TURQUIE. Réunion des femmes des gouvernements locaux kurdes

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TURQUIE / KURDISTAN – Aujourd’hui, les femmes élues du parti politique kurde DBP* et DEM Parti sont réunies à Diyarbakir (Amed) pour discuter autour de la gouvernance locale dans les régions kurdes de Turquie.
 
La réunion des femmes des gouvernements locaux a démarré par le discours de la co-maire de la municipalité métropolitaine d’Amed, Serra Bucak.
 
 
La coprésidente du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM Parti), Tülay Hatimoğulları, et la coprésidente du Parti des régions démocratiques (DBP), Çiğdem Kılıçgün Uçar, ont également assisté à la réunion des femmes des gouvernements locaux d’aujourd’hui qui a lieu au centre des congrès Çand Amed.
 
BUCAK : LES FEMMES SONT LE SUJET DE LA CONSTRUCTION
 
La co-maire de la municipalité métropolitaine d’Amed, Serra Bucak, qui a prononcé le discours d’ouverture de la réunion, a déclaré que les femmes sont des pionnières dans la construction d’une société démocratique. Serra Bucak a déclaré : « C’est pourquoi nous savons que vous poursuivez votre travail dans tous les domaines de service avec cette perspective. Il n’a pas été facile pour nous, les femmes, d’en arriver là aujourd’hui. Nous avons des camarades qui ont payé le prix de cette journée, qui ont perdu la vie, qui sont toujours en prison ; nous les commémorons. »
HATİMOĞULLARI : NOUS DEVONS PROTÉGER TOUS LES ÊTRES VIVANTS
 
La coprésidente du parti DEM, Tülay Hatimoğulları, a déclaré qu’ils discuteraient des pratiques municipales sur un an. Tülay Hatimoğulları a déclaré : « Les femmes sont la vie, la vie est l’autogouvernance. Il est du devoir commun des femmes de gérer leur vie, d’organiser une culture de la vie en tenant compte de toutes les différences de la société, à commencer par la leur, et de veiller à ce que la notion de liberté pénètre profondément toutes les cellules de la société. Dans cette société et dans le monde, dans cette ville, nous ne vivons pas seules. Les autres êtres vivants aussi. »
 
Tülay Hatimoğulları a déclaré qu’ils essayaient de mettre en œuvre une pratique qui protège tous les êtres vivants avec une approche de municipalité de libération des femmes.
Les détails arrivent…
*En turc: Demokratik Bölgeler Partisi; en kurde: Pârtıyâ Heremen Demokrâtîk

SYRIE. Les produits turcs envahissent le marché syrien, mettant en danger l’industrie locale

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SYRIE – L’augmentation de 48 % des exportations turques vers la Syrie au cours des premiers mois de 2025 révèle un déséquilibre commercial croissant, annonçant un afflux potentiel de produits turcs sur le marché syrien, rapporte l’agence kurde ANHA, ajoutant que « cette tendance constitue une grave menace pour l’industrie locale et aggrave la dépendance économique de la Syrie, notamment en l’absence de politiques protectionnistes efficaces ». Albert Einstein aurait dit un jour : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent » Cette phrase décrit parfaitement l’approche des autorités actuelles de Damas, qui persistent à répéter les politiques économiques désastreuses du régime précédent, notamment en ce qui concerne les relations commerciales avec la Turquie. Pas plus tard qu’hier, l’Assemblée des exportateurs turcs a annoncé que les exportations turques vers la Syrie ont augmenté de 48 % au cours des quatre premiers mois de 2025. Cette évolution rappelle la période d’avant 2011, lorsque le régime de Bachar al-Assad autorisait les marchandises turques à entrer en Syrie en franchise de droits, renforçant ainsi une dépendance commerciale qui nuisait auparavant à l’industrie locale. Selon les observateurs économiques, les données actuelles indiquent clairement un afflux intentionnel de produits turcs importés sur le marché syrien, alors que l’économie syrienne souffre d’un grave effondrement structurel. Cette poussée des importations au détriment de la production nationale ne témoigne pas seulement d’un déséquilibre commercial ; elle constitue une menace directe pour la souveraineté économique. Elle aggrave le déficit commercial, exerce une pression à la baisse sur la livre syrienne et renforce la dépendance à l’égard de l’économie turque, dont l’influence ne cesse de croître dans le paysage économique syrien. Les conséquences vont au-delà des statistiques. L’industrie syrienne perd progressivement son avantage concurrentiel, les opportunités d’emploi s’amenuisent et la base productive nationale se contracte. Cette situation se produit en l’absence d’infrastructures financières adéquates, de cadres logistiques adaptés et de politiques protectionnistes sérieuses. À moyen terme, le marché syrien se transforme en un débouché de consommation subordonné, servant des intérêts extérieurs au détriment de la reprise intérieure. Sans vision économique indépendante, mécanismes de surveillance stricts et outils de protection douanière efficaces, les autorités de Damas continuent de glisser vers un modèle fragile, dépourvu de base de production nationale et d’industrie résiliente. Cette situation contraste fortement avec le nord et l’est de la Syrie, où l’on privilégie une économie communautaire et autosuffisante. (ANHA)

TURQUIE. Öznur Değer : Je continuerai à pratiquer le journalisme

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TURQUIE / KURDISTAN – La directrice de l’information de l’agence féminine kurde JINNEWS, Öznur Değer, a été libérée après la première audience de son procès. A sa sortie de la prison, la jeune femme a déclaré qu’elle continuerai à pratiquer le journalisme. La directrice de l’information de JINNEWS, Öznur Değer, a été accueillie avec par ses amis et sa famille devant la prison. La directrice de l’information de JINNEWS, Öznur Değer, qui a été battue et détenue lors d’un raid sur la maison de sa famille dans le district de Qoser (Kızıltepe) à Mêrdîn le 7 février et arrêtée le même jour pour « propagande pour une organisation terroriste », a été libérée lors de la première audience tenue à la 2e Cour pénale de Mardin. Suite à la décision de libérer Öznur Değer, elle a été accueillie depuis la prison de type T d’Erzingan où elle était détenue par l’Association des femmes journalistes de Mésopotamie (MKG), l’Association des journalistes de Dicle Fırat (DFG), le Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinen Azad- TJA), ses collègues et amis. « La presse libre ne peut être réduite au silence » Öznur Değer, qui a prononcé un bref discours ici, a exprimé sa joie douce-amère et a rappelé que ses amis étaient toujours en prison. Elle a déclaré : « Désormais, je continuerai à pratiquer le journalisme de paix auquel je me suis consacrée ces cinq dernières années, avec une responsabilité encore plus grande. Je continuerai à œuvrer pour le journalisme de paix auprès des prisonniers gravement malades qui restent incarcérés, et auprès de tous ceux qui luttent pour la paix. Comme nous le disons depuis des années, la presse libre n’a jamais gardé le silence. Elle ne l’a pas fait depuis les années 1990. Elle a crié, écrit, filmé et continué à s’acquitter de ses devoirs et responsabilités. Je respecterai l’héritage que m’ont légué ceux qui m’ont précédée. La presse libre ne peut être réduite au silence. »   

IRAN. Vague d’exécutions de prisonniers à travers l’Iran

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IRAN / ROJHILAT – Ces derniers jours, on assiste à une recrudescence d’exécutions de prisonniers à travers l’Iran, signalent les défenseurs des droits humains. L’ONG kurde, Hengaw rapporte que les prisonniers Mohammad Amin Kolsoomi (11 mai), Jafar Ghorbani (15 mai), Saeed Kashani (21 mai) et Meysam Khazaei (20 mai) ont été exécutées dans les prisons centrales de Hamedan, Ispahan et Qom. Tous avaient été reconnus coupables de meurtre intentionnel ou de délits liés à la drogue. Toujours selon Hengaw, plusieurs prisonniers, dont de nombreux kurdes, baloutches et d’afghans, ont été exécutés ces derniers jours. Voici quelques-unes des exécutions qui ont lieu en Iran récemment: Alireza Zarei, 29 ans, de Shiraz, et Mosib Farhadi, 27 ans, de Sari, ont été exécutés le matin du lundi 19 mai 2025, à la prison centrale de Shiraz. Les prisonniers Abduljabbar Jamalzi (19 mai), Ahmad Bani Asad (17 mai), Aleem Barahoee (21 mai) et Jahanshah Afshari (21 mai) ont été exécutés respectivement dans les prisons de Bandar Abbas, Borazjan et Ghezel Hesar. Ils avaient été condamnés à mort pour meurtre avec préméditation ou infractions liées à la drogue. Un des prisonniers kurdes exécutés récemment est Yousef Esmaeili. Il a été exécuté à la prison centrale de Bandar Abbas suite à une condamnation par la justice iranienne pour transport d’acide. Selon les informations obtenues par Hengaw, l’exécution a eu lieu à l’aube du mardi 20 mai 2025. Esmaeili, âgé de 38 ans, était père de deux enfants. Il avait été condamné à mort pour le transport présumé d’acide de la ville portuaire de Genaveh à Sardasht. Des sources de Hengaw ont rapporté qu’Esmaeili avait été condamné sans que son dossier ait été examiné par la Cour suprême et sans que lui ou sa famille ne soit officiellement informé du verdict, ce qui constitue une violation de la procédure régulière en vertu du droit iranien et des normes internationales relatives aux droits de l’homme. Durant ses trois années de détention, Esmaeili s’est vu refuser le droit de recevoir des visites familiales. Deux jours avant son exécution, sa famille a été convoquée à la prison pour une dernière visite, sans être informée qu’il s’agirait de leur dernière chance de le voir. Les prisonniers baloutches, Jaber Shahkaramzehi et Alim Barahouei ont été exécutés le même jour respectivement dans les prisons centrales d’Ispahan et de Ghezel Hesar (Karaj). Les deux hommes avaient déjà été condamnés pour des accusations liées au trafic de drogue. (Hengaw)

ROJAVA. Décès de l’artiste kurde Ciwan Hesen

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SYRIE / ROJAVA – L’artiste kurde originaire d’Afrin, Ciwan Hesen est décédé dans un hôpital d’Alep. L’artiste de 45 ans avait été brûlé vif dans l’explosion d’une bouteille de gaz à son domicile dans la ville d’Amuda survenue le mardi dernier.   L’artiste Ciwan Hesen a été brûlé vif dans l’explosion d’une bouteille de gaz à son domicile dans la ville d’Amuda mardi. Selon Rudaw, sa famille l’a emmené dans un hôpital d’Alep pour y être soigné. Son estomac a été brûlé à 95 pour cent. L’artiste kurde est décédé aujourd’hui à l’aube à l’hôpital d’Alep à l’âge de 45 ans. Ciwan Hesen est né en 1980 dans la ville d’Afrin. Ciwan Hesen, comme de nombreux artistes et intellectuels d’Afrin et la majorité des habitants de la région, avait fui sa ville vers la région de Shehba après les attaques armées turques et syriennes. Mais l’année dernière, il s’est installé avec sa famille dans la ville d’Amuda. L’artiste Ciwan Hesen est un artiste bien connu dans la région d’Afrin et a créé de nombreuses chansons et clips sur Afrin. (Rudaw)

CULTURE. Concert kurde à Paris

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PARIS – La quatrième édition du Festival culturel kurde de Paris s’achèvera demain soir par un concert* exceptionnel avec le groupe KOMA MA et la chanteuse Nûarîn qui nous feront voyager vers le Kurdistan le temps d’une soirée musicale haute en couleurs.  Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) vous invite au concert final de la quatrième édition du Festival culturel kurde de Paris organisé en collaboration avec la Fondation Danielle Mitterrand, la Mairie de Paris, la Mairie du 10e arrondissement, la Mairie de Montreuil, l’Association de Solidarité France-Kurdistan, l’Institut de Réflexion et d’Études sur le Kurdistan (IREK) et l’association Arts et Culture du Kurdistan (ACK).   *Concert final du Festival culturel kurde de Paris
 
La clôture du Festival culturel kurde de Paris s’annonce comme un moment exceptionnel, avec un grand concert mettant en lumière des artistes kurdes renommés, issus de traditions musicales variées.
 
 
Cette année, nous avons l’honneur d’accueillir le collectif Koma Ma, venu tout droit d’Amed, au cœur du Kurdistan, ainsi que la chanteuse Nûarîn, une figure bien connue du public kurde en Europe.
 
 
Ce sera une occasion unique de célébrer la richesse culturelle de la communauté kurde à travers un spectacle musical mémorable. Venez nombreux pour vivre cette expérience inoubliable et vous laisser emporter par la passion et l’énergie de ces artistes talentueux !
 
 
Koma Ma, pilier du centre *Ma Music*, fait résonner la richesse des dialectes kurdes, transformant les mélodies traditionnelles en créations résolument modernes. Leur musique, à la fois enracinée et avant-gardiste, dessine un pont entre les siècles passés et notre époque contemporaine.
 
Dans un contexte où l’expression culturelle kurde fait face à l’oppression, Koma Ma incarne une résistance artistique vibrante. Leur engagement se manifeste par la préservation méticuleuse des instruments traditionnels et la défense passionnée d’un patrimoine musical trop souvent réduit au silence.
 
 
Leur parcours scénique, déjà marqué par des prestations électrisantes à travers plusieurs pays, témoigne de leur pouvoir rassembleur. Avec trois singles percutants accompagnés de clips évocateurs, et de multiples collaborations artistiques à leur actif, le groupe ne cesse d’élargir son horizon musical.
 
 
Aujourd’hui, l’aventure se poursuit avec l’élaboration minutieuse de leur premier album, annonçant un nouveau chapitre de leur odyssée artistique. Une occasion unique de découvrir l’évolution d’une formation qui réinvente sans cesse l’âme de la musique kurde.
 
 
Nûarîn, chanteuse kurde mêlant tradition et modernité, est une artiste émergente reconnue pour ses performances émouvantes et sa capacité à transmettre l’âme de son peuple à travers une musique puissante et intemporelle.
 
 
Originaire de Mardin, elle s’est forgé un style unique en puisant dans les mélodies ancestrales du stran (chant) tout en explorant des influences modernes. Sa voix captivante et ses paroles poétiques touchent un large public, qu’elle invite à découvrir les richesses de la culture kurde.
 
 
À l’occasion du grand concert final de la 4e édition du Festival culturel kurde de Paris, Nûarîn promet une prestation inoubliable. Ne manquez pas cette artiste au talent authentique et à l’émotion sincère.
 

Appel aux artistes kurdes / Bang li hunermendên Kurd

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BRUXELLES – (Annonce en français, kurde et anglais) Vous êtes peintre, sculpteur/trice, photographe, ou travaillez avec d’autres supports créatifs ? Vous avez une œuvre qui raconte l’histoire, la culture et la beauté du Kurdistan ?
 
Nous recherchons des artistes kurdes pour participer à une exposition dans un espace à Bruxelles, où l’art kurde et la gastronomie traditionnelle se rencontreront. Un événement où les saveurs du Kurdistan se marient avec l’expression artistique pour célébrer la richesse de l’héritage kurde.
 
Envoyez-nous un message en MP ou un email: artymeyernath@gmail.com
 
 
Bang li hemû hunermendên Kurd !
 
Tu wênesaz, peykersaz, fotografeî, an tu bi medyayên afirîner ên din re dixebitî? Berhemeke te heye ku çîrok, çand û bedewiya Kurdistanê vedibêje?
Em li hunermendên Kurd digerin da ku beşdarî pêşangehekê bibin li Brukselê, ku hunera Kurdî û gastronomiya kevneşopî dê li wir bicivin. Çalakiyek ku tê de çêjên Kurdistanê bi derbirîna hunerî re dibin yek da ku dewlemendiya mîrata Kurdî pîroz bikin.
 
Ji me re e-mail bişînin: artymeyernath@gmail.com
 
 
 
Calling all Kurdish artists!
 
Are you a painter, sculptor, photographer, or someone who works in other creative mediums? Do you have a work that tells the story, culture, and beauty of Kurdistan?
We are looking for Kurdish artists to participate in an exhibition in a space in Brussels, where Kurdish art and traditional gastronomy will meet. An event where the flavors of Kurdistan blend with artistic expression to celebrate the richness of Kurdish heritage.
Send us a private message or artymeyernath@gmail.com
 
#ArtKurde #ExpositionBruxelles #Kurdistan #culturekurde
 
#KurdishArt #ExhibitionBrussels #KurdishCulture

Qu’est-ce qui pousse l’État turc à adopter une stratégie de « fraternité » avec les Kurdes ?

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Le monde, et en particulier le Moyen-Orient, est en mutation, et les Kurdes se préparent à l’avenir dans cette période critique. Ce faisant, ils tentent d’abord de nettoyer un terrain miné. Conscients des grands dangers, ils s’efforcent de construire un nouveau contrat social, non seulement pour les peuples de la région, mais aussi pour les forces progressistes du monde entier. C’est pourquoi il est essentiel d’éviter les approches simplistes et superficielles pour comprendre les enjeux actuels.

Depuis l’appel historique du dirigeant kurde Abdullah Öcalan, le 27 février, en faveur de la « paix et d’une société démocratique », une nouvelle phase a débuté en Turquie. La direction qu’elle prendra reste encore floue, mais les signaux en provenance d’Ankara indiquent que l’État turc n’a plus d’autre choix que de faire la paix avec les Kurdes. Les bouleversements régionaux et mondiaux remettent en question les frontières artificielles établies pendant la Première Guerre mondiale.

UN BESOIN DE NOUVEAU CONTRAT SOCIAL

En prison sur l’île d’Imrali depuis 1999, Öcalan analyse les évolutions régionales et mondiales en profondeur et effectue des mouvements stratégiques déterminés, tels des coups sur un échiquier. Dans son dernier message du 18 mai, il souligne la nécessité d’un nouveau contrat social entre Kurdes et Turcs.

« Il faut un nouveau contrat basé sur le droit de la fraternité. Ce que nous faisons représente un changement de paradigme majeur », a-t-il déclaré. Constatant que la relation fraternelle a été rompue, Öcalan a ajouté : « Nous nettoyons un à un les pièges et les mines qui ont détérioré cette relation ; nous réparons les routes et les ponts endommagés. »

Lors de son 12ᵉ congrès, qui s’est tenu du 5 au 7 mai, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a décidé de se dissoudre. Bien que cela puisse être interprété comme un simple abandon de la lutte armée, la stratégie d’Öcalan de « nettoyage des mines » vise en réalité à faire en sorte que l’État turc ne soit plus perçu comme une menace pour les Kurdes. En d’autres termes, ce processus vise également à désarmer l’État turc face aux Kurdes.

Une telle période de transformation historique comporte aussi de grands dangers, comme l’ont démontré les deux guerres mondiales. C’est pourquoi il est crucial de neutraliser des « mines » telles que le racisme, le colonialisme et l’hostilité, ce qui requiert un effort considérable et une profondeur stratégique.

DEUX CHEMINS DEVANT LA TURQUIE

Les récentes déclarations des responsables turcs indiquent que le pays est à un tournant historique. Le 20 mai, le président de l’Assemblée nationale, Numan Kurtulmuş, a évoqué l’effondrement des structures étatiques au Moyen-Orient et souligné que la Turquie n’avait que deux options : « Soit nous serons déchirés, soit les peuples de Turquie — Turcs et Kurdes — s’uniront pour contrer ce projet impérialiste. Nous avons choisi cette voie et nous continuerons à l’emprunter. »

Le 22 mai, Tuncer Bakırhan, coprésident du Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM), principal parti représentant les Kurdes, a tenu un discours dans le même sens.

UN TOURNANT CRITIQUE AU MILIEU D’ÉVÉNEMENTS BRÛLANTS

Bakırhan a attiré l’attention sur les développements au Moyen-Orient, décrivant une situation « brûlante ».

Voici les points clés de son discours :

Un nouveau monde, un nouveau Moyen-Orient est en train de naître. À l’approche de la mi-2025, la politique mondiale et le Moyen-Orient cherchent une nouvelle orientation. L’Ukraine est en feu, Gaza saigne sous les attaques israéliennes. L’Irak est dans l’incertitude, la Syrie en ruines.

Dans ce Moyen-Orient, où les tensions sont multiples, notamment avec les attaques israéliennes et les politiques sécuritaires, l’Iran occupe une place centrale.

Des événements majeurs nous concernent tous. Le Moyen-Orient est redessiné par la guerre, avec les pays du Golfe en tête. Les anciennes alliances s’effondrent, de nouvelles se forment. Une nouvelle diplomatie et de nouvelles politiques sécuritaires sont en train d’émerger, avec en toile de fond les corridors énergétiques et les équilibres de pouvoir.

Dans ce contexte, il semble que ceux qui ne se transforment pas ne pourront survivre. Tout ce qui est rigide semble voué à se dissoudre. Il est crucial de reconnaître cette réalité.

La décision historique du PKK de se transformer découle d’une lecture de ces dynamiques mondiales. Il cherche à se frayer un nouveau chemin dans la tempête géopolitique qui secoue la Turquie, le Moyen-Orient et le monde.

À ce stade, deux options s’offrent à nous : soit la crise et le chaos se poursuivront, soit la Turquie pourra avancer sur une voie de paix. Nous sommes précisément à ce carrefour critique.

Nous faisons face à un choix historique : soit nous reconstruisons les relations turco-kurdes sur des bases démocratiques, soit nous serons emportés dans le scénario catastrophe du Moyen-Orient.

Dans son dernier message, M. Öcalan a une fois de plus insisté sur la nécessité d’un nouveau contrat et d’un droit de fraternité. Ce sont là les clés de notre avenir. Ce contrat n’est pas un simple document, mais un engagement sociétal. L’avenir démocratique de la Turquie ne peut se construire qu’à travers un tel contrat social.

La fraternité dont parle Öcalan repose sur l’égalité en droits. C’est la garantie d’une vie commune et démocratique.

Nous devons utiliser un langage de partage, pas de polémique. Un langage d’inclusion, pas d’exclusion. Un langage d’unité, pas de division. Une nouvelle ère commence.

Maxime Azadî

TURQUIE. Une journaliste kurde dit avoir été emprisonnée dans le cadre d’un acte de représailles à motivation politique

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TURQUIE / KURDISTAN – La journaliste kurde, Öznur Değer a déclaré qu’elle n’avait pas été ciblée en raison de sa profession, mais parce qu’elle était une femme. Actuellement détenue à la prison fermée pour femmes d’Erzincan, la journaliste Öznur Değer est poursuivie en justice pour ses publications sur les réseaux sociaux. Dans l’acte d’accusation, les journalistes Nazim Daşdan et Cihan Bilgin assassinés par un drone turc au Rojava sont mentionnés comme étant « membres de l’organisation [PKK] », et une photo de son frère, Abdulselam Değer (Kendal Qoser), a été utilisée comme preuve contre elle. L’audience, prévue demain, devrait attirer l’attention de nombreux observateurs, notamment l’Association des femmes journalistes de Mésopotamie (MKG), l’Association des journalistes Dicle Fırat (DFG), l’Association des droits de l’homme (IHD), l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD) et bien d’autres. Dans un message envoyé avant l’audience, la journaliste Öznur Değer a décrit son arrestation et ses poursuites comme un acte de représailles à motivation politique et a déclaré : « Cette affaire appartient à chaque journaliste qui défend la lutte des femmes et la dignité professionnelle. À une époque où les femmes sont prises pour cible dans tous les domaines de la vie et soumises à toutes les formes de violence masculine, défendre une position de principe en tant que femme est essentielle pour toutes les femmes. J’ai été arrêtée non pas en raison de mon identité de journaliste, mais en raison de mon identité de femme, après avoir réagi aux propos sexistes d’un policier du département de police de Mardin. Cette arrestation est le fruit d’un acte de vengeance. Ce n’est pas un cas isolé. Il concerne toutes les femmes qui défendent les valeurs et l’intégrité féministes, et tous les journalistes qui défendent l’honneur de leur profession. C’est pourquoi je crois qu’il est de notre devoir de conscience que toutes celles et ceux qui s’engagent contre le sexisme et la corruption morale soient présents à cette audience. Je tiens à remercier une fois de plus toutes les personnes qui ont fait preuve de solidarité, en particulier les femmes et nos collègues journalistes. Avec l’espoir que le 22 mai, nous sèmerons ensemble les graines de la paix sur ces terres sacrées, pour un avenir libre et pacifique pour ce pays… Avec amour et respect. » (ANF)

« Ignorer l’appel à la paix ne fera qu’aggraver la crise au Moyen-Orient »

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SYRIE / ROJAVA – Des organisations politiques et civiles du canton d’al-Tabqa ont réaffirmé que l’initiative de paix lancé par le chef de la guérilla kurde constitue une opportunité historique que l’État turc doit saisir. Ils ont averti que l’oublier aggraverait les crises et fermerait la voie à des solutions pacifiques aux conflits armés qui secouent le Moyen-Orient.

L’Initiative pour la paix et une société démocratique, lancée par le leader Abdullah Öcalan le 27 février pour répondre aux crises du Kurdistan du Nord, de la Turquie et du Moyen-Orient, est suivie de près par tous. Cependant, aucune mesure concrète n’a encore été prise par l’État turc pour assurer le succès de cette initiative, face aux demandes populaires de mettre fin au régime de torture et de génocide dont le leader est victime et de garantir sa liberté physique.

Mohammed Bayram, membre du Conseil général du Parti Avenir de la Syrie, a souligné que l’appel historique du leader à résoudre la question kurde en Turquie et le résultat du 12e Congrès du PKK constituent une véritable opportunité de mettre fin au conflit.

Il a déclaré qu’une action politique, démocratique et juridique était inévitable et nécessitait une réponse ferme de la Turquie. Cela devait démontrer sa volonté de parvenir à la paix. Il a indiqué que si le gouvernement turc interdisait cette tentative, des mesures juridiques pourraient être imposées contre la région, comme celles du précédent cessez-le-feu.

Bayram a déterminé que le maintien de la liberté physique du dirigeant et la fourniture d’un environnement sûr et stable constituent un élément essentiel du processus de paix.

Adnan Aliwi, président de l’Association Ahl al-Bayt de la Conférence de l’Islam démocratique d’al-Tabqa, a déclaré que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), à l’issue de sa douzième conférence, avait lancé une véritable initiative de paix pour propager l’amour et ouvrir une nouvelle page avec l’État turc. Néanmoins, ce dernier n’a pris aucune mesure sérieuse dans ce contexte, notamment concernant le cas du leader.

Yasser al-Kurdi, membre de l’Initiative syrienne du Parti pour la liberté du leader Abdullah Öcalan à al-Tabqa, a déclaré que leurs récentes manifestations dans leurs quartiers étaient en solidarité avec l’initiative de paix du leader. Il a expliqué que la nation se trouve devant une opportunité historique après l’annonce de la dissolution du parti, et que l’absence d’action positive équivaut à une véritable procrastination politique.

Milad Faris, penseur d’al-Tabqa, a qualifié l’initiative des dirigeants en faveur du processus de paix, la déclaration officielle de dissolution du parti et le cessez-le-feu de bonnes mesures unilatérales. Il a appelé la Turquie à suivre son exemple et à mettre fin à sa campagne militaire.

Il a démontré que l’histoire turque est marquée par une certaine réticence à répondre aux propositions de paix. Premièrement, si la liberté physique du dirigeant demeure l’un des facteurs les plus déterminants pour la réussite du processus de paix, il a également démontré que le dirigeant est au cœur de toutes les crises de la région, en particulier de la crise politique turque.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé par communiqué qu’il organiserait sa douzième conférence du 5 au 7 mai, suite à l’appel du leader Abdullah Öcalan à « la paix et une société démocratique ». C’est lors de cette conférence qu’ont été annoncés la dissolution du parti, la fin de la lutte armée et la transition vers l’activisme politique. (ANHA)