IRAN – La justice iranienne a confirmé des peines de prison totalisant 90 ans et des peines supplémentaires contre dix femmes de la foi bahaï* à Ispahan, signale l’ONG kurde Hengaw.
Accusées de propagande contre la République islamique d’Iran, de prosélytisme et de collaboration avec groupes hostiles au gouvernement
Selon les informations obtenues par l’ONG de défense des droits humains Hengaw, la 47e chambre de la Cour d’appel d’Ispahan, présidée par Firooz Ravanmehr et Ali Deyani, a confirmé les verdicts du tribunal de première instance. Le jugement maintient les peines de dix ans de prison et les amendes de 100 millions de tomans chacune pour Khademi (34 ans), Shoghi-Far (27 ans), Agahi (31 ans), Hakim (47 ans), Shahrzayi (32 ans), Rouhbakhsh (19 ans), Sobhaniyan (48 ans) et Badakhsh (60 ans), ainsi que les peines de cinq ans de prison et les amendes de 50 millions de tomans chacune pour Lotfi (27 ans) et Emadi (42 ans). Les dix femmes ont également été soumises à des interdictions de voyager et à des restrictions d’utilisation des réseaux sociaux.
Elles ont été accusées de « propagande contre la République islamique d’Iran », de « prosélytisme déviant et d’activités éducatives contraires à l’islam par la promotion et l’enseignement des croyances baha’ies parmi les musulmans » et de « collaboration avec des groupes hostiles au gouvernement ».
Les verdicts ont été rendus par contumace et, invoquant la « nature sécuritaire et confidentielle de l’affaire », n’ont été communiqués que verbalement à leurs avocats.
Un verdict antérieur rendu par la première branche du tribunal révolutionnaire d’Ispahan, présidé par le juge Tavakkoli-Rad, avait imposé des peines similaires, dont 90 ans de prison, des amendes, deux ans d’interdiction de voyager et deux ans d’interdiction d’utiliser les réseaux sociaux.
Lors des interrogatoires menés par les services de renseignement à Ispahan, les femmes auraient été soumises à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements visant à obtenir des aveux forcés contre elles-mêmes, contre d’autres détenues et contre leurs familles.
Elles ont également été menacées de viol, d’agression sexuelle, d’ablation des ongles et d’être placées sur une chaise électrique. Ces menaces ont ensuite été aggravées, allant jusqu’à l’infliction d’eau bouillante sur le visage.
Les dix femmes ont été arrêtées le 23 octobre 2023 par les forces de sécurité iraniennes et ont chacune été libérées sous caution après environ deux mois de détention en attendant leur procès.
Les verdicts et les rapports de mauvais traitements n’ont pas été couverts par les médias d’État, y compris les médias affiliés au système judiciaire iranien.
*Les bahaïs sont une minorité religieuse non reconnue en Iran qui victimes d’une répression sévère menée par l’État depuis la création de leur religion au XIXe siècle.