TURQUIE / KURDISTAN – Un groupe de Mères de la Paix invitées hier à s’adresser à une commission parlementaire sur le processus de paix kurde n’ont pas été autorisées à s’exprimer en kurde.
Lors de la réunion, les discours en kurde ont été consignés dans le procès-verbal officiel avec la phrase « À ce moment-là, l’oratrice a utilisé un mot dans une langue autre que le turc. »
L’une des mères, Nezahat Teke, qui se décrit comme « une femme kurde née d’une mère kurde, élevée avec des berceuses kurdes, souffrant en kurde, pleurant en kurde », avait demandé à faire sa déclaration dans sa langue maternelle.
La Fondation pour la paix a déclaré que le rejet de la demande de la Mère de la paix Nezahat Teke de s’exprimer dans sa langue maternelle (kurde) lors d’une session de pourparlers de paix pourrait saper la confiance dans le processus.
Dans un communiqué publié vendredi, la Fondation pour la paix a critiqué la « Commission de la solidarité nationale, de la fraternité et de la démocratie » du Parlement turc, qui a interdit aux Mères de la paix de s’exprimer en kurde lors de la cinquième réunion de la commission qui s’est tenue le 20 août.
Dans sa déclaration intitulée « La langue maternelle est un droit fondamental », la Fondation pour la paix a noté que le processus a franchi certaines étapes critiques au cours des 10 derniers mois et qu’empêcher les Mères de la paix de parler kurde n’est pas conforme à l’esprit du processus de paix.
Le communiqué a noté que la réunion de la commission a renforcé la légitimité sociale et créé de l’espoir parmi les différents segments de la société, tout en soulignant que le rejet de la demande de la Mère de la Paix Nezahat Teke de parler dans sa langue maternelle pourrait saper la confiance dans le processus.
« La langue maternelle est non seulement un droit humain fondamental, mais aussi un élément central de la résolution de la question kurde. Le déni de ce droit lors d’une session de négociations de paix risque de saper la confiance dans le processus de paix », souligne le communiqué.
La Fondation pour la Paix a appelé le président du Parlement, Numan Kurtulmuş, à abandonner cette position qui, selon elle, met en péril les processus de négociation et de dialogue, et à prendre des mesures exemplaires vers la paix.
La Fondation a souligné que le processus de paix ne peut progresser que dans un environnement où chaque individu est libre de s’exprimer. (ANF)