Récemment, le Conseil provincial de la région kurde de Souleimaniye, au Kurdistan irakien, a interdit les activités relatives au genre, déclarant qu’elles « détruisent l’ordre de la société et constituent une menace pour nos jeunes et les générations futures ».
Pour la chercheuse Dastan Jasim, cette décision encourage les islamistes et l’extrême-droite kurde à attaquer encore plus violemment l’universitaire Choman Hardi qui dispense des cours au Centre d’études sur le genre* et le développement au sein de l’Université américaine d’Irak, Sulaimani.
Dastan Jasim a déclaré:
« La décision du Conseil provincial de Souleimaniye d’« interdire » les études du genre dans le gouvernorat n’est pas seulement une décision politique vide de sens, mais a en fait encouragé les islamistes et les Kurdes de l’extrême droite à attaquer
Choman Hardi et le Centre d’études sur le genre et le développement encore plus fort.
Une campagne de haine déjà en cours est alimentée par cette décision qui vient parallèlement aux procès en cours contre différentes institutions éduquant le public sur le genre. Ce qui m’écœure le plus, cependant, c’est à quel point beaucoup sont indifférents à cette évolution.
À toutes les personnes qui qualifient les organisations féministes de « corrompues » et aiment voir des gens comme Choman Hardi être attaqués ainsi : le Kurdistan n’est pas seulement un duopole dysfonctionnel corrompu, mais devient un enfer conservateur dans lequel aucun de nous n’aura d’avenir si les choses se passent ainsi.
Vous pouvez avoir une différence d’opinion en ce qui concerne la méthodologie ou la théorie du féminisme ou du gauchisme ou quoi que ce soit, mais ce qui se passe en ce moment est un appel sans précédent à la violence contre elle et tous les centres de genre au Kurdistan et s’y opposer est une priorité.
Les gens qui étaient au premier rang quand il s’agissait de se chamailler et de se battre en interne ne peuvent même plus dire un seul mot sur cette campagne. C’est inquiétant, c’est effrayant, cela motive ces gens à devenir de plus en plus violents.
Ayons les yeux sur tous les centres de genre et les organisations LGBTQIA, sur les féminicides, sur la situation extrêmement détériorée au GRK et interpellons également les gouvernements occidentaux qui tolèrent silencieusement ces développements. »
*La décision du Conseil provincial de Souleimaniye fait suite à une tentative antérieure du vice-Premier ministre du KRG, Qubad Talabani, d’expliquer le terme « genre » par l’utilisation de haut-parleurs dans les mosquées, mais cette tentative s’est heurtée à la résistance des habitants de la province. Après de nombreux débats sur les réseaux sociaux dans la région du Kurdistan, un projet de loi visant à remplacer le mot « sexe » par « genre » dans la législation a pour l’instant été rejeté.