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IRAN. Écocide dans la région kurde de Sarvabad

IRAN / ROJHILAT – Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a repris le 16 juin les bombardements des zones protégées du mont Kusalan à Sarvabad, dans la province du Kurdistan. Depuis le meurtre de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, les forces iraniennes avaient attaqué à plusieurs reprises les QG des groupes armés kurdes d’Iran basés au Kurdistan irakien mais il n’y avait pas eu d’affrontements en Iran.

La base de Shahramfar du CGRI et le corps de Beit-ol-Moqaddas au Kurdistan mènent une opération militaire dans la région pour le cinquième jour consécutif. 

Dans le même temps, des drones du CGRI survolant la montagne Shaho à Kamyaran, dans la province du Kurdistan, ont été signalés.

 

Les forces armées iraniennes détruisent cette zone protégé du mont Kusalan, à Sarvabad. Cette nature vierge est en danger de destruction à cause de bombardements, de la construction de routes et de bases des pasdarans (CGRI).

La région est fortement bombardée depuis une semaine par les forces armées iraniennes au prétexte de combats contre le groupe armée kurde PJAK.

Le 12 juin, le CGRI a déployé un convoi militaire dans la ville de Sarvabad, dans la région occidentale de la province du Kurdistan, lançant une offensive sur les montagnes de Sarvabad. Les bombardements d’artillerie par le CGRI se poursuivent.

La semaine précédente, les forces du CGRI s’étaient positionnées autour du mont Shahu dans les villes de Ravansar, Paveh et Sarvabad, situées dans les provinces de Kermanchah (Kirmaşan) et du Kurdistan.

Des villageois près du mont Kusalan se sont entretenus avec le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (Kurdistan Human Rights Network – KHRN) et ont déclaré que le CGRI construisait une nouvelle route dans la région tout en bombardant les hauteurs frontalières.

« Le CGRI construit une nouvelle route vers le site de l’exercice militaire à l’aide de plusieurs bulldozers et excavatrices. Lors de la construction de cette route, une grande partie de la nature vierge et protégée de la montagne a été détruite », ont déclaré les sources.

Ils ont ajouté que ces derniers jours, le CGRI avait également empêché les éleveurs de bétail et les apiculteurs de s’installer dans la région sous prétexte de « mener un exercice militaire ».

Un militant écologiste a exprimé ses inquiétudes dans une interview avec KHRN, déclarant : « Sous prétexte de mener des exercices militaires, le CGRI prévoit de construire sa deuxième base dans la montagne protégée de Kusalan ».

Selon l’activiste, le CGRI a également mené des exercices militaires il y a quelques années et a détruit une grande partie de l’environnement naturel du mont Kusalan en construisant de nouvelles routes et bases dans la région.

Selon les conclusions du KHRN, le CGRI considère les montagnes Shaho et Kusalan comme des zones géographiques stratégiques pour le mouvement et l’installation des forces des partis d’opposition kurdes. Ainsi, en implantant des bases militaires dans tous les hauts plateaux de ces zones montagneuses, il entend déclarer ces zones zones militaires et en expulser progressivement les habitants.

Les habitants des dizaines de villages situés sur les pentes de ces zones montagneuses partent dans les hauteurs des monts Shaho et Kusalan chaque printemps pour faire paitre leurs animaux et faire de l’apiculture.

Les régions protégées de Shaho et Kusalan, couvrant 57 236 hectares, sont situées entre les villes de Sarvabad, Ravansar, Paveh, Marivan et Kamyaran, à la frontière avec le Kurdistan irakien.

En 2009, ces zones montagneuses ont été désignées zones protégées sous la gestion du ministère de l’Environnement par la résolution n° 303 du Conseil suprême de l’environnement (Commission gouvernementale des infrastructures).

Depuis 2007, le CGRI a construit plusieurs bases militaires dans les zones protégées de Shaho et de Kusalan sous prétexte de contrer la présence des forces d’opposition kurdes.

Malgré les objections des écologistes, une grande partie des pâturages et des forêts de ces zones a été détruite lors de la construction de bases militaires et des routes qui y mènent.

Le CGRI a également délibérément brûlé les pâturages et les forêts autour des bases militaires dans ce qu’il appelle un acte pour « empêcher les partis d’opposition kurdes d’utiliser la couverture végétale pour des attaques ».