TURQUIE / KURDISTAN DU NORD – La « justice » turque a ordonné l’arrestation de 50 militantes kurdes dans une rafle anti-femme qui dure depuis 25 novembre avec l’arrestation d’environs 300 femmes lors des manifestations dans le cadre de la Journée internationale de lutte pour l’élimination des violences faites aux femmes.
La police turque mène des raids dans 14 villes sur ordre du bureau du procureur général d’Ankara. 50 militantes du mouvement des femmes doivent être arrêtées.
Dans le cadre d’une enquête lancée par le bureau du procureur général d’Ankara, la police turque a perquisitionné les domiciles de militantes du mouvement des femmes kurdes (TJA) dans 14 villes, dont Diyarbakır (Amed).
50 femmes recherchées
Le bureau du procureur général a déclaré avoir ordonné ce matin l’arrestation de 50 femmes accusées d’appartenance à une organisation terroriste. La répression semble se focaliser sur le Kurdistan. Rien qu’à Amed, 22 femmes auraient été arrêtées. Dans la matinée, la police turque a pris d’assaut un grand nombre d’appartements là-bas, arrêtant entre autres la Mère de Paix Besile Narin, les militantes du mouvement des femmes TJA Figen Ekti, Mekiye Ormancı, Gülcihan Şimşek, Berivan Elter, Didar Çeşme, Zekiye Güler, Bedia Akkaya, membre de l’Académie des femmes Figen Aras et Sultan Esen fête. L’arrestation de Dilan Akdoğan est signalée à Izmir. On ne connait pas encore l’identité de toutes les femmes arrêtées. Une détention au secret de 24 heures a été ordonnée pour les personnes arrêtées.
Le régime lance sa campagne électorale
Lors d’une conférence de presse d’urgence, la porte-parole du Conseil des femmes du HDP, Ayşe Acar Başaran, a commenté la répression. Elle décrit les arrestations comme une attaque contre la philosophie « Jin, Jiyan, Azadî » (les femmes, la vie, la liberté). Mais la lutte des femmes ne sera pas intimidée. Başaran a expliqué : « Le gouvernement et le parquet général ont eu recours à un classique et ont présenté cette opération dans la presse comme une opération anti-terroriste. Mais nous savons très bien ce que signifient ces opérations et ce que l’AKP/MHP veut réaliser avec elles. Les élections approchent à nouveau. Alors que le régime cherche à approfondir la guerre et le chaos et à les répandre dans tous les secteurs de la société, cette opération vise la lutte des femmes, qui est la principale force organisée contre le régime. Pendant des années, le régime a essayé de réprimer, de marginaliser et de diviser la lutte des femmes par l’emprisonnement et les attaques. Cette opération poursuit également cet objectif. »
« Une attaque contre les femmes, la vie, la liberté »
Başaran situe les opérations d’arrestation en cours dans le contexte des violences policières contre les manifestations de femmes du 25 novembre et de la politique de guerre du régime. Elle explique : « Le régime a peur de la lutte des femmes. Car le modèle qui s’est créé aujourd’hui au Rojava, au nord et à l’est de la Syrie, est une révolution qui est un cadeau pour toutes les femmes du monde. Parce que la révolution est devenue l’espoir d’une vie collective pour toutes les femmes et tous les peuples, elle craint et attaque la lutte des femmes. Aujourd’hui, il vise la lutte des femmes en Iran parce qu’elles ont brandi le slogan « Jin, Jiyan, Azadî [femmes, vie, liberté] » au Rojhilat (Kurdistan oriental) et en Iran et ont fait de ce slogan une philosophie pour le monde entier. Pour cela, les femmes ont risqué toutes sortes d’attaques de la part du régime des mollahs. Il vise la lutte des femmes en Afghanistan parce qu’il voit que les femmes en Afghanistan ne prêtent pas allégeance au régime taliban et ne reculent pas. »
« Les femmes liquideront ce régime »
« Ici nous déclarons à nouveau, aucune force ne pourra faire reculer la lutte des femmes, la lutte continuera tant qu’il y aura une amie TJA, une amie HDP, une amie féministe, une amie socialiste là-bas. Nous déclarons une fois de plus que nous ferons reculer le régime misogyne et belliciste de l’alliance AKP/MHP, nous éliminerons ce régime. Aucun pouvoir ne pourra s’y opposer. Ni les barricades policières ni les arrestations et arrestations politiques ne nous arrêteront. Nous continuerons à nous battre côte à côte avec nos amies. »
ANF