ROJAVA. Les femmes mises à l’honneur au Festival Nûjîn
SYRIE / ROJAVA – Depuis quelques jours, la scène culturelle de Qamishlo accueille un événement cinématographique sans précédent en Syrie : le Festival des films féminins Nûjîn, l’une des plateformes d’expression artistique féminine les plus importantes de la région. Ce festival marque une étape importante dans l’émancipation des femmes au sein du septième art, le cinéma.
Depuis le 25 mai, la ville de Qamishlo, dans le nord-est de la Syrie, s’est transformée en un espace cinématographique dynamique célébrant le parcours créatif et personnel des femmes. Le festival présente 37 films et documentaires du Kurdistan, du Moyen-Orient, des États-Unis, d’Arménie et d’Europe. Jusqu’au 31 mai, le Festival du film de femmes de Nûjîn (en kurde: Mihrîcana Nûjiyan a Filmên Jinan) met en lumière les problématiques féminines, offrant des perspectives diverses sur leurs histoires sous des angles humains, politiques et sociaux, réaffirmant ainsi que les femmes ne sont pas seulement des protagonistes, mais aussi des auteures, des réalisatrices et des architectes de leur propre récit.
Pour la première fois en Syrie, un festival de cinéma féministe d’une telle ampleur et d’une telle diversité est organisé. Il marque un tournant culturel et témoigne de la montée en puissance de la voix des femmes dans le cinéma mondial, une voix qui cherche à redéfinir leur rôle dans l’industrie cinématographique et à leur garantir l’espace qu’elles méritent pour raconter leurs luttes, leurs rêves, leurs questionnements – et même leur silence, lorsqu’il devient une forme de résistance.
Le Festival Nûjîn (Nûjiyan Women Film Festîval), organisé par le collectif de cinéastes femmes Kêzî (dirigé par Sevinaz Evdike) en collaboration avec l’association du Cinéma des femmes du Rojava (Sîne Jin Rojava) et le Mouvement culturel des femmes du Rojava Hîlala Zêrîn, rejoint un réseau mondial croissant de festivals de cinéma dédiés au cinéma féministe :
Au Canada, le Female Eye Film Festival de Toronto, fondé en 2001, est l’un des plus anciens festivals à présenter exclusivement des films réalisés par des femmes. Il met l’accent sur les récits féministes et suscite des discussions approfondies sur les défis auxquels sont confrontées les femmes dans l’industrie.
En Europe, nous avons le Festival Elles Tournent (Dames Draaien), Brussels International Women’s Film Festival fondé en 2008 et qui met à l’honneur le travail de réalisatrices de tous horizons.
En Asie, le Women Make Waves Film Festival de Taïwan, fondé en 1993, présente des films abordant les questions féminines sous des angles locaux et internationaux. De même, le Seoul International Women’s Film Festival (fondé en 1997) constitue une plateforme incontournable pour les réalisatrices indépendantes, mettant en avant les thèmes de l’identité, du genre et de la discrimination.
En Afrique, le Festival du film féminin Ndiva au Ghana, lancé en 2017, célèbre la créativité des femmes sur le continent à travers des films qui explorent les récits féminins, les droits, les traditions et la violence sexiste.
Au Moyen-Orient, l’Égypte joue un rôle majeur avec le Festival international du film de femmes d’Assouan, fondé en 2017 et premier du genre en Haute-Égypte. Il vise à mettre en lumière les problématiques des femmes arabes et soutient les jeunes réalisatrices par le biais de projections et d’ateliers sur des thèmes tels que la violence, l’égalité et l’indépendance économique.
Au Caire également, le Fest Film Women Western Eastern propose une rencontre artistique entre l’Orient et l’Occident, présentant un éventail diversifié de perspectives féminines dans le but de favoriser les échanges et le dialogue culturels féministes.
Au Liban, le Festival international du film de femmes de Beyrouth, lancé en 2016 sous le slogan « Femmes pour le changement », a joué un rôle majeur dans la promotion des thèmes de libération et d’égalité. Le festival présente des films axés sur l’autonomisation des femmes et leurs défis quotidiens, et met à l’honneur les réalisatrices, les directrices de la photographie et les actrices.
De Qamishlo à Toronto, de Taipei à Beyrouth, les histoires de femmes convergent dans des festivals façonnés par leurs propres mains – des espaces de liberté qui reflètent leurs réalités, leurs ambitions et leur engagement envers le cinéma comme outil de transformation.
Dans un monde où de nombreux appareils photo sont encore tenus par des mains masculines, ces festivals offrent de nouveaux objectifs – des objectifs féminins – qui voient, racontent et créent avec authenticité et vision. (ANHA)
TURQUIE. Raids et arrestations à Dersim
TURQUIE / KURDISTAN – Ce matin, la police turque a mené des raids à Pertek (Pêrtag), dans la province kurde de Dersim, arrêtant au moins deux civils.
Il s’agit encore une fois d’arrestations politiques visant à intimider la société kurde qui lutte pour ses droits élémentaires.
SYRIE. Les prisonnières de guerre kurdes transférées en Turquie ?
SYRIE / ROJAVA – Hier, un échange de prisonniers qui devait avoir lieu entre le régime de Damas et les autorités kurdes à Alep a échoué car les prisonnières de guerre kurdes YPJ n’ont finalement pas été libérées. Il semblerait que ces dernières ont été transférées illégalement dans des prisons de la Turquie, comme on l’avait vu avec Çiçek Kobane qui fut condamnée à la réclusion à perpétuité pour « avoir détruit l’unité et l’intégrité de l’État turc et commis des meurtres » et qui subit des mauvais traitements.
Il faut que l’ONU et les organisations compétentes fassent pression sur la Turquie afin de libérer ces prisonnières de guerre d’un autre État emprisonnées illégalement sur le sol turc où elles subissent torture et mauvais traitements depuis des années.
Qui est Çiçek Kobanê ?
La combattante kurde des YPJ, Çiçek Kobanê a été capturée par les gangs de la Turquie en octobre 2019 lors de l’invasion de Serê Kaniyê, au Rojava, et fût transférée illégalement vers la Turquie où elle est emprisonnée depuis. La Cour de cassation turque a confirmé la peine de réclusion criminelle à perpétuité infligée à Çiçek Kobanê pour « avoir détruit l’unité et l’intégrité de l’État turc et commis des meurtres ».
La combattante des YPJ, Dozgin Temo (nom de guerre: Çiçek Kobanê) est tombée en captivité de la milice djihadiste Ahrar al-Sham à Ain Issa, dans le nord de la Syrie, en octobre 2019. Le groupe fait partie des troupes djihadistes turques par procuration et est impliqué dans l’invasion du Rojava. Après sa capture, la femme kurde de Kobanê, née à Raqqa, a été emmenée en Turquie. Depuis lors, elle est détenue dans une prison de haute sécurité de la province d’Urfa, à la frontière syrienne. Le 23 mars 2021, la combattante des YPJ a été condamnée à la réclusion à perpétuité car la jeune femme aurait « détruit l’unité et l’intégrité de l’État turc et commis des meurtres ».
La combattante des YPJ a non seulement été condamnée à la réclusion à perpétuité aggravée pour « trouble de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Etat turc » mais aussi à 10 ans et 10 mois de prison pour « meurtre délibéré ».
A l’époque, sur les photos et les vidéos de la capture de Çiçek Kobanê sont apparues sur les réseaux sociaux, dans lesquelles les gangs ont annoncé que la combattante serait exécutée. Ce n’est qu’après les protestations internationales qu’elle a été transférée en Turquie. Blessée par deux balles reçues au niveau des jambes, elle ne pouvait pas se tenir debout ni prendre soin d’elle au moment de sa capture, après quoi elle a été emmenée au département antiterroriste du siège de la police et placée dans une prison turque et ensuite condamnée à la prison à vie alors qu’elle garde des séquelles des balles reçues aux jambes et qu’elle est victimes de mauvais traitements…
SYRIE. Damas accusé d’avoir fait échouer l’échange de prisonniers prévu aujourd’hui
SYRIE – Le comité chargé de mettre en œuvre les termes de l’accord signé entre les autorités kurdes et celles de Damas à Alep a annoncé le report de la deuxième phase de l’échange de prisonniers qui été prévue aujourd’hui. Damas est accusé d’avoir fait saboter l’échange en refusant de libérer notamment les membres des Unités de protection des femmes (YPJ).
Ce retard est imputé à plusieurs raisons majeures, notamment le refus des autorités de Damas de libérer les combattantes des Unités de protection des femmes (YPJ), ainsi que d’autres détenues. Ce refus a été jugé comme une violation des dispositions fondamentales de l’accord, notamment de la clause relative à la libération totale des détenues – communément appelée « évacuation des prisons ».
Détails du report
Conformément à l’accord conclu entre le Conseil général des quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh et les autorités de Damas, qui prévoit la libération complète des détenus des deux parties, il était prévu que chaque camp libère des détenus aujourd’hui. Plus précisément, 285 prisonniers devaient être libérés par le Conseil et 161 personnes affiliées devaient être libérées par Damas dans le cadre de la deuxième phase d’échange.
Cependant, le comité de mise en œuvre a confirmé que l’échange a été retardé en raison du refus des autorités de Damas de libérer les détenues femmes membres des YPJ, violant ainsi l’une des dispositions centrales de l’accord.
Déclaration de la direction du Conseil
Dans une interview exclusive accordée à l’agence ANHA, Hevin Suleiman, coprésidente du Conseil général des quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh et signataire du projet d’accord, a déclaré que ce report résultait directement du refus des autorités de Damas de libérer les détenues YPJ. Elle a souligné que l’accord exigeait des deux parties la libération de toutes les prisonnières sous leur garde, et que le Conseil était pleinement préparé à remplir cette obligation.
Suleiman a également souligné que les autorités de Damas ont violé cette obligation en retenant de manière sélective des détenus spécifiques, en particulier des combattantes, et a affirmé qu’il n’y avait aucune justification légitime au non-respect des termes de l’accord.
« La raison de ce report est non négociable », a-t-elle déclaré. « Les autorités de Damas doivent procéder à l’évacuation de leurs prisons et garantir la liberté de tous les détenus, en premier lieu des combattantes des YPJ. »
L’avenir de l’accord
Interrogée sur l’avenir de l’accord, Suleiman a précisé que l’accord n’a pas été annulé et reste en vigueur, mais que sa mise en œuvre continue de se heurter à des obstacles importants – des obstacles qui, selon elle, sont systématiquement créés par les autorités de Damas.
Violation de la clause d’évacuation des prisons
Qahraman Bakr, responsable des Forces de sécurité intérieure et membre du comité chargé de la mise en œuvre de l’accord, a souligné que la clause 12 de l’accord appelle explicitement à « vider les prisons ».
« Nous avons mené à bien la première phase de l’échange deux jours après la signature de l’accord », a déclaré Bakr. « Grâce à la coordination entre les deux parties, la deuxième phase devait suivre. Cependant, les autorités de Damas ont perturbé le processus en refusant de libérer les détenues YPJ. »
Bakr a confirmé qu’en plus des membres des YPJ, il y avait d’autres détenus dont la libération avait également été bloquée par la partie de Damas.
Il a conclu : « Par ces actions, les autorités ont clairement violé l’accord. De notre côté, nous étions tout à fait disposés à remettre leurs détenus sans complications. Cependant, nous restons inébranlables dans notre exigence : la libération complète et inconditionnelle de tous les prisonniers doit être respectée. » ( ANHA)
« L’unité appartient au peuple kurde, aux femmes kurdes »
TURQUIE / KURDISTAN – Depuis ce matin, Diyarbakir accueille la première « Conférence des femmes parlementaires kurdes ».
La conférence de deux jours organisé par le Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad-TJA) se tient au Centre des congrès de Çand Amed sous le slogan « Démocratisons la politique, construisons une société démocratique » avec la participation des femmes parlementaires kurdes du Kurdistan, du Moyen-Orient et d’Europe.
Après une minute de silence, Gülcan Kaçmaz Sayyiğit, coprésidente de l’Initiative d’unité démocratique, a prononcé le discours d’ouverture de la conférence, en déclarant que:
« Certaines de nos amies ne peuvent pas y assister en raison des restrictions aux frontières et du refus de l’État d’autoriser leur entrée. Nous leur adressons nos salutations. J’adresse également mes salutations à Leyla Güven, Semra Güzel, Pakshan Azizi et à tous les autres amies qui poursuivent leur résistance en prison. »
Remarquant que les femmes et le peuple kurdes ont traversé des moments difficiles, Gülcan Kaçmaz Sayyiğit a poursuivi : « Les États-nations nous ont montré trois voies. Premièrement, ils ont divisé le peuple kurde en quatre. Deuxièmement, ils ont tenté de l’anéantir et de l’assimiler. Troisièmement, ils n’ont pas laissé les Kurdes se rassembler et former une unité. Cependant, aujourd’hui, nous, parlementaires kurdes, œuvrerons pour l’unité. Nous devons maintenir les déclarations et les décisions prises ici. Si nous le faisons, nous parviendrons à l’unité. La Troisième Guerre mondiale approche. Au milieu des difficultés et des luttes, la philosophie « Jin, Jiyan, Azadî » (Femme, Vie, Liberté) montre la troisième voie pour le Kurdistan et le Moyen-Orient. Tout comme les femmes kurdes s’expriment dans le monde entier avec la philosophie « Jin, Jiyan, Azadî », je suis convaincue que nos amis partageront leurs expériences ici et que de bonnes choses en sortiront. Dans ces conditions, de grands efforts sont déployés aujourd’hui dans les quatre parties. du Kurdistan et de la diaspora. Les femmes prouvent leur présence en politique. La résistance des femmes kurdes se poursuit et se poursuivra. »
Faisant référence à l’« Appel à la paix et à la société démocratique » lancé le 27 février par le leader kurde Abdullah Öcalan, Sayyiğit a déclaré : « L’appel de M. Öcalan a trouvé un écho dans le monde entier. Nous, les femmes, devons intensifier nos efforts pour parvenir à une société démocratique. Notre responsabilité est grande, mais notre foi et notre confiance le sont encore plus. »
Gülcan Kaçmaz Sayyiğit a conclu : « Nous devons nous en tenir aux décisions qui seront prises lors de cette conférence. Démantelons la mentalité d’État masculin et ses politiques. L’unité appartient au peuple kurde, aux femmes kurdes. Elle sera indéniablement réalisée. »
Après le discours d’ouverture, une présentation vidéo sur la lutte des femmes kurdes a été projetée. (ANF)
TURQUIE. Une cinéaste franco-kurde arrêtée pour « propagande terroriste »
ISTANBUL – La cinéaste, scénariste et féministe franco-kurde, Kudret Günes a été arrêtée par la police turque le mardi 27 mai. L’autrice du célèbre roman graphique « La Liberté dans le sang », racontant le combat d’une jeune femme ayant rejoint les YPJ, Küdret Günes est accusée de faire de la « propagande terroriste ».
Son camarade écrivain, Amar Benhamouche a lancé une pétition demandant la libération immédiate de Küdret Günes.
Amar Benhamouche a écrit au sujet de l’arrestation de Kudret Günes:
« Les régimes autoritaires ont l’intelligence en horreur. Ainsi combattent- ils les écrivains, les poètes, les artistes, toute voix subversive et indomptable, libre. Eux cajolent les soumis, les bigots, les timorés et les versatiles.
Ce mardi 27 mai 2025, la cinéaste, la scénariste, bédéiste et militante féministe Kudret Günes a été arrêtée par la police turque. Motif de cette arrestation : apologie du PKK. Or il se trouve que cette autrice est éloignée philosophiquement de la vision politique de cette organisation.
Cette énième arrestation péremptoire renseigne sur la continuité de la discrimination des kurdes en Turquie et sur le racisme d’état exercé à leur encontre. Nous appelons tous les acteurs culturels et animateurs de la vie culturelle dans le monde à signer cette pétition en guise de soutien à Kudret Günes et à tous les hommes et femmes de culture kurdes prisonniers ou persécutés. »
Pétition à signer ici: Pétition de soutien à Kudret Günes ( cinéaste, scénariste BD et militante féministe kurde)

Deux élues kurdes interdites d’entrer en Turquie
TURQUIE / KURDISTAN – Deux anciennes députées du Mouvement Gorran, Nasrin Jamal et Gulistan Saeed, ont été interdites d’entrée en Turquie au poste frontière avec la région du Kurdistan alors qu’elles se rendaient à la conférence de femmes députées kurdes organisée par DEM Parti et l’ONG féminine TJA à Diyarbakir (Amed).
Les deux femmes politiques ont déclaré : « Malheureusement, à notre arrivée et après des contrôles de passeport et une enquête, nous avons été détenues pendant deux heures, puis informés que, par ordre spécial d’Ankara, nous ne sommes pas autorisées à entrer sur le territoire turc, ni maintenant ni à l’avenir. »
FRANCE. Paris veut expulser une journaliste d’opposition turque
PARIS – La militante révolutionnaire et ancienne prisonnière politique de Turquie, Zehra Kurtay a été arrêtée le 26 mai 2025 alors qu’elle s’était rendue à la Préfecture de Créteil (94) concernant sa procédure d’asile politique. Elle a été arrêté et envoyée au Centre de Rétention Administrative d’Oissel en vue d’une expulsion vers la Turquie où elle risque la prison / torture / nouvelles persécutions judicaires. Elle a entamé une grève de la faim contre son arrestation.
Un Comite « Liberté Pour Zehra Kurtay » a été formé tandis que des militant.e.s de gauche et antifascistes kurdes, turcs et internationalistes mènent actuellement une campagne exigeant la libération immédiate de Zehra Kurtay, ancienne rédactrice en chef du média de gauche Kurtulus ayant passé 9 ans dans les geôles turques pour ses idées socialistes. En la livrant à la Turquie, la France violerait la Convention de Genève de 1951, l’article 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, la Convention des Nations Unies contre la torture, ainsi que la jurisprudence établie de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui interdisent strictement l’expulsion d’une personne vers un pays où elle risque d’être soumise à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants.
#FreeZehraKurtay #LibertéPourZehraKurtay
Quelques précisions sur la future université kurde d’Allemagne
ALLEMAGNE – Actuellement, il y a de nombreuses informations erronées circulant sur les réseaux sociaux au sujet de la future Université kurde d’Allemagne qui devrait ouvrir ses portes en automne 2025.
La Plateforme européenne de la langue kurde (PZK-E) a publié une déclaration pour clarifier la désinformation circulant sur les réseaux sociaux concernant l’Université kurde multilingue actuellement en cours de création en Allemagne.
La plateforme a annoncé la création officielle de l’université, dont les langues d’enseignement sont le kurde, l’allemand et l’anglais. L’objectif est d’accueillir ses premiers étudiants à la rentrée 2026.
Selon Lezgin Botan, porte-parole du PZK-E, l’université sera implantée à Dresde et proposera des formations dans des domaines tels que la langue, la culture et l’histoire kurdes, ainsi que la littérature, l’histoire, la sociologie, les arts et la culture, et la technologie. L’université sera connue sous l’abréviation IKHS.
Le recteur de l’université est le professeur Christoph Scholz, et l’établissement compte actuellement une équipe de dix professeurs et un conseil d’administration de onze membres. Il a été noté que des dizaines de candidatures ont déjà été soumises par des universitaires souhaitant rejoindre le corps professoral.
La plateforme a souligné que toutes les mises à jour et informations officielles sur l’université doivent être suivies uniquement via ikhs.de, avertissant le public de ne pas faire confiance au contenu spéculatif sur les réseaux sociaux.
L’université devrait organiser son ouverture officielle avec une réception en 2026. Une campagne de dons sera également lancée prochainement et une réunion complète avec le personnel académique est prévue pour septembre. (ANF)
« Si chacun reçoit une éducation dans sa langue maternelle, on peut parler de fraternité »
TURQUIE / KURDISTAN – Le linguiste Zana Farqînî a déclaré que le kurde est en danger d’extinction même si les politiques actuelles sont abandonnées, ajoutant que l’État avait une dette envers les Kurdes longtemps interdits de parler leur langue maternelle. « Il devrait faire une discrimination positive pour que cette langue [kurde] ne disparaisse pas. »
Suite à l’appel à la paix et à la société démocratique lancé par le leader du peuple kurde Abdullah Öcalan, les discussions sur la solution de la question kurde se poursuivent. L’une des principales revendications des Kurdes est que le kurde soit la langue officielle et la langue d’enseignement. Les associations et organisations opérant en langue kurde organisent également depuis un certain temps diverses actions et événements répondant à des revendications similaires.
La linguiste Zana Farqînî a souligné que la mentalité qui considère le kurde comme une menace doit changer. Farqînî a souligné que la Turquie était construite sur « l’unité » et a noté que les langues, les cultures et les identités autres que le turc étaient interdites.
Farqînî a souligné les pressions constantes exercées sur le kurde, déclarant : « Dans les administrations et les services publics, cette langue n’est pas utilisée. Depuis plus de 100 ans, la mentalité en Turquie repose sur cette unité et il existe une intolérance envers les langues autres que le turc. Les concerts kurdes sont toujours interdits. Les théâtres kurdes, tout ce qui touche aux Kurdes, ne peuvent être libérés des interdictions et des obstacles. » Farqînî a souligné que malgré toute l’oppression, les Kurdes ont revendiqué leurs droits de manière plus organisée, en particulier au cours des 40 dernières années.
Insister sur le monolinguisme provoque des conflits
Faisant référence à l’existence de pays multilingues dans le monde, Farqînî a déclaré : « Ils se basent sur le pluralisme. Mais comme ce pays est fondé sur le monisme depuis le jour de sa fondation, lorsque les droits et la liberté des Kurdes ou les langues d’autres peuples sont évoqués, ils commencent à dire : « Notre pays sera déchiré, comment allons-nous nous comprendre ? » Cependant, comme cette idée fausse est ancrée dans leur esprit depuis le début, ils ressentent cela. Il existe aussi du pluralisme dans le monde, du multilinguisme et du multiculturalisme. C’est la richesse de la société, elle ne la détruit pas. L’État doit se construire et se structurer sur la sociologie de la société. Il doit se renouveler en accord avec cette réalité. Lorsque l’attention est attirée sur le pluralisme, ils disent : « Non, nous ne serons qu’une seule couleur » lorsque leurs inquiétudes et leurs craintes sont exprimées. Cependant, l’insistance sur le monisme provoque des troubles, des réactions et des conflits. »
Attirant l’attention sur les développements consécutifs à l’appel d’Abdullah Öcalan, Farqînî a déclaré : « On parle désormais d’un nouveau processus, d’un changement de paradigme. J’espère que cette situation perdurera, que les citoyens pourront désormais exprimer leurs idées sans crainte et utiliser tous les moyens démocratiques et pacifiques pour défendre leurs droits et leurs libertés. L’État devrait également abandonner son ancien concept et aborder ces revendications selon le nouveau processus. L’État devrait considérer la lutte démocratique comme un droit et ouvrir la voie, et les citoyens devraient pouvoir s’organiser librement et exister. Il devrait également pouvoir se prononcer en faveur d’un système démocratique, multilingue, multiculturel et socialement diversifié, compatible avec la sociologie du pays. »
La langue kurde doit avoir un statut légal

Farqînî a souligné que l’idée selon laquelle « s’il retrouve ses droits et sa liberté, mes droits et mes libertés seront perdus » ne sert pas la paix. Farqînî a déclaré : « Si les gens continuent d’exister avec leur propre identité, la paix et la tranquillité sociales y règneront. Les membres de cette société vivent en paix les uns avec les autres. La couleur et l’identité de chacun sont considérées comme un droit. Les gens sont très tolérants. Chacun considère la langue, l’identité et la couleur de l’autre comme un droit fondamental. L’usage du kurde, son statut et son statut de langue d’enseignement, ainsi que les services en kurde dans les institutions publiques ne constituent jamais un obstacle à la langue turque. Lorsque la société prend sa décision, lorsqu’elle déclare : « Nous voulons vivre ensemble et dans l’égalité des droits », lorsqu’elle accepte l’existence de chacun, elle peut vivre ensemble sans problème. Mais si l’un nie les droits de l’autre, une véritable démocratie fondée sur le déni, une société démocratique, ne peut se construire. »
« L’État devrait pratiquer une discrimination positive »
Avertissant que le kurde est menacé de disparition même si les politiques actuelles sont abandonnées, Farqînî a déclaré : « L’État a une dette ; il devrait pratiquer une discrimination positive pour que cette langue ne disparaisse pas. Si chacun connaît la langue de l’autre, la valorise et se considère avec cette perspective, alors la paix et la paix linguistique seront instaurées. Si nous nous disons frères, que se passera-t-il si l’un des frères ne connaît pas la langue de l’autre, ne la reconnaît pas comme un droit fondamental ? Si un frère dit : « Laisse ta langue, prends la mienne, voyons-nous comme des frères », ce sera une fausse fraternité. Une véritable fraternité sera instaurée, fondée sur les droits et la justice. Si la langue est reconnue, si chacun reçoit une éducation dans sa langue maternelle, considère l’autre comme un peuple et reconnaît tous les droits qui découlent de l’appartenance à un peuple, alors nous pourrons parler d’une véritable fraternité. »
« L’État doit prendre des mesures convaincantes »
Farqînî a déclaré : « Si un nouveau paradigme doit être créé, il ne doit pas évoquer celui d’il y a cent ans. Un nouveau paradigme doit être adapté aux conditions et aux circonstances de ce processus, afin que l’État devienne de plus en plus au service de la société, qu’il devienne démocratique et que la société le devienne également. Si des lois sont créées en fonction de cette réalité et que des mesures sont prises dans ce cadre, un climat de confiance s’instaure. La confiance se développe au sein de la société grâce aux mesures sincères prises. Autrement dit, l’État doit prendre des mesures convaincantes pour que le peuple croie en ce processus. Les Kurdes ont pris des mesures pour ce processus, l’État doit maintenant prendre des mesures qui inspirent confiance. »
Soulignant que chacun devrait parler sa langue maternelle et recevoir une éducation, Farqînî a poursuivi : « Les familles devraient pouvoir parler leur langue maternelle à leurs enfants sans aucune inquiétude. Intellectuels, universitaires, artistes, hommes politiques, bref, tous les Kurdes devraient protéger leur langue, leur culture et leur identité. Car la langue est le signe fondamental de l’existence d’un peuple. Les parents kurdes, les intellectuels et ceux qui dirigent les Kurdes doivent savoir que leur langue prime sur toute autre langue. Abandonner sa langue et passer à une autre est assimilation et catastrophe. » (Agence Mezopotamya)