La France accusée de vouloir livrer à la Turquie une militante socialiste 

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PARIS – Le Comite « Liberté Pour Zehra Kurtay » constitué de militant.e.s de gauche et antifascistes kurdes et turcs accuse la France de vouloir livrer à la Turquie Zehra Kurtay, ancienne rédactrice en chef du média de gauche Kurtulus ayant passé 9 ans dans les geôles turques pour ses idées socialistes. En la livrant à la Turquie, la France violerait la Convention de Genève de 1951, l’article 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, la Convention des Nations Unies contre la torture, ainsi que la jurisprudence établie de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui interdisent strictement l’expulsion d’une personne vers un pays où elle risque d’être soumise à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants.
 
 
Le Comite « Liberté Pour Zehra Kurtay » vient de publier le communiqué de presse suivant.
 
La trahison silencieuse de la France : la réfugiée politique Zehra Kurtay visée par une révocation secrète de sa protection
 
Dans une affaire glaçante qui révèle l’érosion des droits fondamentaux en Europe, Zehra Kurtay, journaliste turque persécutée de longue date, survivante de la torture et réfugiée politique, est de nouveau prise pour cible — non pas par le régime fasciste qu’elle a fui, mais par l’État français lui-même.
 
Sans aucune demande officielle d’extradition de la part de la Turquie, et sans en informer ni elle ni ses avocats, les autorités françaises ont secrètement révoqué son statut de protection en tant que réfugiée, la rendant vulnérable à la détention, à l’expulsion et à la persécution politique.
 
Ce n’est pas une simple décision administrative. C’est un acte de répression politique calculé — qui fait écho aux tactiques du régime même que Zehra a risqué sa vie pour fuir.
 
D’une survivante de la torture à une cible apatride
 
Zehra Kurtay n’est pas une inconnue. Elle a survécu aux massacres dans les prisons turques de décembre 2000, où les forces de l’État ont tué 28 prisonniers politiques et blessé des centaines d’autres. Lors d’une grève de la faim prolongée, elle a été alimentée de force — une méthode de torture d’État — et a développé le syndrome de Wernicke-Korsakoff, entraînant des lésions neurologiques permanentes et un handicap à 50 %.
 
Elle avait déjà vu sa demande d’asile politique révoquée des années plus tôt par la France, en raison de son activisme antifasciste continu — un acte profondément cynique qui la punissait pour la résistance politique même qui avait conduit à sa persécution initiale. Malgré cela, elle était restée sous statut de protection jusqu’en mai 2025, moment où cette protection a été discrètement levée.
 
Il n’y a eu aucun avis juridique. Aucune possibilité de recours. Aucune audience. Juste un silence administratif — suivi d’une arrestation et d’une détention à la demande de la préfecture du Val-de-Marne, le 26 mai 2025. Cet acte de guet-apens juridique viole les principes les plus fondamentaux du droit d’asile et du droit à une procédure équitable.
 
La France préparait son expulsion avant tout procès
 
L’un des aspects les plus troublants de cette affaire est que, bien avant que Zehra ne soit présentée devant un juge, les autorités françaises avaient déjà obtenu un laissez-passer du consulat turc — un document destiné à faciliter son renvoi forcé vers la Turquie.
 
Cela s’est produit avant que quelque tribunal que ce soit ne statue sur sa détention ou son éventuelle expulsion, avant toute audience pouvant évaluer les risques qu’elle encourt, et en pleine connaissance de son passé de torture et de handicap.
 
Cet acte, à lui seul, révèle la véritable intention de l’État français : non pas évaluer la légalité de son dossier, mais l’expulser aussi rapidement et discrètement que possible, sans considération pour le droit ou les obligations en matière de droits humains. Cela démontre un plan prémédité de collaboration avec le régime turc pour livrer une dissidente politique entre les mains de ses bourreaux.
 
Répression politique par procuration
 
Zehra figure sur une « liste de personnes recherchées » controversée en Turquie — non pas pour des actes criminels, mais pour son activité politique ouverte en exil, son travail journalistique et son implication dans l’organisation antifasciste. Dans un schéma inquiétant de répression transnationale, les services de renseignement turcs ont à plusieurs reprises harcelé sa famille, la pressant de la convaincre de retourner en Turquie, où elle serait utilisée comme informatrice en échange d’une « impunité ».
 
C’est le type de chantage auquel font face de nombreux dissidents en exil — et aujourd’hui, au lieu de la protéger, la France participe à cette répression.
 
Soyons clairs : la France ne protège pas ses frontières contre une menace — elle protège le régime turc contre ses critiques. L’État français n’agit pas par obligation juridique, mais par complicité politique.
 
Pas de demande d’extradition — juste une élimination administrative
 
L’aspect le plus alarmant de cette affaire est qu’aucune demande formelle d’extradition n’a été formulée par la Turquie. Le gouvernement français n’en avait pas besoin. Il a agi de manière préventive, révoquant les protections de Zehra, la traitant comme une menace, et tentant de la remettre à un régime maintes fois condamné par la Cour européenne des droits de l’homme, les Nations Unies et des ONG internationales pour son recours à la torture, aux disparitions forcées et à l’emprisonnement politique.
 
Cette stratégie contourne les garanties juridiques et repose sur une violence bureaucratique silencieuse — révoquant des droits par des procédures opaques et supprimant un statut légal sans défense possible.
 
Ce que fait la France est dangereux — et illégal
 
La France viole à la fois ses propres principes constitutionnels et les accords internationaux contraignants, notamment :
      •     La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, qui interdit le refoulement — le retour d’individus vers un pays où ils risquent leur vie ou leur liberté ;
      •     L’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdit les traitements inhumains et dégradants ;
      •     Les droits procéduraux fondamentaux du droit administratif et constitutionnel français, qui garantissent le droit à une audience équitable et à une défense légale.
 
En visant Zehra Kurtay par des moyens administratifs, et en obtenant ses documents de voyage d’un régime connu pour la torture, la France offre une couverture à l’autoritarisme, envoyant un message clair : les réfugiés politiques qui continuent à s’exprimer ne seront pas protégés — ils seront punis.
 
Un dangereux précédent pour tous les réfugiés politiques
 
Ce qui est fait aujourd’hui à Zehra peut être fait demain à d’innombrables autres. Les dissidents venus de Turquie, d’Iran, de Russie, d’Égypte et d’ailleurs qui cherchent refuge en Europe suivent cette affaire de près. La France — longtemps perçue comme un sanctuaire pour les exilés politiques — utilise désormais son système migratoire comme une arme pour appliquer la volonté de régimes répressifs.
 
Ce n’est pas seulement une attaque contre une femme. C’est une attaque contre le concept même d’asile politique. Contre la résistance démocratique. Contre le droit de survivre à la violence d’État.
 
La France ne peut pas prétendre défendre les droits humains à l’étranger tout en les détruisant chez elle par une complicité silencieuse avec des dictatures. L’affaire Zehra Kurtay révèle une trahison plus large, systémique — une trahison qui doit être dénoncée maintenant, avant que cette guerre silencieuse contre les réfugiés ne devienne une politique permanente.
 
Il ne s’agit pas seulement de Zehra. Il s’agit du type de pays que la France choisit d’être.
 
Plus de silence. Plus d’expulsions secrètes.
 
Défendez Zehra Kurtay. Défendez le droit de résister. Défendez l’asile politique.

La Turquie a asséché la rivière de Khabur

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SYRIE / ROJAVA – La rivière Khabur qui prend sa source dans la région kurde du Kurdistan du Nord et traversant notamment le Rojava a été asséchée à cause des barrages construits en amont par la Turquie. Khabour alimentait autrefois de vastes zones depuis Sere Kaniye/Ras al-Aïn, en passant par Tal Tamr et jusqu’à Hassaké. Des milliers de familles en dépendaient pour l’agriculture et l’élevage. Aujourd’hui, il n’y a plus trace d’eau, et seul le grincement de la terre craquelée se fait entendre.

La rivière Khabour (ou Habur), artère vitale qui irriguait autrefois la ville d’al-Hasakah et ses environs, s’est transformée en un désert aride. Des photos et des vidéos récentes montrent le cours d’eau complètement à sec, le sol couvert de crevasses assoiffées et les restes d’arbres fruitiers desséchés, morts après avoir été privés d’eau.

Khabour alimentait autrefois de vastes zones depuis la ville occupée de Sere Kaniye/Ras al-Aïn, en passant par Tal Tamr et jusqu’à Hassaké. Des milliers de familles en dépendaient pour l’agriculture et l’élevage. Aujourd’hui, il n’y a plus trace d’eau, et seul le grincement de la terre craquelée se fait entendre.

La cause première de cette sécheresse catastrophique, selon les observations de terrain et les témoignages des habitants, est la pratique de l’occupation turque et de ses mercenaires, qui ont coupé l’approvisionnement en eau du fleuve fin 2015. Cela a été suivi par la construction de barrages primitifs après l’occupation de Sere Kaniye en 2019, qui ont bloqué l’eau et l’ont empêchée de couler vers le sud.

Les images et vidéos capturées montrent l’étendue de la dévastation dans la région, le lit de la rivière apparaissant comme une profonde cicatrice au milieu des terres agricoles en détérioration, ayant perdu leur lien avec la source de vie.

Ces images déchirantes délivrent un message visuel saisissant sur une crise humanitaire et environnementale qui nécessite une action urgente. (ANHA)

 

ROJAVA. Des soldats turcs ciblent des paysans à Kobanê

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SYRIE / ROJAVA – Des Gardes turcs ont ouvert le feu sur des agriculteurs qui irriguaient leurs oliviers dans le canton kurde de Kobanê.
 
Selon les informations de l’agence de presse Hawar (ANHA), les soldats turcs ont ouvert le feu sur les agriculteurs du village de Kol Elî, dans la campagne occidentale de la ville de Kobanê. On ne sait pas encore si l’attaque turque a fait des victimes.
 
En mai dernier, l’armée turque a également pris pour cible des villageois de la campagne de Kobanê. Ils ont ouvert le feu sur deux enfants qui gardaient le bétail, tuant de nombreux moutons. Les soldats turcs ont également ciblé le village de Kor Ali plus tôt, tirant sur le générateur électrique d’un villageois, causant des dégâts.
 

Duisbourg a accueilli le 36e Festival de danses kurdes

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ALLEMAGNE – La ville allemande de Duisbourg a accueillie la 36e édition du Festival des danses folkloriques du Kurdistan (en kurde: Mîhrîcana Govendên Kurdistanê) les 7 et 8 juin 2025. 34 groupes de danse venus d’Allemagne, de France et de Suisse ont présenté des danses traditionnelles kurdes. Outre les performances compétitives, la recherche culturelle et la mémoire intergénérationnelle étaient également à l’honneur. Lors de la 36e édition du Festival des danses folkloriques du Kurdistan (en allemand: Festival der Folkloretänze Kurdistans, en kurde: Mîhrîcana Govendên Kurdistanê), 34 groupes de danse folklorique kurde d’Allemagne, de France et de Suisse se sont réunis à Duisbourg ce week-end. Cet événement de deux jours avait pour objectif de présenter les danses traditionnelles kurdes et de préserver la diversité culturelle. Le défilé initialement prévu samedi a dû être annulé en raison de fortes pluies. Néanmoins, des centaines de danseurs se sont rassemblés devant la salle Rheinhausen à midi et ont inauguré l’événement par un grand cercle de Govend (danse kurde).
Le festival s’est ouvert par une minute de silence en mémoire de ceux qui ont péri au service de la culture kurde. Dans son discours, Mustafa Şahin, membre du comité d’organisation, a souligné la valeur culturelle du festival : « Ce festival n’est pas un simple concours. C’est un projet de préservation et de transmission de notre culture. Pour nous, tous les groupes présents aujourd’hui sont des gagnants. » Concours et lauréats Samedi, 19 groupes se sont affrontés lors de la phase préliminaire. Le jury, composé de neuf membres, a sélectionné deux finalistes : * Govenda Sipan Amara Jin de Hambourg (1ère place au tour préliminaire) * Koma Nûdem de Kiel (2e place au tour préliminaire) Les groupes suivants ont obtenu les classements suivants lors de la finale de dimanche : 1ère place : Govenda Ar (Wuppertal) avec des danses de la région de Bingöl 2e place : Govenda Sipan Amara (Hambourg) et Arya Mara (Cologne), toutes deux à égalité de points 3ème place : Amara Dersim (Hambourg) avec des danses de la région de Dersim
Prix ​​spéciaux pour l’engagement culturel Prix ​​de recherche : Koma Berivan (Wesel) et l’équipe folklorique de Duisburg ont été récompensés pour un article de 70 pages sur la culture et les pratiques religieuses yézidies. Prix ​​spécial du jury : Des prix d’honneur ont été décernés pour l’engagement de longue date d’Ekrem Demir, membre fondateur de Govenda Sipan Amara de Hambourg, et d’Özge El, membre actif du groupe folklorique de Kiel. Cérémonie de clôture dans une ambiance festive Après la cérémonie de remise des prix, le parvis de la salle s’est transformé en scène de danse exubérante. Des centaines de jeunes ont célébré la diversité culturelle jusque tard dans la soirée, au son de la musique et du Govend. Le Festival des danses folkloriques du Kurdistan a été célébré pour la première fois en 1986 à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, dans le but de maintenir vivante la culture kurde pour la diaspora en Europe. (ANF)

TURQUIE. La région kurde de Botan victime d’un écocide systémique

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TURQUIE / KURDISTAN – La destruction environnementale dans la région kurde de Botan va bien au-delà de la déforestation. Une série de projets de barrages, de constructions de routes à des fins militaires, d’activités d’exploration pétrolière et d’interdictions imposées sous prétexte de « sécurité » ont non seulement dévasté les habitats naturels, mais aussi chassé les populations locales de leurs terres. Zeki Irmez, député de Şırnak (Şirnex) du Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM), décrit cette attaque multiforme ciblant la Botan comme « une politique systématique de destruction de la nature et de la vie, menée directement par l’État ».
La région de Botan doit son nom à la rivière qui le traverse, le Botan, affluent du Tigre
  Cette politique n’est pas nouvelle, elle est la continuation d’une tradition centenaire Zeki Irmez a souligné que la destruction de l’environnement à Botan n’est pas un développement récent mais plutôt une continuation des politiques sécuritaires de longue date de l’État envers les régions kurdes. « C’est le produit d’une mentalité d’État vieille d’un siècle, quelle que soit la religion », a déclaré Irmez, rappelant comment, dans les années 1990, des politiques allant des incendies de villages aux feux de forêt ont infligé de graves dommages à la fois à la population et à la terre de Botan. La déforestation a augmenté après 2018 Irmez a souligné que depuis 2018, ces politiques sont devenues beaucoup plus systématiques et intensifiées. Il a déclaré : « L’abattage d’arbres s’est étendu à presque toute la région de Botan. Selon les recherches, plus de 10 % des forêts de la région ont été détruites, et la déforestation se poursuit. » Il a ajouté que les zones qui subissent les plus lourdes destructions comprennent Besta, Gabar, Belega, Silopi (Silopiya) et les régions de Melesa et Hemka de Beytüşşebap (Elkê). Barrages, digues et villages dépeuplés Zeki Irmez a expliqué que sept digues construites le long de la ligne Uludere (Qileban) sous prétexte de sécurité ont conduit à l’évacuation des villages environnants et à une déforestation généralisée dans la région. Il a souligné que ces digues, qui retiennent encore l’eau, ont perturbé l’écosystème et déplacé les populations locales. Dans des zones comprenant des villages historiques comme Hisar et Çağlayan, dans le district de Cizre (Cizîr), la déforestation se poursuit depuis de nombreuses années en raison de la construction du barrage de Cizre. Ils coupent tous les arbres sous prétexte de renouveau Irmez a rejeté l’affirmation de la Direction régionale des forêts selon laquelle la déforestation fait partie d’un effort de « renouvellement », affirmant que les observations sur place montrent que non seulement les vieux arbres mais aussi les jeunes et les nouveaux arbres sont abattus. Irmez a déclaré : « Sur les images et lors de nos inspections sur le terrain, nous constatons clairement que même de jeunes arbres sont abattus. Par conséquent, ces actions ne peuvent être justifiées sous couvert de ‘renouveau’. » Les motivations du profit sont également à l’origine de la déforestation Irmez a souligné que la déforestation n’est pas uniquement motivée par des raisons de sécurité, mais sert également des intérêts lucratifs. Il a fait part des observations suivantes : Il existe une chaîne de profit qui s’étend des chefs de village qui signent des contrats d’exploitation forestière avec la Direction provinciale des forêts à certains responsables militaires et entreprises sous-traitantes. Il s’agit d’une allégation très grave, et nous poursuivons notre enquête. Pétrole à Gabar, interdictions à Botan Irmez a souligné que les activités d’exploration pétrolière lancées en 2021 sur le mont Gabar ont causé de graves dommages environnementaux. Il a affirmé que les entreprises endommagent sans discernement les zones forestières. Il a également souligné que les interdictions imposées tous les 15 jours par le bureau du gouverneur empêchaient les habitants d’accéder à leurs villages, à leurs jardins et à leurs sources d’eau. Irmez a déclaré : « Tous ceux qui demandent une autorisation ne l’obtiennent pas. Cela prive les gens de leurs moyens de subsistance. De nombreuses sources d’eau, forêts et jardins ont déjà été détruits. » Des forêts ont été détruites lors de la construction de 500 kilomètres de route Le ministère de l’Agriculture et des Forêts a annoncé la construction de près de 500 kilomètres de nouvelles routes dans la région. Cependant, Zeki Irmez a attiré l’attention sur le coût environnemental de ces projets, soulignant que des milliers d’arbres ont été abattus, que les écosystèmes forestiers ont été fragmentés et que des collines ont été pratiquement aplanies. Il a déclaré : « Il ne s’agit pas simplement d’un projet d’infrastructure. C’est une atteinte directe à la nature. » Irmez a souligné que malgré les appels occasionnels du gouvernement à la paix et à la normalisation, ce discours est sans écho dans la région de Botan. Il a déclaré : « Les mêmes politiques sécuritaires se poursuivent et la même destruction environnementale est perpétrée. On ne peut pas parler de paix. » Les habitants de Şırnak sont en colère, mais la résistance doit grandir Zeki Irmez a conclu son intervention en soulignant que les habitants de Şırnak sont profondément indignés par la déforestation et la dévastation environnementale, et que cette réaction doit se traduire par une action collective plus forte : « Les organisations de la société civile de Şırnak s’expriment et agissent, mais cela ne suffit pas à arrêter ceux qui profitent de la destruction ou des politiques publiques qui la favorisent. Ce n’est pas seulement un problème local. Les organisations environnementales, les mouvements écologistes et les citoyens concernés de toute la Turquie doivent se joindre à ce mouvement de protestation. Si ce rythme se poursuit, il n’y aura bientôt plus d’arbres à Botan. Notre écosystème, nos espaces de vie et notre histoire sont en train d’être détruits. » (ANF)

JOURNALISME. Une journaliste kurde lauréate du Prix PEC 2025

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SUISSE – La journaliste kurde réfugiée en Suisse, Perihan Kaya a reçu le prix de la Campagne de l’Emblème de la Presse (PEC) pour la Protection des Journalistes décerné samedi 7 juin, à l’occasion de la première édition du Presstival à Bienne, en Suisse.   Originaire de Kars, au Kurdistan sous l’occupation turque, Perihan Kaya a commencé sa carrière de journaliste à l’agence de presse Dicle (DİHA) et à l’agence de presse féminine Jinha (JINHA). Elle s’est concentrée sur des sujets sensibles tels que la question kurde, les droits des femmes et des enfants et s’est fait connaître par ses reportages courageux. Elle a également travaillé en tant que journaliste indépendante pour divers journaux et plateformes en Turquie. Aujourd’hui, elle est la coordinatrice générale de Podcastkurdi.  
Nombreuses poursuites judiciaires en Turquie
 
En raison de ses activités journalistiques et de ses publications sur les réseaux sociaux, elle a fait face à de nombreuses poursuites judiciaires en Turquie. En 2005-2006, elle a été emprisonnée pendant 8 mois. En 2021, elle a été condamnée à 1 an et 3 mois de prison pour « propagande d’organisation » et à 11 mois et 20 jours pour « insulte au président ».
 
En 2022, face aux procès et aux condamnations, elle a été contrainte de quitter son pays. Elle s’est réfugiée en Suisse en août 2022 et tente aujourd’hui de reconstruire sa vie à Genève. « En tant que Kurde, femme et journaliste, j’ai payé un lourd tribut pour la vérité : arrestations, prison, exil. Mais je continue à me battre », a déclaré Perihan Kaya en remerciant la PEC de lui avoir accordé ce prix.
 
« Être ici aujourd’hui est à la fois une joie et une tristesse, car j’aurais préféré recevoir ce prix dans mon propre pays, en poursuivant ma carrière professionnelle », a-t-elle ajouté.

La culture et la résistance kurdes se rencontrent à Genève

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SUISSE – GENÈVE – La 14e Nuit de la culture et des arts kurdes, qui a réuni la résistance culturelle et politique du peuple kurde avec la production artistique, a eu lieu hier soir à Genève.
 
 
 
Organisé par le Centre démocratique kurde de Genève, l’événement a souligné que la lutte du peuple kurde pour la liberté et l’existence se poursuit également dans le domaine culturel.
 
L’événement s’est déroulé à la Salle Des Fêtes Avanchet-Salève à Vernier, un quartier du canton de Genève, avec la participation de Kurdes du Kurdistan et de leurs amis.
 
Après une minute de silence à la mémoire des martyrs de la lutte pour la liberté du Kurdistan, Sıtkı Demir a prononcé le discours d’ouverture au nom du Centre communautaire démocratique kurde de Genève.
 
Souhaitant à tous un joyeux Aïd el-Adha, Demir a souligné que le peuple kurde est engagé dans une résistance non seulement politique, mais aussi culturelle. Il a déclaré : « Cette lutte ne s’arrêtera pas tant que le leader Apo ne sera pas libéré physiquement. Notre résistance se poursuivra et notre peuple obtiendra sa liberté grâce à l’organisation. »
 
Maryam Yunus Ebener, présidente de la section genevoise des Verts et maire du district d’Onex, a également apporté son soutien à la lutte du peuple kurde. Débutant son discours par « Abdullah Öcalan doit être libre », Mme Ebener a déclaré : « Tous les peuples doivent pouvoir vivre librement, avec leur langue, leur culture et leur identité. La lutte du peuple kurde, dans les quatre régions du Kurdistan, est une lutte légitime pour la liberté. »
 
« Chaque patriote doit être un sujet actif de ce processus »
 
Musa Farisoğulları, membre du Conseil de coprésidence du KCDK-E, a déclaré que la culture et l’art sont l’identité d’un peuple, soulignant que le peuple kurde a créé une nouvelle histoire et une nouvelle culture grâce à sa résistance.
 
Farisoğulları a déclaré : « Les dirigeants écrivent l’histoire selon leurs intérêts, mais le peuple kurde renverse cette histoire falsifiée par sa résistance. Notre peuple a créé et préservé sa culture dans des circonstances extrêmement difficiles. »
 
Il a souligné que le paradigme du Leader Apo joue un rôle décisif dans le renouveau culturel du peuple et a ajouté : « La philosophie du Leader Apo est une révolution morale et culturelle. L’art doit se politiser et le peuple doit s’organiser par l’art. Une vie sans État n’est plus acceptable. Chaque patriote doit devenir un acteur actif de ce processus et faire de chaque lieu où il se trouve un lieu de résistance. »
 
La tradition des contes anciens a suscité un grand intérêt
 
Lors de l’événement, Dîlber Hêma, coprésidente de l’Institut kurde suisse, a présenté le Çîrokbêj, une ancienne tradition orale kurde. Ce récit a été particulièrement apprécié des enfants et a été chaleureusement applaudi par le public.
 
Les artistes Bêrî Altay, Zafer Xozat, Hozan Şemdin, Semyan Adar et Mazlum Avaz se sont produits lors de la soirée. (ANF)

SYRIE. Des jihadistes brûlent un parc de Damas surnommé « le parc des amoureux »

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SYRIE – Les mercenaires du chef jihadiste al-Sharaa ont incendié le parc Al-Jahez à Damas et ont également détruit les narguilés dans les cafés environnants et dans d’autres parcs de la ville.
 
 
L’incendie du parc survient un jour après la confiscation des narguilés qui s’y trouvaient. Certains extrémistes ont scandé des slogans glorifiant Daech et appelant au rétablissement de la gloire du califat. Ils ont également insisté sur la nécessité d’empêcher la mixité et le port de la tenue islamique, ce qui a accru le mécontentement qui perdure depuis des mois dans les milieux damascènes contre le nouveau gouvernement, rapporte une source kurde.
 
Un incendie massif s’est déclaré hier soir, de samedi à dimanche, dans le parc Al-Jahez, situé dans le quartier d’Abu Rummaneh, dans le centre de Damas, en Syrie.
 
L’incendie s’est propagé sur une grande partie du parc, provoquant un état d’inquiétude et de peur parmi les résidents locaux et les visiteurs du parc.
 
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les pompiers et les équipes de secours sont intervenus pour empêcher la propagation de l’incendie aux zones voisines. Parallèlement, des extrémistes ont été accusés d’avoir orchestré l’incendie, suscitant la controverse et l’indignation des riverains et des autorités.
 
Il convient de noter que le parc abrite de nombreuses statues et sculptures, notamment celle de l’écrivain et philosophe Al-Jahez. Le parc est également réputé dans les cercles mondains pour être un lieu de rencontre privilégié pour les amoureux.

İÇ İÇE : Un espace politique pour la nouvelle musique anatolienne

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« (…) aucun festival qui s’intéresse sérieusement à la musique anatolienne ne peut être crédible sans faire entendre la voix des Kurdes. Les Kurdes ont été systématiquement réduits au silence en Turquie et dans la diaspora. Cette répression perdure encore aujourd’hui. Chez İÇ İÇE, nous créons des espaces où les voix marginalisées ne sont pas décoratives, mais centrales. Inclure la musique kurde n’est pas un geste ; c’est une prise de position contre le silence, contre la répétition de l’exclusion », Melissa Kolukisagil, fondatrice du festival İÇ İÇE, qui signifie « entrelacé ».   İÇ İÇE, le festival de nouvelles musiques anatoliennes, se tiendra la semaine prochaine à Berlin. Le festival se veut un espace politique et artistique dédié aux perspectives des migrants, des personnes queer et des marginalisés.   İÇ İÇE, qui signifie « entrelacé » en turc, est le premier et le seul festival diversifié de musiques anatoliennes contemporaines en Allemagne. Il se veut un espace politique et artistique dédié aux perspectives des migrants, des personnes queer et des personnes marginalisées. Fondé en 2020 par Melissa Kolukisagil, le festival se tiendra pour la cinquième fois en 2025, le 14 juin au Festsaal Kreuzberg de Berlin. İÇ İÇE organise non seulement des concerts et des soirées en club, mais aussi des événements de solidarité, comme le plus récent le 31 janvier 2025, où des dons ont été collectés pour Heyva Sor a Kurdistanê (Croissant-Rouge kurde) – « en réponse aux attaques ciblées de l’armée turque sur les infrastructures civiles au Rojava », indique le communiqué. Le festival s’étend désormais au-delà de ses frontières régionales : en tant que concept itinérant, İÇ İÇE s’est déjà produit dans des villes comme Hambourg, Munich, Cologne et Heidelberg. Étant donné qu’İÇ İÇE devra fonctionner sans financement public pour la première fois cette année, le festival sollicite un soutien financier afin de pouvoir continuer à façonner cet espace auto-organisé, de manière indépendante et solidaire. Dans une interview, la fondatrice Melissa Kolukisagil parle des origines du festival, de la responsabilité politique et de ce que signifie organiser une nouvelle musique anatolienne. Melissa, vous souvenez-vous du moment où vous avez réalisé : il manque un festival comme İÇ İÇE – et je veux changer cela ? Oui, ce moment n’est pas arrivé soudainement, mais était le fruit d’un long processus. Je vivais déjà à Berlin depuis sept ans à l’époque et j’étais profondément ancrée dans la scène techno – d’abord comme invitée, puis comme programmatrice et promotrice. Au fil des ans, j’avais passé de nombreuses soirées aux mêmes soirées, avec les mêmes personnes, les mêmes sons, les mêmes concepts. À un moment donné, j’ai réalisé : cette scène se répète sans cesse ; elle est immobile. Du moins, c’était le cas avant la pandémie. Et elle exclut beaucoup d’entre nous. Des espaces comme ceux-ci n’ont jamais été conçus pour des gens comme nous. Pour pouvoir y participer, j’ai dû à plusieurs reprises laisser des parties de moi-même à la porte – en tant que femme cisgenre, queer, racisée, enfant racisée issue d’une famille ouvrière. J’ai appris à me déplacer sans attirer l’attention. Mais à un moment donné, c’est précisément ce que je ne voulais plus. Je voulais un endroit où je me sente à l’aise avec toutes mes parties. Parallèlement, j’étais lassée des conditions de travail dans le secteur culturel, souvent marquées par le sexisme et l’exploitation. J’avais l’impression de devoir évoluer dans un système qui ne me laissait aucune place. Le désir de créer quelque chose de personnel s’est accru. Un lieu qui non seulement me semblait différent, mais qui construisait aussi des structures fondamentalement différentes.   Vous avez décrit İÇ İÇE comme « un vide » – qu’est-ce qui vous a manqué exactement dans le paysage culturel de l’époque ? Je ne me suis tout simplement jamais vraiment reconnue dans le paysage culturel. Il me manquait une représentation non seulement symbolique, mais complexe, contradictoire et vivante. Il me manquait un espace qui ne soit pas tourné vers les regards blancs, mais plutôt vers nos propres besoins. Un espace qui ne se demande pas : « Quelle est ma place ici ? » mais : « Comment est-ce que je veux m’épanouir ? » Avec İÇ İÇE, je me suis créé un espace où je peux m’épanouir. C’était mon point de départ. Un espace qui n’est pas fini, mais qui évolue avec nous. Qui n’exige pas d’explications, mais qui est à l’écoute. Que cet espace fonctionne aussi pour beaucoup d’autres aujourd’hui est un cadeau, mais pas un hasard.   Quelle part de vous-même occupez-vous dans ce festival ? Quelles expériences, quels désirs ou quelles frustrations vous ont guidé ? İÇ İÇE est un projet très personnel, mais c’est précisément là sa force. Il est pertinent car il est né d’expériences que beaucoup d’entre nous partagent. J’ai grandi en Forêt-Noire, au milieu du cliquetis de la machine à coudre de ma mère, des concerts de métal, de la télévision turque et des salles de mariage. Pendant longtemps, j’ai essayé de laisser tout cela derrière moi, car cela me rappelait ma solitude. Plus tard, j’ai appris à m’écouter : qu’est-ce que je veux emporter avec moi, qu’est-ce que je laisse derrière moi ? Qu’est-ce qui est blessant, qu’est-ce qui est puissant ? İÇ İÇE est né précisément de ces questions. İÇ İÇE est donc bien plus que de la musique. Qu’est-ce que cela signifie pour vous, émotionnellement et politiquement, de gérer cet espace ? Pour moi, cela signifie assumer la responsabilité de ma propre histoire et de celles qui sont trop souvent ignorées, étouffées ou exotiques. Mais c’est aussi une source de joie profonde. Chaque année, je considère comme un cadeau de pouvoir mettre en lumière les artistes exceptionnels de la communauté İÇ İÇE. Politiquement, ma pratique curatoriale est une exagération consciente. J’essaie de ne pas réagir aux normes existantes, mais plutôt d’en établir de nouvelles, et ce, tout naturellement.   Que signifie pour vous la « musique anatolienne contemporaine » et comment l’expliqueriez-vous à quelqu’un qui ne l’a jamais entendue auparavant ? Pour moi, la « musique anatolienne contemporaine » n’est pas seulement une description stylistique, mais un terme désignant quelque chose de radicalement vibrant. Il s’agit d’une musique qui puise ses racines dans les traditions anatoliennes, kurdes, arméniennes, alévies, grecques, juives ou arabes, et qui pourtant vit dans le présent. Cette musique parle de migration, d’identité, de perte et de rébellion. Et elle le fait non pas avec nostalgie, mais avec transformation. Que se passe-t-il lorsque le saz rencontre le synthétiseur ? Lorsque la troisième génération raconte sa version du deuil et de la résistance ? C’est là que commence pour moi la dimension « contemporaine ». Il s’agit de ruptures, de transmissions et du droit de raconter notre propre histoire, non seulement pour la préserver, mais aussi pour la faire évoluer. Pourquoi était-il important pour vous d’inclure explicitement la musique kurde ? Quelles perspectives cela ouvre-t-il ? Car aucun festival qui s’intéresse sérieusement à la musique anatolienne ne peut être crédible s’il ne fait pas entendre la voix des Kurdes. Les Kurdes ont été systématiquement réduits au silence – en Turquie, mais aussi dans la diaspora. Cette oppression perdure encore aujourd’hui. Chez İÇ İÇE, nous créons des espaces où les voix marginalisées ne sont pas seulement décoratives, mais centrales. Pour nous, inclure la musique kurde n’est pas un geste, mais une prise de position – contre le silence, contre la répétition de l’exclusion.   Le 31 janvier, vous avez organisé un événement caritatif pour Heyva Sor. Pourquoi cet événement solidaire était-il si important pour vous ? Parce que nous avons refusé d’accepter en silence les attaques du gouvernement turc contre le Rojava – bombardements ciblés d’hôpitaux, d’écoles et de réseaux d’eau. Des milliers de personnes sont déplacées, la situation d’approvisionnement est catastrophique, et Heyva Sor fournit une aide d’urgence dans des conditions extrêmement difficiles. Parallèlement, nous constatons ici, en Allemagne, que les Kurdes sont harcelés, criminalisés et réduits au silence. En tant que festival s’appuyant sur la force des communautés migrantes résistantes, nous considérons qu’il est de notre responsabilité de créer des espaces sûrs pour toutes les personnes touchées par l’oppression en Anatolie. « Iç içe » signifie « entrelacé ». Comment ce principe se reflète-t-il dans la programmation ? « İç içe » n’est pas qu’un nom, c’est le principe fondateur du festival. Cette imbrication se manifeste à tous les niveaux : stylistique, biographique, politique. Nous réunissons des artistes qui, à première vue, semblent avoir peu de points communs. Un DJ queer berlinois rencontre un chanteur d’origine alévie, un artiste de performance issu d’une communauté de réfugiés rencontre le hip-hop kurde. Ces rencontres ne sont pas des collages, mais des connexions authentiques et organiques. Il ne s’agit pas d’exposer la diversité, mais de démontrer que tout est lié. Et bien plus encore. Le public est également interconnecté. Des enfants migrants, des communautés queer, des personnes ayant vécu l’expérience des réfugiés et des alliances antiracistes se rencontrent – ​​avec leurs histoires, leurs contradictions et leurs aspirations. Pour moi, cette existence partagée, sans avoir à s’adapter ni à s’expliquer, est le cœur politique d’İÇ İÇE. Lorsque j’ai fondé le festival, mon objectif initial était de démontrer que la musique anatolienne fait partie intégrante de l’histoire culturelle allemande et qu’elle a naturellement sa place ici. Que des artistes migrants façonnent cette société depuis des décennies, mais qu’ils sont structurellement négligés. Parallèlement, je souhaitais rompre avec les idées reçues : à quoi ressemble réellement un « festival anatolien » ? Quelles images vous viennent à l’esprit lorsqu’on évoque l’Anatolie ? Je souhaitais briser ces stéréotypes, notamment parce que j’ai moi-même été initialement fortement influencé par le regard blanc. Aujourd’hui, cela ne m’intéresse plus. Je m’intéresse plutôt à montrer de nouvelles formes qui émergent de nos expériences. Des formes qui n’ont pas besoin de se justifier, mais qui s’appartiennent à elles-mêmes.   Dans quelle mesure İÇ İÇE est-il aussi une réponse au racisme, à l’exclusion ou à la standardisation culturelle ? Le soir même où nous devions lancer le premier festival en ligne de 2020, neuf personnes ont été assassinées à Hanau pour des motifs racistes. La suite – la rapidité avec laquelle les choses ont repris leur cours normal, le peu de conséquences sociales qui en ont résulté – a profondément changé ma vie. C’est à ce moment-là que j’ai enfin abandonné le regard blanc. Je ne voulais plus créer un festival qui aurait besoin de s’expliquer ou de se légitimer. Je voulais plutôt en créer un qui parle de l’intérieur. Le concept naissant d’İÇ İÇE répondait précisément à cette violence structurelle et défiait l’homogénéité culturelle et les discours dominants. Un espace qui ne se contente pas de dire « Nous appartenons à », mais plutôt « Nous contribuons à définir ce qui appartient ». La décision de ne pas simplement annuler le festival après Hanau, mais de dire « Maintenant plus que jamais », n’était pas un geste, mais une nécessité. C’était clair : ce pays doit nous considérer, avec toutes nos ruptures, nos histoires et nos complexités. Un mois plus tard, la pandémie a frappé et nous avons inévitablement dû faire une pause. Mais c’est précisément pendant cette période – dans le repli collectif, dans l’état d’urgence politique et émotionnelle – que ce que nous avions tous vécu a pu s’infiltrer plus profondément dans la structure d’İÇ İÇE. Ces expériences sont devenues partie intégrante de notre image de nous-mêmes, de notre attitude de travail.   Quels défis l’organisation d’un festival aussi diversifié et consciemment politique implique-t-elle – également dans le secteur culturel ? Le secteur culturel reste largement dominé par des structures universitaires blanches. Un festival migrant, queer et engagé comme İÇ İÇE n’est souvent pas perçu comme un élément naturel de la scène culturelle, mais est rapidement exotisé, voire catalogué comme « trop chargé ». Parallèlement, il doit parfois servir de symbole. Les logiques de financement sont souvent insuffisantes, car elles ne parviennent pas à saisir pleinement la profondeur émotionnelle, politique et curatoriale de notre travail. Nos ressources limitées et notre engagement à être présents pour nos communautés tout au long de l’année contrastent parfois fortement. Parallèlement, les défis au sein du festival s’accroissent. Plus nous gagnons en visibilité, plus notre public se diversifie, et donc ses attentes. Il ne s’agit plus seulement de ceux qui connaissent İÇ İÇE depuis ses débuts ou qui sont déjà engagés politiquement. Nous attirons désormais aussi un public qui a besoin de se familiariser avec nos valeurs et nos codes. Ce n’est pas un problème, mais cela demande du travail et de l’attention. Notre concept de conscience et notre Code de conduite ne sont donc pas des règles rigides, mais plutôt une réalité vivante : ils évoluent avec nous, ils respirent. Nous essayons d’assumer nos responsabilités du mieux que nous pouvons, mais nous négligeons aussi certaines choses. Et nous les nommons. Apprendre fait partie de notre identité. La diversité est aussi synonyme de frictions, et les supporter sans tomber dans la compulsion de l’harmonie fait partie de notre mission. Quelle est votre vision pour İÇ İÇE dans cinq ou dix ans ? J’espère que nous pourrons continuer longtemps et que nous poursuivrons et développerons le concept de tournée d’İÇ İÇE. Beaucoup de choses sont incertaines en ce moment : pour la première fois, nous avons dû organiser le festival sans aucun financement. C’était épuisant, mais nous y sommes parvenus grâce à notre communauté et au financement participatif. À long terme, j’espère que nous pourrons bâtir des structures durables, pour notre équipe et pour notre travail. Et qui sait : peut-être qu’un jour, une édition d’İÇ İÇE verra le jour à l’étranger. Comment pouvons-nous vous soutenir ? Notre cagnotte de financement participatif est toujours ouverte ; il manque actuellement environ 3 000 €. Chaque don nous aide énormément ! Nous sommes également heureux de recevoir des invitations dans d’autres villes et sommes ouverts aux collaborations, notamment pour maintenir notre concept de tournée en vie et faire connaître notre marque. Mais surtout, vous pouvez nous soutenir en achetant un billet, en venant à İÇ İÇE et en célébrant avec nous. Nous avons plus que jamais besoin de ce moment de rassemblement, de sentir que tous ces combats en valaient la peine. (ANF) Festival Iç Ice 2025

Une écologiste kurde reçoit le prix Wayfinder 2025

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La biologiste kurde, Hana Raza a reçu le prestigieux prix Wayfinder de la National Geographic Society pour ses efforts inlassables visant à protéger les espèces menacées en Irak et dans la région du Kurdistan.   Le 5 juin, la National Geographic Society a annoncé les 15 lauréats de son prix Wayfinder 2025  à Washington. La biologiste kurde Hana Raza figure parmi les lauréats de cette année. Ce prix récompense 15 pionniers du monde entier qui innovent dans les domaines de la conservation de la nature et des espèces, de la science, de l’éducation et de la narration.   Hana Raza, titulaire d’un master en écologie et conservation de la faune sauvage, est récompensée pour son travail novateur en faveur de la protection du léopard de Perse et d’autres espèces menacées dans les montagnes du Kurdistan. Fondatrice de l’organisation Leopards Beyond Borders (LBB), elle est l’une des figures de proue de la conservation au Kurdistan du Sud et en Irak.   « Fidèle au nom de ce prix, ce groupe extraordinaire d’acteurs du changement incarne l’esprit audacieux de l’exploration ciblée », a déclaré  Alex Moen, responsable de l’engagement des explorateurs à la National Geographic Society. « Leur créativité et leur innovation nous aident à mieux comprendre et protéger le monde naturel, et nous sommes fiers de les soutenir dans leur cheminement vers un avenir plus viable. »   Raza recevra son prix lors du festival annuel des explorateurs de la National Geographic Society, à Washington. Outre une reconnaissance internationale, les lauréats bénéficieront d’un soutien financier pour leurs projets et d’un accès à un réseau mondial de chercheurs et d’écologistes.   La protection des léopards à l’ombre de la guerre   Hana Raza est née en 1971 dans un camp de réfugiés peshmergas au Kurdistan irakien (KRI). Enfant, elle a survécu à une attaque chimique contre le camp de Sergelê et s’est réfugiée avec sa famille dans les montagnes. Les forêts qui lui avaient autrefois offert une protection sont devenues le cœur de son engagement professionnel. Aujourd’hui, elle protège ces mêmes montagnes, véritables habitats pour les espèces menacées et symboles d’espoir et de résistance.   Depuis plus de 15 ans, Raza œuvre à la préservation du léopard de Perse et de l’ours brun de Syrie, des espèces qui avaient quasiment disparu de la région en raison de décennies de guerre et de la perte de leur habitat. En 2011, grâce à des pièges photographiques, son équipe a pu prouver que le léopard de Perse existe toujours dans les monts Qeredax (Qara Dagh), au sud de Souleimaniye.   C’est ainsi qu’a été créée la première réserve naturelle officiellement protégée du Kurdistan irakien. La réserve naturelle de Qeredax est une dense forêt de chênes couvrant près de 2 300 hectares. Elle abrite plusieurs écosystèmes, dont des forêts de montagne, des garrigues subalpines et des forêts riveraines. La zone abrite près d’un millier d’espèces végétales et plus de 180 espèces d’oiseaux répertoriées. La surveillance par pièges photographiques a permis d’identifier 15 espèces de mammifères à ce jour.   Construire des ponts entre l’homme et la nature   Le dialogue avec la population locale est au cœur de son travail. « Ce n’est que lorsque les gens comprendront la valeur de la nature que celle-ci sera protégée à long terme », soulignait Raza lors d’une interview en 2023. Même si les rencontres avec les léopards peuvent parfois être effrayantes, elle a constaté que de nombreuses personnes ressentent un lien avec ces animaux, notamment parce qu’elles ont elles aussi trouvé refuge dans les montagnes.   Raza œuvre également à la création de la première zone de conservation communautaire d’Irak, qui privilégiera la protection et la participation des communautés locales. Elle considère le léopard de Perse non seulement comme un animal, mais aussi comme un symbole de coexistence pacifique entre les humains, les animaux et la nature. La conservation de la nature, un travail de toute une vie.   Hana Raza a reçu le prix Future for Nature en 2017 et a été incluse dans la liste des 50 Explorers Club en 2022, celle des 50 personnes à travers le monde qui « changent le monde ». « La nature n’est pas seulement ma vocation, c’est ma passion intérieure », explique Raza. « Sans cette passion, je ne pourrais pas vivre une seule journée. »   Prix ​​Wayfinder   Le prix Wayfinder de la National Geographic Society récompense une nouvelle génération d’explorateurs qui contribuent de manière exceptionnelle à la préservation de notre planète par la recherche, l’éducation, la technologie ou l’art. Outre un soutien financier, les lauréats bénéficient de programmes de soutien, de formations complémentaires et d’échanges internationaux. (ANF)