ALLEMAGNE – Un tribunal allemand a condamné à neuf mois de prison avec sursis un chauffeur de taxi accusé d’espionner des opposants kurdes et turcs en Allemagne pour le compte des services de renseignement turcs (MIT).
Un citoyen allemand d’origine turque, identifié comme Aziz A. et qui travaillait comme chauffeur de taxi à Cologne, a été accusé de collaboration avec un Turc récemment reconnu coupable d’espionnage de dissidents originaires de Turquie pour le compte de l’Organisation nationale de renseignement turque (MİT).
Aziz A. a été condamné jeudi à neuf mois de prison avec sursis par le tribunal régional supérieur de Düsseldorf.
« Je voulais juste aider mon pays. Je ne voulais aucun problème. Je n’étais pas au courant des conséquences », a déclaré l’accusé dans sa déclaration à l’audience.
Aziz A., qui a avoué avoir fait de l’espionnage dans le passé, n’exercera pas son droit de faire appel.
Les procureurs ont déclaré dans l’acte d’accusation qu’Aziz A. avait donné à Ali D., un Turc reconnu coupable d’espionnage pour le MİT en juin, les noms de deux citoyens allemands qu’il considérait comme des partisans du mouvement Güleniste en Allemagne et lui avait transmis des informations détaillées sur l’un d’entre eux.
Par ailleurs, Aziz A. se serait entraîné sur un champ de tir avec Ali D. et lui aurait vendu des munitions.
Ali D. a été arrêté dans un hôtel de Düsseldorf le 17 septembre 2021 après qu’un employé a alerté la police d’avoir vu une arme à feu et des munitions dans sa chambre. Des listes de noms de certains partisans du mouvement Gülen et de membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont également été saisies dans sa chambre d’hôtel, contenant des informations supplémentaires sur chaque personne, selon un rapport de Der Spiegel à l’époque. Il a été condamné à un an et neuf mois de prison en juin.
Le gouvernement turc accuse le mouvement Gülen d’avoir orchestré une tentative de coup d’État le 15 juillet 2016 et le qualifie d’« organisation terroriste », bien que le mouvement nie fermement toute implication dans la tentative de coup d’État ou toute activité terroriste.
Depuis 2016, la Turquie a arrêté des dizaines de milliers de personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le mouvement.
Afin d’éviter la répression menée par le gouvernement, des milliers de partisans de Gülen ont fui la Turquie et se sont réfugiés en Europe et dans d’autres pays.
Pendant des années, la Turquie a exhorté à plusieurs reprises les autorités allemandes à prendre des mesures contre les partisans de Gülen qui ont demandé l’asile dans le pays. (Stockholm Centre for Freedom)