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L’exécution comme outil de répression – L’Iran est un des principaux pays violant le droit à la vie

IRAN / ROJHILAT – A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort du 10 octobre, l’ONG kurde Hengaw met en garde contre une augmentation sans précédent des exécutions en Iran depuis le mouvement « Femme, Vie, Liberté », à un niveau le plus élevé enregistré depuis plus de 20 ans.

La Journée mondiale contre la peine de mort a été instaurée en 2003 par la Coalition mondiale contre la peine de mort (en anglais World Coalition Against the Death Penalty, WCADP) afin de sensibiliser le monde entier à la violence, à la discrimination et à l’injustice inhérentes à la peine capitale. Cette journée symbolise la solidarité internationale pour la défense du droit fondamental à la vie et l’opposition aux exécutions forcées. Depuis sa création, elle est célébrée chaque année dans plus de 60 pays afin de plaider en faveur de l’abolition universelle de la peine de mort.

Le thème mondial de 2025, « La peine de mort ne protège personne », est particulièrement pertinent dans le contexte actuel de l’Iran.

Sur la base de documents vérifiés, l’Organisation pour les droits humains, Hengaw met en garde contre une augmentation sans précédent des exécutions en Iran depuis le mouvement « Femme, Vie, Liberté » (Jin, Jiyan, Azadi), marquant les niveaux les plus élevés enregistrés depuis plus de deux décennies.

Selon les données compilées par le Centre de statistiques et de documentation de Hengaw, au moins 829 prisonniers ont été exécutés en 2023, 909 en 2024 et 1 100 jusqu’à présent en 2025 dans les prisons iraniennes.

Parmi les personnes exécutées en 2025, au moins 579 victimes étaient membres de minorités ethniques et nationales, dont 173 Kurdes, 140 Lors, 118 Baloutches, 108 Turcs et 64 ressortissants afghans.

La même année, la République islamique d’Iran a enregistré le plus grand nombre d’exécutions de femmes au monde, avec 33 femmes exécutées et un mineur délinquant parmi les personnes mises à mort.

En outre, en 2025, au moins 41 prisonniers politiques et religieux ont été exécutés, dont 16 personnes accusées d’« espionnage pour le compte d’Israël ».

Le nombre d’exécutions en Iran a augmenté de 53,5 % en 2023 par rapport à 2022, passant de 540 à 829. En 2024, le chiffre a encore augmenté de 9,5 %, atteignant 909.

En octobre 2025, plus de 1 100 prisonniers avaient été exécutés à travers le pays, dont 500 depuis le déclenchement de la guerre Iran-Israël le 13 juin 2025.

Rien qu’en septembre 2025, 187 prisonniers ont été condamnés à mort, soit une augmentation de 140 % par rapport aux 78 exécutions de septembre 2024 — le total mensuel le plus élevé en Iran depuis 20 ans.

Des preuves documentées indiquent que les autorités iraniennes profitent de la forte augmentation des exécutions liées à la drogue pour normaliser le taux effarant d’exécutions dans le pays et pour dissimuler les exécutions de prisonniers politiques et religieux.

Ces dernières années, la République islamique d’Iran a procédé au plus grand nombre d’exécutions de femmes au monde. Parallèlement, des accusations telles que la « collaboration avec Israël », notamment contre les Kurdes, ont donné lieu à de plus en plus de condamnations à mort motivées par des considérations politiques.

Pour la première fois depuis des années, les autorités ont également condamné à mort des prisonnières politiques, notamment Sharifeh Mohammadi, Pakhshan Azizi et Verisheh Moradi, montrant clairement l’utilisation politique et répressive de la peine de mort comme outil d’intimidation.

Au-delà du ciblage disproportionné des Kurdes, des Baloutches, des Arabes et des Turcs, Hengaw a documenté de multiples cas de disparitions forcées de prisonniers politiques après leur exécution. Cette pratique constitue une grave violation du droit à la vie et à la dignité humaine et constitue un crime contre l’humanité.

Hengaw considère la peine de mort comme un châtiment intrinsèquement cruel et injuste, qui viole le droit fondamental à la vie. L’organisation souligne que de nombreuses condamnations à mort en Iran sont prononcées à l’issue de procédures judiciaires manquant de transparence, d’équité et de régularité, servant ainsi d’instruments politiques pour semer la peur et réprimer la dissidence.

Le grand nombre d’exécutions dites « apolitiques » ne doit pas occulter leur nature politique. Des données statistiques et contextuelles – notamment la concentration des exécutions liées au trafic de drogue dans des régions marginalisées comme le Baloutchistan, et l’exécution de femmes victimes de violences conjugales – révèlent l’utilisation délibérée de la peine de mort par l’État comme outil de contrôle social et politique.

En solidarité avec la campagne mondiale pour l’abolition de la peine de mort, Hengaw appelle une fois de plus la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et les gouvernements démocratiques à ne pas rester silencieux face à cette machine de mort en Iran et à utiliser tous les mécanismes diplomatiques, juridiques et humanitaires disponibles pour assurer la suspension immédiate des exécutions dans le pays.