BUENOS AIRES – Un hommage à Alina Sanchez (Lêgerîn Çiya), membre des YPJ, a eu lieu à Buenos Aires, en Argentine. La jeune femme a perdu la vie le 17 mars à la suite d’un accident de voiture à Hesêke. Des familles, des amis et des camarades se sont réunis pour rendre hommage à la doctoresse Lêgerîn.
L’hommage a été organisé par le Comité de solidarité des femmes du Kurdistan et le Mouvement des femmes kurdes en Amérique latine et a été célébré à l’auditorium de l’Association des travailleurs de l’Etat (ATE).
Le dimanche 6 mai, quelque 500 personnes ont rempli l’auditorium de l’association pour rendre hommage au médecin argentin Alina Sánchez. Sa famille, des représentants des organisations féminines politiques et des droits de l’homme, des députés, des représentants des Mères de la Plaza de Mayo, ainsi que des membres des comités de solidarité avec le Kurdistan de différentes régions d’Argentine, se sont joints à l’événement. Les étudiants et les amis d’Alina qui ont étudié avec elle à Cuba étaient également présents.
Pendant l’hommage il y avait des discours, des messages de lutte, des souvenirs et des histoires sur Alina. Son engagement et son exemple étaient dans chaque mot prononcé lors de la cérémonie, ainsi que la promesse de continuer son travail comme un moyen de se souvenir d’elle.
Le message du mouvement des femmes kurdes
Une représentante du mouvement des femmes kurdes a déclaré que « tous les camarades internationalistes qui participent à la lutte ont apporté de nouvelles forces à [leur} propre expérience, en particulier Lêgerin. Nous savons que des camarades internationalistes ont participé au mouvement des femmes kurdes, au mouvement pour la liberté et à la révolution du Rojava dès le début. Ils ont largement contribué à cette lutte et ce mouvement s’est transformé en un mouvement universalisé ».
La représentante du mouvement des femmes a lu un message écrit pour Alina Sanchez dans lequel on a rappelé que le but d’Alina était de contribuer à l’internationalisme et de développer un réseau de solidarité pour soutenir la lutte kurde.
Messages de ses amis d’Amérique latine
Une amie proche d’Alina Sanchez, Emi, a lu un message commun écrit par un groupe d’amis qui a rencontré Alina à Cuba. « Elle a vécu à Cuba comme Che Guevara. Dans les mouvements de femmes latino-américains, elle a vécu comme les féministes d’Abya Yala. Elle a vécu au Kurdistan en tant que combattante kurde ». Emi a terminé son discours avec le slogan kurde « Jin Jiyan Azadi » (Femmes, Vie, Liberté).
Nora Cortiñas, des mères de la Plaza de Mayo – Linea fundadora, a déclaré : « Alina a courageusement décidé de marcher avec d’autres peuples. Elle était une branche, créant des ponts. Ces actions de solidarité génèrent la paix. Nous nous souviendrons d’Alina et des autres femmes [kurdes] assassinées à Paris ». Cortiñas a ensuite rappelé son propre expérience au Kurdistan, où elle a voyagé pour rencontrer les mères de la paix. « J’ai vu cette terre, cet endroit, le Kurdistan. J’ai rencontré ces mères, et même si nous ne parlions pas la même langue quand nous étions ensemble pendant des jours, nous avons été dans une place comme ici sur notre Plaza de Mayo. C’est le même désir de lutte, le désir d’avoir notre bien-aimé présent, et c’est ce qui nous a fait retourner tous les jours sur cette place ».
Claudia Korol, féministe latino-américaine, membre de Pañuelos en Rebeldía, se souvient également d’Alina: «Je veux parler du sourire d’Alina, ce sourire qui nous dira que la révolution des femmes doit être menée avec joie. Alina est allée au Kurdistan pour défendre la vie, même derrière des bombes, pour défendre la vie. Et nous célébrons maintenant la vie d’Alina ».
Adriana Guzmán, du Féminisme Communautaire de Bolivie a déclaré : « Nous sentons sur notre corps l’attaque contre Afrin, cette ville lointaine. Difficile à reconnaître, penser à notre pratique, continuer la lutte de solidarité, penser à la prochaine étape, être cohérente avec ce que nous disons sur la question kurde, en pensant à faire, en solidarité avec une cause aussi lointaine, en connaissant nos problèmes en Bolivie … C’est alors que nous avons appris la mort d’Alina (…) et nous avons réaffirmé la nécessité d’un comité de femmes pour la révolution, ici, là-bas, partout ».
Le Comité des femmes en solidarité avec le Kurdistan-Argentine, a lu un texte dans lequel elles se souviennent d’Alina. « Amie, camarade, combattante. Elle n’a pas hésité et a fait face au patriarcat et au capitalisme ».
Elle était pleine de vie
La famille d’Alina se souvenait d’elle comme en étant pleine de vie. La mère, le père et le frère d’Alina ont également dit quelques mots.
Sa mère, Patricia, a déclaré : « Alina est pleine de vie et le sera toujours. Quand je suis allée au Kurdistan, j’étais fière de voir qu’Alina appartient aux Kurdes et occupe une place spéciale dans leur cœur. Je me sentais comme à la maison. J’étais leur mère, ils sont mes enfants ».
Le père d’Alina a déclaré que malgré sa grande souffrance pour la perte de sa fille, il avait compris qu’elle « avait trouvé sa place dans le monde, et cet endroit était parmi le peuple kurde. Elle était heureuse. Elle a travaillé dur et a ouvert une université de médecine au Rojava. Alina était une femme courageuse. Je suis le père d’une fille qui est allée beaucoup plus loin que ce que je pouvais imaginer ». Il se souvenait qu’Alina lui avait dit, quand elle était en Irak : «Papa, tu ne connais pas les enfants que j’ai sauvés, si quelque chose m’arrivait un jour, ne pleure pas, j’en ai fait beaucoup».
Le frère d’Alina, Juan a déclaré : « Elle a traité les gens comme des égaux. Elle était contente de ce qu’elle faisait. Elle a aimé les gens et elle a connecté avec les gens. Alina vit dans le cœur des Kurdes ».
À la fin de l’hommage, la journaliste féministe Lilian Daunes a lu un poème du défunt journaliste Alejandro Haddad, qui a toujours lutté pour le peuple kurde en Argentine.