La société civile kurde : une résistance au quotidien

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PARIS – Luttes pour la préservation de la langue kurde, protection des droits des femmes, de la nature du Kurdistan, défense de la presse libre… la Fondation Danielle Mitterrand qui va remettre le Prix Danielle Mitterrand 2025 aux militant·es du mouvement social et des résistances démocratiques du Kurdistan de « Turquie » a publié un compte-rendu des observations de la délégation des Amitiés kurdes de Bretagne (AKB), du collectif Danser l’Orage et de la Fondation Danielle Mitterrand qui s’était rendue à Diyarbakir (Amed), capitale du Kurdistan du Nord : Les organisations civiles kurdes mènent une résistance au quotidien face au régime colonialiste turc. Le compte-rendu à lire sur le site de la Fondation Danielle Mitterrand ici « La société civile : une résistance au quotidien »

Une écrivaine kurde remporte le prix de la meilleure œuvre en langue maternelle pour « Les larmes d’une femme »

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IRAN / ROJHILAT – L’autrice kurde Fawziya Bashara a reçu le prix de la meilleure œuvre en langue maternelle au Festival littéraire iranien pour son recueil de nouvelles « Les larmes d’une femme », salué par le jury pour son style narratif expressif et son fort attachement à l’identité culturelle kurde. Fawziya Bashara, originaire de Bijar et résidant actuellement à Sanandaj, dans le Kurdistan oriental, a remporté le prix lors du 24e Festival littéraire iranien qui s’est tenu dans la capitale, Téhéran. Les organisateurs du festival ont annoncé que le recueil de Bashara, « Les larmes d’une femme », avait remporté le prix en reconnaissance de « son style narratif expressif et de son dévouement à l’identité culturelle ». Ce recueil est écrit en dialecte gorani et a été publié pour la première fois en 2022 avant d’être traduit en persan par la traductrice Mastura Derakhshi. Fawziya Bashara est considérée comme la première femme à avoir écrit des nouvelles et des romans en dialecte gorani, une distinction qui lui a valu une large reconnaissance dans les cercles littéraires kurdes et iraniens. (ANHA)

Kobanê : Symbole de résistance et d’héroïsme

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SYRIE / ROJAVA – La ville kurde de Kobanê a subi de violentes attaques de mercenaires de l’EI, mais les combattant·e·s des Unités de protection du peuple (YPG) et des Unités de protection des femmes (YPJ) ont tenu bon avec des armes légères et une volonté indomptable.
En 2014, l’agence ANHA a couvert les moments décisifs des combats de la résistance de Kobanê, où les combattant·e·s des YPG et des YPJ ont affronté les assauts brutaux des mercenaires de l’EI. Dans les ruelles étroites de cette petite ville, ils ont écrit des récits épiques d’héroïsme, empreints de sacrifice, de ténacité et d’une remarquable coordination sur le champ de bataille, malgré la férocité des attaques. Le 15 septembre 2014, Kobanê a subi un assaut de grande envergure au cours duquel l’EI a utilisé des armes lourdes et sophistiquées — notamment des missiles, des chars, de l’artillerie et des mortiers — dans une tentative de s’emparer de la ville. Cependant, les combattants, armés seulement d’armes légères et de grenades, ont repoussé l’offensive avec un esprit inébranlable et une détermination sans faille, prouvant ainsi que la défense de sa terre ne se mesure pas à la puissance de l’arme mais à la force de la conviction. L’écho de la résistance de Kobané a retenti à travers le monde, éveillant les consciences et inspirant les peuples libres et les mouvements de libération. C’est pourquoi le 1er novembre est devenu une journée mondiale d’hommage à la résistance de Kobané, commémorant le sacrifice de ses martyrs et combattants qui, par leur sang, ont marqué le début de l’effondrement de Daech. En cette Journée mondiale pour Kobanê, ANHA partage avec nous des images marquantes de cette épopée immortelle : des combattants et des combattantes se sont battus dans les rues étroites et les quartiers assiégés, transformant la ville en un symbole durable d’héroïsme et de résilience. Le nom de Kobani est désormais gravé dans l’histoire moderne comme l’un des chapitres les plus remarquables de la résistance populaire contre le terrorisme.    

N’oublions pas les héros/héroïnes de Kobanê

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SYRIE / ROJAVA – A l’occasion du 11e anniversaire de la libération de Kobanê, rendons hommage aux rendons hommage aux innombrables héros/héroïnes de la ville kurde en la personne d’Arin Mirkan, Saadoun al-Faisal, alias Abou Layla, et Musa Herdem.
 
Saadoun al-Faisal, alias Abu Layla, (1984-5 juin 2016) est l’un des plus grands héros de la lutte contre l’État islamique qu’il a affronté à Kobanê et à Manbij. Abu Layla a dirigé son Bataillon du Soleil du Nord dans les nombreuses batailles dans le nord de la Syrie, et il a été l’un des co-fondateurs du Conseil militaire de Manbij. Il s’est immortalisé lors de la libération de Manbij.
 
Abou Layla est né en 1984 à Kobanê, dans une famille d’Arabes et de Kurdes musulmans sunnites. Il a grandi à Manbij. Al-Faisal travaillait comme mécanicien automobile et il avait quatre filles. Au début de la guerre civile syrienne en 2011, il rejoint l’Armée syrienne libre et participe à la bataille d’Alep ainsi qu’aux offensives du gouvernorat de Lattaquié. Plus tard, il a décidé de retourner à Manbij pour lutter contre les djihadistes là-bas, et il a formé Jabhat al-Akrad pour lutter contre l’État islamique et d’autres extrémistes. En 2014, utilisant le nom de guerre d’ « Abu Layla » (père de Layla en arabe) il a fondé le Bataillon du Soleil du Nord au Rojava et s’est retrouvé assiégé à Kobanê. Abu Layla a été blessé sept fois dans la bataille, et il a dirigé son bataillon aux côtés des YPG et d’autres combattants de l’opposition syrienne contre les militants de l’État islamique. Abu Layla était célèbre non seulement pour sa force dans la lutte contre l’État islamique, mais aussi pour avoir sauvé un combattant de l’EI des décombres de Kobanê dans une vidéo publiée sur Internet.
 
Début 2015, il choisit de mettre un terme à sa carrière de commandant ; cependant, il a décidé de rejoindre le bataillon pour l’offensive dans le gouvernorat de Hasakah. En 2016, il a cofondé le Conseil militaire de Manbij pour coordonner les groupes de l’opposition syrienne dans une offensive pour libérer Manbij, et il a été actif avec son bataillon autour de Manbij et du barrage de Tishrin. Le 2 juin 2016, il a été blessé à la tête par des éclats d’obus lors de l’offensive, et il a été emmené à Suleymaniyah au Kurdistan irakien, où les médecins n’ont pas pu retirer les éclats d’obus de sa tête. Il est décédé le 5 juin 2016 et il a été enterré à Kobanê avec tous les honneurs militaires.
 
Dilara Gênc, alias Arîn Mîrkan, est née en 1992 dans un village d’Afrin, à Mobata, village d’Husê. Elle a rejoint les rangs du Mouvement pour la libération du Kurdistan en 2007, elle a pris place au sein des YPJ pour défendre la dignité de son peuple pendant la révolution du Rojava. Elle s’est immortalisée lors de la bataille de Kobanê face à DAECH. En effet, le 5 octobre 2014, elle a mené une opération de sacrifice sur la colline de Mashta Noor surplombant la ville de Kobanê, pour empêcher les terroristes islamistes d’avancer sur Kobanê.
 
Musa Herdem, également connu sous le nom de Musa le sniper de Kobanê, était un combattant kurde des YPG qui a attiré l’attention des médias internationaux pendant le siège de Kobané en 2014. Musa Herdem était né au Rojhelat, Kurdistan d’ « Iran », à Selmas, près d’Urmiye.
 

Onzième année de la Journée mondiale pour Kobanê

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MONDE. Demain, à l’occasion de la Journée mondiale pour Kobanê, de nombreux événements sont prévus à travers le monde pour rendre hommage à la résistance héroïque de cette petite ville kurde du Rojava / Syrie du Nord et d’Est qui a défait l’organisation terroriste État islamique (DAECH ou ISIS) après 4 mois de combats acharnés (entre septembre 2014 et janvier 2015). Journée mondiale pour Kobanê
Depuis onze ans, les Kurdes célèbrent le 1er novembre la Journée mondiale pour Kobanê, petite ville dans le nord de la Syrie qui était encerclée par les terroristes de DAECH. Kobanê fut libérée de DAECH au prix d’un un lourd tribut payé des milliers femmes et hommes qui ont pris les armes pour défendre l’humanité du terrorisme daechien ou pour protéger la Révolution du Rojava. Retour sur l’histoire du choix de cette journée.
 
Après les attaques de l’État islamique (DAECH / ISIS) contre Kobanê dès septembre 2014, de nombreux écrivains, artistes, universitaires, militants, historiens, journalistes, représentants d’organisations de la société civile et députés ont signé une déclaration pour exprimer leur solidarité avec Kobanê et exiger une aide internationale pour ses habitants. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de nombreux pays du monde entier pour montrer leur soutien à Kobanê dans sa lutte contre l’État islamique. La Commission civique UE-Turquie (EUTCC) et l’initiative campagne de paix contre DAECH ont lancé une pétition pour appeler à une « mobilisation mondiale pour Kobanê et l’humanité ». 130 personnalités ont signé la pétition au cours des quatre premiers jours. Les 130 signataires internationaux, dont le linguiste américain Noam Chomsky ; Adolfo Perez Esquive, lauréat du prix Nobel de la paix 1980-Argentine ; Desmond Tutu, lauréat du prix Nobel de la paix en 1984 et Michel Roland, président de Médecins du Monde, ont appelé à un rassemblement mondial contre Daech pour Kobanê et pour l’humanité. Dans la déclaration, les signataires écrivaient : « La coalition internationale de lutte contre l’Etat islamique n’a pas rempli ses véritables obligations juridiques internationales. Certains des pays de la coalition, en particulier la Turquie, font partie des soutiens financiers et militaires des terroristes de l’EI en Irak et en Syrie. Si le monde veut la démocratie au Moyen-Orient, il doit soutenir la résistance kurde à Kobanê. Nous encourageons les gens du monde entier à montrer leur solidarité avec Kobanê. Allez dans la rue et manifestez. » Le 1er novembre 2014, des millions de personnes ont manifesté à travers le monde pour exprimer leur solidarité avec la résistance héroïque de Kobanê. Depuis, chaque année, 1er novembre est célébré comme la Journée mondiale pour Kobanê.

ROJAVA. Des gangs de la Turquie font main basse sur les commerces d’Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Des mercenaires de la Turquie ont scellé les commerces des Kurdes d’Afrin avant de les piller. Les propriétaires des commerces ciblés appellent à une intervention urgente des instances internationales et des organisations de défense des droits humains pour mettre fin à ces violations. Des sources locales à Afrin occupée ont rapporté que le soi-disant « Bureau d’administration économique », affilié à des mercenaires soutenus par la Turquie, a lancé une nouvelle campagne pour fermer des magasins industriels à l’aide de cire rouge, sous prétexte de justifications légales.  Les commerçants ont organisé aujourd’hui une marche de protestation devant le bureau de « l’Administration économique », rejetant les tentatives de manipulation de la loi et de confiscation de leurs moyens de subsistance. Ils ont souligné que ces mesures s’inscrivent dans le cadre de politiques systématiques visant à contrôler leurs biens, à les priver de revenus et à les contraindre à quitter leurs régions. Des sources ont confirmé que ces pratiques ne sont pas nouvelles. À Afrin occupée, des mercenaires soutenus par la Turquie continuent d’imposer des taxes et des prélèvements aux populations locales, parallèlement à des campagnes de confiscation et de pillage de biens et de produits agricoles. Ces mesures illégales coïncident avec le vol continu de récoltes agricoles, notamment d’olives, des rapports antérieurs indiquant que des mercenaires ont saisi plus de 900 oliviers dans la ville de Bulbul et d’autres zones de la campagne d’Afrin. Les habitants d’Afrin appellent à une intervention urgente des autorités internationales et des organisations de défense des droits humains pour mettre fin à ces violations de leurs moyens de subsistance, notamment dans un contexte de grave détérioration des conditions de vie et économiques dans la région. (ANHA)

Familles de Roboski : La paix a besoin de justice

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TURQUIE / KURDISTAN – Lors de la 166e réunion mensuelle commémorant le massacre de Roboski, les familles kurdes ont souligné que rendre justice pour ce massacre exigeait vérité, courage et confrontation pour mener à la paix. Dans le petit village frontalier de Roboski, près de Qilaban (Uludere en turc), dans le district de Şirnex (Şirnak), 34 personnes, dont des enfants, ont été tuées lors d’un massacre le 28 décembre 2011. Afin de faire la lumière sur ces événements, l’initiative « Justice pour Roboski » a été créée. Elle organise notamment des commémorations mensuelles à Ankara. Les familles mènent cette campagne depuis 166 mois. Tanju Gündüzalp, fondateur de l’initiative et membre du conseil d’administration de l’Association des droits de l’homme (IHD) à Ankara, a déclaré que même 722 semaines après le massacre, justice n’avait pas été rendue. « Roboski pourrit dans les couloirs de la justice » Bien que plusieurs années se soient écoulées, les responsables du massacre de Roboski n’ont toujours pas été traduits en justice, déplore Gündüzalp : « L’affaire n’est pas classée et s’enlise dans les méandres du système judiciaire. Cette situation montre que ce n’est pas seulement Roboski, mais le sens de la justice de toute la société qui est visé. L’impunité est le lot des crimes passés comme des crimes futurs. » Alors que les crimes commis contre les citoyens de ce pays sont étouffés, la mentalité autoritaire de l’État a érigé la guerre contre son propre peuple en mode de gouvernement. Roboski est le symbole le plus flagrant de cette mentalité dans sa forme la plus pure. Aujourd’hui encore, cette politique d’impunité se poursuit à travers la nomination de mandataires, la répression de l’opposition, la persécution des journalistes et des défenseurs des droits humains, et la manipulation systématique de la volonté populaire. L’oubli ouvre la voie à de nouveaux massacres Pour le militant des droits humains, la paix et les droits humains sont indissociables de l’État de droit et de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Or, dans le cas du massacre de Roboski, ces conditions ne sont pas réunies. Gündüzalp considère la tentative du gouvernement de soumettre l’« affaire Roboski » à la prescription comme une violation flagrante du droit international : « Le droit international est sans équivoque : les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles. » Il espère un changement et que justice soit faite pour les massacres impunis : « Nous le disons : la vérité n’est pas pour demain, mais une culpabilité d’aujourd’hui. Les massacres de Roboski, Suruç et de la gare d’Ankara sont tous le fruit de la même mentalité, de la même impunité, du même déni, du même silence. Nous le répétons : oublier ouvre la voie à de nouveaux massacres. » La paix a besoin de justice De nombreux groupes et associations mènent une lutte constante pour la vérité et la justice, a déclaré le militant, citant notamment les familles de Roboski, les Mères du samedi, les familles de Suruç et l’Association pour la paix du 10 octobre. « Ces luttes nous montrent que la vérité ne peut être étouffée et que la justice ne peut être différée. La tentative d’effacer la mémoire des massacres est une politique visant à détruire l’aspiration de la société à la paix et à la justice. » « Sans justice, il ne peut y avoir de paix. La paix ne se résume pas au silence des armes. La paix est un état où les droits des victimes sont reconnus, les auteurs de crimes sont traduits en justice et la restauration de la société est accomplie », a expliqué Gündüzalp, ajoutant : « Une république démocratique est un contrat social qui garantit l’égalité et la volonté de son peuple, assure la sécurité des identités et des croyances diverses et instaure la paix par la justice. » « Nous ne l’oublierons pas » Dans ses remarques finales, Tanju Gündüzalp a lancé un appel clair à l’humanité et à la conscience : « La vérité doit être dite avec courage, au-delà de la peur et du déni. Un aveu ne suffit pas ; la confrontation est essentielle. La justice est nécessaire à la paix, la vérité et la confrontation à la justice, et le courage de confronter sont indispensables. » L’initiative s’oppose à l’oubli avec un engagement indéfectible : « Nous défendons la justice et la coexistence pacifique. Contre la violence d’État et gouvernementale et contre tous les massacres, nous continuerons de commémorer le massacre de Roboski et de publier des déclarations le 28 de chaque mois jusqu’à ce que justice soit faite et que les puissants rendent des comptes. Nous n’avons pas oublié, nous n’oublierons pas et nous ne permettrons pas que l’oubli s’installe. » (ANF)

TURQUIE. Les grossesses adolescentes relancent le débat sur la maltraitance infantile et la protection de l’État

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TURQUIE / KURDISTAN – Plusieurs cas récents de grossesses chez les adolescentes en Turquie, y compris dans les régions kurdes du pays, ont relancé le débat public sur les abus envers les enfants et l’incapacité du gouvernement à protéger les mineurs, alors que des données officielles montrent que plus de 6 500 filles âgées de 15 à 17 ans ont accouché en 2023. Les médias turcs ont rapporté deux incidents distincts survenus dans la province de Zonguldak, en bordure de la mer Noire, où des filles de 16 ans enceintes sont arrivées à l’hôpital. Dans un cas, le bébé était mort-né et le parquet a ouvert une enquête ; dans l’autre, la mère et le nouveau-né ont été placés sous la protection de l’État. Ces informations font suite aux chiffres de l’Institut turc de la statistique (TurkStat) qui indiquent que 6 505 filles âgées de 15 à 17 ans ont accouché en 2023, dont 535 pour la deuxième fois et 31 pour la troisième. Les données révèlent également que 130 filles de moins de 15 ans ont accouché, dont quatre pour la deuxième fois. Les défenseurs des droits des femmes ont critiqué ce qu’ils décrivent comme l’incapacité du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir à protéger les filles contre le mariage précoce et les abus sexuels. Zeynep Şatır, du mouvement Feminist SOL (Gauche Féministe), a déclaré que l’augmentation des naissances chez les adolescentes reflète les politiques islamistes du gouvernement de l’AKP et son incapacité à mettre en œuvre des mesures de dissuasion et de protection. Elle a affirmé que les violences et les abus envers les filles ont augmenté durant les 23 années de règne de l’AKP, tandis que la clémence des peines et l’impunité continuent d’encourager les auteurs de ces actes. Seyhan Öznur Karasu, de l’association Femmes et Enfants d’abord, a accusé le gouvernement de vouloir dissimuler les violences, soulignant que toute grossesse chez une mineure de moins de 18 ans devait faire l’objet d’une enquête pour abus sexuel. « L’État doit agir de sa propre initiative dans de tels cas, sans attendre de plainte », a-t-elle ajouté. Selon un rapport de 2023 du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), 1 755 375 adolescentes âgées de 10 à 19 ans ont accouché en Turquie entre 2003 et 2021, durant les 18 premières années du règne de l’AKP. Parmi elles, 27 % étaient des filles de moins de 17 ans, et 15 601 naissances concernaient des filles de moins de 15 ans. L’étude du CHP a également révélé qu’entre 2012 et 2021, 147 enfants de moins de 15 ans ont accouché plus d’une fois, dont 16 à trois reprises et deux à quatre reprises. Chez les 15-17 ans, 14 806 mineures ont accouché plusieurs fois, certaines devenant mères quatre fois avant l’âge adulte. Le rapport accuse le gouvernement d’avoir dissimulé l’ampleur des grossesses infantiles et d’avoir retiré les données anciennes de l’accès public, affirmant que cela rend impossible toute comparaison à long terme. La Turquie affiche l’un des taux de mariage d’enfants les plus élevés d’Europe, avec environ 15 % des filles mariées avant l’âge de 18 ans et 2 % avant l’âge de 15 ans, selon les données de Girls Not Brides, une campagne mondiale contre le mariage d’enfants.

En Turquie, l’âge légal du consentement est de 18 ans, ce qui signifie que toute activité sexuelle impliquant une personne plus jeune peut donner lieu à des poursuites pour viol statutaire.

Bien que l’âge légal minimum pour le mariage soit également de 18 ans, les jeunes de 17 ans peuvent se marier avec le consentement de leurs parents ou de leur tuteur. Cependant, les mariages informels ou religieux, qui ne sont pas enregistrés légalement, restent répandus dans certaines régions du pays. (Turkihs Minute)

822 enfants de moins de 6 ans vivent dans les prisons surpeuplées de Turquie

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TURQUIE / KURDISTAN – Un récent rapport de la société civile dans le système pénal (en turc : Ceza İnfaz Sisteminde Sivil Toplum Derneği, CISST) a révélé que 822 enfants vivent derrière les barreaux avec leurs mères dans les prisons surpeuplées de Turquie, dont celles des régions kurdes du pays. Selon le CISST, au 1er octobre, 822 enfants de moins de six ans vivaient avec leur mère en prison, contre 759 un an auparavant. On dénombre également 4 561 mineurs âgés de 12 à 18 ans en détention, dont 187 jeunes femmes. La population carcérale totale en Turquie a atteint 420 904 détenus, dépassant la capacité officielle de 38 %. Cela représente une augmentation de 4,4 % au cours des six derniers mois et une multiplication par sept depuis 2002, date à laquelle le Parti de la justice et du développement (AKP) est arrivé au pouvoir. Le rapport indique également que 19 290 femmes sont incarcérées dans tout le pays. D’après un rapport du Conseil de l’Europe publié en 2023, la Turquie affichait de loin le plus grand nombre de prisonniers en Europe. Le pays a connu une augmentation de 439 % de sa population carcérale entre 2005 et 2023, surpassant tous les autres pays européens en termes de taux de croissance. Face à cette croissance démographique, le gouvernement turc poursuit l’expansion du système pénitentiaire. Six nouvelles prisons devraient ouvrir leurs portes dans les trois prochains mois, suivies de neuf en 2026, cinq en 2027 et deux en 2028. Avec ces 22 nouveaux établissements, le nombre total de prisons en Turquie atteindra 424 fin 2028. Le nombre d’enfants accompagnant leurs mères en prison en Turquie a explosé à la suite de la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, lorsque des milliers de femmes ont été arrêtées en raison de leurs liens présumés avec le mouvement religieux Gülen. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan cible les partisans du mouvement Gülen, inspiré par le défunt religieux musulman Fethullah Gülen, depuis que des enquêtes pour corruption menées en décembre 2013 l’ont impliqué, ainsi que certains membres de sa famille et de son entourage. Qualifiant les enquêtes de tentative de coup d’État güleniste et de complot contre son gouvernement, Erdoğan a commencé à cibler les membres du mouvement. Il l’a désigné comme organisation terroriste en mai 2016 et a intensifié la répression à son encontre après un putsch manqué en juillet de la même année, dont il a accusé Gülen d’être le cerveau. Le mouvement nie catégoriquement toute implication dans la tentative de coup d’État ou toute activité terroriste. Les Règles des Nations Unies pour le traitement des femmes détenues (dites Règles de Bangkok), articles 48 à 52, contiennent des dispositions relatives aux femmes enceintes, aux mères allaitantes et aux femmes ayant des enfants en prison. Ces normes internationales, adoptées en 2010, stipulent que « les détenues enceintes, ayant récemment accouché, allaitantes ou séjournant avec des enfants doivent être traitées en fonction de leurs besoins ; les enfants doivent être suivis par des spécialistes. Un enfant séjournant avec sa mère ne doit jamais être traité comme un détenu. » Selon l’article 16 du Code pénal turc, « l’exécution de la peine d’emprisonnement est suspendue pour les femmes enceintes ou celles qui sont à moins de six mois de l’accouchement ». Or, les experts affirment que, selon la loi, l’arrestation des femmes enceintes et de celles qui ont des nourrissons de moins de six mois est impossible. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) se concentre également sur la protection des enfants et étend, dans certaines circonstances, les garanties qui leur sont accordées aux enfants à naître. Cependant, les femmes emprisonnées lors de cette répression sans précédent ont été soumises à la torture et à des mauvais traitements dans les centres de détention et les prisons, dans le cadre de la campagne systématique d’intimidation et de persécution menée par le gouvernement contre les critiques et les opposants, comme le révèle un rapport intitulé « Emprisonner les femmes en Turquie : campagne systématique de persécution et de peur », publié en avril 2017 par le Stockholm Center for Freedom (SCF). Fondée en 2006 à Istanbul, CISST milite pour la protection des droits et libertés des détenus. L’organisation s’engage à garantir que les conditions, les pratiques et les politiques carcérales en Turquie respectent la dignité humaine et les normes universelles relatives aux droits humains. (Stockholm Center for Freedom)

TURQUIE. Attaque fasciste à l’Université Hacettepe d’Ankara

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TURQUIE – Le 27 octobre dernier, des Loups gris turcs des Foyers idéalistes* ont attaqué avec des machettes et des couteaux des étudiants de gauche / kurdes sur le campus de l’université Hacettepe d’Ankara. Plusieurs étudiants ont été blessés, dont un grièvement. La police a arrêté uniquement les étudiants agressés… Les étudiants, organisés autour de problématiques telles que le chaos, les difficultés financières et les injustices dans le pays, notamment les problèmes fondamentaux comme le logement, la nourriture et les transports, ont effrayé le gouvernement. Immédiatement après le coup d’État du 19 mars, ils ont marché sur Saraçhane, forçant les barricades et déclenchant un mouvement de protestation qui s’est propagé à travers tout le pays. Alors que les mouvements étudiants, sortant de leur période d’inactivité, gagnaient en force dans de nombreux centres urbains, en particulier à Istanbul et à Ankara, l’administration du Palais a réagi.
Alors que les étudiants de l’Université Hacettepe poursuivaient depuis plusieurs jours leur lutte pour le droit de se restaurer sur le campus, un groupe cagoulé et armé de gourdins les a attaqués la veille sur le campus de Beytepe. Selon les informations, un groupe se faisant appeler « Organisation des Ülkücü de Hacettepe » avait appelé à un « changement de leader et à la remise du drapeau ». Les étudiants de l’université ont réagi à cet appel. C’est alors qu’un groupe d’individus masqués et fascistes a attaqué les étudiants, blessant plusieurs d’entre eux. Des images montrent que les forces de sécurité n’ont pas réagi. Sur les réseaux sociaux, on peut voir une personne armée d’une gourdin, escortée par les forces de sécurité, marcher avec la gourdin dans le dos. Fatih Aydın, vice-président de la Fondation pour l’éducation et la culture des Ülkü Ocakları (Foyers idéalistes ou Loups Gris turcs), se présentant comme membre du Mouvement nationaliste de l’Université Hacettepe, a également reconnu l’attaque à la gourdin.

Arrêtée alors qu’elle était blessée 

Après l’incident, les étudiants blessés et leurs amis se sont rendus à l’hôpital municipal de Bilkent. La police a alors tenté d’arrêter les étudiants pendant qu’ils étaient examinés par les médecins. De nombreux étudiants, protestant contre cette arrestation, ont été rassemblés dans le jardin de l’hôpital. L’avocate Döndü Kurşunoğlu a déclaré que sa cliente devait être placée en garde à vue. Elle a ajouté : « Notre cliente doit être placée en garde à vue avant même que les résultats du scanner ne soient connus. Elle ne peut pas être conduite au poste de police dans cet état. » Au total, 28 étudiants, dont une étudiante blessée qui attendait son examen, ont été interpellés. Après les formalités au poste de police, 23 étudiants ont été relâchés, tandis que 5 ont été déférés au tribunal le soir même avec une demande de mise en examen.

« Unissons-nous contra la terreur fasciste »

Parallèlement, l’attaque fasciste a suscité une vive réaction. Le parti de gauche a publié un communiqué : « Unissons-nous contre la terreur fasciste dans les universités. Face à la lutte légitime des étudiants de l’université Hacettepe, qui réclament depuis des semaines le droit à une vie digne, à un logement et à la nourriture, les autorités universitaires ont fait appel à une bande organisée de fascistes, affiliés à des clubs extérieurs à l’ université. Ce régime, qui n’offre aucun avenir à la jeunesse, tente de faire taire la voix grandissante de celle-ci par le biais des bandes nationalistes soutenues par la CIA, que nous connaissons à Maraş, Çorum et Madımak [massacre de Kurdes/alévis]. Les derniers soubresauts de cette minorité réactionnaire, qui a perdu tout pouvoir et toute légitimité aux yeux du peuple, sont vains. L’avenir de ce pays sera bâti par ceux qui se lèvent pour le défendre. Nous appelons l’opinion publique révolutionnaire, patriotique et démocratique, ainsi que la jeunesse qui se mobilise pour son avenir, à s’unir contre la terreur fasciste dans les universités. »

SOLIDARITÉ ÉTENDUE

Des étudiants de l’université, rassemblés devant l’établissement, ont également publié une déclaration concernant l’attaque d’Hacettepe. Dans cette déclaration, ils ont affirmé :

 Aujourd’hui, en tant qu’étudiants, nous clamons haut et fort notre résistance face aux pratiques qui protègent les groupes fascistes et livrent les campus au capital et à l’emprise de l’État. Nous continuerons à lutter pour que les universités demeurent des espaces autonomes et démocratiques. Notre solidarité s’étend de Beyazıt à Beytepe : nos camarades de l’université Hacettepe ne sont pas seuls. Les attaques perpétrées à l’université Hacettepe ne concernent pas uniquement les étudiants de cette université. Elles constituent une attaque contre la lutte de tous les étudiants pour leurs droits. Ceux qui nous ont tendu des embuscades en collaboration avec des groupes fascistes sur nos campus, qui ont déployé des dizaines de policiers anti-émeutes pour la « cérémonie » des fascistes, qui ont tenté d’empêcher nos camarades blessés de recevoir des soins et qui les ont retenus lors d’examens médicaux, commettent des crimes. De Beytepe à DTCF, notre voix résonne d’une seule voix sur tous les campus du pays : « Les universités seront le tombeau du fascisme. » Les Forces du travail et de la démocratie d’Ankara, rassemblées devant le tribunal de Sıhhiye pour soutenir les jeunes détenus et blessés à Ankara, ont également publié un communiqué de soutien. Ce communiqué souligne que le gouvernement a envoyé des bandes fascistes contre les étudiants qui revendiquent leurs droits et affirme que les étudiants de l’ODTÜ, de Hacettepe et du DTCF continueront de lutter sans relâche contre les attaques du gouvernement et de ces bandes. Le communiqué qualifie ces attaques de tentative de l’homme qui veut se maintenir au pouvoir à vie et du régime actuel de perpétuer son existence.

La déclaration comprenait les remarques suivantes : « Qui sont ces fascistes qui attaquent les universités, armés de matraques et masqués ? Comment sont-ils entrés dans l’université, qu’ils tentent de transformer en prison à ciel ouvert ? Pourquoi les forces anti-émeutes déployées sur le campus ne sont-elles pas intervenues contre ces fascistes qui agressaient les étudiants avec des matraques ? On comprend d’où les agents de sécurité qui protégeaient ces agresseurs armés de matraques ont tiré leur courage. »

Qui sont ces individus ?

Quelques minutes après l’attaque perpétrée par des individus masqués et armés de machettes à l’université Hacettepe, Ömer Oğuz Yıldız, un dirigeant de l’aile jeunesse de l’AKP, a publié un message : « Je me laverai de votre sang », mentionnant le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, et le ministre de la Justice, Yılmaz Tunç. Les Ülkü Ocakları, qui perdaient de l’influence au sein de l’université depuis quelque temps, ont organisé un rassemblement à Beytepe le jour de l’attaque, sous l’appellation de « cérémonie de passation de pouvoir ». Suite à l’ attaque, Kayra Utku Sürenler, vice-président provincial des Ülkü Ocakları [Foyers Idéalistes] d’Ankara en charge des universités, a également publié des messages similaires.

Voici quelques questions que se pose le public : • Qui sont les agresseurs qui ne sont pas des élèves ? ​​Comment ont-ils pu entrer librement dans l’établissement ?

• Pourquoi le service de sécurité de l’école n’a-t-il pas pris de mesures pour empêcher l’attaque au couteau ?

• Des membres de gangs de trafiquants de drogue ont-ils été amenés sur le campus ? • S’agit-il d’un nouveau type de structure organisationnelle ?

• Pourquoi aucune enquête n’a-t-elle été ouverte ?

Qui sont les Loups Gris turcs ?

*L’idéologie des Loups Gris du Mouvement Ülkücü (Idéalistes, le nom complet est « Foyers idéalistes », en turc: Ülkü Ocaklari) repose sur une exaltation de la « race », de la langue, de la culture et de la nation turques. Les autres peuples de Turquie sont considérées comme une force de division de l’unité du pays et sont donc combattus. L’idéologie des Ülkücü est largement façonnée par les images de l’ennemi et les théories du complot. L’éventail des ennemis « internes » et « externes » s’étend des Kurdes, des Grecs et des Arméniens aux Juifs, des Européens et des Chinois aux États-Unis et au Vatican.