SYRIE – La coprésidente du Conseil des quartiers kurdes d’Alep, Hevin Suleiman, a déclaré samedi à North Press que les quartiers kurdes de la ville connaissent un « état de siège » alors que des factions armées indisciplinées se mobilisent et déploient des forces, tandis que le gouvernement syrien reste silencieux.
« Malgré l’accord, le gouvernement de Damas reste silencieux », a déclaré Suleiman. « Aucune déclaration ni justification n’a été fournie. »
Elle a exprimé ses inquiétudes concernant les récents mouvements militaires autour des quartiers à majorité kurde de Sheikh Maqsoud et d’Ashrafiyeh, s’interrogeant : « Pourquoi les factions armées mobilisent-elles des forces ? »
Selon Suleiman, ces derniers jours, les quartiers ont été encerclés par des factions venues d’Alep et de la région d’Afrin qui n’opèrent pas sous l’autorité du ministère syrien de la Défense.
Elle a ajouté que ces groupes ont établi des dizaines de positions dans les quartiers, notamment à l’intérieur des écoles, des hôpitaux, des mosquées et d’autres sites civils stratégiques.
Suleiman a souligné que des accords de cessez-le-feu contraignants existent dans toute la Syrie, y compris l’accord du 1er avril, qui interdit explicitement toute démonstration armée dans les quartiers d’Alep par n’importe quelle partie.
En avril, Badran Chiya Kurd, haut responsable de l’AANES, a annoncé la signature d’un vaste accord administratif, sécuritaire et de services entre le conseil des quartiers kurdes d’Alep et le gouvernement de transition. Cet accord affirme le statut distinct des quartiers kurdes, protégeant leur identité sécuritaire, administrative, culturelle et politique. Il définit également les mécanismes de collaboration avec les institutions de sécurité et de services compétentes d’Alep pour garantir sa mise en œuvre réussie.
Elle a également expliqué que des efforts de coordination sont en cours et que l’accord reste en vigueur entre les administrations de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh et les représentants du gouvernement syrien dans le gouvernorat d’Alep. « Alors, quelle est la justification de ces mobilisations ? Pour l’instant, nous l’ignorons. »
Suleiman a appelé le gouvernement syrien de transition et le ministère de la Défense à assumer leurs responsabilités et à mettre pleinement en œuvre l’accord signé entre le commandant en chef des FDS Mazloum Abdi et le responsable du gouvernement syrien Ahmad al-Sharaa.
Les quartiers à majorité kurde d’Achrafieh et de Sheikh Maqsoud accueillent des dizaines de milliers de déplacés internes d’Afrin, contraints de fuir leurs foyers suite à l’offensive militaire turque de 2018, « Opération Rameau d’Olivier », et aux factions armées qui leur sont affiliées. Ces quartiers restent sous le contrôle de l’AANES et de sa branche sécuritaire, les Forces de sécurité intérieure du Nord et de l’Est de la Syrie (Asayish).