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BRUXELLES. Les femmes journalistes manifestent contre le meurtre de leurs collègues au Kurdistan

BRUXELLES – Environ 75 personnes se ont réunies aujourd’hui devant l’ambassade d’Irak à Bruxelles pour protester contre le double assassinat des journalistes Gülistan Tara et Hêro Bahadîn le 23 août par la Turquie dans le gouvernorat de Souleimaniye.
 
La manifestation des femmes journalistes kurdes devant l’ambassade d’Irak à Bruxelles a pris fin après le communiqué de presse.
 
L’action a été organisée par le syndicat des femmes journalistes du Kurdistan (Yekîtiya Rojnamevanên Jinên Kurdistan – ROJIN). La manifestation visait à attirer l’attention sur les problèmes plus larges de la liberté de la presse et sur le ciblage des journalistes dans les zones de conflit.
 

Dans un communiqué lu en plusieurs langues, le Syndicat des femmes journalistes du Kurdistan (ROJIN) et l’Initiative des journalistes du Kurdistan ont appelé le gouvernement irakien à garantir la sécurité des journalistes et les conditions d’exercice de leur profession, et à condamner les meurtriers de journalistes.

Le Centre communautaire démocratique kurde de Belgique a également soutenu la manifestation en faveur de Gulistan Tara et Hero Bahadîn, journalistes tués par l’État turc dans une attaque de drone à Sulaymaniyah le 23 août.

Des journalistes de différents pays européens ont participé à la manifestation avec les photos des deux journalistes et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Le journalisme n’est pas un crime ! Nous sommes des journalistes, pas des terroristes ».

Une déclaration à la presse a été faite en kurde, en dialectes kurdes kurdes kurdes et sorani, ainsi qu’en arabe, en français et en anglais. Un dossier a également été remis à l’ambassade.

Voici le communiqué de presse:

« Aujourd’hui, alors que les sociétés ont plus que jamais besoin d’être informées en raison de la montée des politiques de guerre, les régimes totalitaires accroissent la pression sur les journalistes. Selon les données partagées par l’organisation internationale Reporters sans frontières, de nombreux gouvernements à travers le monde entravent le droit du public à l’information par leurs politiques de répression, d’arrestation, de détention et d’assassinat de journalistes.

La Turquie, l’un des États qui répriment, arrêtent et empêchent les journalistes d’exercer leur profession, a ajouté un nouveau crime à sa liste de crimes. Le 23 août, des drones turcs ont pris pour cible un véhicule transportant des journalistes kurdes dans le district de Seyîdsadik à Sulaymaniyah. Les journalistes Gulistan Tara et Hêro Bahadîn, qui se trouvaient à bord du véhicule appartenant à Chatr Production, une société de médias opérant au Kurdistan du Sud, ont été tués. Dans l’attaque, 6 personnes, dont le superviseur de Chatr Production, Rêbin Bekir, ont été blessées.

Il convient également de noter que cette attaque a eu lieu après la signature du « Mémorandum d’accord sur la coopération militaire et sécuritaire et la lutte contre le terrorisme » par le gouvernement irakien et l’État turc le 15 août. De plus, indépendamment du mémorandum, cette attaque, qui a été menée sur le territoire irakien, engage directement le gouvernement irakien. Après l’attaque, il n’y a eu aucune déclaration sérieuse de la part du gouvernement irakien et aucune tentative n’a été faite contre les auteurs de cet attentat et de cet assassinat. Le fait que le gouvernement irakien n’ait pris aucune mesure contre l’attaque est une preuve concrète de la coopération entre la Turquie, le PDK et l’Irak. Par conséquent, les peuples kurde et irakien ainsi que les journalistes attendent du gouvernement irakien qu’il fasse un pas en ce sens.

Historiquement, les attaques telles que l’oppression, la torture, les arrestations et les massacres contre les journalistes ont coïncidé avec des périodes de politiques de guerre croissantes. En fait, les journalistes sont pris pour cible dans de nombreux centres du monde en raison de politiques de guerre. Les régimes qui veulent dissimuler leurs propres crimes et déformer la vérité dirigent leurs politiques de violence contre les journalistes. Le rapport 2023 de la FIJ (Fédération internationale des journalistes) confirme ce fait. Selon les données de la FIJ partagées avec le public, 120 journalistes et travailleurs des médias ont été assassinés dans le monde en 2023. Dans le cadre de ces politiques, le régime iranien a condamné à mort la journaliste kurde Pakshan Azizi le 23 juillet.

Partout où un journaliste est assassiné dans le monde, il est clair qu’il s’agit d’une tentative de dissimulation de la vérité. Par conséquent, l’assassinat de journalistes est un meurtre de la vérité et une dissimulation des crimes que l’on veut commettre. C’est aussi une atteinte au droit du public à l’information.

Les journalistes Gülistan Tara et Hero Bahadin ont également été prises pour cible et assassinées pour avoir dénoncé les alliances et les crimes perpétrés dans la région par le biais du pacte kurde. La guerre et la politique d’expansion de l’État turc au Kurdistan du Sud ont conduit au massacre de civils, à l’évacuation de villages, à l’incendie de forêts et à la crise économique. Le ciblage des femmes journalistes qui recherchent la vérité vise à dissimuler ce massacre.

En tant que ROJIN et l’Initiative des journalistes kurdes, nous soulignons que les journalistes qui risquent toutes sortes de dangers au risque de perdre leur vie ne peuvent être soumis. Il est clair qu’aucun résultat ne sera obtenu en réprimant, en assassinant, en attaquant et en arrêtant les journalistes. Nous exigeons que les politiques de guerre soient abandonnées au lieu de réduire les journalistes au silence.

Nous appelons le public à garantir le droit à l’information en ne laissant pas les journalistes seuls. 

Nous demandons également aux organisations de femmes, conscientes que chaque journaliste assassinée est la langue et la voix des femmes, de mener une lutte juridique contre les pays qui commettent des crimes au plan international. Nous appelons la presse internationale et les organisations de défense des droits de l’homme à assumer leurs responsabilités face à toutes les formes d’attaques contre les journalistes.

Nous appelons le gouvernement irakien et les organisations internationales à :

– Assurer la sécurité des journalistes et sécuriser les conditions dans lesquelles ils exercent leur profession,

– Garantir le droit du public à l’information,

– Condamner les auteurs des meurtres de journalistes ».