SYRIE / ROJAVA – Les responsables politiques de l’Administration arabo-kurde du Rojava (AANES) rappellent que l’État turc s’emploie activement à saboter tout dialogue syro-syrien. Ils soulignent qu’« aujourd’hui plus que jamais, les forces nationales syriennes doivent agir avec détermination pour rompre cette dépendance ».
L’État turc cherche à entraver tout rapprochement ou toute communication entre le gouvernement syrien de transition et l’Administration démocratique autonome. Par ses interventions, Ankara vise à empêcher tout consensus national qui pourrait marquer le début d’une solution politique globale en Syrie.
Les politiciens syriens conviennent que la Turquie craint un dialogue constructif entre les Syriens et emploie tous les moyens possibles pour le contrecarrer.
Mohammad Ali Darwish, membre du Comité des relations du Conseil démocratique syrien, a déclaré à l’agence ANHA : « Ce que le gouvernement de transition doit faire aujourd’hui, c’est s’ouvrir à la rue syrienne plutôt que de rester subordonné à des parties étrangères. » Il a noté que les actions actuelles du gouvernement sont influencées par la Turquie dans un cadre diplomatique, affaiblissant l’indépendance décisionnelle de la Syrie et, selon ses propres termes, constituant un mauvais service à la révolution syrienne.
Darwish a ajouté : « En quinze ans de révolution, les Syriens ont présenté des modèles d’autonomie et de véritables projets politiques capables de sortir le pays du fascisme et de le conduire vers un État prospère, fondé sur la paix civile et au service des intérêts de la société. À l’inverse, le gouvernement intérimaire ne reflète pas cette orientation, s’alignant plutôt sur des programmes religieux ou étant directement lié à la politique turque. »
Il a souligné que la Turquie craint le projet d’auto-administration dans le nord et l’est de la Syrie, qui représente un modèle national intégré garantissant les droits de toutes les composantes syriennes, un modèle démocratique qui perturbe profondément Ankara.
Pendant ce temps, Mohammad Ramadan al-Aboud, porte-parole du Parti de la modernité et de la démocratie en Syrie, a affirmé que l’accord du 10 mars, signé entre le commandant des Forces démocratiques syriennes Mazloum Abdi et le Premier ministre du gouvernement de transition Ahmad al-Shar’aa, est en grande partie bloqué depuis plus de cinq mois, imputant la responsabilité principale de ce retard à la Turquie.
Al-Aboud a déclaré : « La Turquie s’efforce directement de neutraliser les dispositions de l’accord de manière à servir ses intérêts sur le territoire syrien. » Il a souligné que l’influence turque au sein du nouveau gouvernement de transition est devenue évidente, les décisions d’Ankara étant effectivement mises en œuvre par cet organe.
Il a expliqué : « L’un des principaux objectifs de la Turquie à ce stade est de saper la présence kurde dans le nord et l’est de la Syrie et d’empêcher les Kurdes d’exercer une quelconque influence politique ou administrative, en particulier dans les zones frontalières. » Il a ajouté qu’Ankara rejette catégoriquement toute formule accordant aux Kurdes un rôle dans la future gouvernance de la Syrie.
Al-Aboud a également rappelé que « le nouveau gouvernement syrien de transition a été établi essentiellement sous l’impulsion directe de la Turquie, faisant de sa dépendance à Ankara un obstacle à tout progrès vers la construction d’une Syrie démocratique, pluraliste et décentralisée. » Il a décrit le blocage de l’accord du 10 mars comme faisant partie d’une politique systématique visant à bloquer le consensus national et à maintenir le statu quo syrien.
Il a souligné : « Les forces nationales syriennes sont aujourd’hui plus que jamais appelées à briser cette dépendance et à promouvoir des solutions syro-syriennes qui protègent les droits de toutes les composantes et jettent les bases d’un État démocratique juste. »
De même, Osman Bozan, membre du Parti de gauche kurde en Syrie, a déclaré : « Le peuple syrien, avec toutes ses composantes, aspire à un avenir ouvert qui garantit la compréhension entre toutes les parties syriennes, libre d’interventions étrangères cherchant à saboter les efforts de paix et de stabilité. »
Bozan a ajouté : « La Turquie tente d’entraîner la région dans de nouvelles guerres et conflits futiles, contredisant les aspirations des Syriens à la sécurité et à la paix civile », appelant à « une plus grande conscience populaire pour faire face aux tentatives de domination et d’ingérence extérieure ».
En conclusion, il a affirmé : « Le peuple syrien est désormais de plus en plus capable de reconnaître ses intérêts nationaux et la nécessité de se libérer de la tutelle turque ou de toute ingérence étrangère », soulignant que « la solution syro-syrienne, fondée sur le dialogue et la compréhension mutuelle entre toutes les composantes, est la voie la plus fructueuse vers la construction de l’avenir de la Syrie. » (ANHA)