AccueilKurdistanBakurTURQUIE. Une journaliste kurde condamnée à près de 3,5 ans de prison

TURQUIE. Une journaliste kurde condamnée à près de 3,5 ans de prison

TURQUIE / KURDISTAN – La journaliste kurde Öznur Değer a été condamnée à près de trois ans et demi de prison par un tribunal turc pour « propagande terroriste » après avoir rapporté le meurtre de deux collègues par un drone turc au Rojava.

Un tribunal turc a condamné la journaliste kurde Öznur Değer à trois ans et quatre mois et demi de prison pour « propagande terroriste ». Le verdict a été rendu mardi par la deuxième Cour pénale de Mardin. Öznur Değer est la rédactrice en chef de l’agence de presse féminine kurde Jin News.

Le verdict a été rendu en l’absence de l’accusée et de ses avocats. Le procès a été ouvert à la suite d’une perquisition en février dernier, au cours de laquelle Değer a été arrêtée au domicile familial dans le district de Kızıltepe par l’Unité spéciale antiterroriste turque (PÖH), qui a usé de la force pour l’appréhender. Elle a été maintenue en détention provisoire pendant environ trois mois avant d’être libérée sous caution en mai.

Les accusations reposaient sur l’article 7/2 controversé de la loi antiterroriste turque, qui criminalise la « propagande » en lien avec une organisation classée comme « terroriste » – en l’occurrence, prétendument reprise en faveur du PKK. Les accusations portaient sur les reportages et publications de Değer sur les réseaux sociaux concernant une frappe de drone meurtrière menée par l’armée turque dans le nord et l’est de la Syrie fin 2024, au cours de laquelle les journalistes Nazim Daştan et Cihan Bilgin ont été tués.

L’Association des journalistes Dicle Firat (DFG), basée à Amed (Diyarbakır), a vivement critiqué le verdict : « Nous n’acceptons pas ce verdict contre notre collègue. Nous le réaffirmons : le journalisme n’est pas un crime et ne doit pas être criminalisé. »

Depuis des années, l’Association des droits de l’homme (IHD) dénonce l’abus de la justice turque par la loi antiterroriste et l’interprétation extrêmement large de ce que constitue le « terrorisme » afin de réprimer les opinions dissidentes. Dans le cas des Kurdes et des militants de gauche, notamment, les accusations infondées de terrorisme sont systématiquement instrumentalisées pour sanctionner des actions impopulaires. Même les discours politiques, les écrits critiques et la participation à des manifestations sont souvent qualifiés de « terrorisme ». (ANF)