Vers la dissolution du PKK ?

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TURQUIE / KURDISTAN – La guérilla kurde a annoncé aujourd’hui avoir tenu son Congrès de dissolution suite à « l’appel à la paix et à la société démocratique » lancé par Abdullah Öcalan. Les résultats, les décisions et les documents du congrès seront bientôt partagés, d’après l’organisation.

Très attendu, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé la tenue de son congrès de dissolution, après un demi-siècle de lutte pour la libération du peuple kurde, ignoré, réprimé et massacré depuis plus de cent ans par l’État turc.

Faisant suite à « l’appel à la paix et à une société démocratique » lancé le 27 février dernier par Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 27 ans sur l’île d’Imrali, le PKK a annoncé avoir tenu son 12e congrès, marquant ainsi la fin d’une époque et l’ouverture d’un nouveau chapitre de lutte.

Öcalan avait demandé au PKK de se dissoudre. Dans un geste d’ouverture en faveur d’un processus pacifique, le PKK avait d’abord déclaré un cessez-le-feu le 2 mars. Cependant, depuis cette annonce, l’État turc a poursuivi sans relâche ses attaques contre les zones de guérilla, qui ont été bombardées à des milliers de reprises, y compris avec l’utilisation d’armes interdites.

Selon l’agence de presse kurde ANF, le 12e congrès du PKK s’est tenu avec succès du 5 au 7 mai dans les Zones de défense de Medya. Il est précisé que les résultats du congrès, ainsi que des informations et documents détaillés sur les décisions prises, seront rendus publics prochainement.

Voici le communiqué concernant le congrès :

« Le 12e Congrès du PKK s’est tenu avec succès du 5 au 7 mai dans les Zones de défense de Medya. Le congrès a été organisé parallèlement dans deux lieux différents, avec la participation de délégués représentant l’ensemble des domaines d’activité.

Le 12e Congrès du PKK s’est réuni à l’appel du Leader Abdullah Öcalan (…)

Dans ce cadre, le 12e Congrès du PKK a pris des décisions d’une importance historique concernant les activités du PKK, sur la base de l’appel du Leader Apo.

Organisé au cours du Mois des Martyrs de mai, le 12e Congrès du PKK a rendu hommage, avec respect, amour et gratitude, à tous les martyrs héroïques des 52 années de lutte historique. Il a appelé notre peuple patriote et toutes les forces démocratiques et socialistes à s’approprier, vivre et faire vivre, en particulier les martyrs, ainsi que toutes les valeurs nationales et démocratiques issues de cette grande lutte de 52 ans.

Le 12e Congrès du PKK a également commémoré avec respect et gratitude Sırrı Süreyya Önder, martyr qui a joué un rôle essentiel dans la préparation du congrès. Il a appelé chacun à s’unir pour concrétiser les objectifs de paix et de société démocratique portés par cette personne précieuse, compagnon du Leader Apo depuis douze ans.

Les résultats et décisions du 12e Congrès du PKK, ainsi que des documents détaillés, seront très prochainement partagés avec l’opinion publique, après l’unification des résultats issus des deux lieux de tenue du congrès.

Sur cette base, nous rendons une fois de plus hommage, avec respect et gratitude, à tous nos martyrs héroïques, en la personne de notre tout premier grand martyr, le camarade Haki Karer. Nous appelons notre peuple patriote et nos amis démocratiques à commémorer nos martyrs dans tous les domaines et à intensifier la lutte pour la liberté physique du Leader Apo [Abdullah Ocalan]. »

Via Maxime Azadî

SYRIE. Au moins 5 500 civils tués sous le régime d’al-Sharaa

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SYRIE – Massacres, conflits internes et purges sectaires poussent une fois de plus la Syrie au bord de la guerre civile. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 5 500 civils ont été tués sous le régime d’Ahmed al-Charaa. Dans son rapport du 7 mai 2025, l’OSDH indique que depuis la chute du régime d’Assad le 8 décembre 2024, 7 342 personnes ont été tuées de diverses manières en Syrie. Parmi les victimes figurent 5 514 civils, dont 4 852 hommes et jeunes, 402 femmes et 260 enfants. L’Observatoire a recensé au moins 2 092 cas d’exécutions et de purges au cours de ces cinq mois. Une grande partie de ces incidents se seraient produits en mars. Les attaques et les exécutions ciblées contre les anciens membres du régime se sont intensifiées, en particulier dans les zones où la sécurité est affaiblie. Après la chute du régime d’Assad le 8 décembre, Ahmed al-Sharaa a pris le pouvoir. Il a dissous les anciennes institutions militaires et sécuritaires et créé de nouvelles structures sous son contrôle, tentant ainsi d’asseoir sa domination militaire. Cependant, le pays a connu un important vide sécuritaire et un effondrement économique. Dans toutes les régions autour de Damas, l’effondrement du régime a entraîné une multiplication des purges sectaires et des massacres. En raison de l’escalade rapide des conflits internes, le pays est à nouveau au bord de la guerre civile. Via l’agence kurde ANF

Il y a 15 ans, le régime iranien exécutait 5 prisonniers politiques kurdes dans la prison d’Evin

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IRAN / ROJHILAT – Le 9 mai 2010, le régime iranien a exécuté 5 Kurdes accusé.s de « moharebeh » (« inimitié envers Dieu »). Il s’agissait de Shirin Alamhouli (une femme), Farzad Kamangar, Ali Heidarian, Farhad Vakili et Mehdi Eslamian. Les quatre premiers étaient accusés d’être membres du PJAK (un mouvement armée kurde du Rojhilat, le Kurdistan iranien). Le cinquième, d’être un membre du mouvement pro-monarchie « Assemblée du Royaume d’Iran ». Ferzad Kemanger, Shirin Elemhuli, Ali Heydaryan, Ferhad Wekili et Mehdi Islamyan sont aujourd’hui commémorés comme des symboles de la résistance. La lutte qui s’est étendue des prisons aux montagnes continue avec l’esprit de « Jin, Jiyan, Azadî ». Qui était ces « ennemis d’Allah » du régime iranien ?
Shirin Elemhuli était une activiste et une révolutionnaire. Kemanger, Heyderiyan, Eslamiyan et Wekili étaient des enseignants. Il n’y avait aucune preuve tangible contre eux, mais il a fallu quelques minutes pour prendre la décision de les exécuter.
 
Comme beaucoup d’autres prisonniers politiques, ils ont été accusés d’être des « ennemis d’Allah ». L’opposition au régime iranien est interprétée par le régime comme « opposition à Allah ». Le régime s’identifie à « Allah ».
 
Le matin du 9 mai 2010, cinq prisonniers ont été exécutés à la prison d’Evin. Depuis, il y a eu des milliers d’exécutions politiques que le régime utilise pour mater la population alors que la révolution « jin, jiyan, azadî » (« femme, vie, liberté ») provoquée par le meurtre de la jeune Kurde Jina Mahsa Amini, à Téhéran en septembre 2022, à cause d’un voile « inapproprié » semble en mesure de chasser les mollahs du pouvoir.)
 
 
Au moment de sa pendaison, Elemhuli avait 28 ans. Dans la lettre qu’elle a écrite quelques jours avant son exécution, elle a souligné l’illégalité de cette décision et a déclaré qu’il s’agissait d’une décision politique.
 
« Aujourd’hui, le 2 mai 2010, ils m’ont ramené à l’interrogatoire … », ainsi commence la lettre.
 
« L’un des interrogateurs m’a dit : « Nous vous avons laissé partir l’année dernière, mais votre famille n’a pas coopéré avec nous. » En d’autres termes, je suis retenue en otage et ils ne me laisseront pas partir tant qu’ils n’auront pas ce qu’ils veulent, ce qui signifie qu’ils me garderont comme prisonnière ou qu’ils me pendront, mais ils ne me laisseront jamais partir».
 
Cette lettre a été écrite quatre jours avant son exécution. En parlant des trois années qu’elle a passées en prison, Elemhuli a remarqué qu’on ne lui avait même pas donné la permission d’avoir un avocat pour la défendre. Le résumé de sa vie en prison pourrait être dit en deux mots : « Torture et cruauté ».
 
Elemhuli qui a vécu des jours de torture, a écrit : « J’ai traversé des jours de souffrance dans les mains des forces militaires. Pourquoi m’ont-ils arrêtée ou pourquoi me pendraient-ils ? Parce que je suis kurde ? Je suis née kurde et parce que je suis kurde j’ai été torturée et battue ».
 
Les autorités iraniennes voulaient qu’Elemhuli nie sa kurdicité. La réponse d’Elemhuli était claire : « Si je fais quelque chose comme ça, je vais fondamentalement renier moi même. Ma langue est le kurde. J’ai grandi en parlant le kurde. Mais ils ne me permettent pas de parler ou d’écrire dans ma propre langue ».
 
Comme Elemhuli s’est adressée au procureur et au juge. Elle a souligné l’illégalité de tout le processus : «Comme je ne connais pas bien le persan, vous avez pris mes déclarations dans ma propre langue et vous ne pouvez pas comprendre ce que je vous ai dit. »
 
La lettre continue ainsi :
 
« La torture que vous m’avez infligée est le cauchemar de mes nuits, les peines et les souffrances de mes jours … Je souffre de maux de tête dus aux coups reçus lors de l’interrogatoire … Il y a des jours où je tombe tout simplement inconsciente. Je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe autour de moi et je ne peux pas revenir à la raison pendant des heures … Un autre cadeau que vous m’avez donné à la suite de la torture est que j’ai presque entièrement perdu la vue. Vous ne m’avez donné aucun traitement.
 
Je sais que ce que vous avez fait à moi et à ma famille n’est pas seulement fait pour nous. Vous avez essayé ces tortures sur Zeyneb Jalaliyan, Rûnak Sefazade et beaucoup d’autres jeunes kurdes … Depuis des jours, des mères kurdes attendent leurs enfants. Chaque fois que le téléphone sonne, ils ont peur de penser à de mauvaises nouvelles : « est-ce qu’ils ont été pendus », se demandent-ils ?
 
Bien longtemps après, quelques jours avant le 2 mai 2010, ils m’ont de nouveau emmenée à la division 209 de la prison d’Evin pour l’interrogatoire et ont répété leurs allégations sans fondement. Ils voulaient que je coopère avec eux et ils ont dit qu’ils annuleraient la peine de mort. C’était inutile. C’est pourquoi je n’avais rien à dire sauf ce que j’ai dit devant le tribunal. À la fin, ils voulaient que je répète ce qu’ils ont dit devant les caméras. Mais je ne l’ai pas accepté. Alors ils ont dit : « Nous sommes arrivés à ce point parce que nous voulions vous aider, mais votre famille ne nous a pas aidés ». L’officiel a dit qu’ils m’exécuteraient alors. »
 
  Ferzad Kemanger avait également écrit une lettre près d’un mois avant son exécution dans laquelle il disait espérer que les discriminations étatiques imposées aux Kurdes d’Iran prendraient fin. Voici sa lettre : « Le but de cette lettre n’est pas d’insister sur les problèmes des kurdes et de nier les inégalités existant chez les Baloutches, les Turcs, les Persans et les Arabes. En faisant preuve de sympathie pour eux, en se comportant en camarades, on les considère comme des minorités religieuses ou ethniques et on reconnaît ainsi leurs souffrances. Nous aussi faisons partie du peuple. L’histoire kurde, c’est l’histoire d’une femme qui n’obtient de son mariage qu’insultes et coups. Lorsque l’on demande à son mari : « Vous qui ne subvenez pas à ses besoins, et qui ne lui donnez aucune preuve d’amour, pourquoi la battez-vous et l’humiliez-vous au quotidien ? ». Celui-ci répond : « Si je ne le fais pas, comment savoir que je suis son mari ? » Voici maintenant notre histoire. Dans le discours politique iranien, les mots Kurdes et Kurdistan signifient malheureusement séparatisme. Ils ont des connotations antirévolutionnaires et contraires à la sécurité régionale, comme si ces mots étaient des invités non désirés et n’avaient aucune affinité avec l’Iran. La province du Kurdistan est devenue la base de certains malheurs. Le peuple kurde est privé de beaucoup de droits élémentaires, économiques, sociaux et culturels. Le sous-développement historique de la province a engendré la pauvreté, le chômage et la désillusion du peuple kurde. Bien que les Kurdes, patriotes et aimables, aient opté pour une vie paisible en Iran et n’aient revendiqué que leurs droits basiques, la seule réponse à leurs demandes légitimes a été l’augmentation des arrestations politiques et civiles, l’exil et les exécutions. Voici le résultat de la perception négative et des préjugés habituels contre le peuple kurde. La présence de minorités ethniques en Iran et dans le reste du monde n’est pas un nouveau phénomène. La pluralité ethnique, raciale et culturelle dans la société est une arme à double tranchant. Quand une région se développe et que des relations justes et égalitaires existent en son sein, la cohabitation des diverses ethnies n’est, non seulement plus un problème, mais c’est aussi une richesse culturelle pour cette société. Elle augment la tolérance et réduit les dogmes culturelles et l’étroitesse d’esprit. Aujourd’hui, à l’heure de la globalisation, où beaucoup de sociétés se sentent menacées par l’ombre de la monotonie culturelle, le multiculturalisme est un don qui doit être protégé et chéri. Dans le même temps, quand les dirigeants d’une société ne prêtent aucune attention aux besoins et droits légitimes des minorités, il est inévitable que cela engendre d’importantes conséquences. L’un des droits fondamentaux auquel tout Iranien, Kurde ou pas, a droit, est la citoyenneté. Il s’oppose à l’isolement et à l’exclusion, deux sentiments qui proviennent de l’influence des réalités tangibles de la vie quotidienne, de la pauvreté à la lueur qui s’éteint dans les yeux d’un enfant famélique, du père embarrassé par ses poches vides à la table vide du dîner familial, jusqu’aux joues pâles et au regard miséreux d’une mère. L’isolement vient d’une approche centralisatrice et sépare les problèmes et besoins du peuple kurde (la population marginale) de ceux des populations des régions centrales. Bien sûr, les sentiments d’exclusion, d’isolement et d’aliénation ne se limitent pas aux minorités ethniques quand le sous-développement et la mauvaise gestion dominent la société. Ces sentiments affectent plus ou moins tous les membres de la société. Mais, en raison des inégalités structurelles, ils ont des implications plus profondes pour les minorités. Ce ressenti provoque, dans tous les groupes, de la tension et des troubles, particulièrement en cas de pauvreté culturelle, conséquence de la pauvreté économique. Pourquoi ne pas oublier pour une fois l’approche sécuritaire pour s’occuper des problèmes élémentaires du peuple ? On pourrait ainsi les résoudre une bonne fois pour toutes. Mais il y a d’autres soucis. N’existe-t-il pas d’autre solution civique pour combattre la contrebande que de tirer ou de tuer ? Si les besoins matériels de base sont remplis, un jeune risquerait-il sa vie pour faire passer en contrebande une boîte de thé ou quelques rouleaux de tissu ? Suivant la même politique aux critères doubles, l’approche sécuritaire mise en œuvre contre les prisonniers politiques et civils kurdes est sévère. Les Kurdes doivent-ils continuer à porter l’étiquette de minorité ethnique y compris en prison, dans les châtiments, ressentir ces sentiments sombres d’isolement et d’exclusion ? Existe-t-il vraiment une différence entre un prisonnier kurde et un non kurde pour que le premier soit privé de nombreux droits reconnus par la loi comme l’accès à un avocat, la libération conditionnelle, la réduction de peine, l’amnistie ou la liberté ? Pourquoi, alors que la clémence a fait son apparition pour les prisonniers politiques de Téhéran et de quelques autres grandes villes (c’est-à-dire qu’ils sont libérés, ce qui est une grande source de joie et je souhaite que cela continue), l’attitude sévère et dure envers les prisonniers kurdes persiste-t-elle ? Au lieu d’essayer de résoudre les problèmes, la politique générale (du gouvernement) continue de tourner autour de la répression et des exécutions. Malheureusement, certains utilisent la situation géographique de la province du Kurdistan comme prétexte pour justifier l’approche sécuritaire. Le régime continue sa répression des prisonniers politiques et des civils. Il exécute des personnes qui sont essentiellement des otages et des boucs-émissaires plus que des prisonniers purgeant une peine pour un crime commis. Combien de temps cette vue sécuritaire perdurera-t-elle alors qu’elle a causé malheurs et divergences dans la jeunesse kurde ? La population kurde victime a choisi la méthode la plus raisonnable pour résoudre ses problèmes : une vie non-violente. L’approche sécuritaire des Kurdes et du Kurdistan (par le gouvernement) ne sous-entend-elle pas que le peuple kurde est séparé de l’Iran et des Iraniens et qu’il doit par conséquent être traité comme des non Iraniens ? Je souhaite vraiment que cela cesse car, dans le cas contraire, cela engendrera de la violence, une conséquence qu’aucun esprit sain ne veut accepter. J’espère la fin du traitement [discriminatoire] des prisonniers kurdes. En considérant de la même façon tous les prisonniers, on avancera (même si ce n’est qu’un petit pas) dans la résolution des problèmes de la région. J’espère vivement que l’histoire des Kurdes ne ressemblera pas à celle de cette femme dont le mariage se résume aux maltraitances quotidiennes que son mari lui inflige. » Farzad Kamangar Prison d’Evin, 10 avril 2010  

Des mélodies kurdes retentiront au prochain sommet arabe de Bagdad

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IRAK / KURDISTAN – Des mélodies kurdes seront à l’honneur lors du prochain Sommet arabe de Bagdad, mettant en valeur la richesse de la culture kurde et la diversité de son patrimoine artistique authentique. Des démonstrations artistiques issues des traditions kurdes, notamment les chants de Hawraman, seront proposées lors du sommet réunissant dirigeants et chefs d’État arabes. Des préparatifs sont en cours pour présenter des airs et des arts traditionnels kurdes lors du 34e Sommet arabe de la Ligue des États arabes, prévu le 17 mai 2025 dans la capitale irakienne. Cette participation artistique s’inscrit dans le cadre des efforts visant à promouvoir la compréhension culturelle et les échanges civilisationnels entre les peuples. Le violoniste et professeur de musique Alan Abdullah, membre de l’Orchestre symphonique irakien et l’un des plus grands talents musicaux, interprétera des œuvres issues du patrimoine kurde authentique, notamment de l’art hawrami. Dans des déclarations à (Roj News), Alan Arif Abdullah a exprimé sa joie de participer en tant que membre de l’orchestre irakien, soulignant que le lancement de ce concert, organisé en l’honneur du Sommet arabe, est une occasion unique de présenter les chefs-d’œuvre de l’art kurde sur une prestigieuse plateforme arabe. Il a souligné que l’Irak, pays aux multiples ethnies et cultures, exprimait à travers cet événement la richesse et la diversité de son patrimoine artistique. Il a souligné que l’inclusion de la musique kurde constituait un événement historique, mettant en lumière l’authenticité et la créativité de l’art kurde. Abdullah a ajouté : « L’art kurde porte un message d’amour et de fraternité ; la musique est un langage universel qui parle de tolérance et de paix », exprimant son espoir que les messages d’amour et d’harmonie incarnés dans cet art atteindront tous les peuples du monde. Le Sommet arabe de Bagdad est considéré comme un événement important réunissant les dirigeants et les chefs des pays arabes, où les mélodies kurdes se démarqueront comme élément de la scène culturelle lors de ce rassemblement historique, renforçant encore le statut de l’Irak en tant que centre de diversité culturelle et de créativité artistique. Il s’agit du premier événement de ce genre à être organisé au Sommet arabe depuis toutes ses années d’existence. (ANHA)

TURQUIE. « L’État entre dans certaines régions du Kurdistan par la capitale »

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ÉCOCIDE. Écologiste et écrivain kurde, Güner Yanlıç a déclaré à l’agence ANF qu’au Kurdistan, les régions autrefois inatteignables à l’État turc sont devenues accessibles grâce à des investissements en capital. L’écocide continue au Kurdistan. Les institutions écologistes internationales restent silencieuses face à cette destruction écologique. Parallèlement, malgré une certaine sensibilité du public envers les animaux domestiques, un silence général règne quant à l’extinction de certaines espèces. De plus, les projets routiers et paysagers entrepris par les gouvernements locaux démocratiques soulèvent également des questions. Avec la récente publication de son livre « Troisième nature » et de son prochain livre « Destruction écologique et vallées ensanglantées »,  l’ancien co-porte-parole du Mouvement écologique mésopotamien et militant écologiste Güner Yanlıç discute de son livre, des institutions vertes, de la destruction de l’environnement au Kurdistan et de la question de savoir si les préférences paysagères des gouvernements locaux sont écologiquement saines. Votre livre « Troisième nature » ​​vient de paraître. Pouvez-vous nous en parler ?  L’écologie est en réalité l’un des domaines les plus fragiles en termes de ressources. Même si je participe à la lutte écologique depuis des années, j’ai compris qu’elle devait également être étayée par des connaissances théoriques. Il y a environ six ans, lorsque le journal Yeni Yaşam a vu le jour, j’ai commencé à y écrire régulièrement des chroniques. Environ 75 de mes articles sur l’écologie ont été publiés. Entre 25 et 30 de mes articles ont également été publiés dans le journal Gazete Karınca. J’ai également écrit quelques chroniques écologiques dans d’autres journaux. Alors que je cherchais à combler ce manque par des articles, j’ai eu l’idée d’un livre, une explication simple et complète de l’écologie. Le livre « Troisième Nature » ​​est né de cette idée, s’appuyant sur l’expérience des panels que nous avons organisés, des journaux avec lesquels j’ai collaboré et de mes chroniques. L’écologie a toujours été un domaine difficile à comprendre, voire trop académique, empreint d’un jargon élitiste. J’ai écrit ce livre d’une manière qui me correspondait. J’ai au moins tenté d’expliquer des concepts fondamentaux comme « Qu’est-ce que l’écologie ? Qu’est-ce que ne l’est pas ? » en utilisant un langage simple et des données actuelles. Je voulais contribuer à la lutte écologique en tant que ressource. L’un des thèmes abordés dans votre livre est le concept d’institutions éco-responsables. Comment définiriez-vous ces institutions, ou que souhaiteriez-vous en dire ? Avant de rejoindre la lutte écologique, j’étais aussi une personne écologiste au sens traditionnel du terme. À Amed (Diyarbakır), avec quelques amis amoureux de la nature, nous avons fondé une association de reforestation. Comme la plupart des gens, nous pensions que les problèmes pouvaient être résolus en plantant des arbres, en ramassant les déchets, en polluant et en consommant moins. Nous avons donc mené ce travail à l’époque. Mais plus j’avançais, plus je me rendais compte que le problème était devenu bien plus paradigmatique. C’est un combat qui dure depuis le clivage idéologique entre socialisme et capitalisme qui a débuté dans les années 1950. Ces institutions éco-responsables dont nous parlons sont des prolongements du système d’après-Seconde Guerre mondiale conçu par un homme politique américain nommé Marshall dans le cadre d’un nouvel ordre mondial. Ce système a établi des institutions mondiales dans tous les domaines. L’organisation faîtière de ces institutions éco-responsables est l’Organisation des Nations Unies. Ses filiales comprennent l’UNESCO, l’UNICEF, le HCR, etc. Le système occupait tous les domaines où nous aurions pu lutter il y a 50 ans, et aujourd’hui, il nous impose ceci : « Nous faisons déjà ce travail. Soit vous nous rejoignez dans notre cadre, soit vous restez chez vous, nous nous en occupons. » Moralement, beaucoup d’entre nous soutiennent ces ONG financièrement, émotionnellement ou bénévolement. Mais en fin de compte, ces institutions à l’image verte privilégient la continuité et la durabilité du système. Elles ne mènent aucun véritable travail pour construire une société écologique ou prévenir la destruction écologique. Par exemple, pendant le conflit à Sur, Amed, nous avons lancé des appels répétés à l’UNESCO pour qu’elle protège la ville dont elle a la charge, mais ils n’ont jamais abouti. Lorsque les forêts du Dersim brûlaient, lorsque les coupes d’arbres et les incendies de forêt se poursuivaient pendant des années à Şırnak, lorsque les destructions à Hewsel se poursuivaient, nous avons interpellé l’UNESCO. Nous leur avons dit : « Vous prétendez protéger ces zones, faites votre travail ! » Mais ils n’ont jamais répondu à un seul de nos appels. Le barrage d’Ilısu et Hasankeyf répondent aux critères de l’UNESCO. Bien qu’ils remplissent huit des dix critères, l’UNESCO n’a jamais revendiqué la responsabilité de la zone. Nous constatons aujourd’hui que l’UNESCO revendique la responsabilité de l’affaire Amed Suriçi. C’est parce qu’elle a ouvert une nouvelle zone de profit et d’exploitation pour le capital. L’UNESCO poursuit donc son action au service du tourisme industriel. Ce que nous disons ici, c’est que nous qualifions de nombreuses organisations comme l’UNESCO, l’UNICEF (qui prétend protéger les enfants), le HCR (qui prétend protéger les réfugiés) et l’Organisation mondiale de la santé d’institutions éco-blanchies. Nous avons des raisons à la fois pratiques et théoriques de critiquer ces organisations, y compris l’UNESCO. À partir des exemples que vous avez cités, nous avons constaté que ces efforts sont idéalisés. Selon vous, pourquoi le système capitaliste emprunte-t-il cette voie ? Pourquoi ressent-il le besoin d’idéaliser la lutte écologique ? Appelons cela du travail environnemental. Imaginons que les calottes glaciaires polaires fondent. Ce n’est pas vraiment un problème pour le système capitaliste. Ce qui compte pour lui, c’est la durabilité de l’exploitation. Par exemple, si les ours polaires disparaissaient, cela perturberait l’équilibre de la population et affecterait leur exploitation. C’est pourquoi ils protègent les ours polaires. Mais en dehors des ours polaires, des dizaines d’espèces disparaissent chaque jour, et ils s’en moquent. Ils nous fournissent des données trompeuses et nous perturbent : ramasser les déchets, ne pas jeter de détritus, réduire la pollution et, peut-être la dernière astuce en date, mesurer son empreinte carbone ou consommer moins. À bien des égards, ils nous trompent. Cette tromperie repose sur l’exploitation de notre bonne volonté et de notre conscience. Ces prétendues actions sont menées sous ce prétexte. Ainsi, le mouvement environnemental le plus influent au monde est en réalité financé et dirigé par le système, qui définit ses politiques et son champ d’action. Cet état d’esprit traite les personnes, la nature, les femmes et les enfants comme des marchandises et sert la machine d’exploitation du capitalisme. C’est pourquoi, pour ces raisons, nous nous distancions de l’environnementalisme dominant. (ANF)

SYRIE. Poursuites des protestations contre la nomination du tueur d’Hevrin Khalaf

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SYRIE / ROJAVA – La nomination de Hatim Abu Shaqra, l’assassin de la femme politique kurde Havrin Khalaf, à un poste militaire par le régime de Damas a suscité des protestations dans plusieurs villes du nord et de l’est de la Syrie. Le Parti Avenir de la Syrie, le Conseil de la justice sociale et le Mouvement des femmes Kongra Star ont tenu des déclarations de presse coordonnées à Hassakê, Alep, Qamishlo, Raqqa, Deir ez-Zor, Tabqa et Kobanê, pour condamner la décision du régime de Damas de nommer Hatim Abu Shaqra, l’assassin d’Hevrin Khalaf, à un poste militaire. Lors du rassemblement au parc du 4 avril à Hesekê, cette nomination a été qualifiée d’insulte à la dignité des victimes et de récompense pour les coupables. La coprésidente du conseil du parti « Avenir de la Syrie » Hêvîn Mihemed a déclaré : « Cette nomination est un crime contre l’humanité et une atteinte aux principes de justice. » Elle a ajouté que Khalaf était un symbole de paix et de réconciliation nationale. À Kobanê, des membres du Parti Avenir de la Syrie et des organisations de femmes se sont réunis pour dénoncer une fois de plus le meurtre de Khalaf, déclarant leur rejet de la nomination et promettant de lutter pour que les responsabilités soient établies. Dans le quartier de Cheikh Maqsoud à Alep, des femmes ont déclaré que « la nomination d’Abou Shaqra au poste de commandant constitue une violation flagrante du droit international ». Le communiqué demandait l’annulation de cette décision. (ANF)

SYRIE. Saisies de logements dans le quartier d’Ouch Al-Warwar à Damas

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SYRIE – Le quartier à majorité alaouite d’Ish al-Warwar de Damas, est le théâtre de saisies d’habitations systématiques par des groupes armés, signale l’agence kurde ANHA qui site l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH ou SOHR). Le maire du quartier est accusé de collusion et de facilitation de saisies illégales de biens, déclenchant une vague de terreur et des déplacements forcés parmi les habitants, selon l’OSDH.

Des dizaines de familles vivant dans le quartier d’Ish al-Werwer, au nord-est de Damas, sont confrontées à des saisies systématiques de leurs maisons par des groupes armés. Le maire, originaire du quartier de Barzeh, est accusé de « collusion » avec ces groupes et de facilitation de saisies illégales de biens, selon un rapport de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Plus précisément, au moins 50 maisons ont été saisies dans un climat d’intimidation envers leurs habitants. Nombre d’entre eux ont été contraints de quitter leur domicile sous la menace d’une arrestation ou d’une détention par les autorités de Damas, accusés de « chabiha » ou de « participation à des crimes sous le régime baasiste », ce qui les rendait recherchés par la Sûreté générale.

D’autres ont rapporté que ceux qui tentaient de protester ou de revendiquer leurs droits étaient insultés et arrêtés, obligeant certains à quitter définitivement la zone.

Selon l’OSDH, la crainte de poursuites judiciaires, d’insultes ou d’arrestations pousse de nombreuses personnes à s’abstenir de déposer des plaintes officielles ou de révéler leur identité par crainte de représailles.

Dans le même contexte, les groupes qui s’emparent des propriétés justifient leurs actions en affirmant que les terrains sur lesquels se trouvent les maisons leur appartiennent ou qu’ils ont été confisqués par l’État. Or, la plupart de ces propriétés sont classées comme propriété de l’État ou en usufruit et ne disposent pas de documents officiels de propriété, ce qui facilite le processus de contrôle.

L’OSDH a ​​cité un habitant confirmant l’incapacité des habitants à affronter ces groupes armés. Il a souligné que nombre des éléments impliqués dans les saisies étaient des habitants du quartier qui avaient quitté le quartier pendant la guerre et y étaient revenus par la suite, imposant leur contrôle par la force des armes, en l’absence flagrante de tout contrôle légal et de toute responsabilité.

Ces violations reflètent un état de chaos juridique et un manque de responsabilité dans certains quartiers de la capitale, Damas, ce qui exacerbe les souffrances des habitants et sape leur confiance dans les efforts officiels visant à restaurer leurs droits ou à assurer un niveau minimum de sécurité et de stabilité dans leurs zones. (ANHA) 

L’Autorité de Damas entre idéologie et influence étrangère

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SYRIE / ROJAVA – La chercheuse en sociologie politique, Mais Kreidi a déclaré que la scène syrienne connaissait des transformations dangereuses, avec l’émergence d’une nouvelle autorité à Damas, qui suscite de nombreux doutes quant à sa nature et à sa structure réelle. Elle a souligné que cette autorité recèle de profondes contradictions, combinant « gangs extrémistes et groupes qualifiés de terroristes » d’un côté, et « soumission manifeste à la Turquie » de l’autre. Les analystes estiment qu’en raison des actions des autorités de Damas, la Syrie est plus proche que jamais de sombrer dans la guerre civile. Ils soutiennent que ce comportement découle de la position idéologique que ces autorités maintiennent, malgré leurs affirmations d’avoir tourné la page et changé de mentalité. La chercheuse en sociologie politique Mais Kreidi attribue cela à deux facteurs fondamentaux qui doivent être pris en compte lors de l’évaluation de la nature de la nouvelle autorité à Damas. La première : cette autorité inclut les « organisations désignées comme terroristes » qui lui sont venues en complément et qui font désormais partie de sa structure. La chercheur souligne que malgré les revendications de réforme, tant dans l’image que dans la rhétorique, « son histoire idéologique, sa trajectoire pratique et sa composition intellectuelle pointent toujours clairement vers son projet central : l’établissement d’un califat islamique ». Mais Kreidi estime que cette réalité « soulève de sérieux doutes quant aux intentions de cette autorité et la rend suspecte, notamment compte tenu de son historique de violence et d’exclusion. De ce point de vue, son aptitude à diriger une phase de transition est hautement discutable. Même si certaines parties pouvaient théoriquement être réhabilitées – ce dont je doute –, le processus serait long et complexe. » Le deuxième facteur, selon la chercheuse, réside dans les liens étroits de l’autorité avec les services de renseignement turcs. Elle a affirmé que l’actuelle autorité de Damas « agit uniquement selon les directives d’Ankara. Le niveau de dépendance a atteint un niveau de tutelle absolue, indéniable, notamment au vu de ses relations antérieures avec certaines agences de renseignement internationales ». Kreidi a conclu que nous sommes désormais confrontés à « une autorité caractérisée par un extrémisme idéologique et organisationnel d’un côté, et une loyauté totale envers une puissance étrangère – la Turquie – de l’autre. » Elle a souligné que cela « en fait davantage un outil d’exécution pour les projets de renseignement turcs qu’une entité nationale capable de construire un contrat social syrien inclusif. » Quant aux solutions, la chercheur en sociologie politique estime qu’elles « résident dans le retour aux résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 2254, pour assurer un processus de transition politique sous stricte supervision internationale, impliquant toutes les composantes de la société syrienne ». Elle a également appelé à une surveillance internationale incluant des commissions d’enquête et d’établissement des faits, notamment sur les crimes commis dans les régions côtières et à Soueida contre les communautés alaouite et druze, entre autres massacres. Elle a également souligné l’urgence d’un véritable soutien international à l’élaboration d’une nouvelle constitution garantissant la pleine participation et jetant les bases d’un État civil unifié. Elle a conclu en déclarant que « cette nouvelle autorité a apporté avec elle une vision totalitaire plus extrême que tout autre modèle autoritaire que la Syrie a connu dans son histoire moderne. » Via l’agence kurde ANHA

TURQUIE. Persécution d’une activiste politique et défenseure des droits des LGBTI+ jetée en prison

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TURQUIE – Asya Gökalp souffrant d’épilepsie a subi une intervention chirurgicale pour un cancer du cerveau de stade 2. Malgré cela, début mai, elle a été jeté en prison où elle subit le harcèlement de la part du personnel pénitentiaire et des détenues. Son crime ? Elle avait répondu à un fasciste turc qui qualifiait les Kurdes de « terroristes » qu’il devait s’agir plutôt de ceux qui font le salut des « Loups Gris » et qui terrorisent la population. Gökalp, membre de la commission LGBTI+ du Parti socialiste (SOLDEP), a été arrêté le 2 mai à Izmir et envoyé en prison suite à une décision du tribunal pénal de paix. Son arrestation est basée sur l’accusation d’« incitation à la haine et à l’inimitié » en qualifiant de terroristes les personnes qui font le « salut des loups gris » nationaliste et les ultranationalistes. L’avocat de Gökalp, Deniz Can Aydın, qui est également présidente du SOLDEP, a demandé sa libération immédiate, invoquant de graves problèmes de santé et des allégations de harcèlement en prison en raison de son identité de genre.

« Une honte juridique »

Décrivant le processus d’arrestation, Aydın a déclaré : « Ma cliente a été arrêtée à son domicile le 2 mai. La principale justification de son arrestation était la publication de plusieurs tweets sur les réseaux sociaux. Asya est une militante LGBTI+ connue et une socialiste, membre active du SOLDEP. De ce fait, elle a souvent été prise pour cible par le passé. » Aydın a soutenu que sa détention était une « honte juridique », expliquant que la loi applicable vise à prévenir les discours de haine religieuse ou linguistique dans le public et exige un « danger imminent et manifeste » pour s’appliquer. « Pour que l’arrestation soit légale, les propos en question doivent constituer une menace réelle et actuelle susceptible d’inciter à la criminalité. Ce n’est tout simplement pas le cas ici. »

Conditions carcérales

Il a également critiqué l’accusation elle-même, déclarant : « L’idée que les personnes faisant le salut des Loups Gris ou se présentant comme ultranationalistes constituent une classe sociale, et que les qualifier de terroristes constitue une incitation, est juridiquement absurde. C’est une interprétation forcée de la loi. » Aydın a exprimé des inquiétudes urgentes concernant la santé de Gökalp. « Cette accusation, au regard du Code pénal et de la loi sur l’exécution, ne justifie pas une peine purgée. Ma cliente a subi une intervention chirurgicale par le passé et suit toujours un traitement, directement lié à son épilepsie. Depuis son entrée en prison, elle n’a pas été placée dans un service permanent. Elle est actuellement dans une cellule temporaire surpeuplée de 16 personnes dans un espace prévu pour 10. Certaines dorment à même le sol. Les conditions sanitaires sont déplorables : canalisations bouchées et WC insalubres. » Il a ajouté que Gökalp avait eu une crise d’épilepsie peu après son arrivée à la prison, en raison du manque d’accès à ses médicaments et du mauvais environnement. Elle a été transportée à l’hôpital, a reçu un traitement par voie intraveineuse et ses ordonnances ont été renouvelées. « On lui avait dit qu’elle recevrait ses médicaments le soir même, mais la crise d’épilepsie qu’elle a subie à son arrivée a déjà révélé la gravité de son état. »

« Pourquoi n’as-tu pas de seins ? »

Aydın a également souligné des motivations politiques plus larges derrière l’arrestation, la liant à la déclaration du gouvernement de cette année comme « Année de la famille ». « Bien que l’affaire ait un caractère clairement politique, Asya est techniquement détenue pour des motifs judiciaires – et non en vertu de la législation antiterroriste – et est donc détenue avec d’autres personnes accusées de délits ordinaires », a-t-il déclaré. « Pourtant, certains membres du personnel pénitentiaire et détenus l’ont harcelée, lui demandant : « Pourquoi n’as-tu pas de seins ? », « Es-tu un homme ou une femme ? », « Es-tu lesbienne ? » » En conséquence, a déclaré Aydın, Gökalp a subi des mauvais traitements psychologiques et physiques. « Elle a été arbitrairement détenue pour une infraction non privative de liberté. La loi applicable a été appliquée à la hâte et sans fondement. Sa santé est gravement menacée. » Aydın a ajouté que son arrestation reflète une attitude de plus en plus punitive envers les personnes LGBTI+ dans le cadre des politiques gouvernementales actuelles. « Nous pensons que sa détention est directement liée à la campagne gouvernementale « Année de la famille ». Les récents changements de politique et les propositions de modifications législatives ciblent l’existence des personnes LGBTI+ d’une manière qui frise l’autoritarisme. Les militants LGBTI+ visibles comme Asya sont ciblés et sanctionnés. Cette mesure vise clairement à intimider la communauté LGBTI+ au sens large. Nous exigeons la libération immédiate d’Asya. » (Bianet)

TURQUIE. Un otage kurde emprisonné à 15 ans, libéré à 46 ans

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TURQUIE / KURDISTAN – Le prisonnier politique kurde, Yasin Dere n’avait que 15 ans quand il a été condamné à la perpétuité par un tribunal militaire en 1994. Il vient d’être libéré à l’âge de 46 ans, après 31 ans passés en prison… Yasin Dere a été libéré de la prison de haute sécurité de Van, où il a été détenu pendant 31 ans. Arrêté en 1994 dans le district de Gever à Colemêrg, Dere a été condamné à la réclusion à perpétuité par la Cour de sûreté de l’État (en turc: Devlet Güvenlik Mahkemesi, DGM) pour « atteinte à l’unité et à l’intégrité de l’État ». Dere, qui est entré en prison à l’âge de 15 ans et a été libéré à l’âge de 46 ans, a été accueilli par sa famille, les directeurs de l’Association Wan pour l’assistance aux proches des prisonniers et des condamnés (TUHAY-DER) et de l’Association pour l’assistance, la solidarité, l’unité et la culture pour les familles qui ont perdu leurs proches dans le berceau des civilisations (MEBYA-DER) à sa sortie de prison. Dere, qui a également participé à la grève de la faim initiée par la coprésidente du Congrès de la société démocratique (DTK), Leyla Güven, pour mettre fin à l’isolement imposé au leader du peuple kurde Abdullah Öcalan et à laquelle ont participé les prisonniers de toutes les prisons, a vu sa libération reportée une fois par le Conseil d’administration et de surveillance des prisons (İGK) pour 6 mois. Dere, qui a été détenu dans 8 prisons, a été libéré après avoir purgé 31 ans de prison.