TURQUIE. L’État complice de l’abattage de 40% de la forêt de Bitlis

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TURQUIE / KURDISTAN – Dans la province kurde de Bitlis 40 % des forêts ont été abattues sous prétexte de « sécurité » avec la complicité de l’État turc. Les villageois déclarent que l’abattage, initialement autorisé par l’État, s’est poursuivi malgré l’interdiction, suite à l’intervention d’entreprises. Ces dernières années, de nombreuses villes du Kurdistan ont été le théâtre d’abattages d’arbres et d’incendies de forêt au nom de la « sécurité ». Parmi ces villes figurent Şirnak (Şirnex), Hakkari (Colemêrg) et Bitlis (Bedlîs). Au Kurdistan, où l’abattage a débuté sous couvert de « sécurité » avant de se transformer en activité commerciale, les espaces verts se sont progressivement appauvris. Cette destruction est clairement visible sur les images satellite. À Bitlis, où l’abattage se poursuit sans interruption depuis environ sept ans, les arbres sont déracinés par des pelleteuses pour qu’ils ne repoussent pas. En raison de la déforestation dans les régions de Hizan (Xîzan), Tatvan (Tûx) et Oleka Jor, 40 % du patrimoine forestier a disparu. Les villageois, qui ont réagi à la situation, ont souligné que l’État avait initialement commencé les coupes, mais qu’elles s’étaient poursuivies avec l’intervention d’entreprises privées, même après l’interdiction du gouvernorat. Ces dernières années, de nombreuses villes du Kurdistan ont été le théâtre d’abattages d’arbres et d’incendies de forêt au nom de la « sécurité ». Parmi ces villes figurent Şirnak (Şirnex), Hakkari (Colemêrg) et Bitlis (Bedlîs). Au Kurdistan, où l’abattage a débuté sous couvert de « sécurité » avant de se transformer en activité commerciale, les espaces verts se sont progressivement appauvris. Cette destruction est clairement visible sur les images satellite. À Bitlis, où l’abattage se poursuit sans interruption depuis environ sept ans, les arbres sont déracinés par des pelleteuses pour qu’ils ne repoussent pas. En raison de la déforestation dans les régions de Hizan (Xîzan), Tatvan (Tûx) et Oleka Jor, 40 % du patrimoine forestier a disparu. Les villageois, qui ont réagi à la situation, ont souligné que l’État avait initialement commencé les coupes, mais qu’elles s’étaient poursuivies avec l’intervention d’entreprises privées, même après l’interdiction du gouvernorat.
Des milliers d’arbres abattus sous prétexte de « terrorisme » Les coupes ont commencé à Xîzan en 2018. Elles se sont ensuite poursuivies dans les villages de Şêx Cûma, Oleka Jor et Oleka Jêr, défrichant de vastes zones. Les flancs de collines ont été dénudés et des routes ont été ouvertes pour le passage des engins lourds. Au début, l’abattage se faisait sous escorte militaire, et des dizaines d’appels d’offres ont été lancés à ce jour. Sous le nom de « zone terroriste », des entreprises pénétraient dans les zones forestières avec des excavatrices et des tracteurs de location. Les arbres coupés étaient chargés sur des camions et vendus. Les entreprises actives dans la région auraient dit aux villageois : « Plus vous coupez, plus vous gagnez d’argent », les encourageant ainsi à participer. Ils ont donné leur permission, et maintenant ils ne peuvent plus arrêter la destruction Dans de nombreuses zones dévastées, les arbres ont été entièrement déracinés, et les villageois vivent depuis des années au son des tronçonneuses. Des photos de la région révèlent l’ampleur des dégâts. Après que les députés du Parti démocrate-démocrate (DEM) ont porté la question au Parlement, la Direction provinciale des forêts a interdit la coupe dans certaines zones rasées. Cependant, cette même direction, qui délivrait autrefois les permis, n’a pas réussi à arrêter les entreprises présentes sur le terrain. On a également appris que de nombreux gardes villageois continuent d’abattre des arbres avec leurs tracteurs malgré l’interdiction. Les habitants affirment que les vergers et les arbres ont été détruits et que les animaux sauvages, incapables de trouver de la nourriture, pénètrent désormais dans les villages et endommagent leurs champs. Idris Turgut, un habitant du village de Şêx Cûma, a déclaré que l’abattage des arbres était devenu systématique après l’échec du processus de paix. « Après la fin du processus de paix, cette coupe a commencé. Ils ont pillé la nature ; il ne reste plus d’arbres. C’est pourquoi les animaux sauvages ont commencé à affluer dans les villages. Nous avons dû clôturer nos champs pour les protéger », a-t-il déclaré. Les compagnies et les gardes de village n’ont laissé aucun arbre Turgut a critiqué l’intervention de l’État et des grandes entreprises dans la région : « Le bureau du gouverneur est d’abord intervenu, puis les entreprises. Ils ont déployé des gardes villageois ici sans même les payer. Maintenant, ils tentent d’empêcher l’abattage, mais les entreprises résistent. Malgré la menace de sanctions, les arbres continuent d’être abattus. Le bruit des tronçonneuses résonne jour et nuit. Les entreprises tentent également d’impliquer les villageois dans leurs activités. Avant, personne ne faisait ce travail. Il n’y a plus de pâturages pour les animaux. À certains endroits, ils déracinent même les arbres à l’aide d’excavatrices. » Quand les choses se passent au Kurdistan, ils restent silencieux Turgut a également souligné que de telles destructions sont ignorées lorsqu’elles se produisent dans les régions kurdes : « Si un arbre est abattu à Izmir, tout le monde proteste. Quand cela se produit au Kurdistan, personne ne dit mot. Quand nous nous exprimons, nous sommes confrontés à la répression. Chacun doit s’élever contre ces abattages. » Vergers abattus Saime Elmas a décrit les événements ainsi : « Ils ont gravement endommagé nos arbres, ils ont abattu nos vergers. Des animaux sauvages envahissent désormais nos champs. Les entreprises et les gardes villageois en profitent, mais nous perdons nos moyens de subsistance. Et ce ne sont pas que des dégâts, ils nous insultent aussi. » Faisant référence au discours pacifiste, Saime Elmas a ajouté : « La paix viendra-t-elle en coupant des arbres ? Qu’ils laissent nos villages et notre nature tranquilles. Ils doivent cesser de nuire aux populations et aux arbres. » (ANF)

SUISSE. Les Kurdes manifestent contre le Traité de Lausanne

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SUISSE – Les Kurdes ont manifesté aujourd’hui à Lausanne à l’occasion du 102e anniversaire du traité de Lausanne qui a acté la colonisation du Kurdistan et privé le peuple kurde de s’autogouverner.
 
Le 24 juillet 1923, un traité signé au palais Rumine de Lausanne entre la Turquie, le Royaume-Uni, la France et leurs alliés allait entrer dans l’histoire internationale sous le nom de Traité de Lausanne. Pourtant, sa mise en œuvre marqua le début d’une ère tragique pour le peuple kurde et celui du Kurdistan, marquant le début d’un génocide culturel et physique.
 
Et c’est ce qui s’est passé. Le traité, qui a légitimé la partition du Kurdistan en quatre parties par les puissances coloniales, a laissé l’avenir du peuple kurde à la merci des dominations arabe, perse et turque. Cent deux ans plus tard, cet accord demeure une blessure profonde dans l’histoire du peuple kurde et symbolise une injustice persistante. C’est pourquoi la colère et la résistance du peuple kurde à l’égard de ce traité n’ont jamais faibli ; au contraire, elles ont grandi à chaque génération jusqu’à aujourd’hui.
 
La Suisse, et Lausanne en particulier, qui a accueilli les puissances coloniales à la table des négociations en 1923, connaîtra cette année encore, comme chaque année, un moment de vérité historique à l’occasion de l’anniversaire du traité. À l’occasion du 102e anniversaire du Traité de Lausanne, les enfants du peuple kurde, exclus de la table des négociations et livrés à la merci du colonialisme pendant un siècle, descendent dans les rues de Lausanne pour exprimer leur colère et leur refus.
 
Les Kurdes et leurs amis se sont rassemblés aujourd’hui dans la ville suisse pour une marche de protestation et un rassemblement afin de condamner le traité, qui a divisé le Kurdistan en quatre parties et a soumis le peuple kurde et d’autres peuples de la région à un siècle de massacres, d’assimilation et de déni.
  Sous la direction d’un total de 17 mouvements kurdes, dont le KCK, le KNK, l’UPK, le mouvement Gorran, l’administration autonome de Rojava, le KCDK-E, le TJK-E, le PJAK, l’ESU, le PIK et le PYD, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place Jean-Monnet à Lausanne et ont commencé à marcher vers le château historique d’Ouchy, où se sont déroulées les négociations du traité de Lausanne. La marche de protestation a rassemblé des Kurdes de plusieurs villes de Suisse, des représentants de groupes religieux de la Mésopotamie et diverses institutions, organisations et groupes de solidarité suisses. Avec leurs banderoles et leurs slogans, les participants ont protesté contre plus d’un siècle de violations des droits, de discrimination politique et du statu quo de Lausanne, tout en attirant l’attention sur la nécessité d’un nouvel accord à la lumière des développements régionaux. (ANF)

TURQUIE. Création d’une commission parlementaire pour la question kurde

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TURQUIE – Le comité devrait jouer un rôle central dans le processus de paix. La Grande Assemblée nationale de Turquie (TBMM) a officiellement notifié aux partis politiques la formation d’une commission parlementaire dédiée à un nouveau processus de paix kurde. L’annonce a été faite par le biais d’une lettre du président du Parlement, Numan Kurtulmuş, qui a demandé à chaque parti de soumettre ses représentants au comité avant la date limite du 31 août. Le comité comprendra 51 membres. La répartition par parti est la suivante : l’AKP au pouvoir (21 membres), le MHP (partenaire de coalition) (4), le CHP (principal parti d’opposition) (10), le Parti pour l’égalité et la démocratie des peuples (DEM) (4) pro-kurde, le Parti nationaliste-laïc du Bien (İYİ) (3), le Parti Yeni Yol (3), le Parti kurde-islamiste de la cause libre (Hüda Par) (1), le Parti des travailleurs de Turquie (TİP) (1), le Parti du travail (EMEP) (1), le Parti de la gauche démocratique (1) et le Parti démocrate (1). Le comité devrait jouer un rôle central dans le nouveau processus de paix kurde en Turquie, qui a débuté après que le chef du MHP, Devlet Bahçeli, a exhorté le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, à dissoudre l’organisation en échange d’une éventuelle libération. À la suite de rencontres entre une délégation du DEM Parti et Öcalan, ce dernier a lancé en février un appel au désarmement et à la dissolution du PKK. Le groupe a officiellement annoncé sa dissolution en mai et a entamé une cérémonie symbolique de destruction d’armes le 11 juillet au Kurdistan d’Irak. Les critiques avaient auparavant reproché au processus de paix de 2013-2015 d’avoir exclu le Parlement. En revanche, la nouvelle commission vise à assurer le contrôle législatif et la légitimité de l’effort de réconciliation. (Bianet)

« Pas de paix en Syrie sans la reconnaissance des droits des minorités »

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PARIS – Dans une tribune publiée sur le site de l’Huma, les coprésident.e.s de l’association France-Kurdistan, Pascal Torre et Roseline Kisa demandent à la France de soutenir le modèle pluraliste et démocratique du Rojava initié par les Kurdes syriens menacé par le régime islamiste d’al-Sharaa.
Voici leur tribune : 
 
 
Le 11 juillet 2025, dans le sud de la Syrie, à la suite d’une embuscade bédouine, un marchand de légumes druze est arrêté, roué de coups et sa cargaison dérobée. Le lendemain, un engrenage répressif entre les communautés s’installe avec des enlèvements qui débouchent sur des affrontements armés. Les forces gouvernementales entrent en action aux côtés des tribus bédouines profitant de cette opportunité pour imposer leur présence dans une zone qui échappe à leur contrôle. Les exactions se multiplient fournissant à Israël un prétexte pour procéder à des bombardements meurtriers au motif fallacieux de défendre la minorité druze. À l’issue d’une semaine de combats, un accord de cessez-le-feu est conclu sous l’égide des États-Unis et des puissances régionales. Le bilan actuel fait état de 1400 morts dont une majorité de civils druzes exécutés sommairement. 128 000 personnes ont dû fuir leurs habitations pillées en l’espace d’une semaine sous les bombardements et les humiliations. Les causes de ce déchaînement de violence sont multiples s’inscrivant dans le temps long sans éluder la responsabilité du pouvoir actuel. La Syrie s’organise autour d’une mosaïque de peuples et de confessions qui structure la vie sociale et politique. Cependant le pouvoir n’a jamais reflété cette diversité. Lors de la domination ottomane mais aussi sous le mandat français, ces puissances occupantes se sont appuyées sur le fait communautaire afin de diviser la société et d’imposer leur autorité. Le régime des Assad a amplifié ce phénomène afin de permettre à un clan minoritaire et kleptocrate de confisquer le pouvoir par la sauvagerie. Cela a façonné une société fragmentée entre Sunnites, Kurdes, Alaouites, Chrétiens, Chiites, Bédouins… À la survie des uns répond la revanche des autres. Les espoirs suscités par la chute de Bachar el Assad auront été de courte durée. Depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes, le président intérimaire autoproclamé Ahmad el Chareh n’a eu de cesse de concentrer tous les pouvoirs au profit des milices d’Hay’at Tahrir al-Cham (HTC). S’instituant porte-parole des Sunnites, longtemps persécutés, il exclut les minorités en dépit d’un discours lissé et inclusif. Majoritaires, les Sunnites ne constituent en rien un bloc homogène. Un courant islamiste porte un discours victimaire, réactionnaire, suprémaciste et intolérant. D’autres ne se reconnaissent pas forcément dans ces options qui suscitent une colère croissante d’autant que toutes les politiques d’exclusion ont respectivement conduit au désastre. Pour A. el Chareh, les territoires kurdes, alaouites et druzes sont autant de zones qui échappent à son contrôle et qu’il faut reprendre par la force et le sang.
Depuis la terreur a fait sa réapparition faisant ressembler cruellement la nouvelle ère à l’ancienne. En mars, 1700 Alaouites sont massacrés par les forces gouvernementales. En mai, des affrontements meurtriers visent les Druzes à Jaramana tandis que le mois suivant une église chrétienne est détruite, à la suite d’un attentat. La récurrence de ces événements dramatiques ne relève pas du hasard conjoncturel mais apparaît comme systémique. Le président A. el-Chareh, qui n’a pas souhaité rassembler tous les Syriens, porte l’entière responsabilité de cette violence exterminatrice. On peut parfois lire qu’il ne contient pas ses milices, ce qui est inquiétant… mais s’il les contrôle cela est d’une gravité extrême. La commission nationale chargée de remettre un rapport sur le massacre des Alaouites vient de rendre ses conclusions avec plusieurs semaines de retard favorisant l’impunité des criminels et la récidive. Le pouvoir d’A. el Chareh sort affaibli de cette séquence alors qu’une triple stratégie de reconnaissance internationale, de mainmise sur les institutions et d’instrumentalisation de la rancœur pour faire plier les minorités par des opérations militaires semblaient lui sourire il y a encore quelques jours. Soueida marque pour HTC une première défaite dans la mesure où les factions druzes ont repris le contrôle de la ville tandis que les tribus bédouines et les forces gouvernementales ont été contraintes de se retirer. Après les frappes israéliennes, alors que Damas négociait avec Tel Aviv une éventuelle normalisation des relations, cet aveu de faiblesse du pouvoir central pourrait être rédhibitoire pour la base sunnite et les franges les plus radicales d’HTC qui accusent déjà A. el Chareh de trahison. Cette perte de crédibilité accroît les pressions étrangères notamment celles des États-Unis qui agissent sous la pression de l’Arabie saoudite et de la Turquie qui, elles, misent sur un pouvoir fort en Syrie pour stabiliser la situation et défendre leurs intérêts. Elle permet également à Israël, qui commet un génocide à Gaza, d’intervenir, dans une perspective opposée, afin de creuser les divisions confessionnelles pour rendre irréversible un effondrement syrien. Un ministre israélien a même appelé à éliminer A. el Chareh. En refusant une transition démocratique inclusive et en jouant du confessionnalisme, le président intérimaire a pris le risque de perdre le contrôle du terrain. Une telle politique ravive légitimement la crainte des minorités et accentue le fossé entre les communautés. Au sein de l’espace druze, le début de la guerre civile en 2011 et l’arrivée des islamistes au pouvoir ont suscité des réactions diverses et un processus de repli. Contrairement à une idée reçue, les Druzes, dans leur ensemble, n’ont pas été favorables au régime de Bachar al Assad. Comme les Kurdes, ils ont opté pour une troisième voie pour protéger leur communauté contre les forces de Damas et une opposition confessionnalisée. Leur spectre militaire se divise en trois principaux ensembles. Le « Conseil militaire de Soueida » unit plusieurs factions autour du cheikh Hikmat al-Hijri et se place dans une position de rupture avec Damas. Il s’oppose à l’installation des forces gouvernementales, au dépôt des armes et en appelle ouvertement à la protection d’Israël. À la faveur de l’intervention de Tel-Aviv, il a pris progressivement le contrôle de Soueida marginalisant les modérés. « Les Hommes de la dignité » regroupent des forces autour du cheikh Walid al Balous. Ils se sont montrés moins hostiles au nouveau pouvoir et avaient décidé d’intégrer les forces de sécurité syriennes. Avec les événements, ils se sont radicalisés et rejettent la présence de l’armée de Damas. Enfin, « Les Forces de la dignité » constituent, autour du cheikh Laith al Balous, des interlocuteurs du pouvoir syrien ayant collaboré sur le terrain opérationnel avec lui. Ils sont désormais presque marginalisés. Les relations conflictuelles entre les Druzes et les 6 ou 7 tribus bédouines de la région sud ne datent pas d’hier et sont essentiellement liées à l’usage de la terre. Durant la guerre civile, ces tribus ont reçu le soutien de l’État Islamique. Elles entretiennent avec le nouveau pouvoir des liens qui oscillent entre l’ambiguïté et la proximité. Avec le déclenchement des hostilités, les autres tribus du pays, souvent lourdement armées, ont affirmé leur solidarité avec les Bédouins et des milliers de combattants ont afflué vers Soueida escomptant un appui gouvernemental. Avec la signature d’un accord, les forces syriennes leur ont barré la route d’accès à la province. Cette mobilisation a dépassé les frontières impliquant des tribus du Liban et de Jordanie qui depuis mai ont renforcé leur coopération. Dans le pays du Cèdre, les Druzes bouillonnent de colère devant les massacres et les humiliations faisant voler en éclat des décennies de bonnes relations avec les Sunnites. Depuis plusieurs décennies, le Moyen-Orient est confronté à des guerres récurrentes, à des tueries de masse et à des luttes barbares pour le pouvoir. Les puissances régionales et des milices para-étatiques, animées de mentalités obsidionales, sont persuadées que les exterminations, les nettoyages ethniques et la force brute employée contre les peuples constituent l’unique solution à leurs préoccupations. Ces politiques ne résolvent aucun problème et aboutissent systématiquement au fiasco. Elles attisent les ingérences, nourrissent le ressentiment qui s’exprime parfois dans l’islamisme quand les sociétés civiles ont été brisées par la disparition de forces politiques démocratiques et pluralistes capables de porter une vision fondée sur la citoyenneté et non sur le réflexe communautaire afin de bâtir un avenir commun. Ce chaos ne relève pas seulement de tensions confessionnelles et ethniques mais s’enracine dans des conflits de classe. La haine puise ses ressorts dans un système d’exclusion sociale, d’inégalités croissantes, d’injustices, de mépris que les politiques néolibérales exacerbent privant les individus des besoins les plus élémentaires. Partout les logiques de violence et de haine s’imposent. Ainsi, les massacres des Alaouites et des Druzes font écho à ceux perpétrés par Israël contre les Palestiniens, par l’État Islamique ou les supplétifs djihadistes de la Turquie contre les Yézidis et les Kurdes. Si les ingrédients de la violence ne sont pas prêts de disparaître, il n’y a pas d’autre solution que d’ouvrir des voies nouvelles en faveur de la paix qui n’a rien d’irréaliste. En Syrie, rien ne sera possible sans remettre en cause l’exclusion des minorités. Dans le Nord et l’Est de la Syrie, l’Administration autonome du Rojava expérimente un modèle politique et social qui, même dans un contexte de guerre, tente de garantir une gouvernance efficace préservant la liberté, la sécurité, la pluralité politique, l’égalité femmes-hommes, un égal accès aux ressources, le respect de toutes les diversités confessionnelles, ethniques et linguistiques. Une nouvelle citoyenneté transcende, sans les nier, les identités sur la base de structures politiques laïques. Cette expérience peut servir de matrice pour reconstruire une Syrie et éviter une marche vers l’abîme. Une majorité de Syriens est susceptible de soutenir cette démarche inclusive contrairement à la déclaration constitutionnelle émanant du pouvoir d’A. al Chareh qui ne vise qu’à confisquer et à concentrer les pouvoirs. Un haut responsable kurde syrien, Bedran Ciya Kurde a invité les autorités syriennes à reconsidérer leur approche vis-à-vis des différentes minorités du pays et à engager un dialogue national sérieux et responsable avec toutes les composantes « tout en respectant la spécificité et l’identité culturelle et religieuse de chacune d’elles ». Une Syrie unie et démocratique permettant aux minorités de disposer d’une plus grande autonomie, comme le demandent les Alaouites, les Druzes et les Kurdes est aujourd’hui la voie raisonnable pour retrouver la confiance, reconstruire le pays en favorisant la coexistence, le respect de l’altérité pour une paix durable. La capacité d’influence de la France et de l’Union Européenne dans la région et particulièrement en Syrie est quasiment nulle. Cependant, E Macron a reçu depuis peu, et avec tous les honneurs, A. el Chareh suscitant la consternation des forces démocratiques et des Kurdes. Les liens établis devraient constituer un moyen de pression afin que les engagements pris par le pouvoir syrien entrent en vigueur. La France doit soutenir l’AANES, sans tergiverser dans son projet d’une Syrie unie, démocratique et respectueuse de toutes les diversités.

SYRIE. 635 femmes tuées en 7 mois

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SYRIE / ROJAVA – Au moins 635 femmes ont été assassinées en Syrie depuis le début de l’année 2025, signale l’agence kurde ANF. Depuis le début de l’année, les femmes syriennes sont victimes de graves violations, allant de la négligence systématique à l’exclusion des processus décisionnels et de tout rôle dans l’élaboration de l’avenir du pays. Meurtres, violences, enlèvements et agressions sexuelles contre les femmes demeurent monnaie courante, notamment le long de la bande côtière et à Soueïda (Suwayda). L’exclusion des femmes de la gouvernance transparaît clairement dans les déclarations des responsables du gouvernement intérimaire syrien. Le retrait des femmes des fonctions militaires et sécuritaires a été ouvertement justifié par la porte-parole du gouvernement, Ubaida Arnaout, qui a invoqué « la nature psychologique et biologique des femmes ». Aisha Al-Dibis, seule femme au gouvernement et directrice du Bureau des affaires féminines, a déclaré : « Le foyer est le lieu naturel d’une femme. » Elle a également affirmé que les femmes qui ne se conforment pas aux normes religieuses et culturelles du gouvernement ne seraient pas nommées à des postes officiels. Entre-temps, la déclaration constitutionnelle publiée par le gouvernement intérimaire syrien ne contient aucune disposition concernant la représentation politique des femmes ou leur inclusion dans les comités de rédaction constitutionnelle. La déclaration et sa position sous-jacente anti-femmes. Selon les données de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, du Réseau Rassed et du Réseau syrien des droits de l’homme, plus de 635 femmes ont été tuées depuis début 2025 dans les zones contrôlées par le gouvernement intérimaire syrien. De plus, plus de 400 femmes sont toujours portées disparues dans différentes régions de Syrie, sans aucune information sur leur sort. Dans un rapport publié en février, le Réseau syrien pour les droits de l’homme a déclaré que sur 200 personnes enlevées dans les zones rurales de Damas et de Hama, deux étaient des femmes. La même organisation a rapporté qu’à Idlib, Sahl al-Ghab et dans la campagne occidentale d’Alep, des femmes ont été harcelées et interrogées par les forces de sécurité en raison de leur activisme civil et de leurs opinions politiques. Massacres à Soueïda et dans la région côtière Depuis le 13 juillet, la ville druze de Sweida est le théâtre d’une vague de massacres. Le 13 juillet, un enfant a été tué lors d’affrontements dans le quartier de Miqewes. Le 15 juillet, une attaque contre la salle Al-Radwan a causé la mort d’une femme et de deux enfants. Entre le 16 et le 19 juillet, plus de 180 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées et des habitations ont été incendiées. Le 17 juillet, une médecin nommée Fatin Hilal a été assassinée par des groupes armés alors qu’elle se rendait à son travail. Le 19 juillet, une Bédouine et ses trois enfants ont été tués lors d’un raid contre leur domicile. Depuis le début des attaques de Soueida, 70 femmes ont été portées disparues. Des groupes armés affiliés au gouvernement intérimaire syrien ont également mené des attaques de grande ampleur dans la région côtière entre le 6 et le 10 mars. Selon le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, au moins 1 600 personnes ont été tuées lors de ces assauts, au cours desquels des actes de torture, des coups, des insultes, des menaces de mort et des actes d’intimidation envers des enfants ont été commis. Reuters a rapporté que le nombre de morts avait atteint environ 1 400, mais des sources locales confirment que le nombre réel est nettement plus élevé. Des centaines de femmes auraient été enlevées à Lattaquié, Hama, Homs et Tartous, et le sort de beaucoup d’entre elles reste inconnu. Lois restreignant les libertés individuelles En juin, le gouvernement intérimaire syrien a adopté une loi imposant aux femmes le port de vêtements religieux dans l’espace public. Dans le cadre de cette loi, la « police des mœurs » a mené des opérations d’inspection ciblant les femmes. Cependant, les femmes proches des responsables gouvernementaux auraient été exemptées de ces pratiques. (ANF)

TURQUIE. Mort d’un otage kurde malade

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TURQUIE – Le prisonnier politique kurde gravement malade, Hadi Elçiçek est mort dans une prison d’Adana après 6 mois de souffrances. Mehdi Özdemir, l’avocat du prisonnier malade décédé Hadi Elçiçek, a déclaré que la détention de son client malgré les rapports était synonyme d’une condamnation à mort. Hadi Elçiçek, un prisonnier handicapé à 93 % et dont l’exécution a été reportée de six mois pour permettre son traitement, est décédé hier à l’hôpital de formation et de recherche d’Adana, où il recevait un traitement contre le cancer. Elçiçek a été arrêté dans le district de Dihê (Eruh) à Sêrt le 16 février 1999. Après dix jours de détention, il a été arrêté pour « atteinte à l’unité et à l’intégrité de l’État ». Il a été condamné à mort par la Cour de sûreté de l’État n° 1 de Diyarbakır (DGM) pour le même chef d’accusation. Suite à l’abolition de la peine de mort par la loi, sa peine a été commuée en réclusion criminelle à perpétuité aggravée.

TURQUIE. Un otage kurde libéré après plus de 31 ans de captivité

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TURQUIE – Le prisonnier politique kurde, Veysi Aktaş a été libéré après avoir passé 31,3 ans dans les geôles turques. Aktaş a purgé légalement sa peine de 30 ans le 28 avril 2024. Cependant, sa libération a été reportée d’un an par décision du Conseil d’administration et de surveillance pénitentiaires. Après ce délai d’un an, sa libération a été reportée de trois mois supplémentaires. Aujourd’hui, après un total de 31 ans et 3 mois, Aktaş a finalement été libéré de la prison d’İmralı.

KURDISTAN. Écocide sous la supervision de l’armée turque

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TURQUIE / KURDISTAN – Alors que le pillage et la destruction de la nature du Kurdistan se poursuit, des milliers de tonnes d’arbres coupés du Mont Gabar de la province kurde de Sirnak sont transportés par camions à travers des points de contrôle de l’armée turque avant d’être vendus dans d’autres villes. Des centaines de milliers d’arbres ont été abattus en 2021 par la Turkish Petroleum Corporation (TPAO) sur le mont Gabar, à Şirnex, sous couvert de recherches de pétrole. Des forêts sont également détruites par des explosions de dynamite dans la région où se déroulent les opérations d’abattage. La région kurde, interdite à la population depuis les années 1990, est en proie à un véritable pillage de la nature. La montagne est criblée de trous dus à la construction de routes, de fortifications et de tours militaires. L’abattage des arbres dans la région est effectué avec l’approbation et la supervision de la Direction provinciale des forêts et des responsables militaires, et les gardes villageois sont connus pour perpétrer ce massacre. Des arbres transportés par camion depuis la montagne Gabar ont été filmés alors qu’ils franchissaient le poste de contrôle de la gendarmerie du village de Misuri, à Cizîr. Les images montrent de nombreux camions chargés d’arbres franchissant le poste de contrôle sans encombre. Elles révèlent la collaboration des soldats, des gardes villageois et de la Direction provinciale des forêts dans la destruction de la nature. Elles révèlent également que les arbres abattus sont vendus sous le contrôle de la Direction provinciale des forêts de Şırnak et des soldats. Il a été signalé qu’au moins un camion chargé d’arbres est transporté de cette manière chaque jour vers des villes comme Riha (Urfa), Dîlok (Antep) et Semsûr (Adiyaman). La population kurde, qui protestait auparavant contre l’exploitation forestière pour des soi-disants « raisons de sécurité », a attiré l’attention sur le processus en cours, s’interrogeant : « Ils ne font plus cela pour des raisons de sécurité, mais pour le commerce. Ils nous empêchent d’entrer dans nos villages et sur nos terres sous prétexte de « sécurité », mais ils laissent entrer ceux qui pillent notre nature. Les autorités doivent trouver une solution à cette situation. De quel type de sécurité parlent-ils à Gabar ? Ils l’interdisent aux civils d’entrer pour piller notre nature. Certains responsables militaires affirment ne pas pouvoir contrôler les gardes villageois. Comment l’État pourrait-il ne pas les contrôler ? » Le Barreau de Şirnex et les ONG environnementales ont engagé à plusieurs reprises des poursuites judiciaires contre le pillage de la nature. Cependant, à ce jour, aucune mesure n’a été prise contre les responsables. (Agence Mezopotamya)

TURQUIE. Le gouverneur exclut un groupe folklorique arménien du festival de Dersim

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TURQUIE / KURDISTAN – Les autorités turques ont affirmé que l’Ensemble folklorique arménien Veradardz avait « dévié de l’objectif de l’événement » au cours des années précédentes en affichant le drapeau arménien lors de ses représentations pendant le Festival annuel de la ville kurde alévie de Dersim. Les autorités ont interdit à trois groupes de musique de participer au 23e Festival de la culture et de la nature de Munzur, organisé chaque année dans la ville kurde-alévie de Dersim, officiellement connue sous le nom de Tunceli. Le bureau du gouverneur de Tunceli a interdit au groupe arménien Veradardz Folk Ensemble de se produire au festival. Bien que non inclus au programme cette année, deux groupes de musique contestataire de gauche, Grup Yorum et Grup İsyan Ateşi, ont également été interdits de représentation. Le bureau du gouverneur a affirmé que l’ensemble folklorique Veradardz avait « dévié de l’objectif de l’événement » au cours des années précédentes en affichant le drapeau arménien lors des représentations. Après avoir appris l’interdiction, l’ensemble Veradardz a fait demi-tour depuis la province frontalière de Van, avant d’atteindre Dersim. Cette décision intervient alors que la Turquie et l’Arménie sont engagées dans un processus de normalisation. Le 20 juin 2025, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan et le président turc Recep Tayyip Erdoğan se sont rencontrés à Istanbul pour discuter de questions telles que la réouverture des liaisons de transport, la restauration d’un pont historique à Ani et les domaines potentiels de coopération entre les deux pays. Le musicien kurde Mikaîl Aslan a critiqué cette décision, soulignant qu’un des membres du groupe, Aleksandr Avetisyan, avait prévu de lui offrir un portrait de Seyîd Riza, qui a dirigé la rébellion de Dersim en 1937. « Mais le bureau du gouverneur a une fois de plus empêché les langues, les cultures et les peuples de se donner la main », a déclaré Aslan. « Malgré cela, nous continuerons à bâtir des ponts d’amitié avec le peuple arménien, nos anciens voisins et notre communauté fraternelle, déracinés il y a plus d’un siècle. Ni la répression ni les interdictions ne pourront empêcher les danses et les ponts d’amitié que nous créons ! » Les interdictions visant Grup Yorum et Grup İsyan Ateşi auraient été justifiées par les autorités au motif que les groupes s’étaient produits lors de festivals précédents et avaient été accusés de « propagande terroriste », bien qu’ils n’étaient pas prévus cette année.

Des experts de l’ONU seraient inquiets du kidnapping de femmes en Syrie

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Alors que les gangs djihadistes sous commandement d’al-Sharaa (Jolani) viennent de commettre des crimes de guerre contre les Druzes de Soueïda, des experts de l’ONU auraient exprimé leur inquiétude face à la vague croissante d’enlèvements et de violences sexistes visant les femmes et les filles, en particulier celles issu de la communauté alaouite, rapporte l’agence kurde ANHA. Les experts de l’ONU ont exprimé leur profonde inquiétude face à ce qu’ils ont décrit comme des rapports « inquiétants » d’enlèvements, de disparitions et de violences sexistes visant des femmes et des filles, en particulier celles issu de la communauté alaouite, dans diverses régions de Syrie depuis février 2025. Dans une déclaration publiée depuis Genève, les experts des droits de l’homme ont qualifié les rapports qu’ils ont reçus de « préoccupants », soulignant l’augmentation des cas d’enlèvements, de disparitions et de violences sexistes contre les femmes et les filles dans diverses régions de Syrie depuis février 2025, affectant particulièrement la minorité alaouite. Selon le communiqué, les experts ont reçu des informations crédibles selon lesquelles 38 femmes et filles, âgées de 3 à 40 ans, ont été kidnappées dans des villes syriennes, notamment à Lattaquié, Tartous, Hama, Homs, Damas et Alep, de mars à aujourd’hui. Le communiqué indique que certains enlèvements ont eu lieu en plein jour, alors que les victimes se rendaient à l’école, rendaient visite à des proches ou même à l’intérieur de leur propre maison. Les experts ont également signalé que certaines familles avaient reçu des menaces directes pour les empêcher de signaler les incidents ou d’en parler publiquement. Certains témoignages mentionnaient que les victimes avaient été droguées et agressées physiquement pendant leur captivité. Les experts ont averti que l’absence de mécanismes de signalement sûrs et sensibles au genre rend difficile la vérification complète des cas de violences sexuelles, mais ont souligné que de tels incidents ne pouvaient être exclus. La déclaration a également fait état de cas de mariages forcés de mineures, les qualifiant d’« extrêmement alarmants ». Ils ont également critiqué l’incapacité du gouvernement syrien à mener des enquêtes rapides et impartiales sur la plupart des cas signalés. Dans certains cas, les autorités auraient refusé de déposer plainte ou ignoré les préoccupations des familles. Les experts ont déclaré que cette inaction non seulement aggrave le traumatisme des victimes et de leurs familles, mais contribue également à un climat d’impunité plus large. Les experts ont noté que ces développements reflètent « un modèle plus large de violence contre les femmes et les filles en Syrie, exacerbé par l’insécurité et l’érosion de l’État de droit ». La déclaration mentionne également l’implication présumée d’agences de sécurité ou d’individus affiliés aux institutions du gouvernement de transition syrien dans certains cas. Les experts appellent les autorités à respecter leurs obligations juridiques internationales de protéger les femmes et les filles contre la violence et de garantir justice et soutien psychologique aux survivantes. Ils ont souligné la nécessité d’enquêtes rapides, indépendantes et transparentes, de la mise en place de mécanismes de signalement sûrs et sensibles au genre, et de la nomination d’enquêtrices pour traiter ces cas. En conclusion, les experts ont exhorté le gouvernement syrien de transition à mettre fin à cette tendance à la violence et à rétablir la confiance du public dans le système judiciaire, réitérant que toutes les femmes et les filles ont le droit de vivre en sécurité et dans la dignité. Ils ont souligné que la nécessité de les protéger est particulièrement urgente à la lumière des attaques en cours contre les communautés en Syrie, notamment un incident récent à Sweida où des centaines de civils druzes ont été tués par des groupes armés inconnus, dont deux femmes et deux enfants. Les experts ont confirmé qu’ils étaient en communication avec le gouvernement de transition syrien sur ces questions. (ANHA)