IRAN / ROJHILAT – Alors que les protestations anti-régime déclenchées par le meurtre de Jina Mahsa Amini, une jeune Kurde de 22 ans tuée par la police des mœurs à Téhéran le 16 septembre dernier pour un voile « mal porté », sont réprimées dans le sang par les mollahs iraniens, des milliers de civils arrêtés font face à des accusations de « guerre contre Dieu » ou de « corruption sur terre » et risquent d’être exécutés après de faux procès.
Amnesty Internationale signale qu’au moins 28 personnes, dont trois enfants (deux Baloutches), pourraient être exécutées dans le cadre de manifestations à l’échelle nationale alors que les autorités iraniennes utilisent la peine de mort comme un outil de répression politique pour semer la peur parmi le public et mettre fin au soulèvement populaire. Au moins six personnes ont déjà été condamnées à mort dans des procès fictifs.
Les autorités iraniennes demandent la peine de mort dans le cadre de procès fictifs manifestement inéquitables contre au moins 28 personnes poursuivies en lien avec le soulèvement qui balaie le pays depuis la mi-septembre. Des responsables ont annoncé que six personnes avaient été condamnées à mort en novembre pour « inimitié contre Dieu » (moharebeh) et/ou « la corruption sur terre » (efsad-e fel arz). Leurs peines sont susceptibles d’appel devant le Cour suprême. Les autorités n’ont pas divulgué leurs noms mais, sur la base d’informations accessibles au public, Amnesty International pense qu’il s’agit de Sahand Nourmohammad-Zadeh, Mahan Sedarat Madani, Manouchehr Mehman Navaz, qui ont été jugés séparément devant les tribunaux révolutionnaires de Téhéran, ainsi que Mohammad Boroughani et Mohammad Ghobadlou. Mohammad Boroughani et Mohammad Ghobadlou ont été jugés avec quatre autres – Abolfazl Mehri Hossein Hajilou, Mohsen Rezazadeh Gharagholou, Saman Seydi (Yasin), Saeed Shirazi – devant un tribunal spécial traitant des « accusations portées contre les émeutiers récents ».
Quinze autres personnes sont jugées pour « inimitié contre Dieu » devant un tribunal révolutionnaire à Karaj, province d’Alborz. Parmi eux, un couple marié – Farzaneh Ghare-Hasanlou et Hamid Ghare-Hasanlou – et trois garçons de 17 ans – Amin Mohammad (Mehdi) Shokrollahi, Amir Mohammad (Mehdi) Jafari et Arian Farzamnie.
Les autres accusés dans cette affaire sont Mohammad Mehdi Karami, Seyed Mohammad Hosseini, Reza Arya, Mehdi Mohammadi, Shayan Charani, Mohammad Amin Akhlaghi, Reza Shaker Zavardahi, Javad Zargaran, Behrad Ali Kenari et Ali Moazemi Goudarzi.
Les 28 personnes se sont toutes vu refuser un procès équitable, y compris le droit d’accéder aux avocats de leur choix ; à bénéficier de la présomption d’innocence ; garder le silence; et de bénéficier d’une audience équitable et publique. Selon des sources bien informées, plusieurs accusés ont été torturés et leurs « aveux » obtenus sous la torture ont été utilisés comme preuves. Les médias d’Etat diffusé les « aveux » forcés d’au moins neuf accusés avant le procès. Les trois enfants sont jugés devant des tribunaux pour adultes, en violation de la Convention relative aux droits de l’enfant, que l’Iran a ratifiée.