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Demirtas : une tragédie humaine se déroule dans les prisons turques

TURQUIE / BAKUR – En Turquie, plus de 50 000 journalistes, écrivains, politiciens (dont de nombreux Kurdes comme Selahattin Demirtas), musiciens, universitaires, défenseurs des droits humains, enseignants, médecins, avocats, étudiants, hommes d’affaires, travailleurs, femmes au foyer… sont incarcérés pour terrorisme. L’épidémie du coronavirus ne fait qu’aggraver les conditions déjà déplorables de ces otages politiques.
 
« Une tragédie humaine se déroule dans les prisons turques », a déclaré Selahattin Demirtaş, ancien co-président du parti HDP, dans une interview accordée à Ruşen Çakır et publiée lundi sur le site d’information Medyascope.
 
La déclaration de Demirtaş est venue en réponse à une question sur les nouvelles récentes selon lesquelles il n’était pas autorisé à voir ses deux filles en raison des mesures COVID-19. Le dirigeant kurde a déclaré qu’il ne serait pas juste pour lui de faire grand cas de ne pas pouvoir voir ses filles alors que, de la mort à la torture et de l’isolement aux problèmes de santé, une tragédie humaine se déroule dans les prisons turques.
 
Dans une série de tweets, l’épouse de Demirtaş, Başak Demirtaş, avait déclaré la semaine dernière que leurs filles n’étaient pas autorisées à voir leur père, même lors d’une visite sans contact, en raison des mesures COVID-19, mais que le même gouvernement permettait les foules de se réunir lors de rassemblements pro-gouvernementaux.
 
Selahattin Demirtaş a déclaré que de telles mesures étaient injustes non seulement pour lui mais encore plus pour sa famille et les familles de tous les détenus. Il a déclaré que ces mesures et politiques injustes le motivent encore plus à lutter contre l’injustice et a comparé la situation actuelle en Turquie à une «maison de torture en plein air».
 
Parlant des problèmes rencontrés par les Kurdes en Turquie, Demirtaş a déclaré: «Tous les problèmes du peuple kurde, y compris la langue, la culture, la gouvernance et les questions économiques, font, d’une part, partie du problème plus large de la démocratie en Turquie, et d’autre part, puisque leur solution nécessite un changement fondamental dans les politiques officielles de l’Etat, elles sont également politiques. Le développement de la démocratie facilitera la résolution des problèmes politiques.»
 
Selahattin Demirtaş a été arrêté le 4 novembre 2016 pour des accusations liées au terrorisme et est depuis en prison. Le 20 novembre 2018, la Cour européenne des droits de l’Homme (Cour européenne des droits de l’homme) a jugé que la longue détention provisoire de Demirtaş avait violé la Convention européenne des droits de l’homme, ordonnant au gouvernement turc de verser 10 000 euros de dédommagement et appelant à sa libération. Le tribunal de Strasbourg a qualifié l’arrestation de Demirtaş de «motivée politiquement».
 
Suite à l’arrêt de la CEDH, une cour d’appel turque a confirmé une peine de quatre ans et huit mois et a fait annulé la décision de la CEDH.