A Ankara, la capitale de la Turquie, des garçons âgés de 6 à 16 ans en âge d’être scolarisés reçoivent une « éducation » djihadiste dans un sous-sol déguisé en «librairie». Il s’agit d’enfants de salafistes et de revenants de l’Etat islamique, rapporte la journaliste Hale GÖNÜLTAŞ.
Dans le district Başpınar d’Ankara, des dizaines de garçons âgés de 6 à 15-16 ans reçoivent une éducation religieuse dans le sous-sol d’un lieu présenté comme une « librairie » aux indiscrets. La majorité des garçons seraient les enfants des terroristes de DAECH / ISIS tués en Syrie ou qui sont détenus par les forces kurdes dans les camps du Rojava. Les habitués de la librairie appellent l’endroit « ribat » qui signifie « le poste frontière de l’État islamique ».
A Ankara, dans des quartiers comme Altındağ, Pursaklar, Örnek Mahallesi, Karapürçek, Hüseyin Gazi, où vivent des revenants de DAECH en plus de ceux qui ont été arrêtés et libérés après s’être repentis, le matin, on peut voir des enfants en âge d’être scolarisés (des fillettes voilées et des garçons en pantalon pouffant), quitter le quartier à bord des minibus.
Selon les riverains et les commerçants, les enfants sont transportés par des minibus aux « maisons de femmes » et aux « médersas » (école coranique) pour une éducation religieuse.
Dans le quartier Başpınar d’Ankara, la journaliste a découvert un immeuble de cinq étages, aux rideaux épais où sont déposés par minibus des garçons de 5 à 15 ans. En plus des enfants amenés en voiture, il y a aussi des enfants qui viennent seuls ou avec leurs parents. Deux femmes en burqa et gants noirs, qui amènent des enfants de six à sept ans au plus, leur font leurs adieux à 150-200 mètres du lieu.
Quand la journaliste s’est rendue à la « librairie », elle a été expulsée des lieux après que des hommes lui ont fait effacer les quelques photos qu’elles avait prises pour son enquête. Mais elle a pu voir des livres et des vêtements islamiques pour femmes et hommes dans la « libraire » et des rangés de chaussures d’enfants sur des étagères alors qu’elles entendaient depuis le sous-sol des voix d’enfants récitant le coran. Elle a également entendu les hommes assis autour des tables dire au téléphone qu’ils sont à « ribat ».
Les commerçants des alentours que la journaliste a rencontrés ont exprimé leur peur vis-à-vis de cet immeuble géré par les islamistes et n’ont pas voulu répondre aux questions posées. On se demande ce que les autorités turques attendent pour mettre fin à des « écoles » de salafistes qui accueillent des enfants par ailleurs privés d’éducation obligatoire.
La journaliste a entrepris cette enquête quand elle a appris il y a six mois que des fillettes sont emmenées dans un lieu pour recevoir une éducation dispensée par des veuves de DAECH / ISIS arrivées illégalement en Turquie depuis la Syrie.
L’enquête complète de la journaliste peut être lue (en turc) ici: Selefi cihatçıların ‘ribat’ mekanı: Temel eğitime gönderilmeyen çocuklara bodrum katında dini eğitim