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Prévisions inquiétantes concernant le climat et l’agriculture du Rojava

SYRIE / ROJAVA – En plus du conflit armé ciblant le nord-est de la Syrie / Rojava pour mettre fin à l’autonomie de facto mise en place par les Kurdes et leurs alliés arabes, une menace écologique très grave menace également la région. En effet, d’après une étude récente, au cours des prochaines décennies, le changement climatique entraînera une augmentation des températures et une baisse des précipitations sur le grenier de la Syrie combinée à la coupure d’eau du fleuve Euphrate par la Turquie. Ce qui transformerait des millions de civils en réfugiés climatiques qui migreront ailleurs pour trouver à manger et à boire…
 
Prévisions inquiétantes concernant le climat et l’agriculture du Rojava
 
Une nouvelle étude réalisée par l’ONG internationale, IMMAP* montre des tendances inquiétantes concernant le climat et l’agriculture au Rojava / Syrie du Nord et de l’Est. Au cours des prochaines décennies, le changement climatique d’origine humaine entraînera une augmentation des températures dans le grenier de la Syrie jusqu’à 2 °C, une diminution des précipitations pouvant atteindre 11 % et celle du ruissellement des montagnes de 25 à 27 %.
 
Les données climatiques suggèrent qu’il est probable que la NES connaîtra une sécheresse une fois tous les 3 ans dans un proche avenir. Les effets de la sécheresse sur l’agriculture seront en outre aggravés par une plus grande omniprésence des ravageurs et des tempêtes de poussière dans les décennies à venir.
 
L’irrigation fluviale et les précipitations deviennent des méthodes de moins en moins fiables pour arroser les cultures. Déjà, jusqu’à 40% des agriculteurs de la NES dépendent de pompes pour l’approvisionnement en eau, mais beaucoup n’ont pas les moyens d’acheter le carburant pour les faire fonctionner.
 
Les auteurs de l’étude affirment que les mauvaises récoltes dans la NES sont causées par une « combinaison d’une période de sécheresse pendant la saison de croissance principale (février / avril) suivie de fortes pluies combinées à des températures élevées et, dans certaines régions, à des tempêtes de grêle pendant la période de pré-récolte (mai / juin). « 
 
L’étude a révélé que la région de Jazira, le gouvernorat de Raqqa et le gouvernorat de Deir ez-Zor combinés ont produit un rendement de blé inférieur de 71 % en 2021 à celui de 2020.
 
🌾2017/18 : 560 000 tonnes
🌾2018/19 : 1 151 000 tonnes
🌾2019/20 : 1 657 100 tonnes
🌾2020/21 : 476 700 tonnes
 
Cette quantité est bien en deçà des 600 000 tonnes estimées de grains de blé nécessaires à la production nationale de pain de base dans la NES, comme l’a confirmé le bureau de l’agriculture et des affaires économiques de la NES. Cela implique qu’il reste […] un déficit d’environ -123 300 tonnes de blé.
 
L’étude révèle également que la coupure par la Turquie de l’eau de l’Euphrate signifie « de profonds problèmes futurs » pour la NES, « avec sa forte dépendance agricole, ses perspectives limitées de diversification de son économie et son incapacité à faire face aux menaces internes à son approvisionnement en eau en déclin ».
 
Le document conclut que « les chocs climatiques et les vulnérabilités peuvent encore être gérables, mais des améliorations de la préparation sont nécessaires de toute urgence pour faire face à un avenir résilient au climat et à faible émission de carbone. »
 
 
Financé par l’USAID et en partenariat avec le groupe de travail sur la sécurité alimentaire et l’agriculture des moyens de subsistance du nord-est de la Syrie (NES), iMMAP a publié un rapport sur le changement climatique et son influence sur la production de blé dans la région.
 
Le rapport de 24 pages explore l’impact global du changement climatique sur la productivité des cultures de blé du nord-est de la Syrie. L’étude a couvert plusieurs domaines pertinents pour la production de blé, y compris l’accès à l’eau d’irrigation, la gestion de la fertilité des sols, la gestion intégrée des ravageurs et des maladies, les rendements annuels de blé et les incendies des champs de céréales avant la récolte dans le contexte du changement climatique dans la NES.
 
Le rapport a mis en évidence un certain nombre de conclusions, notamment :
 
● Les résultats de l’étude ont mis en évidence que la température moyenne a augmenté dans la NES. La région est maintenant environ 0,8°C plus chaude aujourd’hui qu’il y a 100 ans avec une pluviométrie moyenne réduite d’environ 18 mm par mois, par siècle.
● Les rendements en blé dans les gouvernorats d’Al-Hassakeh, Deir-ez-Zor et Ar-Raqqa ont atteint leur plus bas niveau en cinq ans.
● 16% des agriculteurs n’avaient accès à aucune source d’irrigation comme les puits d’eau et les rivières.
● Les pertes de rendement causées par les températures élevées ont atteint jusqu’à 30 % au cours de la campagne agricole d’hiver 2020/21.
 
Lire l’intégralité de l’étude ici: The influence of Climate Change on Wheat Production: A review study on Northeast Syria The influence of Climate Change on Wheat Production: A review study on Northeast Syria (April 2022) (L’influence du changement climatique sur la production de blé : une étude de synthèse sur le nord-est de la Syrie)
 
*iMMAP est une ONG internationale qui fournit des services de gestion de l’information aux organisations humanitaires et de développement.