SYRIE. La situation humanitaire s’aggrave au Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Médecins Sans Frontières (MSF) signale que les défis humanitaires dans le nord-est de la Syrie s’aggravent. La région autonome arabo-kurde subit un embargo mondial qui n’inquiète aucunement la communauté internationale.   Dans son évaluation réalisée en juin, MSF a indiqué que les habitants du nord-est de la Syrie rencontrent d’importantes difficultés d’accès aux soins de santé, à l’eau et à la nourriture en raison des coûts élevés, du manque de cliniques opérationnelles et de la mobilité limitée. L’évaluation s’est concentrée sur le gouvernorat d’Hassaké, où les équipes de MSF ont interrogé plus de 150 familles, résidents et personnes déplacées confondus. Il en ressort que 90 % des participants avaient reporté ou renoncé à des soins de santé en raison du coût élevé des consultations et des médicaments, du manque d’infrastructures de proximité ou de structures fonctionnelles, et des difficultés de déplacement. MSF a souligné que la pénurie d’eau touche les femmes de manière disproportionnée, les obligeant à faire face à l’épuisement, au harcèlement et à l’exploitation lorsqu’elles tentent d’aller chercher de l’eau. L’organisation a également fait état d’une vulnérabilité économique généralisée, notant que le revenu moyen des ménages dans la région est de 150 dollars par mois, allant de 15 à 200 dollars. Les familles à faible revenu ont souvent du mal à se procurer suffisamment de nourriture ; 77 % des ménages interrogés ont signalé des pénuries alimentaires plusieurs fois par mois. En réponse, MSF a appelé les donateurs, les agences humanitaires et les autorités locales à accroître leur financement et leur coordination afin de prévenir de nouvelles souffrances. Barbara Hysel, directrice des programmes de MSF dans le nord-est de la Syrie, a déclaré : « La crise dans le nord-est de la Syrie ne se limite pas au conflit lui-même ; elle est liée à l’érosion quotidienne de la capacité des populations à survivre dans la dignité. Ces chiffres soulignent la détérioration de la situation humanitaire. » (North Press Agency) 

ROJAVA. Un civil kurde tué dans la campagne d’Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Un civil a été tué dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie, dans un contexte de chaos sécuritaire persistant et de répression continue des populations locales par les gangs turco-jihadistes. Shukri Ahmad Oso (65 ans), connu sous le nom d’« Abu Abdo », du village de Keferzîtê, a perdu la vie hier soir après avoir été abattu dans des circonstances mystérieuses. L’attaque s’est produite alors qu’il revenait d’un pressoir à olives sur son tracteur, lorsque des assaillants non identifiés l’ont intercepté et ont ouvert le feu sur la route reliant les villages de Firêriyê et Keferzîtê dans la campagne d’Afrin occupée par les Turcs. Oso a été immédiatement transporté à l’hôpital de la ville de Cindirêsê, mais il a succombé à ses blessures. Dans les zones syriennes occupées par la Turquie et ses mercenaires, les meurtres, les vols et les pillages se poursuivent dans un climat d’anarchie généralisée. (ANHA)

SYRIE. La Turquie poursuit la construction des colonies à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie, l’État turc poursuit ses politiques de nettoyage ethnique et de modification démographique par le biais des structures coloniales. L’État turc occupant poursuit des politiques de modification démographique et empêche le retour de la population locale en construisant des structures coloniales dans la région d’Afrin occupée depuis 2018. Malgré les appels publics et juridiques au retour des personnes déplacées, les occupants ont récemment commencé à reconstruire des bâtiments coloniaux. Après le site colonial appelé « Yed El Ewn », la construction de nouvelles résidences a commencé le 5 octobre dans le district de Jindires, dans le canton d’Afrin. Afrin est occupée depuis 2018 Le canton d’Afrin était le canton le plus occidental du Rojava et du nord et de l’est de la Syrie, abritant 200 000 Kurdes. Bien que la population fût majoritairement kurde, elle comprenait divers groupes religieux, notamment des Yézidis, des Alaouites et des chrétiens, aux côtés de musulmans sunnites. Le 20 janvier 2018, la Turquie a lancé des frappes aériennes sur 100 sites à Afrin, marquant le début d’une invasion qu’elle a baptisée « Opération Rameau d’Olivier ». L’armée de l’air turque a bombardé sans distinction des civils ainsi que des positions des YPG/YPJ, tandis qu’une offensive terrestre était menée par des factions et des milices organisées sous l’égide de l’Armée nationale soutenue par la Turquie. Le 15 mars, les milices soutenues par la Turquie encerclaient la ville d’Afrin et la soumettaient à un bombardement d’artillerie. Une frappe aérienne turque a touché le seul hôpital en activité de la ville, tuant 16 civils. Les civils ont fui et les FDS ont battu en retraite. Le 18 mars, la Turquie occupait de facto Afrin. Entre 400 et 500 civils ont péri lors de l’invasion, principalement sous les bombardements turcs. D’autres civils ont été sommairement exécutés sur place. Avant l’invasion turque, Afrin était l’une des régions les plus paisibles et les plus sûres de Syrie, n’ayant pratiquement jamais connu de combats durant la guerre civile, hormis quelques escarmouches sporadiques entre les YPG/YPJ et les forces djihadistes à ses frontières. De ce fait, Afrin offrait un refuge paisible à plus de 300 000 personnes déplacées originaires d’autres régions du pays. (ANF) 

La Turquie pourrait libérer Demirtaş

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TURQUIE – La Cour européenne des droits de l’homme, dont les précédents arrêts dans cette affaire n’avaient pas été appliqués par Ankara, a de nouveau ordonné la libération de dirigeant kurde Selahattin Demirtaş. Cette fois-ci, cependant, le président Erdoğan a déclaré : « Nous nous conformerons à la décision de la justice. » Un arrêt historique de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a relancé les espoirs de libération du politicien kurde Selahattin Demirtaş, emprisonné depuis 2016. Le 3 novembre, la Grande Chambre de la CEDH a rejeté le pourvoi formé par la Turquie contre son arrêt de juillet, qui avait conclu que l’emprisonnement de Demirtaş lors du procès de Kobani était motivé par des raisons politiques et contraire à plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette décision rend l’arrêt définitif et exécutoire. Demirtaş, ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP), formation pro-kurde, a été condamné l’an dernier à 42 ans de prison pour son implication dans les manifestations de Kobané en 2014, s’ajoutant à des condamnations antérieures pour des faits liés au terrorisme. Les autorités l’accusaient, ainsi que d’autres personnalités politiques kurdes, d’avoir organisé ces manifestations meurtrières, qui protestaient contre l’invasion de la ville kurde syrienne de Kobané par l’État islamique, sur ordre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). La CEDH a conclu que sa détention provisoire prolongée et sa condamnation ultérieure étaient dépourvues de justification légale et servaient des objectifs politiques. « Les mesures prises par les autorités étaient insuffisamment motivées », a déclaré la Cour, ajoutant que « leur véritable objectif était d’étouffer le pluralisme et de limiter le débat démocratique ». Elle a jugé que la détention de Demirtaş violait les articles 5 et 18 de la CEDH, qui garantissent les droits à la liberté, à la sécurité et à la protection contre les poursuites à motivation politique. La CEDH a également jugé que les preuves utilisées lors du procès Kobanê avaient été réutilisées d’affaires antérieures, qualifiant cela de « manipulation politique ». La Cour a condamné la Turquie à verser à Demirtaş 35 000 euros de dommages et intérêts non pécuniaires et 20 000 euros de frais de justice. En réaction à la décision définitive, les avocats de Demirtaş ont déposé une nouvelle demande de libération auprès du tribunal régional d’Ankara. Le président Recep Tayyip Erdoğan a commenté la question aujourd’hui, déclarant que « nous nous conformerons à la décision du pouvoir judiciaire », lorsqu’il a été interrogé à ce sujet par des journalistes à l’issue de la réunion du groupe parlementaire de son parti. Le ministre de la Justice, Yılmaz Tunç, a également déclaré aux journalistes avant la réunion : « Si une demande est déposée, elle sera examinée par le tribunal. Nous devrons tous attendre ensemble le déroulement de cette procédure. »

Réponse de Bahçeli

Devlet Bahçeli, chef du Parti d’action nationaliste (MHP) et allié clé du gouvernement, a déclaré hier aux journalistes : « M. Selahattin Demirtaş est parvenu à une conclusion par la voie légale. Sa libération sera bénéfique pour la Turquie. » La Turquie est engagée depuis un an dans un processus de paix avec les Kurdes, à l’initiative de Devlet Bahçeli. L’une des principales revendications des Kurdes est la libération des personnalités politiques et des membres de partis emprisonnés. Actuellement, des milliers de membres de partis politiques pro-kurdes sont toujours incarcérés. Demirtaş a réagi aux propos de Bahçeli dans un message diffusé sur les réseaux sociaux par ses avocats : « M. Devlet Bahçeli a courageusement brisé des tabous aujourd’hui et a démontré que la paix ne peut se construire en cédant à la peur. Je le remercie sincèrement. » Il a également remercié Özgür Özel, chef du Parti républicain du peuple (CHP), pour ses propos encourageants et a appelé à un nouveau départ dans la politique turque : « Nous ne devons pas rester englués dans les erreurs du passé alors que nous essayons d’ouvrir une nouvelle page. Le peuple attend des solutions de notre part. » Réaffirmant son soutien à un règlement pacifique de la question kurde en Turquie, Demirtaş a déclaré : « Premièrement, les armes doivent être déposées définitivement et complètement. C’est clair. M. Öcalan est ferme sur ce point, tout comme le Président. Notre devoir est de soutenir ce processus sans hésitation. »

Le DEM Parti exige une libération immédiate

Le parti Égalité des peuples et de la démocratie (DEM Parti) a appelé à une action immédiate, déclarant : « Tous nos amis, en particulier Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, doivent être libérés sans délai. » Meral Danış-Beştaş, députée du parti DEM et avocate, a également souligné que les conditions légales de libération étaient remplies. « Il n’y avait aucun obstacle à la libération hier, et il n’y en a aucun aujourd’hui. La liberté est désormais la seule option », a-t-elle déclaré  à bianet. La Cour européenne des droits de l’homme s’est prononcée à trois reprises en faveur de Demirtaş. La Turquie n’a pas appliqué les deux précédents arrêts, rendus en novembre 2018 et décembre 2020.

Les femmes yézidies mobilisées contre la hausse des suicides

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SHENGAL –  Le mouvement des femmes yézidies (en kurde : Tevgera Azadiyê ya Jinên Êzidî) a lancé une campagne contre le fléau de suicide dans la région yézidie de Sinjar, depuis le génocide de 2014 perpétré par Daech. Les femmes et les jeunes sont particulièrement touchés. L’histoire des Yézidis est marquée par de nombreux génocides et massacres. La discrimination persistante, le manque de soutien à la reconstruction et la négation de leur droit à l’autodétermination façonnent leur réalité, notamment dans leur principal lieu de vie, à Sinjar. De ce fait, le taux de suicide ne cesse d’augmenter, touchant principalement les femmes et les jeunes. Le Mouvement des femmes yézidies libres (TAJÊ) a donc lancé il y a environ une semaine la campagne « Ne vous suicidez pas, chaque suicide est une condamnation à mort » afin d’attirer l’attention sur les graves conséquences de cette réalité pour cette ancienne communauté religieuse et d’y mettre un terme. De nombreuses institutions soutiennent déjà cet appel, notamment l’Union des jeunes femmes yézidies et le Conseil autonome démocratique de Sinjar (en kurde : Meclisa Xweseriya Demokratîk a Şengalê, MXDŞ). Dans une récente déclaration, les Unités féminines de Sinjar (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin Şengalê, YJŞ) ont également annoncé leur participation à la campagne. Lancement de la campagne Lors d’une conférence de presse au parc Şehîd Dijwar de Xanesor, l’association TAJÊ a présenté les grandes lignes de sa nouvelle campagne en kurde et en arabe. Malgré une histoire marquée par des attaques de toutes sortes, la communauté yézidie a su préserver sa culture et sa foi. Cependant, ces attaques, visant particulièrement les femmes et les jeunes, ont eu de graves conséquences pour ce groupe ethno-religieux et ont engendré de profonds problèmes sociaux, a expliqué l’organisation. Le communiqué indique : « Le taux de suicide a fortement augmenté, surtout ces dernières années. Nous considérons cette situation comme très dangereuse et préoccupante pour notre communauté. Elle touche principalement les femmes et les jeunes. Selon les études, les raisons du suicide incluent la pression familiale, les difficultés financières, le désespoir et une décadence morale déguisée en amour. Les croyances et la nature des Yézidis aspirent à une vie communautaire et égalitaire, mais la réalité d’aujourd’hui est bien loin de cet idéal. » Le patriarcat comme racine du problème Les femmes yézidies ont également replacé cette réalité dans le contexte de l’actualité irakienne, marquée par la réintroduction récente du mariage d’enfants sous certaines conditions. Ce dernier est lui aussi considéré comme une cause de suicides. Selon le TAJÊ, il est impératif de lutter résolument contre les structures patriarcales profondément enracinées : « Le sexisme et la domination masculine qui prévalent dans notre société entravent également l’égalité des sexes. Tant que cette mentalité ne sera pas dépassée, il y aura toujours des suicides et il sera impossible de construire une société libre et égalitaire. » Avec « Jin Jiyan Azadî » pour la libération Dans ce contexte, le mouvement des femmes yézidies a appelé à une opposition farouche à cette normalité perçue et à cette croyance au destin. Les familles doivent se sentir responsables de l’éducation de leurs enfants et de leurs jeunes. Avant tout, les femmes et les jeunes doivent s’émanciper, indique le communiqué : « Notre initiative vise à sensibiliser et à éduquer la société au “Jin Jiyan Azadî” (Femme Vie Liberté). » Dans le cadre de cette initiative, nous organiserons divers événements. Nous sommes convaincus que nous pouvons prévenir les suicides si notre société, nos femmes et nos jeunes s’unissent autour de cette initiative. Large soutien Lors de la conférence de presse, l’Union des jeunes femmes yézidies et les différentes institutions de l’administration démocratique de Sinjar ont manifesté leur soutien et leur volonté commune et étaient représentées sur place. Ensemble, elles se considèrent capables et responsables d’aborder le problème de manière constructive : « En tant que mouvement féministe, administration autonome et toutes ses institutions et organisations affiliées, nous nous sentons responsables de la résolution des problèmes de notre société. De même que nous avons résisté sans relâche à toutes les attaques politiques, sociales, physiques et culturelles pendant onze ans et incarné la force et la volonté de notre société de résoudre les problèmes, nous continuerons à lutter pour cela à l’avenir. La force et la source de notre combat résident dans les idées et la philosophie de Rêber Apo. » (ANF)  

FRANCE. Des parlementaires apportent leur soutien aux Kurdes et au Rojava

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PARIS – Une vingtaine de parlementaires français·es ont signé la tribune suivante qui invite la France à rapatrier ses ressortissants détenus dans des camps du Rojava et à cesser d’accorder un « traitement de faveur réservé à Ahmed Al-Charaa, alors même qu’il s’attaque aux droits des femmes et ne garantit pas la sécurité des minorités ethniques et religieuses ». Voici la Tribune des parlementaires : Soutien au peuple kurde et au Rojava Député·es de l’Assemblée nationale française, nous affirmons notre soutien plein et entier aux communautés installées au Nord et à l’Est de la Syrie, dans la zone du Rojava. De par son administration, dans laquelle les femmes ont un rôle central, selon les principes du confédéralisme démocratique, ce territoire permet que vivent ensemble et en harmonie diverses communautés ethniques, religieuses ou confessionnelles : Kurdes, Arabes, Syriaques, Yézidis, Chrétiens… Or, depuis l’instauration de ce modèle communaliste en 2012, le Rojava subit en permanence de multiples attaques et menaces. D’une part, le nouveau régime syrien conduit par Ahmed Al-Charaa, qui a réussi à s’attirer les bonnes grâces des dirigeants dits « occidentaux » parce qu’il avait fait tomber le tyran sanguinaire Bachar El-Assad, couvre le massacre de minorités ethniques et religieuses – Alaouites, Druzes, Chrétiens… Comme bien souvent, les femmes sont les premières victimes de ce nouveau pouvoir despotique, persécutées, discriminées, séparées des hommes ou encore obligées de se vêtir selon des règles imposées. D’autre part, jusqu’à très récemment, la Turquie bombardait encore la zone de l’Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie. Le processus de paix, dans le cadre duquel le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a accepté de déposer les armes, suivant ainsi une déclaration d’Abdullah Öcalan depuis la prison d’Imrali en Turquie, est jusqu’ici loin d’avoir permis d’avancer concrètement vers une solution démocratique et pacifique, ni de garantir la pérennité de l’expérience démocratique du Rojava. Pour que ce processus de paix progresse réellement, la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan doit commencer par respecter le droit international et notamment le « droit à l’espoir » pour Abdullah Öcalan : toute personne condamnée à une peine d’enfermement à perpétuité doit pouvoir, constamment, garder en point de mire la possibilité d’être un jour remis en liberté. En effet, le 9 juillet 2013, la CEDH – sous l’autorité de laquelle est placée la Turquie – a jugé que l’absence de toute perspective de libération constitue une violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme. En conséquence, chaque détenu a le droit de connaître la date à laquelle sa situation sera réévaluée, un droit fondamental lié à la dignité humaine. Les différentes communautés présentes au Rojava considèrent le modèle de confédéralisme démocratique – selon lequel leur territoire autonome au Nord et à l’Est de la Syrie est administré – comme la solution permettant de garantir leur intégrité. Pour que le processus de paix engagé entre le régime turc d’Erdogan et les Kurdes ait une chance d’aboutir, la libération d’Abdullah Öcalan, considéré comme leur leader, apparaît comme un pré-requis. Enfermé depuis 26 ans, Öcalan doit pouvoir être traité dans le respect des conventions internationales auxquelles la Turquie est partie, et cela concerne d’ailleurs l’ensemble des détenus politiques dans les prisons turques.
La France, l’Europe et le monde doivent une reconnaissance éternelle au peuple kurde, et particulièrement aux femmes kurdes, pour leur contribution déterminante à la chute de l’Etat islamique. Les forces kurdes, en particulier en Syrie avec les YPG/YPJ et les FDS, ont en effet joué un rôle crucial dans la défaite militaire de l’État islamique. Elles ont mené les combats les plus intenses sur le terrain, conquis les principaux bastions de Daech, sauvé des milliers de civils, et assumé la gestion de vastes territoires libérés, souvent au prix fort et sacrifiant des milliers de combattant·es. Aujourd’hui, il est de notre devoir moral d’œuvrer pour que les Kurdes et toutes les communautés parties prenantes de l’expérience démocratique du Rojava puissent y vivre en paix et en liberté. Nous, membres des parlements français, demandons que la France prenne ses responsabilités quant à ses ressortissants membres ou collaborateurs de Daech toujours détenus dans des camps gérés par l’Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, en commençant par le rapatriement des femmes et des enfants en France. Nous refusons également que se poursuive le traitement de faveur réservé à Ahmed Al-Charaa, alors même qu’il s’attaque aux droits des femmes et ne garantit pas la sécurité des minorités ethniques et religieuses. Nous exigeons que la Turquie s’engage à un cessez-le-feu pérenne au Rojava et respecte ses engagements en termes de garantie des droits humains, comme signataire de la Convention européenne des droits de l’Homme. La lutte du peuple kurde et des communautés persécutées en Syrie est la nôtre, nous y prenons et y prendrons notre part. Signataires  – Emmanuel FERNANDES (LFI) – Mathilde PANOT, présidente du groupe LFI – Nadège ABOMANGOLI, Vice-Présidente de l’Assemblée nationale – Clémence GUETtÉ Vice-Présidente de l’Assemblée nationale – Thomas PORTES, président du groupe d’étude sur les Kurdes – Anaïs BELOUASSA-CHERIFI (LFI) – Christophe BEX (LFI) – Carlos Martens BILONGO (LFI) – Pierre-Yves CADALENT (LFI) – Gabrielle CATHALA (LFI) – Hadrien CLOUET (LFI) – Jean-François COULOMME (LFI) – Sylvie FERRER (LFI) – Arnaud LE GALL (LFI) – Muriel LEPVRAUD (LFI) – René PILATO (LFI) – Aurélien TACHE (LFI) – Paul Molac (LIOT) – Danielle Simonnet (EcoS) – Elsa Faucillon (GDR)  

SYRIE. La Turquie veut déstabiliser le Rojava via l’« armée tribale »

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SYRIE / ROJAVA – Alors que les services secrets turcs (MIT) et le HTC utilisaient la soi-disant « armée tribale » pour inciter les gangs de l’EI à attaquer les forces arabo-kurdes à Deir ez-Zor, Raqqa et Tabqa, ils établissent maintenant des brigades officielles sous le nom d’armée tribale.   Le site Lekolin a récemment   signalé l’activité accrue de cellules dormantes opérant sous couvert de la soi-disant « Armée des Tribus » dans les régions de Deir ez-Zor, Raqqa et Tapka, dans le nord et l’est de la Syrie. De même, le site Lekolin avait révélé en détail dans son Dossier Spécial du 31 juillet le plan machiavélique élaboré par le MIT et HTS par l’intermédiaire des tribus lors de réunions entre un  représentant d’Ankara et un quartier général à Damas. Il s’avère que le MIT, agissant de concert avec les services de renseignement de HTS sur ce sujet, a officialisé les groupes dirigés par des membres de l’EI sous le nom de Brigade de Libération de Jazira.   L’EI EST UNE VIEILLE ARME DU MIT CACHÉE SOUS UN MASQUE TRIBAL   D’après les informations que nous avons reçues, le MIT vise à réorganiser les groupes de l’EI en Syrie sous le nom de tribus, notamment dans les régions de Deir ez-Zor, Raqqa et Tapka, et à les utiliser contre les Forces démocratiques syriennes (FDS). Il a été révélé que le MİT avait créé une formation nommée « Brigade de libération de Cizîrê » au nom de la tribu El Eşraf et que cette brigade comprenait des chefs de gangs de l’EI qui étaient auparavant affiliés au MİT.   L’objectif de cette brigade est de semer le chaos et l’instabilité dans le nord et l’est de la Syrie, d’instiller la terreur par des opérations de sabotage et de cibler les dirigeants et responsables de l’Administration autonome et des Forces démocratiques syriennes. Créée sous le nom d’Armée tribale, la brigade serait organisée en petites cellules et déployée dans différentes régions du nord et de l’est du pays pour y mener des attaques.   LES TRIBUS ARABES, LA NOUVELLE ARME DU MIT   L’État turc utilise depuis longtemps ses milices affiliées à l’Armée syrienne libre (ASL), déployées dans les zones rurales d’Alep et de Hesekê sous son contrôle, pour déstabiliser l’Administration autonome et inciter à des attaques contre les Forces démocratiques syriennes (FDS). Dans les régions de Deir ez-Zor, Raqqa et Tapka, il s’en sert également pour inciter les tribus arabes à se soulever contre l’Administration autonome, conformément à ses propres intérêts. La semaine dernière, le site lekolin.org a publié dans son analyse que l’État turc mène des actions de lobbying auprès des tribus arabes dans de nombreuses régions de Syrie, notamment à Deir ez-Zor, afin d’anéantir les acquis des Kurdes au Rojava.   En mars 2025, une réunion de l’État islamique s’est tenue dans les régions d’Heresta et d’Ein Tarma, dans la campagne de Damas, en présence de nombreux dirigeants de l’organisation. Lors de cette réunion, l’État islamique a décidé de lancer des attaques visant le nord et l’est de la Syrie. D’après nos informations, les services de renseignement de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et l’Organisation nationale du renseignement (MIT) étaient pleinement informés de cette réunion et ont apporté leur soutien à la décision. Cependant, la Turquie a proposé qu’Ibrahim et Moussab al-Hefl mènent ces attaques par le biais de la soi-disant « Armée tribale », dans le but d’exploiter les liens tribaux pour semer la discorde entre les Arabes et les Forces démocratiques syriennes et l’Administration autonome.   Le MIT prévoit de mener ces attaques par le biais de brigades locales qu’il a créées sous le nom d’« Armée des Tribus », et non par l’intermédiaire de l’EI. Il vise ainsi à obtenir, grâce à ces brigades, ce qu’il n’a pas réussi à faire avec les groupes HTS et FSA. Il ambitionne également d’étendre son champ d’action en attisant les divisions sectaires entre les populations arabes et kurdes.   Le 10 octobre 2025, un groupe tribal se faisant appeler le Volcan de l’Euphrate, comprenant des membres de l’EI, a incendié le siège du groupe de femmes Zenobiya dans la ville d’Abu Hamam, à Deir ez-Zor. Il s’agissait de la première attaque perpétrée par des groupes tribaux organisés sous différentes appellations, et elle a été menée sous le commandement direct des services de renseignement du MIT et du HTS. (Lekolin) 

IRAN. Les prisonniers mobilisés contre les exécutions

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IRAN / ROJHILAT – Les prisonniers politiques d’Iran sont mobilisés depuis 93 semaines contre la vague d’exécutions, signale l’agence kurde ANF. En Iran, les prisonniers politiques ont poursuivi leur protestation hebdomadaire contre les exécutions en cours dans le pays. Ce mardi, les détenus de 54 centres de détention ont de nouveau entamé une grève de la faim, marquant ainsi la 93e semaine de la campagne « Mardis contre les exécutions ». Dans un communiqué, l’initiative a condamné les exécutions en cours, qui se sont encore intensifiées ces derniers jours. Selon les chiffres de la campagne, au moins 76 personnes ont été exécutées entre le 23 octobre et le 3 novembre seulement, dont un grand nombre dans des prisons situées hors de la région de la capitale. Le mouvement appelle donc à une résistance accrue, notamment contre les « exécutions secrètes ». Il exige que le peuple iranien rende publics les noms des prisonniers condamnés à mort et s’oppose à la violence d’État. Campagne de soutien des fonctionnaires retraités La campagne « Tuesdays Against Executions » (« Non aux exécutions du mardi ») gagne de plus en plus de soutien en dehors des prisons : selon des prisonniers, des fonctionnaires retraités ont récemment rejoint les manifestations contre la peine de mort dans la ville kurde de Kirmaşan (Kermanshah). La semaine dernière, des organisations internationales comme les Nations Unies ont de nouveau vivement critiqué le nombre élevé d’exécutions en Iran. Sara Hossain, présidente de la commission d’enquête internationale de l’ONU, a accusé le régime de Téhéran de violations massives du droit à la vie. La résistance dans les prisons se poursuit D’après les informations disponibles, plus de 1 200 personnes ont été exécutées en Iran entre janvier et octobre, un chiffre record depuis 2015. Cela représente en moyenne trois à quatre exécutions par jour. Parallèlement, les prisonniers iraniens ont annoncé la poursuite de leurs manifestations et grèves de la faim jusqu’à l’arrêt de cette vague d’exécutions.

ALLEMAGNE. Les Kurdes d’Europe vont défiler à Cologne

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ALLEMAGNE –  Le 8 novembre 2025, les Kurdes d’Europe vont défiler à Cologne, en Allemagne, pour la paix au Kurdistan. Dans un communiqué publié sur son site, Vigil For Ocalan appelle les Kurdes et leurs soutiens à défiler à Cologne pour la « liberté pour Abdullah Öcalan, statut pour le Kurdistan (Kurdistan) ». Voici le communiqué de Vigil For Ocalan :

« Depuis vingt-sept ans, le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan, est détenu dans des conditions d’isolement extrême à la prison de l’île d’İmralı. Depuis 1999, il est privé des droits les plus fondamentaux garantis par le droit international : le droit de contacter ses avocats, de recevoir des visites familiales et même celui de communiquer avec l’extérieur. Cet isolement prolongé et total ne se limite pas à l’emprisonnement d’une personne ; il s’agit d’un emprisonnement de la paix elle-même et d’une atteinte permanente au droit d’un peuple à la justice et à la liberté.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la peine de réclusion à perpétuité aggravée infligée à M. Öcalan viole le « droit à l’espoir », un droit fondamental qui interdit l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération. Le déni de ce droit constitue un déni du principe même de dignité humaine, à savoir que toute personne doit avoir la possibilité de se reconstruire, de dialoguer et de jouir de la liberté.

Et pourtant, du fond de son isolement, Abdullah Öcalan continue de mener une résistance morale et intellectuelle qui a inspiré des peuples et des mouvements à travers le monde. Il a consacré sa vie à mettre fin au génocide culturel perpétré contre le peuple kurde et à bâtir une société fondée sur la liberté, l’égalité et la coexistence. Son paradigme politique et philosophique – le confédéralisme démocratique – propose un système d’autonomie locale ancré dans l’émancipation des femmes, l’équilibre écologique et la démocratie participative. Ce modèle transcende les frontières et les divisions ethniques, offrant une voie vers la paix à tous les peuples du Moyen-Orient – ​​Kurdes, Turcs, Arabes, Arméniens, Persans, Assyriens et autres – qui souffrent depuis longtemps sous le joug de la guerre, du patriarcat et de l’oppression centralisée.

Le 27 février 2025, M. Öcalan a lancé un appel historique à la « Paix et à une société démocratique ». Il a invité tous les acteurs concernés – l’État turc, les représentants politiques kurdes, les peuples vivant à l’intérieur des frontières de la République turque et les acteurs internationaux – à renouer le dialogue et à ouvrir la voie à une résolution politique pacifique. Son appel était clair : le temps de la violence est révolu et une transformation démocratique fondée sur les principes de coexistence, d’égalité et de non-violence doit s’engager.

Cet appel a trouvé un écho profond en Turquie et au-delà. Il a inspiré un processus de réconciliation prudent mais porteur d’espoir, avec l’ouverture de nouvelles discussions entre les milieux démocratiques kurdes et turcs, les défenseurs des droits humains et les partis politiques. Cependant, ce processus ne peut aboutir tant que sa voix la plus essentielle reste réduite au silence.

Pour que la réconciliation ait un sens, la libération d’Abdullah Öcalan doit être reconnue comme une condition préalable à une paix durable. Seule sa participation permettra une véritable transition démocratique. Sa libération constituerait un premier pas concret vers la guérison d’un siècle de conflit et l’avènement d’une nouvelle ère de coexistence.

Depuis octobre 2023, la campagne internationale « Liberté pour Öcalan – Une solution politique à la question kurde » est passée d’une initiative coordonnée par d’éminents amis et organisations du peuple kurde à un mouvement mondial. Syndicats, organisations féministes et écologistes, réseaux pacifistes, intellectuels, artistes et parlementaires se sont unis sur tous les continents, réclamant d’une seule voix la libération d’Öcalan, figure majeure de la révolution et penseur de notre époque. 

De l’Amérique latine à l’Afrique, de l’Asie à l’Europe, ce mouvement s’est étendu à travers des marches, des veillées, des conférences, des concerts et des actes de résistance créative. Il se manifeste comme une solidarité mondiale, non seulement avec la lutte kurde, mais aussi entre tous les peuples confrontés à l’autoritarisme, au patriarcat et à la destruction de l’environnement. À une époque où la démocratie est mise à mal par un ordre mondial de plus en plus autoritaire, cette campagne est devenue l’expression vivante d’une vérité universelle : la liberté d’Abdullah Öcalan est la liberté de tous ceux qui croient en la paix, l’égalité et la dignité humaine.

Désormais, cette voix mondiale convergera en une seule et puissante expression d’unité :

8 novembre 2025 – Cologne, Allemagne.

Des centaines de milliers de personnes venues du Kurdistan, d’Europe et du monde entier envahiront les rues de Cologne pour exiger :

Liberté pour Abdullah Öcalan – Une solution politique à la question kurde.

La marche sera une journée de solidarité internationale, de célébration culturelle et de volonté politique.

Des personnalités politiques, des avocats, des amis internationaux et des universitaires de renom prendront la parole sur scène aux côtés d’artistes et de musiciens, dont les performances transformeront la ville en un appel vivant à la paix et à la liberté.

Ce rassemblement ne se contentera pas d’exiger la fin de l’isolement d’Abdullah Öcalan ; il incarnera l’esprit de son paradigme, une vision d’unité dans la diversité, de paix dans le courage, de démocratie dans la participation.

Nous marcherons pour la paix.

Nous marcherons pour la liberté des femmes.

Nous marcherons pour l’écologie et la démocratie.

Nous marcherons pour la justice — et pour l’espoir.

Rejoignez-nous à Cologne pour montrer que l’heure de la liberté a sonné.

Abdullah Öcalan doit être libre — car sa liberté est la clé de la paix. »

TURQUIE. Le DEM exige la fin de la confiscation des mairies kurdes

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TURQUIE / KURDISTAN – À l’occasion de l’anniversaire de l’emprisonnement des principaux dirigeants du HDP, le DEM Parti appelle à la fin des tutelles imposées par l’État dans les municipalités kurdes. La libération des prisonniers politiques est également essentielle au processus d’ouverture démocratique. À l’occasion de l’anniversaire de la tentative de coup d’État contre le Parti démocratique des peuples (HDP) le 4 novembre 2016, son parti successeur, le DEM, a appelé le gouvernement turc à prendre des mesures concrètes en faveur de la réforme démocratique. Dans un communiqué, le parti a exigé, entre autres, la destitution des administrateurs nommés dans les villes kurdes et la libération de tous les responsables politiques du HDP et du DEM emprisonnés. « Pour que le processus de paix et d’instauration d’une société démocratique soit crédible, les structures antidémocratiques existantes doivent être éliminées », peut-on lire dans le communiqué. Ces revendications s’inscrivent dans le cadre du processus de dialogue initié par Abdullah Öcalan le 27 février, que le DEM considère comme une étape historique vers la démocratisation de la Turquie. Date symbolique : 4 novembre Le parti rappelle que le 4 novembre 2016, douze députés du HDP (alors en fonction), dont les coprésidents Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, ont été arrêtés. Le même jour, dans les villes de Mêrdîn (Mardin), Êlih (Batman) et Xelfetî (Halfeti), l’autonomie locale a été remplacée par des administrateurs nommés par l’État. « Le 4 novembre symbolise l’élimination systématique des représentants kurdes démocratiquement élus », a déclaré le parti. Cette pratique, qui consiste à remplacer les maires élus par des fonctionnaires nommés, constitue un mépris flagrant de la volonté des électeurs et un obstacle majeur au processus de démocratisation. La confiance ne s’acquiert que par des étapes concrètes. Le parti DEM perçoit la phase actuelle comme une opportunité de stabiliser le processus d’ouverture démocratique initié par les récentes initiatives du mouvement kurde. « L’initiative lancée par M. Öcalan a suscité l’espoir d’une Turquie nouvelle et égalitaire », a déclaré le parti. Cependant, cet espoir est fragilisé par l’approche hésitante du gouvernement. « Garantir la démocratie et la liberté n’est pas la seule responsabilité du mouvement kurde », a affirmé le parti. L’État doit également assumer ses responsabilités et prendre des mesures décisives pour soutenir ce processus. Le parti DEM cite les conditions suivantes comme étant essentielles à une ouverture crédible : ▪ Le retrait des administrateurs nommés par les tribunaux dans les municipalités à majorité kurde ; ▪ la réintégration des élus ; ▪ ainsi que la libération immédiate de tous les hommes politiques emprisonnés qui ont été condamnés ou inculpés en raison de leurs activités politiques. Ces mesures sont non seulement une obligation légale, mais aussi un signe de respect politique envers la population kurde. Le maintien de mesures répressives telles que la mise sous tutelle sape la confiance dans l’État et entrave le développement démocratique. Appel au gouvernement La déclaration se conclut par un appel aux dirigeants politiques du pays : « Nous considérons le 4 novembre 2025 comme une occasion de consolider le processus de paix en cours par des mesures concrètes et crédibles », peut-on y lire. Le gouvernement est appelé à assumer sa part de responsabilité pour rétablir la confiance et créer les conditions d’une coexistence pacifique. Selon le parti DEM, le désengagement de l’État des collectivités locales et la libération des prisonniers politiques contribueraient non seulement à la démocratisation, mais ouvriraient également la voie à une paix sociale durable. « Il ne s’agit pas seulement d’une nécessité politique, mais d’une condition indispensable à la coexistence pacifique des peuples de Turquie. » (ANF)