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TURQUIE. Pas de Journée de la liberté de la presse pour les dizaines de journalistes kurdes emprisonnés

TURQUIE / KURDISTAN – Dans la Turquie du dictateur islamiste Erdogan, la liberté de presse n’existe que si vous êtes une brosse à reluire les bottes les bottes du régime clientéliste, corrompu et liberticide. Mais prenez garde à vous, si vous oser dépeindre un tableau réaliste de la situation sociale, économique, culturelle et politique du pays. Vous voilà devenu l’ennemi de la nation qu’il faut vite neutraliser en le jetant en prison. C’est pourquoi, les journalistes kurdes et turc.ques qui tentent, un tant soit peu, d’être à la hauteur de leur métier d’informer la population de ce qui trame dans les coulisses politiques et ce qui se passe sur le terrain, sont empêchés de couvrir l’actualité, criminalisés et finissent en prison ou se réfugient à l’étranger alors que le pays traverse une crise économique et politique majeur et que le bon déroulement des élections présidentielles et législatives du 14 mai est sérieusement menacé par les sbires du régime, ce mercredi 3 mai, une bonne partie de ces journalistes « célèbrent » la Journée mondiale de la liberté de la presse dans les geôles turques.

Alors que la Turquie se classe au 165e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse, la situation préoccupante de la liberté de la presse en Turquie se dégrade d’année en année, comme le fait remarquer le RFS dans son rapport suivant:

Turquie 2022

Paysage médiatique

Alors que 90 % des médias nationaux sont sous le contrôle du pouvoir, l’opinion publique s’est tournée, ces cinq dernières années, vers des médias critiques ou indépendants de divers bords politiques tels que Fox TV, Halk TV, Tele1, Sözcü mais aussi des sites d’information locaux ou internationaux (BBC Turkish, VOA Turkish, Deutsche Welle Turkish, etc), pour s’informer sur l’impact de la crise économique et politique sur le pays.

Contexte politique

À la veille des élections 2023, le système d’hyper-présidence de Recep Tayyip Erdogan n’hésite pas à s’en prendre aux journalistes pour masquer le déclin économique et démocratique du pays, et consolider sa base politique. Cependant, ni la censure presque systématique sur internet, ni les poursuites abusives contre les médias critiques, ni l’instrumentalisation de la justice n’ont permis, jusque-là, à Erdogan de redresser sa cote de popularité, alors qu’ils est mis en cause dans une vaste affaire de corruption et de clientélisme politique.

Cadre légal

Les pratiques discriminatoires vis-à-vis des journalistes et médias critiques, comme la privation de la carte de presse, sont monnaie courante. Les juges à la botte du pouvoir tentent de limiter le débat démocratique en censurant les articles en ligne traitant, notamment, de cas de corruption. Ce contexte rend difficile la publication d’une information de qualité. Dans ce cadre, une partie de la profession tente de rester fidèle à sa mission d’informer en toute indépendance et réclame la reconnaissance d’un “médiateur des médias” (ombudsman).

Contexte économique

Le gouvernement et les compagnies privées proches du pouvoir favorisent les médias qui leur sont favorables en termes d’annonces publicitaires et de subventions, ce qui menace le pluralisme des médias. Le Conseil chargé des annonces publiques (BIK) exerce une pression financière sur les quotidiens récalcitrants, alors que le Haut Conseil de l’audiovisuel (RTÜK) contribue à affaiblir financièrement des chaînes critiques en leur adressant des amendes astronomiques. Certains quotidiens ont également dû réduire leur nombre de pages en raison du prix du papier.

Contexte socioculturel

Des procès pour “insulte” sont parfois intentés contre les journalistes qui mettent en cause des personnalités religieuses. Les sujets traitant des violences conjugales ou diverses formes d’abus, notamment lorsqu’ils sont évoqués par des femmes journalistes, peuvent donner lieu à des campagnes de haine sur les réseaux sociaux.

Sécurité

Depuis les élections locales de 2019, la spirale de violences visant les journalistes critiques vis-à-vis de l’alliance gouvernementale (AKP-MHP) n’a eu de cesse de se renforcer. Alors que les élections de 2023 approchent, des groupes ultranationalistes, encouragés par les discours politiques contre la presse, s’en prennent, en pleine rue, aux reporters, éditorialistes, commentateurs ou journalistes citoyens qui couvrent des affaires politiques et évoquent la crise économique.