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Il n’y a rien de démocratique à serrer la main d’Erdogan & à déporter les réfugiés politiques

« Ceux qui, en Europe, serrent la main d’Erdogan et déportent des journalistes et des militants politiques qui font face à des procès, à la prison, voire à la mort, en Turquie, ne peuvent être pris au sérieux quand ils parlent de la démocratie, de l’état de droit. »
 
The Region a obtenu les images d’un demandeur d’asile kurde originaire de Turquie et tenu à l’aéroport de Zurich alors que la police le traînait brutalement dans un avion aux fins d’expulsion.
 
Ramazan Turan, professeur de littérature, a été emprisonné pendant sept mois alors qu’il était étudiant et il a encore plusieurs procès en attente de jugement en Turquie.
 
Turan a finalement quitté la Turquie pour la Suisse, dans l’espoir d’y demander l’asile. Lui et plusieurs autres demandeurs d’asile, dont le journaliste Mustafa Mamay et d’autres Kurdes de Turquie, sont bloqués à l’aéroport de Zurich depuis près de deux mois. Les autorités suisses ont arrêté 28 personnes, dont 14 Kurdes.
 
La demande d’asile de Turan a été rejetée car il est venu en Suisse via le Brésil. Les autorités suisses considèrent le Brésil comme un « pays sûr » et l’ont expulsé vers le Brésil le 9 novembre. 
Ce qui va arriver aux 28 autres personnes n’est pas encore clair.
 
Un nombre croissant d’immigrés craignant pour leur sécurité sont arrivés en Europe, mais ont été renvoyés dans leur pays d’origine – avec l’aide d’agents des frontières, de juges à l’immigration et de politiciens – pour être soumis à la torture ou à l’emprisonnement.
 
Les dirigeants et les institutions européennes continuent de critiquer le système judiciaire et l’environnement politique de la Turquie, dans lesquels la démocratie est étranglée. Lors de l’emprisonnement des journalistes germano-turcs Deniz Yucel et Mesale Tolu, du consultant allemand en droits de l’homme Peter Steudtner, du militant suédois Ali Gharavi et de nombreux autres, les politiciens européens et allemands sont allés jusqu’à les appeler «otages». Mais le nombre de demandeurs d’asile, y compris un nombre considérable de demandeurs d’asile politiques qui fuient des procès inéquitables et des peines de prison, expulsés des pays européens vers la Turquie augment de jour en jour.
 
Le président turc Erdogan a été accusé de paralyser la démocratie par de nombreux dirigeants européens. Des centaines de personnes appartenant à la justice, aux médias et à la fonction publique turques sont toujours en détention après la tentative de coup d’État.
 
Les autorités européennes doivent réfléchir à deux fois avant de renvoyer les demandeurs d’asile vers la Turquie et se rappeler de la tentative vaste et systématique d’Erdogan d’intimider et de remodeler le pouvoir judiciaire de la Turquie afin de consolider davantage le pouvoir entre ses mains.
 
Depuis la tentative de coup d’Etat en 2016, des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées ou licenciées de la fonction publique, de l’armée, du système judiciaire, du monde universitaire et des médias.
 
Il est également important de rappeler que 21 des personnes bloquées à l’aéroport de Zurich et beaucoup d’autres dans les centres d’asile de toute l’Europe sont des Kurdes. Des milliers de Kurdes ont été incarcérés pour terrorisme et des centaines de milliers d’autres se sont retrouvés sans abri lorsque l’armée turque a détruit les villes kurdes de Sur, Cizre, Nusaybin, Silvan, Idil et de nombreux autres lieux, au nom de leur soi-disant « guerre contre le terrorisme ».
 
Ceux qui, en Europe, serrent la main d’Erdogan et déportent des journalistes et des militants politiques qui font face à des procès, à la prison, voire à la mort, en Turquie, ne peuvent être pris au sérieux quand ils parlent de la démocratie, de l’état de droit.