SYRIE / ROJAVA – La Turquie et le Qatar entravent les négociations de l’accord de coopération douanière entre Damas et les autorités arabo-kurde du Rojava.
Le politologue Ibrahim Muslim a mis en garde contre toute ingérence étrangère susceptible d’entraver les négociations en cours entre les représentants du nord-est de la Syrie et le gouvernement de transition syrien. Il a souligné que les ingérences les plus importantes proviennent de la Turquie et du Qatar.
Il a souligné que les deux pays partagent un objectif commun : saboter l’inclusion de l’Administration démocratique autonome et des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans la définition de l’avenir du pays.
Les négociations entre les représentants du nord-est de la Syrie et le gouvernement de Damas sont dans l’impasse, malgré la signature de l’accord du 10 mars, salué comme une occasion historique de résolution. Face à la pression croissante de la Turquie, aux violations continues sur le terrain et à l’intransigeance de Damas, la crise s’aggrave, rendant les perspectives de dialogue national incertaines, notamment en l’absence de futures réunions prévues.
Muslim a expliqué qu’Ankara cherche à « soutenir la faction des Frères musulmans en Syrie, une faction fondamentalement opposée au projet démocratique auquel aspire la majorité des Syriens dans toutes les communautés », tandis que Doha finance et soutient des groupes djihadistes qui sont tout aussi hostiles aux principes démocratiques que les Frères musulmans.
Les récents événements ont mis en évidence l’ampleur de l’influence turque dans l’échec des négociations. Le 8 août, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a effectué une visite surprise à Damas, où il a rencontré Ahmad al-Sharaa et de hauts responsables. Cette visite a été suivie, le 13 août, d’une visite conjointe des ministres de la Défense et des Affaires étrangères du gouvernement de transition à Ankara, à l’issue de laquelle Damas a annoncé son refus de participer aux négociations à Paris avec les représentants du nord-est de la Syrie.
Concernant les conséquences de ces ingérences continues, le chercheur a averti qu’elles institutionnaliseront la division de la Syrie et pourraient conduire à imposer une nouvelle réalité qui redessine les cartes internationales au Moyen-Orient, entraînant une fragmentation et des conflits accrus.
Il a ajouté que l’impact de ces politiques porterait gravement atteinte à la société syrienne en alimentant les divisions internes et en ouvrant la porte à de nouveaux conflits.
Muslim a affirmé que la seule solution pour les Syriens réside dans un engagement ferme en faveur du dialogue interne, malgré ses difficultés et sa lenteur, soulignant que son succès nécessite des sessions continues et des ateliers intensifs.
Le politologue a également souligné la nécessité de lutter contre l’incitation et les discours de haine, considérant que la construction d’une compréhension nationale est le meilleur moyen de réduire l’ingérence étrangère et de préserver l’unité de la société syrienne.
Il convient de noter que le 10 mars 2025, un accord a été signé entre les Forces démocratiques syriennes et le gouvernement de transition. Cet accord comprenait huit articles clés visant à réglementer les relations entre l’Administration démocratique autonome du nord-est de la Syrie et le gouvernement de transition, ainsi qu’à reconstruire un processus politique global fondé sur la participation, le cessez-le-feu et l’intégration des institutions civiles et militaires au sein de l’État. (ANHA)