécuritaire persistant et de répression continue des populations locales par les gangs turco-jihadistes.

Shukri Ahmad Oso (65 ans), connu sous le nom d’« Abu Abdo », du village de Keferzîtê, a perdu la vie hier soir après avoir été abattu dans des circonstances mystérieuses.

L’attaque s’est produite alors qu’il revenait d’un pressoir à olives sur son tracteur, lorsque des assaillants non identifiés l’ont intercepté et ont ouvert le feu sur la route reliant les villages de Firêriyê et Keferzîtê dans la campagne d’Afrin occupée par les Turcs.

Oso a été immédiatement transporté à l’hôpital de la ville de Cindirêsê, mais il a succombé à ses blessures.

Dans les zones syriennes occupées par la Turquie et ses mercenaires, les meurtres, les vols et les pillages se poursuivent dans un climat d’anarchie généralisée. (ANHA)

SYRIE. La Turquie poursuit la construction des colonies à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie, l’État turc poursuit ses politiques de nettoyage ethnique et de modification démographique par le biais des structures coloniales.

L’État turc occupant poursuit des politiques de modification démographique et empêche le retour de la population locale en construisant des structures coloniales dans la région d’Afrin occupée depuis 2018.

Malgré les appels publics et juridiques au retour des personnes déplacées, les occupants ont récemment commencé à reconstruire des bâtiments coloniaux.

Après le site colonial appelé « Yed El Ewn », la construction de nouvelles résidences a commencé le 5 octobre dans le district de Jindires, dans le canton d’Afrin.

Afrin est occupée depuis 2018

Le canton d’Afrin était le canton le plus occidental du Rojava et du nord et de l’est de la Syrie, abritant 200 000 Kurdes. Bien que la population fût majoritairement kurde, elle comprenait divers groupes religieux, notamment des Yézidis, des Alaouites et des chrétiens, aux côtés de musulmans sunnites.

Le 20 janvier 2018, la Turquie a lancé des frappes aériennes sur 100 sites à Afrin, marquant le début d’une invasion qu’elle a baptisée « Opération Rameau d’Olivier ».

L’armée de l’air turque a bombardé sans distinction des civils ainsi que des positions des YPG/YPJ, tandis qu’une offensive terrestre était menée par des factions et des milices organisées sous l’égide de l’Armée nationale soutenue par la Turquie.

Le 15 mars, les milices soutenues par la Turquie encerclaient la ville d’Afrin et la soumettaient à un bombardement d’artillerie. Une frappe aérienne turque a touché le seul hôpital en activité de la ville, tuant 16 civils.

Les civils ont fui et les FDS ont battu en retraite. Le 18 mars, la Turquie occupait de facto Afrin. Entre 400 et 500 civils ont péri lors de l’invasion, principalement sous les bombardements turcs. D’autres civils ont été sommairement exécutés sur place.

Avant l’invasion turque, Afrin était l’une des régions les plus paisibles et les plus sûres de Syrie, n’ayant pratiquement jamais connu de combats durant la guerre civile, hormis quelques escarmouches sporadiques entre les YPG/YPJ et les forces djihadistes à ses frontières. De ce fait, Afrin offrait un refuge paisible à plus de 300 000 personnes déplacées originaires d’autres régions du pays. (ANF) 

La Turquie pourrait libérer Demirtaş

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TURQUIE – La Cour européenne des droits de l’homme, dont les précédents arrêts dans cette affaire n’avaient pas été appliqués par Ankara, a de nouveau ordonné la libération de dirigeant kurde Selahattin Demirtaş. Cette fois-ci, cependant, le président Erdoğan a déclaré : « Nous nous conformerons à la décision de la justice. »

Un arrêt historique de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a relancé les espoirs de libération du politicien kurde Selahattin Demirtaş, emprisonné depuis 2016.

Le 3 novembre, la Grande Chambre de la CEDH a rejeté le pourvoi formé par la Turquie contre son arrêt de juillet, qui avait conclu que l’emprisonnement de Demirtaş lors du procès de Kobani était motivé par des raisons politiques et contraire à plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette décision rend l’arrêt définitif et exécutoire.

Demirtaş, ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP), formation pro-kurde, a été condamné l’an dernier à 42 ans de prison pour son implication dans les manifestations de Kobané en 2014, s’ajoutant à des condamnations antérieures pour des faits liés au terrorisme. Les autorités l’accusaient, ainsi que d’autres personnalités politiques kurdes, d’avoir organisé ces manifestations meurtrières, qui protestaient contre l’invasion de la ville kurde syrienne de Kobané par l’État islamique, sur ordre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La CEDH a conclu que sa détention provisoire prolongée et sa condamnation ultérieure étaient dépourvues de justification légale et servaient des objectifs politiques.

« Les mesures prises par les autorités étaient insuffisamment motivées », a déclaré la Cour, ajoutant que « leur véritable objectif était d’étouffer le pluralisme et de limiter le débat démocratique ». Elle a jugé que la détention de Demirtaş violait les articles 5 et 18 de la CEDH, qui garantissent les droits à la liberté, à la sécurité et à la protection contre les poursuites à motivation politique.

La CEDH a également jugé que les preuves utilisées lors du procès Kobanê avaient été réutilisées d’affaires antérieures, qualifiant cela de « manipulation politique ». La Cour a condamné la Turquie à verser à Demirtaş 35 000 euros de dommages et intérêts non pécuniaires et 20 000 euros de frais de justice.

En réaction à la décision définitive, les avocats de Demirtaş ont déposé une nouvelle demande de libération auprès du tribunal régional d’Ankara.

Le président Recep Tayyip Erdoğan a commenté la question aujourd’hui, déclarant que « nous nous conformerons à la décision du pouvoir judiciaire », lorsqu’il a été interrogé à ce sujet par des journalistes à l’issue de la réunion du groupe parlementaire de son parti.

Le ministre de la Justice, Yılmaz Tunç, a également déclaré aux journalistes avant la réunion : « Si une demande est déposée, elle sera examinée par le tribunal. Nous devrons tous attendre ensemble le déroulement de cette procédure. »

Réponse de Bahçeli

Devlet Bahçeli, chef du Parti d’action nationaliste (MHP) et allié clé du gouvernement, a déclaré hier aux journalistes : « M. Selahattin Demirtaş est parvenu à une conclusion par la voie légale. Sa libération sera bénéfique pour la Turquie. »

La Turquie est engagée depuis un an dans un processus de paix avec les Kurdes, à l’initiative de Devlet Bahçeli. L’une des principales revendications des Kurdes est la libération des personnalités politiques et des membres de partis emprisonnés. Actuellement, des milliers de membres de partis politiques pro-kurdes sont toujours incarcérés.

Demirtaş a réagi aux propos de Bahçeli dans un message diffusé sur les réseaux sociaux par ses avocats : « M. Devlet Bahçeli a courageusement brisé des tabous aujourd’hui et a démontré que la paix ne peut se construire en cédant à la peur. Je le remercie sincèrement. »

Il a également remercié Özgür Özel, chef du Parti républicain du peuple (CHP), pour ses propos encourageants et a appelé à un nouveau départ dans la politique turque : « Nous ne devons pas rester englués dans les erreurs du passé alors que nous essayons d’ouvrir une nouvelle page. Le peuple attend des solutions de notre part. »

Réaffirmant son soutien à un règlement pacifique de la question kurde en Turquie, Demirtaş a déclaré : « Premièrement, les armes doivent être déposées définitivement et complètement. C’est clair. M. Öcalan est ferme sur ce point, tout comme le Président. Notre devoir est de soutenir ce processus sans hésitation. »

Le DEM Parti exige une libération immédiate

Le parti Égalité des peuples et de la démocratie (DEM Parti) a appelé à une action immédiate, déclarant : « Tous nos amis, en particulier Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, doivent être libérés sans délai. »

Meral Danış-Beştaş, députée du parti DEM et avocate, a également souligné que les conditions légales de libération étaient remplies. « Il n’y avait aucun obstacle à la libération hier, et il n’y en a aucun aujourd’hui. La liberté est désormais la seule option », a-t-elle déclaré  à bianet.

La Cour européenne des droits de l’homme s’est prononcée à trois reprises en faveur de Demirtaş. La Turquie n’a pas appliqué les deux précédents arrêts, rendus en novembre 2018 et décembre 2020.

Les femmes yézidies mobilisées contre la hausse des suicides

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SHENGAL –  Le mouvement des femmes yézidies (en kurde : Tevgera Azadiyê ya Jinên Êzidî) a lancé une campagne contre le fléau de suicide dans la région yézidie de Sinjar, depuis le génocide de 2014 perpétré par Daech. Les femmes et les jeunes sont particulièrement touchés.

L’histoire des Yézidis est marquée par de nombreux génocides et massacres. La discrimination persistante, le manque de soutien à la reconstruction et la négation de leur droit à l’autodétermination façonnent leur réalité, notamment dans leur principal lieu de vie, à Sinjar. De ce fait, le taux de suicide ne cesse d’augmenter, touchant principalement les femmes et les jeunes.

Le Mouvement des femmes yézidies libres (TAJÊ) a donc lancé il y a environ une semaine la campagne « Ne vous suicidez pas, chaque suicide est une condamnation à mort » afin d’attirer l’attention sur les graves conséquences de cette réalité pour cette ancienne communauté religieuse et d’y mettre un terme. De nombreuses institutions soutiennent déjà cet appel, notamment l’Union des jeunes femmes yézidies et le Conseil autonome démocratique de Sinjar (en kurde : Meclisa Xweseriya Demokratîk a Şengalê, MXDŞ). Dans une récente déclaration, les Unités féminines de Sinjar (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin Şengalê, YJŞ) ont également annoncé leur participation à la campagne.

Lancement de la campagne

Lors d’une conférence de presse au parc Şehîd Dijwar de Xanesor, l’association TAJÊ a présenté les grandes lignes de sa nouvelle campagne en kurde et en arabe. Malgré une histoire marquée par des attaques de toutes sortes, la communauté yézidie a su préserver sa culture et sa foi. Cependant, ces attaques, visant particulièrement les femmes et les jeunes, ont eu de graves conséquences pour ce groupe ethno-religieux et ont engendré de profonds problèmes sociaux, a expliqué l’organisation.

Le communiqué indique : « Le taux de suicide a fortement augmenté, surtout ces dernières années. Nous considérons cette situation comme très dangereuse et préoccupante pour notre communauté. Elle touche principalement les femmes et les jeunes. Selon les études, les raisons du suicide incluent la pression familiale, les difficultés financières, le désespoir et une décadence morale déguisée en amour. Les croyances et la nature des Yézidis aspirent à une vie communautaire et égalitaire, mais la réalité d’aujourd’hui est bien loin de cet idéal. »

Le patriarcat comme racine du problème

Les femmes yézidies ont également replacé cette réalité dans le contexte de l’actualité irakienne, marquée par la réintroduction récente du mariage d’enfants sous certaines conditions. Ce dernier est lui aussi considéré comme une cause de suicides.

Selon le TAJÊ, il est impératif de lutter résolument contre les structures patriarcales profondément enracinées : « Le sexisme et la domination masculine qui prévalent dans notre société entravent également l’égalité des sexes. Tant que cette mentalité ne sera pas dépassée, il y aura toujours des suicides et il sera impossible de construire une société libre et égalitaire. »

Avec « Jin Jiyan Azadî » pour la libération

Dans ce contexte, le mouvement des femmes yézidies a appelé à une opposition farouche à cette normalité perçue et à cette croyance au destin. Les familles doivent se sentir responsables de l’éducation de leurs enfants et de leurs jeunes. Avant tout, les femmes et les jeunes doivent s’émanciper, indique le communiqué : « Notre initiative vise à sensibiliser et à éduquer la société au “Jin Jiyan Azadî” (Femme Vie Liberté). »

Dans le cadre de cette initiative, nous organiserons divers événements. Nous sommes convaincus que nous pouvons prévenir les suicides si notre société, nos femmes et nos jeunes s’unissent autour de cette initiative.

Large soutien

Lors de la conférence de presse, l’Union des jeunes femmes yézidies et les différentes institutions de l’administration démocratique de Sinjar ont manifesté leur soutien et leur volonté commune et étaient représentées sur place.

Ensemble, elles se considèrent capables et responsables d’aborder le problème de manière constructive : « En tant que mouvement féministe, administration autonome et toutes ses institutions et organisations affiliées, nous nous sentons responsables de la résolution des problèmes de notre société. De même que nous avons résisté sans relâche à toutes les attaques politiques, sociales, physiques et culturelles pendant onze ans et incarné la force et la volonté de notre société de résoudre les problèmes, nous continuerons à lutter pour cela à l’avenir. La force et la source de notre combat résident dans les idées et la philosophie de Rêber Apo. » (ANF)