ISTANBUL – L’Association d’études sur la vérité, la justice et la mémoire (Centre de mémoire), l’Association d’études sur les médias et le droit (MLSA), la Fondation turque des droits de l’homme (TİHV) et Amnesty International ont rendu public leur rapport d’observation sur la 984ème rassemblement hebdomadaire des Mères du samedi, qui a eu lieu lieu le 3 février 2024. Elles dénoncent toutes la surveillance policière des membres du collectif des Mères du Samedi.
Des mères/personnes du Samedi ont été empêchées et arrêtées par la police alors qu’elles tentaient de se rendre sur la place Galatasaray pour la 941e semaine de réunion du 8 avril 2023, pour la première fois après l’arrêt « Maside Ocak » de la Cour constitutionnelle. Depuis cette semaine, les Mères/Peuples du samedi, qui tentaient de se rendre sur la place Galatasaray pour manifester pacifiquement tous les samedis sauf le samedi 13 mai, n’ont pas été arrêtées pour la première fois, bien qu’elles aient été bloquées en étant encerclées par la sécurité au la 971e réunion de la semaine le 4 novembre 2023. À partir de la 972e semaine de la veillée du 11 novembre 2023, les mères du samedi sont autorisées à lire les communiqués de presse sur la place Galatasaray à condition que le nombre de personnes soit limité à 10 personnes.
Les mères du samedi ont déclaré lors de la 984e veillée tenue sur la place Galatasaray:
« Tout d’abord, malgré les décisions de la Cour constitutionnelle concernant Maside Ocak Kışlakçı et Gülseren Yoleri, les barrières autour de la place Galatasaray n’ont pas été ouvertes et les mères/personnes du samedi ont donc été empêchées de faire une déclaration à la presse devant le monument où elles faisaient leurs déclarations. déclarations depuis 1995. Il a été observé que les mères/personnes du samedi étaient gardées sous surveillance lors du communiqué de presse. Présence policière dans la rue où se trouve la branche de l’IHD à Istanbul, limitant à 10 le nombre de personnes pouvant assister au communiqué de presse sur la place Galatasaray, vérifiant si la limite de nombre est respectée tout au long de la réunion et enregistrant et photographiant la déclaration par plus d’une personne est l’un des indicateurs les plus importants que la veillée [des Mères du Samedi] est restreinte par les forces de l’ordre. »
Depuis plus de 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.
Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Par la suite, la cour constitutionnelle turque a déclaré que la police avait violé le droit de manifester des Mères du Samedi, en les arrêtant, mais la police d’Erdogan avait refusé de se conformer aux lois de son propre pays.
Le 5 mai 2023, la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe dénonçait les violations des droits en Turquie, en attirant l’attention sur les violences subies par les Mères du Samedi : « Les autorités ne respectent toujours pas le droit à la liberté de réunion pacifique des « Mères du samedi » et des autres personnes qui manifestent ce jour-là pour demander que la lumière soit faite sur la disparition de leurs proches, alors que la Cour constitutionnelle turque a déjà conclu deux fois à la violation de leur droit de manifester. Les membres de ce groupe font même l’objet d’une procédure pénale, engagée tout récemment, pour avoir exercé ce droit. La manière dont sont traitées les « Mères du samedi » est une illustration supplémentaire des risques inhérents à un contexte dans lequel les droits humains ne sont pas protégés de manière effective. »