SYRIE / ROJAVA – « Nous prenons les menaces de la Turquie au sérieux. On s’attend à une attaque en février. La ville de Kobanê est une cible probable en raison de sa signification symbolique pour les Kurdes (…) », a déclaré le commandant des FDS Mazloum Abdi.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) prennent les menaces de la Turquie au sérieux et s’attendent à une opération terrestre turque en février, a déclaré le commandant des FDS Mazloum Abdi à Al Monitor dans une interview publiée lundi.
Depuis 2018, la Turquie a lancé plusieurs incursions militaires en Syrie, affirmant que les FDS et leur branche militaire, les Unités de protection du peuple (YPG), constituent une menace pour la sécurité nationale en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Suite à l’attentat meurtrier d’Istanbul en novembre que la Turquie a attribuée à des groupes kurdes (bien que ces accusations aient été démenties à l’unanimité), des frappes aériennes ont été lancées contre le Rojava, dans le nord de la Syrie. Depuis lors, les responsables turcs ont déclaré à plusieurs reprises qu’une opération terrestre suivrait les frappes aériennes, mais face à l’objection des États-Unis et de la Russie, la Turquie n’a pas pris d’autres mesures jusqu’à présent. Le porte-parole présidentiel turc İbrahim Kalın a déclaré samedi qu’une opération terrestre pourrait avoir lieu « à tout moment ».
« Nous prenons les menaces de la Turquie au sérieux. On s’attend à une attaque en février. La ville de Kobanê est une cible probable en raison de sa signification symbolique pour les Kurdes du monde entier », a déclaré Abdi, faisant référence à la ville du nord-est de la Syrie contrôlée par les Kurdes.
« La Turquie se dirige vers des élections, et nous sommes conscients que le président Erdoğan veut rallier le soutien nationaliste et il semble croire qu’attaquer à nouveau le Rojava peut servir cet objectif », a-t-il ajouté.
Le commandant a souligné que les FDS ne représentaient aucune menace pour la Turquie et souhaitaient plutôt des relations pacifiques avec Ankara. Abdi a également rejeté les affirmations d’Ankara selon lesquelles les YPG sont l’extension syrienne du PKK.
« Je suis un Kurde syrien. Mon avenir est ici dans ce pays. Le PKK a assurément aidé dans la lutte contre l’État islamique [DAECH / ISIS]. Mais aujourd’hui, le PKK n’a aucun rôle dans notre administration. Nous ne sommes pas, comme le prétend la Turquie, une branche du PKK. (…) », a-t-il déclaré.
Le commandant a admis qu’Abdullah Öcalan, le chef du PKK qui est en prison en Turquie depuis 1999, était un symbole pour les Kurdes partout, y compris au Rojava.
Abdi a déclaré que les FDS n’avaient aucun projet pour d’autres parties du Kurdistan en Turquie, en Irak ou en Iran, ni ne souhaitaient être impliqués ou devenir des boucs émissaires pour l’échec de la Turquie à résoudre son propre problème kurde.
Abdi a également déclaré qu’il ne croyait pas que les efforts de rapprochement négociés par la Russie entre la Turquie et la Syrie réussiraient.
« Le régime syrien ne transigera jamais sur ses propres exigences. La principale d’entre elles est que la Turquie retire toutes ses troupes du sol syrien et que la Turquie retire son soutien aux groupes armés d’opposition sunnite », a déclaré le commandant.
« De même, je ne crois pas que le régime syrien céderait aux demandes de la Turquie d’écraser l’administration autonome dans le nord-est », a ajouté Abdi en faisant référence à l’administration dirigée par les Kurdes au Rojava. « Il n’a pas les moyens de le faire, ni les circonstances favorables à de tels plans », a-t-il déclaré.
Medya News