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GRÈCE. L’État grec détruit à la hâte le camp de réfugiés kurdes de Lavrio

ATHÈNES – Le 5 juillet, à 5 heures du matin, la police grecque accompagnée des forces spéciales attaquait le camp de réfugiés kurdes (femmes, enfants…) de Lavrio, fracturant les portes du camp et embarquant les réfugiés, sans qu’ils puissent prendre leurs affaires avec eux. Le maire de Lavrio voulait même voler la nourriture achetée à 3000 euros avec les dons récoltés par les internationalistes… Mais des militant.e.s sont sur place pour négocier avec les autorités grecques et sauver tout ce qui est possible…

Jaques Leleu, un des internationalistes qui organisent les convois solidaires pour Lavrio depuis des années, a pu retourner dans le camp et prendre les photos du camp attaqué par la police grecque. Les images sont saisissantes: Des jouets d’enfant et vêtements jetés au sol ou entassant sur des lits, une poussette au milieu des gravats, des portraits des martyrs noircis, restes de nourriture dans une assiette, portes fracturées, étagères renversées… Des scènes similaires à celles qu’on avait vues après le séisme qui a frappé le Kurdistan du Nord et le Rojava en février dernier. Là, à Lavrio, ce n’était ni un séisme, ni des bombes qui ont causé cela, mais la décision sournoise du nouveau gouvernement grec qui s’en prend aux réfugiés kurdes de Lavrio en espérant que le président turc Erdogan cessera de taper sur la Grèce. Naïveté quand tu nous tiens…

En attendant, voici quelques photos prises par Jaques Leleu, accompagnées des dernières nouvelles du camp de Lavrio:

Nos photos témoignent de la soudaineté et de la violence de l’opération montée pour donner satisfaction au dictateur Erdogan.

Voici quelques photos des petits déjeuners restés sur les tables, des montagnes de vêtements, des jouets des enfants, des cahiers scolaires, des premiers coups de pioche, des portes fracturées par les forces spéciales. Une photo montre le visage recouvert de peinture d’une fresque de la résistance kurde. Le recouvrement des visages a été fait par les kurdes car ils ne veulent pas que leur martyrs voient ce qui se passe dans le camp.

Une scène a attiré notre attention… Sur le mur de la salle du conseil est écrit « Direnis bitmedi, yeniden gelecegiz » … (« La résistance n’est pas finie, nous reviendrons ») signé Lavrio.

Erdogan et le gouvernement grec pensent que les kurdes ont subi une nouvelle défaite mais ils ne savent pas « qu’il n’est pas de défaite stérile » Babeuf

Je parle d’urgence car la démolition du camp a commencé et ce deux jours après l’expulsion en force des réfugiés kurdes.
Nous avons négocié la possibilité de récupérer l’essentiel car il y a des années d’accumulation de matériel dans le camp.

Nous avons récupérer les archives, le matériel militant et une grande partie de la nourriture apportée par les solidaires internationaux.

Pour le reste, ce sont des milliers de vêtements, des centaines de jouets mais surtout tout le matériel apporté au fils des années. Je pense aux dizaines de matelas (donnés par SECOL), aux centaines de couvertures et draps (donnés par le comité d’entreprise d’EDF GDF et Per a Pace). Au matériel médical (donné par solidarité Grèce de Bretagne) et apporté lors d’un de nos convois. Je pense a toute la nourriture apportée par Entraide Internationale.

Ce tableau est sombre. Il y a pourtant une petite lumière. Nous avons construit avec les Kurdes deux parcs de jeux pour les enfants. Une association grecque nous a demandé si nous acceptions de leur donner le parc pour qu’il soit installé dans un quartier de lavrio. Évidemment nous acceptons … à une condition … que ce parc « reconstruit » soit inauguré conjointement (grecs, internationaux, Kurdes) en présence des Kurdes de Lavrio.

Ce parc à un nom. Il s’appelle ELEFTERIA, du nom d’une militante grecque qui s’est immolée par le feu pour dénoncer le sort réservé aux Kurdes.

Nous ne demandons pas … nous exigeons que la pancarte qui faisait le récit de son histoire soit à nouveau apposée sur le parc de jeu. Nous ajouterons une autre plaque qui dira « les Kurdes de Lavrio expulsés par l’État grec et la mairie de Lavrio donnent ce parc aux enfants de Lavrio ».

Contrairement aux autorités grecques (État et mairie) nous préservons la mémoire des martyrs, malgré les multiples trahisons nous avons le sens de la solidarité envers les enfants de Lavrio.

L’État et la mairie de Lavrio ont expulsés violemment les enfants kurdes de Lavrio. Ces enfants kurdes savent restés dignes et solidaires avec leur frères er sœurs grecs.

 

camp kurde de Lavrio – portrait d’Ibrahim Kaypakkaya recouvert de peinture par les réfugiés « pour qu’il ne voit pas ce que les autorités grecques ont fait au camp de Lavrio »

La solidarité est l’arme des peuples.