Soixante-dix ans après la signature de la Déclaration universelle des droits de l’Homme en 1948 qui appelle au respect des droits de l’homme, de la liberté, de la dignité et de l’égalité, ses fondements universels sont menacés en Iran comme nulle part ailleurs. Cette déclaration a été traduite dans plus de 500 langues, y compris en persan, mais elle reste inaccessible sinon une illusion en Iran où les défenseurs des droits de l’Homme sont victimes d’intimidation, d’emprisonnement, de torture et de mort. Il est encore plus dangereux pour les minorités religieuses et ethniques comme les Kurdes qui, en tant que «citoyens de seconde classe», sont confrontés à une double oppression, plus de violence, plus de surveillance et plus de sanctions draconiennes quand ils veulent défendre leurs droits humains.
Le sort tragique de la famille Ramin Hussein Panahi en est révélateur. Ramin, un prisonnier politique kurde, a été condamné à mort. Il y a trois jours, sa nièce, Nishtiman, traumatisée par la nouvelle de l’exécution imminente de son oncle, s’est suicidée. Le frère de Ramin Hussein Panahi, Amjad, dans une déclaration émouvante parle du traumatisme et des souffrances que sa famille a subies alors qu’il appelle le monde à venir à leur secours.
« Aujourd’hui [le premier mai] Nishtiman Hossein Panahi, la nièce de Ramin Hossein Panahi, et la femme d’Ahmad Hossein Panahi, récemment arrêtée, s’est suicidée à l’âge de 25 ans. Je ne sais pas à qui je devrais exprimer mes condoléances, avec qui je devrais partager mon chagrin. Nishtiman, après avoir appris le verdict final sur l’exécution de Ramin a mis fin à sa propre vie. Je ne sais pas comment faire face à ce problème. En effet, c’est insupportable et bien au-delà de la capacité naturelle de quelqu’un à le supporter. En tant que membre de la famille Hossein Panahi, je demande à tous ceux qui aiment la liberté et qui sont authentiquement humanitaires de soutenir Ramin Hossein Panahi et d’annuler et de dénoncer son exécution imminente, afin d’alléger notre tourment et notre angoisse. »
Malgré une fin tragique pour un membre de la famille de Hossein Panahi dont les membres auraient menacé de se suicider en cas d’exécution de Ramin et malgré les appels répétés d’organisations, d’activistes et d’experts des droits de l’homme, la République islamique doit annuler le verdict injuste. Ce n’est que le 2 mai qu’Agnès Callamard, rapporteur spéciale sur les exécutions sommaires et arbitraires extrajudiciaires, a pressé la République islamique d’Iran d’annuler l’exécution de Ramin, qui, comme beaucoup d’autres prisonniers kurdes et non kurdes, n’ont pas reçu un procès équitable. Avant d’être condamné à mort, Ramin a été détenu au secret, interrogé et torturé pour auto-incrimination et des confessions forcées.Il a été soumis au châtiment le plus inhumain puis mis dans le couloir de la mort, une épreuve sans fin qui détruit sa famille.
Bien que le monde soit confronté à des défis moraux et intellectuels face à la République islamique d’Iran, les défenseurs des droits de l’homme ne peuvent pas abandonner la lutte pour les principes fondamentaux de la Déclaration universelle des droits de l’Homme contre ceux qui représentent le côté obscur de la société humaine. La famille de Hossein Panahi, victime de violations des droits de l’homme, a déjà vécu et est hantée par une épreuve sans fin. À l’occasion du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, tous les défenseurs des droits de l’homme doivent réaffirmer leur attachement universel aux valeurs et aux idéaux fondamentaux de ce document important et défendre Ramin Hossein Panahi pour que son exécution soit annulée et pour soulager la souffrance de la famille endeuillée.