AccueilKurdistanBakurTURQUIE. "Le peuple kurde ne se laissera pas évincer de l'arène politique"

TURQUIE. « Le peuple kurde ne se laissera pas évincer de l’arène politique »

TURQUIE / BAKUR – A un an des élections législatives turques et de l’élection présidentielle du même jour en juin 2023, le parti HDP est menacé d’interdiction par un système judiciaire turc à la solde d’un régime viscéralement anti-kurde. Ainsi, le pouvoir turc veut priver les Kurdes d’élire leurs représentants, laissant le champ libre à Erdogan, son parti AKP et son allié d’extrême-droite MHP (sachant que la soi-disant opposition kémaliste anti-kurde du CHP n’a rien à envier à l’alliance AKP-MHP). Mais selon le politicien Özgür Zeydanoğlu, malgré ces basses manouvres politico-judiciaires, « le peuple kurde ne se laissera pas évincer de l’arène politique. »
 
« Le HDP est plus qu’un nom de parti »
 
Le HDP va être interdit prochainement en Turquie alors que les élections* législatives et présidentielles se profilent à l’horizon 2023. Le politicien HDP Özgür Zeydanoğlu y voit une tentative d’exclure le peuple kurde de l’arène politique.
 

Le politicien HDP Özgür Zeydanoğlu a parlé à l’ANF de l’interdiction imminente et de la stratégie de son parti. Zeydanoğlu est membre du conseil du parti du HDP et voit un message important dans les événements du Newroz de cette année au Kurdistan du Nord et en Turquie ; « Des millions de personnes ont exprimé le 21 mars que le plan de décomposition de l’État turc contre le mouvement kurde, lancé en octobre 2015, a échoué. Malgré la répression massive de ces sept dernières années, le peuple kurde a fait valoir ses revendications sans ambiguïté et a déclaré qu’il ne voulait renoncer à aucun statut.
 
Au premier plan se trouvait la demande de levée de l’isolement d’Abdullah Öcalan. Le peuple kurde a pris une position claire contre la campagne de criminalisation de ses institutions démocratiques et de sa représentation politique. Il vaut la peine que toutes les parties comprennent correctement le message du Newroz. Ce message doit être pris en compte. »
 
Le processus d’interdiction du HDP n’a aucune base légale et est exclusivement politique, a expliqué Zeydanoğlu : « Le processus de fermeture a été lancé afin d’exclure notre peuple de l’équation politique. Cela a été tenté à plusieurs reprises auparavant. Cependant, le HDP est plus qu’un nom de parti. Il compte des millions d’électeurs et des dizaines de milliers de membres actifs. Nous ne pensons pas que la fermeture changera cela. Notre peuple défend son parti partout. Il y a un débat sur ce qui se passera si le HDP est Il n’y a pas de justification légale, mais l’interdiction peut être prononcée par une décision politique. Les mesures arbitraires du gouvernement sont bien connues. Néanmoins, le peuple kurde ne se laissera pas évincer de l’arène politique. »
 
« Il ne s’agit pas d’élections, il s’agit de la lutte »
 
Zeydanoğlu a souligné que son parti ne se limite pas aux élections : « Contre la polarisation au niveau politique, il est nécessaire d’étendre les luttes sociales. La fonction la plus importante de notre parti est la lutte pour la démocratie et la participation à la construction d’une vie démocratique. important, mais pas la seule méthode dans cette lutte. Nous avons la prétention d’initier le changement social. Par conséquent, le succès électoral n’est pas notre seul objectif. Avec ou sans élections, notre lutte grandit et nous la poursuivrons. Nous nous définissons comme un « troisième voie » et s’efforcer de coopérer avec tous les cercles qui ne sont pas intrinsèques au système. De grands résultats en découleront. C’est déjà évident. » Via ANF
 
*Les élections générales turques de 2023
 
Les élections générales turques de 2023 auront lieu le 18 juin 2023. Des élections présidentielles sont organisées pour élire le président de la Turquie selon un système à deux tours. Simultanément, des élections législatives sont organisées pour élire 600 députés à la Grande Assemblée nationale de Turquie.
 
En parallèle à l’interdiction du HDP, le régime turc a modifie sa loi électorale et abaisse le seuil de 10 à 7% des voix nécessaire aux législatives pour entrer à l’assemblée. Selon les analystes, c’est une mesure destinée à aider le parti ultranationaliste (MHP) à obtenir un maximum de députés.