Un nouveau séisme politique a frappé les Kurdes de Turquie le 19 août 2019 avec la destitution de leurs maires à Diyarbakir, Mardin et Van, et l’arrestation de plusieurs centaines d’élus locaux. Pour les Kurdes habitués aux violations de leurs droits en Turquie, ce séisme n’en est qu’un de plus pourrait-on dire, et pourtant, peur eux, c’est une goutte d’eau qui a fait débordé un puits profond remplis de massacres, de déportations et d’assimilations forcées de plus d’un siècle depuis la création de l’Etat fasciste turc.
Régulièrement, on entend les responsables turcs dire que tous les malheurs qui arrivent aux Kurdes sont dus à l’existence du PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan), la guérilla kurde née il y a une quarantaine d’année. Mais pour ceux qui ont un minimum d’honnêteté, il est évident que le PKK est né en réponse aux violences et aux massacres dont étaient victimes les Kurdes de la part de l’Etat turc et qu’il revendiquer une lutte armée pour la défense des droits primordiaux des Kurdes, comme pouvoir parler leur langue, s’auto-gouverner ou encore profiter de leurs ressources naturelles pillées par le pouvoir turc…
En ce sens, le PKK est la conséquence de la barbarie turque au Kurdistan et non pas la cause. Du reste, les Kurdes n’ont pas attendu la naissance du PKK pour réclamer leurs droits les plus basiques. Il suffit pour cela de regarder l’histoire moderne de la Turquie. Il y a un pléthore de révoltes kurdes dont les plus importantes sont celle de « Koçgiri en 1921, de Cheikh Saïd Piran en 1925, d’Ararat en 1930 et la de Dersim en 1938. À la suite de ces révoltes, la loi martiale fut établie dans la région du Kurdistan turc et un grand nombre de Kurdes furent transférés. De plus, le gouvernement encouragea l’installation d’Albanais du Kosovo et d’Assyriens dans la région dans le but de modifier l’équilibre démographique régional. Ces événements et mesures eurent pour conséquence un état d’esprit de méfiance permanente entre Ankara et les Kurdes. » (Wikipédia)
Ce nouveau coup d’Etat turc contre la volonté du peuple kurde à Amed (Diyarbakir), Mardin et Van montre également l’hypocrisie du pouvoir turc qui dit aux Kurdes de déposer les armes et de venir défendre leurs droits sur la scène politique à travers les élections. Qui a oublié la violence déchaînée contre les Kurdes lors que le parti HDP, « pro-kurde », a réussi a envoyer des députés au parlement turc en réussissant à dépasser le barrage électoral de plus de 10% ? Depuis, il n’y a pas une seule élection dans les régions kurdes sans la violence et d’innombrables irrégularités du pouvoir turc afin de fausser les résultats électoraux. Sans être découragés par tous ces obstacles, les Kurdes ont accepté les règles imposées par le pouvoir turc en allant aux urnes et ont fait élire un bon nombres de représentants. Mais à chaque élection, ils ont vu leur choix bafoué et leurs élus locaux et leurs députés destitués et ou mis en prison. (On parle de milliers de responsables Kurdes, membres des partis HDP et du DBP, qui croupissent derrière les barreaux, dont certains depuis 2016).
En Turquie, les Kurdes ont le droit de se rendre aux urnes, mais à condition de voter pour des candidats désignés par le pouvoir turc qui garantiraient les intérêts de l’Etat turc et non ceux des Kurdes. Sinon, ils subiront la fureur du pouvoir turc qui lâchera ses forces armées déchaînées pour les écraser, si jamais ils osent critiquer cette règle. Cela a un nom : la démocratie à la sauce turque, préparée spécialement pour les Kurdes. Mais les Kurdes ont l’estomac fragile et vomissent tripes et boyaux en ce moment…
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